De la nécessité de la renaissance de la RDC face à l'impératif de la recomposition stratégique africaine et globale post-blocs( Télécharger le fichier original )par Rossy MUKENDI TSHIMANGA Université pédagogique nationale (RDC) - Licence en relations internationales 2008 |
1.2.1. Le domaine de la justiceDe même que pour l'administration, la justice doit impérativement trouver sa place propre dans l'organisation de la société congolaise renaissante. Elle doit constituer comme dans toute société démocratique moderne le rempart contre l'absolutisme des pouvoirs exécutif et législatif. L'organe judiciaire est censé veiller sur la licéité ou la légalité des décisions et des actions des dirigeants à l'égard de la population, maintenir l'harmonie entre les différentes couches de la société et préserver la moralité au sein de la communauté. L'histoire renseigne cependant que l'appareil judiciaire congolais a toujours été délibérément maintenu dans un état permanent de déliquescence. Tous les régimes ou gouvernements qui se sont succédés avant et après l'indépendance du pays ne l'ont pas véritablement placé au centre de leurs préoccupations. Mais avaient-ils intérêt à prendre un tel risque ? Il est évident que l'organisation d'une vraie justice était absolument incompatible avec l'entreprise coloniale exclusivement ancrée dans l'exploitation aveugle du congolais. Et les gouvernements qui se sont succédés depuis l'indépendance du pays n'ont pas pu corriger cette situation. La phobie d'un pouvoir judiciaire indépendant et véritablement organisé aura été une constante dans l'histoire de ce pays. C'est ce qui aura fait de l'Etat l'arène de l'impunité, de la contre bande, de la corruption, de la gabegie, de mutilation des droits et libertés, etc. Un Congo renaissant ne saurait s'accommoder à un tel obscurantisme. Il doit être une fonction absolument inverse des républiques antérieures dont les pratiques iniques ont conduit à l'effondrement actuel du pays. L'instauration d'un Etat de droit est une donne essentielle dans ce processus de reconstruction ou de refondation du pays. · L'impératif d'instauration d'un Etat de droit Il est un fait que l'adoption de la démocratie comme principe d'organisation politique n'induit pas automatiquement l'effacement du cynisme naturel des citoyens et des dirigeants. L'instauration de l'homme dans l'ordre institutionnel démocratique implique nécessairement aussi son insertion dans un nouvel ordre juridique harmonieux et réellement opérationnel. La société congolaise, comme toute société humaine, n'est pas un paradis d'intérêts bienveillants et mutuellement harmonieux, mais une arène où s'affrontent les cupidités et passions, susceptibles de s'harmoniser pourvu que les factions soient tenues en lisière et qu'un pouvoir centrale sage puisse s'exercer dans l'intérêt général55(*). Mais l'idée du bien commun n'est envisageable que dans un Etat de droit, dans une société où les droits et libertés des citoyens s'imposent à ceux qui détiennent l'imperium. Dans ces pays où le droit au bonheur est garanti et où le peuple est préservé de la tyrannie de ceux qui le gouvernent et où les peuple souverain jouit de son droit naturel à l'insurrection. Le Congo renaissant doit être un véritable Etat de droit, une grande nation où la primauté du droit sera garantie, la loi prenant le dessus sur toute autre considération. Ce qui implique un rajustement structurel et la consolidation de l'indépendance de l'appareil judiciaire de sorte que l'égale protection des lois devant les cours et tribunaux soit la base de toute coopération judiciaire. Que l'on soit riche ou pauvre, que l'on appartienne à une majorité ou à une minorité ethnique ou religieuse, que l'on s'oppose au gouvernement ou qu'on le soutienne, chaque citoyen devra avoir droit à une protection égale devant la loi. Une bonne justice devrait permettre de consolider la cohésion nationale et la confiance du peuple aux institutions démocratiques, de stimuler les investissements en garantissant le respect de la propriété privée, la sécurisation juridique des affaires ainsi que des investisseurs, mais surtout d'éviter l'arbitraire qui risquerait de compromettre le changement tant souhaité. Pour ce faire, il ne suffit pas seulement de repenser les structures mais aussi de songer à l'amélioration des conditions sociales et économiques des personnes censées dire le droit sur l'ensemble du territoire national. Car, la justice élève une nation. * 55 Calles. D P, Le système politique des Etats-Unis, vent d'Ouest, Paris, 1972, p144 |
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