4.4 Force de Casimir dynamique.
Pour étudier les phénomènes
dynamiques, la quantité d'intérêt est la fonction hauteur,
h (r, t), qui dépend
du vecteur-position r = (x, y)
E R2 et du temps, t. Cette
dernière représente l'observation dans le temps du
système, avant qu'il atteigne son état d'équilibre final.
Nous rappelons que la fonction h (r,
t) est solution de l'équation non-dissipative de
Langevin (avec bruit) [28]
ah(r, t)
at
|
= -Fan°
[h] +
í(r, t)
. (3.28)
ah(r, t)
|
Ici, n° est le Hamiltonien
statique (divisé par kBT) et F >
0 est le coefficient cinétique. Ce dernier a les
dimensions : [F] = L
°T -1
° , où L° est
une certaine échelle
hapitre 3 : Effet de Casimir dans les biomembranes
confinées. 82
de longueur et T°
est l'unité de temps. Ici, v
(r, t) est une force
aléatoire Gaussienne,
(v(r,
t)) = 0 , (3.29a)
(v(r,
t)v(r',
t')) =
28e (r - r')
8 (t - t')
. (3.29b)
La fonction de corrélation temporelle, dont la
transformée de Fourier est le facteur de structure dynamique, est
définie par la valeur moyenne suivante (par rapport au
bruit),
G (r - r', t -
t') =
(h(r,t)h(r',t'))í
-
(h(r,t))í
(h(r',t'))
í , t > t' .
(3.30)
L'équation dynamique
(3.28) montre que la fonction
hauteur h est une fonctionnelle du bruit v, et nous
écrivons : h = h
[v]. Au lieu de résoudre
l'équation de Langevin pour h
[v], puis moyenner, ensuite,
sur la distribution du bruit, P
[v], les fonctions de
corrélation et de réponse peuvent être directement
calculées à l'aide de la théorie du champ usuelle,
d'action [28 - 31]
Ah,~h = dt
derr~h?th +
~h h°
-~h~h} , (3.31)
de sorte que, pour une observable arbitraire, O
[î], l'on a
(O)í =
[dv] O [?
[v]] P
[v] =
|
DhD~hOe-A[h,h]
(3.32)
DhD~he-A[h,h]
,
|
hapitre 3 : Effet de Casimir dans les biomembranes
confinées. 83
où h (r, t)
est un champ auxiliaire, couplé au champ externe h
(r, t).
Les fonctions de corrélation et de
réponse peuvent être calculées en remplaçant le
Hamiltonien statique, H0, défini par la
relation (3.13), par un nouveau, qui
est : H0 [h, J] =
H0 [h] - f
derJh. En conséquence,
pour une observable quelconque O, nous avons
ä (O)J
äJ (r,t)
|
J=0
|
~ ~
= h (r,t)O
. (3.33)
|
~ ~
La notation ~O~J est la moyenne
calculée avec l'action A h, h, J , associée à
l'Ha-
miltonien H0 [h,
J]. En raison de la structure de l'égalité
(3.33), le champ conjugé
h est appelé champ de réponse. Maintenant, si O
= h, nous obtenons la réponse
du champ de hauteur à la perturbation externe J,
R(r -
r',t - t') =
ä äJ (r,t'))J
= Ch(r,t)
h(r',t')> _
.(3.34)
J=0 J=0
La causalité implique que la fonction de
réponse est nulle pour t < t'. En fait, cette
fonction peut être reliée à la fonction de
corrélation temporelle, en utilisant le théorème de
dissipation-fluctuation, selon lequel
~ ~
h (r,t)
h(r',t') =
-è (t -
t')?t
~h(r,t)h(r',t')~c
. (3.35)
La formule ci-dessus montre que la fonction de
corrélation temporelle, C (r
- r', t -
t') = (cp
(r, t) cp
(r',
t'))c, peut être
déterminée par la connaissance de la fonction réponse. En
particulier, nous trouvons que
hapitre 3 : Effet de Casimir dans les biomembranes
confinées. 84
?F ~ kBT/L2~ax ~
kBT
(B/L1)2/æ
, (3.37)
t
L21(t)
= (h2 (r,
t))c = -2
f (h, (r, t) h
(r',
t')) . (3.35a)
La limite t -* -oo donne la valeur normale
L21
(-oo) = 0, car l'état initial correspond
à une interface complètement plate.
Considérons, maintenant, une membrane à
la température T, qui est initialement dans un état
d'équilibre thermique où elle est plate. A un temps
postérieur, t, la membrane possède une certaine
rugosité, L1(t).
Naturellement, cette dernière est une fonction du temps. Nous sommes
intéressés par la façon dont il augmente au cours du
temps. Nous précisons que les fluctuations thermiques provoquent une
rugosité de la membrane, qui est caractérisée par
l'apparition des bosses anisotropes. Par conséquent, un segment de
taille linéaire L effectue des excursions de taille
[32]
L1 = BLæ .
(3.36)
Une telle relation définit l'exposant de
rugosité, (. Notons que L est de l'ordre de la
longueur de corrélation parallèle , L11. De la relation
(3.20), nous déduisons
l'exposant ( et la valeur de l'amplitude B. Alors, nous avons
( = 1 et B ~
(kBT/ê)1/2.
Afin de déterminer la croissance de la
rugosité dans le temps, L1
(t), la clé est de
considérer l'excès d'énergie libre (par unité
d'aire) ?F, due au confinement (perte
d'entropie). La formule (3.27)
nous indique que ?F doit diminuer avec la
séparation. Le résultat s'écrit [32]
hapitre 3 : Effet de Casimir dans les biomembranes
confinées. 85
~ =-??F
~ L? (1+2/0 (3.37a)
?L? .
En outre, une analyse attentive de l'équation de
Langevin (3.28) montre que
?L? ??F
~ -
?t ?L?
|
= .Ð ~
.L-(1+2/æ~ . (3.38)
?
|
Nous soulignons que cette loi d'échelle est
conforme aux prédictions de Monte Carlo [32,
33]. La solution de cette équation, de premier ordre,
est [34]
e? e?æ
1
L?(t) t , è?
= =
4 . (3.39)
2 + 2æ
Ceci implique la forme d'échelle suivante de la
taille linéaire
LII(t) ~
eute° B --
, 1
æ
"" 2 + 2
4 . (3.40)
où Lmax représente une certaine longueur d'onde,
au-dessus de toutes les fluctuations
de forme, qui ne sont pas accessibles par la membrane
confinée. L'interaction de
fluctuations induite (répulsive) conduit à la
pression de séparation
Commentons le résultat obtenu
(3.39).
Premièrement, la rugosité augmente avec
le temps (l'exposant è? étant défini positif). En plus,
l'exposant è? est universel, indépendamment de la
constante de rigidité de courbure ê.
Deuxièmement, notons que, dans
l'égalité (3.39), nous avons
ignoré une certaine amplitude, qui n'est pas universelle et se
comportant comme ê-1/4. Cela signifie
que la rugosité temporelle est significative, seulement pour ces
biomembranes de petite
hapitre 3 : Effet de Casimir dans les biomembranes
confinées. 86
constante de rigidité de courbure.
Quatrièmement, cette rugosité peut
être interprétée comme la taille perpendiculaire des trous
et vallées, au temps t.
Enfin, la rugosité augmente jusqu'à un
temps final, ô. Ce dernier peut être interprété comme
le temps au bout duquel le système atteint son état
d'équilibre final. Le temps caractéristique se comporte
comme
ô ~
-1L1/è?
L , (3.41)
où nous avons ignoré une certaine
amplitude dépendant de ê. Ici, LL ~ D
est la rugosité finale. Explicitement, nous avons
ô ~
-1D4 .
(3.42)
Comme qu'il devrait être, le temps final
augmente avec l'épaisseur du film D. d'une part, nous pouvons
réécrire le comportement (3.39)
comme suit
LL(t)
LL(ô)
|
( t)è?
= .
ô
|
(3.43)
|
Cette égalité signifie que le rapport de
rugosité, en fonction du temps réduit, t/ô, est
universel.
Maintenant, pour calculer la force de Casimir
dynamique, nous partons d'une formule analogue à
(3.24), c'est-à-dire
1 ?p ? ln Z~
(3.44)
?D ?p ,
hapitre 3 : Effet de Casimir dans les biomembranes
confinées. 87
avec la nouvelle fonction de partition
fZ =
DhD~he-A[h,~h]
. (3.45)
Un calcul simple, en considérant la relation de
base (3.35a),
donne
1 ?~
L
2
?D1(t) ,
(3.46)
Ce qui est très semblable à la relation
statique (3.25), mais avec une
rugosité de membrane dépendant du temps , L1
(t). La combinaison des formules
(3.43) et (3.46)
mène à l'expression désirée de la force de
Casimir (par unité d'aire), en fonction du temps,
t e
) f
= ô
ri(t)
ri(ô)
, (3.47)
où ri(ô)
est la force de Casimir statique finale, définie par la relation
(3.25). L'exposant de force,
èf, est tel que
æ 1
èf = 2è1
= 1 + æ = 2 . (3.48)
Alors, la force induite se développe dans le
temps comme t1/2,
jusqu'à ce qu'elle atteigne sa valeur finale, ri
(ô). Au temps ô, l'amplitude de
la force diminue comme ê-3/2.
En outre, notons que l'égalité ci-dessus signifie que le rapport
de force, en fonction du temps réduit, est universel.
Dans la Fig. 3.2,
nous reportons la force de Casimir dynamique réduite, ri
(t) / ri
(ô), en fonction du temps
renormalisé t/ô.
hapitre 3 : Effet de Casimir dans les biomembranes
confinées. 88
où (ôh)
est la force de Casimir statique, relation
(3.25). Le nouvel exposant de
FIG. 4-2 -- La force de Casimir dynamique
réduite, (t) /
(ô), en fonction du temps
renormalisé t/ô.
Considérons cette fois-ci une membrane, qui en
présence d'interactions hydrodynamiques. Dans ce cas, la rugosité
se développe dans le temps comme [35]
~L?(t) ~
t~e? ,
|
~è? =î
1 + 2î
|
1
=(3.49) 3 .
|
Donc, l'augmentation de la rugosité avec le
temps est relativement plus rapide que celle où la membrane est en
absence d'interactions hydrodynamiques. Dans cette situation, la force de
Casimir dynamique est telle que
h (t)
(ôh)
|
~ t ~
= ô
|
êf
|
,
|
(3.50)
|
hapitre 3 : Effet de Casimir dans les biomembranes
confinées. 89
FIG. 4-3 -- La force dynamique réduite (avec
des interactions hydrodynamiques), Hh
(t) /H
(Th), en fonction du temps renormalisé
t/Th.
force est alors
2æ
èf =
2~è? = 1 +
2æ
|
2
= 3 · (3.51)
|
Ici, Th ~
D3 est la nouvelle échelle de
temps, au bout duquel la membrane confinée atteint son état
d'équilibre final. Par conséquent, la force de Casimir dynamique
croit avec du temps comme
t2/3, donc
plus rapidement que celle en l'absence d'interactions hydrodynamiques, qui
croit plutôt comme
t1/2.
Nous illustrons, dans la Fig.
3.3, la variation de la force
dynamique réduite (avec des interactions hydrodynamiques),
Hh (t)
/H (Th), en
fonction du temps renormali-sée t/Th.
hapitre 3 : Effet de Casimir dans les biomembranes
confinées. 90
Après, nous avons abordé le calcul de la
force de Casimir statique, fJ. A l'équi-
|