3. Méthodes
Les méthodes sont les démarches, les moyens que
nous avons utilisés pour aboutir aux résultats de notre travail,
aux objectifs que nous nous sommes fixés. Elles sont
déclinées en une approche documentaire et en une approche par des
indicateurs de durabilité, approche élaborée par
l'Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL) et le Laboratoire
d'Ecologie et de Biologie Appliquée de l'Université de
Genève (LEBA-UNIGE).
3.1. Approche documentaire
La méthodologie adoptée au cours de la
présente étude a consisté en une recherche documentaire
dans des bibliothèques. Nous avons aussi eu recours à la
documentation disponible sur internet.
Pour la collecte des données, nous avons
élaboré un questionnaire en rapport avec le système de
gestion et en rapport avec nos indicateurs de durabilité, questionnaire
qui nous a servi de fil rouge lors de nos entretiens avec les autorités
administratives ainsi qu'avec des personnes ayant en charge la gestion de l'eau
dans nos communes d'étude. Les informations obtenues auprès
d'elles nous ont aidé à construire notre thématique
concernant la gestion durable de l'eau dans les deux périmètres
que sont Saint-Julien et Bernex.
Pour mesurer la durabilité de la gestion de l'eau, nous
avons eu recours à l'approche LEMANO, qui est une approche basée
sur des indicateurs de durabilité en matière de gestion des
ressources en eau. Cette approche est présentée ci-dessous.
3.2. Approche des indicateurs de durabilité
LEMANO
Les évaluations de la mise en application du concept du
développement durable ne peuvent se faire que grâce à des
critères, des indicateurs dits de durabilité. Quels sont-ils,
dans l'évaluation de la gestion durable de l'eau ? Nous les
présenterons dans le chapitre suivant.
Un indicateur est un outil d'évaluation et d'aide
à la décision qui permet de mesurer, de comparer,
d'apprécier et de communiquer sur l'état et l'évolution
d'une situation ou d'un
44
système. « Les indicateurs sont
également un moyen pour sensibiliser les collectivités et
l'économie privée aux formidables défis du XXIe
siècle » (Marthaler, 2006 : 2).
Par formidables défis du XXIe
siècle, l'auteur entend les défis du développement
durable. L'indicateur de durabilité est donc l'instrument qui permet de
faire l'état des lieux du développement durable et de mesurer le
cheminement des collectivités (privées et ou publiques) sur cette
voie.
L'indice quant à lui est la forme sous laquelle
s'exprime l'indicateur ; il est « la formulation mathématique
d'un indicateur et vise à donner une information compacte sur le
système observé » (Reynard et al. 2006 : 28).
Initié depuis 2003, LEMANO est un projet mené
par l'Association pour la Sauvegarde du Léman et le Laboratoire
d'Écologie et de Biologie Aquatique de l'Université de
Genève (LEBA-UNIGE) pour évaluer le degré de
durabilité de la gestion des ressources en eau dans la région
lémanique. Ce projet porte sur la définition d'un certain nombre
d'indicateurs de durabilité ; c'est une approche intégrée
de la gestion de l'eau qui a pour objectif de voir, à travers ces
indicateurs, si les ressources en eau de la région lémanique est
gérées dans une optique de développement durable. Il a
pour finalité
« d'élaborer et de fournir aux pouvoirs
publics de la région lémanique, en particulier les communes, un
outil d'évaluation et d'aide à la décision qui leur offre
les moyens d'inscrire la gestion de l'eau dans l'optique du
développement durable et de mettre en évidence les points forts
et les points faibles pour lesquels des améliorations devraient
être apportées ». (Lachavanne et al. 2009 : 3)
L'étude est réalisée à
l'échelle de quatre bassins versants de la région
lémanique « jugés représentatifs de la
diversité des conditions de la région concernée »
(Bigler et al. 2005 : 15). Il s'agit des bassins versants de la Versoix
(Ain-Vaud-Genève), de l'Aubonne (Vaud), de la Dranse de Bagnes (Valais)
du Foron de Sciez (Haute - Savoie).
La démarche adoptée se résume en 4
étapes :
- faire un inventaire de l'état et de l'usage de la
ressource en eau dans chacun des périmètres
considérés ;
- réfléchir sur le mode actuel de gestion des
ressources en eau au niveau des quatre bassins versants ;
45
- faire une analyse de ce mode de gestion,
- faire des propositions de solutions pour la gestion des
ressources en eau en accord avec les principes du développement durable
dans le cas où pour certains indicateurs, il est constaté une
gestion non durable.
Pour y arriver, l'équipe est partie d'une centaine
d'indicateurs de durabilité qui peuvent permettre de mesurer le
degré de durabilité de la gestion des ressources en eau. Mais
à l'arrivée, elle n'en a retenu plus que vingt et un que nous
avons mis dans le tableau 1 ; ces indicateurs ont été retenus
parce qu'ils « sont à la fois relativement faciles à
mesurer et dont l'acquisition peut se faire à des coûts
acceptables pour les pouvoirs publics communaux et cantonaux »
(Lachavanne et al. 2009 : 4).
Capitaux
|
N°
|
Indicateurs
|
Capital
environnemental
|
1
|
Surfaces imperméabilisées
|
2
|
Anthropisation des débits
|
3
|
Exploitation des aquifères
|
4
|
Concentration en nitrates (des eaux souterraines)
|
5
|
Qualité physico-chimique (des eaux de surface)
|
6
|
Peuplement de macro-invertébrés benthiques
|
7
|
Espèces piscicoles types
|
8
|
Anthropisation du réseau hydrographique
|
Capital
économique
|
9
|
Interruption de l'approvisionnement en eau potable
|
10
|
Pertes réseau (eau potable)
|
11
|
Raccordement aux installations d'assainissement
|
12
|
Efficience hydraulique des STEP (déversements)
|
13
|
Qualité chimique des effluents des STEP
|
14
|
Facteur d'utilisation de la puissance installée
(barrage)
|
Capital social
|
15
|
Qualité microbiologique de l'eau potable
|
16
|
Accès aux comptes de l'eau
|
17
|
Information des populations relative à l'eau potable
|
18
|
Sensibilisation de la population au respect de l'eau
|
19
|
Politiques de prix de l'eau potable
|
46
|
20
|
Collaboration des communes
|
|
21
|
Achèvement des études légalement
requises)
|
Tableau 1 : Les vingt et un indicateurs de
durabilité LEMANO
Après le calcul des indicateurs, les résultats
sont exprimés en pourcentages. L'équipe a indiqué un
optimum de durabilité et la comparaison entre les résultats
obtenus et cet optimum permet de se rendre compte de l'écart entre la
réalité mesurée sur le terrain et l'état
estimé durable à atteindre.
L'analyse et l'interprétation des résultats se
font au regard de cet écart et à l'aide d'une grille ; si
l'écart constaté est trop grand, il y a lieu d'appuyer sur la
sonnette d'alarme.
« Des scores inférieurs à 75% devraient
motiver les gestionnaires de l'eau à prêter une attention
particulière au domaine concerné et des scores inférieurs
à 50% devraient les inciter à mettre impérativement en
place des mesures correctives ». (Lachavanne et al. 2009 : 4)
L'équipe LEMANO a rencontré des
difficultés sur le terrain, notamment pour l'acquisition des
données (confidentialité, inexistence, incompatibilité,
incohérence, refus, coût des données cartographiques et
climatiques, etc.). Ces difficultés ont retardé le projet.
Dans le cadre de ce travail nos indicateurs ont
été tirés des vingt et un indicateurs du projet LEMANO
résumés dans le tableau 1.
Nous n'en avons retenu que neuf que nous avons
insérés dans le tableau 2, c'est-à-dire trois indicateurs
pour chaque pilier du développement durable et ceci, par souci
d'équilibre au niveau de chacun de ces piliers et au vu du temps court
qui nous est imparti pour la réalisation de ce mémoire.
Ils ont été aussi retenus pour leur pertinence
à illustrer les processus du développement urbain durable,
puisqu'il s'agit ici d'un mémoire de master en Etudes urbaines. De plus,
ces indicateurs que nous avons retenus sont ceux qui sont les plus liés
au métabolisme urbain et aux services de l'eau. Nous avons
également tenu compte, dans le choix des indicateurs, de la
facilité de leur mesure et de la facilité de leur acquisition.
47
Capitaux
|
N°
|
Indicateurs
|
Capital
environnemental
|
1
|
Surfaces imperméabilisées
|
2
|
Exploitation des aquifères
|
3
|
Concentration en nitrates (des eaux souterraines)
|
Capital
économique
|
4
|
Pertes de réseau (eau potable)
|
5
|
Raccordement aux installations d'assainissement
|
6
|
Efficience hydraulique des STEP (déversements)
|
Capital social
|
7
|
Accès aux comptes de l'eau
|
8
|
Information des populations relative à l'eau potable
|
9
|
Sensibilisation de la population au respect de l'eau
|
Tableau 2 : Les neuf indicateurs retenus
La démarche adoptée pour la description de nos
indicateurs est la suivante : après avoir fait un peu de lumière
sur l'indicateur en le définissant, nous mettons en exergue le lien
qu'on peut en établir avec le développement urbain durable avant
de présenter la formule qui permet de le calculer.
Ensuite, nous avons attribué des scores aux communes
pour ces indicateurs en nous inspirant de la grille d'attribution de score de
l'équipe LEMANO.
Les indices obtenus ont été regroupés en
cinq (5) classes et l'attribution de score est précédée
d'une appréciation verbale allant « du très bon » pour
les scores très élevés au « très mauvais
» pour ceux très bas. Une variation de couleurs, partant du vert
pour les scores très bons, passant par le jaune pour ceux moyens et
allant au rouge pour les scores très mauvais a permis de mettre plus en
exergue cette appréciat
3.2.1. Surfaces imperméabilisées
Définition
Les surfaces imperméabilisées sont les secteurs
du territoire rendus étanches, artificialisés par les
constructions et les aménagements de voiries (toitures, routes,
chaussées, parkings revêtus).
Elles rendent compte du taux d'urbanisation et du
développement socio-économique, et donc de la pression
exercée sur l'environnement par la ville.
En effet, l'imperméabilisation des sols influence le
cycle naturel de l'eau tant au niveau quantitatif (prélèvement,
réduction des débits), qualitatif (pollutions diverses) que
dynamique (dangers liés à l'eau). Entre autres perturbations, on
peut citer : un fort taux de ruissellement des eaux de pluie, une diminution de
leur infiltration, donc un déficit d'alimentation des nappes
phréatiques, une altération de la qualité des eaux de
surface causée par le transport des polluants urbains, avec pour
corollaires une augmentation des risques d'inondation et de la durée des
étiages.
Méthode de calcul
L'indice de surfaces imperméabilisées se calcule
comme suit :
ISI ×100
Où
ISI Indice de surfaces imperméabilisées [%] Si
Surfaces imperméabilisées [km2]
Stot Surface totale de la commune [km2]
48
L'attribution des scores est résumée au tableau
3.
49
Isi [%]
|
Appréciation
|
verbale
|
score [%]
|
< 3
|
Très bon
|
100
|
3-10
|
Bon
|
75
|
10-25
|
Moyen
|
50
|
25-60
|
Mauvais
|
25
|
> 60
|
Très mauvais
|
0
|
Tableau 3 : Grille d'attribution des scores pour l'indice
de surfaces imperméabilisées Source : Modifié
d'après Lachavanne et al. (2009)
|