De l'apport du dialogue intercongolais à la mise en place des institutions politiques actuelles en RDC( Télécharger le fichier original )par Junior Mwaka Makilita Université de Kinshasa - Licence 2008 |
3.2.2. Les acteurs extra-africainsCette catégorie des acteurs comprend les acteurs suivants : l'Amérique, la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, ainsi que les autres acteurs multilatéraux bien discrets. La Belgique n'a pas totalement soutenu le Gouvernement dirigé par L.D. KABILA. Lors de l'éclatement de la dernière guerre, ils ont eu l'impression d'être neutres alors qu'ils ont joué un rôle majeur dans la reprise des hostilités. Au cours du règne de L.D. KABILA, la découverte d'armes au consulat belge de Lubumbashi, a de plus en plus agité les nouvelles relations entre le Congo et la Belgique. En substance, Bruxelles a dénoncé le « mensonge », « l'irresponsabilité » et la « manipulation » de Kinshasa. Au lendemain du communiqué de presse du ministère belge des Affaires étrangères, le ministère congolais des Affaires étrangères a réagi aussi par l'entremise d'un communiqué de presse, dénonçant « des propos et déclarations d'une irresponsabilité notoire sur le gouvernement de Salut public de la République démocratique du Congo. »34(*) En ce qui concerne les Américains, ils ont soutenu L.D. KABILA lors de la guerre qu'il a mené pour l'accession au pouvoir de septembre 1996 à mai 1997. Ce soutien lui a été retiré lorsque les Américains se sont rendus compte que leur allié voulait demeurer dans sa peau de marxiste plutôt que de changer et de servir les intérêts capitalistes qui l'ont aidé à monter sur son trône. Les USA ont alors décidé de changer de position. Un Conseiller d'Ambassade des USA à Kinshasa l'a dit indirectement en cers termes : « On nous présente le nouveau Congo comme une voiture qui aurait changé de chauffeur. Le tout est de savoir si celui-ci a son permis de conduire. »35(*) Comme KABILA ne voulait toujours pas servir les intérêts capitalistes occidentaux, ils ont activé la guerre du 2 août 1988. Comme l'écrivent Gauthier de VILLERS et Jean OMASOMBO, « Dans cette ultime phase de l'ère Mobutu, trois mois avant la chute de Kinshasa aux mains des forces de l'Alliance dirigées par Laurent Kabila, la diplomatie française apparaît singulièrement isolée. Certes, Paris comme les autres capitales occidentales hésite, s'interroge, sans doute se divise quant à l'attitude à adopter devant la débâcle de l'imbroglio zaïrois, mais ne pouvant se résigner au dramatique recul de ses positions en Afrique centrale lié à l'échec cinglant de sa politique rwandaise, la France cherche encore désespérément la ligne d'action et croit encore en la possibilité d'une «troisième voie», préférant Mobutu à Kabila. »36(*) Après avoir refusé de soutenir l'avancée de L.D. KABILA vers Kinshasa lors de la première guerre, les Français ont continué à garder la distance vis-à-vis du nouveau Chef de l'Etat. Cependant, quand la guerre du 2 août commence, la France qui en était l'un des commanditaires, a fini par comprendre que dans ce cafouillage entre les Anglophones et les Francophones, la France avait tout intérêt à soutenir celui qu'elle ne voulait pas sentir. Outre ces trois Etats, il y a les Nations Unies qui ont eu des relations agitées avec les troupes de L.D. KABILA lors de leur avancée vers Kinshasa dans la guerre de septembre 1996 à mai 1997. C'est surtout avec les présumés massacres des réfugiés Hutu rwandais par les troupes conduites par L.D. KABILA, que les relations entre les Nations Unies et la R.D. Congo se sont dégradées. La Commission d'enquête sur ces massacres, instituée par le Secrétaire Général des Nations Unies KOFFI ANNAN n'a pas achevé son travail. Le Gouvernement congolais a été accusé d'entraver le bon déroulement de l'enquête à Goma comme à Mbandaka.
C'est dans ce contexte de crise que le Secrétaire Général des Nations Unies a retiré cette commission. Dans un communiqué de presse daté du 17 avril 1998, il a justifié ce retrait par « (...) une série d'obstacles placés par les autorités congolaises, malgré les assurances répétées du gouvernement que la mission serait autorisée à faire son travail. »37(*) Outre ces acteurs, il y a des multinationales minières et pétrolières de plusieurs pays européens, américains, asiatiques, africains, etc. Selon Pierre Baracyetse, les maîtres de cette guerre sont les sociétés minières. Entre autres sociétés, il cite : « la Consolidated Eurocan Ventures du Lundin Group, Barrick Gold Corporation (BGC), aujourd'hui en deuxième position pour la production mondiale de l'or, l'Anglo American Corporation (AAC) d'Afrique du Sud, la plus importante compagnie minière du monde, abstraction faite des pétrolières. Il y en a aussi des «petites», moins connues mais qui osent en pleine crise, c'est le cas de l'American Minerals Fields Inc. (AMFI) et de son associé l'American Diamond Buyers, et d'autres encore : des Etats-Unis, du Canada, d'Afrique du Sud, d'Ouganda, de Belgique, d'Israël... ».38(*) L'identification des acteurs impliqués dans le conflit congolais ayant été faite, nous allons aborder le dernier chapitre qui procède à l'analyse critique de l'apport de l'Accord Global et Inclusif à la mise en place des institutions politiques actuelles. * 34 Lire avec intérêt Colby NGOY, Pacifier, démocratiser et développer la R.D. Congo avec les maîtres du monde, éditions Le Diplomate, Kinshasa, 2003, p. 20. * 35 Jeune Afrique, 12-18/05/98. * 36 De VILLERS Gauthier et OMASOMBO Jean, Op. Cit., p. 261. * 37 Le Palmarès, 18/04/98 ; lire aussi ACP, 02/07/98. * 38 Pierre BARACYETSE, cité par Colby NGOY, Op. Cit., p. 30. |
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