I- le diagnostic des particuliers
Chez les particuliers, les éléments entrants en
jeu sont :
· Les aptitudes au remboursement du
client : la détermination de la capacité de
remboursement s'effectue à travers la confrontation des revenus et des
charges de l'emprunteur afin de calculer son endettement, à partir
duquel on jugera s'il dispose d'une marge d'endettement, étant entendu
que la loi limite à 33% la quotité maximale de remboursement
(rapport des charges sur les ressources). Dans les revenus, on retiendra
essentiellement : le salaire domicilié, les revenus fonciers ou sur
valeurs mobilières, etc. ; il ne faudrait pas surtout
intégrer des revenus aléatoires tels que les heures
supplémentaires, les frais de déplacement, les pensions
alimentaires ou des revenus occultes.
· La technique d'analyse : le
scoring : afin de faciliter les traitements des nombreux dossiers
de crédit de la clientèle de particuliers (essentiellement pour
les crédits personnels ou à la consommation), une technique
automatisée d'analyse a été imaginée et
conçue aux Etats-Unis, à la fin des années 1950, sur la
base de critères économiques, sociaux et financiers,
déterminés à partir d'un échantillon jugé
représentatif de la clientèle. Les éléments pris en
compte dans le logiciel sont notamment :
- Le revenu ou salaire domicilié
- L'age
- La catégorie socio professionnelle
- Les incidents de paiements, etc.
Le remplissage d'une grille aboutit à une cotation en
points de chacun des critères et après saisie des informations
relatives à un client donné, une note est attribuée :
c'est le score ; parallèlement à la note un feu
coloré s'illumine avec une signification spécifique qui
détermine la décision :
- Le signal vert suppose que le crédit peut s'octroyer
sans risque majeur
- Le signal orange incite à plus de prudence
- Le signal rouge induit en principe le refus de
crédit
II- Le diagnostic pour les entreprises
Le diagnostic de l'entreprise s'effectue selon quatre grands
pôles qui conduisent logiquement à une conclusion devant guider la
décision d'octroi de crédits : le diagnostic
opérationnel, le diagnostic financier, le diagnostic stratégique
et le diagnostic prévisionnel. L'analyse doit être non seulement
synthétique, mais aussi réalisée en valeur relative et non
absolue, afin de faciliter les comparaisons instructives entre les grandeurs.
Elle doit toujours comporter un constat, une explication ou une justification
de la variation constatée et un jugement sur la tendance de la variation
voire sur le niveau atteint.
II-1 Le diagnostic opérationnel
Le diagnostic opérationnel s'intéresse à
l'activité et à la rentabilité de l'entreprise à
travers les soldes intermédiaires de gestion. On peut citer :
II-11 L'activité
Elle s'analyse à travers deux aspects :
· Le couple produit marché
· La mesure de l'activité
II-12 La rentabilité
Elle s'analyse essentiellement à travers la revue
successive des soldes significatifs de gestion.
· La production de l'exercice et la marge
commerciale : si l'entreprise ne pratique que du négoce ou
alors si les biens qu'elle produit n'occupent qu'une part négligeable de
l'activité, il ne sera pas nécessaire de traiter la production de
l'exercice. Dans le cas contraire, il faudra apprécier les
éventuelles distorsions que la production de l'exercice entraîne
sur l'évolution du chiffre d'affaires. Tout comme pour la production de
l'exercice, la marge commerciale ne sera abordée que si l'entreprise
exerce une activité de négoce à titre principal ou alors
si celle-ci constitue une part significative de son activité.
L'évolution de la marge sera appréciée afin d'en
dégager les causes si elle s'avère instable.
· La valeur ajoutée :
l'analyse de la valeur ajoutée s'effectue en valeur relative et non
absolue afin d'en ressortir les divers facteurs explicatifs qui peuvent
être les suivants : la croissance de l'activité,
l'évolution des prix de vente et ou d'achat, la modification du choix
des dirigeants et en matière de processus de fabrication.
· L'excédent brut d'exploitation et le
résultat d'exploitation : l'évolution de
l'excèdent brut d'exploitation (EBE) découle d'abord de la
variation des soldes intermédiaires de gestion précédents,
ensuite de la politique de rémunération des dirigeants et de
gestion de son personnel (sur le plan qualitatif et quantitatif).
· Le résultat courant : le
résultat courant correspond au résultat d'exploitation
impacté du résultat financier (produits financiers - charges
financières).
· Le résultat de
l'exercice : le résultat de l'exercice qui se doit
d'être positif, découle du résultat courant auquel s'ajoute
ou se retranche le résultat exceptionnel qui ne garde aucun
caractère récurrent. Il y a lieu de se demander non seulement
quelle est l'incidence du résultat exceptionnel sur le résultat
de l'exercice, mais aussi que serait ce dernier en cas d'absence de
résultat exceptionnel.
· La capacité d'autofinancement
(CAF) : la CAF représente le revenu qui est acquis à
l'occasion de ses opérations de gestion, après
rémunération de l'ensemble de ses partenaires (autres
entreprises, personnel, établissements de crédit,
administrations). De manière simplifiée, elle correspond au
(résultat net + dotations aux amortissements + dotations aux provisions
à caractère de réserves) de l'exercice. Elle sert à
financer les besoins de base (investissements + annuités de dettes
à terme + variation des besoins en fonds de roulement) de
l'entreprise ; et se doit donc non seulement d'être positive mais
aussi et surtout, de pouvoir couvrir au moins 80% des besoins de base,
d'où l'importance du ratio CAF- dividendes/ besoins de base. La partie
non couverte de ces besoins est en principe financée par un
accroissement de l'endettement, à moins qu'il y ait un
élément exceptionnel (exemple : cession d'un
élément d'actif) ou apport des actionnaires. Dans
l'hypothèse où des dividendes sont distribués, il faudrait
juger de leur pertinence notamment par rapport au résultat de l'exercice
et à la situation financière de l'entreprise. Si l'entreprise
finance certaines de ses immobilisations en faisant significativement recours
au crédit bail, il y a lieu d'intégrer cette stratégie de
financement adoptée par les dirigeants en analysant plutôt la
capacité d'autofinancement financière ou CAF + amortissement
compris dans l'annuité de crédit bail.
· L'excédent de trésorerie
d'exploitation (ETE) : l'ETE correspond à la
trésorerie dégagée par l'entreprise en raison de sa seule
exploitation. Arithmétiquement, c'est le résultat de EBE-
production immobilisée - variation des besoins en fonds de roulement.
C'est le solde des recettes et des dépenses d'exploitation pour une
année donné. Dans une entreprise normale, ce solde doit
être positif afin de permettre de faire face aux dépenses non
liées à l'exploitation notamment celles qui sont dues à
son endettement.
II-22 Le diagnostic financier
Le diagnostic s'effectue à, travers l'analyse du ratio
de solvabilité, les capacités d'endettement et de remboursement,
le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement. On peut
avoir :
· Le ratio de solvabilité :
la solvabilité se définit comme l'aptitude d'une entreprise
à faire face à ses pertes ; elle résulte de la
confrontation de ses risques de perte à son niveau de ressources
propres. Elle se détermine par le ratio ressources propres/total du
bilan. Le ratio sera jugé satisfaisant s'il est supérieur
à 20% ou 25% respectivement pour les entreprises de négoce ou les
entreprises industrielles.
· La capacité d'endettement et de
remboursement : ces ratios sont utilisés essentiellement
dans les cas où l'entreprise sollicite des emprunts à moyen et
long terme. La capacité d'endettement s'exprime par le ratio ressources
propres/dettes structurelles qui doit être supérieur à 100%
après les retraitements précédents. Elle peut aussi se
définir en terme de marge d'endettement soit la différence entre
les ressources propres et les dettes structurelles et elle doit être
positive.
· Le fonds de roulement et le besoin en fonds de
roulement : le fonds de roulement (FDR) se définit comme
l'excédent des ressources stables sur les actifs immobilisées qui
permet de financer tout ou partie des besoins nés du cycle
d'exploitation. En général les entreprises ont besoin de disposer
d'un fonds de roulement positif sauf celles dont le fonctionnement ne le
nécessite pas (supermarchés, stations services, etc.). Pour
être pertinente, l'analyse du FDR doit se faire en valeur relative
(exprimée en jours de CA HT) et il convient de déterminer le (s)
facteurs qui sont à l'origine de l'évolution observée
(acquisition des immobilisations, augmentation des fonds propres et/ou quasi
fonds propres, progression des dettes structurelles, etc.) ; mais le
problème qui se pose est celui du niveau à partir duquel il est
jugé satisfaisant. Le taux de couverture FDR/BFR doit être
supérieur à 60%, la partie non couverte devant être
financée par la trésorerie. Concernant le besoin en fonds de
roulement (FDR), il est aussi nécessaire d'analyser son évolution
en valeur relative en veillant à dégager les
éléments qui la justifient notamment : la modification de la
rotation des stocks, la variation des délais clients et/ou fournisseurs,
etc.
· La trésorerie :
l'évolution de la trésorerie résulte de la confrontation
des variations du FDR et du BFR selon l'équation :
Trésorerie = FDR - BFR = Trésorerie active - trésorerie
passive. Une trésorerie positive serait appréciable mais dans
bien des cas, elle est plutôt négative et se posent alors
certaines questions.
II- 23 Le diagnostic stratégique
Le diagnostic stratégique s'effectue notamment par
quatre points d'analyse : les hommes et l'actionnariat, la production, la
commercialisation et le financement. On peut citer :
· Les hommes et l'actionnariat :
l'analyse à effectuer doit permettre de savoir si la stratégie
des dirigeants est un gage de pérennité de l'entreprise en
passant notamment en revue les divers points suivants : l'appartenance
éventuelle de l'entreprise à un groupe et la santé
financière de ce dernier, le degré d'implication des dirigeants
dans l'actionnariat et la politique de leur rémunération (par la
distribution des dividendes), l'age des dirigeants et la gestion le cas
échéant des problèmes de succession soit par une solution
interne ou externe,le patrimoine des dirigeants et leur aptitude à
soutenir financièrement l'entreprise (par les comptes courants
associés), la gestion optimale des ressources humaines en fonction des
spécificités du métier, etc.
· La production et la
commercialisation : la production n'est abordée que pour
les entreprises industrielles en recherchant dans quelle mesure la
stratégie des dirigeants assure la pérennité de
l'entreprise. Les éléments à analyser sont
notamment : le risque industriel, les spécificités du
processus de production des biens ainsi que leurs risques pour l'entreprise, le
niveau de technologie impliqué dans la production, le degré de
recours à la sous traitante et les choix des dirigeants en
matière de facteurs de production, les sources d'approvisionnement et
éventuelle dépendance vis-à-vis de certains fournisseurs,
l'efficacité du matériel de production et son degré de
vétusté (ratio amortissements/immobilisations brutes ; etc.
S'agissant de la commercialisation, il est question d'apprécier dans
quelle mesure la stratégie adoptée par les dirigeants concourt
à la pérennité de l'entreprise notamment en ce qui
concerne : les canaux de distribution, l'opportunité des choix des
zones de chalandise par rapport au marché (adéquation
offre/demande), le mode de rémunération des commerciaux, les
techniques de publicité et de promotion, etc.
· Le financement : en
matière de financement, il s'agit d'apprécier dans quelle mesure
la stratégie appliquée par les dirigeants contribue à la
pérennité de l'entreprise en abordant notamment les points
suivants : l'optimalité des choix des dirigeants tant pour
l'entreprise que pour la banque, en matière de financement des
investissements (recours éventuel à la location financière
ou au crédit bail), l'optimalité des choix des dirigeants tant
pour l'entreprise que pour la banque, en ce qui concerne le financement des
besoins nés de l'exploitation (la part des crédits en blanc par
rapport aux crédits objectifs), l'optimalité des choix des
dirigeants tant pour l'entreprise que pour la banque, pour ce qui est des
ressources stables (part des fonds propres par rapport aux quasi fonds propres,
etc.)
II-24 Le diagnostic prévisionnel
Sur la base des documents prévisionnels fournis par
l'entreprise (compte d'exploitation prévisionnelle, le plan de
trésorerie prévisionnelle, le plan de financement, etc.), le
banquier doit d'une part, analyser et valider les prévisions et d'autre
part, projeter l'impact de ces prévisions sur la liquidité de
l'entreprise. On peut citer :
· Le chiffre d'affaires :
l'approche consiste à valider la faisabilité du chiffre
d'affaires sur le double plan commercial et technique. Sur le plan commercial,
il est question eu égard notamment aux réalisations des
années antérieures, au cycle de vie et du positionnement du
produit, des perspectives d'évolution du marché (offre et la
demande en intégrant les effets volume et prix), des stratégies
de distribution et de promotion, des stratégies de la concurrence, de
valider le chiffre d'affaires annoncé. En cas de non validation du CA,
il faudra en proposer une estimation. Sur le plan technique, l'analyse doit
permettre de s'assurer que l'entreprise est capable de mener à bien ses
prévisions et l'approche diffère selon que l'entreprise pratique
du négoce ou de l'industrie. Dans le premier cas, le problème
réside dans l'aptitude de l'entreprise à s'approvisionner
judicieusement par rapport aux commandes de ses clients ; dans un second
temps, il y a lieu de s'interroger sur sa capacité de production en
termes de marge supplémentaire et/ou d'aptitude des dirigeants, à
mobiliser les ressources nécessaires (outil de production et main
d'oeuvre voire la sous traitante) pour accroître en fonction des
objectifs de CA.
· La rentabilité : l'analyse
des prévisions de rentabilité passe par la comparaison des
données prévisionnelles des SIG par rapport à celles du
passé. Le principe admis est que ces données ne devraient pas
diverger fondamentalement d'une année à l'autre sans explication
plausible. Il est donc question de pouvoir justifier toute perspective de
modification significative d'un SIG quelconque.
· L'incidence des prévisions sur la
liquidité et la solvabilité : dans
l'hypothèse où les prévisions sont validées ou
alors en fonction des modifications qui leur ont été
apportées, il faut envisager leurs incidences sur la liquidité
(trésorerie) et la solvabilité (structure du bilan) de
l'entreprise. De manière plus globale, l'analyse doit permettre de
s'assurer que la structure que la stratégie des dirigeants consolide les
points forts tout en minorant les points faibles, afin de pérenniser
l'entreprise.
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