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Intégration des marchés céréaliers dans l'UEMOA. Une analyse par les prix( Télécharger le fichier original )par Salissou MALAM SOULEY Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée - Ingénieur statisticien économiste 2007 |
3.2.2. Méthode de Co-intégrationLa stationnarité du second ordre (constance dans le temps des moments des premier et second ordres) est l'hypothèse fondamentale qui régit l'économétrie traditionnelle héritée de l'approche de Box et Jenkins. Dans la réalité, nombreuses sont les séries dont les moments empiriques ne convergent pas vers des constantes mais plutôt vers des variables aléatoires du fait de la présence des racines unitaires et/ou tendances stochastiques et/ou déterministes15(*). Les variables présentant ces effets perturbateurs ne se prêtent pas aux modélisations à la Box-Jenkins au risque d'assister à des «spurious regressions» pour reprendre l'expression par laquelle Granger et Newbold (1974) ont désigné les régressions fallacieuses (relations entre les tendances et non entre les variables). A partir des travaux précurseurs de Granger (1980 et 1981), il est désormais possible d'éviter ces corrélations fortuites en trouvant des transformations stationnaires des chroniques. C'est ainsi, il est d'usage d'appliquer aux séries des filtres aux différences pour déterminer leur ordre d'intégration et étudier leur liaison éventuelle au moyen de la théorie de la co-intégration.
Une série Pour deux séries ( La définition précédente de la
co-intégration se généralise. Soit Selon Bresson et Pirotte (1995), l'éventuelle
pluralité des vecteurs co-intégrants traduit le fait qu'il peut y
avoir plusieurs relations d'équilibre qui gouvernent l'évolution
des comportements des variables. Le nombre de ces relations est appelé
rang de co-intégration du vecteur Statistiquement, l'existence d'éventuelles relations de co-intégration entre un ensemble des variables est testée à l'aide de certains procédés. Les plus utilisés dans l'étude de l'intégration des marchés sont la méthode d'Engle et Granger (1987) et l'approche multivariée de Johansen (1988). Considérons deux variables aléatoires
L'approche d'Engle et Granger a l'inconvénient de ne
s'appliquer qu'au cas d'une seule relation de co-intégration et
qu'à des séries intégrées d'ordre 1. Pour un
ensemble large des variables, il peut exister plusieurs relations de
co-intégration dont la connaissance est utile particulièrement
dans l'étude de l'intégration des marchés. Pour cette
raison, il est fréquent de recourir à l'approche
multivariée de Johansen. Pour présenter la démarche de ce
test, plaçons-nous dans le cas des séries I (1).
Considérons un vecteur aléatoire Remarquons que le premier membre de (5) est stationnaire
puisque toutes les composantes du vecteur Le principe du test multivarié de Johansen est
finalement de déterminer le rang de la matrice En pratique, le test se fait de façon
séquentielle. On teste d'abord En somme, l'utilisation de la méthode de co-intégration dans l'analyse de l'intégration des marchés présente principalement trois intérêts. Le premier est qu'elle s'applique aussi bien à des séries des prix qu'à des séries de quantités contrairement aux modèles de gravité. Le deuxième intérêt de cette méthode est de tenir compte et de corriger les problèmes de non stationnarité des séries. Ce qui permet d'éviter des corrélations artificielles. Enfin, la méthode de co-intégration présente l'intérêt de prendre en compte la dynamique de transmission des chocs en distinguant les effets de court terme de ceux de long terme. Toutefois, l'approche se heurte à quelques limites. Premièrement, elle est implicitement basée sur l'hypothèse de la stationnarité des coûts de transactions qui, en général, ne sont pas connus. Or, il est probable que cette hypothèse ne soit pas vérifiée. Dans ce cas, la similarité de mouvements des prix de certains marchés n'implique pas nécessairement l'intégration de ces marchés et vice versa. Ainsi co-intégration des prix n'est ni une condition nécessaire ni suffisante pour l'intégration des marchés. Pour (Adegbidi et al., 2003), cela tient au fait que l'intégration économique est un concept multidimensionnel englobant même les habitudes commerciales et la standardisation des mesures. Deuxièmement, cette méthode ne prend pas en compte le changement de régime (intégré ou fragmenté) dus à des effets de seuil (nous y reviendrons dans la section suivante). Enfin, on reproche à la méthode de co-intégration le fait de ne pouvoir capter que des relations linéaires. Elle est donc sujette à des erreurs de spécification. Ces limites ont conduit à un regain d'intérêt dans l'analyse de l'intégration des marchés avec le développement des modèles dits à effets de seuil. * 15 Pour un souci de simplification, dans cette partie, nous négligerons les effets saisonniers * 16 Il convient de noter que dans le cas précis, les valeurs critiques de Dickey-Fuller simple ou augmentées ne sont pas opérationnelles. On se sert plutôt des valeurs critiques tabulées par Engle et Yoo (1987) ou celles tabulées par McKinnon (1991). |
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