Leadership dans les écoles conventionnées catholiques( Télécharger le fichier original )par Léonard ADRUPIAKO MAMBAKO Université de l'Uele - Licence en sciences politiques et administratives 2012 |
II.MOTIVATIONS DE L'EDUCATIONLa richesse aujourd'hui n'est pas l'amoncellement des pierres précieuses, de l'or, fût-il noir, la force n'est pas dans la possession d'armement sophistiqué, fabriqué, entretenu et même manipulé par d'autres. Elle est encore moins dans une armée juste bonne à mater ses propres concitoyens. L'une et l'autre ont leur source dans l'esprit, dans ce que l'on appelle familièrement la matière grise7(*). Sans sa mise en oeuvre, toutes les énormes « potentialités » du sol et du sous sol dont nous nous gargarisons ne nous sauverons pas de la misère, de la mendicité, de la servilité, qui escortent lamentablement.8(*) D'après P. De QUIRINI, l'enseignement est sensé fournir les cadres dont la nation a besoin pour se développer(...). Une jeunesse non éduquée, laissée en elle-même constitue un grand danger pour l'avenir du pays.9(*) A ce titre, il est nécessaire de commencer cette reconstruction par l'éducation entendue comme : « le lieu par excellence où une communauté humaine prend conscience d'elle-même (...), se définit (...) déclare ses valeurs et ses fins, sa conception d'elle-même, de l'homme et de son accomplissement.10(*) En d'autre terme, l'organisation de l'éducation se fait en effet en fonction de l'avenir qu'on souhaite.11(*) 1. Etat des lieux de l'enseignement dans la Province Orientale par rapport à la RDCLa question de l'éducation ne peut être occultée dès lors que l'on aborde la problématique de la pauvreté. Dans cette optique, l'Education Pour Tous constitue le deuxième Objectif du Millénaire pour le Développement. Ainsi, l'accès aux instructions scolaires semble plus difficile dans la Province Orientale que dans d'autres provinces de la RDC, puisque moins de 7 ménages sur 10 habitent dans un rayon de 2 km d'une école primaire publique. Par ailleurs, la population12(*) de cette province compte parmi les moins instruites en RDC. La province compte 25,3% de non instruits contre 20,0 au niveau national. C'est aussi la province où les taux d'activités des enfants (12,8%) et des jeunes de 15-24 ans (56,0%) sont parmi les plus élevés (respectivement 9,1% et 44,2) en RDC. Elle figure parmi les provinces les plus en retard dans le domaine de l'éducation.13(*) A. Statistiques des écoles et des élèves Situation14(*) de l'Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel de 2002 à 2003 se présente de la manière que voici : Tableau 1 : Répartition des écoles par district
Source : Division provinciale EPSP Il s'avère que le Haut-Uélé occupe la troisième place aux niveaux primaire et secondaire. Par contre, ledit District se place à la quatrième position quant à l'organisation des écoles maternelles. Ce tableau ne montre pas malheureusement combien d'écoles professionnelles sont organisées ou fonctionnent dans la Province et quel type d'enseignement y est organisé. Tableau 2 : Répartition des élèves par sexe
Source : Division Provinciale EPSP Il en va de même pour la répartition des élèves par sexe, le Haut-Uélé est classé à la deuxième position, et ce, tant aux niveaux maternel que primaire. Tableau 3 : niveau secondaire
Source : Division province provincial Ici, le présent District occupe la quatrième place. Il ressort de ces trois tableaux que le District de l'Ituri vient en tête pour l'organisation des écoles avec 974 écoles primaires, soit 37.5 % des établissements d'enseignement primaire de la province et 290 écoles secondaires. Il a scolarisé, 383.062 élèves au primaire, soit 48% des enfants scolarisés dans la province. Les inégalités de sexe sont importantes dans tous les Districts, sauf dans la Ville de Kisangani où les taux de scolarisation des filles sont respectivement de 48.8% au primaire et 41.3% au secondaire. B. Quelques causes L'inadéquation du système éducatif au développement est expliquée par des facteurs divers dont certains sont immédiats, d'autres sont sous-jacents et d'autres encore profonds. Parmi les causes immédiates, on peut citer : le faible accès aux programmes d'alphabétisation pour les adultes, surtout les femmes ; la faible fréquentation des écoles maternelles et autres structures d'éveil ; les coûts élevés de la scolarité et surtout à l'enseignement de base ; la démotivation15(*) du personnel enseignant ; l'offre éducative limitée, l'inadaptée et disparate ; le faible encadrement et carence d'outils pédagogique, etc. Nous pouvons également épingler les causes sous-jacentes dont l'insuffisance de structure d'alphabétisation et d'éveil, et d'alphabétiseurs qualifiés ; l'absence de partenariat entre le public et le privé ; la faible allocation budgétaire, l'inadaptation de la carte scolaire et universitaire aux réalités du pays ; les guerres à répétition en RDC, manque d'emploi16(*)(*) C. Conséquences · La baisse du niveau d'enseignement ; · La production des cadres sans emplois · L'absence de la promotion ; · Le médiocre rendement au service ; · La prolifération des antivaleurs (tricherie, corruption, concussion, laisser-aller,...). Nous référant aux antivaleurs, G. KALENGA KASOKOTA17(*), affirme que les formes de la corruption, entendue comme étant « tout acte qui permet à une personne de bénéficier d'un avantage qu'il n'a pas mérité », sont les suivantes : a) La remise d'argent : la remise de l'argent, c'est la forme de la corruption la plus populaire et la plus vieille. C'est même par ce moyen que Judas a livré son maître Jésus aux anciens des Juifs (étudiants Magnats), (****)18(*) ; b) Le harcèlement sexuel : ainsi, il arrive que certains enseignants bloquent sciemment quelques étudiantes ou élèves, les obligeant ainsi à faire de relations sexuelles avec eux ; c) La discrimination à base tribale et le trafic d'influence : « quota », les associations des étudiants à base tribale plaidant pour les résultats de leurs petits auprès de leurs, pour la promotion à la distinction des étudiants de leurs contrées pour être retenus assistants, etc. Cette réalité s'observe à tous les niveaux de l'enseignement de la RDC. Les recommandations provenant des associations socioculturelles, les demandes des amis, les abus de pouvoir, le harcèlement sexuel sont autant de formes de corruption qui dévastent notre système éducatif. Vous comprenez donc que le salaire, certes, est une nécessité, mais la grande bataille, c'est le redressement des consciences. Il faut recréer la société congolaise. Les jeunes actuels doivent être soutenus pour que l'avenir du Congo ne soit pas compromis. Le parent utilise des procédés fallacieux pour subtiliser des revenus qui devraient servir à des familles entières. Nous disons « procédés fallacieux » car le parent ne cède pas son revenu de gaieté du coeur. C'est la mort dans l'âme qu'il se dessaisi de son revenu pour le remettre à l'enseignant. C'est un véritable suicide collectif qui s'organise à l'école. C'est avec raison, le changement efficace ne doit pas être uniquement lié aux nouvelles approches techniques. Il exige la manière de diriger, le leadership, avec une vision claire, une motivation et une habilité à motiver les autres. Cela constitue une clé pour résoudre le problème des contraintes telles que l'inertie, le paternalisme et la corruption.19(*) * 7 Cf la déclaration du Cardinal MONSEGWO alors Archévèque de Kinsangani lors de son passage à l'Université de l'Uélé * 8 KASEREKA Kawahirehi, p. 140-141. * 9 P. De QUIRINI, « la jeunesse, avenir de la nation. Alors que fait-on pour elle ? », in Congo-Afrique, n°419, p. 705. * 10 F. EBOUSSI BOULAGA, ligne de résistance, Yaoundé, clé, 1999, p.26. * 11 KASEREKA Kawahirehi, « éduquer ou périr », Joseph Ki-zerbon et le combat pour (une autre Afrique) * 12 . D'autre part, 34,9% de la population ont atteint le niveau secondaire et 0,7% le niveau universitaire alors que ces chiffres atteignent respectivement 44,8 et 3,2% au niveau national. 5,6 années d'études réussies pour les 15 ans et plus contre 6,9 au niveau national * 13 Profil résumé pauvreté et conditions de vie des ménagers dans la Province Orientale, PNUD RDC, mars 2009, p.10. * 14 Document préparatoire de la Conférence Economique de la Province Orientale, 1ère éd. Juillet 2007, p. 86-87 * 15. Le « minimum vital » est une somme mensuelle stricte nécessaire au ménage le plus modeste pour satisfaire les besoins fondamentaux d'alimentation, d'habillement, d'éducation, de transport, de loisir et d'épargne. Les syndicats et le ministre de tutelle estiment cette somme à 629,66$, d'où l'accord de MBUDI * 16DSRP, Province orientale, PNUD RDC Août 2005, p 58. * 17 G. KALENGA KOSOKOTA, l'école sans corruption « gratuité », novembre 2008 * 18 Une élève fustigeait le comportement de sa mère en ce terme : « Maman veut toujours favoriser le grand frère : n'eut été les 2000 fc remis à son Monsieur, celui-ci ne monterait pas sa classe ». * 19 KAZILI Nkushana, « colloque international sur les ressources humaines », in Zaïre-Afrique, N° 334, NOV. 1999, p 573. |
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