II/- BIOMASSE ET ELECTRIFICATION RURALE
De manière générale, les zones tropicales
humides présentent une végétation florissante. Dans le
grand Sud du Cameroun, l'on est en zone forestière par essence. Le pays
regorge d'énormes potentialités en biomasse
végétale (bois, déchets de bois, déchets
agro-industriels). Au Cameroun entre 1997 et 1998, le potentiel
énergétique en biomasse était estimé à 36
millions de m3 sous forme de déchets laissés sur place
lors de l'exploitation de la forêt (MINMEE, 1990).
Cependant, malgré leur importante contribution à
l'économie nationale, les zones rurales souffrent
énormément du problème d'électrification. La
question difficile à laquelle il faut apporter des
éléments de réponse est donc celle de savoir comment
produire de l'électricité à partir de la biomasse,
à un coût aussi faible que possible, et ceci pour des puissances
installées pas très élevées. En effet, des
précédentes études effectuées dans ladite
zone (TAGUTCHOU J. P., 2000), il ressort que
ces zones pour leur besoins d'énergie électriques n'ont besoin
que de faibles puissances installées (inférieures à 50 kW
pour les plus grosses). Pour ce faire, des installations de
gazéification fiables, faciles d'entretien et respectant certaines
normes internationales en matière d'environnement seraient à
même de répondre à cette épineuse question. Mais ces
gammes de puissance restent trop faibles pour qu'on puisse envisager les
systèmes classiques (chaudières à turbo-alternateur).
Compte tenu de la disponibilité de la source d'énergie (biomasse)
(TANAWA et al., 1998), des petites centrales
électriques avec gazogènes et groupe moto-alternateur sont
capables de résoudre le problème dans ces zones. Cependant, au
regard de l'état d'avancement de la technologie de gazogène, en
ce qui concerne le système de traitement et d'épuration des gaz
notamment, il est encore prématuré de compter sur un
fonctionnement fiable et continu d'un ensemble générateur de
courant électrique par gazéification directe de la biomasse. Il
convient donc de penser à proposer un schéma innovant qui
intègre au niveau du process un combustible "propre" palliant les
imperfections momentanées du système. Le charbon de bois qui est
un produit transformé, de part sa composition ne contient
théoriquement pas de constituant susceptible de générer ni
des goudrons ni des pyroligneux lors de la gazéification
(PLATIAU D. et al, 1986). La gazéification du charbon
de bois pour la production électrique devrait donc de ce fait
éliminer une bonne partie de contraintes relatives à
l'épuration de gaz et ceci d'autant plus aisément que, comme nous
allons le voir plus loin, la production de ce combustible est
maîtrisée par des procédés de fabrication simples et
faciles à mettre en oeuvre (LIPS B. et al., 1999). Par
ailleurs comme nous allons le voir, le charbon de bois a plusieurs avantages
énergétiques dans la gazéification par rapport à
celle du bois pur ou des autres biomasses (Pouvoir calorifique doublé,
transport faciles, propriétés thermophysiques
intéressantes, ...) (BOIZI E., 1999), (P.
GIRARD, 1985).
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