III.2/- La carbonisation
III.2.1/- Description et théorie.
La carbonisation est le processus de transformation
thermochimique de la biomasse en vue de la production du charbon de bois.
Celui-ci s'obtient par pyrolyse du bois c'est-à-dire la destruction,
sous l'action de la chaleur et en l'absence d'oxygène des
composés organiques ou minéraux du bois. Ici, c'est en
particulier la dégradation des deux polymères
végétales qui constituent le bois c'est-à-dire la
cellulose (C6H10O5)n et la lignine (C10H12O3)n. Cette
destruction donne naissance à trois types de produits :
- Le charbon de bois qui représente 25% à 30% du
poids du produit, contient 80% à 90% de carbone et regorge ainsi 45%
à 55% de l'énergie des produits.
- Les pyroligneux : représentant 40% à 45% de
l'énergie et est constituée essentiellement d'eau, d'acide
acétique, d'acétone, d'acide formique, de méthanol,
d'acide de méthyle, de phénol de crésol et plus quelques
goudrons épais.
- Les gaz quant à eux représentent 10% à
15% du poids, 10% à 15% de l'énergie du produit et sont
constitués essentiellement de l'oxyde de carbone (CO), du gaz carbonique
(CO2) du méthane (CH4) et de quelques traces d'hydrogène (H2)
(GIRARD P., 1985).
Les principaux paramètres qui influencent la pyrolyse sont
:
· la température dont l'augmentation fait
croître les proportions de gaz et de pyroligneux ;
· La vitesse de pyrolyse ;
· Taille, forme et qualité du bois ; Parlant de
la qualité, il est important de noter qu'un bois contenant plus de
lignine (Pin) donnera un résidu charbonneux plus important, car la
lignine est plus riche en carbone que la cellulose et l'hemicellulose ;
· L'humidité du bois : une partie de
l'énergie produite sert à évaporer l'humidité qu'il
contient.
Suivant la conduite de la réaction, on favorisera la
formation de gaz (on parle alors de gazéification) ou de charbon de
bois, (on parle de carbonisation). Bien entendu, le charbon produit peut
être à nouveau gazéifié.
Les travaux réalisé par Browne en
1958 lui ont permis de conclure que : "le rendement de production lors
de la pyrolyse complète du bois est quasiment similaire à celui
des principaux constituants traités séparément". On
retrouve dans une publication de Robert de 1970, que la pyrolyse des
matières végétales commence avec la dégradation des
hémicelluloses, constituants les moins actifs, entre 200°C et 260
°C, puis nous avons celle de la cellulose de 240°C à
350°C. La dégradation de la lignine commence à environ
280°C pour achever le processus à 500°C. De façon plus
détaillée, on retiendra que la pyrolyse suit l'évolution
suivante (GIRARD P., 1985) :
- Jusqu'à 100°C, le bois sous l'action de chaleur se
dessèche et perd son eau sans subir
de changement d'ordre chimique.
- Vers 150°C, le bois brunit et on peut déceler la
présence de l'acide acétique dans l'eau
condensée.
- Vers 280°C, le bois est en pleine décomposition par
condensation des vapeurs qui se
dégagent on obtient un liquide abondant qui se
sépare par dépôt en deux couches : les
14 CHAPITRE I: Généralités et Aperçu
Bibliographique
goudrons d'un noir intense à la couche
inférieure et les pyroligneux à la couche supérieure
aqueuse, de couleur rouge foncé. Les gaz incondensables qui s'y
échappent sont constitués d'anhydride carbonique, de monoxyde de
carbone de méthane et d'autres hydrocarbures.
- Vers 300°C la décomposition du bois augmente
encore, la température s'élève rapidement toute seule
sans chauffage à la suite du fort dégagement de chaleur qui
accompagne la réaction primaire. C'est la phase exothermique de la
carbonisation. La chaleur de réaction dégagée au cours de
cette phase est égale à 6% de la chaleur de combustion du
bois.
- Au-delà de 350°C, la distillation se ralentit et
elle devient pratiquement complète vers
450°C. Il ne se dégage plus alors que de faibles
quantités de gaz et de vapeur condensable. Après refroidissement
à l'abri de l'air, on trouve dans le four un résidu de charbon de
bois noir, brillant et sonore, si la carbonisation a été
suffisamment poussée et bien dirigée.
Dans le processus de carbonisation on peut donc distinguer les
quatre grandes phases suivantes :
Tableau n°1 : Les différentes
phases du processus de carbonisation.
Phases
|
Température approximative
|
Faits marquants
|
Produits
|
A- Combustion
|
Temp. Ambiante à 100°C
|
Séchage
|
Eau
|
B- Déshydratation
|
100°C à 270°C
|
De quelques heures à plusieurs jours
|
Eau, CO2
|
C- Phase exothermique
|
270°C à 450°C
|
- dégagement chaleur
- décomposition brutale du bois - dégagement des
matières (vapeurs condensables chargées de goudron, d'eau et
d'acide acétique)
|
Acide acétique, alcool methylitique, goudron,
CO2, CO, CH4, H2, N2
|
D- Refroidissement
|
De 450°C à la température ambiante
|
Vitesse de décroissement dépendant de la technique
de carbonisation
|
|
|
Si nous nous intéressons durant ces différentes
étapes aux proportions massiques d'évolution des produits obtenus
lors de la pyrolyse du bois ainsi que les proportions de carbone fixe, du
charbon correspondant, on peut avoir les différents valeurs en fonction
de la
120
100
40
20
80
60
0
0 200 400 600 800 1000
TEMPERATURE (°C)
Figure n°1: Evolution de la proportion
massique des des produits obtenus lors de la pyrtolyse du bois et, du taux
de carbone fixe du charbon correspondant en fonction de la
température
Rendement n(%)
Taux de carbone fixe (%)
Taux de gaz (%)
Taux de matières condensables
(%)
température. Le rendement de la carbonisation peut
être considéré comme la proportion de matière solide
des produits par rapport à la masse de combustible anhydre de
départ.
En reconstituants les valeurs obtenues par E.M.Boizi en 1999
(BOIZI E., 1999) on peut avoir le tableau suivant :
Tableau n° 2: Evolution des
différents constituants du bois et de la température au cours de
la carbonisation
Température (°C)
|
Rendement
?(%)
|
Taux de carbone fixe (%)
|
Taux de matières condensables (%)
|
Taux de gaz (%)
|
T° ambiante
|
100
|
50
|
0
|
0
|
100
|
98
|
50
|
0
|
0
|
150
|
96
|
50
|
4
|
0
|
200
|
90
|
55
|
10
|
3
|
225
|
80
|
60
|
15
|
7
|
250
|
70
|
70
|
25
|
10
|
275
|
60
|
75
|
33
|
12
|
300
|
50
|
76
|
37
|
15
|
350
|
45
|
80
|
42
|
16
|
400
|
38
|
87
|
45
|
16
|
450
|
36
|
90
|
46
|
18
|
500
|
33
|
95
|
45
|
20
|
550
|
30
|
96
|
44
|
25
|
600
|
30
|
96
|
44
|
30
|
700
|
30
|
96
|
43
|
33
|
800
|
15
|
98
|
42
|
34
|
900
|
10
|
98
|
43
|
34
|
A partir du tableau n° 2, on peut avoir les courbes de la
figure n°1 qui donnent l'évolution des différentes
proportions des produits de pyrolyse en fonction de la température.
En ce qui concerne l'aspect cinétique de la
transformation, on admet que la dégradation thermique des
matières ligno-cellulosiques suit une loi cinétique qui est celle
de 1er ordre d'Arrhenius. Cette tendance fut observée par AKITA en 1929
puis vérifiée par TANG en 1967. On pose pour ce faire en pratique
l'équation suivante (ou une de ses variantes) (E. Boizi,
1999).
d E
( c ) .( c ) .exp( ).( )
- = - K - = - k - - c
dt RT
|
(1)
|
Cu :
? = densité de la matière à l'instant t en
kg/m3;
?c = la densité du charbon en fin de pyrolyse
kg/m3;
K = est la constante de vitesse de la
réaction de pyrolyse en s-1;
k = est le facteur
pré-exporentiel d'Arrhenius (s-1);
E= énergie d'activation en
kJ/kg
R = Constante universelle des gaz kJ.kg-1 K-1
T = température absolue (K)
k et E sont les données
cinétiques de la dégradation thermique d'une matière
carbonée. A titre indicatif, voici quelques valeurs du rapport E/R :
9500 K, 8810 K, 14700 K, 50946 K (BOIZI E., 1999).
Les valeurs de k varient avec des
rapports de plus de 1020. Cette variation des énergies
d'activation est liée aux conditions expérimentales (mode
d'évacuation des gaz, durée de traitement ...) et à
l'échantillon utilisé (taille, forme, distribution
spécifique de constituants).
|