IV. Résultats de l'estimation
économétrique et interprétation des résultats
Cette section fournit les résultats
économétriques permettant de mettre en évidence les
interactions entre capital humain, investissements domestiques, croissance
économique et investissements directs étrangers dans la zone
UEMOA. Elle vise également à dégager les facteurs
d'attraction des IDE en direction de l'Union. Les résultats
détaillés des régressions sur Stata 11 sont
présentés en annexe n°2.
IV.1. Les déterminants des investissements directs
étrangers en zone UEMOA
Les investissements directs étrangers sont
généralement motivés par des facteurs d'attraction et
d'impulsion, Ajayi (2006). Les facteurs d'impulsion sont relatifs aux pays
d'origine tandis que les facteurs d'attraction dépendent des
caractéristiques spécifiques aux pays hôtes. Les facteurs
entrants dans l'explication des flux d'IDE en zone UEMOA sont essentiellement
internes dans notre modèle. L'estimation des déterminants des IDE
fournit les résultats suivants.
I DE = f(Cr,KH,OUV ,I D,I DF,Tch ang,I NFLATI ON)
|
Coefficients
|
Std. Err.
|
t
|
P >
|
ID
|
-0.0157766
|
0.0370373
|
-0.43
|
0.670
|
KH
|
0.0417837
|
0.0167596
|
2.49**
|
0.013
|
Cr
|
0.1695483
|
0.078398
|
2.16**
|
0.031
|
OUV
|
-0.3672097
|
1.255384
|
-0.29
|
0.770
|
DIDF
|
0.2163339
|
0.0799148
|
2.71***
|
0.007
|
DTCHANG
|
0.0031569
|
0.0019009
|
1.66*
|
0.097
|
Constante
|
-0.9896342
|
0.7462517
|
-1.33
|
0.185
|
NB : (***) (**) et (*) désignent respectivement les
variables significatives à 1%, 5% et 10%.
I DE = -- 0.99 + 0.170Cr + 0.042KH -- 0.367OUV -- 0.016I D +
0.216I
-- 1.33) (2.16) (2.49) (-- 0.29) (-- 0.43) (2.71) (1.66)
Les résultats des estimations indiquent que les facteurs
les plus attractifs des IDE en direction de l'UEMOA sont le capital humain,
la croissance économique, le niveau de développement financier
et le taux de change. Ainsi, une amélioration de la qualification de la
main d'oeuvre
d'un point (100%) est associée à une hausse des
entrées d'IDE de 4,2 point au seuil de 5%. Pour le même niveau de
significativité, une augmentation du taux de croissance de 1% entraine
un accroissement des entrées de capitaux étrangers de 0,17%. Le
coefficient de l'indice de développement financier montre qu'une hausse
du crédit accordé au secteur privé d'un pour cent engendre
une augmentation de 0,22% des flux entrants d'IDE au risque de 1%. La
stabilité du cadre macroéconomique mesuré par le taux de
change, suggère qu'une amélioration de la stabilité
politique et économique d'un point est consécutive à une
hausse des entrées d'IDE de 0,32 point au seuil de 10%, toutes choses
égales par ailleurs. Ce dernier résultat indique que les
investisseurs étrangers intègrent la stabilité politique
et économique dans le choix de localisation des investissements. Cela
est d'autant plus approprié que les principaux investisseurs en zone
UEMOA sont les pays de l'Union Européenne.
Au regard de la faible qualification de la main d'oeuvre en
zone UEMOA, la significativité du capital humain dans un tel contexte
peut paraître surprenante. Toutefois, la théorie des jeux soutient
qu'il existe une situation de référence où la firme
multinationale adopte un comportement passif face à la sous
qualification de la main d'oeuvre dans le pays d'accueil. Ainsi, après
avoir décidé d'entrer ou non sur le marché, les firmes
décident du nombre de salariés sous qualifiés à
embaucher en maximisant leurs profits. De plus, les multinationales peuvent
utiliser des technologies adaptées à la sous qualification de la
main d'oeuvre dans les pays investis. Dans ce cas, elles s'engageront dans des
activités de formation visant à améliorer la
productivité des employés.
Le signe de l'investissement domestique est négatif, ce
qui signifie qu'il existe un effet d'éviction entre l'investissement
domestique et les IDE. Mais, ce phénomène d'éviction n'est
pas significatif même au seuil de 10%.
Théoriquement un fort degré d'ouverture est
associé à des afflux d'IDE. Mais pour le cas de l'UEMOA, il n'a
pas le signe attendu et n'est pas significatif comme élément
d'attractivité. Ce résultat paradoxal traduit une
présomption d'économie protectionniste correspondant à un
niveau d'ouverture insuffisant de la zone. Toutefois, des économies
protectionnistes peuvent attirer des IDE importants si le marché
intérieur est bien développé. Dans un tel cas, les firmes
contournent les barrières tarifaires en délocalisant les
chaînes de production dans les pays d'accueil. Il s'agit ici
d'investissements essentiellement horizontaux. Par ailleurs, ce résultat
paradoxal pourrait
également s'expliquer par le fait que les afflux
massifs d'IDE enregistrés dans l'Union sont la résultante des
vagues de programmes de privatisation. C'est le cas récemment du Burkina
Faso en 2007, de la Côte d'Ivoire et du Sénégal en 1997. De
plus, ce fait semble refléter les effets pervers d'une ouverture
exogène ; c'est-à-dire une ouverture brusque et accrue comme,
c'est le cas au Togo où les taux d'ouverture gravitent autour de
l'unité.
En présence d'effets aléatoires, le coefficient
de détermination R2-between d'une valeur de 0,6853 montre que
68,53% de la variation inter pays des investissements domestiques, est
expliquée par les variables explicatives du modèle. Le
R2-within a une valeur de 0,1593, indiquant que les effets
aléatoires des pays introduits dans le modèle, contribuent
à expliquer le modèle de 15,93%.
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