III.2. Méthode d'identification du mod~le
La méthode d'estimation dans le cadre des
modèles à équations simultanées dépend du
critère d'identification du modèle, (Bourbonnais, 2002). Ainsi,
les trois cas ci-après peuvent être distingués :
> Si le modèle est sous-identifiable, il n'y a pas
d'estimation possible. Il faut alors respécifier le modèle.
> Si le modèle est juste identifié, on peut
appliquer les moindres carrés indirects ou les doubles moindres
carrés.
> Si le modèle est sur-identifié, on applique
les doubles moindres carrés.
III.2.1. Rappel des conditions d'identification
Soit :
g: Le nombre de variables endogènes du modèle ou
le nombre d'équations du modèle ;
k: Le nombre de variables exogènes du modèle ;
g : Le nombre de variables endogènes contenues dans une
équation ;
k : Le nombre de variables exogènes figurant dans une
équation.
Lorsque les restrictions ne sont que des restrictions
d'exclusion, les conditions d'exclusion nécessaires d'identification
peuvent s'énoncer ainsi :
> g -- g + k -- k < g -- 1 : l'équation est
sous-identifiée
> g -- g + k -- k = g -- 1 : l'équation est juste
identifiée
> g -- g + k -- k > g -- 1 : l'équation est
sur-identifiée Le tableau ci-après résume les conditions
d'identification. Tableau n°3 : Etude des conditions
d'identification du mod~le
Equations Caractéristiques Procédure
d'identification Résultats Nature
Eq1 g = 4 et k = 1
Eq2 g = 3 et k = 3
Eq3 g = 4 et k = 4
Eq4 g = 2 et k = 2
(4
|
-- 4
|
+ 9
|
-- 1)
|
>
|
4
|
-- 1
|
8
|
>
|
3
|
Sur-identifiée
|
(4
|
-- 3
|
+ 9
|
-- 3)
|
>
|
4
|
-- 1
|
7
|
>
|
3
|
Sur-identifiée
|
(4
|
-- 4
|
+ 9
|
-- 4)
|
>
|
4
|
-- 1
|
5
|
>
|
3
|
Sur-identifiée
|
(4
|
-- 2
|
+ 9
|
-- 2)
|
>
|
4
|
-- 1
|
9
|
>
|
3
|
Sur-identifiée
|
Source : construction de l'auteur
III.2.2. 0 phho4I d'IshW ThWo4 : Doubles Moindres
Carrés (DMC)
Comme indiqué dans le tableau n°3 ci-dessus, (g -
g ) + (k - k ) > g - 1 pour toutes les quatre équations. Par
conséquent, toutes les équations du modèle sont
sur-identifiées. Dans ce cas, la méthode d'estimation
appropriée est celle des doubles moindres carrés.
III.2.3. Test de spécification
Dans les études de données de panel, il apparait
nécessaire de s'assurer de la spécification homogène ou
hétérogène du processus générateur des
données, (Doucouré, 2008). Cela revient à tester
l'égalité des coefficients du modèle étudié
dans la dimension individuelle. Le test de spécification permet de
déterminer si le modèle théorique est parfaitement
identique pour tous les pays ou s'il existe des spécificités
propres à chaque pays. Ainsi, les tests de spécification se
feront équation par équation afin de retenir la méthode
d'estimation la plus appropriée pour l'ensemble du modèle. Ces
tests de spécifications ainsi que les estimations se feront sous le
logiciel stata 11. Les résultats détaillés des
différents tests et régressions sont présentés en
annexe n°2. Seule, la synthèse de ces résultats sera mise en
exergue dans la suite du document.
a. Likelihood Ratio Test (Test de
Fisher)
Les hypothèses du test sont les suivantes :
H0: Absences d'effets fixes H1 : Présence d'effets
fixes
La statistique de Fischer calculé suit sous
l'hypothèse H0 une loi de Fischer. A cet effet, l'hypothèse de
présence d'effets fixes ne sera pas rejetée lorsque la
statistique calculée est supérieure à la valeur critique
lue sur la table de Fisher. Les résultats des tests sont les
suivants.
Tableau n°4 : Tableau synthétique des
résultats du test de spécification de Fisher
Equation du capital humain
F test that all u_i=0: F(6,179) = 46.12 Prob > F = 0.0000
Equation de l'investissement domestique F test
that all u_i=0: F(6,177) = 7.09 Prob > F = 0.0000
Equation des investissements directs étrangers F test that
all u_i=0: F(6,176) = 1.63 Prob > F = 0.1420
Equation de la croissance
F test that all u_i=0: F(6,178) = 0.78 Prob > F = 0.5884
Source: Construit à partir des résultants des
différentes régressions
Pour les variables endogènes, capital humain et
investissement domestique, la probabilité de la statistique de Fischer
calculée est inférieure à 1%. Par conséquent
l'hypothèse H0 est rejetée, et le modèle à effets
fixes est plus approprié.
En revanche, la probabilité de la statistique de
Fischer calculée est supérieure même au seuil de 10% pour
les variables, investissements directs étrangers et croissance. Dans ce
cas, l'hypothèse H0 ne peut pas être rejetée, et alors le
modèle à effets fixes n'est pas approprié.
b. Test de Breusch et Pagan
La statistique de Breusch-Pagan est obtenue après
l'estimation du modèle à effets aléatoires. Elle permet de
tester la significativité du modèle à effets
aléatoires. Si la probabilité de la statistique de Breusch-Pagan
est inférieure au seuil fixé, les effets aléatoires seront
globalement significatifs. Le test est basé sur les hypothèses
ci-après :
H0 : Absence d'effets aléatoires H1 : Présence
d'effets aléatoires
Etant donné que le test d'identification
privilégie l'estimation par les doubles moindres carrés, nous
avons procédé à une estimation par les moindres
carrés ordinaires en deux étapes avant d'effectuer le test de
Breusch-Pagan sur la dernière estimation.
Les résultats des tests sont ainsi
synthétisés dans le tableau n°5 suivant.
Tableau n°5 : Tableau synthétique des
résultats du test de spécification de
Breusch-Pagan
Variables Variance Ecart type
KH 675.4363 25.98916
Test: Var(u) = 0 chi2(1) = 1124.33 Prob > chi2 = 0.0000
ID 28.24899 5.314978
Test: Var(u) = 0 chi2(1) = 83.84 Prob > chi2 = 0.0000
IDE 2.150751 1.466544
Test: Var(u) = 0 chi2(1) = 0.62 Prob > chi2 = 0.4326
Cr 18.12134 4.256917
Test: Var(u) = 0 chi2(1) = 2.25 Prob > chi2 = 0.1340
Source: Construit à partir des résultants
des différentes régressions
Les effets aléatoires sont significatifs au seuil de 1%,
pour les équations du capital humain et des investissements
domestiques.
Par contre, on ne rejette pas l'hypothèse nulle d'absence
d'effets aléatoires pour les deux autres équations car la
probabilité de la statistique est supérieure même au seuil
de 10%.
c. Test de Hausman/Hausman
généralisé
Le test de Hausman permet de tester la présence d'une
corrélation ou non entre les effets spécifiques et les variables
explicatives du modèle. Ce qui permet de choisir entre le modèle
à effets fixes et le modèle à effets aléatoires,
Kpodar (2007). Le test de Hausman repose sur les hypothèses suivantes
:
H0 : Il n'ya pas de différence systématique de
coefficients
H1 : Il existe une différence entre les coefficients
Les résultats du test de Hausman post estimation sont
ainsi présentés.
> Equation du capital humain
|
|
|
KH
|
|
Coefficients
|
Différence (b-B)
|
|
Effets fixes (b)
|
Effets aléatoires (B)
|
|
IDE
|
8.530563
|
8.60874
|
-0.0781775
|
DPIBH
|
0.0377773
|
0.0375099
|
0.0002674
|
DDURBAN
|
67.11939
|
67.8705
|
-0.7511136
|
chi2 (3) = (b-B)'[(V_b-V_B) ^ (-1)] (b-B) = -0.21 chi2 < 0
Le Chi-deux est négatif, de ce fait, nous avons
procédé par le test de Hausman généralisé,
afin de surmonter cette contrainte. Le test de Hausman
généralisé fournit les résultats
ci-après.
Test de Hausman
généralisé22 chi2 ( 2) = 3.65
Prob > chi2 = 0.1614
La probabilité de la statistique du test est
supérieure à 10%. Il n'y a donc pas de différence
systématique entre les deux modèles. Dans une telle situation,
Kpodar (op. cit) indique le choix de l'un ou l'autre modèle doit
être justifié rigoureusement, et il dépend de la conviction
de chaque auteur sur la pertinence d'un modèle par rapport à
l'autre. Mais Doucouré (op.cit), soutient que dans ce cas, le
modèle à effets aléatoires est plus approprié que
celui à effets fixes.
> Equation de l'investissement domestique
|
|
ID
|
|
Coefficients
|
Différence (b-B)
|
|
Effets fixes (b)
|
Effets aléatoires (B)
|
|
IDE
|
2.573801
|
3.013485
|
-0.4396842
|
Cr
|
0.4660022
|
1.191966
|
-0.7259639
|
DCREDIT
|
0.508779
|
0.647273
|
-0.138494
|
INTERET
|
0.0457301
|
0.0539665
|
-0.0082364
|
EPARGNE
|
0.2545418
|
-0.0689082
|
0.32345
|
chi2 (5) = (b-B)'[(Vb-VB) ^ (-1)] (b-B) = 38.07 Prob > chi2 =
0.0000
22 Voir annexe n°3 pour les résultats
détaillés du test de Hausman généralisé
La probabilité du test est inférieure à 1%.
Alors, le modèle à effets fixes est préférable au
modèle à effets aléatoires.
> Equation des investissements directs
étrangers
IDE
|
|
Coefficients
|
Différence (b-B)
|
Effets fixes (b)
|
Effets aléatoires (B)
|
ID
|
-0.0129955
|
-0.0157766
|
0.0027811
|
KH
|
0.0379431
|
0.0417837
|
-0.0038406
|
Cr
|
0.126794
|
0.1695483
|
-0.0427543
|
OUV
|
1.597828
|
-0.3672097
|
1.965037
|
DIDF
|
0.1692388
|
0.2163339
|
-0.0470951
|
DTCHANG
|
0.0023095
|
0.0031569
|
-0.0008474
|
chi2 (6) = (b-B)'[(V_b-V_B) ^ (-1)] (b-B) = 0.22 Prob > chi2 =
0.9998
L'hypothèse d'absence de différence
systématique de coefficients entre les deux modèles n'est donc
pas être rejetée.
> Equation de la croissance
|
|
|
Cr
|
|
Coefficients
|
Différence (b-B)
|
|
Effets fixes (b)
|
Effets aléatoires (B)
|
|
IDE
|
0.0070332
|
-0.6260484
|
0.6190152
|
KH
|
0.0506537
|
-0.0145313
|
0.065185
|
ID
|
0.1977595
|
0.2597867
|
-0.0620272
|
EXPORT
|
0.0505811
|
-0.0364563
|
0.0870374
|
chi2 (4) = (b-B)'[(Vb-VB) ^ (-1)] (b-B) = 1.80 Prob > chi2 =
0.7731
Ici également, l'hypothèse d'absence de
différence systématique de coefficients entre les deux
modèles n'est donc pas rejetée.
En somme, la prise en compte des effets spécifiques pays
est appropriée pour estimer les paramètres des
différentes équations du modèle. De plus, les statistiques
de Wald indiquent que le modèle est globalement bien
spécifié pour toutes les équations. Par ailleurs, le test
de
Hausman montre également qu'il n'y a pas de
différence systématique entre les coefficients des deux
modèles pour les équations du capital humain, de l'investissement
direct étranger et de celui de la croissance. Toutefois, les
coefficients de détermination issus des estimations avec les effets
aléatoires montrent que la variation inter individuelle (pays) des
variables est plus importante que la variation intra individuelle pour ces
équations du modèle. Ainsi, le modèle à effets
aléatoires est alors significatif pour ces équations.
Au regard de ces résultats, le modèle final
à estimer sera un panel hétérogène à effets
aléatoires pour les toutes équations, hormis l'équation
des investissements domestiques qui sera estimée à effets
fixes.
d. Test de stabilité du
modèle
Le test de Chow ou test de changement structurel, permet de
tester la stabilité des coefficients de la régression entre deux
périodes ou deux sous échantillons différents. Le test de
Chow temporel nous permettra de savoir si les coefficients des
différentes régressions ne sont pas affectés par la
dévaluation du FCFA intervenue en 1994. Le choix de cette période
se justifie par le fait qu'elle correspond à une phase de profondes
réformes de libéralisation dans les économies des pays
membres de l'UEMOA, marquées par la mise en oeuvre des programmes
d'ajustement structurel.
Le test repose sur les hypothèses suivantes :
(les coefficients sont stables)
* (les coefficients sont instables)
Avec la Somme des Carrés des Résidus du
modèle général,
la Somme des Carrés des Résidus du modèle
estimé avant 1994, la Somme des Carrés des Résidus du
modèle estimé après 1994. La statistique de Chow est
donnée par :
Où k est le nombre de variables explicatives, y compris la
constante et n le nombre d'observations du modèle général.
Sous , t t - )
Les résultats des régressions sous stata sont ainsi
présentés :
Variable
|
SCR
|
SCR1
|
SCR2
|
n
|
k
|
Fstat
|
F_lue (1%)
|
KH
|
754680,142
|
505141,609
|
863172,929
|
189
|
4
|
-20,2928169
|
3.34
|
ID
|
58169,6249
|
127103,564
|
45284,4959
|
189
|
6
|
-19,5456915
|
2.82
|
IDE
|
589,398173
|
98,6762912
|
827,330474
|
189
|
7
|
-8,35974373
|
2.66
|
Cr
|
657,804817
|
7517,59248
|
2235,57924
|
189
|
5
|
-33,3854611
|
3.04
|
Dans toutes les équations, les statistiques
calculées sont inférieures aux statistiques lues sur la table de
Fischer, au seuil de 1% ; on ne peut donc pas rejeter l'hypothèse nulle
de stabilité des coefficients. Par conséquent le modèle
est globalement stable. De ce fait la dévaluation du FCFA n'a pas
d'effet différencié sur la stabilité des coefficients du
modèle.
|