I.2. Développements empiriques sur les interactions
entre IDE et croissance économique
De nombreuses études empiriques ont analysé
l'impact des IDE sur la croissance économique des pays en
développement sans aboutir à un schéma
fédérateur satisfaisant. Alors que certaines études
soutiennent la thèse selon laquelle, les IDE ont un effet positif sur la
croissance économique du pays hôte, d'autres par contre estiment
que les IDE ne sont pas une panacée, ni une condition nécessaire
et/ou suffisante. Les effets des IDE sur la croissance économique des
pays d'accueil concernent d'une part, les équilibres
macroéconomiques, (Bouklia et Zatla, op.cit) et les créations
d'emplois (Mainguy, 2004) et, d'autre part, ces effets portent sur les
transferts technologiques entre firmes étrangères et firmes
locales (Blomström et Kokko, 1998). Certaines études ont même
cherché à déterminer les prés requis ou conditions
initiales (seuil minimum de capital humain, capacité d'absorption,
minimum d'infrastructures) pour que les IDE puissent impacter positivement sur
la croissance économique des pays d'accueil, Borensztein and al (1998),
Alaya et al (2009)
En effet, Borensztein et al (1998) suite à une
régression sur données de panel couvrant la période
1970-1989, concluent qu'une augmentation des IDE d'un point de pourcentage
accroît l'investissement domestique de 0,5 à 1,3 pour cent. Outre
les flux financiers qu'ils occasionnent, les IDE aident à promouvoir la
croissance dans les pays en développement en facilitant le transfert de
technologie, en accroissant le niveau de connaissances des travailleurs, en
assurant la promotion de la compétitivité, et en augmentant les
exportations. Ces effets externes se traduisent par une croissance de la
productivité de l'économie plus importante. Ils indiquent qu'une
augmentation d'un point de pourcentage du ratio des IDE sur le PIB
accroît le taux de croissance du PIB par tête du pays hôte de
0,8%. Borensztein et al (op.cit) ont mis en évidence l'importance de
l'effet de seuil dans le processus de diffusion technologique. Les auteurs
postulent que l'IDE entraîne un effet bénéfique sur les
économies d'accueil à condition que ces pays aient
déjà atteint un certain seuil de développement du capital
humain. Borensztein et al (op.cit) estiment que c'est à partir du seuil
de 0,52 année d'études secondaires que l'IDE commence à
entraîner des gains de croissance économique dans le pays
hôte. De ce fait, l'influence positive des investissements directs
étrangers sur les économies d'accueil sera fonction de leurs
interactions avec le capital humain dans les pays hôtes.
Bouklia et Zatla (2001) ont abordé l'analyse de l'IDE
à travers la détermination des facteurs de sa localisation d'une
part, et l'évaluation, d'autre part, de son effet sur la croissance
économique. Ils montrent que l'IDE agit de façon faiblement
significative sur la croissance des économies sud
méditerranéennes. De même, Carkovic et Levine (2002) ne
trouvent aucun lien entre l'IDE et la croissance dans un échantillon de
pays de la Banque mondiale. Abordant dans le même sens, Chowdhury et
Mavrotas (2003) trouvent que « l'IDE ne cause pas la croissance » au
sens de Granger au Chili, alors que cette relation de causalité est
bidirectionnelle dans le cas de la Malaisie et de la Thaïlande.
Par contre, Esso (2005) dans la recherche d'une relation entre
IDE et croissance économique dans le cas de la Côte d'Ivoire, sur
la période 1970-2001, conclut que, les investissements directs
étrangers ont été une source importante de croissance
économique. Leur effet direct positif indique que, toutes choses
égales par ailleurs, un point de pourcentage d'IDE supplémentaire
entrant en Côte-d'Ivoire engendre une augmentation de la croissance du
produit intérieur brut par tête de 0,01 pour cent. Ainsi les
politiques d'incitations à l'investissement mises en oeuvre ont
contribué à accroître le volume total des investissements,
augmentant la capacité productive de l'économie, ce qui a eu pour
conséquence une augmentation du produit intérieur brut de la
Côte d'Ivoire. Selon l'auteur, les tests de causalités entre les
flux entrants d'IDE et la croissance économique indiquent que les
niveaux passé et courant des IDE ne permettent pas de prédire les
valeurs futures du PIB/tête. Toutefois les valeurs passées et
courantes du PIB/tête permettent de prédire (causalité au
sens de Granger) les valeurs futures des investissements directs
étrangers dont bénéficie la Côte d'Ivoire.
Boccara et Nivat (2004), montrent que la contribution des
investissements directs étrangers est au moins plus élevée
dans les grands pays d'accueil qu'au Luxembourg. En effet, un million d'euro
d'IDE génère en moyenne 0,5 million de ventes et 2 emplois,
contre 2 à 4 millions d'euro de vente dans les grands pays comme la
France, l'Allemagne, les Etats Unis, la Suède, et le Japon, et 4
à 9 emplois dans les filiales résidentes d'entreprises
étrangères. Tandis que, pour Wacziarg (1998), chaque point de
pourcentage du ratio des IDE sur le PIB est associé à une
élévation du taux de croissance du PIB par tête de 0,3
à 0,4 pour cent. Athukorala et Menon (1995) montrent que les IDE en
Malaisie ont facilité la diffusion de technologie et ont
amélioré le niveau de connaissances des travailleurs. Les IDE
contribuent indirectement à la croissance
économique par la diffusion de connaissances dans les
différents secteurs de l'économie lorsque les travailleurs
migrent vers les firmes locales.
Dans la même logique, Ajayi (2006) indique que les
résultats de l'analyse empirique des relations entre IDE et croissance
économique sont mitigés. Il note qu'il existe en revanche des
preuves indiquant que ce rapport peut être positif, mais ces liens sont
faibles en Afrique. Selon l'OCDE (2002), quoi qu'il en soit, méme s'il
existe un phénomène d'éviction, l'effet net de l'IDE reste
généralement bénéfique, ne serait-ce que parce
qu'il tend à libérer des ressources intérieures rares qui
deviennent ainsi disponibles pour d'autres projets d'investissement.
En définitive, cette revue empirique permet d'avoir une
visibilité élargie et contrariée des retombées
possibles des IDE, mais aussi de comprendre les facteurs déterminant
leurs mobilités vers certaines régions du monde.
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