III.6. Les Nouvelles Théories du Commerce
International (NTCI)
D'après la théorie traditionnelle du commerce
international, les IDE sont déterminés par les écarts de
dotations factorielles. Or, les développements récents de la NTCI
expliquent le développement d'investissements de type horizontal entre
des pays dont les niveaux de revenu par habitant sont proches. En
conséquence, les investissements directs sont d'autant plus importants
que les écarts de PIB par tête sont faibles. De surcroît,
selon la nouvelle théorie, les IDE s'orientent vers les pays à
préférences similaires. C'est le cas des échanges entre la
France et l'Allemagne dans le domaine de l'automobile.
La théorie éclectique de Dunning (1977)
constitue une première approche globale des facteurs explicatifs de
l'investissement direct dans laquelle apparaissent des éléments
comme la concurrence imparfaite, les avantages comparatifs ou l'internalisation
des coüts de transaction. Mais, ce cadre s'avère aujourd'hui
insuffisant pour expliquer la majeure partie des IDE. Toutefois, il constitue
le point de départ des nouveaux éléments théoriques
apportés par les modèles d'investissement stratégique et
la NTCI. La NTCI enrichie de l'analyse de la firme multinationale est venue
pallier les insuffisances de la théorie traditionnelle en
intégrant des
éléments comme la concurrence imparfaite, la
différenciation des produits et les économies d'échelle,
(Brainard, 1993, Markusen, 1995). Elle met en avant un arbitrage des FMNs entre
proximité et concentration. Les modèles théoriques de la
NTCI suggèrent que dans l'arbitrage entre exportations et IDE, les
exportations soumises à des coats de transport s'effectuent entre des
pays proches tandis que les investissements se localisent dans des pays plus
éloignés. Toutefois, l'investissement direct est soumis à
des coûts irrécupérables importants (coûts
d'implantation, d'information) croissants avec la distance. De même, les
facteurs historiques et culturels ou encore les préférences des
consommateurs impliquent que les investisseurs privilégient les pays
proches géographiquement, (Dupuch et Milan, 2005).
III.7. / IINSUFEeRNSMOeRdIsRI' ( : Economie
Géographique
Avant les années 1990, les différents travaux
aussi bien théoriques qu'empiriques sur la stratégie de
localisation des firmes multinationales se caractérisent par l'absence
de toute considération spatiale dans les choix de
localisation14, ce qui limite la portée théorique de
ces modèles. Ce vide dans la littérature ne sera comblé
qu'au début des années 1990 avec l'article de Krugman (1991) qui
a donné naissance à un nouveau corpus théorique
économique : l'économie géographique. La réflexion
de Krugman est fondée sur l'organisation spatiale des activités
industrielles et sur les diverses forces qui agissent sur les équilibres
de localisation. Ces équilibres résultent d'une confrontation
dans le temps et dans l'espace de deux types de forces : des forces
centripètes qui poussent à la polarisation des activités
de production et des forces centrifuges qui favorisent plutôt la
dispersion des industries.
En s'inspirant de Dixit et Stiglitz (1977), Krugman (1991)
propose un modèle de concurrence monopolistique à deux secteurs :
manufacturé et agricole, et à deux régions. Le
modèle de Kugman s'appuie sur les trois postulats ci-après.
D'abord, il suppose que les rendements d'échelle sont croissants dans
les deux secteurs et que le secteur manufacturé produit un bien
différencié horizontalement, tandis que le secteur agricole
produit un bien homogène. Il suppose ensuite une parfaite
mobilité du facteur travail dans le secteur manufacturé et une
immobilisation
14 Bien que les analyses économiques spatiales
remontent au milieu du XXe siècle avec des auteurs tels que
W. Isard, F. Perroux, R. Cantillon, J. H. Von Thunen, A. Weber, A.
Lösch
internationale dans le secteur agricole. Enfin, entre les deux
régions, le bien agricole est librement échangeable, tandis que
le bien industriel attire plus de travailleurs consommateurs. Ainsi, on est en
présence d'un cercle vertueux dont résulte une structure
centre-périphérie. La réduction des coüts de
transport entre les deux régions entraîne l'émergence de
cette structure avec une agglomération des activités
industrielles dont les coûts de transport frictionnels sont de type
"Iceberg". Dans ce modèle, la parfaite mobilité du
facteur travail, sensible à une variation des salaires réels,
entraîne une accumulation du travail dans une localisation, ce qui
engendre l'agglomération des firmes sur ce site. Cette
agglomération augmente le nombre de variétés produites
localement, ce qui contribue à la baisse de l'indice de prix domestique
des biens manufacturés, à l'augmentation du salaire réel
dans la région-centre et à la dispersion des activités
agricoles dans la région-périphérie. Krugman explique
cette agglomération des activités au centre par les effets
d'entraînement en amont (backward linkages) et en aval
(forward linkages). Le premier effet découle de la recherche
des firmes de la plus forte demande qui est favorisée par la parfaite
mobilité du travail, tandis que l'effet aval découle du gout des
consommateurs pour la diversité, ces consommateurs maximisent leurs
utilités en se concentrant dans la région qui leur propose le
plus grand nombre de variétés.
En dépit de l'important apport théorique du
modèle de Krugman (1991), il reste limité par l'hypothèse
de parfaite mobilité des travailleurs. Cette hypothèse ne peut se
réaliser facilement entre deux pays de cultures et de langues
différentes. Tenant compte de cette insuffisance du modèle de
Kugman (1991), Baldwin (1999) a remplacé la mobilité du travail
par celle du capital et a étudié les conditions d'apparition
d'une structure centre-périphérie. Il en ait de même du
modèle de choix de localisation internationale dans lequel, Krugman et
Venables (1995) suppriment la mobilité du travail, en introduisant un
input composite : chaque firme produit un bien différencié
destiné à la consommation intermédiaire des autres firmes
et à la consommation finale des consommateurs. L'existence de liens en
amont et en aval entre firmes entraîne l'agglomération des
activités. Les biens intermédiaires présentent dans ce
modèle un facteur productif qui favorise l'agglomération des
firmes. Ces firmes cherchent à se localiser dans le pays qui dispose du
secteur industriel plus important, ce qui sous-entend plus de demande d'input
intermédiaire (effet en amont). Systématiquement, l'augmentation
du nombre des firmes accompagnée d'une augmentation du nombre de
variétés produites entraîne une baisse de l'indice de prix
de ces biens et une réduction de leurs coüts (effet en aval). Ce
modèle intégrant
les inputs composites a connu d'autres extensions avec les
travaux de Puga et Venables (1997), et Venables (1996 et 1998).
Jusqu'à présent, nous avons consacré
notre analyse de la littérature de l'économie géographique
aux modèles considérant la mobilité du travail ou bien la
présence d'un input composite comme forces centripètes qui
entraînent une structure centre-périphérie et une
agglomération des activités industrielles. Cependant, le
développement de modèles d'économie géographique
récents met en lumière d'autres forces centripètes et
centrifuges qui peuvent aussi perturber les équilibres spatiaux de
localisation. Parmi les forces centripètes, qui poussent à la
polarisation des activités de production, nous recensons les
spillovers technologiques, les gains d'accès au marché
et les dépenses publiques. A l'opposé, les forces centrifuges qui
entraînent plutôt une dispersion des industries se
présentent dans : la sclérose de l'innovation, les
différentiels de coüts des facteurs, les avantages comparatifs et
les phénomènes de congestion.
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