C/ Les jeunes : première cible des ONG
D'après Jean-Yves Authiers, professeur et chercheur en
sociologie, le quartier occupe une place importante chez les jeunes. "Il est
d'abord un espace familier dans lequel ces individus ont «leurs
repères» (...) si le quartier de ces jeunes est bien un espace
familier, il n'est pas, contrairement à leur logement, un espace
familial" (2006). Le quartier devient un espace d'appropriation des jeunes avec
leurs amis. Bien que cela soit à nuancer pour certains quartiers comme
El Cerezo où des populations accordent davantage de place à la
famille dans les espaces publics tels plusieurs marocains. Pour certains, ce
sont des lieux où il est possible de se réunir en famille (avec
ses tantes, oncles, cousins, neveux, etc.). Toujours d'après Jean-Yves
Authier, dans son enquête sur des lycéens de Lyon, les quartiers
seraient "investis selon les temporalités qui scandent la vie sociale de
ces jeunes citadins" (2006), ils vont sortir en semaine davantage dans leur
quartier et le week-end, plutôt en centre ville. Leurs besoins sont
relatifs à leurs passions et au niveau de vie de leurs parents ou des
aides sociales en fonction de la situation familiale.
1/ Un défi multiculturel
Pour les association, les jeunes apparaissent comme une cible
de grand intérêt pour amener à des interactions entre
groupes ethniques mais c'est aussi un public difficile dont la situation
familiale joue un rôle important pour leur développement. En
partant du principe qu'ils peuvent faire changer le point de vue de leurs
parents, qu'ils sont de futurs travailleurs et que les laisser sans occupation
peut mener à des situations de troubles et de conflits ;
différentes associations interviennent et mettent en place des projets
auprès d'eux.
a/ Le discours et les pratiques des jeunes
envisagés comme solutions aux conflits multiculturels
Pour Aziz, médiateur culturel ACCEM, l'intégration
des jeunes enfants est importante puisqu' "ils ne font pas de
différence ethnique entre eux, ils ne peuvent que s'en enrichir.
Nous
pouvons dire que nos enfants nous enseignent la
multiculturalité". C'est pour lui un des axes principaux dans le
travail de cohabitation entre population de différentes origines.
Travailler auprès des enfants permettrait d'atteindre par la même
occasion les adultes, parents de ces derniers. De même, comme nous
l'avons vu, des lieux se prêtent aux contacts entre individus tels les
parcs pour enfants où les parents communiquent entre eux au sujet de
leurs enfants. Ceci peut créer du lien social, c'est-à-dire
permettre des connexions entre habitants, leur donnant ainsi l'occasion de
faire connaissance.
Un autre public est visé par les associations : les
adolescents. Il apparaît important de les connaître, de comprendre
leurs envies et leurs besoins, ainsi que leur donner l'opportunité de
développer des projets selon leurs désirs.
Par ailleurs, les jeunes sont souvent accusés de
vandalisme dans le quartier que ce soit sous forme de tags, de propos
injurieux, de destruction d'infrastructures publiques ou encore en termes de
bagarre. Tous ces stéréotypes sont accolés aux jeunes, les
mettant ainsi dans un groupe homogène alors que ces qualifications ne
définissent fréquemment qu'un groupe minoritaire. « Les
jeunes immigrés vivent entre l'illusion d'un nouveau projet et la peur
de l'exclusion» (Llorens T. cité dans SIMO, 2006, p86). C'est
pourquoi, l'intervention des médiateurs culturels auprès des
adolescents de ces quartiers a pour objectif de les orienter vers des
propositions d'activités ludiques, de formations professionnelles,
"on essaye d'être une référence pour ces jeunes, de
leur créer des nécessités, chercher pour eux des
ressources et les mettre dans des domaines professionnels" (Aziz). Le but
des médiateurs est d'accompagner les adolescents et jeunes adultes vers
le monde du travail en essayant de les rendre responsable, de leur attribuer
des valeurs tels le partage, l'égalité ou encore le civisme.
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