Ségrégation et dynamiques multiculturelles à Séville:le cas du quartier "El Cerezo"( Télécharger le fichier original )par Matthieu Bouchet-Wacogne Université de Poitiers - Master 1 migrations internationales 2010 |
2/ Ségrégation spatiale : entre espaces partagés et espaces « réservés »A l'intérieur du quartier, les habitants cohabitent, c'est-à-dire qu'ils partagent le même espace public pour se rendre dans leur logement qui serait, quant à lui, l'espace privé. Cela peut engendrer des affinités entre voisins mais également des tensions. a/ Le "vivre ensemble" dans le discours des habitants"Le «vivre ensemble» n'a pas une définition figée et unidirectionnelle. Il s'enrichit de la diversité, ce qui l'élève au rang de valeur universelle".32 Dans le quartier d'El Cerezo les avis et les perceptions sur le "vivre ensemble" divergent, certains sont satisfaits de l'aspect multiculturel du quartier, d'autres en parlent comme d'un problème. "J'ai été habitué dans mon pays à vivre avec d'autres nationalités, ça me plaît, ça permet d'avoir l'esprit plus ouvert. J'ai eu aucun problème d'intégration à Séville mais ici l'ambiance n'est pas très familiale avec les espagnols"(Alain, camerounais). L'avis qu'il émet quant à une entente difficile entre autochtones et immigrés est renforcé par celui de Carlos (vénézuélien) "les équatoriens et les noirs sont ceux qui souffrent le plus du racisme des espagnols". Par ailleurs, pour certains espagnols interrogés les
immigrés intégrés sont ceux qui se
sont 32 Citation extraite de la lettre de la campagne nationale d'éducation au développement et à la solidarité internationale mis enplace par le ministère de l'éducation française et ayant pour titre "Demain Le Monde...Les migrations pour vivre ensemble", PDF : http://migration.demain-le-monde.org/rubrique115.html 33 L'assimilation est le fait de devenir ou rendre
semblable. C'est le processus par lequel un nouveau venu, un des gens bien et d'autres qui sont tout le contraire. Je ne suis ni raciste ni rien. Un noir qui vient me parler, ça me pose pas de problème mais il doit savoir bien se comporter"(Antonio, espagnol). "Cohabiter avec certains étrangers c'est possible mais avec d'autres non car ils ne s'adaptent pas à nous" (Christina, espagnole), cette dernière faisait ici référence aux équatoriens qu'elle n'apprécie guère depuis une querelle qu'elle a vécue, son discours est donc subjectif. « Clairement, les immigrés doivent s'accommoder aux règles urbaines et respecter les espaces publics dans nos villes. Mais nous devons également nous accommoder aux nouveaux voisins » (TORRES, 2006 p.128). Cet auteur montre ici l'importance d'un effort partagé entre autochtones et immigrés dans le souci du vivre ensemble. Ces préoccupations concernent notre quartier où des changements de population ont eu lieu depuis trente ans et plus particulièrement depuis les dix dernières années. De surcroît, une étude de l'Observatoire Permanent de l'Immigration en Andalousie (OPIA) en 2005 montre que l'adaptation des immigrés aux valeurs et normes du pays se fait par rapport à l'ouverture des autochtones vis-à-vis d'eux. C'est-à-dire lorsqu'il y a des échanges un intérêt mutuel entre autochtones et immigrés. Il y a cohésion sociale si la société est perméable, ouverte et intégrante sinon les immigrés se renferment dans leur propre monde (mode de vie). La citoyenneté apparaît alors telle une reconnaissance des immigrés comme des voisins et non pas comme des étrangers, en leur permettant de posséder les mêmes droits que les autochtones (RINKER, 2007). "Personne n'a vraiment de problème avec la cohabitation. Quelqu'un qui vient dans un autre pays doit respecter les coutumes et les personnes. Pour vivre ensemble, il faut essayer de connaître notre culture et de la respecter simplement" (Elena, espagnole). De plus, d'après Zico (marocain) dans le quartier "les immigrés sont à part". Il y aurait pour lui une frontière entre les immigrés et les autochtones, séparant ainsi les habitants en deux groupes distincts. En conséquence, nous pouvons remarquer un manque de cohésion sociale ainsi qu'une différence entre autochtones et immigrés. Nous pouvons également constater que les habitants, selon des critères personnels, font une différence entre les immigrés qui se seraient adaptés aux us et coutumes des autochtones et ceux qui rejetteraient la culture espagnole. Pour mieux comprendre ces sentiments opposés, nous allons essayer d'examiner concrètement l'organisation spatiale des lieux d'interactions entre individus. |
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