b/ Le parc pour enfants : espace central de la
place
Le parc pour enfants, situé au centre de la place
fût durant quelques mois en 2009, fermé le midi, en plus de
l'être la nuit (principalement pour restreindre les bottelons). En effet,
ce lieu qui est clôturé par des barrières, était
utilisé comme point de rendez-vous pour déjeuner de même
que comme zone de rencontre la nuit. Sa fermeture provisoire le midi provient
d'une demande de l'association de voisinage pour limiter à nouveau les
dégradations. Cela n'a pas duré car en étant fermé
régulièrement à l'heure du déjeuner, les
travailleurs de l'entreprise publique de la mairie Lipasam, s'occupant de
l'entretien des espaces publics, ne
pouvaient plus y accéder et donc ce lieu devenait sale.
La saleté devenant une nouvelle source de problème, il a ainsi
fallu rouvrir ce parc en journée.
De plus, depuis un an, il est "réservé" de 10h
à 12h pour les enfants de la crèche situé en face de
l'entrée de ce lieu, cela leur permet l'accès à
l'extérieur dans une zone délimitée et donc plus facile
à surveiller. Pour que cet espace convienne à des enfants en bas
âges, il est nécessaire qu'il reste propre et en bon état
pour éviter toute forme de danger lié à du matériel
défectueux comme le bois utilisé pour les structures de jeux ou
encore le fer des barrières.
Les contraintes de ce temps de récréation
utilisé par la crèche et les fermetures la nuit rendent ce parc
de moins en moins disponible pour les habitants du quartier, leur limitant
ainsi l'accès aux rares bancs publics se trouvant dans El Cerezo.
c/ Du partage à la répression
La place Punta Umbria est un lieu de rencontre où se
retrouvent principalement certains immigrés d'origine camerounaise mais
également les amateurs de football. En effet, un bar de supporters de
l'équipe de football de Séville où sont diffusés de
nombreux matchs se trouve sur cette place, c'est une Peña Sevillista.
"Deux fois par mois on se regroupe entre immigrés africains pour
parler de nos problèmes plaza Punta Umbria. On y vient également
tout les samedis après nos matchs de foot. " (Alain, camerounais).
Cela montre le soutien qui peut exister entre immigrés de même
origine géographique (ici, d'Afrique subsaharienne). Ces rencontres
permettent de résoudre des problèmes à plusieurs,
d'échanger des offres d'emploi, etc. Nous pouvons qualifier ce
phénomène de ségrégation positive puisque le but de
ces moments est de s'entraider pour ainsi améliorer ses conditions de
vie ou celles des autres.
C'est également dans cet espace que se situent les
locaux de l'association des voisins et celle des fondations Acoge et Cepaim.
Les conflits qui ont lieu sur la place Punta Umbria sont
actuellement moindre comme il est possible de le remarquer chaque jour en ce
lieu. En effet, au vu de l'augmentation de la présence policière
dans le quartier qui « limite l'utilisation de cet espace public »
(TORRES, 2011, p.128), les tensions sociales ont diminuées. " Il y
avait des conflits par rapport au bruit, avant les jeunes qui buvaient
squattaient la place Punta Umbria. Maintenant avec l'aménagement des
barrières, c'est plus tranquille. La police passe plus souvent, ils
contrôlent les papiers. Les jeunes ont changés de lieu, ils vont
dans d'autres quartiers". (Betty, équatorienne).
Par ailleurs, d'après un article du journal "el
diario" de 2005 ayant pour titre "El Cerezo se vuelve global"
(EURABIA, 2005), les plaintes concernaient principalement la forte
émission de musique en provenance de divers appartements. De plus,
l'utilisation de la place Punta Umbria comme lieu de botellon donnait place
à des disputes ainsi qu'à la dégradation de cet espace
public.
Des mesures ont alors été prises il y a quelques
années pour mettre fin aux conflits liés au bruit et à la
concentration d'étrangers sur cette place. Ce sont principalement
l'association de voisins du quartier en lien avec la délégation
de l'environnement de la mairie et les forces de l'ordre qui sont intervenues.
Les mesures concernaient notamment la restriction des heures d'ouverture au
public du parc pour enfants situé au centre de la place. De plus, des
contrôles de licences ont été effectués dans
certains commerces pour vérifier qu'ils étaient en règle
selon ce qu'ils vendaient. A cela s'ajoute une forte répression
policière faisant régulièrement des rondes dans le
quartier et vérifiant les papiers d'identité des
étrangers. Ces interventions nous indiquent l'existence de conflits
liés à la multiculturalité mais également des
problèmes de discrimination que subissent certains immigrés.
En outre, ces mesures montrent que les habitants du quartier
observent ce qui se passe dans leur espace de vie quotidienne et que certains
n'hésitent pas à dénoncer des situations illégales,
comme le propriétaire de la droguerie de la place Punta Umbria qui a
été suspecté d'héberger des immigrés
clandestins d'Afrique subsaharienne. Après des plaintes provenant de
voisins du quartier, "une vérification a été faite mais
n'a rien révélé". (TORRES, 2011, p129). Tout ceci est
lié aux conflits entre habitants dont est victime ce quartier. Nous
reviendrons sur certaines querelles dans la seconde partie du chapitre
suivant.
Nous pouvons en conclure qu'il est important de
connaître ses voisins pour éviter ainsi de les suspecter pour
d'innombrables raisons et souvent sans preuves. Les associations humanitaires
ont un rôle important à jouer pour limiter les accusations entre
habitants et surtout, faire en sorte que ne s'installe pas un climat de
méfiance dans les quartiers multiculturels. Pour cela, les projets et
actions des associations qui portent sur la cohabitation multiethnique sont
essentielles pour limiter les conflits et lutter contre les
stéréotypes. Les spécificités de la place Punta
Umbria et les changements qu'elle a subis nous permettent d'annoncer la suite
de notre recherche qui concerne les représentations qu'ont les habitants
de leur quartier, les conflits présents dans cet espace et la
préoccupation envers les jeunes dans les inquiétudes liées
au "vivre ensemble". Pour cela nous allons analyser les discours des habitants
et mettre en relation avec les faits.
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