Ségrégation et dynamiques multiculturelles à Séville:le cas du quartier "El Cerezo"( Télécharger le fichier original )par Matthieu Bouchet-Wacogne Université de Poitiers - Master 1 migrations internationales 2010 |
b/ L'association des voisins en lutte contre la relégation urbaineL'association des voisins est un regroupement d'habitants qui s'occupe de la bonne cohabitation entre les personnes d'un même quartier. Dans le quartier El Cerezo, ses membres se chargent également de distribuer de la nourriture grâce à la Banque Alimentaire et à la Croix Rouge aux personnes répondant à certains critères sociaux, tels qu'être inscrit au registre municipal ou encore se trouver au chômage. Seize familles du quartier bénéficient de ce service d'après le président de l'association de voisinage, Andres Aranda qui a succédé à Antonio Rodriguez en 2008. Cette association permet de mener des actions au niveau du quartier en fonction des problématiques et des besoins des habitants. Le président de l'association des voisins, Andres Aranda, est une figure importante pour le quartier. Personne médiatique, il est intervenu de nombreuses fois dans les journaux locaux. Actuellement à la retraite, il vit dans ce quartier depuis 1971. "Ce quartier a toujours un esprit de village". Les gens du quartier se reconnaissent dans cet espace "restreint". En effet, de nombreux retraités vivent ici depuis plusieurs décennies ce qui génère une ambiance familiale. Le titre d'un article du journal "Diario de Sevilla": Una voz y muchos esfuerzos por El Cerezo (Une voix et beaucoup d'effort pour El Cerezo) daté du 20 janvier 2010, met en avant Andres Aranda, comme réprésentant du quartier El Cerezo. L'article cite une de ses principales actions qui fut la vérification des licences et de l'enregistrement à la mairie des commerces de ce quartier20, "il est important de savoir que ce n'est pas un quartier marginal" (Andres). Comme son prédécesseur, Antonio Rodriguez, Andres a continué d'agir sur les mêmes problématiques, à savoir les conflits entre immigrés et autochtones. Voilà pourquoi, la demande d'un plan d'intégration sociale pour les immigrés d'El Cerezo et des quartiers voisins a été sa principale requête qui donna suite à des événements médiatiques (manifestations, rencontres avec le secteur environnant de la mairie, articles de journaux, etc.). Actuellement, un plan pilote dans le district de la Macarena traitant ces questions est en cours. Cela a pour objectif de favoriser la cohabitation dans le district et ainsi d'éviter tout type de contestation de la part des habitants. C'est ce que nous verrons dans la partie suivante (Cf: 2/ b/). "Je veux le respect et je n'admets pas le racisme, ici quand quelqu'un téléphone pour louer un appartement, on ne lui demande pas son origine". Ce discours peut s'interpréter comme une auto-défense aux propos disant de lui qu'il a des comportements xénophobes envers les étrangers "je ne sais pas si je suis un peu raciste". De surcroît, depuis qu'Andres est président de l'association des voisins, l'ambiance du quartier aurait changé, "ici on a la réputation qu'on ne peut pas faire tout ce qu'on veut" dit-il. Par ailleurs, certaines personnes, tel Ousseynou (coordinateur Acoge) sont assez mitigées sur les actions portées par Andres, "l'avantage de ce quartier, c'est l'implication et l'intérêt du président de l'association des voisins dans tous les événements de la ville mais d'un autre côté son gros défaut c'est qu'il met d'un côté les Espagnols et de l'autre les immigrés et reprend les discours politiques qui ne sont que très peu favorables aux immigrés". En parallèle, jusqu'au mois de février 2011, une affiche éditée par le parti Démocrate National (DN, l'équivalent de l'extrême droite en France), exposée sur la porte du local de l'association des voisins, sensibilisait les passants aux problèmes liés au chômage. Un dessin montrait ainsi une file d'attente de personnes de différentes origines devant l'office du travail dont le slogan était : "Devine qui sera le dernier? Avec nous les espagnols en premier !". Afficher ce type de document est révélateur de la considération que porte cette association envers les immigrés ou tout au moins certains membres. Il faut rappeler que nous sommes dans un contexte de crise où le chômage est supérieur à 25% en Andalousie (El CorreoWeb, 2011). Cette affiche repousse les possibilités des personnes immigrées de s'investir dans cette association pour participer ainsi à la vie active du quartier. "Un de mes projets est de faire en sorte que les locaux des associations des voisins soient des espaces de collaboration" (Aziz, médiateur 20 Article disponible sur internet: http://www.diariodesevilla.es/article/sevilla/611201/una/voz/y/muchos/esfuerzos/por/cerezo.html culturel ACCEM). Ces locaux seraient des lieux à investir par les populations immigrées dans le but d'améliorer la cohabitation entre voisins. Ce projet en cours pourrait alors amener les habitants immigrés à s'investir davantage dans leur quartier. En investissant les locaux d'associations des voisins, l'ACCEM veut permettre aux personnes autochtones et immigrés de se rencontrer, de se connaitre et d'échanger sur divers sujets que ce soit du fait de la participation à la vie de l'association des voisins (dans celle d'El Cerezo, les membres sont tous des habitants autochtones) ou dans le cadre d'une activité ludique qui pourrait être, par exemple, un cours de chant. Cela semble être une nouvelle manière de créer du "vivre ensemble" essentiellement au sein des quartiers multiculturels. Cette association a un poids important dans l'image du quartier, nous y reviendrons dans le prochain chapitre. Pour continuer notre développement sur l'amélioration de la cohabitation, il est important de parler de l'Office des Droits Sociaux qui opère sur la scène publique contre les inégalités. |
|