B/ L'importance des acteurs associatifs locaux
Plusieurs associations participent à la mise en avant
du quartier El Cerezo en proposant des projets de coopération
multiethnique. Les différents organismes travaillent dans l'objectif de
faciliter l'intégration des immigrés au sein de leur quartier
mais aussi dans la société espagnole. Ils tentent
également de contribuer au "vivre ensemble" entre immigrés et
autochtones en mettant en avant dans certains cas, les immigrés dans
d'autres, les autochtones.
1/ Les projets associatifs : enjeux de cohabitation
Il existe de nombreuses associations d'aide aux migrants et
notamment des associations de soutien juridique (O.D.S, Acoge, A.C.C.E.M,
C.E.A.R, etc.) qui informent les immigrés et les étrangers sur
les papiers à fournir pour accéder à un logement, un
emploi, etc. Ils leur expliquent les lois sur l'immigration et assistent les
personnes dans leurs démarches. Par ailleurs, différentes
associations s'occupent également de la traduction des documents (ACOGE,
ACCEM, etc.), (Transfronterizo, 2006).
Nous allons essentiellement nous intéresser aux acteurs
associatifs intervenant dans El Cerezo. Deux locaux des fondations Acoge
Sevilla, Cepaim et ACCEM se trouvent dans les quartiers d'El Cerezo et Las
Avenidas. Le local situé dans le quartier El Cerezo est partagé
par les associations Acoge et Cepaim qui agissent dans trois domaines : la
médiation (de voisinage, interculturelle), l'éducation
(activités extrascolaires, aide aux devoirs, colonies de vacances, etc.)
et les échanges interculturels (ateliers, débats,
événements culturels, sportifs, etc.). Par ailleurs, l'ACCEM,
dont le local se trouve dans le quartier las Avenidas intervient
également dans ce type de domaine. De plus, elle propose une assistance
juridique grâce à la permanence d'un avocat tous les jeudis. A
cela s'ajoute l'association de voisins d'El Cerezo ainsi que l'Office des
Droits Sociaux ayant tous deux des impacts pour ce quartier.
Nous tâcherons de comprendre quels sont les
conséquences des projets de ces associations.
a/ Les associations humanitaires en lutte contre les
discriminations et les conflits multiculturels
Ces associations sont nécessaires pour répondre
aux besoins des nouveaux arrivants et d'une certaine manière pour lutter
contre la discrimination et la ségrégation. Nous nous
intéresserons principalement à celles qui interviennent dans le
quartier El Cerezo ou du moins pour le district de la Macarena. Nous allons
devoir passer par une phase très descriptive pour bien cerner les
associations que nous allons citer à plusieurs reprises dans notre
étude.
Tout d'abord, la fondation Consortium des Agences de l'Action
Globale Pour les Migrants (CEPAIM) est une organisation indépendante
espagnole qui répond aux dynamiques sociales en relation avec les
migrations. Leur politique traite de l'inter-culturalité, de la gestion
de la diversité et du co-développement avec pour base le
territoire espagnol. Leur mission est de promouvoir un modèle de
société interculturelle qui facilite principalement
l'accès aux droits des citoyens immigrés, notamment en
développant des politiques de lutte
contre toutes formes d'exclusion sociale en lien avec les pays
d'origines des immigrants. Leurs valeurs sont l'égalité des
chances entre femmes et hommes, la solidarité, la justice, la lutte
contre les discriminations et la promotion de l'inter-culturalité et de
la diversité. Tout cela, est mis en place pour que les minorités
ethniques aient les mêmes chances et les mêmes droits en Espagne
que les autochtones. Cette association gère, depuis octobre 2010, le
programme de retour volontaire financé par le Ministère du
travail et de l'immigration.
Ensuite, la fondation Acoge Sevilla est une association qui
existe depuis plus de vingt ans et qui aide les immigrés. Elle dirige
ces personnes dans leurs démarches à l'obtention de documents
(permis de travail, permis de résidence, etc.) ainsi que dans
l'accès à l'emploi et la recherche d'un logement. Cet organisme
aide les immigrés à faire un Curriculum Vitae, à apprendre
l'espagnol, leur propose des formations, etc. En lien avec la mairie, des
particuliers peuvent téléphoner à cette association,
devenue une fondation, pour des gardes de personnes
âgées/d'enfants ou pour des services domestiques.
Par ailleurs, cette fondation travaille avec des associations
de voisinage, des centres éducatifs et participe entre autres à
des festivals.
Enfin, l'Association Commission Espagnole Catholique sur la
Migration (ACCEM) est une Organisation Non-Gouvernementale (ONG) à but
non lucratif tout comme les précédentes. Elle travaille sur
l'accueil et l'intégration des réfugiés et des
immigrés en Espagne dans le respect des droits et devoirs espagnols. Son
objectif est d'obtenir une société juste et égalitaire en
mettant en avant la richesse culturelle d'une société plurielle.
Cette fondation propose des formations professionnelles et une aide à
l'insertion au travail. En outre, ils permettent l'accueil dans des centres
spécialisés, mettent en avant la participation à la vie
locale (manifestation contre le racisme et la xénophobie,...) ou encore
proposent des cours de langue. En effet, "le dialecte andalou n'est pas
toujours simple à comprendre même pour des populations
hispanophones" (Tania, volontaire Acoge). Il est vrai que connaître
la langue locale apparaît comme un moyen d'intégration, ici
l'andalou, qui est un dialecte du castillan où certaines consonnes ne
sont pas prononcées.
Les trois fondations ACCEM, Cepaim et Acoge ont toutes les
trois des locaux dans le district de la Macarena19 dans lesquels
sont organisés différents projets de cohabitation, comme des
débats (droits du travail, racisme, etc.), des ateliers ludiques pour
les enfants, des cours de langues, de la médiation auprès des
habitants pour essayer de résoudre tous types de
19 Les fondations Cepaim et Acoge partagent le
même local dans le quartier El Cerezo plaza Punta Umbria tandis que
l'ACCEM a son propre espace de travail, rue Galena dans le quartier Las
Avenidas.
conflits. Elles participent à certaines fêtes
culturelles (Aïd el-Kebir, Inti Raymi, journées de l'immigration,
etc.), dirigent les immigrés dans leurs démarches administratives
ou encore prônent le "vivre ensemble" dont il est essentiel de savoir
comment pour notre recherche.
Le fait d'être présent dans ce district permet
à ces ONG d'améliorer leurs actions auprès d'une
population principalement immigrée et de les rendre plus visibles pour
les habitants de ces quartiers. Nous verrons par la suite les projets locaux de
ces associations, particulièrement ceux auprès des jeunes du
district de la Macarena.
De plus à ces associations très présentes
dans le domaine de la multiculturalité, intervient l'association des
voisins. "Les associations de voisins doivent aller dans la même
direction que les associations humanitaires, avec d'autres acteurs, elles
peuvent garantir la pluralité et les interactions sociales"(VECINA
MERCHANTE, 2010, p.242).
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