II. INTERPRETATION DES RESULTATS ET
RECOMMANDATIONS
1. Interprétation des
résultats
Les différentes estimations de la relation de long
terme et de court terme sont respectivement consignées dans le tableau
12 (équation 3 et 5). Au terme des régressions, on en retient les
résultats suivants :
1.1. La relation de long terme
Elle lie d'une part positivement le service de la dette par
rapport au PIB (LSdpib), le surendettement
(LSurdt), ainsi que les autres facteurs structurels
représentés par la tendance et d'autre part,
négativement l'ouverture commerciale
(LOuvc).
Le schéma d'endettement de la RDC est bien
expliqué par le modèle de l'équation de long terme avec un
degré de confiance de 95% et les variables explicatives retenues dans le
modèle permettent d'expliquer l'endettement extérieur de la RDC
à 74% tout en tenant compte des autres variables structurelles
représentées par la constante.
De la relation de long terme il ressort les observations
suivantes.
o L'ouverture commerciale (OUVC), elle est
pertinente (voir équation3 du tableau 12) son coefficient est (-0,04).
Le résultat approuve celui de Marc Raffinot, Baptiste Venet et Krugman
qui ont conclu à une existence de relation entre l'endettement
extérieur et l'ouverture commerciale, semble être
vérifié pour la RDC.
La force du lien entre l'endettement extérieur et
l'ouverture commerciale est a priori convaincante, puisqu'une économie
qui s'endette à l'extérieur devrait avoir le souci de
préserver sa souténabilité. Néanmoins, ceci peut
sans doute s'expliquer par le fait que la RDC, n'emprunte d'avantage
qu'auprès d'organismes bilatéraux qui ne sanctionnent que
modérément les défauts de paiement.
Toutefois ce lien parait être fragile suite aux chocs
externes, du fait de la structure industrielle économique du pays qui
du reste est orientée dans le secteur d'exportation de la matière
première. Il serait important pour l'économie congolaise de
penser à l'industrialisation intégrée permettant au pays
de faire, des exportations diversifiées à forte valeur
ajoutée et ainsi répondre au théorème de
BALASA-SAMUELSON dont nous avions déjà parlé plus haut.
o L'effet du surendettement (Surdt) est un
motif pour expliquer l'endettement de la RDC. On trouve une relation positive
avec un coefficient de (0,32) voir équation 3 du tableau 12. Cela se
comprend par le fait que malgré quelques rééchelonnements
le pays s'installe dans une période d'accumulation
d'arriéré de dette depuis 1990, la période
d'envolée de la variable sous l'étude.
Aussi, la courbe d'endettement de ces dix dernières
années évolue d'une manière constante. En d'autres terme
le surendettement congolais explique l'endettement extérieur à
32% et le reste par d'autres variables structurelles
(rééchelonnement, la consolidation....)
o La fuite des capitaux (Fcap), si
l'Afrique reste un exportateur de capitaux pour Boyce et Léonce
N'DIKUMANA, le phénomène ne semble pas pertinent pour expliquer
l'endettement de la RDC avec un coefficient de 0,0005 (voir équation 1
du tableau 12). L'explication plausible à ce fait serait donc
l'importance du transfert du revenu des immigrants dans l'amélioration
de la balance des transferts courants
o L'importation par rapport au PIB, il y a
une corrélation positive avec l'endettement de la RDC, mais n'est pas
significative. Son coefficient est de 0,24 (voir Equation 2 du tableau 12).
Pour une augmentation d'un pour cent du ratio, on assiste
à un accroissement de 57% de la dette par rapport au PIB. Ce
résultat s'explique par la non influence des produits importés
(hydrocarbures, alimentaires, intrants et équipements) qui traduit les
sorties de devises par rapport à la base des ressources sur
l'endettement du pays.
Les études similaires ne confirment pas le même
résultat, notamment celle de K.O.Ojo dans le cas des pays de l'Afrique
sub-saharienne, du fait que son étude parlait de l'Afrique
sub-saharienne dans sa globalité, mais l'économie congolaise
présente ses particularités en termes de gestion de la dette
extérieure, mais trouve une relation positive et significative. Par
contre, l'étude de Léonce YAPO dans le cas de la Côte et
d'Ivoire aboutit à une relation négative avec un coefficient
significatif.
o La dégradation des termes de l'échange
(LVTE), tend à accroître le processus d'endettement de la
RDC, mais non significative statistiquement avec un coefficient (0,21) (voir
équation 2 du tableau 12). Ce qui veut dire qu'elle n'explique pas
l'endettement de la RDC. Léonce YAPO et Cashin, P et Pottillo trouvent
que c'est significatif.
La controverse de ce résultat, pourrait s'expliquer par
le fait que la détérioration des termes de l'échange n'a
pas atteint le point ou les recettes en devises fléchissent, en
dégradant la situation financière et économique du
pays.
o Le taux de croissance du produit intérieur
brut évolue dans le sens contraire de l'endettement du pays
avec un coefficient de (-0,019) et n'est pas significative à long terme
par contre à court terme, il permet de diminuer le poids de la dette
extérieure sur le PIB.
L'explication de ce fait est que, le taux de croissance en
moyenne sur les 27 dernières années est sensiblement égal
à 1,02%. Donc, l'endettement du pays semble décourager les
investissements privés (effet du surendettement).
Dans le cas contraire, Pottillo. C et al affirme la
thèse que le taux de croissance serait pénalisé dont un
faible investissement et faible niveau de remboursement. Cette thèse
n'est pas confirmée par l'étude.
Les études de K.O.Ojo et Léonce Yapo sont
contraires à nos résultats. Car ils trouvent que le coefficient
du taux de croissance est significatif. D. Cohen a montré empiriquement
que l'impact de l'endettement sur la réduction de la croissance est
négligeable pour 8 pays de l'Afrique y compris la RDC. Bien que le sens
de causalité ne soit pas le même dans le cas présent les
conclusions sont similaires.
o La balance fiscale par rapport au PIB
(BFpib), est apparue négative et n'est pas significative
à 1%. Ce résultat implique qu'une détérioration de
10% du déficit fiscal à la moyenne de l'échantillon
entraîne une augmentation de 5,7% de la dette extérieure sur le
PIB du pays. La thèse d'Edwards WIESNER et al ne semble donc pas
être vérifiée : selon laquelle les déficits
publics ont entraîné des déficits courants et un
endettement excessif.
Donc c'est la faiblesse des recettes fiscales ou
l'augmentation des dépenses publiques qui amènent les pouvoirs
publics à s'endetter. S. Ibi. AJAYI ; trouve le même
résultat pour le Nigeria, une aggravation de déficit
budgétaire sur le PIB accroit le ratio de la dette sur les exportations,
à cela, il faudra ajouter d'autres variables structurelles pouvant
compléter ce facteur comme étant le leit motiv de l'endettement
extérieur de la RDC.
Il faudra retenir que les déficits budgétaires
ne sont pas significatifs pour l'économie congolaise. Par le fait que
ceux-ci ne sont souvent couverts que par la monétisation, qui confirme
le résultat de recherche de Claude SUMATA.
o La dette sur exportation (Dtexp), il y a
une relation négative avec l'endettement mais non significative à
1% (voir équation 1 du tableau 12).Lorsque les exportations augmentent
d'un pour cent (1%), la dette sur le PIB subit une diminution de 4,2%.
Le résultat de Lamine N'DIAYE pour le cas du
Sénégal et de Hugon, Pourcet et Quiers-Valette, n'est pas le
même pour nôtre étude. L'économie congolaise
jouissante d'une convertibilité générale de sa monnaie
alors la variable dette/exportation n'est pas déterminant pour
l'explication de l'endettement extérieur de la RDC du fait au
delà de cette variable, il y a des conditionnalités qui
expliqueraient sa non pertinence dans cette analyse.
o Le service de la dette par rapport au PIB
(LSdpib), influence significativement la dette extérieure à 1%. A
long terme une augmentation d'un pour cent du ratio entraîne un
accroissement de 38,2% de la dette par rapport au produit intérieur
brut. Donc pour réduire le niveau d'endettement, il n'y a que deux
façons pour le faire.
Soit d'augmenter le produit intérieur du pays ou
l'allègement du service de la dette. Le résultat de cette
variable est confirmé par Artus et Pierre Morrin dans l'équation
de la dette avec la contrainte budgétaire de l'Etat. Sur le plan
empirique, Léonce YAPO trouve le même résultat pour la
Côte d'Ivoire.
Au delà de toutes les considérations
observées le test de stabilité générale de Cusum
atteste la dynamique estimée est globalement stable durant la
période d'étude car résidu est resté dans
l'intervalle de confiance (voir annexe 12)
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