2.2-
REVUE DE LA LITTERATURE
Lorsqu'on entame un travail de recherche, on commence toujours
par une exploration documentaire pour avoir une orientation par rapport
à la problématique que l'on veut construire et les postulats
posés. De ce point de vue, nous pouvons dire que la revue de la
littérature constitue un maillon essentiel dans le processus de
recherche car ; elle permet au chercheur d'approfondir ses connaissances
sur le sujet qu'il veut étudier. Ce travail s'appuie sur les
expériences empiriques, le vécu quotidien et/ou les études
théoriques produites par ses prédécesseurs. Ces «
savoirs » antérieurs permettent au chercheur non pas de traiter le
thème en utilisant les mêmes approches mais, de l'aborder dans une
perspective nouvelle. Notons ici que l'éducation est un champ
très vaste qui intéresse de nombreux spécialistes : les
pédagogues, les psychologues, les sociologues, etc.
En effet, de nombreuses recherches ont démontré
clairement les avantages économiques et sociaux de l'instruction des
femmes. Les effets bénéfiques de l'éducation de la
population féminine sont entre autres: une réduction de la
fécondité et de la mortalité maternelle et infantile, une
amélioration de la santé et du bien-être familial, un
accroissement de la productivité agricole et des revenus, ainsi qu'une
augmentation de la productivité générale des femmes et de
l'économie dans son ensemble (Floro et Wolf, 1990 ; Odaga et Heneveld,
1995).
Le développement des femmes des régions
septentrionales et au-delà, les africaines ; leur participation au
pouvoir de décision passe par la formation et l'information inscrit dans
le cadre de l'éducation. C'est la vision défendue par
Coquery-Vitrovitch (1994 :806) lorsqu'elle tranche que :
«La seule voie est l'éducation. Or
l'éducation des filles est restée très en retrait de celle
des garçons]. Aujourd'hui, les trois-quarts des femmes africaines sont
encore analphabètes, et dans les écoles la parité est loin
d'être atteinte entre filles et garçons : on compte en moyenne
moins du tiers des fillettes scolarisées contre plus de la moitié
des garçons. L'élément essentiel aujourd'hui est donc
l'éducation des filles, qui demeure la condition nécessaire pour
qu'elles fassent reconnaître le rôle qu'elles jouent dans
l'économie et la culture du pays».
La question de l'accès équitable des filles et
des garçons à l'éducation devient donc aujourd'hui une
préoccupation constante de tous les Etats et des organisations
internationales. Mais les différences de scolarisation entre
garçons et filles ne font l'objet d'une attention particulière
que depuis un passé récent. Aussi, pendant longtemps, le faible
niveau de scolarisation des filles fut-il considéré comme l'une
des caractéristiques plus ou moins naturelle des sociétés
non occidentalisées (Lange, 1998).
L'accès inéquitable
des filles et des femmes à l'éducation y est
généralement traité sous plusieurs aspects :
l'accès à l'école (en terme de fréquentation),
l'itinéraire scolaire (type d'établissement- public ou
privé, filières d'enseignement), la performance scolaire
(redoublement, échec/réussite aux examens), la poursuite de la
scolarité (abandons scolaires) (Lange, 1998). Certes, les
récentes rencontres sur l'éducation en Afrique mettent l'accent
sur la nécessité d'accélérer l'éducation des
filles et des femmes (UNESCO, 2000), mais des actions spécifiques
requises ne sont pas toujours mises en oeuvre pour réduire les
écarts entre sexes et résoudre ainsi les problèmes
spécifiques auxquels les systèmes éducatifs sont
confrontés en Afrique subsaharienne.
Les récentes littératures consacrées aux
facteurs scolaires qui affectent l'éducation des filles indiquent
plusieurs modes par lesquels les écoles africaines limitent le potentiel
des filles. Ainsi par exemple, à travers un insidieux processus
d'exclusion et de marginalisation, les écoles reflètent et
renforcent les attitudes et le comportement d'une société qui
n'attend pas grand-chose des filles. Les enseignants ont des attitudes
négatives quant au potentiel académique des filles et projettent
dans les écoles et les salles de classe les préjugés de la
communauté envers les filles (Capso, 1981 ; Davison et Kanyuka, 1992 ;
Davison, 1993).
En dépit d'une amélioration progressive de la
scolarisation des filles sous l'effet des efforts conjugués des
gouvernements, des organisations non gouvernementales et des bailleurs de fonds
internationaux, les études révèlent l'existence de
disparités persistantes entre les sexes dans le domaine
d'achèvement du cycle primaire normal, particulièrement dans les
régions septentrionales( UNICEF, 2008-2009). A cet effet, des auteurs
tels Tchombe, Mapto Kengne, Matchinda (2006,2008), Tsala Tsala (2008) et
certaines structures de gestion des écoles ont eu à
s'intéresser à la question.
2.2.1-
Les problèmes d'accès des filles à l'éducation de
qualité au Cameroun.
Pour Tchombe (2006), plusieurs facteurs entravent
l'accès à l'éducation des filles. En effet, Tchombe
souligne que cet accès pose encore d'énormes problèmes en
Afrique subsaharienne. D'après elle, l'effort fourni par le gouvernement
camerounais pour assurer l'accès des filles à l'éducation
est différemment perçu selon les régions. Elle cherche
à cet effet à montrer qui est réellement la femme.
Dans cette optique, pense-t-elle, en dépit du fait que
la pensée traditionnelle et contemporaine continue à
dévaluer les caractéristiques et les activités de la fille
et de la femme, il faut noter que ces activités font partie du travail
cognitif qui demande une autorité cognitive, c'est-à-dire la
capacité de réflexion qui confère à l'individu
l'aptitude à réfléchir en vue de prendre de bonnes
décisions. Tchombe(2006) pense qu'on y accède par
l'éducation. D'après Tchombe(2006), le pouvoir cognitif de la
fille doit être posé très tôt afin de lui permettre
de fonctionner dans une position confortable et imposante.
Par conséquent, le type de niveau et surtout la
qualité de l'éducation qu'une fille reçoit ont de grandes
implications sur le bien-être général de la
société et en multiplient les bénéfices. L'on peut
le remarquer dans les statistiques (UNICEF, 2000) selon lesquelles l'effectif
qualitatif des filles qui sont bien éduquées est vu dans des
composantes générales caractérisées par le
dynamisme, l'assiduité et l'intelligence dans leurs activités
quotidiennes.
Aussi, Tchombe (2006) pense-t-elle que l'atteinte de
tous ces objectifs est malheureusement rendue difficile par la culture qui
suscite la préférence parentale pour le garçon au
détriment de la fille qui travaille beaucoup et commence ses
activités très tôt. Les disparités dont souffrent
les filles vis-à-vis de l'école (à l'école et hors
de l'école) sont inacceptables compte tenu de l'importance du facteur
éducatif pour leur émancipation.
L'éducation des hommes et des femmes constitue un
puissant vecteur de développement économique, social et culturel.
On considère généralement que le fait de ne pas assurer
l'égalité dans l'éducation entre les sexes peut diminuer
les avantages potentiels que l'enseignement des hommes peut avoir sur le
bien-être social. Pour conclure, Tchombe pense que les femmes
éduquées ont tendance à encourager l'éducation de
leurs propres enfants, les filles en particulier, raison pour laquelle
l'éducation des filles est devenue une priorité politique
véritable parce qu'il ya de gros bénéfices sociaux
reconnus qui viennent de cet investissement.
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