Section 2 : Les déterminants de la
pauvreté au Sénégal
Les sources de la pauvreté sont nombreuses, c'est ainsi
qu'on retient un certain nombre pour apporter une clarté concernant ce
phénomène.
1.2.1 L'Explosion Démographique
L'explosion démographique qui a commencé dans
les années 50 fut le résultat d'une brusque chute du taux de
mortalité, rendu possible par des innovations dans les soins de
santé et par l'utilisation à grande échelle d'une
technologie médicale importée dans les pays en
développement. Mais dans les pays les plus pauvres comme le
Sénégal, les changements correspondants ont contribué
à faire baisser la fécondité comme l'adaptation des
savoir-faire, des capacités et du comportement, l'amélioration de
l'infrastructure matérielle et de la technologie n'ont suivi que
lentement. Ce manque de concordance a ralenti le progrès
économique et social. Le déséquilibre entre la croissance
rapide des populations et l'insuffisance des revenus qui serait maximal des
institutions qui servent les pauvres.
Au niveau des ménages, une fécondité
élevée alourdit la charge représentée par les
enfants et amoindrit le bien-être des familles pauvres. Par une ironique
coïncidence, les circonstances qui favorisent une fécondité
élevée coïncident souvent avec l'élargissement des
perspectives économiques et sociales.
1.2.2 L'Environnement Economique/ Insuffisance de
Revenu
Le taux de croissance moyen annuel de l'économie n'a
guère permis une amélioration des revenus réels par
tête et de l'emploi car étant de 2,7% par an sur la période
1960-1965 qui est inférieur à l'accroissement
démographique. En plus la répartition des revenus est très
inégale car si l'on utilise l'indice de Gini de la région de
Dakar on voit qu'il est de 0,80 en 1996 et 0,3 au niveau national, ce qui
correspond à un niveau d'inégalité sensiblement
élevé.
Cette croissance est par ailleurs largement tirée des
sous secteurs qui n'ont pas été suffisamment pourvoyeur d'emplois
(huileries, traitement de produits halieutiques, phosphate, ciment, tourisme et
télécommunication). La croissance s'est avérée
fragile du fait de la faible productivité de l'agriculture, de la
compétitivité insuffisante des secteurs d'offre et de leur
vulnérabilité aux chocs exogènes. La situation du secteur
primaire, restée précaire, continuée à une atonie
du secteur secondaire, insuffisamment compétitif, a été
une contrainte forte à la création d'emplois et à
l'amélioration des revenus, induisant une dégradation continue
des conditions de vie des ménages.
Il ya une divergence nette entre la répartition
spatiale de la valeur ajoutée et celle de la population active.
L'agriculture représente plus de 10% du produit intérieur brut
alors qu'elle occupe plus de 50 de la population active pour la plupart
analphabète. La dépendance quasi-exclusive de l'agriculture d'une
pluviométrie erratique introduit une incertitude excessive qui
n'encourage pas les investissements d'envergure dans les activités
rurales. Les poids de la dette constituent un obstacle majeur pour la lutte
contre la pauvreté. L'encours de la dette a représenté
86,2% de PIB en 1994, 80,1% en 1996 et situe à 71,3% en 2000. Le service
de la dette pour sa part a représenté après
rééchelonnement 4,5% des recettes d'exportation de biens et
services et 11% des recettes fiscales.
Ces taux se situent respectivement à 14,6% et 27,6% en
1996, 12,0% et 21,3% en 1999 et se montrent à 12,7% et 22,6% en 2000.
Le cadre macroéconomique actuel bien qu'assaini, n'a
pas garanti un accès plus large des pauvres aux ressources
financières et productives permettant la création d'emplois
productif et rémunérateur. On constate une insuffisance dans la
promotion de la micro entreprise et du secteur informel qui du reste, est
principal pourvoyeur d'emplois du fait que les effectifs de la formation
publique soient maintenus constant depuis plusieurs années et que le
recrutement dans le secteur structuré n'a progressé que
très lentement. Toutefois, la précarité qui y
prévaut n'a pas favorisé une amélioration des revenus des
pauvres.
A la progression actuelle, il faudra 30ans environ pour
doubler le PIB par tête qui est aujourd'hui l'un des plus faibles au
monde (600$ US).Le bas niveau du taux de croissance résulte de la
productivité globale des facteurs. Une décomposition du facteur
travail, du stock de capital et de la productivité globale des facteurs
montre que la contribution du capital à la croissance n'a
été que de 22%, alors que celle-ci est de 56% pour l'ensemble
subsaharien et de 49% pour l'ensemble des pays en développement. Deux
raisons fondamentales, expliquent les faibles contributions du facteur capital
dans la croissance :
· Le faible niveau d'accumulation du capital
· La qualité moyenne des investissements
réalisés
On constate également une faible amélioration
des principales sources de financement des micros entreprises et l'informel en
dépit du développement des systèmes
décentralisés. L'essentiel des ressources fiscales et de
l'état proviennent de la fiscalité sur la consommation des
ménages au détriment de l'impôt sur le revenu fondé
sur la capacité contributive des citoyens. En plus les infrastructures
d'accompagnement des activités économiques notamment physiques
sont en dehors de la télécommunication, faiblement
développés, l'insuffisance et la médiocre qualité
des infrastructures routières et portuaires grève les coûts
de transports. Les routes bitumées représentent 29% du total des
routes et celles en latérite atteignent une proportion de 69% et
même le déficit quantitatif et qualitatif de la fourniture en
énergie électrique constitue une contrainte.
Sources : SIE Niger 2005, SIE Sénégal,
Livre Blanc CÉDÉAO 2004 et ENERDATA (tep : tonne
équivalent pétrole)
Ainsi, les performances économiques et
financières enregistrées ces dernières années
restent encore insuffisantes pour réduire de façon plus
significative la pauvreté en vue d'atteindre les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD), notamment la
réduction de l'incidence de la pauvreté de moitié à
l'horizon 2015.
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