L'impact des analyses génétiques sur la Justice congolaise( Télécharger le fichier original )par Josette Baongela Likila Université de Kinshasa - Graduat 2009 |
§3. Le polymorphisme de l'ADN mitochondrialL'ADN mitochondrial (ADN mt), présent dans le cytoplasme, peut également être utilisé pour l'expertise génétique : il s'agit d'une petite molécule circulaire et monocaténaire de 16 569 paires de bases qui codent pour des chaînes polypeptidiques nécessaires au fonctionnement de la mitochondrie et pour des ARN. Sa séquence est entièrement connue et elle présente deux régions hypervariables. Le polymorphisme n'est pas lié ici à des variations de longueur mais à des variations dans la composition en nucléotides (polymorphisme de structure). Une autre caractéristique de l'ADN mt est son hérédité maternelle. En effet, l'ovule est bien fourni en mitochondries (entre 100 000 et 200 000) alors que le spermatozoïde n'en contient qu'un petit nombre qui ne persiste pas dans la descendance. La mère transmet donc son ADN mt à tous ses enfants mais seules les filles le transmettront à leur tour à leur progéniture.18(*) Par ailleurs, le polymorphisme de l'ADN mt est moins marqué que celui de l'ADN nucléaire et l'analyse qui en est faite est donc moins discriminant. Il présente néanmoins un double intérêt : - préservé par la haute résistance de la mitochondrie, il peut être analysé sur des traces anciennes ou fortement dégradées sur lesquelles l'ADN nucléaire n'est plus exploitable. La recherche historique en a fait ces dernières années un fréquent usage, notamment pour les ossements de la famille impériale de Russie et pour le présumé de Louis XVII conservé à St Denis. - il peut également permettre d'expertiser des tissus biologiques dépourvus d'ADN nucléaire, mais riches en mitochondries, qui sont prélevés sur une scène de crime. C'est notamment le cas des tiges de cheveux. § 4. La réaction en chaîne de la polyméraseL'amplification en chaîne par polymérase, connue sous le sigle anglais PCRm est une technique novatrice permettant d'augmenter la quantité d'une séquence spécifique d'ADN dans un échantillon. Cette technique s'est révélée d'une valeur inestimable en criminalistique et elle est également utilisée de façon généralisée par les chercheurs dans le domaine de la génétique. Le terme « polymère» qui veut dire littéralement nombreuses parties s'applique à une molécule chimique constituée d'un très grand nombre de petites molécules d'un seul type ou de plusieurs types. Une polymérase est un enzyme qui produit de multiple copie d'une unité donnée ; pour les fins qui nous occupent, il s'agit d'une séquence spécifique d'ADN. Quant a la réaction en chaîne, cela veut dire que le processus se poursuit aussi longtemps que l'on veut pour produire la quantité voulue d'ADN. Littéralement, la réaction en chaîne peut produire des millions voire des milliards de copies d'une séquence d'ADN choisie ou ciblée dans une éprouvette et ce, en quelques heures seulement. Techniquement cela s'appelle «l'amplification de l'ADN», en langage populaire on parle parfois de «photocopie moléculaire» Le processus de PCR est semblable au mécanisme par lequel l'ADN se reproduit de lui même dans la cellule. Le processus, tel que réalisé en laboratoire, comporte trois étapes : premièrement, le fragment d'ADN à double rin est séparé en deux brins sous l'action de la chaleur, Ensuite, les fragments à simple brin sont hybrides à l'aide d'amorces de courts fragments d'ADN qui définissent la séquence cible à amplifier ; Et troisièmement, on ajoute au mélange l'enzyme appelé ADN polymérase, de même qu'une quantité de quatre bases de nucléotides, et le processus s'amorce. Le cycle en trois étapes est répétée habituellement 25 a 30 fois.19(*) Cette technique permet d'amplifier sélectivement des fragments d'ADN qui intéresse l'expert en criminalistique et de tirer profit de fragments qui comportent des différences courantes entre les individus. * 18 Revue science et vie junior numéro 244 p. 60 à 65 * 19 Dr Ron FOURNEY cité dans www.encarta.com |
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