PREMIERE PARTIE: DESCRIPTION DU MILIEU
ET METHODES UTILISEES
2. Revue de littérature
2.1 Evolution des écosystèmes
anthropisés
Selon MAZOYERT & ROUDART (1997), les premiers
systèmes de culture et d'élevage sont apparus à
l'époque néolithique, il y a moins de 10000 ans, dans quelques
régions peu nombreuses et relativement peu étendues de la
planète. Ils étaient issus de l'auto transformation de
quelques-uns des systèmes de prédation très variés
qui régnaient alors sur l'ensemble du monde habité. Ces
premières formes d'agriculture étaient sans doute
pratiquées aux abords des habitations et sur les alluvions de
décrue, c'est à dire sur les terres déjà
fertilisées et n'exigeant guère de défrichement.
A partir de là, l'agriculture du néolithique
s'est répandue à travers le monde sous deux formes principales:
les systèmes d'élevage pastoral d'un côté et les
systèmes de cultures de l'autre. Les systèmes de culture sur
abattis-brûlis ont progressivement conquis la plupart des forêts
tempérées et tropicales où ils se sont
perpétués durant des siècles. Les systèmes
d'élevage pastoral se sont étendus dans les milieux herbeux
directement pâturables et se sont maintenus jusqu'à nos jours dans
les steppes et les savanes diverses, en Eurasie septentrionale, en Asie
centrale, au Proche-Orient, au Sahara, dans le Sahel, dans les hautes Andes
etc.
Depuis cette époque pionnière, dans la plupart
des régions originellement boisées, l'augmentation de la
population a conduit à la déforestation et même dans
certains cas à la désertification.
Les systèmes de culture sur abattis-brûlis ont
alors cédé la place à de nombreux systèmes agraires
post forestiers, très différenciés selon le climat, qui
sont à l'origine des séries évolutives distinctes et
relativement indépendantes les unes des autres. Ainsi dans les
régions arides, des systèmes agraires
hydrauliques, de cultures de décrue ou de cultures
irriguées, se sont constitués dès la fin de
l'époque néolithique en Mésopotamie, dans les
vallées du Nil, et de l'Indus ainsi que dans les oasis et les
vallées de l'Empire Incas.
Dans les régions tropicales humides (Chine, Inde;
Vietnam, Thaïlande, Indonésie, Madagascar, côte
guinéenne de l'Afrique, etc.), des systèmes hydrauliques d'un
autre genre reposant sur la riziculture aquatique, se sont
développées par étapes successives, en aménageant
d'abord des milieux bien arrosés et bien drainés (piémonts
et interfluves) puis des milieux accidentés (hautes vallées et
delta inondables), ou encore, des milieux exigeant d'être
irrigués; parallèlement, l'outillage a été
perfectionné et le nombre de récoltes réalisables chaque
année a augmenté.
Dans les régions intertropicales moyennement
arrosées, le déboisement a conduit à la formation de
systèmes de savanes très variés: systèmes
de culture temporaire sans élevage à la houe comme les
systèmes de la région des plateaux congolais; systèmes de
cultures avec pâturage et élevage associés, comme les
systèmes des régions d'altitude d'Afrique de l'Est et divers
systèmes sahéliens et soudaniens; systèmes de culture et
d'arboriculture ou d'arbres autochtones conservés avec l'élevage
associé, comme les systèmes sahéliens et soudaniens
avec parc arboré d'Acacia albida de Parkia
biglobosa et de Vittelaria paradoxa.
Dans les régions tempérées d'Europe,
après le déboisement, toute une série de systèmes
post forestiers se sont succédés qui, en révolution
agricole, ont conduit aux systèmes actuels. La révolution
agricole antique a donné naissance à des systèmes de
céréaliculture pluviale à jachère, avec
pâturage et élevages associés, dans lesquels on
utilise des outils manuels comme la bêche et la houe et un instrument de
culture attelée légère, l`araire. Des siècles plus
tard, dans la moitié nord de l'Europe, la révolution agricole du
Moyen Age central a donné naissance aux systèmes à
jachères et culture attelée lourde, avec charrue et chariot.
Puis, du XVIè au XIXè siècle, la
première révolution agricole des temps modernes a engendré
les systèmes de cultures céréalières et
fourragères sans jachère.
Après les grandes découvertes, les
systèmes agraires européens se sont par ailleurs enrichis des
nouvelles plantes venues d'Amérique (pomme de terre, maïs, etc.)
alors même qu'ils s'étendaient dans les colonies de peuplement des
régions tempérées des Amériques, d'Afrique du Sud,
d'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Dans le même temps, dans
les régions tropicales, des plantations agro-exportatrices se
développaient au sein des systèmes préexistants, au point
parfois de s'y substituer et de donner naissance à de nouveaux
systèmes très spécialisés (canne à sucre,
coton, café, palmier à huile, banane etc.).
Au XIXè siècle, l'industrie s'est
mise à produire toute une gamme de nouveaux matériels
mécaniques à traction animale (brabant, faucheuse, moissonneuse)
qui ont permis de doubler les superficies par travailleur et la
productivité du travail agricole en Europe et dans les colonies du
peuplement d'origine européenne. Dans les autres colonies par contre, la
paysannerie, quant à elle n'était pas chassée, mais en
restait le plus souvent à la culture manuelle. Enfin, dernière en
date de la série évolutive des systèmes agraires des
régions tempérées développées, la
deuxième révolution agricole des temps modernes a produit les
systèmes motorisés et spécialisés
d'aujourd'hui. Ces systèmes ont aussi envahi les milieux sous
développés ayant pour corollaire un déboisement qui a
réduit la diversité des habitats naturels.
Au total, le système agraire est un mode d'exploitation
du milieu fondé sur les facteurs collectifs et historiques et que vise
la satisfaction durable des besoins.
Des millénaires d'évolutions
séparées, parfois entrecroisées, ont ainsi produit toute
une gamme de systèmes agraires, fondamentalement différents et
très inégalement performants, qui occupent aujourd'hui les divers
milieux exploitables de la planète.
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