Résumé
Les aspects socio-culturels liés à la
conservation des parcs à karité, leur caractérisation
morphologique, structurale et leur régénération naturelle
ont été étudiés dans deux formations
végétales à partir d'inventaires forestiers
réalisés au sein de 158 placeaux carrés de 30m x 30m au
niveau de 300 ménages et dans 20 villages au Bénin.
Au plan socio-culturel, il existe une différence
très hautement significative entre les ethnies en ce qui concerne la
conservation in situ des arbres de karité ( ÷2
=67,84 ; ddl=6 et P<1%). La création des parcs
à karité est un fait culturel et
socio-économique qui se réalise lors des défrichements
pendant l'installation des cultures d'igname et de coton. Elle est l'oeuvre des
ethnies Bariba, Gando, Peulh, Dendi, Bôo, Mokolé, Nagot, Lokpa,
Bentamaribè et Wama qui conservent le karité sur leur champ. Par
contre, les ethnies Fon, Mahi et Idaatcha, quant à elles ne conservent
pas le karité. Il existe aussi une différence significative entre
les ethnies en ce qui concerne l'utilisation du karité comme bois de
service ( ÷2 =13,84 ; ddl=6 et P<5%).
La différence entre les ethnies en ce qui concerne
l'utilisation du karité en médécine traditionnelle
est hautement significative ( ÷2 =10,65 ; ddl=4 et
P<5%). S'agissant des usages du karité dans les
cérémonies
et les enterrements, cette façon de faire se rencontre
surtout chez les ethnies Lokpa, Bentamaribè, Wama, Bôo et Nagot.
Une différence très hautement significative existe entre les
ethnies en ce qui concerne les usages religieux du karité (
÷2 =21,91 ; ddl=2 et P<1%).
Les systèmes agraires associés aux parcs
à karité sont des systèmes de culture abattis-brûlis
assez différenciés selon le gradient pluviométrique
nord-sud, les ethnies, la pression sur les arbres dans les parcs, le
diamètre à 1,30m du sol, et la densité des arbres.
Cinq parcs à karité à savoir: (i) le parc
de la région de Bohicon, (ii) le parc de la région de
Savè, (iii) le parc de la région de Parakou, (iv) le parc de la
région de Bembéréké et celui de la région de
Kandi, ont été identifiés selon les variables
mésologiques et dendrométriques analysées à l'aide
du logiciel MINITAB version 13.20. Des descripteurs morphologiques (longueur du
pétiole, du limbe, et largeur du pétiole) utilisés sur 10
feuilles choisies au hasard dans la partie basse de la couronne sur trois
arbres au plus par placeau ont complété l'analyse dans la
discrimination des parcs.
Le diamètre à 1,30m au dessus du sol (ddh) de
381 arbres, la structure au sol et la densité du peuplement augmentent
du sud au nord en fonction du gradient pluviométrique et de la latitude.
Il existe une différence significative entre ces différentes
variables (P<5%).
Au plan structural, la densité du peuplement dans les
différentes formations suit cette même tendance ainsi que la
distance moyenne entre le semencier et ses plus proches voisins. Cette distance
est comprise entre 1,94m et 3,36m. La répartition spatiale des arbres de
karité est agrégative dans tous les 5 parcs.
La régénération naturelle existe, mais
elle est compromise par divers facteurs que sont: le feu, la
luminosité et la durée des jachères (même si
elles sont de courte durée), le sarclage, le labour, les ravages
d'insectes et
le pâturage. La régénération naturelle
du karité suit le processus d'espacement des semis de JANZEN (1970).
Seules les jachères de 10 ans et plus, peuvent assurer la
régénération de l'espèce.
Mots clés: Parc à
karité, importance socio-culturelle, structure des peuplements,
morphologie, régénération, Bénin.
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