Elément indispensable à tout travail
scientifique, la revue de littérature vise à s'assurer au
préalable de l'état des connaissances acquises à partir de
la documentation mobilisée sur les problèmes identifiés.
Ainsi, cet exercice se fera en prenant pour principaux repères les
racines thématiques retenues au niveau de la vision globale de
résolution de la problématique spécifiée. Dans
cette optique, il s'agira en principe pour nous, d'exposer à travers
cette revue, le point des connaissances liées au problème
général de la faible performance de la DPPC en matière de
gestion des catastrophes et celles liées aux problèmes
spécifiques en résolution.
En effet, le développement durable d'une nation passe
non seulement par les avancées dans différents secteurs comme
ceux de l'éducation, de la santé, des infrastructures, de
l'économie, mais aussi à travers une bonne prévention et
une meilleure gestion des catastrophes.
De nos jours, on note une fréquence des catastrophes
due aux phénomènes météorologiques ou aux
activités humaines ; ce qui n'est pas sans conséquences sur le
développement des pays.
A ce propos, Michel BOKO et Euloge OGOUWALE dans leur
communication sur « les changements climatiques et la
problématique du développement humain durable en Afrique :
opportunités et contraintes pour l'adaptation de la mitigation
» affirment : « l'augmentation rapide de la population
africaine, associée aux impacts des changements climatiques aggravera
les menaces sur les ressources forestières en Afrique et les modes
d'existence des populations ». Abondant toujours dans ce sens, ils
précisent que « déjà au cours des années
1980, l'Afrique a
Réalisé et présenté par
Arnaud Sègla AGON
Contribution à l'amélioration des
performances de la DPPC en matière de gestion des catastrophes
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perdu 10,5% de ses forêts. Or, ces forêts
jouent un rôle vital pour le climat à tous les niveaux : local,
régional et mondial. Elles font aussi office de frein à
l'accélération des changements climatiques. Elles stockent
également 40 fois la quantité de carbone émise chaque
année par l'utilisation des combustibles fossiles et la production du
ciment ».
Toujours dans ce sens, selon la note conceptuelle du dialogue
sousrégional des pays membres de la CEDEAO sur les changements
climatiques qui s'est tenu à Cotonou du 18 au 22 octobre 2008,
« le contexte des changements climatiques en Afrique selon le
quatrième rapport d'évaluation du Groupe Intergouvernemental
d'Experts sur l'Evolution du Climat (GIEC) établi en 2007, l'Afrique est
l'une des régions du monde les plus vulnérables aux changements
climatiques. Cette situation est aggravée par l'interaction des
contraintes de développement telles que la pauvreté,
l'accroissement rapide de la population, l'accès réduit aux
finances, la technologie et l'information, la dégradation de
l'environnement, la faible conscience en matière environnementale, les
catastrophes et conflits complexes, réduisant ainsi la capacité
d'adaptation du continent, tout en augmentant sa vulnérabilité
aux changements climatiques prévus ».
Soulignons donc que l'extrême pauvreté de
certains pays de l'Afrique de l'Ouest, les fréquentes catastrophes
naturelles telles que la sécheresse et les inondations, et la forte
dépendance de l'agriculture contribuent à la
vulnérabilité de la région aux changements climatiques.
Pour Septime S.P. HOUSSOU-GOE dans son mémoire :
« Agriculture et changement climatique au Bénin : Risques
climatiques, vulnérabilité et stratégie d'adaptation des
populations rurales du département du Couffo », (page 56)
« l'avènement des phénomènes climatiques
extrêmes est une conséquence de la destruction des cultures. Les
cas d'excès pluviométriques voire d'inondations
enregistrées dans le milieu au cours de la campagne agricole 2007-2008
en sont une parfaite illustration. Les pluies abondantes et violentes de cette
campagne ont sérieusement affecté la production agricole, surtout
les récoltes de la première saison des cultures (avril à
juin) ». Dans la même étude (page 58), il précise
en ce qui concerne le bilan social des inondations survenues en 2007 fait par
l'ONG Plan Bénin, que « des centaines d'habitations, de
cultures, de greniers de même que le
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bétail et la volaille ont été
détruits par les eaux d'inondation, mettant en péril
l'approvisionnement en vivriers et augmentant les risques de maladies
(paludisme et autres maladies hydriques, du fait des eaux contaminées)
».
Toujours pour mettre en exergue les effets pervers du
changement climatique, Christophe Sègbè HOUSSOU, dans sa
thèse intitulée : « Les bioclimats humains de
l'Atacora (Nord-ouest du Bénin) et leurs implications
socio-économiques », à la page 209, souligne qu'
« à tout moment, la pluie peut détruire les cultures et
réduire à néant toute une saison d'efforts du paysan,
quand elle est excessive »
Dans cette perspective, Gisèle Rose HOUNDAKINNOU, dans
son mémoire intitulé `' Fréquence des
évènements pluvieux extrêmes et leurs impacts
environnementaux dans la ville de Cotonou» à la page 40,
déclare que « les événements pluvieux
extrêmes entraînent d'importants dégâts sur
l'environnement de Cotonou. La nature et l'importance de ces
dégâts sont variables ».
Selon le rapport intégré sur l'état de
l'environnement au Bénin de l'Agence Béninoise pour
l'Environnement (ABE), « la crise environnementale que connaît
le Bénin est la base de certaines catastrophes qu'il enregistre. Ainsi
si aucune mesure n'est prise, d'ici 30 ans, la dégradation de
l'environnement se fera plus cruelle avec la persistance des comportements
nuisibles, la persistance de l'agriculture et de l'élevage extensifs, la
gestion incohérente des écosystèmes, la pollution,
l'insalubrité des villes, la poursuite de la déforestation, la
diversification progressive, la déjection accrue des ordures dans la
nature, la persistance de centres urbains repoussants».
Pour donc faire face à la gestion des catastrophes,
plusieurs auteurs ont mis l'accent sur la prévention.
Dans ce cadre, pour Euloge OGOUWALE dans sa thèse
intitulée : changements climatiques dans le Bénin
méridional et central : indicateur, scénarios et prospective de
la sécurité alimentaire, à la page 22, «
il importe de fournir des informations chiffrées à la population
et aux décideurs sur les changements climatiques. En effet, une
population mieux informée sera davantage en mesure de participer
à la lutte contre les
Réalisé et présenté par
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Contribution à l'amélioration des
performances de la DPPC en matière de gestion des catastrophes
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changements climatiques annoncés et de contribuer aux
programmes élaborés pour l'atténuation des risques
climatiques ».
Et, abondant dans le même sens, Abbo Abdoul BAGUI de la
Direction de la Protection Civile du Cameroun, lors de l'atelier international
sur la gestion des catastrophes naturelles qui s'est tenu du 05 au 07 juin 2006
à Cotonou au Bénin, affirme que « l'expérience
nous montre que la prévention constitue un maillon très important
dans le cycle des catastrophes, malgré qu'il n'est toujours pas facile
de mettre en place tous les moyens et voies permettant de réduire les
effets des catastrophes, à défaut de les supprimer
».
Toujours pour mieux prévenir les catastrophes, lors de
cet atelier, LOUKOU K. Jules, Président des Réseaux, ONG et
Associations de l'Environnement et du Développement Durable de la
Côte d'Ivoire, dans son thème : « l'Homme est au
début, au centre et à la fin des catastrophes naturelles
», préconise : « un système de
surveillance et d'alerte météorologique doit être
installé au niveau de l'Agence Nationale de l'Aviation Civile et de la
Météorologie de chaque pays afin d'assurer la surveillance en
continue de l'atmosphère et de diffuser les avis ».
Au cours du même atelier, le colonel Bah SAMAKE,
Sous-directeur de la Prévention et des Etudes à la Direction
Générale de la Protection Civile du Mali, souhaite que :
« pour un développement durable de toute nation, il faut
intégrer la gestion des catastrophes dans la planification et le
processus de développement au niveau national ».
Pour Gisèle Rose HOUDAKINNOU, dans son mémoire
cité supra, à la Page 47, « l'adaptation est une affaire
de grands investissements financiers mais indispensables pour le
mieux-être des populations de Cotonou ». Selon elle, les
stratégies d'adaptation sont : « L'application des normes de
construction, le respect des textes en matière d'installation, les
mesures d'incitation au relogement, la mise en place d'un dispositif juridique
de prévention des risques naturels et la réalisation d'un
schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux
».
Pour André HUFTY, dans son ouvrage intitulé :
« Introduction à la climatologie »,
« Développer une meilleure prévention en face
des conséquences fâcheuses du climat est évidemment l'objet
des études de risques. Le couple prévision-prévention est
étroitement lié et évolue
Réalisé et présenté par
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Contribution à l'amélioration des
performances de la DPPC en matière de gestion des catastrophes
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rapidement ». Dans le souci de bien
gérer les catastrophes, André HUFTY souligne que « les
services responsables `'protègent» de mieux en mieux leurs
populations et restaurent généralement leur environnement
à l'occasion des catastrophes »
Et pour mieux prévenir, André HUFTY met
l'accent sur les stratégies de prévention et de prévision
qui restent encore la meilleure façon de minimiser les risques dus aux
extrêmes, tout en soulignant qu'il est impossible de les
éliminer.
En conclusion, André HUFTY souligne que «
l'avenir jugera probablement leur sagesse en fonction des efforts qu'ils auront
faits pour conserver dans chaque pays un bien commun pour les
générations futures. Le seul principe qui semble actuellement
pouvoir les guider est celui de précaution, évoqué plus
haut. Faire des économies d'eau et de carburant, préserver les
sols, aménager les forêts, conserver la biodiversité,
lutter contre toute pollution urbaine, etc., sont des règles qui doivent
inspirer toute législation nationale ou internationale, au même
titre que la déclaration des droits de l'homme, et être
imposées à tous les développeurs avant d'autoriser leur
action. »