CONCLUSION GENERALE
L'état des lieux quantitatif et spatialisé de
la transhumance que nous avons effectué dans la zone
périphérique (Say, Kollo et Boboye) du parc du W, nous a permis
de comprendre l'organisation de la transhumance chez les peuls vivant dans
cette région. Les informations récoltées nous ont permis
de tracer la carte de la transhumance c'est à dire les différents
axes qu'empruntent les éleveurs pour se rendre dans les zones d'accueil
du parc et leurs différentes zones d'attaches.
Ces itinéraires sont pour la plupart
traditionnels(anciens) mais ils peuvent être changés si
l'intérêt qu'ils suscitent disparaît notamment les
ressources pastorales. Ils peuvent également être modifiés
par la suite d'une extension des champs de culture ou alors s'ils traversent
une zone interdite (l'aire protégée du parc du W). L'orientation
des axes de transhumance varie selon la zone. Dans la zone de Torodi, ils
passent par le Burkina Faso pour déboucher sur le Parc du W ou le Togo.
Au niveau des zones de Tamou et de Gueladio, ces itinéraires descendent
directement sur le parc en transitant par la Réserve Totale de Faune de
Tamou. Dans la zone du fleuve, ils débouchent sur le fleuve Niger pour
atteindre le parc côté Bénin. Cette étude nous a
permis également d'avoir une idée du flux d'animaux transhumants
et de mesurer l'ampleur du phénomène. Il à
été aussi mis en évidence les différentes
stratégies des éleveurs face aux contraintes (manque des
ressources pastorales) des zones de départ. Il ressort que c'est surtout
la pression agricole subséquente à l'augmentation de la
population qui a entraîné la réduction de l'espace pastoral
dans cette zone. Les troupeaux sont concentrés sur un petit espace et
cela a conduit à la dégradation de ses ressources. Dans les
terroirs d'attache des éleveurs, le pâturage est de faible
qualité et constitué en majorité du Zornia
glochidiata secondé par le Microchloa indica et dans
certains cas de Brachiaria lata ou Loudetia togoensis. Le
pâturage aérien est très pauvre, il se compose
essentiellement des combretacées, du Piliostigma reticulatum et
du Guera senegalensis.
stratégie développée par les
éleveurs consiste à transhumer dans l'aire protégée
du parc régional du W.
Le dernier recensement aérien organisé par
ECOPAS( Ecosystèmes Protégés en Afrique Soudano
Sahélienne) en mai 2002 témoigne de l'importance de ce
phénomène.
Il a été en effet compté 23 000 bovins.
Les éleveurs enquêtés ont confirmé dans
l'unanimité qu'ils ne vont pas changer des zones d'accueil, puisque il
n'existe aucun endroit pouvant leur offrir ce qu'ils gagnent au parc. Ceci
montre que les éleveurs n'auraient plus qu'une seule alternative dans la
destination de leur transhumance. Cette situation est inquiétante pour
la conservation des écosystèmes du parc à laquelle
s'attelle le projet ECOPAS depuis sa création. Pour être efficace
et trouver des solutions durables, ce projet doit prendre en compte les
difficultés et les contraintes de la zone périphérique, un
des buts de notre étude. Car quelque soit, les activités de
surveillance et les mesures répressives, les bergers effectueront leur
transhumance dans le parc. Cette mobilité pastorale se
caractérise par des dates de départ qui s'étalent dans le
temps(février à juin). Le motif de cette mobilité est la
recherche des ressources fourragères de qualité et des points
d'abreuvement permanents permettant de maintenir les troupeaux en forme pendant
la saison sèche.
On peut ajouter aussi ajouter à cette raison de
déplacement le caractère culturel de la transhumance chez les
peuls. Bref, c'est un phénomène assez complexe. Car malgré
les exactions et les amendes que subissent ces bergers peuls, ils n'entendent
pas renoncer à cette pratique.
Pour renverser durablement cette tendance, il faut trouver
des solutions concrètes aux différents problèmes qui les
poussent à aller en transhumance. Ces solutions doivent passer par :
· une collaboration étroite et permanente du
Projet ECOPAS avec les Services d'élevage, les projets et les
associations d'éleveurs intervenant dans la zone
périphérique du parc du W dans le cadre
des aménagements à réaliser et la
sensibilisation de tous les acteurs .
· Des aménagements pastoraux rationnels (en
respectant la capacité de charge) au niveau des aires de
pâturages, des parcours de la transhumance et des centres de vaccination
sur les zones de départ des éleveurs.
Cela va sans doute favoriser le développement de cette
zone et contribuer à diminuer le flux des transhumants en direction du
parc.
· l'amélioration de la surveillance du parc en
dotant les structures existantes de moyens matériels et humains;
· trouver des zones d'accueil officielles (Burkina,
Bénin) et des pistes (passant par le parc côté Niger) qui
les relient en réhabilitant leurs ressources pastorales et en les
protégeant du front agricole. Dans ce cas, il est important de
prévoir une équipe mobile de vaccination qui aura pour
tâche de s'occuper de la santé du bétail pendant le
déplacement.
· Reconnaître à l'élevage le droit
d'accès au foncier tout comme l'agriculture sur l'ensemble de la zone.
Pour se faire, ECOPAS doit assister la COFO dans ses activités.
La situation de l'élevage dans la zone
périphérique du parc est inquiétante. Car
les éleveurs se trouvent pris en étau. Au nord,
ils subissent la pression grandissante de l'agriculture et au sud, ils font
face aux réglementations de l'aire protégée du parc du W.
Cette situation en dehors de la transhumance illégale qu'ils pratiquent
dans le parc, s'accompagne désormais d'un phénomène
récent : l'immigration et l'installation définitive des
éleveurs nigériens au Burkina Faso, au Bénin, au Ghana et
au Togo. En effet, des éleveurs nigériens sont actuellement
massés au niveau de villages riverains de la Tapoa (Burkina), les
alentours du parc du Bénin notamment à Pékinga, Borgou et
Kandi.
Ce phénomène doit interpeller les autorités
nigériennes, puisque le pays risque à la longue de perdre
l'avantage économique que lui procure l'élevage.
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