4.3 La typologie des conflits et leurs
règlements
Les éleveurs enquêtés et les organismes
institutionnels de l'élevage étaient unanimes qu'ils existent des
conflits liés à la transhumance. Ces conflits ont essentiellement
lieu à l'aller, au retour et pendant la transhumance.
La gestion de ces conflits dépend du groupe auquel est
opposé les transhumants. Dans cette partie, il sera fait cas de leurs
points de vue sur les conflits. Ils constituent l'essentiel de la contrainte de
l'élevage transhumant.
4.3.1 Selon les éleveurs enquêtés
Tous les éleveurs enquêtés ont
affirmé qu'il existe des conflits entre agriculteurs et éleveurs
d'une part et d'autre part entre forestiers et éleveurs.
Le conflit entre agriculteurs et éleveurs intervient
généralement au retour de la transhumance pendant la saison des
pluies. Il a pour motif les dégâts sur les cultures ou le
grignotement par les agriculteurs des couloirs de passage et des aires de
pâturage ou de pacage. Ce type de conflit peut également
intervenir en saison sèche, au moment du départ en transhumance
dans la région du fleuve où la vallée du fleuve Servant
d'aire de pâturage (bourgoutière) pour les animaux, est envahie
par des cultures de riz ou de maïs. Une fois, que le conflit
éclate, c'est d'abord le rouga ou le garso qui tente
de résoudre le problème et à défaut c'est le chef
coutumier qui tranche après avoir constaté le dégât.
L'éleveur fautif est ténu de verser une somme proportionnelle au
dégât commis. Le chef coutumier a toujours été
à la hauteur et très peu des cas ont porté à la
justice. En général, les éleveurs payent.
L'autre forme de conflit qui est la plus fréquente,
est celle opposant les transhumants et les forestiers chargés de la
surveillance. Le motif du conflit est la pratique du pâturage
illégal dans le parc du W. Cette zone par sa nature d'aire
protégée dispose d'importantes ressources pastorales
conservées et sa réglementation interdit toute activité
humaine.
Cette situation fait que tout éleveur pris entrain de
pâturer dans le parc, est en infraction. Il est alors, soumis à
des amendes par les forestiers chargés de la surveillance.
Ces amendes varient selon les trois pays qui se partagent le
parc. C'est ainsi qu'au Niger, l'amende était de 5.000f par tête
de bovin mais actuellement quelque soit le nombre de tête, la somme
à verser tourne autour de 100.000f.
Au Burkina l'amende était de 15.000f par tête,
mais actuellement la somme à payer n'obéit pas à cette
règle, elle est fixée conformément à la taille
de l'infraction. Les forestiers burkinabés procèdent aussi
à la conduite des animaux
en fourrière tout en fixant un délai
(généralement court) au propriétaire pour venir les
récupérer et passer ce temps les animaux sont mis à la
vente aux « enchères ». Il faut préciser que cette
récupération des animaux s'effectue après que le
propriétaire ait versé une somme fixée par les
forestiers.
Du côté du Bénin, l'amende varie de
500.000 à 1.000.000f par troupeau. En plus les forestiers
procèdent à l'arrestation du berger transhumant et sa
libération est conditionnée par le versement d'une somme
supplémentaire.
Selon toujours ces éleveurs, les forestiers du
Bénin n'hésitent pas à abattre tous les bovins surpris
dans le parc. Cette opération est dénommée
"vaccination".
Dans tous les trois cas, le garso qui accompagne les
bergers en transhumance peut intervenir en faveur des éleveurs
même si dans la plupart de temps il échoue.
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