La zone périphérique d'influence du parc du W
englobe les cinq
arrondissements du Sud-Ouest du Niger à savoir Say,
Kollo, Boboye, Dosso et
Gaya pour une superficie de 37200 km 2. Notre zone
d'étude présentée sur la
carte couvre une superficie d'environ 15000km2.
Cette zone concerne essentiellement les arrondissements de Say, Kollo et
Boboye. Les pistes de transhumance ne couvrent pas la totalité de ces
trois arrondissements mais plutôt une partie de chacun d'entre eux.
D'une manière générale, ces axes ont une
orientation Nord-Sud puisqu'ils quittent des zones Sahélo-soudaniennes
du pays pour atteindre les pays voisins du Burkina et du Bénin
situés dans les zones Soudaniennes et Soudanoguinéennes.
Les axes schématisés sur la carte ne
représentent pas l'ensemble des axes de transhumance présents sur
les zones d'attache, nous nous sommes limités à ne faire
ressortir que les pistes principales et les pistes secondaires. Car elles
peuvent s'éclater à n'importe quel endroit suivant l'emplacement
des ressources pastorales ou des zones d'attache des éleveurs. Ces
pistes ont bien sûr une continuité vers le Nord.
La zone de Tamou :
Cette zone comporte deux axes de transhumance qui
débouchent sur le Burkina Faso. Le premier axe qui est le plus important
en matière de flux d'animaux, passe par la Réserve Totale de
Faune de Tamou pour arriver à Kaleyenou (Burkina). La stratégie
des éleveurs consiste à transiter par cette réserve riche
en pâturages (Loudetia togoensis, Diheteropogon haguerupii, Iparnia
involucrata, Penisetum pediselatum, Zornia glochidiata, Microchloa
indica...) les points d'eau d'abreuvement constitués par le
chapelet de mares de Pemboi et la cure salée (logandi) de
Tamou. Ces éleveurs une fois arrivés au Burkina, s'installent
dans les villages riverains (Anaga et Banijiti) de la Tapoa côté
Burkina pour ensuite rentrer clandestinement dans le parc en trompant la
vigilance de la patrouille
forestière. Dans le parc les transhumants se fixent aux
alentours de la Mékrou dans des endroits inaccessibles par les
forestiers.
Les éleveurs qui empruntent le second axe, qui
débouche au Burkina par Zoumboukoli proviennent pour la plupart de
Gueladio, Youri et Lamordé. Le choix de cet axe est du au manque de
tracasseries forestières. C'est aussi un raccourci pour atteindre les
aires de pâturages riches du Burkina et en plus ça évite un
long trajet aux animaux déjà affaiblis. Mais la destination
finale c'est le parc du W aux alentours de la Mékrou.
La zone de Gueladio :
Les axes de transhumance de Gueladio ont leur
continuité Sud dans la zone de Tamou. Certains éleveurs
choisissent l'axe de Torodi qui passe par Tchéllol Ballol pour atteindre
les aires de pâturages riches du Burkina. Le choix de cet axe est du
simplement à la présence de pâturage de qualité
à, la frontière nigero- burkinabé et surtout l'important
point d'abreuvement de Sambalgou (Burkina). Il faut préciser que tous
les éleveurs enquêtés ont confirmé que leur zone
d'accueil finale c'est le parc du W.
La zone de Torodi :
Cette zone comporte quatre grandes pistes de transhumance qui
débouchent toutes sur le Burkina suivant quatre portes d'entrée
(Tchéllol Ballol, N'gnaro, Kerta, et Tampéna Bakano).
Les deux axes situés à l'extrémité
Ouest de la zone, les éleveurs passent beaucoup de temps dans les aires
riches en pâturages. C'est en plein saison sèche au moment
où les dernières mares s'assèchent qu'ils descendent au
Burkina pour enfin regagner le parc du W. Certains éleveurs comme Amadou
Boureima de Eda Choisissent d'aller jusqu'au Togo pour fuire les conflits avec
les forestiers chargés de la surveillance du parc. Quant aux deux autres
axes, après avoir pâturé dans les aires du Burkina, ils
regagnent les villages riverains de la Tapoa côté Burkina. A
partir de cet endroit, ils rentrent dans le parc pour s'implanter aux alentours
de la Mékrou. Il faut préciser que les zones d'attaches
situées sur
ces axes manquent énormément de points
d'abreuvement et c'est surtout pendant la saison sèche que ce
problème se fait plus ressentir.
La zone du fleuve :
Dans cette zone on compte huit pistes de transhumance
repartie dans la Réserve Partielle de Faune de Dosso, qui
débouchent toutes sur le parc côté Bénin. A ce
niveau les éleveurs ne connaissent pas durant leur trajet de la
transhumance des difficultés liées aux patrouilles
forestières hormis bien sûr lorsqu'ils arrivent dans la zone
d'accueil. L'abreuvement est assuré grâce aux eaux permanentes du
fleuve Niger. Les éleveurs ont le choix de l'axe à emprunter
suivant la disponibilité des ressources pastorales exploitables au cours
du déplacement, tout en évitant les zones mises en cultures dans
la vallée du fleuve Niger.
Certains éleveurs de Boumba, Karal, Diébou,
Kouassi peul... remontent à Bara prendre du sel (cure salée)
avant de partir en transhumance.
Selon Rouga Amadou Dappo, cette pratique consiste à
donner de l'appétit aux animaux pour mieux exploiter les meilleurs
pâturages d'Andropogon gayanus du parc du W.
Au niveau de cette zone les éleveurs traversent le
fleuve Niger pour atteindre la zone d'accueil du parc du Bénin. Il est
dénombré selon le flux d'animaux six endroits où ils
effectuent la traversée : Illéga, Kouassi peul, Tchanga Kouara,
Doubbal Gouda, Djébou et Boumba.
La traversée au niveau de Boumba est la moins
importante en raison de sa proximité du parc car, il suffit de franchir
les eaux du fleuves et on est en plein parc. Les éleveurs tendent
à abandonner ce lieu afin d'éviter les conflits avec les
forestiers.
Les éleveurs en provenance de Say et de kollo
traversent le fleuve deux fois. Une première fois au niveau de Gosso et
Guémé pour prendre la direction de Boumba. Une fois
arrivés au bord du fleuve, ils effectuent une seconde traversée
au niveau de Tchanga Kouara pour atteindre les zones d'accueil du parc
Bénin.
Il faut préciser que les éleveurs avant
d'atteindre les lieux de la traversée, font des escales pour
pâturer et séjourner dans les aires de pâturage
situées le long de leurs parcours de transhumance. Par exemple, les
éleveurs de Say et de Kollo en direction de Boumba séjournent
dans les aires de pâturages de Mala, Koumbourfou et surtout Poundou
Ciminti à cause de son important puits pastoral qui sert
d'abreuvement.
Un tableau en annexe 6 fait ressortir les différentes
espèces présentes sur les zones d'attache et celles
recherchées et appétées sur le parcours.