4.2 La mobilité pastorale : le
déroulement de la transhumance
Dans cette partie, il sera question du historique de la
transhumance et de son déroulement. Il s'agit de voir comment elle
s'organise chez les peuls vivant dans la zone périphérique du
parc du W.
La population enquêtée est composée de 33
éleveurs qui sont en majorité des propriétaires, parce que
le moment de l'enquête a coïncidé avec le départ en
transhumance du bétail. Au cours de l'enquête, nous avons
rencontré quelques transhumants mais la majorité était
déjà partie et donc nous nous sommes reportés sur les
éleveurs propriétaires présents sur les terroirs
d'attache.
La particularité de ces éleveurs
enquêtés est qu'ils ont généralement un âge
avancé, c'est pourquoi ils ne partent pas en transhumance car ne pouvant
pas affronter les difficultés liées à celle-ci.
Mais à leur jeune âge, ils ont tous reconnu
avoir pratiqué cette tradition et ils détiennent encore son
secret. Ils sont surtout sollicités pour leurs bons conseils sur le
choix des axes à emprunter pour aller en transhumance.
4.2.1 Historique de la transhumance dans le parc W
La transhumance a d'abord pour fondement la recherche de
l'eau et du pâturage pour le bétail. Les bergers et leurs
troupeaux migrent de ce fait, des zones sahéliennes ou soudano
sahéliennes vers les zones soudaniennes ou guinéennes. On peut
aussi ajouter à cette raison de déplacement la pression agricole
et le caractère culturel de la transhumance chez les peuls.
Leurs mouvements sont déterminés par les
fluctuations dans le temps et dans l'espace, des quantités et
qualités des fourrages herbacés ou ligneux.
D'après Toutain et al. (2001), " le principal motif de
la transhumance est le manque momentané ou saisonnier des fourrages et
d'eau dans les zones de résidence. Cette situation survient au cours de
la saison sèche."
qui ont caractérisé cette période. Leur
installation effective remonte aux années 80, grâce à la
campagne d'éradication des maladies à vecteurs tels que
glossines, simulies, qui faisaient rage dans cette région. A cette
période les terres vierges existent tout au tour des campements peuls,
c'était la brousse et la végétation était identique
à celle de l'actuel parc. Selon les entretiens avec les éleveurs,
pour faire paître les animaux, il suffisait de s'écarter de
quelques mètres des habitations, la nature offre des ressources
pastorales riches et variées.
Il n'y avait aucune difficulté. Cela n'est
guère le cas aujourd'hui. Les terroirs d'attache des éleveurs et
les parcours habituels sont confrontés actuellement à une
raréfaction et à une dégradation de leurs ressources
naturelles. Ce processus est le fruit d'une crise environnementale qui s'est
mise en place dans cette région suite aux graves sécheresses des
années 70 et qui se perpétue dorénavant avec
l'augmentation de la population (arrivée d'important flux
d'immigrés zarma et haoussa) dont le mode de vie a toujours
reposé largement sur le libre accès aux ressources naturelles et
à leur exploitation.
Dans ce contexte, ces peuls vivant dans la zone
périphérique se sont adaptés et ont
développé une nouvelle stratégie. Cette stratégie
consiste à transhumer dans l'aire protégée du parc du W
pour y pâturer illégalement.
Ce phénomène est assez récent puisque
les transhumants ont franchi la rivière Tapoa (limite nord du parc) et
le fleuve Niger (limite est du parc) à partir de 1984 (Bénoit,
1998). Alors comment s'organise cette transhumance dans la zone
périphérique du parc du W du Niger.
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