II.3.4. Les échanges
Pour comprendre et expliquer l'organisation de l'espace, il
est important de faire ressortir les différents types d'échanges
inter ou extra communautaires. Ces échanges sont de trois ordres :
économiques, les rapports sociaux et l'échange d'informations.
II.3.4.1. Les échanges économiques
Ces échanges constituent l'ensemble des transactions
ayant lieu au niveau des marchés et des campements. Par le passé
l'argent était absent du système économique Teda. Leur
insertion dans l'économie de marché a été faite
avec la colonisation, notamment, à travers la mise en place de
l'imposition par le payement de l'impôt. Ils se procuraient des vivres
soit sous forme de troc et de tribut de la part des communautés sous
leur protection soit en razziant les cultivateurs.
De nos jours, l'argent est au coeur des échanges
économiques, même si le troc est toujours monnaie courante. Au
sud, les Teda fréquentent par ordre de préférence les
marchés de Kazoé, Boultoum, Biti et Soubdou. Boultoum est le
marché le plus proche du campement Toubou Teda de Sidinga (environ trois
jours de dromadaire). Pour s'approvisionner en vivres (mil, riz, sucre,
thé...), les Teda vendent des dromadaires et des petits ruminants. Les
marchés comme ceux du Damergou, Raffa, Guidiguir, Damagaram Takaya
situés en zone agro-pastorale, sont aussi fréquentés pour
échanger les dattes en provenance de Bilma ou de Fachi, avec le mil
après la récolte. Au Nord les localités de Bilma et Fachi
sont fréquentées pour vendre des dromadaires et ou acheter ou
récolter des dattes. Il est important de préciser que beaucoup de
Teda sont propriétaires de palmiers dattiers à Bilma et Fachi
mais aussi dans les oasis du Kaouar et au Djado. Les non
propriétaires font également le déplacement et peuvent se
constituer en main d'oeuvre pour la récolte des dattes et/ou profiter
soit de la Zakat soit du « Sosso » (mot Teda qui signifie les
dattiers « non récoltés » volontairement ou non).
Les Teda se constituent souvent en caravane pour amener des
chameaux en Libye oüils sont vendus à bon prix. Au
retour ils font une escale à Fachi pour s'approvisionner en farine de
blé et dattes. Il arrive également que des riches
commerçants libyens et
nigérians viennent acheter des dromadaires jusqu'aux puits
de saison sèche Teda donc un double mouvement commercial.
Le campement de Sidinga est un lieu stratégique pour
les campements alentours qui peuvent se fournir en alimentation de base
(thé, sucre, tomates sèches, piment, huiles, riz, tabac,
henné et chaussures) à la boutique du chef de tribu. Celui-ci
assure l'approvisionnement de sa boutique par des allers-retours entre Zinder,
Gouré et Sindinga avec son propre véhicule. Il n'en reste pas
moins que les prix proposés sont très élevés. Dans
certains cas, suivant les besoins, les petits ruminants peuvent être
vendus ou échangés contre thé et sucre entre les habitants
d'un même campement. Cette boutique renforce le pouvoir du chef de tribu
en lui donnant d'avantage une assise politique. .
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