3/Internet a mis fin au monopole sur l'information.
Bien que les connexions internet soient inaccessibles aux
populations rurales, la multiplication des cybercafés dans les villes a
bouleversé le rapport à l'information. D'abord, internet a permis
d'augmenter l'audience des radios africaines au delà des distances,
puisque celles-ci ne sont plus limitées aux ondes courtes. Cela a eu
pour effet d'augmenter radicalement le nombre de stations radios accessibles
aux populations urbaines. Ainsi au Sénégal depuis 2000, 95% des
radios FM s'écoutent via le net (Ndiaga 1997, p.65).
Cette ouverture a d'ailleurs mis fin au monopole des radios
étrangères sur l'information. Ainsi Radio France International ou
British Broadcasting Corporation ne détiennent plus les clefs du savoir.
Aux yeux des élites, ces radios internationales apparaissaient souvent
plus crédibles que les médias nationaux (Tudesq et
Nédélec 1998, p.179). Si les radios internationales conservent un
rTMle primordial dans les pays oü il n'y a pas de radio africaine
indépendante (Tudesq 2002, p.156), dans les pays oü il y a des
radios nationales indépendantes leur audience baisse.
Cette réappropriation de la confiance dans les
médias nationaux par les populations n'est pas anodine. Ainsi
l'émergence de radios maliennes en tant que véritables organes
nationaux d'informations est une avancée significative. Elle induit une
plus grande implication de la population pour les affaires courantes, une plus
forte volonté de s'informer. La présence de journalistes maliens
au micro, ne parlant pas en anglais ou en francais, mais bien dans une langue
locale, rétablit le lien d'intimité inhérent entre la
radio et ses auditeurs (Boulch 2003). Le sentiment d'appartenance nationale
s'en trouve renforcé et c'est la participation politique malienne qui en
a le plus bénéficiée.
|