B/ La radio fait la promotion de la démocratie et
utilise les nouvelles technologies pour encourager la participation citoyenne.
1/ La radio fait la promotion de la démocratie.
Mattes et Bratton (2007, pp.192-217) décrivent de la sorte
les deux étapes clefs de la prise de conscience citoyenne:
<< Premièrement, les gens prennent conscience des
institutions démocratiques à travers la connaissance des affaires
publiques. Puis, les gens en apprennent d'avantage sur la démocratie
à travers l'expérience directe de la performance des
gouvernements. >>
La radio , en informant la population sur les affaires
courantes et sur les actes du gouvernement remplit cette fonction dans les soc
iétés africaines bénéficiant de la liberté
d'expression. Mais, là aussi la mise en place de pièces de
théâtre radiophoniques entra»ne une prise de conscience
citoyenne inhabituelle.
Ainsi Martins (2003, pp.95-105) rapporte l'expérience
la <<African Drama Radio Association >> et de son émission
<<Rainbow City >>, qui encourage de facon pédagogique
à la participation démocratique. Les situations
présentées décrivent les différentes facons de
revendiquer ses droits civiques. Par exemple, les person nages de la
pièce enseignent aux auditeurs les avantages d'une action collective.
L'action collective soulève en effet la question de la bonne gouvernance
et de la responsabilité indirecte du peuple. En favorisant la
compréhension des principes fondamentaux de la démocratie, cette
pièce encourage donc les pratiques citoyennes et souligne la
responsabilité des dirigeants politiques.
En outre, plusieurs initiatives radiophoniques faisant
l'apologie de la démocratie ont récemment émergées
en Afrique. Le projet de <<Search for Common Ground Radio for
Peacebuilding>> s'efforce ainsi d'améliorer les connaissances et
le niveau de compétences des journalistes et des professionnels de la
radio. De même, la Radio de l'Afrique occidentale pour la
démocratie (WADR) est une cha»ne de radio transnationale
créée en vue de promouvoir la bonne gouvernance et la
participation de la société civile dans les pays d'Afrique
occidentale. Installée à Dakar depuis 2005, la WADR compte 26
cha»nes de radios qui émettent en français et en anglais
dans sept pays différents (Bénin, Guinée,
Sénégal, Liberia, Sierra Leone, Mali et Côte d'Ivoire).
2/ La radio utilise les nouvelles technologies pour
encourager la participation citoyenne.
A lÕoccasion dÕune conference, Bertolt Brecht
(1932, p.137) a declare que :
Ç La radio pourrait etre le plus formidable appareil de
communication qu'on puisse imaginer pour la vie publique, un énorme
système de canalisation, ou plutTMt, elle pourrait l'être si elle
savait non seulement émettre, mais recevoir, non seulement faire
écouter l'auditeur, mais le faire parler, ne pas l'isoler, mais le
mettre en relation avec les autres. Il faudrait alors que la radio, abandonnant
son activité de fournisseur, organise cet approvisionnement par les
auditeurs eux-mêmes È
Avec lÕapparition de la téléphonie
mobile, les radios africaines ont realise le souhait de Brecht. Gr%oce aux
appels téléphoniques, aux SMS et aux MP3, les radios sont au plus
pres de leurs auditeurs. Dans sa these Byrne (2011) démontre que la
collaborat ion transversale entre lÕhTMte de lÕémission
radio, lÕauditeur au telephone et le public à
lÕécoute, contribue à créer une veritable Ç
citoyenneté contemporaine È.
Un rapport de Ç Farm Radio È intitulé
Ç Comment les nouvelles technologies changent la radio rurale en Afrique
È (2011) souligne cette evolution. Les stations de radio deviennent
progressivement des outils de communications participatives. Elles
sensibilisent leurs auditeurs à ces nouvelles formes
dÕinteractions en les contactant par SMS, (Annexe 2). Le rapport montre
que les populations rurales participent volontiers aux débats, et que
les plus fideles auditeurs ont une bien meilleure connaissance des enjeux
politiques (Annexe 3).
LÕétude de Sanou et Dembele (2010, p.1-3)
confirme cette tendance à partir de lÕexpérience des
Centres locaux dÕinformation et de communication (CLIC) et des Centres
multimédias communautaires (CMC) au Mali. La société
malienne paraissait jusque là peu réceptives aux nouvelles
technologies. Toutefois, Sanou et Dembele ont montre que la population a en
réalité assimilées ces nouvelles technologies avec une
surprenante rapidité. Les usages de participation citoyenne mis en place
au niveau local sont en fait un modele de cooperation démocratique.
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