|
Cycle Master 1
« Responsable de la Gestion du Personnel et de l'Emploi
»
|
Institut de Gestion Social · Formation Continue
· Année 2010 - 2011
Comment mettre en place une
stratégie de formation
et en optimiser le budget ?
[]
« Regarder l'avenir, c'est déjà le changer.
» Gaston Berger
Auteur : Marilyne Darne
Directrice de mémoire : Valérie Gonzalez
REMERCIEMENTS
Je souhaite adresser mes remerciements à toutes les
personnes qui m'ont accompagnée et soutenue tout au long de ce
mémoire et sans qui l'aboutissement de ce travail n'aurait pu être
possible.
De la même manière, je tiens à exprimer ma
reconnaissance :
· aux personnes qui ont accepté de répondre
à mon questionnaire ;
· et enfin, à ma directrice de mémoire, Mme
Valérie Gonzales, pour ces précieux conseils et sa
disponibilité.
SOMMAIRE
PREAMBULE 6
PARTIE 1 : DEFINITIONS ET CONCEPTS
1 LA FORMATION PROFESSIONNELLE 10
1.1 Historique de la formation professionnelle : 40
ans d'histoire 10
1.2 Contexte légal : principes de contribution
des entreprises en France 11
1.3 Quelques chiffres 13
1.4 Les pratiques de formation en Europe
14
2 LES ACTEURS DE LA FORMATION 15
2.1 L'Europe, l'Etat et les régions
15
2.2 Les organismes financeurs 16
2.3 Les prestataires de formation 17
2.4 Les acteurs internes à l'entreprise
17
2.4.1 La Direction Générale
17
2.4.2 La Direction des Ressources Humaines
17
2.4.3 Les managers 18
2.4.4 Les salariés 18
2.4.5 Les partenaires sociaux 18
3 LES OUTILS DETAILLES DE LA FORMATION
18
3.1 Le plan de formation : formation à
l'initiative de l'employeur 18
3.2 Le Congé Individuel de Formation (CIF) :
formation à l'initiative du salarié 19
3.3 Le Droit Individuel à la Formation (DIF) :
formation codécidée 19
3.4 La Validation des acquis de l'Expérience
(VAE) 20
3.5 Le bilan de compétences 21
3.6 La Période de professionnalisation
21
3.7 Le contrat de professionnalisation
22
3.8 Le Bilan d'étape professionnel
23
3.9 Le Passeport orientation et formation
24
4 L'INGENIERIE DE FORMATION ET DE DEVELOPPEMENT DES
COMPETENCES 24
4.1 L'ingénierie de formation
24
4.2 Ingénierie de développement des
compétences 25
PARTIE 2 : LES PRATIQUES EN ENTREPRISES 27
1 LA PLACE DU SERVICE DE FORMATION AU SEIN DES
ENTREPRISES 28
1.1 Les petites entreprises (50-250
salariés) 28
1.2 Les entreprises de taille moyenne (300-700
salariés) 29
1.3 Les grandes entreprises (800-3000
salariés) 30
2 LE SERVICE DE FORMATION AU SEIN DES ENTREPRISES
INTERVIEWEES 30
2.1 L'image de la formation 32
2.2 Les relations avec leur OPCA 32
2.3 Les relations avec l'extérieur
34
2.3.1 Les relations avec la branche professionnelle
34
2.3.2 Les relations avec le conseil régional
34
2.3.3 Les relations avec les associations
professionnelles 34
2.3.4 Les relations avec les DIRECCTE (DIrections
Régionales des Entreprises, de la
Concurrence, de la Consommation, du Travail et de
l'Emploi) 35
2.4 Les critères de sélection du choix
d'un organisme de formation 35
3 OBJECTIFS DE LA FORMATION 36
4 ELABORATION DE L'OFFRE DE FORMATION
37
4.1 Les informations mises à disposition pour
établir le plan de formation 37
4.2 La place des entretiens individuels
38
4.3 L'arbitrage 38
4.4 Point de vigilance lors de la mise en oeuvre
d'action de formation 39
4.5 Les principales méthodes
pédagogiques utilisées 39
5 SUIVI DE LA FORMATION 40
6 L'EVALUATION 41
PARTIE 3 : MES PRECONISATIONS 45
1 QU EST-CE QU UNE STRATEGIE ? 45
2 METTRE EN PLACE UNE VERITABLE STRATEGIE DE
FORMATION AU SEIN DE L'ENTREPRISE 46 2.1 Le travail en réseau des
acteurs de l'entreprise : premier pas vers le succès d'une politique
3 LA DIMENSION COMMUNICATION ET DIALOGUE SOCIAL
49
3.1 Plan de communication en direction des
salariés 49
3.2 Plan de communication /Relation avec les
managers 50
3.3 Rôle du responsable formation auprès
des IRP 51
4 LA DIMENSION COMPETENCES 51
4.1 Décliner la politique
générale en démarche compétence 51
4.2 Les composantes d'une démarche
compétences 52
5 LES RELATIONS AVEC L'EXTERIEUR 53
6 DE L'ANALYSE DES BESOINS A L'EVALUATION
53
6.1 Les besoins 53
6.2 Méthodologies d'analyse des besoins de
formation 56
6.2.1 Les entretiens professionnels 56
6.2.2 L'analyse des compétences requises par un
emploi 57
6.2.3 La méthode matricielle 58
6.2.4 Les enquêtes par questionnaires :
démarches centrées sur l'expression des
attentes 58
6.3 Comment apporter une réponse efficace au
besoin de formation ? 59
6.3.1 Bien définir le problème posé
59
6.3.2 S'approprier le contexte de l'entreprise pour
identifier l'origine du problème du
client 60
6.3.3 Créer la grille d'analyse d'identification
des problèmes 61
6.3.4 Définir des solutions possibles relevant de
son/ses domaine(s) de
compétences 61
6.3.5 Réaliser le plan d'intervention
61
7 TRAQUER LES COUTS CACHES 62
8 LES QUATRE FACTEURS CLES (STAR) D'ALAIN
MEIGNANT 63
CONCLUSION 64
ANNEXES 67
SOURCES DOCUMENTAIRES 89
GLOSSAIRE 91
PREAMBULE
Le monde de l'entreprise évolue vers des
environnements de plus en plus instables. Cette évolution
génère l'accroissement de la concurrence, la course à la
rentabilité et à l'innovation, et plus
généralement, elle implique de nouvelles exigences de
compétitivité.
En effet, les biens et services produits par les entreprises
actuelles sont de plus en plus élaborés d'une année
à l'autre, ce qui requiert des connaissances et savoir-faire toujours
plus nombreux et plus complexes. La maîtrise de la connaissance devient
alors un devoir stratégique permettant aux entreprises de se maintenir
sur un marché compétitif et réactif.
La professionnalisation, autrement dit la formation, est le
moteur du développement des hommes et des entreprises. Tout le monde en
est conscient aujourd'hui.
« La capacité à apprendre plus vite que
ses concurrents est pour l'entreprise le seul avantage
compétitif durable » A. de Geus, ex-dirigeant de la
Shell
Si au départ de son histoire la formation était
une obligation légale en France, elle est devenue une aide
précieuse pour les entreprises, leur permettant de mettre en oeuvre leur
stratégie en influant sur la compétence de ses hommes qui la
compose.
Mais à l'heure de l'économie mondiale, où
le destin des entreprises est fébrile, la question financière se
pose.
Former OUI, mais pas à n'importe quel prix !
Avec un peu plus de 12 milliards d'euros et 42 % de la
dépense nationale, les entreprises restent le premier financeur de
formation professionnelle continue et d'apprentissage en France.
En 2009, on constate de prime abord une stabilité de leur
effort de formation.
Le taux de participation financière s'établit
à 2,93 %1, soit un effort équivalent à celui
des années 2007 et 2008. Malgré la crise, les entreprises
auraient donc soutenu leurs dépenses de formation.
1 CEREQ, Bref n° 284, avril 2011
L'utilisation de ces budgets continue cependant à
soulever beaucoup de questions.
D'après l'enquete2 menée par AGEFOS
PME auprès de 500 dirigeants et Responsables des Ressources humaines en
décembre 2010, pour 36% des TPE-PME (au global), la formation reste un
investissement difficile à mesurer et si 35% s'accordent à dire
que la formation est un levier au développement de leur entreprise, 35%
également perçoivent la formation encore comme une obligation
réglementaire, voire une charge.
Ce sentiment se retrouve davantage au sein des TPE (38%) que des
PME (21%).
Manque de moyens, manque de temps pour ces dernières de
mesurer l'impacte des formations sur le fonctionnement de leur entreprise ? Ou
tout simplement, une mauvaise gestion de la formation ?
Un autre article3 de décembre 2009 souligne
« une plus grande préoccupation des entreprises face aux
dépenses de formation : 83% des DRH et Responsables formation constatent
une plus grande attention à la maîtrise du budget formation et 71%
un intérêt croissant pour les orientations de la formation
»
La pression est donc forte pour les responsables formation
devant gérer au mieux le budget qui leur ait confié, d'où
le thème de mon mémoire :
« Comment mettre en place une stratégie de
formation et en optimiser le budget ? »
La notion d'optimiser pour moi est la définition
utilisée par le Petit Larousse, c'est-à-dire, l'opération
qui consiste à « donner à une entreprise le rendement le
meilleur, le plus favorable, en créant les conditions les plus
favorables ou en tirant le meilleur parti possible ».
Notre posture tout au long de ce mémoire sera donc de
faire en sorte que le contexte général du dispositif maximise la
valeur ajoutée du travail du service formation.
Dans la première partie, nous allons aborder les concepts
et définitions. Je rappelle donc la définition de la formation
professionnelle, sa finalité et les évolutions
législatives de ces dernières années.
Je présente également les acteurs et les outils
ainsi que l'ingénierie de formation et de développement des
compétences, méthodes indispensables pour la gestion du processus
des actions de formation.
2 Cahier spécial, Emploi et formation dans les
TPE-PME, Perspectives 2011, décembre 2010
3
www.wk-rh.fr, Actualités
sociales et RH/Entreprises et Carrières du
08/12/2009
Ensuite, dans la deuxième partie, nous nous
intéresserons aux pratiques actuelles des entreprises, constats issus de
l'administration de mon questionnaire auprès de six entreprises et
complétés par mes lectures, de différentes enquêtes
(voir en annexes) afin d'avoir une vue plus fine sur les pratiques
d'aujourd'hui.
Et enfin, nous nous pencherons sur les différentes
possibilités afin d'améliorer ou de développer la
pertinence des solutions de formation.
PARTIE 1 : DEFINITIONS ET CONCEPTS
1 LA FORMATION PROFESSIONNELLE
La formation professionnelle continue constitue une
obligation nationale et est, à ce titre, spécifiée dans le
code du travail. Selon l'article L. 6311-1, elle « a pour objectif de
favoriser l'insertion ou la réinsertion professionnelle des
travailleurs, de permettre leur maintien dans l'emploi, de favoriser le
développement de leurs compétences et l'accès aux
différents niveaux de la qualification professionnelle, de contribuer au
développement économique et culturel et à leur promotion
sociale. Elle a également pour objet de permettre le retour à
l'emploi des personnes qui ont interrompu leur activité professionnelle
pour s'occuper de leurs enfants ou de leur conjoint ou ascendant en situation
de dépendance ».
Il existe beaucoup d'autres définitions concernant la
formation, mais celles qui retiennent mon attention sont :
« La formation est l'action de se
doter de moyens pour permettre l'acquisition
de savoir par une personne ou un groupe, dans
une perspective contractuelle, en lien avec un contexte
donné en vue d'atteindre un objectif. » de
Thierry Ardouin
Cette définition est intéressante car elle
inscrit l'action de formation dans un « contrat » entre le
formé et l'entreprise. Elle intègre également la notion de
collaboration et d'adhésion, tout en mettant en évidence la
notion d'objectif.
La deuxième définition n'est pas celle
explicitement de la formation mais de la finalité de la gestion des
ressources humaines d'Alain Meignant. Je trouve pertinent de la citer car elle
nous permet de garder en tête les préoccupations de l'entreprise
et donc les champs d'interventions possibles de la formation pour
résoudre les difficultés rencontrées par l'entreprise.
« Possibles» car la formation n'est pas toujours LA seule
solution.
Reprenons donc cette fameuse définition :
« Disposer à temps,
en effectifs suffisants et en permanence, des personnes
compétentes et motivées pour effectuer
le travail nécessaire en les mettant en situation de valoriser
leurs talents avec un niveau élevé de
performance et de qualité, à un
coût salarial compatible avec ses objectifs
économiques et dans le climat social le plus
favorable possible. »
La formation s'inscrit donc dans un système à
plusieurs éléments qu'elle cherche à mettre en
synergie. La formation est en effet, un élément de la gestion
des ressources humaines, un outil de la politique
économique et sociale. Elle est au service de
l'organisation et de l'individu. Mais la formation n'est pas le seul outil, et
isolé, le service formation ou la personne en charge de la formation
risque d'être peu efficace, pour ne pas dire inefficace. Mais nous
aborderons plus tard l'importance d'une bonne synergie ou plutôt d'une
bonne Organisation et communication entre les différents services d'une
entreprise.
1.1 Historique de la formation professionnelle : 40 ans
d'histoire
Depuis son apparition dans le code du travail jusqu'à
aujourd'hui, la formation professionnelle a évolué au gré
des changements du monde du travail. Voici brièvement, les quelques
dates clés qui ont marqué son histoire.
· La loi du 16 juillet 1971 sur la
formation continue donne le droit aux salariés de
bénéficier d'une formation, professionnelle ou personnelle,
financée par son employeur. Cette première loi met le
salarié au coeur de la formation professionnelle, notamment avec la
création du congé individuel de formation. Elle oblige aussi les
employeurs à financer la formation professionnelle.
· L'ordonnance du 26 mars 1982
crée les missions locales et les PAIO (Points d'Accueil
d'Information et d'Orientation). Elle organise par ailleurs la
formation en alternance pour les jeunes travailleurs.
· La loi Rigoult du 24 février
1984 oblige les entreprises ayant un comité d'entreprise
à les consulter deux fois par an sur la formation professionnelle.
· La loi du 4 juillet 1990
crée l'Office Professionnel de Qualification des Organismes de Formation
Continue (OPQOFC) qui garantie la qualité de la formation
proposée par la délivrance de labels aux prestataires.
· La loi quinquennale du 20 décembre
1993 relative au travail, à l'emploi et à la formation
professionnelle réforme le financement de la formation
professionnelle. Les OPCA remplacent les Fonds d'Assurance Formation (FAF).
· La loi sur la réduction du temps de travail
du 19 janvier 2000 contraint l'employeur à adapter
ses salariés à l'évolution de leurs emplois, en faisant de
la formation une composante du temps de travail.
· La Validation des Acquis de l'Expérience (VAE) est
instituée par la loi sur la modernisation sociale du 17
janvier 2002. Nous détaillerons plus loin cet outil.
· La loi du 4 mai 2004 sur
« la formation professionnelle tout au long de la vie », crée
le Droit Individuel à la Formation (DIF) et remplace le contrat de
qualification, d'adaptation et d'orientation par le contrat de
professionnalisation.
· Après plusieurs Accords Nationaux
Interprofessionnels (ANI), dont ceux du 11 janvier 2008 sur
la modernisation du marché du travail et du 7
janvier 2009 sur le développement de la formation tout au long
de la vie professionnelle, la professionnalisation et la sécurisation
des parcours professionnels, la loi n°2009-1437 du 24 novembre
2009 apporte plusieurs changements : réduction du nombre de
rubriques du plan de formation (2 au lieu de 3), définition de la
portabilité du DIF, bénéfice du DIF ouvert au licenciement
pour faute grave, élargissement du public éligible au contrat de
professionnalisation (RSA, AAH, CUI, ASS)4 avec possibilité
de tutorat externe, modification des règles de fonctionnement des OPCA,
mise en place du CIF hors temps de travail, définition du bilan
d'étape professionnel et du passeport orientation et formation,
participation des entreprises au financement du Fonds Paritaire de
Sécurisation des Parcours Professionnels (FPSPP), création du
dispositif de la Préparation Opérationnelle à l'Emploi
(POE) et information des salariés de plus de 45 ans sur leurs droits
à la formation (entretien professionnel).
· Cf. en annexe 1, les quatre décrets de
2010.
1.2 Contexte légal : principes de contribution des
entreprises en France
Les entreprises quelle que soit leur taille, doivent
consacrer un pourcentage de leur masse salariale brute soumise à
cotisations de Sécurité sociale (montant indiqué sur la
DADS) au financement d'actions de formation.
Le taux minimal de participation est variable selon leur
effectif (cf. tableaux5 ci-dessous).
Pour l'application des dispositions ci-après, le nombre de
salariés est égal au nombre mensuel moyen
de salariés occupés et
rémunérés par l'employeur pendant l'année ou la
fraction d'année où l'activitéest exercée.
Des taux différents s'appliquent aux entreprises de
travailleurs temporaires et employeurs d'intermittents du spectacle. Une
convention ou un accord collectif applicable peut également imposer des
taux supérieurs à ceux indiqués.
4 Revenu de Solidarité Active (RSA), Contrat Unique
d'Insertion (CUI), l'Allocation de Solidarité Spécifique (ASS),
et l'Allocation Adulte Handicapée (AAH).
5 Sources : Optimisation du budget formation, de P. et A. Eray /
Entreprise & Carrières
Contribution des entreprises de moins de 10
salariés
|
|
|
Plan de formation
|
CIF CDD
|
Taux de contribution
|
0.55%
|
1%
|
|
0.40%
|
|
Masse salariale annuelle brute de l'année N
|
Salaires versés aux salariés employés
en CDD
|
Versement minimal
|
100%
|
100%
|
100%
|
A qui verse-t-on cette contribution ?
|
OPCA dont dépend l'entreprise
|
FONGECIF
|
|
Contribution des entreprises de 10 salariés
à moins de 20 salariés
|
|
|
Autres dépenses imputables (notamment
: réalisation du plan de formation)
|
CIF CDD
|
Taux de contribution
|
1.05%
|
1%
|
|
0.90%
|
|
Masse salariale annuelle brute de l'année N
|
Salaires versés aux salariés employés
en CDD
|
Versement minimal
|
100%
|
-
|
100%
|
A qui verse-t-on cette contribution ?
|
OPCA
|
Versement à un OPCA ou réalisation de
dépenses
|
OPACIF
|
|
Contribution des entreprises de 20 salariés et
plus
|
|
|
Congés de formation : CIF, de bilan de
compétences, pour validation des acquis de
l'expérience
|
Autres dépenses imputables (notamment
: réalisation du plan de formation)
|
CIF CDD
|
Taux de contribution
|
1.60%
|
1%
|
|
0.20%
|
0.90%
|
|
Masse salariale annuelle brute de l'année N
|
Salaires versés aux
salariés employés en CDD
|
Versement minimal
|
100%
|
100%
|
-
|
100%
|
A qui verse-t-on cette
contribution ?
|
OPCA
|
OPACIF
|
Versement à un OPCA ou réalisation
de dépenses
|
OPACIF
|
|
*Le taux de droit commun de la taxe d'apprentissage est de 0.5
%.
Mais ce dernier passe à 0.6 % pour les entreprises de
250 salariés et plus lorsque le nombre moyen annuel de jeunes de moins
de 26 ans, sous contrat de professionnalisation ou sous contrat
d'apprentissage, n'atteint pas un certain seuil (article 225 du Code
général des impôts).
Le taux varie également selon la localisation
géographique des établissements dans lesquels les
rémunérations imposables sont versées : dans le Bas-Rhin,
le Haut-Rhin et la Moselle le taux est de 0,26% par exemple.
1.3 Quelques chiffres
Le taux de participation des entreprises de 10
salariés et plus à la formation professionnelle
s'élève à 2,93 % en 2009 (données provisoires), ce
qui traduit une relative stabilité depuis 2004. Le poids des grandes
entreprises (plus de 2000 salariés) dans le volume global des
dépenses déductibles reste très élevé, elles
réalisent ainsi 39,3 %6 contre 1,7% pour les entreprises de
10 à 19 salariés. Cela confirme la prédominance des
grandes entreprises dans l'effort de formation professionnelle.
6 PLF 2011, Annexe au projet de loi de finances,
Formation Professionnelle, troisième partie : les financeurs de la
formation professionnelle en 2009/ Les entreprises et les partenaires
sociaux
La durée moyenne des formations semble se stabiliser
autour de 30 heures par salarié formé. Quant à la
dépense par stagiaire, quasi stabilité également : entre
2006 et 2009 (données provisoires)7, la dépense passe
de 2000 euros à 1997 euros après une légère hausse
en 2008 (2092 euros).
1.4 Les pratiques de formation en Europe
En Europe, les entreprises françaises se positionnent
parmi les pays les plus actifs en matière de formation. 74 %8
d'entre elles ont formé au moins un salarié en 2005. Près
d'un salarié sur deux a suivi au moins une formation pour une
durée de 28 heures en moyenne.
La France fait donc partie des bons élèves avec la
Suède, le Luxembourg et la République Tchèque. Concernant
la lecture du graphique ci-dessous, il est important de préciser que le
taux d'accès aux cours et stages n'est pas le reflet de la proportion
d'entreprises formatrices.
En effet, si nous prenons l'exemple du Danemark, ce dernier
révèle un taux de 83% d'entreprises formatrices contre 36% de
taux d'accès aux cours et stages. Cela peut s'expliquer par la taille
des entreprises (voir deuxième graphique) où l'on sait que
l'effort de formation est en corrélation.
Intensité des pratiques de formation en
Europe
7 PLF 2011, Annexe au projet de loi de finances, Formation
Professionnelle
8 Enquête Européenne sur la formation continue des
entreprises (CVTS), Céreq,
Nous constatons par le graphique9 ci-dessous que
l'intensité des pratiques de formation est surtout fonction de la taille
des entreprises. Quels que soient les pays, la majeure partie des grandes
entreprises ont très largement recours à la formation
continue.
2 LES ACTEURS DE LA FORMATION
2.1 L'Europe, l'Etat et les régions
L'Etat et les régions se partagent la
responsabilité de la mise en oeuvre de la Formation Professionnelle
Continue (FPC).
L'Etat et plus précisément deux
départements ministériels sont particulièrement
concernés par la FPC :
-le ministère de l'Economie, de l'Industrie et de
l'emploi qui oriente la politique de formation professionnelle continue
dans une logique de sécurisation des parcours professionnels et
d'accès à l'emploi. Ce ministère propose également
des évolutions législatives et pousse à la concertation
entre les partenaires sociaux.
Il intervient peu dans le financement des organismes de
formation d'adultes mais participe au financement de la formation de quelques
publics cibles (migrants, personnes handicapées, détenus,..).
-le ministère de l'éducation nationale a
une mission opérationnelle de formation continue d'adultes
assurée par les GRETA (GRoupement d'ETAblissements). Il participe, en
plus, sur le plan institutionnel, à la réflexion collective de
l'évolution de l'orientation et de la formation tout au long de la
vie.
9 Enquête Européenne sur la formation continue des
entreprises (CVTS), Céreq,
Les régions ont une compétence
générale, elles sont libres d'élaborer leur politique. Les
Conseils régionaux décident sur leur territoire, les politiques
de formation en fonction des priorités économiques et sociales
locales. Depuis la loi relative à l'orientation et à la formation
tout au long de la vie promulguée en novembre 2009, les régions
doivent contractualiser avec l'Etat leur plan régional de
développement des formations professionnelles.
Des aides financières peuvent être
octroyées aussi bien par l'Etat, les régions mais
également par l'Europe. L'aide la plus connue est celle du FSE (Fonds
Social Européen), qui a apporté en France, dans la période
2000-2006, un soutien financier de 4.7 milliards d'euros à des
opérations de reconversion ou à l'aide aux PME de moins de 250
salariés.
L'enveloppe prévisionnelle du FSE pour l'ensemble de la
Communauté est de 75 milliards d`euros pour la période
2007-201310 (dont 4.5 milliards d'euros pour la France,
répartis sur plusieurs programmes). (Cf. le détail des aides
financières en annexe n°2)
2.2 Les organismes financeurs
Les Organismes Paritaires Collecteurs Agrées (OPCA)
assurent la collecte et la mutualisation des fonds de la formation
professionnelle continue des entreprises adhérentes. Ils sont
agréés pour gérer les cotisations du plan de formation,
DIF, contrats et périodes de professionnalisation et financer la
formation des salariés.
Il existe deux types d'OPCA : les OPCA de branche (ou
interbranches) et deux organismes interpro- -professionnels, l'AGEFOS-PME et
OPCALIA.
La mutualisation des fonds relatifs au congé
individuel de formation, au congé de bilan de compétences et au
congé de validation des acquis de l'expérience est assurée
par des organismes qui ont un agrément spécifique : les OPACIF
parmi lesquels figurent les FONGECIF (Fonds interprofessionnels
régionaux) et quelques organismes de branche ou d'entreprise.
La réforme des OPCA
Le législateur, sur la base de l'ANI du 7 janvier
2009, a redéfini leur mission dans le cadre de la loi du 24 novembre
2009. L'objectif est de réduire le nombre d'OPCA (15 contre près
de 100 aujourd'hui), d'accroître la transparence de leur gestion, de
diminuer les frais de gestion et d'avoir une meilleure allocation des fonds
vers les PME. (Cf. annexe n°3 pour plus de détails)
10 http//
europa.eu/scadplus/leg/fr/s19002.htm
et Annexe au projet de loi de finance pour 2011/Formation Professionnelle
De nouvelles règles de gestion prévues.
(Cf. annexe n°3)
2.3 Les prestataires de formation
On dénombre plus de 45 000 organismes de formation dont
7500 l'exercent à titre principal11. Ils sont
spécialisés, généralistes ou multi professionnels
:
· Organismes publics (GRETA, CNAM) et
parapublics (AFPA, chambres de commerce ou les chambres de
métiers), 3% Des organismes pour 17% du marché.
· Organismes privés, 72% des
organismes pour 78% du marché
· Les individuels, 25% des organismes pour
5% du marché
Ils sont nombreux en France car toute personne physique ou
morale peut exercer une activité de formation continue. Les organismes
qui souhaitent dispenser des formations doivent remplir une déclaration
d'activité auprès de la préfecture de région. Un
numéro d'enregistrement leur est attribué et leur permet
d'exercer.
2.4 Les acteurs internes à l'entreprise
La réussite d'une politique de formation ne
résulte pas du seul professionnalisme du responsable formation, mais de
la solidité et de la qualité des liens qu'il entretient avec les
autres acteurs de l'entreprise. Qui sont-ils ? C'est ce que nous allons
détailler.
2.4.1 La Direction Générale
Elle oriente et valide la stratégie de la formation en
fonction de ses objectifs/projets et des perspectives économiques et
sociales, de l'évolution des technologies ainsi que des exigences de ses
clients et prospects.
2.4.2 La Direction des Ressources Humaines
A partir des axes stratégiques définis par la
direction générale, elle détermine et développe la
politique de formation professionnelle. Elle mobilise tous les acteurs de
l'entreprise et optimise les dispositifs existants (plan de formation, bilan de
compétences, DIF ...) pour répondre aux besoins collectifs
(services) ou individuels (du salarié) tout en se centrant sur
l'atteinte des objectifs fixés par la direction.
11 Source : Centre Inffo - DARES
2.4.3 Les managers
Le management de proximité joue un rôle important
dans le transfert des compétences dans l'activité
professionnelle. Ce rôle intervient :
- lors de l'inscription à la formation :
guidée ou volontaire. L'inscription est un premier niveau d'engagement
de l'individu à suivre une formation. Le manager de proximité
devient un vecteur de motivation, comme prescripteur ou facilitateur, ou au
contraire un vecteur de démotivation : « je t'inscris car tu as des
problèmes de... » ;
- lors de la préparation de l'action de formation
par le soutien apporté aux stagiaires ;
- et au retour de la formation par le biais du
management direct devant être source d'utilité professionnelle. Le
contenu de la formation doit être valorisé par ce dernier car
« si le manager direct en attend quelque chose, c'est que la formation va
répondre à des besoins. »
2.4.4 Les salariés
Dans l'entreprise, les salariés deviennent davantage
acteur de leur formation. Grâce à l'entretien professionnel, les
salariés peuvent exprimer clairement leurs souhaits d'évolution
et de formation. Ils peuvent notamment solliciter une demande de DIF en
concertation avec son entreprise. Entre le DIF et la période de
professionnalisation qui se décident avec l'entreprise, ou encore la
VAE, les salariés disposent d'un plus grand nombre de dispositifs pour
se former ou acquérir une qualification. Décrocher une
qualification ou un certificat reconnu dans la profession est aussi source de
motivation et de reconnaissance de ses compétences au sein de
l'entreprise.
2.4.5 Les partenaires sociaux
Le comité d'entreprise (ou à défaut les
délégués du personnel) est consulté sur le plan de
formation ainsi que sur les orientations de la formation. Les syndicats jouent
un rôle également au niveau de la branche dans le cadre de la
négociation obligatoire sur la formation. En effet, les organisations
liées par une convention de branche ou, à défaut, par un
accord professionnel se réunissent tous les trois ans pour
négocier sur les priorités, les objectifs et les moyens de la
formation professionnelle des salariés (C. trav., L. 2241-6).
3 LES OUTILS DETAILLES DE LA FORMATION
3.1 Le plan de formation : formation à l'initiative
de l'employeur
Le plan de formation regroupe l'ensemble des actions de
formation retenues par l'employeur pour ses salariés en fonction des
objectifs stratégiques de l'entreprise. Le plan peut être annuel
ou pluriannuel.
Le comité d'entreprise (ou les
délégués du personnel dans les entreprises de moins de 50
salariés) doit notamment être consulté sur le projet de
plan pour l'année à venir. Le recueil de l'avis des
représentants du personnel a lieu après leur consultation sur les
orientations de la formation au sein de l'entreprise.
Le plan s'adresse en principe à tous les
salariés. Néanmoins, l'employeur a la possibilité de
choisir quel type de salarié sera bénéficiaire des actions
de formation mises en place. Sa décision d'exclure certains
salariés du plan de formation ne doit cependant pas reposer sur des
motifs discriminatoires (âge, sexe, origines, ...). Nous nous attacherons
plus particulièrement à ce dispositif dans le
développement de ce mémoire.
3.2 Le Congé Individuel de Formation (CIF) :
formation à l'initiative du salarié
Le CIF permet au salarié de suivre, à son
initiative et à titre individuel, des actions de formation
indépendamment de sa participation à des stages du plan de
formation de l'entreprise, pour :
- accéder à un niveau supérieur de
qualification ;
- changer d'activité ou de profession ;
- s'ouvrir plus largement à la culture, à la vie
sociale et à l'exercice de responsabilités associatives
bénévoles ;
- préparer et passer un examen pour l'obtention d'un
diplôme.
Tout salarié peut accéder à un CIF,
quels que soient l'effectif de l'entreprise et la nature de son contrat de
travail. Une condition d'ancienneté est nécessaire : 24 mois
consécutifs ou non en tant que salarié dont 12 mois dans
l'entreprise (36 mois dans les entreprises artisanales de moins de 10
salariés).
Ces actions de formation s'accomplissent en tout ou partie
pendant le temps de travail. Le CIF est donc un droit à l'absence pour
suivre une formation (C. trav., art. L. 6322-2). La prise en charge
financière est assurée par un OPCA au titre du CIF (OPACIF) ou
encore d'organismes dont la compétence est limitée à une
entreprise ou un groupe d'entreprises AGECIF (Association pour la gestion du
Congé Individuel de Formation).
3.3 Le Droit Individuel à la Formation (DIF) :
formation codécidée
Le DIF a pour objectif de permettre à tout
salarié de se constituer un crédit d'heures de formation de 20
heures par an, cumulable sur 6 ans dans la limite de 120 heures. L'initiative
d'utiliser les droits à formation appartient au salarié, mais la
mise en oeuvre du DIF requiert l'accord de l'employeur sur le choix de l'action
de formation. La formation a lieu hors du temps de travail sauf disposition
conventionnelle contraire ; elle est prise en charge par
l'employeur. Le DIF étant un droit reconnu au salarié, celui-ci
est libre ou non de l'utiliser.
Les frais de formation, ainsi que l'allocation de formation,
sont à la charge de l'employeur, ce dernier pouvant les imputer sur sa
participation au développement de la formation continue.
Les dispositions applicables ont été
modifiées par la loi du 24 novembre 2009 :
Utilisation du DIF pendant le préavis
(< En cas de licenciement non consécutif
à une faute lourde, et si le salarié en fait la demande avant la
fin du préavis, la somme correspondant au solde du nombre d'heures
acquises au titre du DIF et non utilisées, multiplié par le
montant forfaitaire visé au deuxième alinéa de l'article
L. 6332-14 du Code du travail, permet de financer tout ou partie d'une action
de bilan de compétences, de VAE ou de formation. A défaut d'une
telle demande, la somme n'est pas due par l'employeur. Lorsque l'action
mentionnée ci-dessus est réalisée pendant l'exercice du
préavis, elle se déroule pendant le temps de travail.
»12
Utilisation du DIF après la cessation du contrat
de travail
(< En cas de rupture du contrat de travail non
consécutive à une faute lourde ou d'échéance
à terme du contrat de travail qui ouvrent droit à une prise en
charge par le régime d'assurance chômage (licenciement,
démission considérée comme « légitime »
par l'Assurance chômage, rupture conventionnelle du CDI dans le cadre de
l'article L. 1237-11 du code du travail, fin de CDD, etc.), la somme
correspondant au solde du nombre d'heures acquises au titre du DIF et non
utilisées est utilisée, selon le cas, soit auprès du
nouvel employeur, soit pendant la période de chômage.
»13
3.4 La Validation des acquis de l'Expérience
(VAE)
La VAE permet à une personne de faire reconnaître
l'expérience qu'elle a acquise afin d'obtenir un titre à
finalité professionnelle ou un certificat de qualification
professionnelle. Le jury de validation peut
valider tout ou partie des acquis ou diplômes. Le
candidat dispose de cinq ans pour obtenir l'intégralitédu titre
ou du diplôme.
Le salarié peut accéder à la VAE dans le
cadre du plan de formation, du DIF si un accord de branche de l'entreprise le
prévoit, ou à titre personnel, hors du temps de travail. Il peut
également faire une demande de CIF.
12 et 14 Liaisons sociales - juin 2010 -
Numéros juridiques
La VAE est un levier supplémentaire pour la gestion
des compétences individuelles, en reconnaissant l'expérience
professionnelle au même titre qu'un diplôme acquis par la voie de
la formation initiale. Elle apparaît, à ce titre, comme un
élément important de ce que l'on appelle la certification des
parcours professionnels.
3.5 Le bilan de compétences
Le bilan de compétences permet à un
salarié de faire le point sur ses compétences, aptitudes et
motivations et de définir un projet professionnel ou de formation.
Réalisé par un prestataire extérieur à
l'entreprise, le bilan de compétences peut être
décidé par l'employeur ou mis en oeuvre à l'initiative du
salarié, dans le cadre d'un congé spécifique.
Le bilan de compétences concerne toute personne
souhaitant :
· analyser ses aptitudes, ses compétences
personnelles et professionnelles, ses motivations ;
· organiser ses priorités professionnelles ;
· utiliser ses atouts comme instrument de
négociation pour un emploi, une formation ou en termes de choix de
carrière.
Pour l'entreprise, c'est aussi l'occasion de :
· mieux organiser la gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences ;
· favoriser la gestion des carrières et la
mobilité professionnelle.
Cette prestation peut être suivie à l'initiative
de l'entreprise mais ne peut toutefois être réalisé qu'avec
le consentement du salarié (elle est alors inscrite dans son plan de
formation) ou du salarié (dans le cadre du congé de bilan de
compétences).
3.6 La Période de professionnalisation
« La période de professionnalisation vise
à favoriser le maintien dans l'emploi des salariés en Contrat
à Durée !ndéterminée (CD!) ou
bénéficiant d'un Contrat Unique d'!nsertion (CU!) à
durée déterminée ou indéterminée, par des
actions de formation alternant des enseignements théoriques et
pratiques. »14 Définition reprise du
Ministère du Travail de l'Emploi et de la Santé.
Ce dispositif s'adresse aux salariés présents
dans l'entreprise et titulaires d'un CDI et vise plus particulièrement
:
14
www.travail-emploi-sante.gouv.fr
· les salariés dont la qualification est
insuffisante au regard de l'évolution des technologies et de
l'organisation du travail,
· les salariés qui comptent 20 ans
d'activité professionnelle, ou âgés d'au moins 45 ans et
disposant d'une ancienneté minimum d'un an de présence dans la
dernière entreprise qui les emploie,
· les salariés qui envisagent la création
ou la reprise d'une entreprise,
· les femmes qui reprennent leur activité
professionnelle après un congé de maternité ou les hommes
et les femmes arrivant au terme de leur congé parental,
· les bénéficiaires de l'obligation d'emploi
des personnes handicapées,
· les salariés bénéficiaires du
contrat unique d'insertion, dès lors que la formation dure au minimum 80
heures.
Les formations pouvant être suivies sont des
actions :
· soit enregistrées dans le RNCP (Répertoire
National des Certifications Professionnelles),
· soit reconnues dans les classifications d'une convention
collective nationale de branche,
· soit ouvrant droit à un certificat de
qualification professionnelle,
· soit dont l'objectif est défini par la commission
paritaire nationale de la branche professionnelle dont relève
l'entreprise.
La liste des qualifications accessibles au titre des
périodes de professionnalisation est fixée par les partenaires
sociaux, dans le cadre d'une convention ou d'un accord collectif de branche, ou
à défaut, par accord collectif conclu entre les organisations
représentatives d'employeurs et de salariés signataires d'un
accord constitutif d'un OPCA interprofessionnel.
3.7 Le contrat de professionnalisation15
Le contrat de professionnalisation s'adresse aux personnes
ágées de 16 à 25 ans révolus en vue de
compléter leur formation initiale et aux demandeurs d'emploi agés
de 26 ans et plus.
Tous les employeurs sont concernés par ce contrat
à l'exception de l'Etat, des collectivités territoriales et de
leurs établissements publics à caractère administratif.
Le contrat de professionnalisation peut prendre la forme d'un
CDD ou d'un CDI. Il doit être obligatoirement établi par
écrit et être déposé auprès de la
DIRECCTE.
La durée minimale de l'action de professionnalisation,
qui fait l'objet du CDD ou se situe au début du CDI, doit être
comprise entre 6 et 12 mois. Cette durée minimale peut-être
prolongée jusqu'à 24 mois,
15 Mémo social 2011
notamment pour les personnes sorties du système
éducatif sans qualification reconnue, ou lorsque la nature des
qualifications visées l'exige.
La rémunération perçue par les titulaires
varie selon la catégorie des bénéficiaires.
Les jeunes âgés de moins de 26 ans
perçoivent une rémunération calculée en fonction du
Smic dont le montant varie selon l'áge et le niveau de formation du
bénéficiaire. A défaut de dispositions conventionnelles
plus favorables, la rémunération est ainsi fixée :
Age du jeune
De 16 à 21 ans
|
|
De 21 à 26 ans
|
|
Qualification
Inférieure à celle d'un baccalauréat
professionnel ou titre /diplôme à finalité professionnelle
de même niveau
|
|
Supérieure ou égale à celle d'un
baccalauréat professionnel ou titre /diplôme à
finalité professionnelle de même niveau
« Pour les demandeurs d'emploi d'au moins 26 ans, la
rémunération ne peut être inférieure ni au Smic ni
à 85% du minimum conventionnel applicable à l'entreprise »
(C. trav., art. D. 6325-14 à D. 6325-18). La circulaire
DGEFP n° 2007/21 du 23 juillet 2007 présente en
détail l'ensemble de la réglementation relative aux contrats de
professionnalisation (procédure, règles applicables en cas de
succession de contrats...)
3.8 Le Bilan d'étape professionnel
La loi rend obligatoire le bilan d'étape professionnel,
instauré par l'ANI du 11 janvier 2008 sur la modernisation du
marché du travail. Un nouvel article L. 6315-1 du Code du travail est
créé à cet effet.
Il s'agit d'un diagnostic effectué en commun par
l'employeur et le salarié. L'objectif est d'aider le salarié
à construire un projet professionnel. Il ne s'agit pas d'évaluer
le salarié ou de lister ses carences. Ce bilan doit permettre au
salarié d'évaluer ses capacités professionnelles et ses
compétences. Pour l'employeur, c'est un moyen de déterminer les
objectifs de formation du salarié.
Tous les salariés sont concernés, dès lors
qu'ils ont deux ans d'ancienneté dans la même entreprise. Le
salarié doit en être informé dès son embauche
L'initiative du bilan d'étape est au salarié. Le
bilan est effectué à sa demande. S'il le demande, l'employeur
doit l'organiser et il doit être renouvelé tous les 5 ans,
toujours à la demande du salarié.
3.9 Le Passeport orientation et formation
Il s'agit d'un document personnel, établi à
l'initiative du salarié et qui reste sa propriété. Il
permet de retracer tout son cursus en matière de formation initiale et
continue, les expériences professionnelles et bénévoles.
Cet outil, complémentaire aux entretiens et bilans a été
créé par les partenaires sociaux en 2003 (ANI du 05/12/2003
complété par l'avenant n°1 du 20/07/2005, puis ANI du
07/01/2009, articles 18 et 19) afin de favoriser la mobilité interne ou
externe des salariés. Déjà mis en place dans de nombreuses
branches professionnelles, il est désormais, suite à la
réforme de la formation, inscrit dans le Code du travail.
4 L'INGENIERIE DE FORMATION ET DE DEVELOPPEMENT DES
COMPETENCES
4.1 L'ingénierie de formation
L'ingénierie formation est apparue vers la fin des
années 1970. Son objectif est de rendre la formation professionnelle
plus efficace. Son principe, appliquer les sciences et techniques de
l'ingénieur à la problématique de la formation : analyse
du besoin, évaluation des ressources et des contraintes,
définition d'un cahier des charges, mise en oeuvre et
évaluation.
Il s'agit d'un ensemble de démarches
méthodologiques qui comprend :
- L'analyse de la demande
- Le diagnostic différentiel (identification de ce qui
relève ou non d'une solution formation)
- L'analyse des emplois
- Le diagnostic des connaissances
- La définition des objectifs de formation (contenus de
savoir) et des objectifs pédagogiques
- La conception du projet de formation, sa mise en oeuvre et son
évaluation.
Cette méthode est intéressante car elle est
à la fois efficace et peu coûteuse. Souple et pragmatique, elle a
de plus, l'avantage d'être adaptable aux entreprises de toutes tailles et
à tous types de formation.
Néanmoins, comme toute méthode, elle a ses
limites : sa réussite dépend d'une véritable
volonté politique, d'un réel soutien de la Direction
Générale et du DRH, sans quoi ce dispositif est utopique. Il est
donc préférable de se focaliser sur des projets
stratégiques pour l'entreprise et perçus comme tels.
L'ingénierie de formation a ensuite donné
naissance à une autre approche : l'ingénierie de
développement des compétences.
4.2 Ingénierie de développement des
compétences
Avant d'aborder l'ingénierie des compétences il me
paraît important de rappeler la définition de la notion «
compétence )) :
Selon M. de Montmollin (1994) c'est « un ensemble
stabilisé de savoirs, de conduite-type, de procédure-standard, de
types de raisonnement que l'on peut mettre en oeuvre sans apprentissage nouveau
)) ou selon S. Bellier « la compétence permet d `agir, de
résoudre des problèmes professionnels dans un contexte
particulier en mobilisant diverses capacité de manière
intégrée )). Ces dernières se recoupent sur trois
points :
· la compétence est le moteur de la performance,
elle s'évalue dans l'action ;
· « la compétence est contextuelle ))
on ne peut en parler dans l'absolu sans la rapporter à un contexte
particulier, une situation donnée ;
· la compétence intègre différentes
composantes (aptitudes, connaissances, traits de personnalité ...) et
c'est sur ces composantes que la formation peut agir. Ainsi, la formation ne
produit pas directement de la compétence mais de manière
indirecte par son action sur ces différentes composantes qui sont, le
savoir, le savoir-faire et le savoir-être.
Savoirs théoriques
Savoirs procéduraux :
Procédures souvent non formalisées mais
reconnues par les praticiens
Savoirs-faire :
Opérationnels et observables dont la maîtrise
a été démontrée dans le cadre d'1 emploi
Savoirs pratiques :
Connaissances souvent inconscientes.
+ Qualités intrinsèques a
l'individu + Attitudes comportementales
ACTIVITE PROFESSIONNELLE
De ce fait une compétence est une construction dynamique
en interaction constante avec les autres compétences, qui se compose de
différents savoirs :
Après ce petit aparté, revenons à
l'ingénierie de développement des compétences.
L'ingénierie de formation et de développement des
compétences peuvent sembler similaires, mais «
l'ingénierie de développement des compétences a pour
avantage d'intégrer l'essentiel des acquis de l'ingénierie de
formation et d'ouvrir le champ des possible. »16 Cette
dernière est, en effet, plus intéressante car elle offre plus de
possibilités, de solutions au responsable de formation pour
répondre aux besoins de son entreprise. Ces solutions ne sont d'ailleurs
pas toujours imputables au budget formation mais pour moi un responsable de
formation compétent est celui qui assure le développement, le
renforcement ou le maintien de compétences utilisables par
l'organisation au cours de l'activité professionnelle.
LA SOLUTION est celle qui est efficiente, quelle soit imputable
ou non !
Par ce tableau ci-dessous, nous allons détailler les
différences de ces deux méthodes.
Ingénierie de formation
|
|
Ingénierie de développement
des compétences
|
|
Objectifs visées
Acquisition de connaissances
Privilégie le cours traditionnel (en salle
assimilé)
Développement de compétences
S'appuie sur l'ensemble des vecteurs de
professionnalisation de l'entreprise et met en oeuvre des
parcours qualifiants, des formations-actions, ~
Modalités de conduite
|
|
Responsabilité uniquement du responsable
formation
|
|
Responsabilité du responsable formation, du
responsable opérationnel et de la hiérarchie de
proximité
|
|
Nous venons d'aborder les concepts et outils mis à
disposition de la formation en entreprise, mais comment ces dernières
utilisent-elles leur budget formation ? Quelles sont leurs pratiques ?
16 P&A Eray, Entreprise & Carrières, Optimisation
du budget formation
PARTIE 2 : LES PRATIQUES EN ENTREPRISE
Dans cette partie, nous allons faire le constat des pratiques
en entreprises. Comme je l'ai précisé à la fin de mon
introduction, les réponses apportées à mon questionnaire
ne sont pas suffisantes. L'échantillon étant constitué que
de six entreprises, il serait inopportun de penser qu'elles sont
représentatives des pratiques nationales. C'est pourquoi, je me suis
également appuyée sur des articles ou différentes
enquêtes réalisées à plus grande échelle.
Toutes les entreprises interviewées sont
représentées dans le tableau ci-dessous.
Sur les six, une seule a accepté d'apparaître dans
le mémoire. Les noms des sociétés ont donc
été modifiés (reprise de certaines lettres liées
à leur activité suivies du nombre de salariés).
Société
|
|
Activité
|
|
Effectif
|
|
EP-364
|
|
Emballage plastique -
extrusion
|
|
364
|
|
ADAPEI Loire
|
|
|
Actions sociales en faveur des
|
1600
|
|
|
personnes Handicapées
|
|
B-1200
|
|
Banque et assurance
|
|
1200
|
|
|
|
|
|
EA-200
|
|
Equipementier automobile
|
|
200
|
|
F-56
|
|
Fabrication et vente de
produits paramédicaux
|
|
56
|
|
|
|
|
|
Y-1800
|
|
Assurance maladie
|
|
1800
|
|
J'ai pu également rencontrer la responsable du centre
d'appel d'Air France basé sur Lyon, Mme Martin. Notre échange
sera également exploité dans cette partie en fonction des sujets
abordés.
Enfin, en tant que salarié de la MAIF (mutuelle
d'assurances) j'utiliserai les informations que j'ai eues à ma
disposition.
Nous allons tout au long de cette partie suivre les items
abordés par mon questionnaire, ce dernier comme vous pouvez le constater
en annexes (Cf. annexe n°4) est structuré comme suit :
· Le service de formation au sein de l'entreprise
· Objectifs de la formation
· Elaboration de l'offre de formation
· Suivi de la formation
· Evaluation
J'ai structuré ainsi mon questionnaire pour pouvoir avoir
une vision globale du processus de gestion de la formation au sein des
établissements interrogés.
La première partie de mon questionnaire « Le
service formation » me permet d'avoir une idée de la place
réelle de ce service au sein de l'entreprise, de cerner l'image, la
culture d'entreprise vis-à-vis de la formation et de mieux comprendre
leur fonctionnement.
Mais avant de procéder à l'analyse de mon
questionnaire, revenons sur un point qui me paraît essentiel : la taille
des entreprises.
1 LA PLACE DU SERVICE DE FORMATION AU SEIN DES
ENTREPRISES
« Au fur et à mesure que l'on découvre
les chantiers à mettre en oeuvre (entretiens professionnels, passeports,
individualisation, contractualisation, ingénierie pédagogique
nouvelle,..) on se rend compte que ce métier de responsable formation
devient indispensable dans l'entreprise ~ dans toutes les entreprises.
»17 Mais en fonction de la taille de l'entreprise la
structure nécessaire en matière de formation diffère. Nous
distinguons :
- La petite entreprise de 50 à 250 salariés ;
- L'entreprise de taille moyenne de 300 à 700
salariés ;
- La grande entreprise de 800 à 3000 salariés.
1.1 Les petites entreprises (50-250 salariés)
Il s'agit d'entreprises qui n'ont, ni la structure, ni
l'encadrement et qui, ne croit pas avoir les moyens d'une politique de
formation. L'esprit est celui de l'opérationnalité et la
formation rime alors à absence momentanée de salariés ou
à futur départ.
17 Manager la formation aujourd'hui, 2ème
édition 2009
Pourtant ces entreprises peuvent avoir/obtenir les moyens
financiers pour une politique de formation digne de ce nom par le biais de la
mutualisation des budgets, en adhérant à son OPCA de branche ou
à un OPCA interprofessionnel (OPCALIA ou AGEFOS). Le budget formation ne
se limite pas à la seule ressource visible du 1.6%. En effet, les OPCA
leur permettent d'avoir une gestion plus affinée de cet argent et
peuvent leur faire profiter de tous les financements possibles. Elles ont donc
tout intérêt de confier la totalité de leur budget à
une OPCA et peuvent ainsi obtenir des financements qui aillent audelà
des sommes versées. De plus, pour ces structures, il est possible, en
cas de formation lourde d'un salarié d'obtenir un financement qui permet
d'avoir son remplacement provisoire.
Solutions pour la gestion de la formation : avoir une
assistante au DAF (Directeur Administratif et Financier) ou du responsable du
personnel s'occupant de la partie logistique et administrative de la formation,
faire appel à un responsable formation en temps partagé,
être géré par une structure externe ou par le
GIE18 si l'entreprise adhère à un groupement
d'employeurs.
Les missions d'un Responsable Formation (RF) en temps
partagé : construire le plan de formation, optimiser les
financements de chaque action, exercer une veille sur l'évolution des
métiers, mener les entretiens professionnels difficiles et organiser les
actions de formation.
1.2 Les entreprises de taille moyenne (300-700
salariés)
Pour ce type d'entreprises les besoins sont importants et la
visibilité en matière de personnel est floue car la structure
d'encadrement est insuffisante. Les problèmes de montée en
compétences sont donc difficilement appréhendables du fait qu'on
connaît moins chaque personne contrairement aux petites structures. Pour
ces entreprises, il convient d'avoir un responsable formation à mi-temps
(300 salariés) ou à temps plein (700 salariés et plus). Il
doit être interne et partagé avec une ou deux autres entreprises,
tout au plus, car sa disponibilité devient un critère majeur. Il
est important que cette personne ait une vision des grands indicateurs de
l'entreprise :
- Besoins en recrutement (pour mettre en place des parcours
de professionnalisation (contrat, périodes de professionnalisation))
;
- Evolution des effectifs (pour anticiper les mobilités
nécessaires) ;
- Réflexion sur certains projets de l'entreprise (pour
anticiper les besoins de montée en compétences)
18 Le G.I.E. est le regroupement d'entreprises
préexistantes dont le but est de "faciliter ou de développer
l'activité économique de ses membres, d`améliorer ou
d'accroître les résultats de cette activité ; [ce but]
n'est pas de réaliser des bénéfices pour lui-même"
(alinéa 2 de l'article L. 251-1 du Code de commerce).
1.3 Les grandes entreprises (800-3000 salariés)
La fonction d'un responsable de formation est indispensable.
Selon A. F. Fernandez et F. Savann, «sa présence est
nécessaire autour de 800 salariés.»
Dans certaines entreprises (B-1200, Air France, MAIF) la
fonction de RF19 est diluée par la présence d'autres
fonctions comme par exemple: responsable du développement des
compétences/ emplois et compétences (entreprise B-1200), des
relais GRH Formations sur des sites décentrés (exemple de
l'ADAPEI de la Loire), des formateurs internes non rattachés à la
DRH, un responsable des hauts potentiels, ~
La synergie entre ces différentes fonctions est
primordiale, il convient « de créer un ciment à cette
équipe, de lui donner corps pour ne pas laisser passer les occasions,
pour avoir un sens à la montée en compétence »
La création d'un « groupe développement du capital
humain ou de professionnalisation » animé et coordonné
par le responsable formation et dirigé par la DRH me paraît le
meilleur moyen d'y parvenir.
2 LE SERVICE DE FORMATION AU SEIN DES ENTREPRISES
INTERVIEWEES
L'administration de mon questionnaire ne révèle
pas de surprise concernant la structure des petites et moyennes entreprises.
Les PME ayant financièrement moins de moyens, le nombre de personne mis
à disposition de la formation est par conséquent plus
restreint.
F-56, entreprise de 56 salariés ne dispose pas d'une
personne affectée à la formation, cela fait partie des
táches de l'assistante RH. En effet, cette dernière tout en
s'occupant de la comptabilité de l'entreprise, recueille les besoins de
formation, établit le plan de formation, recherche les organismes et
s'occupe du suivi administratif des formations. Cette entreprise ne communique
pas sur la formation, par manque de temps très certainement.
Pourtant cette entreprise déclare que la formation est
perçue comme un réel outil à l'atteinte des objectifs et
d'ailleurs leur financement l'atteste : 2.60% de sa MSB en 2010.
Chez EA-200 et EP-364 une personne s'occupe de la formation,
elle est placée sous la hiérarchie du DRH et est bien
identifiée. Toutes deux utilisent un budget équivalent autour de
1.6% de leur MSB. Le budget de EP-364 concernant la formation est
généralement plus conséquent (par
19 RF : Responsable Formation
exemple l'an dernier il était de 2.63% de sa MSB) mais
cette entreprise a été touchée par la crise et son budget
a donc été revu à la baisse.
La responsable formation de EP-364 m'explique que la
politique de formation est perçue comme un réel levier de
performance aussi bien par la direction que par les salariés, c'est
d'ailleurs « dans les moeurs de demander des formations ».
Pour les deux entreprises les intervenants sont
majoritairement externes. Les intervenants internes interviennent
ponctuellement sur des points précis. Pour EP-364 il s'agit
également d'un choix stratégique car cela leur permet les apports
d'autres pratiques.
Toutes deux effectuent des actions de communication : EP-364 met
des dépliants à disposition des salariés pour
présenter le DIF, le CIF, la VAE et le bilan de compétence.
La communication chez EA-200 est faite chaque année
uniquement auprès des managers sur les orientations du plan.
Pour les trois plus grandes entreprises interviewées le
service formation est plus étoffé :
Le service formation de L'ADAPEI de la Loire est
constitué d'un responsable formation, de cinq secrétaires
coordinatrices qui gèrent chacune un territoire et d'une personne
chargée de la formation des travailleurs handicapés.
Celui de Y-1800 est composé de douze personnes et le
responsable formation gère également la GPEC. Quant à
B-1200 il est constitué d»un directeur, de deux chargés de
formation et de deux assistantes.
L'ADAPEI Loire et Y-1800 disposent d'un centre de formation
interne :
L'ADAPEI Loire pour les formations sur le handicap et la SST et
Y-1800 pour les formations continues et initiales.
Toutes ces entreprises communiquent uniquement sur les
orientations générales auprès des managers. Le budget
consacré va de 2.6% de la MSB pour l'ADAPEI à 8% pour B-1200.
(Y-1800 ne l'ayant pas communiqué).
EP-364 malgré sa taille et ses moyens financiers
inférieurs par rapport aux trois entreprises précédentes,
semble plus investie.
Nous allons maintenant aborder l'image de la formation au sein de
l'entreprise, sujet important car il dévoile la culture de l'entreprise
et indirectement l'utilité perçue de ses actions.
2.1 L'image de la formation
Entreprises
|
|
Une aide réelle/outil à l'atteinte
des objectifs/réalisation des projets
|
|
Un enjeu social
|
|
Une récompense pour les « bons
» salariés
|
|
Une obligation
|
|
Ne sait pas
|
|
B-1200
|
|
x
|
|
x
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Y-1800
|
|
x
|
|
x
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
F-56
|
|
x
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ADAPEI Loire
|
|
x
|
|
x
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
EA-200
|
|
x
|
|
x
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
EP-364
|
|
x
|
|
x
|
|
-
|
|
-
|
|
-
|
|
Le tableau parle de lui-même, fini le temps de la
formation de complaisance. Elle est perçue comme utile au bon
fonctionnement de l'entreprise par son aide à l'atteinte des objectifs
fixés par l'entreprise au sens large.
Mme Martin d'Air France m'a également confirmé
que la formation pour son entreprise était considérée
comme indispensable pour l'atteinte des objectifs et la réalisation de
projets et que, si au début de sa carrière il existait des stages
(< plaisirs », ces derniers ont disparu au profit de budget
exclusivement dédié à la performance de l'entreprise :
concurrence et crise l'exigent.
2.2 Les relations avec leur OPCA
Tout l'intérêt de l'OPCA pour l'entreprise,
c'est qu'il peut mobiliser un certain nombre de fonds de diverses origines
(Etat, FSE, FPSPP, Pôle emploi etc.) comme nous l'avons plus ou moins
expliqué dans la section 1 (< La place du service de formation au
sein des entreprises ». Il s'agit donc pour les entreprises de construire
une relation de partenariat solide avec son OPCA. En effet (< Un certain
nombre de ressources étant de plus en plus non récurrentes,
l'OPCA choisit ses bons clients, fiables, avec qui il va pouvoir
travailler, appuie Jean-Pierre Willems. D'où
l'intérêt de créer cette relation de proximité,
d'être connu et d'avoir établi des processus de fonctionnement
avec eux. »20
Il apparaît judicieux de :
20 Interview de jean Pierre Willems (consultant qui
anime l'espace responsable formation sur le site Internet de Demos) par Brice
Ancelin. Source :
Formaguide.com/optimiser
ses achats de formation
- Rencontrer au moins une fois par an le Directeur pour
évoquer avec lui les projets sur l'année
de l'entreprise, mieux connaître les nouvelles
règles qu'il compte mettre en oeuvre, se faire préciser les
moyens d'accéder à des financements régionaux ou
européens, les DIF prioritaires, etc.
- Solliciter l'ensemble des services que les OPCA peuvent
apporter : l'aide administrative et fiscale, les conseils et les
études, comme préparer un contrat de professionnalisation,
choisir un organisme de formation, élaborer le plan de formation,
optimiser le budget formation. Les OPCA effectuant un important travail de
veille juridique en matière de formation, ils sont donc capable de
répondre à des questions pointues et peuvent également
proposer des études sur les métiers, l'emploi, la
compétence... Ils ont en leur possession des documentions sur la
formation et notamment des données spécifiques à une
branche professionnelle.
- Demander des conseils sur l'articulation des différents
dispositifs de financement, par exemple,
associer des formations pendant et hors temps de travail.
Les petites entreprises peuvent choisir sur catalogue des
formations directement achetées par certains OPCA. D'autres, pour leurs
adhérents, mettent en place et financent des actions collectives
correspondant aux besoins majeurs de la branche d'activité.
J'ai synthétisé les relations des entreprises
interviewées dans le tableau ci-dessous :
Entreprises
Rôle administratif
Rôle de conseil
Y-1800
ADAPEI Loire x
-
-
-
B-1200
EP-364 -
x
x
x
EA-200
F-56 x
x
x
-
Il est intéressant de constater que F-56 avec peu de
moyen à sa disposition et déclarant que la formation lui est
indispensable, (son budget d'ailleurs l'atteste : 2.6% de sa MSB), ne soit pas
plus proche de son OPCA pour justement optimiser, voire même,
réduire son budget.
Même constat pour l'ADAPEI Loire.
Mais il ne s'agit pas pour moi des seules relations dites
extérieures que doit avoir l'entreprise.
En effet, un système de veille doit être mis en
place afin que le responsable formation soit informé des
évolutions juridiques, techniques et financières pouvant impacter
ou intéresser le développement de la formation dans l'entreprise.
Voici les relations qui me paraissent incontournables :
2.3 Les relations avec l'extérieur
2.3.1 Les relations avec la branche professionnelle
La branche professionnelle représente les entreprises
d'un même secteur d'activité et relevant d'un accord ou d'une
convention collective.
A ce titre, elle détient les résultats de
l'examen par les Commission paritaire nationale de l'emploi, des travaux
réalisés par l'observatoire prospectif des métiers et des
qualifications ainsi que les conclusions qu'elles en tirent en matière
de formation professionnelle. Elle réalise elle-même des
études et formule des préconisations en matière d'actions
de formation. Il est donc important de la consulter.
De plus, les branches professionnelles sont souvent à
l'origine d'un EDDF (Engagement au Développement De la Formation
professionnelle) pour soutenir les efforts des entreprises qui rencontrent des
problématiques communes d'emploi et de formation.
2.3.2 Les relations avec le conseil régional
Les régions élaborent leur propre politique de
formation21 au travers d'un programme régional de
l'apprentissage et de la formation professionnelle et d'un plan régional
de développement professionnel des jeunes et des adultes.
Les régions peuvent ainsi subventionner : des
stages pour les demandeurs d'emploi, des centres de formation d'apprentis, des
sections d'apprentissages et participer directement au financement de
plans de formation d'entreprise ou dans le cadre d'un cofinancement avec le FSE
(Fond social européen).
2.3.3 Les relations avec les associations
professionnelles
Les associations professionnelles réunissent les acteurs
d'une profession, ce qui leur permet de partager des expériences,
d'échanger et de débattre sur des sujets communs.
Ainsi : -le GARF (Groupement des Acteurs et Responsables de
Formation) dont le site Internet est :
www.garf.asso.fr,
-L'ANDCP (Association Nationale des Directeurs et Chefs du
Personnel) dont le site Internet est :
www.andc.fr,
21 Réforme constitutionnelle adoptée en
2003 portant sur l'organisation décentralisée de la
république
- FFFOAD (Forum Français pour la Formation Ouverte et A
Distance) dont leur site Internet est :
www.fffod.org,
sont susceptibles d'intéresser les responsables
formations et les directions des ressources humaines.
2.3.4 Les relations avec les DIRECCTE (DIrections
Régionales des Entreprises, de la
Concurrence, de la Consommation, du Travail et de
l'Emploi)
Les DIRECCTE vont permettre au responsable formation de
connaître la politique d'emploi/formation à l'échelle de la
région et les moyens mis en oeuvre pour la soutenir (FSE, EDDF). Leur
site Internet est :
www.direccte.gouv.fr.
Dernier point abordé dans la première partie de
mon questionnaire la sélection des organismes de formation, j'ai ainsi
voulu connaître les principaux critères qui influencent leur
choix.
2.4 Les critères de sélection du choix d'un
organisme de formation
Critères de sélection d'un organisme
de
formation
Coût
Entreprises interviewées
Méthode(s) pédagogique(s)
2
Adéquation offre et demande
Réputation
Proximité
géographique
6
4
0
Les six entreprises sont toutes attentives aux tarifs
pratiqués et à la proximité géographique de
l'organisme de formation, puis vient ensuite l'adéquation entre l'offre
et la demande (5/6), les méthodes pédagogiques (3/6) et enfin la
réputation de l'organisme (2/6).
Nous pouvons donc en déduire que les entreprises,
quelle que soit leur taille, font attention à leur budget car le choix
de la proximité géographique est lié également aux
divers frais de déplacement (transport, hébergement, etc.).
Le fait que les entreprises ne sélectionnent pas en
fonction des méthodes pédagogiques m'étonne puisque le
succès d'une action de formation en dépend. Sans demander au
responsable de formation
d'être un expert en ingénierie
pédagogique, il me paraît important de vérifier que les
méthodes utilisées vont permettre aux salariés
stagiaires de s'approprier les connaissances souhaitées et de les
maîtriser
rapidement. Vous pouvez retrouver en annexe n°5 une grille
de décision concernant 39
modalités de formation, outil repris de l'ouvrage (<
Manager la formation aujourd'hui » de F. Savann et d'A. F. Fernandez.
3 OBJECTIFS DE LA FORMATION
La politique de formation est, selon Alain Meignant,
« un élément d'une politique d'ensemble
dans une entreprise visant à assurer de manière durable sa
rentabilité, la satisfaction de ses
clients, l'implication de son personnel, et une
relation positive avec son environnement. Elle formule une
volonté exprimée par la direction
générale, engage toute l'entreprise et porte sur les axes
essentiels quivont orienter les décisions et les actes de
gestion de la formation et par extension de gestion des
compétences. »
La politique de formation reprend ainsi les orientations
générales de l'entreprise qui sont fonction de ses axes
stratégiques, autrement dit, la politique stratégique de
l'entreprise constitue un préalable à l'élaboration du
plan de formation.
Sur l'aspect purement définition des objectifs de la
formation, nous constatons bien un socle commun à toutes les entreprises
: objectifs de la formation = stratégie d'entreprise.
Ce qui diffère et dépend de la structure, c'est le
niveau de formalisation.
F-56, EP-364, EA-200 et B-1200 procèdent par
questionnement auprès des responsables de service
La responsable formation d'EP-364 m'explique que son
entreprise a signé un accord diversité, par conséquent,
l'entreprise s'engage à la mise en place de soutien pour une meilleure
employabilité de ses salariés les moins qualifiés dans la
société. Ayant une grande autonomie, elle a pris pour habitude
(< d'aller et venir » dans les ateliers et d'échanger
régulièrement avec les chefs de service, d'ateliers abordant
également avec eux la stratégie d'entreprise, ce qui lui permet
de faire quelques diagnostics appréciés par la DRH.
La direction du service RH de l'ADAPEI Loire arbitre en fonction
des questionnaires destinés aux salariés. Quant à Y-1800,
elle se base uniquement sur les entretiens individuels.
Air France et la MAIF disposent d'une politique de formation
groupe établit par la DRH, précisant les orientations à
long terme applicables aux différents sites. Les axes
stratégiques sont ensuite formalisés
sur une note d'orientation. Pour ces deux entreprises les
formations sont essentiellement de type métiers.
La majorité des entreprises questionnées
élaborent un plan annuel de formation, hors l'avantage d'un plan
pluriannuel est d'inscrire les actions de formation sur le long terme et de
prévoir ainsi les besoins en lien avec la GPEC. Il me paraît donc
difficile de prioriser des actions en cohérence avec la stratégie
de l'entreprise en réalisant des plans annuels, celle-ci se
prévoyant plutôt sur le long terme.
En effet, le processus stratégique vise à
définir les orientations à long terme de l'entreprise. Ces choix
stratégiques sont fixés au plus haut niveau de la
hiérarchie et transcrits en objectifs. Puis ils sont ensuite
divisés en sous objectifs à moyen terme et à court
terme.
Nous distinguons donc trois niveaux de catégories
d'objectifs : - Les objectifs stratégiques à long terme,
- Les objectifs tactiques22 à moyen terme,
- Les objectifs opérationnels à court terme.
La qualité du lien établi entre les objectifs
du plan de formation et la stratégie d'entreprise permet de passer de la
stratégie à l'efficacité opérationnelle des actions
de formation. Cette étape doit donc bénéficier d'une
attention particulière dans sa mise en oeuvre puisqu'il en dépend
les résultats escomptés.
4 ELABORATION DE L'OFFRE DE FORMATION
4.1 Les informations mises à disposition pour
établir le plan de formation
Les six entreprises déclarent disposer des informations
suivantes :
- Nouveaux projets opérationnels, techniques, industriels
ou commerciaux
- Evolutions et nouvelles exigences en termes de
compétences ou de métier - Du bilan de l'année N-1
4 entreprises sur 6 : (EP-364, Y-1800, EA-200 et B-1200) ont un
référentiel métier.
22 Source Wikipédia : « La
stratégie consiste à la définition
d'actions cohérentes intervenant selon une logique séquentielle
pour réaliser ou pour atteindre un ou des objectifs. Elle se traduit
ensuite, au niveau opérationnel en plans d'actions par domaines et par
périodes, y compris éventuellement des plans alternatifs
utilisables en cas d'événements changeant fortement la situation.
En contraste à la tactique dont l'enjeu est local et
limité dans le temps (gagner des combats à
l'intérieur d'une bataille), la stratégie
à un objectif global et à plus long terme (gagner la
bataille).
Et enfin, 2 entreprises sur 6 : (EP-364 et F-56) disposent des
perspectives d'embauches ou d'évolutions des emplois (GPEC).
F-56 de part sa taille à très certainement une
visibilité sur les perspectives d'embauches ou d'évolution des
emplois mais je doute qu'elle dispose de vrais outils GPEC.
Peu de sociétés se sont dotées de la GPEC
pourtant elle s'avère primordiale de part son approche qui permet de
faire face à l'accélération des mutations et d'anticiper
les écarts de ressources à court, moyen et long terme. La GPEC
rappelons le, est un outil qui permet à la formation de ne plus
être
qu'une simple adaptation au poste mais d'anticiper des
évolutions ultérieures, et/ou transmet au salariédes bases
suffisantes pour, par exemple, occuper d'autres postes dans le cadre de la
polyvalence.
Pour résumer la GPEC permet à l'entreprise de
disposer en temps voulu du personnel ayant les compétences
(connaissances, aptitudes et expériences) nécessaires pour
pouvoir répondre à tout moment à ses besoins. Elle aide
l'entreprise à se préparer aux évolutions de ses produits,
de ses marchés et à ses futurs métiers.
Nous allons maintenant voir la place qu'occupent les entretiens
individuels au sein des entreprises questionnées.
4.2 La place des entretiens individuels
EP-364 ressort à nouveau du lot, pour cette entreprise
les entretiens individuels je cite « sont primordiaux. Moment
privilégié, ils s'inscrivent comme l'un des « outils »
pour le manager et pour le salarié de faire remonter au service
formation les demandes et pour « pousser » à la
réflexion les salariés qui en ont besoin »
suivie de B-1200 qui indique « moment d'expression des besoins
individuels ».
Il semblerait qu'ils ne soient pas toujours exploités,
bien que l'intérêt de ces entretiens soient perçu,
l'entretien annuel prime (bilan de l'année N et objectif de
l'année N+1).
L'EA-200 déclare même « l'entretien
individuel devrait prendre une place de plus en plus conséquente
» L'ADAPEI Loire, quant à elle, l'utilise uniquement pour les
plus de 45 ans, elle met, en fait, en application l'entretien de seconde partie
de carrière.
4.3 L'arbitrage
A la question, « Généralement, comment
procédez-vous pour arbitrer puis choisir une demande de formation
plutôt qu'une autre ? »
Trois réponses sont ressorties :
- Pour B-1200 et EA-200 c'est le CODIR qui décide.
- Pour l'ADAPEI de la Loire, c'est la directrice RH qui
tranche.
Et pour les autres, la pertinence de la demande et le
coût de la formation.
EP-364 n'a pas fait mention du cout mais a rajouté que
le fait que la formation soit demandée par le
salarié et le N+1, la récurrence de la
demande sont des critères de choix (la motivation est
implicitement décrite)
4.4 Point de vigilance lors de la mise en oeuvre d'action
de formation
Nombre d'entreprises
Le contenu
Les méthodes 6/6
4/6
Le mode d'évaluation
Autres 1/6
-
Le mode d'évaluation ne semble pas préoccuper
les entreprises lors de la mise en oeuvre d'une action de formation, pourtant
c'est bien l'évaluation qui va permettre de voir si la formation a
été conforme au besoin de l'entreprise. Envoyer des
salariés en cours d'anglais ne signifie pas qu'ils seront bilingues en
sortant !
4.5 Les principales méthodes pédagogiques
utilisées
Méthodes pédagogiques
Présentiel E-learning Mises en situation
3/6
1/6
6/6
Le stage classique en présentiel reste toujours
d'actualité et même le plus répandu.
Mais est-il toujours pertinent ? Je vous renvoie à la
fiche outil « Grille de décision concernant 39
modalités de formation ».
5 SUIVI DE LA FORMATION
Les entreprises questionnées ont mis en place un suivi
purement administratif qui comprend les indicateurs suivants :
- Nombres d'heures passées en formation
- Coûts de la formation
- Répartition des actions de formation par
catégorie socioprofessionnelle
- Nombre de stagiaires
Ces indicateurs ne donnent pas d'information qualitative sur la
gestion du processus de formation, il est donc difficile d'identifier les
dysfonctionnements.
RAPPEL : Un indicateur est un outil décisionnel
qui fournit une information chiffrée pour mesurer l'efficacité
d'un dispositif mis en place.
Selon l'article de Mathilde Bordat du 18/10/2010 « Quels
indicateurs pour la fonction formation ? »23 Trop souvent les indicateurs
publiés par la fonction formation sont des indicateurs de moyens et
pensés à partir de la loi française : l'effort de
formation exprimé en % de la MSB, le nombre d'heures de formation et le
nombre de participants, par thème, par catégorie socio
professionnelle, par sexe ~
Dans certaines entreprises les indicateurs vont plus loin
dans l'analyse : taux d'accès à la formation, nombre moyen de
formation par personne formée, nombre de personnes n'ayant pas suivi de
formation depuis plus de 2 ou 3 ans ... l'effort de formation par
catégorie du plan : 1- Adaptation à l'emploi, anticipation des
évolutions de l'emploi ou maintien dans l'emploi. 2-
Développement des compétences, etc.
L'inconvénient de la dominance des indicateurs de
moyens est qu'ils ne parlent que de moyens engagés et non des
résultats obtenus via ces moyens. Quel intérêt de savoir
combien d'heures passées en formation en langue étrangère,
si cela n'est pas rattaché à un enjeu explicité ?
Un reporting n'a d'intérêt que s'il a du sens et
s'il sert d'appui à la prise de décision. Sans abandonner les
indicateurs de moyens il convient d'introduire des indicateurs de
résultats.
Tels que :
23
www.formation-professionnelle.fr
Les indicateurs de Jack Phillips, par exemple, qu'il appelle
les « bénéfices quantifiables » de la formation :
- La réduction du nombre d'accidents de travail,
- L'augmentation de l'efficacité et de la
productivité,
- La réduction de gaspillages,
- La diminution des rejets et des réfections,
- La réduction des temps de cycle
Concernant l'informatisation de la gestion, sur les six
entreprises questionnées, trois d'entres elles utilisent un SIRH
(Système d'Information de gestion des Ressources Humaines) ou ERP
(système intégré de gestion des données) mais
EA-200 avoue ne pratiquement pas l'utiliser et continuer à faire ses
propres tableaux Excel, estimant que leur logiciel ne permettait pas d'obtenir
toutes les informations souhaitées et par conséquent de
créer des tableaux de bords dont ils avaient besoin.
L'utilisation de ce type d'outil peut faire gagner du temps,
certaines fonctionnalités prévues sont :
- l'enregistrement des besoins de formation,
- la préparation et la mise en forme du plan,
- l'historique de la formation (individuellement et
collectivement),
- la préinscription aux sessions,
- la consultation de l'état de réalisation des
sessions,
- le suivi administratif et budgétaire du plan,
- l'édition de la déclaration fiscale 24-83,
- l'édition de tableaux de bord.
6 L'EVALUATION
L'évaluation de la satisfaction des stagiaires «
à chaud », c'est-à-dire, à la fin du stage est la
plus répandue et souvent la seule pratiquée.
Les items sur lesquels l'opinion des stagiaires est le plus
souvent interrogée sont : une appréciation générale
du stage, leur appréciation de l'adéquation de la formation
à leurs besoins et attentes, la qualité des contenus (adaptation,
niveau, intérêt), la qualité des supports
pédagogiques et de la documentation, la prestation de l'animateur et des
intervenants, la possibilité d'appliquer les acquis en situation de
travail, les conditions générales de déroulement du stage
(locaux, etc.) et enfin leurs suggestions pour améliorer les points
précédents.
Une enquête menée au niveau européen en
2004 (voir tableau-ci-dessous) démontre que les entreprises cherchent
peu à apprécier l'impact des formations sur la stratégie
de l'entreprise.
Pourcentage des entreprises évaluant l'effet
des cours de formation professionnelle continue, par type
d'évaluation24
Modes d'évaluation
|
|
Résultats en %
|
|
|
|
Mesure du niveau de satisfaction des participants
|
|
71
|
|
Réalisation de tests pour vérifier les nouvelles
compétences
|
|
30
|
|
|
|
Validation ou certification formelle des qualifications
acquises
|
|
40
|
|
Mesure de l'application effective des nouvelles qualifications
au travail
|
|
60
|
|
Indicateurs utilisés pour les améliorations de la
production
|
|
19
|
|
|
|
Autres formulaires
|
|
6
|
|
Pourtant les limites de l'évaluation de la satisfaction
sont évidentes :
- des impressions seuls/l'opinion du stagiaire ne permet pas de
mesurer la rentabilité d'un
investissement,
- la deuxième limite, est le facteur climat relationnel :
la sympathie du formateur, le fameux
« smile sheet )) de Jac Fitz-Enz (« si
l'animateur sourit beaucoup, les résultats seront bons ))), comme
l'explique Alain Meignant « il est tout à fait possible d'avoir
suivi un stage inutile et d'en avoir une bonne opinion fondée sur
l'ambiance et le degré de sympathie qu'inspirent l'animateur et les
autres participants ))25
- et enfin, cet indicateur ne permet pas de connaître
l'application réelle des stagiaires de ce qu'ils
ont appris, ni des effets que cette application va avoir pour
l'entreprise.
En bref, cette pratique ne permet pas de mesurer les
résultats de la formation. Ce qui ne signifie pas que cette
évaluation est inutile, loin de là, elle permet au formateur
à améliorer ses prestations, sert de suivi qualitatif pour ce
dernier ou pour le centre de formation.
24 Source : Eurostat/Mise à jour 2004/Manager la
formation d'Alain Meignant
25 Manager la formation
Valider les compétences acquises.
Agir sur le management et l'organisation
Apprécier le retour d'investissement
Optimiser le système
Tableau récapitulatif des cinq niveaux
d'évaluation et de leurs objectifs
Les cinq niveaux de l'évaluation
Niveau 1 Evaluation de satisfaction
Quelles est l'opinion « à chaud » des
stagiaires sur la prestation de formation ?
|
|
Objectifs
Améliorer le processus pédagogique + logistique
|
|
Niveau 2 Evaluation pédagogique
(différée)
Les stagiaires ont-ils acquis les connaissances et savoir-faire
prévus ?
Les ont-ils mémorisés ?
|
|
Niveau 3 Evaluation du transfert en situation de travail
Les stagiaires appliquent-ils ce qu'ils ont appris ?
|
Niveau 4 Evaluation des effets de la formation
La formation a-t-elle permis d'atteindre les objectifs
individuels ou collectifs fixés ?
|
|
Niveau 5 Le système est-il « sous
contrôle » ?
Le niveau 2 est généralement
un examen survenant après la formation. Cette évaluation aboutit
souvent à un diplôme ou une certification mais pas
nécessairement. En effet, selon R. F. Mager « toute
activité éducative doit être mesurée par des
indicateurs permettant la vérification de l'acquisition effective de
connaissances, savoir-faire, ou comportements, à partir de buts
définis au préalable par des objectifs opératoires. C'est
ce qu'on appelle un référentiel de formation. Un objectif
opératoire définit une capacité que le stagiaire doit
être en mesure de manifester de façon observable et mesurable. Il
se formule souvent en termes de « être capable de... ».
Le niveau 3 est observé par le manager
direct du salarié par la démonstration de l'application de ses
« nouvelles connaissances » en situation de travail.
Le niveau 4 : l'évaluation du retour
sur investissement n'est pas si compliquée, du moment
où l'entreprise connait les compétences qu'elle veut
développer, si elle a concentré son effort de formation, alors
il n'est pas si difficile de mesurer ce que la formation a produit, ou
contribué à produire comme
résultat opérationnel. Si le taux de signatures
chez les commerciaux augmente, si le taux de pannes, rebus, dysfonctionnements
baissent, si 80% des managers font leurs entretiens d'évaluation, ... si
tout cela intervient après la réalisation d'actions de formation
alors nous pouvons confirmer qu'il y a un retour sur celui-ci. Par contre, il
est inutile de vouloir évaluer toutes les formations
réalisées au niveau 4, il faut se concentrer sur les quatre ou
cinq clés visées car nous devons garder en tête que
l'évaluation doit être utile et possible.
Le niveau 5 : il s'agit de remonter en amont
les vérifications, de façon à optimiser dès la
conception du projet la probabilité qu'il soit efficace. Les
paramètres à vérifier sont :
- au niveau de l'entreprise : les cinq piliers de la
qualité du système de formation (Adéquation
services rendus/besoins, processus de décision (politique
et plan), production et/ou achat de programmes, suivi et contrôle et
visibilité des résultats) ;
- au niveau de chaque action (voir les quatre
paramètres STAR d'A. Meignant/Partie 3 : Mes préconisations)
L'évaluation de l'efficacité de la formation
est incontournable. Elle permet de piloter les actions de formations en
fonction des résultats constatés mais il faut, bien
évidemment, avoir mis en place les bons indicateurs (je vous renvois
à la section 5 : le suivi de la formation).
Après avoir réalisé le constat des
pratiques en entreprise et fait quelques apartés qui me paraissaient
indispensables, nous allons maintenant passer à ma vision d'une
stratégie efficiente et en donner les clefs pour sa mise en place.
PARTIE 3 : MES PRECONISATIONS
Nous allons dans cette dernière partie, répondre
à la question :
« Comment mettre en place une stratégie de
formation et en optimiser le budget ? » Mais avant, rappelons la
définition du terme stratégie,
1 QU EST-CE QU UNE STRATEGIE ?
Le mot stratégie est aujourd'hui l'un des plus
utilisés dans le monde de l'entreprise : < vision stratégique
», < stratégie sociale, financière, d'achat, commerciale
...» les déclinaisons ne manquent pas.
Issu du grec stratêgia et du latin
strategia, le mot désigne selon le dictionnaire Larousse, «
l'art de combiner l'action de forces militaires en vue d'atteindre un but de
guerre ou, plus largement celui de coordonner des actions, de manoeuvrer
habilement pour atteindre un but. »
Contrairement à la tactique, comme l'explique
l'encyclopédie Wikipédia, dont <l'enjeu est local et
limitédans le temps (gagner une bataille), la
stratégie porte sur un objectif global et à plus long terme
(gagner
la guerre ». Avoir une stratégie, c'est
donc, définir comment on va procéder pour atteindre ses
buts. Ceci signifie notamment, dans un univers compétitif, la
constitution d'un avantage concurrentiel durable.
Comme le souligne Philippe Korda < L'exécution
de la stratégie repose principalement sur les collaborateurs, la plupart
des stratégies échouent à cause de défaillances
dans l'exécution. »26 Il en est de même pour
la mise en place d'une stratégie de formation.
Toute la difficulté est de faire évoluer les
priorités, les comportements dans l'organisation et les méthodes
de travail.
Comme le poursuit Philippe Korda < La
capacité ne suffit donc pas, il faut
l'envie d'agir. Le fait que des individus pris
séparément soient capables chacun de régler un
problème donné dans un contexte, ne garantit pas que
l'organisation à laquelle ils appartiennent produira
globalement une performance supérieure. »27
Les individus doivent impérativement partager les
mêmes priorités, comprendre la/les
position(s) de l'entreprise et donc ses actions ; sans quoi, la performance
collective n'est pas assurer.
« Compétence, engagement, culture
commune : toute politique, tout programme, toute initiative
de formation devrait poursuivre des objectifs
à ces trois niveaux » » 28
26 Source : Stratégie et Formation de Philippe
Korda, Dunod
27 Même source que ci-dessus
28 Philippe Korda
2 METTRE EN PLACE UNE VERITABLE STRATEGIE DE FORMATION
AU SEIN
DE L'ENTREPRISE
Ma première préconisation sera le travail en
réseau qui correspond en fait « au chaînage des
acteurs» d'Alain Meignant. Cette organisation permet, en fait, de
créer des liens entre tous les acteurs et par effet de ricochet elle
crée une culture commune des objectifs fixés.
Je suis bien consciente que le responsable formation ne peut
changer à sa seule convenance l'organisation d'une entreprise mais il
peut insuffler l'idée à la direction générale,
expliquer l'importance du travail en réseau des acteurs pour la mise en
place d'une stratégie de formation efficace mais également pour
toute stratégie de l'entreprise.
2.1 Le travail en réseau des acteurs de
l'entreprise : premier pas vers le succès d'une politique
Une bonne organisation de la formation permet à chaque
acteur à son niveau, de prendre en charge les objectifs lui incombant.
Quant aux services RH et de la formation, leurs missions est d'apporter un
appui technique (méthodologie, explication des finalités) et
logistique pour que les différents acteurs de l'entreprise puissent
jouer leur rôle, voire même, de les former pour qu'ils puissent
l'exercer au mieux.
La réussite d'une politique de formation
dépend de la qualité et de la solidité des liens entre
tous les acteurs de l'entreprise. Il faut donc repositionner la
stratégie de la politique de formation si ce n'est pas le
cas.
Le schéma ci-dessous repris du livre « Manager la
formation » d'Alain Meignant représente l'organisation de la
formation en travail en réseau.
NB : Pour les plus petites structures (un seul
établissement/usine) le schéma doit être modifié :
la DRH et la Direction formation au niveau politique sont supprimées et
remplacées par DRH terrain et par Responsable de formation
d'unité. La direction d'unité, quant à elle,
équivaut à la direction générale.
Expliquons plus en détail ce schéma.
Les Chaînages opérationnels :
· Responsable formation d'unité
<->Encadrement <->Salariés : c'est de la qualité
de ce réseau que dépendra la précision des objectifs des
performances individuelles et collectives ainsi que les projets
d'investissement ou d'évolution des organisations
· DRH d'unité <-> Responsable formation
d'unité : permet la cohérence entre les politiques de gestion
des ressources humaines et de formation. C'est par ce chaînage que les
besoins liés à l'activité pourront être
identifiés et traités, dont l'exploitation des entretiens annuels
réalisés par l'encadrement avec les salariés.
«La zone de sécurité de
fonctionnement » :
Il s'agit de la direction d'unité, du DRH local, du
responsable formation, de l'encadrement et des instances représentatives
du personnel : les partenaires sociaux vont jouer sur le climat social. La
concertation avec eux est importante afin de maintenir/garantir un dialogue
social, pour avoir une occasion d'échange dans un domaine pour lequel
les intérêts des parties converges et enfin pour fixer en commun
des règles du jeu et pour avoir leurs avis étant proches du
terrain.
En bref, pour créer un contexte social favorable, et
pourquoi pas, obtenir la signature d'un accord-cadre entraînant les
acteurs de l'entreprises à remettre en cause leurs quotidiens, habitudes
voire leur cadre de références professionnel.
Quant à la direction d'unité, elle a
été rajoutée par rapport au chaînage
opérationnel (Responsable formation d'unité <->
Encadrement <->Salariés) car c'est elle qui dicte les
priorités de l'unité.
Cette zone de sécurité est encore insuffisante
car une unité fonctionne essentiellement dans le court terme, voire
moyen terme, se centrant sur les objectifs de performance, de respect des
délais, de qualité. D'où la zone de l'innovation
stratégique.
«La zone de l'innovation stratégique
» :
Les directeurs d'unités doivent intégrer
l'intérêt de la stratégie de l'entreprise et donc
être associés à la réflexion et aux décisions
afin que le responsable formation soit appuyé par ces derniers pour
mettre en place les plans d'actions envisagés pour l'atteinte des
objectifs sur le court terme mais également le moyen et long terme.
Le responsable formation doit également travailler avec
la direction formation, elle-même, appuyée par le DRH central,
tous deux, comme nous le voyons dans le schéma, étant
impliqués à la réflexion de l'innovation
stratégique. L'action aura ainsi une double validation : celle du
terrain (centrée sur l'opérationnel) et celle de la
stratégie.
Comme le souligne Alain Meignant « il n'y a pas de
bonne décentralisation opérationnelle sans une forte
centralisation stratégique. Plus on décentralise l'analyse des
problèmes et leur traitement au niveau terrain, plus il est important de
maintenir une cohérence d'ensemble qui sera assurée par la
politique et les objectifs mais aussi par des règles du jeu communes,
des procédures, des méthodologies et des possibilités
d'arbitrage en cas de désaccord entre partenaires. »29
Ainsi, parallèlement un contrôle stratégique
doit être mis en place, les moyens sont divers : des audits
périodiques Cf. un tableau de bord de suivi
centralisé (annexe n°6). Sans quoi, la qualité des
pratiques de formation va s'appauvrir, les
opérationnels finissants par privilégier les objectifs du court
terme au détriment des objectifs à moyen et long terme
sous-estimés par eux/ non proches de leur réalité
quotidienne.
Mais le succès d'une stratégie de formation ne
dépend pas uniquement du travail en réseau, il s'agit comme je
l'ai indiqué dans le titre, d'un premier pas.
La communication joue aussi un rôle primordial, pour la
compréhension et l'adhésion, des décisions prises par le
service formation. La communication va pouvoir modifier la perception des
différents acteurs de l'entreprise sur l'utilité et l'usage de la
formation dans l'entreprise.
29 Sources : Manager la formation,
8ème édition, d'Alain Meignant
L'image du service formation va dépendre directement de
ses actions, bien évidemment, mais surtout sur la manière dont le
responsable formation va les expliciter.
3 LA DIMENSION COMMUNICATION ET DIALOGUE SOCIAL
La formation s'adresse à tous les salariés de
l'entreprise sans exception. Chacun à leur niveau doivent obtenir de la
part de leur service formation suffisamment d'informations pour qu'ils puissent
comprendre les orientations du plan et également prendre en main les
possibilités qui s'offrent à eux afin de répondre à
leurs préoccupations.
La communication sera différente en fonction de
l'interlocuteur, d'où différents plan de communication à
prévoir.
3.1 Plan de communication en direction des salariés
Il s'agit de concevoir une communication
régulière qui va permettre aux salariés de prendre
connaissance et de s'approprier les dispositifs de formation qui peuvent
répondre à leurs attentes (souhaits d'évolution, de
reconversion, de professionnalisation).
De donner également des informations sur le contexte
de l'entreprise, du secteur d'activité dont dépend le
salarié (évolutions prévisibles des emplois et des
compétences) d'autant plus, lorsque les branches professionnelles ont
définies des actions prioritaires et avec des prises en charges
spécifiques, plus favorables pour certains publics.
Bien évidemment, les dispositifs tels que la VAE, DIF,
bilan de compétences, ... doivent être abordés mais
l'objectif est de permettre aux salariés de :
· Prendre en compte les actions prioritaires
définies par la branche et leur entreprise lors de la définition
de leur plan de développement individuel dans une démarche de
coresponsabilité et de coinvestissement.
· S'approprier des mesures qui vont dans certains cas
déborder sur leur temps de repos (congés payés, RTT,
après leur horaire de travail)
Concrètement cette communication peut prendre
plusieurs formes et dépendra des moyens dont dispose l'entreprise :
documents affichés, plaquettes diffusées dans les services,
numéro spécial d'un journal, page intranet, ~
Exemple de plan de communication type à
destination des salariés (annexe n°7)
3.2 Plan de communication /Relation avec les managers
Comme nous l'avons vu dans la première partie (page
17, Cf. 2.4.3 Les managers), les managers de proximité
jouent un rôle essentiel : dans l'information, l'élaboration des
projets professionnels (lors de l'entretien professionnel), l'accompagnement et
la formation des salariés.
Il est donc primordial que le responsable de formation renforce
ses liens avec les managers, qu'ils deviennent de réels partenaires de
travail.
PARTENAIRE, car tous deux ont le même objectif : que les
salariés réalisent les objectifs prévus par
l'entreprise.
Le responsable formation devra donc communiquer sur :
· les évolutions prévisibles des
emplois de leur secteur et sur les nouvelles compétences
à acquérir ;
· chaque année, rappeler les dispositifs
de formation (l'entretien professionnel, le bilan de
compétences, DIF, VAE, ...) et les procédures
à effectuer pour les salariés désirant mettre en
oeuvre l'un de ces dispositifs ;
· le plan de formation. C'est
l'occasion, de plus, pour les managers de réunir leur équipe et
de lui faire part des priorités retenues pour l'année en cours et
d'également rappeler ses attentes et objectifs. Cette communication
auprès des salariés montre l'implication du manager dans le
projet de formation, elle renforce l'image du service formation, de son
utilité pour l'entreprise.
· les réponses faites aux demandes de
formation formulées au sein de leur service : aussi bien celles
acceptées que reportées ou refusées, afin qu'il puisse
expliquer aux membres de son équipe concernés, les raisons des
décisions prises.
Des réunions d'information mais également des
actions de formation (à la conduite des entretiens professionnels,
à l'élaboration et la mise en oeuvre d'action de formation et
à la fonction tutorale) doivent être prévues à leur
attention, ainsi qu'un « mémento sur la gestion de la
professionnalisation par le manager ».
Le manager de proximité est un précieux
collaborateur pour le responsable formation car il détient une
connaissance terrain et une expertise métier qui lui sont très
utiles, c'est pourquoi une relation privilégiée doit être
établie, elle va permettre de mieux appréhender les besoins des
opérationnels.
Je conseillerai donc également d'associer les managers
à la réflexion sur les évolutions prévisibles des
emplois, en leur communiquant les informations obtenues auprès des
observatoires des métiers.
Annexe n°8, Exemple de Plan de communication en direction du
management
3.3 Rôle du responsable formation auprès des
IRP
Les dépenses concernant la formation professionnelle
continue ne sont pas des dépenses comme les autres de part leur
sensibilité sociale. L'optimisation du budget formation doit prendre en
considération l'incidence sur le climat social que peut avoir une baisse
ou une réorientation du budget formation surtout dans les secteurs
d'activité fortement syndicalisés. Au-delà des obligations
légales, les échanges avec eux et les plans de communication
doivent être préparés : il faut leur vendre les
décisions prises.
Avant de clore cette partie, je souhaitais souligner que les
notions de besoins et envie doivent
être réunies. L'efficacité de la coopération entre
le responsable formation et tous les acteurs ne s'obtiendra que parce que les
acteurs fonctionnels et hiérarchiques auront sensibilisé les
salariés aux évolutions des métiers et du contexte comme
nous l'avons vu précédemment, mais ils doivent aussi les
encourager à développer leurs compétences, leur donner
l'envie de se former. Car l'implication du stagiaire est fondamentale.
Il s'agit en fait pour l'entreprise de mettre en situation
d'apprenant le stagiaire. Il est faux de penser que les intervenants, aussi
doués soient-ils, soient là pour apprendre aux stagiaires. Seuls
les stagiaires apprennent !
4 LA DIMENSION COMPETENCES
Le responsable formation ne professionnalise pas ses
collaborateurs. Ce sont les salariés qui font le choix de se former
(voir ci-dessus). Se professionnaliser implique de l'investissement, de la
volonté de la part de l'intéressé ou plutôt un
co-investissement avec l'entreprise. Pour que cette logique prenne tout son
sens, il faut que la politique générale de l'entreprise donne les
moyens et que les employés deviennent acteurs.
4.1 Décliner la politique
générale en démarche compétence
Comment ? C'est ce que nous allons développer.
· En associant les salariés à la
démarche compétence
La cohérence entre l'annonce du plan de formation et le
développement attendu des compétences individuelles et
collectives doit être établie et soutenue par les
représentants de salariés lors des consultations en CE et/ou
en commission formation. Cette étape est primordiale, dans la mesure
où, les
plans d'actions vont s'appuyer sur des dispositifs qui
impliquent une codécision (DIF, VAE, bilan de compétences) ou une
adhésion (période de professionnalisation).
· En impliquant et obtenant le soutien du «
top management »
Un membre du comité de direction (ou l'un de ses
représentant) au minimum doit être associé afin de mettre
en avant la cohérence de la démarche compétences et
stratégie.
· En reformulant les objectifs opérationnels
sous l'angle de la compétence
Il s'agit de reformuler les objectifs opérationnels de
chaque service* et de valider avec eux les compétences
nécessaires.
*Les objectifs de chacun (individuellement ou collectivement)
selon leur spécialité (fonction opérationnelles ou
support) ainsi que le niveau d'expertise afin que l'entreprise puisse obtenir
la performance visée.
· En expliquant le lien entre objectifs
opérationnels et compétences
Etant donné que ce sont les managers et leurs
collaborateurs qui vont mettre en oeuvre la démarche compétences,
leur adhésion et par conséquent, leur compréhension des
enjeux est impérative.
· En créant les conditions de
développement des compétences collectives
(Nous revenons ici à la notion de communication)
- Par la clarté des orientations de l'entreprise
- Par des supports et des référentiels de
compétences accessibles et concrets afin que les salariés
mesurent non seulement l'enjeu mais aussi les apports d'une telle
démarche dans l'atteinte de leurs objectifs (collectifs et
individuels)
- En décloisonnant les services, par l'utilisation
d'autres modalités que les actions de formation comme, par exemple : le
retour d'expérience, les groupes de réflexion sur les bonnes
pratiques...
4.2 Les composantes d'une démarche
compétences (représentées par le schéma)30
Le responsable formation ne pouvant additionner les
compétences individuelles pour obtenir une
compétence collective visée, il doit «
favoriser l'appropriation d'un certain nombre d'actions
quicontribueront à donner de la cohérence aux
démarches individuelles, aux actions collectives et à la
stratégie de l'entreprise. »31
30 Source : Manager la formation aujourd'hui d'A. F.
Fernandez et de F. Savann
5 LES RELATIONS AVEC L'EXTERIEUR
Nous ne nous attarderons pas sur ce sujet puisque nous avons
consacré une partie page 34 mais je tenais à rappeler son
importance d'où la reprise du titre. En effet, comme je l'ai
également indiqué : un système de veille doit être
mis en place afin que le responsable formation soit informé des
évolutions juridiques, techniques et financières pouvant impacter
ou intéresser le développement de la formation dans
l'entreprise.
Concernant l'aspect financier ou plutôt les aides
financières pouvant être octroyées aux entreprises, la
relation avec les OPCA est déterminante car elles permettent de former
autant ou plus en trouvant de nouvelles pistes de financement, de
diversifier leurs sources de financement par les aides publiques
dédiées. (Voir annexes n°2 et 3)
6 DE L'ANALYSE DES BESOINS A L'EVALUATION
6.1 Les besoins
Rappel : « Le service formation à
pour objectif de servir la stratégie de l'entreprise,
d'anticiper ses mutations, de donner les
moyens à l'entreprise pour continuer à
se développer en s'assurant que les salariés ont
bien toutes les connaissances nécessaires pour
répondre au marché. »
Les actions s'inscrivent donc dans un contexte global de
l'entreprise. Le schéma32 ci-dessous résume bien les
facteurs qui induisent des besoins de formation
Niveau réel du personnel
Performances, Objectifs économiques
ENVIRONNEMENT INTERNE : Personnel, équipements,
capacités de financement
Conséquences en termes de besoins de toute nature,
dont :
Projets techniques, Organisationnels politique RH
STRATEGIE
DE L'ENTREPRISE
ENVIRONNEMENT EXTERNE :
Clients, fournisseurs,
concurrents, réglementation,
normes
Attentes des individus et des groupes
Besoins de formation
Le besoin de formation est induit par six sources, comme nous
pouvons le constater par le graphique.
· L'environnement interne : il
se compose du personnel et de leur niveau réel de compétences,
des groupes sociaux et de leurs stratégies propres, de la culture
d'entreprise, des processus et des techniques mis en place, des organisations,
des ressources financières, ... qui vont permettre ou non à
l'entreprise de s'adapter au besoin du marché/à son environnement
externe.
· L'environnement externe
Il s'agit, des exigences des clients (qualité,
service, certifications ...), des stratégies des concurrents, des
nouvelles techniques ou des nouveaux composants, etc. Le responsable de
formation doit être capable de capter les tendances profondes pour les
traduire en actions. (Voir page 34 : Les relations avec
l'extérieures)
· La stratégie de l'entreprise.
Il s'agit de se répondre à la question suivante :
Comment répondre aux défis extérieurs en tenant compte des
forces et faiblesses de notre environnement interne ?
Et bien, comme le décrit Alain Meignant : « en
déclinaison de la stratégie, trois catégories de
facteurs vont induire des besoins de formation. Ils correspondent aux trois
axes d'une politique de formation : les
32 Source : Manager la formation d'Alain Meignant
3P (Performance, Projets,
Parcours). Que nous retrouvons dans le schéma en
deuxième position, sous les environnements interne et externe et la
stratégie de l'entreprise.
· P de Performance : (Performances,
Objectifs économique dans le schéma) « Pour
réaliser des performances économiques et commerciales,
l'entreprise a besoin de personnes compétentes. Le niveau de
compétence, individuele ou collective, requis par les
emplois, les processus, l'organisation est un standard sur lequel les
salariés doivent au minimum s'aligner, et les besoins sont induits par
ce niveau d'exigence. »33
· P de Projets : (Projets techniques,
organisationnels, politique RH)
Les projets traduisent la stratégie de l'entreprise.
Ils peuvent porter sur le lancement de nouveaux produits ou la conquete de
nouveaux marchés, la mise en oeuvre de nouvelles techniques, etc. En
déclinaison de ces objectifs, les exigences de compétences des
salariés seront plus ou moins importantes.
Ce second axe inclut les projets découlant de la
politique de la GRH de l'entreprise. En effet, en fonction de ces projets et de
la situation actuelle des ressources humaines, l'entreprise pourra avoir des
projets de mobilité, de recrutement qui créent des besoins de
formation.
· P de Parcours : (Attentes des individus et des
groupes)
Cette troisième catégorie est l'expression des
attentes des salariés, en fonction de leurs souhaits de parcours
professionnel ou personnel.
Le responsable formation doit recenser tous les besoins de
formation en adéquation avec les objectifs de l'entreprise. Il doit pour
ceci se positionner comme un consultant pour identifier les besoins individuels
et collectifs auprès de chaque acteur. Le tableau34
ci-dessous récapitule les personnes ressources et les outils d'analyse
devant être mise en place par le responsable formation.
Personnes ressources
|
|
Types de besoins à recueillir
|
|
Exemples d'outils de recueil
|
|
|
|
|
|
Direction de l'entreprise
|
|
Besoins liés aux choix politiques et stratégiques
de l'entreprise
|
|
· Document sur la politique de l'entreprise
· Entretien
|
|
|
|
|
|
Direction RH
|
|
Besoins liés aux plans de recrutement, aux plans de
mobilité, aux
départs en retraite...
|
|
· Entretien
· Documents de diagnostic RH : pyramide des âges,
données sur les salariés, les qualifications...
|
|
33 Alain Meignant, Manager la formation
34 Source : Mini guide, Comment recueillir et
analyser les besoins en formation ?
www.droit-de-la-formation.fr
Exemple : le recrutement de 10 jeunes en contrat
de
professionnalisation nécessite la formation de
tuteurs
|
|
Personnes ressources
|
|
Types de besoins à recueillir
|
|
Exemples d'outils de recueil
|
|
|
|
|
|
Responsables de service
|
|
Besoins individuels et collectifs liés au fonctionnement
du service
Exemple : l'installation d'un nouveau logiciel
nécessite une
formation informatique
|
|
· Questionnaire
· Entretien
· Comptes rendus des entretiens professionnels
et/ou d'évaluation (volet formation)
|
|
|
|
|
Responsables de projets transversaux
Les partenaires sociaux
Besoins individuels et collectifs liés à des
projets particuliers
Exemple : un comité de pilotage d'un intranet
peut avoir besoin
d'une formation sur la circulation de l'information dans
l'entreprise
|
|
Besoins individuels liés à la tenue de leur poste,
à leurs souhaits
d'évolution professionnelle
Exemple : un salarié peut exprimer un besoin
de formation en anglais
|
Besoins non pris en compte par les voies traditionnelles
dans
l'entreprise
Exemple : formation aux premiers secours
|
|
· Questionnaire
· Entretien
· Questionnaire
· Fiche de demande de formation au titre du plan
· Fiche de demande de DIF
· Entretien professionnel et/ou annuel d'évaluation
avec les managers
|
|
· Questionnaire
· Entretien
6.2 Méthodologies d'analyse des besoins de formation
6.2.1 Les entretiens professionnels
L'entretien professionnel doit être le moyen
privilégié d'analyse des besoins de formation. Pour
augmenter son efficacité, il doit être appuyé sur
des référentiels de compétences et des
méthodes comme la méthode matricielle.
Les points clefs de réussite sont : la
sensibilisation et la formation des responsables qui réalisent les
entretiens et la mise à disposition des informations qui leurs sont
utiles (Cf. section 4 La dimension communication et dialogue social)
Il faut également créer des
référentiels de compétences spécifiques aux
entretiens afin d'ouvrir le dialogue pour ne pas arriver, in fine, si
trop long et complexe, à un remplissage de cases. (Rappel : il s'agit
d'un outil à utiliser pendant l'entretien).
Enfin, je préconise d'utiliser pour mieux responsabiliser
les salariés l'auto-évaluation avant l'entretien.
Limites
-permet d'orienter une grande partie du plan de formation,
notamment en ce qui concerne les besoins à court et moyen terme
-identification des besoins à court terme liés
à l'activité du service uniquement
Avantages
Type d'objectifs
-Perfectionnement individuel
-Développement des potentiels
Facteurs inducteurs pris en compte
-Besoins de l'organisation -Attentes des salariés
6.2.2 L'analyse des compétences requises par un
emploi
Ils existent deux approches pour créer des
référentiels de compétences :
L'analyse par les emplois types et la «
bibliothèque de compétences35 ».
L'approche par la « bibliothèque de
compétences » à l'avantage par rapport à la
méthode des emplois types de prendre un recul plus stratégique
sur les organisations actuelles et leur(s) évolution(s)
prévisible(s). Elle est de plus, plus pratique puisqu'une mise à
jour d'une compétence dans la bibliothèque informatique est
actualisée automatiquement dans toutes les fiches emplois où elle
apparaît.
La méthode par emplois types est surtout
conseillée par des entreprises ayant des processus stables et
réguliers. S'il s'agit, en effet, d'organisations fonctionnant par
projets, demandant une flexibilité importante, l'autre méthode
est plus pertinente car permet une adaptation instantanée à une
situation particulière ne figeant pas le lien «
emploi/compétences ».
|
Type d'objectifs
|
|
|
|
|
Facteurs inducteurs pris en compte
|
|
|
-Perfectionnement individuel
|
|
|
|
|
|
-Les besoins de compétence de l'organisation -Le niveau
réel des salariés
|
|
|
-Perfectionnement collectif pour améliorer les
performances
-Changement d'organisation et/ou investissement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
35 L'approche par la « bibliothèque de
compétences » : « Il s'agit d'identifier les
compétences nécessaires à l'entreprise pour
maîtriser ses processus clés puis, il faut les classer dans une
bibliothèque organisée selon les étapes du processus. Pour
produire le référentiel de compétences, on extrait de la
bibliothèque les compétences que l'on veut associer à un
emploi déterminé et on produit le référentiel
à partir duquel les individus seront évalués. »
Les compétences sont exprimées en termes de verbes
d'action donc très exploitables ultérieurement pour
définir des objectifs de formation.
Type d'objectifs
-Perfectionnement individuel -Perfectionnement collectif
-Evolution des métiers
-Recherche de feed-back sur le milieu concerné dans le but
de faciliter un changement
Facteurs inducteurs pris en compte
-Les attentes des individus
-Les objectifs de l'entreprise
- Besoins exprimés avec précision (en
référence à des écarts constatés entre
compétences requises et acquises)
- Formulation écrite des exigences de compétences
d'un emploi (lors des entretiens professionnels, ce support facilite le
dialogue entre le manager et le salarié qui peuvent en tirer des
conclusions sur les priorités de développement de
compétences pour l'exercice suivant
6.2.3 La méthode matricielle (Cf. annexe 9 pour
plus de détails)
Limites
-S'applique dans les secteurs d'activités ayant un nombre
limité de salariés (une dizaine), pouvant être connus par
l'encadrement.
-Intègre difficilement les évolutions à
moyen terme lorsqu'il y a des changements conséquents des emplois ou de
la carrière des personnes
Méthode simple à mettre en place, facile à
utiliser par les intéressés et fonctionnelle pour gérer le
perfectionnement dans une organisation stable.
Avantages
Type d'objectifs
-Perfectionnement individuel -Perfectionnement collectif
-Changement d'organisation -Préparation aux métiers
Facteurs inducteurs pris en compte
-Besoins de compétence de l'organisation -Niveau des
individus
6.2.4 Les enquêtes par questionnaires :
démarches centrées sur l'expression des attentes
Je privilégierai le questionnaire adressé aux
responsables hiérarchiques car il a l'avantage de les impliquer et les
réponses apportées seront affinées, plus pertinente, ces
derniers disposant d'outils comme la grille matricielle, les entretiens
professionnels. Et ce, d'autant plus, si le questionnaire introduit une
relation entre les objectifs opérationnels de leur service et les
besoins qui en découlent : le questionnaire devenant pour eux un
réel outil pour l'atteindre des objectifs de leur équipe.
Limites
-la qualité des résultats dépend de la
qualité méthodologique de l'élaboration des
hypothèses à tester et de leur traduction en questions
-les questionnaires envoyés à l'ensemble du
personnel ont généralement des taux de réponses bas
(<20%), les personnes y répondant étant les plus
motivées et les populations les plus fragiles, ayant donc le plus de
besoins, répondent peu.
-risque que les questionnaires adressés aux managers
uniquement, privilégient le renforcement de leurs salariés dans
leur actuel secteur d'activité au détriment de projets
d'évolution individuelle + il ne s'agit que de besoins à court
terme, basés sur leur activité actuelle.
|
-permet de quantifier les besoins exprimés
-d'obtenir l'avis de nombreuse personnes et/ou
géographiquement dispersées de manière peu onéreuse
contrairement aux entretiens individuels
6.3 Comment apporter une réponse efficace au besoin
de formation ?
Réaliser le diagnostique préalable.
La formation est un levier sur lequel on peut agir pour
combler des écarts entre une situation souhaitée et une situation
existante. Mais l'usage de l'expression « besoin de formation » doit
toujours éveiller notre méfiance.
En effet, l'entreprise est un système complexe, il est
rare qu'un problème, un dysfonctionnement, trouve son origine dans un
fait isolé. De la même façon la compétence n'est
qu'un des paramètres qui participent à la performance d'un
système. L'organisation du travail mise en place ou/et les ressources
mises en oeuvres pour l'exécution de l'activité et/ou le
management (motivation du personnel, encadrement, etc.) sont également
des paramètres à surveiller. C'est pourquoi il est important de
réaliser un diagnostic préalable afin de ne pas lancer un projet
formation prétexte.
6.3.1 Bien définir le problème
posé
Il faut pour ceci rechercher les finalités d'un projet de
formation, cela permet :
- D'éviter de passer à côté des
vrais problèmes. (Poser les problèmes en terme d'écart de
performance permet de le traiter à sa source et avec les mots des
opérationnels. Puis se demander pourquoi cet écart existe et que
pouvons nous faire pour le réduire.)
- D'identifier le réel enjeu du projet
- Et de préparer l'évaluation de la formation :
si nous savons avec précision, à quel enjeu stratégique la
formation permet de répondre, il est alors facile d'évaluer la
réussite de ce projet, en termes d'impact sur la performance de
l'entreprise.
6.3.2 S'approprier le contexte de l'entreprise pour
identifier l'origine du problème du client
C'est-à-dire, comprendre le(s) problème(s),
identifier les enjeux et les résultats attendus... il faut
s'intéresser à tous les domaines de l'entreprise (production,
management, communication, formation,
~). Voir la grille de lecture proposée par P. et A. Eray
(Annexe n°10)
Le principe général est que la formation doit
être traitée aussi près que possible de l'endroit où
se posent les problèmes de compétences ; le client est la
personne concernée par un problème. Par traitement nous entendons
: l'expression du besoin, le choix des personnes et le suivi d'application de
la formation.
Ci-dessous liste d'objectifs possibles, clients
identifiés de formation, clients variables selon les objectifs.
OBJECTIFS
CLIENTS
|
PERFORMANCES :
|
|
|
|
- Individuelles et perfectionnement
(en concertation si possible sur la base de
référentiels de compétence)
- Collectives
|
|
Le salarié concerné et l'encadrement direct
L'encadrement direct et les fonctionnels concernés par la
performance à améliorer
|
|
PROJETS
-D'investissement et/ou de changement d'organisation
-Evolution des métiers
-Evolution des qualifications
|
|
|
|
|
Le responsable en charge du projet et les responsables
opérationnels du secteur concerné
Les responsables des grandes fonctions auxquelles appartiennent
ces métiers, les responsables de la fonction personnel en charge de la
gestion de l'emploi
La DRH
|
|
|
|
|
|
PARCOURS
-Formations d'insertion et d'accueil
-L'optimisation des flux promotionnels et la mobilité
|
|
La DRH et les opérationnels dans les services où
seront insérés les nouveaux
La DRH, dans le cadre d'une politique d'ensemble. Pour le
développement des potentiels : le responsable de la gestion de la
catégorie de personnel concernée
|
6.3.3 Créer la grille d'analyse d'identification
des problèmes Annexe n°11
6.3.4 Définir des solutions possibles relevant
de son/ses domaine(s) de compétences
Les objectifs à atteindre dépendront de la
nature des dysfonctionnements constatés et par conséquent le mode
d'intervention à mettre en place. Si les objectifs ne relèvent
pas de nos domaines d'action nous devons en informer le commanditaire.
6.3.5 Réaliser le plan d'intervention
Rédiger la proposition d'intervention est
particulièrement conseillée pour des projets sensibles, mais je
trouve intéressant de formaliser par écrit notre analyse du/des
projet(s) de formation. Il peut se présenter ainsi :
-OBJET DU DOCUMENT
-ENJEUX ET OBJECTIFS DU PROJET (Cf. Annexe 12 : fiche bilan
Analyse de la situation)
-LIMITES DU PROJET (la mise en oeuvre des compétences
dépend des stagiaires et des conditions d'activités
professionnelles)
-FONCTION, EMPLOI ET FORMATION DES PERSONNES CONCERNEES -PRINCIPE
DE DEROULEMENT
-PARTAGE DES RESPONSABILITES : Comité de pilotage / Groupe
de projet -RESULTATS ATTENDUS
-GARANTIES : -garantie de résultats
-limites de la garantie (l'acquisition, le renforcement des
compétences visées dépendent de la volonté des
stagiaires, par exemple)
-MOYENS MIS EN PLACE -PLANNING PREVISIONNEL -INTERLOCUTEURS
Pour clore cette partie, je terminerai par deux points essentiels
pour optimiser le budget consacré à la formation : Traquer les
coûts cachés et Les quatre facteurs clés (STAR).
7 TRAQUER LES COUTS CACHES
La formation professionnelle est concernée comme toute
autre activité professionnelle par quatre catégories de
coûts cachés :
-Les surtemps : temps passé au-delà de ce
qui était prévu pour la réalisation d'une activité
; -Les surcoûts : coûts qui auraient pu être tout
simplement évités ;
-Les coûts : de déplacement, de restauration,
etc. qui, bien que nécessaire, peuvent être réduits ;
-Les manques de production : absence de développement de chiffre
d'affaire ou de valeur ajoutée.
|
|
Exemples36 d'impact sur la FP*
|
Coût brut
|
Récurrence par an
|
Coûts cachés
|
Surtemps
|
Perte de 1h30 de formation du fait de la
non-ponctualité des stagiaires (15 stagiaires)
|
15 x 1.5 x 35**= 787€
|
20 sessions par an
|
15 750€
|
Coût
|
Malette & papeterie offerts à chaque stagiaire
|
30 x 15 = 450€
|
20 sessions par an
|
9 000€
|
Surcoût
|
Logistique luxueuse par rapport aux objectifs de la formation
(ex. hébergement dans un château)
|
150*** x 15 =
2 250€
|
20 sessions par an
|
45 000€
|
|
Total
|
69 750€
|
*FP : formation professionnelle
** coüt horaire moyen de 35€ brut
*** 150€ de surcote par personne, en «
récompense sociale »
La formation professionnelle peut participer efficacement
à la réduction des dysfonctionnements résultant des
comportements humains inadaptés, à condition que cela s'inscrive
dans une démarche globale de projet d'entreprise en reprenant les
principes du management socio-économique37.
Dernier point et non des moindres, les paramètres
à garder en mémoire lors de la création de chaque action
de formation. Ils permettent de piloter, en permanence, un dispositif rendant
à ses clients le meilleur service possible au moindre coût.
36 Tableau repris d'« Optimisation du budget
formation » de P. et A. Eray
37 Management socio-économique
(développé depuis 30 ans par H. Savall et V. Zardet) : son
principe est de réduire les dysfonctionnements, c'est-à-dire, les
coûts cachés et payer ainsi les investissements nécessaires
au développement de l'organisation. Elle permet et assure
simultanément : une baisse des coûts cachés, le
développement des comportements et le développement des
structures.
8 LES QUATRE FACTEURS CLES (STAR) D'ALAIN MEIGNANT
Nous allons lister les facteurs de réussites qui
entrainent quatre axes de travail pour bien maitriser la formation.
S comme sélection ou le
processus de sélection en amont de la formation : sur les objectifs
à atteindre et sur le choix des personnes pouvant suivre avec profit la
formation (niveau de connaissance antérieur suffisant et s'assurer que
la personne désignée sera mise en situation d'appliquer ce
qu'elle a appris, sinon perte des connaissances acquises).
T comme training ou qualité
pédagogique : compétence du formateur, l'adaptation au
public du contenu et de la pédagogie, la qualité des supports
pédagogiques, l'environnement matériel (matériel, locaux
...) A comme adéquation c'est-à-dire
le « bon moment » : les formations réussies sont celle
qui sont synchrones avec une situation professionnelle. Si la formation arrive
trop tôt ou bien trop tard elle perd de son efficacité. La
formation doit apporter des réponses à une situation
concrète et aider les personnes à la maîtriser.
R comme résultats attendus ou
l'importance perçue : il s'agit implicitement de la motivation. Du
rôle du manager, avant, pendant et après la formation (voir Partie
1). C'est justifier l'effort que demande la formation par le
bénéfice que le futur stagiaire va en retirer (reconnaissance de
qualification, améliorer sa maîtrise professionnelle, lui
permettre de résoudre des problèmes, de s'adapter à des
changements dans son environnement, améliorer sa communication, ...).
Tout au long de cette troisième partie nous avons
développé un certain nombre d'axes de travail nécessaire
pour mettre en place un process de formation efficient.
La mise en place de ces étapes, n'a de sens que par
l'obtention de résultats qui conduit à mettre en oeuvre
l'évaluation des actions de formation. L'évaluation permet ainsi
de passer de la stratégie à l'efficacité
opérationnelle.
Mais le process de gestion de formation reste complexe et ne
dépend pas que d'étapes à suivre à la lettre. La
formation doit être intégrée au management global de la
performance.
CONCLUSION
Nous devons cultiver une nouvelle approche de la formation qui,
plus que jamais, doit devenir une véritable fonction partagée
tant par les managers que par les collaborateurs.
Je recommande aux responsables de formation de garder en
tête mes 10 règles d'or avant d'agir, dont cinq
(« ») que j'ai reprises de « Manager la formation aujourd'hui
» d'Alain Frédéric Fernandez et de Frank Savann.
Ces dernières vont, en effet, les guider dans leurs choix
quotidiens, leur permettre de maintenir une politique d'actions efficientes
pour l'entreprise.
+ Première règle : (( Le budget
formation est l'expression de la stratégie de
l'entreprise. ))
Le budget formation doit valider uniquement les demandes
individuelles qui correspondent à un besoin de montée en
compétence et en corrélation aux besoins d'optimisation des
ressources humaines de l'entreprise dans le cadre de la structure et de sa
stratégie.
Comme l'ont si bien exprimé A. F. Fernandez et .F.
Savann : (( Le plan de formation est la propriété
inaliénable de l'employeur, il ne se partage pas, comme ne se partage
pas la stratégie, le financement et la responsabilité finale.
))38
+ Deuxième règle : ((
La formation doit rendre chaque salarié co-acteur de sa montée
en
compétence. ))
C'est à dire, ne pas forcer un salarié qui ne
souhaite pas participer à une formation car lorsqu'une personne vient
à contrecoeur sa présence est contre-productive, il s'agit donc
d'un mauvais investissement. Seules, pour moi, les formations à
l'adaptation au poste de travail doivent rester obligatoires car la
responsabilité de l'employeur peut être engagée en cas de
licenciement pour insuffisance professionnelle, par exemple.
+ Troisième règle : (( L'entretien
professionnel est le lieu d'échange privilégié
pour
optimiser les actions de formation. ))
En effet, au cours de cet entretien, le manager et son
salarié parlent de montée en
compétence, élaborent ensembles un parcours de situations
apprenantes (travail en binôme, atelier d'échange de
38 Source : « Manager la formation aujourd'hui
» de d'A. F. Fernandez et F. Savann
pratiques, ...) Les raisons de cette demande de formation sont
exposées, les finalités déterminées à terme
et le tout formalisé.
+ Quatrième règle : « Le service
formation doit transformer sont offre en demande. »
Le principe est simple, comme l'explique, les deux auteurs,
« il ne peut avoir de DIF si le salarié n'est pas à
l'origine de la demande ». En dehors des formations d'adaptation, le
salarié doit disposer d'un formulaire de demande de formation afin de
pouvoir demander une formation à son initiative ou
préconisée par son responsable.
(Voir annexe n°13 : Un modèle de formulaire de
demande individuelle de formation.)
+ Cinquième règle : « A chaque
action de formation doit correspondre un financement
particulier. »
Pour répondre à tous les besoins réels de
formation, le budget de l'entreprise ne suffit pas. Par conséquent, le
responsable de formation doit s'interroger sur tous les financements possibles
(Financement externe, plan de formation, période de
professionnalisation, DIF, faire un mix VAE pour obtenir quelques unités
du diplôme sélectionné et plan de formation pour les
unités manquantes ou CIF à temps partiel en fonction de la
demande, par exemple).
Il faut aussi garder en mémoire que de nombreuses
réponses à des besoins de montée en compétence
passent par des situations apprenantes qui ne sont pas forcément des
formations (ateliers d'échange des pratiques, travail en binôme,
mise en place de fiches techniques, ~)39
+ Sixième règle : Lors de la
création des actions de formation, vérifier les paramètres
STAR.
+ Septième règle : Traquer les
coûts cachés en s'inscrivant dans une démarche
continue
de réduction des coûts
Le responsable de formation doit oeuvrer pour le
développement des compétences uniquement : - les
dispositifs de formation ne doivent donc plus contenir de formations
prétextes et inutiles,
- il doit réduire également intelligemment les
coûts et surcoûts.
39 Voir annexe n°5 : Grille de décision
des 39 modalités de formation
+ Huitième règle : Chercher des
indicateurs de résultats pour suivre la formation.
Ces indicateurs là constituent de l'information
FACTUELLE objective permettant de prendre ou de proposer des
décisions de lancement ou encore de prolonger, voire de supprimer ou
bien de réorganiser une action, en fonction des résultats
attendus et/ou constatés, d'observer et de corriger d'éventuelles
dérives en cours d'action et de rendre compte en final des effets
produits.
+ Neuvième règle : Ne pas se contenter
d'évaluer les actions de formations au niveau 1
(l'évaluation de la
satisfaction) mais également au niveau 3
(l'évaluation du transfert en situation de travail) ou niveau 4
(l'évaluation des efforts de la formation) et toujours au niveau 5
(mettre le système sous contrôle).
+ Dixième et dernière règle :
Simplicité et clarté
Comme le résume très bien l'expression suivante
« Les solutions les plus simples sont souvent les meilleures ».
Toujours rechercher des outils simples, faciles à mettre en oeuvre car
plus ils seront compliqués et moins ils seront exploités. Je
rajouterai même à la simplicité, outils finalisés,
prêts à l'emploi. Les managers sont énormément
sollicités, ils se plaignent d'ailleurs souvent de ne pas avoir assez de
temps pour réaliser tout ce que l'entreprise leur demande (reportings,
entretiens, animations des équipes, etc.). Pour être donc
sûr que ces derniers vont bien exploiter les outils et faire remonter les
informations dont a besoin le service formation, nous devons nous attacher
à leur compréhension de l'intérêt/l'enjeu, que les
outils soient accessibles et surtout que cela ne soit pas chronophage.
Mais les procédures ne suffisent plus et peuvent
même, si elles sont portées à l'excès, devenir
contreproductives. Il faut donc faire confiance aux acteurs de l'entreprise,
aux salariés et aux cadres. Cela suppose que nous puissions compter sur
leur professionnalisme. Face à des événements inattendus,
qui ne peuvent jamais être éliminés, ils devront
élaborer des réponses appropriées, prendre des
initiatives pertinentes. Ils auront à construire des compétences
adéquates.
Selon Jack Welsh40 de General Electric : «
Notre comportement est dicté par un credo fondamental : l'intention
et la capacité d'une organisation de continuellement apprendre de toutes
sources, et de transformer rapidement cet apprentissage en action, est la
source ultime de son avantage concurrentiel ». Jack Welsh nous parle
ici de l'organisation apprenante. Peut-être le futur enjeu du responsable
de formation ?
40 Ancien président du groupe américain
General Electric de 1981 à 2001 et l'un des dirigeants les plus
emblématiques aux États-Unis dans la période 1980-2000.
|