4.2 Interprétation des résultats
obtenus
Nous venons de valider les hypothèses sous-jacentes du
modèle. Ce qui sous-entend que le modèle que nous venons
d'estimer rend bien compte de la relation 'econom'etrique qui existe entre le
niveau des d'epenses de s'ecurit'e sociale et la croissance 'economique au
Cameroun. Dans la suite de ce travail, nous interpr'etons les r'esultats
obtenus.
4.2.1 Interprétation des relations de long et de
court terme
Les relations de correction d'erreur mat'erialisent la
combinaison conjointe entre les relations de long et de court terme. Au milieu
de ces deux relations, nous avons le coefficiant de rappel ë qui vaut dans
l''equation 1 du modèle -0,386. Cette valeur repr'esente la vitesse avec
laquelle tout d'es'equilibre entre les niveaux d'esir'e et effectif de la
croissance 'economique
57quantile de la loi F(10,21)
(ou du FIB par tête) est resorb'e dans l'ann'ee qui suit
tout choc58. En d'autres termes, on arrive a` ajuster 38,6% du
d'es'equilibre entre les niveaux d'esir'e et effectif de la croissance du FIB
par tête.
La force de rappel A = --0, 386 < 0 signifie aussi que
lorsqu'une variable a` l'instant t s''ecarte de l''equilibre de long terme, la
vitesse de retour après cet 'ecart (choc) vaut 0,386. De manière
plus simple, s'il y a un choc sur l''equilibre de long terme, il faudrait
'exactement 2,6 ans (1/0,386) soit un peu plus de deux ans et demi après
un choc, pour revenir a` la situation d''equilibre. Nous remarquons que cette
p'eriode d''ecart entre la survenance d'un choc et le retour a` l''equilibre
stable de long terme est relativement longue. Ce r'esultat doit être
dàu a` la situation de la plupart des pays africains comme le Cameroun,
o`u les strat'egies de politiques 'economiques pour favoriser la croissance, ne
sont pas mises en place au moment opportun.
La relation de court terme
La relation de court terme est la partie de l''equation 1,
constitu'ee des expressions sous le signe Ä (s'erie diff'erenci'ee).
L'interpr'etation de la relation de court terme se fera au moyen de la
causalit'e et de l'interpr'etation des 'elasticit'es.
Analyse de la causalité
D'après la sp'ecification de l''equation 1, les
variables qui causent a` court terme la croissance du FIB par tête sont
DLFIBRH(-1) (le taux de croissance du FIB par tête a` l'ann'ee
pr'ec'edente), DLFRESTTOT (le taux de croissance des d'epenses de prestations
sociales a` l'ann'ee courante) et DLRECTOT (le taux de croissance des recettes
de s'ecurit'e sociale a` l'ann'ee courante). Le niveau de significativit'e du
lien de causalit'e de ces variables sur la croissance du FIB par tête est
n'eanmoins diff'erente. En effet, le lien de causalit'e de la s'erie DLFRESTTOT
sur la croissance du FIB par tête est significatif au seuil de 1 % (4,365
est sup'erieur a` 2,58), tandis que ceux des s'eries DLFIBRH(-1)et DLRECTOT
sont significatifs au seuil de 10 % (voir tableau E1 en annexe). A court terme,
la s'erie DLINVF ne cause pas significativement la croissance du FIB par
tête.
58Interprétation du coefficient de rappel par
Doukouré(2005)
L'effet de la s'erie DLPRESTTOT est positive a` court terme
sur l''evolution de la croissance 'economique, tandis qu'il est n'egatif pour
la s'erie DLRECTOT sur la croissance 'economique. Nous d'eduisons
qu'àcourt terme, les d'epenses de prestations sociales de la CNPS ont un
effet significatif (au seuil de 1 %) et positif sur le PIB par tête, et
les recettes sociales ont un effet significatif (au seuil de 10 %) et n'egatif
sur la croissance 'economique. Le premier r'esultat repond bel et bien a`
l'hypothèse d'effet significatif et positif des d'epenses de s'ecurit'e
sociale sur la croissance 'economique a` court terme au Cameroun.
L'hypothèse d'effet positif des recettes sociales sur la croissance
'economique n'est pas v'erifi'ee au Cameroun a` court terme.
Un r'esultat tout a` fait particulier est celui de l'effet
n'egatif et significatif (au risque de 10 %) a` court terme du niveau de
croissance du PIB par tête a` la p'eriode t - 1 sur le niveau de
croissance du PIB par tête a` la p'eriode t.
Elasticités de court terme
Comme nous venons d'identifier par le biais de l'analyse de la
causalit'e, la nature des effets entre les s'eries expliqu'ees et la croissance
'economique mesur'ee par le PIB par tête, il convient d'interpr'eter les
'elasticit'es obtenus.
L''elasticit'e de court terme de la croissance du PIB par
tête par rapport aux d'epenses de prestations sociales vaut 0,1595. A
court terme, lorsque les d'epenses de prestations sociales augmentent de 1%
(avec un risque de 1% de se tromper), la croissance du PIB par tête
augmente de 0,1595 %. Autrement dit, l'augmentation d'un point (100 %) des
d'epenses de prestations sociales entraàýnent une augmentation de
15,95 % du niveau du PIB par tête. A cet effet, l'hypothèse
d'effet positif et significatif des d'epenses de prestations sociales sur la
croissance 'economique est valid'ee a` court terme au Cameroun. Ce r'esultat
est le même que celui d'etermin'e par Cashin (1994) et Korpi (1985).
En ce qui concerne les recettes de prestations sociales, leur
augmentation diminuerait plutôt la croissance 'economique. En effet,
l''elasticit'e de court terme de la croissance du PIB par tête par
rapport aux recettes, vaut -0,0456. On d'eduit qu'avec un risque de 10 % de se
tromper, l'augmentation d'un point sur les recettes de prestations sociales,
entraàýne 4,56 % de perte sur le niveau de la croissance
'economique. A court terme, l'hypothèse selon laquelle les recettes
influencent positivement la croissance 'economique au Cameroun est rejet'ee.
A court terme, la contribution de l'investissement sur la
croissance économique est négative et non significative. A cet
effet, l'augmentation a` court terme de l'investissement ne réduirait
pas significativement (au seuil de 1 %, 5 % ou 10 %) le niveau de croissance du
FIB par tête. L'hypothèse selon laquelle l'investissement admet un
effet positif et significatif sur la croissance économique n'est pas
vérifiée au Cameroun a` court terme.
L'élasticitéde la croissance du FIB par
tête a` la période t par rapport a` elle même a` la
période précédente est négative et vaut -0,2046.
Celàsignifie qu'une augmentation de 1 % de la croissance du FIB par
tête a` une période donnée, entraàýne a`
court terme (avec un risque de se tromper au seuil de 10 %) une diminution de
0,2 % de cette même croissance a` la période suivante. Ce
résultat est sàurement dàu au fait que le taux de
croissance du FIB par tête évolue de manière
instantanée (voir figure F1 en annexe). Bien que depuis l'année
de la dévaluation du FCFA, l'économie camerounaise semble bien se
comporter, le taux de croissance du FIB par tête d'une année a`
l'autre semble diminuer considérablement.
La relation de long terme
La relation de long terme est celle qui est
matérialisée par l'équation 2. Comme pour celle de court
terme, nous analyserons la causalitéet l'interprétation des
élasticités.
Analyse de la causalité
La spécification de la relation de long terme
(équation 2) nous montre que les séries LINVF et LFRESTTOT
causent a` long terme la série LFIBRH. Les liens de causalitédes
variables LINVF et LFRESTTOT sur la série LFIBRH sont significatifs au
risque de 1 %. En effet les statistiques de test relatives aux coefficients des
séries LINVF et LFRESTTOT59 sont supérieures en valeur
absolue a` 2,58 (valeur du quantile de la loi normale pour le seuil 1 %).
Seulement, la nature de la causalitédes séries
sur la croissance du FIB par tête est différente. En effet, au
Cameroun, le niveau d'investissement cause de manière positive la
croissance du FIB par tête a` long terme, tandis que les dépenses
de prestations sociales causent négativement le niveau de croissance du
FIB par tête60.
59-8,027 pour la série LINVP et 8,557 pour la
série LPIBRH
60l'explication de cette
causaliténégative sera appuyédans la suite avec l'effet a`
long terme
Les recettes de prestations sociales quant a` elles,
n'influencent pas significativement a` long terme, la croissance du PIB par
tête. N'eanmoins Son effet est positif a` long terme.
Elasticités de long terme
L'interpr'etation des 'elasticit'es de long terme n'est pas la
même que celle des 'elasticit'es de court terme. Les coefficients
d'etermin'es sur la relation de long terme ne sont pas ceux qu'on utilise pour
interpr'eter les 'elasticit'es. La d'etermination des 'elasticit'es de long
terme se d'eterminent par le rapport des coefficients de long terme des
variables explicatives, sur la force de rappel.
Par cons'equent, l''elasticit'e de long terme de la croissance
du PIB par tête par rapport au niveau d'investissement est 1,167
(0,4505/0,386). Au Cameroun, au risque de se tromper a` un seuil de 1 %, nous
avons de bonnes raisons d'affirmer qu'une augmentation de 10 % du niveau de
l'investissement public garantirait une aumentation de 11,67 % de la croissance
du PIB par tête. La th'eorie 'economique montre que l'effet du capital
physique (investissement) sur la croissance 'economique est positif a` long
terme.
L'hypothèse d'effet positif et significatif a` long
terme de l'insvestissement public sur la croissance 'economique est par
cons'equent, v'erifi'ee dans le cas du Cameroun. Ce r'esultat rejoint celui
d'etermin'e par Ojo et Oshikoya (1995), et Ghura et Hadjimichael (1996) a`
partir des 'etudes empiriques effectu'ee sur les 'economies africaines.
A long terme, l''elasticit'e de la croissance 'economique par
rapport au niveau des d'epenses de s'ecurit'e sociale au Cameroun vaut -1,265
(-0,4885/0,386). Au risque de se tromper a` un seuil significatif de 1 %,
l'augmentation de 10 % du niveau des d'epenses de prestations sociales
r'eduirait 12,65 % du niveau de la croissance 'economique. Les d'epenses de
prestations sociales vont a` cet effet nuire a` la croissance 'economique de
long terme.
A cet effet, certaines branches de la CNPS seraient a`
l'origine de cet effet n'egatif. En se r'ef'erant a` la figure F2 en annexe,
force est de constater que, de toutes les branches g'er'ees par la CNPS, la
brache VID est celle qui explique le mieux cet effet n'egatif. En effet, elle
d'etient la part la plus importante dans les d'epenses de prestations sociales.
Il s'avère qu'au Cameroun, la branche des pensions de vieillesse,
d'invalidit'e et de d'ecès nuit a` la croissance 'economique. Des
mesures doivent être prises pour r'esorber cette situation.
L'hypothèse d'effet positif et significatif des
d'epenses de prestations sociales sur la croissance 'economique au Cameroun
n'est pas v'erifi'ee a` long terme.
L'analyse des relations de long et de court terme nous a
permis de diagnostiquer les effets directs entre les variables explicatives du
modèle, et la variable expliqu'ee. Les r'esultats obtenus dans le cadre
du Cameroun n'ont pas tous v'erifi'e les hypothèses fix'ees audebut de
cette 'etude.
Arriv'e au terme de l'interpr'etation des modèles de
court et de long terme, l'analyse des r'esultats issus de notre modèle
'econom'etrique va suivre avec l''etude des chocs, dans le but de mettre en
'evidence les fonctions de r'eponse impulsionnelle, ainsi que la d'ecomposition
de la variance des erreurs de pr'evision du taux de croissance du PIB par
tête.
|