2.2 Comment les dépenses de prestations sociales
agissent-elles sur la croissance économique ? : Les études
empiriques
De nombreuses études empiriques ont
étéréalisées sur le lien entre la protection
sociale et la croissance économique. Ces études, pour la plupart
basées sur la technique de l'économétrie des
données de panel, ont abouti a` des résultats
controversés. Certains auteurs aboutissent a` la conclusion d'un effet
positif de la sécuritésociale sur la croissance
économique, tandis que d'autres formulent plutôt un effet
négatif de la sécuritésociale sur la croissance
économique.
2.2.1 Effet positif de la sécuritésociale sur
la croissance économique
Beaucoup d'auteurs ont montréque la
sécuritésociale est un moteur de la croissance économique.
Cashin (1994), a utilisé92 observations sur 23 pays
développés, pour estimer ses résultats. Il effectue une
estimation avec des séries temporelles transversales a` partir de la
technique des Moindres Carrés Ordinaires (MCO) en s'inspirant du
modèle endogène de la croissance. Comme variables pour son
modèle, Cashin utilise, le taux de croissance du FIB réel par
travailleur comme variable dépendante et comme variables
indépendantes, la variation du stock de capital, le FIB réel par
travailleur, les dépenses de sécuritésociale et de
protection sociale, le taux de scolarisation, les recettes courantes, la
population âgée de plus de 65 ans, le niveau des taux
d'intérêt et l'indice des prix a` la consommation. Il aboutit a`
de nombreux résultats et conclusions dont le principal est l'effet
positif des dépenses de sécuritésociale sur la croissance
économique. En effet, Cashin trouve des coefficients positifs et
significatifs des dépenses de sécuritésociale dans son
modèle, ainsi que pour ceux de l'investissement privé.
En 1990, Castles et Dowrick avaient pratiquement abouti aux
mêmes résultats que Cashin. En considérant dans leur
modèle, le PIB réel par tête comme variable
expliquée, et les dépenses sociales de l'OCDE22 comme
variable explicative, sur 18 pays de l'OCDE. Ils concluent que les
dépenses admettent des coefficients positifs mais non significatifs dans
leur modèle. Par conséquent, l'impact des dépenses de
sécuritésociale sur la croissance est positif, mais avec une
faible significativité. Castles et Dowrick arrivent donc au
résultat selon lequel, les dépenses de
sécuritésociale n'influenceraient pas assez la croissance
économique.
Korpi (1985) avec un échantillon de 17 pays de l'OCDE,
montre aussi que les dépenses de sécuritésociale
influencent positivement et de manière significative la croissance
économique. Avec un modèle dont les variables sont le PIB
réel par habitant et les dépenses sociales BIT, Korpi utilise des
séries chronologiques transversales estimées a` partir des MCO,
et trouve des coefficients positifs et significatifs des dépenses de
sécuritésociale.
Toujours dans le même cadre, McCallum et Blais (1987)
ont montréque les coefficients des transferts de
sécuritésociale par rapport au PIB, étaient positifs et
significatifs. Ils ont regroupés 17 pays de l'OCDE sur la période
1960-1983, et avec la méthode des MCO sur
des séries chronologiques et transversales, ont abouti
au fait que les transferts de sécuritésociale
influenceraient de manière positive et significative la croissance du
PIB réel. Dans
leur modèle simplifié, ils n'ont retenu que le PIB
réel et les transferts de sécuritésociale pour leurs
estimations et interprétations.
Contrairement aux autres auteurs, Kristov et Lindert en 1992
ont utilisédans leur modèle les transferts sociaux comme variable
expliquée. A partir des caractéristiques indépendantes
telles que le taux de chômage, la population âgée de plus de
65 ans, le PIB réel par habitant, le rapport de l'IPC au
déflateur du PIB, la variation des impôts directs, le taux de
croissance du PIB par habitant et la distribution des revenus, Kristov et
Lindert aboutissent aux principaux résultats suivants23 :
? les élasticités du PIB réel par habitant
sont significatives et positives. Ce résultat
leur permet d'affirmer que les dépenses publiques
(transferts sociaux) sont un luxe;; ? un taux de croissance supérieur
affaiblit la volontéd'aider les pauvres (coefficient
négatif et significatif);
22Organisme f'ed'eral fond'e en 1961 dont le but
principal est de contribuer a` l'expansion 'economique et a` l'harmonisation
des politiques 'economiques et sociales des pays membres (Encarta 2009).
23Roman Arjona et al(2002)
? la population âgée de plus de 65 ans et le taux de
chomage influencent positivement et significativement les transferts
sociaux;
? etc.
Le résultat le plus important des travaux de Kristov et
Lindert est celui qui met en évidence le role important de
l'économie sur les dépenses sociales. En effet, ils parviennent
a` montrer que le FIB est un facteur positif et significatif de
l'évolution des transferts sociaux.
Landau (1985) aboutit aux résultats similaires auxquels
les auteurs susmentionnés sont parvenus. Ses travaux, contrairement aux
autres, utilisent une estimation par la technique des variables instrumentales
corrigées de l'hétéroscédasticité. A partir
d'un échantillon de 16 pays de l'OCDE et une estimation sur la
période 1952-1976, Landau aboutit a` la conclusion d'un effet positif
mais non significatif des transferts publics sur la croissance
économique. Comme Korpi, Landau intègre uniquement la croissance
du FIB réel par habitant et le rapport des transferts publics sur le FIB
pour estimer son modèle.
A partir d'un échantillon de 74 pays24,
Sala-i-Martin (1992) par la technique des MCO, trouve une relation positive
entre les dépenses sociales et la croissance économique. Dans son
modèle, il utilise comme variable dépendante le taux de
croissance annuel moyen du FIB par tête. Les variables explicatives sont
la valeur initiale du FIB par tête, l'investissement public et les
transferts publics (considérés comme les dépenses de
sécuritésociale). A partir de ces variables et de la
méthode d'estimation utilisée, Sala-i-Martin montre que les
effets des transferts publics et de l'investissement sur la croissance
économique sont positifs et significatifs. Il conclut alors en affirmant
que les mesures d'aide sociale contribuent a` maintenir les travailleurs ayant
un faible capital humain en dehors de l'emploi.
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