SECTION II : Conclusion du contrat de
crédit-bail
Comme tout acte juridique, la survenance du crédit-bail
procède d'un certain nombre de préalable qui constituent ses
conditions d'établissement. Ces conditions sont particulièrement
relatives aux conditions de fond traditionnelles56 de tout contrat
prévues par le droit commun, et aux particularités formelles
spécifiques. La multitude d'interrogations juridiques constamment
suscitées par les spécificités formelles du contrat de
crédit-bail, va inéluctablement déboucher sur
l'étude des particularités liées à la constitution
de ce contrat (paragraphe I). Mais une fois le contrat établi, les
parties
53 Art 52-2 de la loi n° 2010/020 du 21
décembre 2010 portant organisation du crédit-bail au Cameroun.
54 Annexe 1, Art 9 al 2; 3 Annexe 5, Art 12.
55 Le propriétaire ayant déjà
amorti la charge financière d'achat.
56 Le consentement de la partie qui s'oblige, sa
capacité à contracter, un objet certain, une cause licite, Art
1108 Code Civil
entretiennent des rapports juridiques réciproques sous le
règne de leur convention, même si des incidents peuvent
émailler leurs relations : c'est la vie en crédit-bail
(paragraphe II)
Paragraphe I : Particularités inhérentes
à l'établissement du contrat de crédit-bail
Ces particularités sont à la fois relatives
à la forme du contrat de crédit-bail (A) et aussi à la
publicité qui peut en être faite (B).
A - La forme du contrat de crédit-bail
En tant que contrat commercial, le crédit-bail est
gouverné par la liberté de la preuve ; celle ci sous-entend une
liberté formelle (1°). Mais en pratique les parties
préfèrent recourir à un support probatoire (2°).
1° La liberté formelle
En matière commerciale la preuve est libre. Cela veut
dire qu'en principe les actes accomplis par les commerçants à
l'occasion de leur activité ou en complément de leur
activité commerciale peuvent être rapportés par tout
moyen57. De même en est t-il des faits juridiques. Cette
règle n'est cependant pas absolue car il est des actes soumis à
des modalités formelles pour leur validité. S'agissant du
crédit-bail en application de la liberté de la preuve en
matière commerciale, il peut se matérialiser sous la forme voulue
par les parties. Mais en pratique les partenaires contractuels
préfèrent matérialiser leur accord sur un support. C'est
la même position que le législateur camerounais a
adoptée58. S'agissant du contrat de crédit-bail
immobilier il est nécessairement établi auprès d'un
notaire59, et dans ce cas la faculté est donnée aux
parties contractantes de demander la délivrance d'une
grosse60, et c'est l'occasion pour nous de souligner ici que c'est
beaucoup plus le créditbailleur qui aura
intérêt61 à demander cette délivrance,
comme nous le constaterons plus loin.
57 Art 5 Acte Uniforme OHADA Droit Commercial
Général.
58 Art 4 al 1 de la loi n° 2010/020 du 21
décembre 2010 portant organisation du crédit-bail au Cameroun.
59 Art 4 al 2 de la loi n° 2010/020 du 21
décembre 2010 portant organisation du crédit-bail au Cameroun.
60 Art 4 al 3 de la loi n° 2010/020 du 21
décembre 2010 portant organisation du crédit-bail au Cameroun.
61 Étant donné qu'elle constitue pour
lui un atout dont il pourrait se prévaloir en cas de survenance d'un
litige dû à la suspension ou l'arrêt du versement des
redevances par le crédit-bailleur.
2° La préférence d'un support
Cette tendance est justifiée par la
nécessité de rapporter la preuve du contrat de crédit-bail
et même pour des raisons fiscales. Considérant l'évolution
des techniques informatiques contemporaines, il faut envisager outre
l'écrit mais aussi tous les éventuels supports tant
numériques qu'analogiques capables de rapporter la preuve du contrat de
crédit-bail. Le plus important est de s'aménager un support
exploitable susceptible d'établir de manière irréfutable
l'existence d'un lien contractuel entre les parties.
En dehors du principe de la liberté de la forme
contractuelle, tempéré par la préférence de la
pratique qui rend compte des particularités de conclusion du
crédit-bail, il y a aussi lieu d'évoquer la publicité
à laquelle est assujetti cet engagement.
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