2)Situation économique de l'union pendant la
crise
a) Généralité et perspectives
de la croissance
Dans un contexte international défavorable les
objectifs que suit la zone UEMOA à savoir ceux de la croissance
économique, de la maîtrise de l'inflation et de l'équilibre
budgétaire n'ont pas été directement affectés.
Certaines théories laissent entendre d'une faiblesse du degré de
développement du secteur financier de la zone mais d'après
DACOURY TABLEY P.H le Gouverneur de la BCEAO c'est plutôt une faible
exposition du secteur bancaire aux produits à l'origine de la crise qui
a épargné les pays du groupe de l'implication directe. Selon D
TABLEY les raisons envisageables sont :
· Le cadre rigoureux de la gestion monétaire et de
la régulation financière au sein de l'union
· Prudence de l'institut d'émission dans la
gestion des réserves de change de la zone permettant ainsi de les
préserver et de les consolider
· Suivi régulier de l'activité du secteur
bancaire et de ses transactions avec l'extérieur s'appuyant sur des
textes communautaire et mondiaux
· L'ouverture contrôlée du compte de capital
afin de limiter les opérations de placement et d'investissement à
l'extérieur
Cette incidence sur l'économie de la zone est donc
salutaire. Cependant, au moment ou les pays industriels et émergent
souffraient de crise financière, l'économie de l'UEMOA
était en proie de la crise énergétique et alimentaire. Ces
crises sont dues à la conjonction des chocs des prix du pétrole
et des denrées alimentaires importées ainsi que les effets
indirects de la crise financière qui ont réduit la demande
extérieure des matières premières dont la baisse s'est
accentuée et que les pays du groupe sont tributaires. Pour le continent,
un déficit de l'ordre de 251 milliards de $US est annoncé pour
2009, en matière de recettes d'exportation. Ce déficit pourrait
atteindre 277 milliards de $US en 2010.Cette situation avait engendrée
des tensions sociales dans la zone
Source BCEAO
Il est à noter que la crise financière
internationale s'est traduite en une crise économique dans la zone
UEMOA. Ceci est en liaison direct avec la lourde régression des
échanges mondiaux dont la baisse était au voisinage de 12% en
2009 alors qu'ils n' ont pas cessé de croître depuis plus de 60
ans. L'incidence des prix de matières premières a baissé
de plus de 40% en fin septembre 2009. La légère hausse de
l'indice global des prix est principalement due à une injection de
liquidité dans l'économie ainsi qu'au plan de relance
démarré par les pays industriels.
Source : BCEAO
Les conséquences de cette chute des prix ajoutée
des baisses des investissements directs étrangers d'environs 20% en 2009
et de la baisse d'aide publique au développement ont conduit à
des graves répercutions dans la sphère réelle de
l'économie de la zone. On illustre une croissance économique en
baisse (3.8% en 2008 ; 3% en 2009)
Les branches les plus touchées sont notamment
bâtiment travaux publics, tourisme, secteur tournés vers
l'exportation des produits miniers, agricole et forestiers. Un ralentissement
des entrées de recettes au titre des échanges extérieures
est en claire remarquable. Ainsi, exportation des biens 1.6% en 2009 contre
environ 7.1 les cinq dernières années et baisse de
réception de fond des émigrés d'environ 1.3% du PIB. En
tout cela la bourse régionale de valeur mobilière (BRVM)
n'était pas écartée. Du fait que la crise a
progressivement touché le secteur financier de l'union, on dénote
un ralentissement de l'indice composite de la BRVM du à la perte de
confiance sur le marché. Les conséquences furent le retrait de
fond des investisseurs étrangers, l'indice général s'est
alors replié en un an à plus de 35% en septembre 2009
Pour 2010, il est attendu un taux de croissance de 4,8% et
une amélioration de la croissance dans tous les Etats membres.
Toutefois, ces performances dépendront en partie de l'issue des
élections présidentielles prévues en 2009 et 2010 dans
certains Etats membres de l'Union. Cependant l'évolution critique qui
sévit au Niger avec le Coût d'Etat et crise alimentaire ; en
Cote d'Ivoire avec la reprise de la crise politique et sociale ; au Togo
et Guinée Bissau avec le conflit électoral ramèneront ce
taux de croissance à la baisse pour toute l'Union.
Une baisse de l'inflation est attendue en 2010, en liaison
avec le recul du prix de l'énergie et le ralentissement des prix des
produits alimentaires. Les résultats obtenus au cours des dix premiers
mois de l'année 2009 avec un taux d'inflation de 1,6% contre 7,3% pour
la même période en 2008, attestent d`un repli notable de
l'inflation. Pour l'ensemble de l'année, le taux d'inflation est attendu
à 1,1% contre 7,4% en 2008
Au plan des finances publiques, l'année 2009 s'est
révélée difficile. Le déficit du solde
budgétaire hors dons et le déficit du solde global se sont
dégradés en s'établissant à 7,2% et 3,3%,
respectivement contre 5,0% et 2,2% en 2008. Cette situation serait liée
à la progression des dépenses totales et prêts nets qui
représentent prés de 24,8% du PIB en 2009 contre 22,8% en 2008.
Parallèlement, les recettes budgétaires représenteraient
17,4% du PIB contre 17,6% en 2008. On estime une réduction de ces
déficits pour l'année en cours. La situation de la dette publique
s'améliore régulièrement depuis plusieurs années. A
fin 2009, l'encours de la dette publique représentait environ 43,1% du
PIB contre 45,5% à fin décembre 2008. Cette baisse est
liée principalement aux allègements obtenus par la Côte
d'Ivoire et le Togo dans le cadre de l'Initiative PPTE (pays pauvres
très endettés). Ces deux Etats membres ainsi que la
Guinée-Bissau devraient poursuivre leurs efforts pour atteindre le point
d'achèvement afin d'améliorer davantage ce ratio. En 2010, le
taux d'endettement public est prévu à 42,9%.
Ces résultats s'expliquent par la faible
progression des recettes et la forte progression des dépenses, en
particulier la masse salariale et les dépenses de transferts et
subventions. En effet, des inondations ont été
enregistrées dans plusieurs Etats membres et elles ont
entraîné des dégâts matériels énormes
et des pertes en vies humaines.
L'évolution des comptes extérieurs en 2009
était globalement favorable, nonobstant le contexte de crise
financière et économique mondiale. Le solde global des
échanges extérieurs s'est amélioré pour
s'établir à 257,0 milliards contre 91,4 milliards en 2008, du
fait notamment de la nette baisse des importations et de la progression des
dons, ainsi que de l'opération de privatisation de la
Société de Télécommunications du Mali (SOTELMA).
Hors dons, rapporté au PIB, le déficit du compte courant
s'inscrirait toutefois en hausse. Il se situerait à 7,4% contre 7,2% en
2008. Les perspectives pour l'année 2010 font état d'un profil
des transactions extérieures moins favorable qu'en 2009. Globalement,
les échanges extérieurs se solderaient en effet par un
excédent de 60,0 milliards. Conformément aux directives
arrêtées par le Conseil des Ministres au cours de sa session de
septembre 2009, les avoirs extérieurs nets de l'Union pour
l'année 2009, devraient s'accroître de 257,0 milliards de F FCA
pour atteindre 5 014,2 milliards à fin décembre 2009
[commission de l'uemoa]. Partant de cet objectif, le crédit
intérieur et la masse monétaire devraient croître de 15,1%
et 10,7%, respectivement à la fin de l'année 2009. Pour 2010, la
masse monétaire s'accroîtrait de 5,7% pour atteindre 10 911,4
milliards [bceao]
L'impact négatif de la crise financière
internationale commence progressivement à s'estomper. Les Etats membres
de l'Union s'attendent à ce que la tendance se confirme avec un
redressement de la demande extérieure des matières
premières et que la stabilité sociopolitique régionale se
renforce suite aux différentes échéances
électorales.
C'est dans ce nouveau contexte que les programmes pluriannuels
de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité pour
la période 2010-2014 pourraient s'exécuter de façon
satisfaisante et permettre aux Etats membres d'améliorer rapidement
leurs performances en matière de croissance économique.
Source : rapport de la commission de l'UEMOA
Certains analystes présument que la crise
financière a déjà vécu ses pires moments aux
regards des signes promotteux que l'économie mondiale émet
dès le second trimestre de l'année 2009. Mais la confirmation de
ces perspectives favorables est toutefois subordonnée à la
poursuite de la dynamique mondiale autour de la relance budgétaire. Car
d'après d'autres financiers (Joseph STGLITZ), le moindre répit de
ces actions conduira cette crise jusqu'en 2013
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