III.2.3 Education de l'individu (EDUCIN)
Nous avons constaté, après
régression, que la variable éducation de l'individu n'expliquait
pas significativement le revenu de l'individu.
Avec le déséquilibre visible, entre l'offre
d'emploi formel et la demande de l'emploi, le niveau de l'éducation
n'est plus totalement un déterminant des revenus élevés
des individus.
Dans notre pays (RDC) en général et dans
notre ville (Goma) en particulier, la capacité des entreprises à
absorber les demandeurs d'emploi est très faible comme c'est le cas dans
les PVD. C'est ainsi que, P. JACQUEMOT et M. RAFFINOT ont constaté que
le secteur public et plus généralement le secteur moderne ont
à présent une capacité d'absorption de la main d'oeuvre
voisine de zéro. Les programmes ont singulièrement mis en mal le
droit accordé à chaque diplômé d'accéder
à un poste dans l'administration. Ce faisant, ils ont annulé le
pacte social organisant, depuis des décennies, le rapport entre
l'appareil étatique et les couches sociales
instruites.65
Un autre cas est celui de la méfiance de la
population à l'égard de l'enseignement et de la qualité du
système éducatif national qui laisse à
désirer.66 Ce qui réduit la confiance des
entrepreneurs oeuvrant surtout dans l'informel vis-à-vis des jeunes
intellectuels. Ceux-ci préfèrent employer un profane qui aura une
faible rémunération plutôt qu'un intellectuel trop exigeant
par rapport à la rémunération quand bien même ses
compétences seraient douteuses.
Enfin, avec la situation sécuritaire
précaire dans les milieux ruraux, bon nombre d'individus en provenant
pour entreprendre leurs études en ville se trouvent contraints d'y
rester pour chercher un emploi car ne pouvant retourner à la campagne
faute de sécurité mais également de ne pas espérer
d'y trouver mieux qu'en ville.
Ce qui accroît de plus en plus le secteur informel.
La croissance de ce secteur trouve son explication dans l'explosion urbaine
récente.67
Conséquence, une forte demande de travail ne
correspondant pas à l'offre du marché.
Le comble en est que les individus instruits ne trouvent
pas d'emploi même si les charges sociales ne cessent de les envahir et de
leur faire pression. Ce qui les oblige à
65 Ibidem, p.
172
66 R.S. BERG et Alii,
Stratégie pour un nouveau développement en Afrique, ed.
NOUVEAUX HORIZONS, Paris, p.346
67 P. JACQUEMOT et M.
RAFFINOT, op.cit, p. 105
exécuter n'importe quel travail, simplement
pour des raisons de survie personnelle. Les habitants les plus démunis
apparaîtront sans doute moins souvent dans les statistiques de
chômage des PVD, et quand ils sont repérés par les
enquêtes sur les populations actives, la durée de leur
chômage n'est pas longue. Faute de ressource, ils ne peuvent rester au
chômage que pour une courte période, sous peine de mourir de faim
avec leurs familles. Ils doivent accepter pratiquement tout travail disponible,
quel qu'il soit. Etant donné que dans les PVD, comme ailleurs, l'on doit
travailler pour vivre, l'on devrait se poser principalement la question de
savoir quel type de travail l'on trouve et quel en est le revenu plutôt
que de connaître le nombre des actifs qui trouvent un
emploi.68
Cela pourrait signifier que l'accès à
certains emplois est rendu difficile par l'existence des obstacles à
l'entrée qui oblige les individus désireux de travailler à
accepter des emplois très faiblement
rémunérés.
Florence ARESTOFF a constaté dans son
étude que le niveau d'étude lui-même, ne constitue plus un
déterminant significatif du revenu. Il semblerait que l'éducation
n'exerce en elle-même aucun impact direct sur les revenus de l'individu.
Elle ne servirait que d'indicateur de la motivation et des facilités de
chacun à travailler.69
Nos résultats corroborent avec ceux trouvés
par F. ARESTOFF pour le cas de la capitale Malgache.
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