CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE SUR LES FEMMES
FONCTIONNAIRES ET L'EDUCATION DES ENFANTS
I.1.PROBLEMATIQUE
I.1.1.
Problème
L'enfant est un être précieux pour toute famille.
Cela étant, outre les valeurs citoyennes à lui transmettre depuis
sa naissance jusqu'à un âge raisonnable, son éducation
mérite d'être assurée afin de lui garantir un avenir
meilleur dans la société. Pendant longtemps ce rôle
délicat a été dévolu à la femme du fait de
sa présence permanente au foyer. Mais depuis plusieurs décennies,
l'environnement politique, économique et social a imposé de
nouvelles mutations obligeant la femme aussi à exercer des
activités professionnelles génératrices de revenu au
même titre que l'homme pour participer à certaines charges
domestiques ou tout au moins assurer son indépendance financière.
Il apparaît dès lors le problème de conciliation du travail
salarié de la femme et de sa présence dans le foyer. La femme
pourra-t-elle dans ces conditions concilier le travail salarié et
l'éducation de ses enfants?
Dans les pays de l'occident au lendemain de la
révolution industrielle, les femmes avaient eu le désir
d'appartenir à la nouvelle société en qualité de
membres actifs. Dès ce temps, elles avaient aspiré à
l'émergence d'une politique publique définissant plus clairement
la problématique de conciliation de l'activité professionnelle
aux exigences familiales. De nos jours, l'inscription de la conciliation vie
familiale et vie professionnelle dans la Charte des Droits Fondamentaux de
l'Union Européenne a consacré définitivement cette
problématique au niveau européen.
En Afrique et plus particulièrement au Bénin la
question reste d'actualité. En effet, il est à constater que
l'organisation de la vie familiale et en particulier la question de la garde
des jeunes enfants reste majoritairement le fait des femmes qui cumulent plus
qu'elles ne concilient vie familiale et vie professionnelle. Interrogées
parfois, elles donnent l'impression qu'elles réussissent à
concilier de manière satisfaisante leur vie professionnelle et leur vie
familiale. De ce point de vue, la conciliation de la vie professionnelle et de
l'éducation des enfants serait-elle alors une affaire
réglée ou cela signifie-t-il comme l'a dit Duclos cité par
Gérard (2004) « qu'au quotidien, les gens se
débrouillent comme ils le peuvent, et ce fait n'est pas nouveau en
lui-même »?
Lorsque l'enfant est encore très jeune, il est plus
difficile pour la femme d'accomplir convenablement ses fonctions parentales et
professionnelles. Or comme le rapporte Gérard « la
quasi-absence des mères au foyer entraîne une demande accrue de
modes de garde pour les jeunes enfants, et fait de cette question un enjeu
majeur de politique familiale ».
Il se trouve donc que la famille est à l'épreuve
des grandes mutations économiques et socioculturelles, et l'apport
salarial de la mère est devenu une réalité. Ce salaire
est souvent nécessaire pour la survie économique des familles
biparentales et devient essentiel pour les familles monoparentales dont la
responsabilité incombe majoritairement aux femmes. Pourtant,
l'organisation et la culture du travail demeurent encore fermées
à ces réalités de la famille et les femmes doivent
composer avec toutes les contraintes que cela impose. Les mesures sociales
d'aide à la famille quant à elles se sont
améliorées mais certaines d'entre elles comme le congé
parental demeurent souvent peu accessibles ou sont nettement insuffisantes
à cause de la précarité du type d'emploi occupé par
les femmes et leur niveau de salaire. Les femmes étant sur le
marché de l'emploi, l'affection familiale prend donc un coup et les
enfants sont abandonnés à eux-mêmes. Ils ne
bénéficient plus d'assez d'attention de la part de leurs parents.
Aussi, l'absence de la femme au foyer ouvre-t-elle la porte
à la délinquance sur toutes ses formes, surtout à
l'âge de l'adolescence. Les plus jeunes se trouvant dans un environnement
sans la moindre canalisation ne font que mettre en pratique ce que font leurs
aînés.
La stabilité sociale dépend de la
stabilité familiale. Plus généralement, lorsque la famille
par rapport à laquelle un enfant est identifié ne joue plus
pleinement son rôle de transmission des valeurs, il est clair que les
conséquences qui en découleraient, jailliront de façon
visible sur l'ensemble de la société.
Celles-ci s'exprimeront par la dépravation des moeurs
et ses implications comme l'extravagance vestimentaire, la recherche de gains
faciles, le non respect du plus âgé, la mauvaise gestion de la
santé de reproduction avec ses conséquences d'attraction des
maladies sexuellement transmissibles. Tout ce dont souffre la
société aujourd'hui n'est que le reflet des tares que
traînent les nouvelles formes de famille enregistrées
çà et là, la femme perd de plus en plus son rôle
d'éducatrice.
Plusieurs recherches ont été menées par
des auteurs sur la conciliation de la vie professionnelle et de la vie
familiale. Parmi ces auteurs, on peut citer Abeng (1972), pour qui le passage
de la famille traditionnelle à celle moderne avec l'apparition de
diverses formes de familles comme la famille nucléaire, la famille
monoparentale laisse le plus souvent la femme comme chef de famille. Dans une
telle situation, la mobilisation des ressources financières suffisantes
s'avère nécessaire pour la prise en charge des enfants.
Pour Decaux (1972), deux tiers des femmes travaillent par
obligation, soit parce qu'elles sont seules, soit parce qu'il faut un double
salaire au ménage. Près de 68% des célibataires ont une
profession, 36% des femmes mariées, 60% des veuves et 75% des
divorcées. Trois quarts d'entre elles estiment que la femme doit
travailler même si elle n'en a pas besoin.
Face au double statut de la femme salariée, il urge
alors de se demander comment la femme fonctionnaire concilie-t-elle le travail
salarié et l'éducation des enfants à Cotonou ?
Les réponses à cette interrogation
nécessitent qu'une analyse de fond soit faite à partir des
informations recueillies sur le terrain. Pour ce faire, la rigueur scientifique
exige une démarche méthodologique; d'où la
nécessité de formuler des hypothèses de travail. Les
hypothèses formulées dans le cadre de ce travail se
présent comme suit :
|