III.5. La place de l'enfant dans les décisions
professionnelles
Près de 75% des femmes interrogées affirment que
les enfants occupent une place très importante dans leur vie et que
toutes les décisions qu'elles prennent par rapport au travail tiennent
compte d'eux. Elles font comprendre à l'enfant qu'il compte beaucoup
pour elles. Quand il y a une décision au travail, elles en discutent
avec les enfants et s'il a lieu de faire quelque chose, les idées
viennent parfois des enfants. Elles sentent que cela renforce leur
autorité et les enfants apprécient une telle attitude en lieu et
place des mensonges.
Pour ne pas laisser les enfants seuls à la maison
pendant plusieurs jours, elles évitent d'aller à certaines
missions de travail. Dans certains cas d'obligation, elles s'assurent de la
présence à la maison de leurs maris ou d'une personne
âgée pour veiller sur les enfants. Le reste des femmes (environ
25%) trouvent qu'elles n'ont pas le choix que de sacrifier leurs enfants
lorsqu'une activité spéciale leur apporte plus d'argent (mission
de travail hors de leur lieu de service) sauf les moments où l'un des
enfants présente un état de santé critique.
Dans le contexte actuel de promotion des renforcements de
capacité des travailleurs, toutes les femmes interrogées
affirment en général qu'il leur est difficile de poursuivre les
études pour avoir plus de diplômes. De façon
spécifique, la poursuite des études est plus compliquée
pour celles qui disposent encore des enfants qui sont soit « au
lait » ou qui sont encore dans le primaire. A titre d'exemple, une
femme, mère de deux enfants confiait ceci « Après
la maîtrise je suis allé à l'extérieur pour
continuer. Chaque fois que j'appelle la famille qui est restée au pays,
ma petite fille que j'ai laissé me dit : maman tu m'as
abandonné, revient s'il te plait. Cela a fait qu'après le master
je n'ai plus continué ».
Toutefois, malgré la fatigue et la tension qu'une
forte proportion d'entre elles ressentent très souvent, la plupart des
femmes interrogées ne manifestent nullement l'intention de choisir une
sphère plutôt que l'autre. La question qui se pose alors est de
savoir quel sera le prix à payer pour réussir sur tous les
fronts. Mais, si indéniablement, les femmes valorisent leur statut de
travailleuse et désirent maintenir leur participation au marché
du travail, elles refusent, en principe, de faire ce choix aux dépens de
leur rapport à la maternité et du projet familial. La
majorité des femmes sont convaincues d'ailleurs qu'elles continuent de
faire passer leurs enfants avant leur travail. Opinion consensuelle s'il en est
une, presque toutes les femmes salariées considèrent
également que réussir une carrière n'est pas une
expérience plus enrichissante que celle d'élever des enfants.
Elles voient même dans la maternité leur expérience de vie
la plus importante. Ce n'est donc pas en terme d'opposition ou de porter un
choix sur l'un ou l'autre, mais bel et bien de pouvoir faire l'un et l'autre
sans trop de contradictions et de compromis.
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