LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Arbre des objectifs du suivi écologique du
projet d'aménagement des forêts de l'Est
Annexe 2 : Schéma d'un dispositif de relevé
ou grappe.
Annexe 3 : Carte parcellaire de la F.C.B.
Annexe 4 : Liste des animaux bio indicateurs
Annexe 5 : Tableau récapitulatif des
espèces animales observées en forêt éclaircie
Annexe 6 : Degré de présence des
espèces animales en zone de forêt éclaircie
Annexe 7 : Tableau récapitulatif des espèces
animales observées en forêt reboisée
Annexe 8 : Degré de présence des
espèces animales en zone de forêt reboisée
Annexe 9 : Degré de présence des
espèces animales recensées en zone de forêt non
traitée (témoin).
Annexe 10 : Synthèse des données sur la
dynamique des paramètres caractérisant la faune des zones
traitées et de témoin (zone non traitée).
LISTE DES SYGLES ET
ABREVIATIONS
C.E.: Chef d'Exploitation
E.F.C.P.C.: Ecole de Formation Continue et de Perfectionnement
des Cadres
F.C.B.: Forêt Classée de BOSSEMATIE
G.T.Z.: Gesellschaft Fûr Zusammenarbeit (agence de
coopération technique allemande)
INP HB : Institut National Polytechnique
Houphouët-Boigny de Yamoussoukro
MINAGREF : Ministère de l'Agriculture et des Eaux et
Forêts
MINEFOR : Ministère des Eaux et Forêts
P.C.T.: Potential Crop Tree (arbre d'avenir)
S.I.G.: Système d'Information Géographique
SODEFOR : Société de Développement des
Forêts
II
INTRODUCTION
Depuis 1992, date de la cession de la gestion du domaine
classé ivoirien à la SODEFOR, le concept de l'aménagement
forestier intégré a été adopté par cette
entreprise comme moyen de réhabilitation des différentes
fonctions de production de conservation et de régulation que les
forêts classées sont sensées assurer en Côte
d'Ivoire.
Cette approche complexe qui prend en compte, tous les aspects
biologiques du fonctionnement des écosystèmes contenus dans ces
massifs à réhabiliter pose très souvent le problème
de l'évaluation de l'atteinte des objectifs en fin de période
d'aménagement.
En effet, si les incidences des travaux d'aménagement
sur la production de bois d'oeuvre sont bien connues des aménagistes,
les effets de ces traitements sur la faune demeurent jusqu'à ce jour,
moins maîtrisés. Or l'évaluation d'un aménagement
intégré se doit de prendre obligatoirement en compte cet aspect
très important de la réhabilitation qu'est la faune.
C'est pour répondre à cette
préoccupation, qu'après dix années d'aménagement,
la SODEFOR envisage de faire l'évaluation à mi parcours de la
réhabilitation de la forêt classée de BOSSEMATIE (F.C. B.)
en mettant un accent particulier sur la faune.
Elle a donc accepté de nous confier l'étude des
effets des travaux d'aménagement forestier (éclaircies et
reboisement) sur l'évolution de la faune de cette forêt de 1994
à 2004.
Le but de cette étude est de fournir des
éléments de référence à l'aménagiste
pour une meilleure appréciation des effets de l'aménagement sur
les populations fauniques. Pour répondre à cette attente, nos
travaux s'appuient sur les relevés du bio monitoring recueillis pendant
la période de référence pour faire une analyse
diagnostique des communautés animales soumises aux effets des
traitements forestiers ; l'objectif étant ici, de dégager
puis d'expliquer les éventuels écarts imputables à ces
traitements.
Après une présentation succincte de la F.C.B. et
de son aménagement, nous exposerons l'approche méthodologique et
les matériels utilisés pour aborder le sujet.
Ensuite interviendra l'exposé des résultats
d'analyse des communautés animales vivant dans les différentes
zones traitées. Les comparaisons de la composition et de la structure de
ces communautés animales nous amèneront à dégager
les principaux effets de chacun des traitements étudiés sur les
populations fauniques.
Enfin nous conclurons sur le sujet en nous prononçant
sur l'intérêt ou non de poursuivre avec la même ampleur, les
traitements d'aménagement et les conséquences auxquelles l'on
pourrait s'attendre en ce qui concerne l'avenir de la faune.
1. CONSIDERATIONS GENERALES
1.1. PRESENTATION DE LA FORET CLASSEE DE
BOSSEMATIE
La Forêt Classée de BOSSEMATIE (F.C.B.) est
située entre 6° 35' et 6° 20' de latitude Nord, et entre
3° 35' et 3° 20' de longitude Ouest. Elle est localisée dans
la Région du Moyen Comoé, dans le Département
d'Abengourou, et à cheval sur les Sous-préfectures d'Abengourou
et de Zaranou, plus précisément à 30 kilomètres au
Sud de la ville d'Abengourou (figure 1).
Figure 1 Carte de situation de la forêt
classée de BOSSEMATIE (F.C.B.)
Elle a acquis son statut de forêt classée en 1935
par Arrêté n°1419/SF du 1er Mai 1935. Par la
suite, elle a subi plusieurs amputations du fait de déclassements
successifs ramenant ainsi sa superficie à 22800 hectares selon
l'arrêté n° 0044 / MINEFOR / DDAR du 23 janvier 1976.
La F.C.B. couvre actuellement une superficie totale
estimée à 21553 hectares (SODEFOR, 2002), obtenue après le
traitement d'images satellitaires datant de l'année 2000.
Placée dès son classement sous la tutelle de
l'administration forestière de la Côte d'Ivoire, la F.C.B. a connu
en 1990, un changement de gestionnaire. En effet, la SODEFOR, chargée
d'y conduire un programme de réhabilitation, s'est vue confiée
par arrêté n° 0235 / MINAGREF, la gestion entière de
ce massif forestier.
Ainsi, la F.C.B. est gérée actuellement par une
structure décentralisée de la SODEFOR dénommée
« Unité de Production d'Appoisso » et placée
sous la dépendance hiérarchique directe de la Coordination
Régionale d'Abengourou (SODEFOR, 2002).
1.1.1. Caractéristiques biophysiques du
milieu
1.1.1.1. Climat
Le département d'Abengourou auquel appartient la F.C.B.
jouit d'un climat subéquatorial caractérisé
par :
- Une pluviométrie irrégulière de 1991
à 2003 (figure 2) avec une moyenne annuelle de 1200 mm (ANONYME,
2004) ;
Figure 2 Evolution de la pluviométrie de 1991
à 2003
- un régime bimodal des pluies avec notamment :
o une grande saison des pluies s'étendant d'avril
à juin ;
o une petite saison sèche en juillet et
août ;
o une petite saison des pluies allant de septembre à
octobre ;
o une grande saison sèche de 5 mois (novembre à
mars) comportant cependant quelques précipitations isolées
(figure 3) ;
Figure 3
Pluviométrie moyenne mensuelle de la région
d'Abengourou
- une température moyenne annuelle de 26,7° C avec
des moyennes mensuelles variant de 24 à 30° C. Les plus basses
températures s'observant en juillet - août et les plus
élevées en février et mars ;
- une humidité relative de l'air variant de 44 % en
janvier à 85 % en juillet - août ;
- une durée moyenne annuelle d'insolation de 1500
heures ;
- et enfin des vents dominants soufflant
généralement du Sud Est vers l'Ouest à des vitesses
modérées, voire faibles (1,1 à 1,4 m/sec.), les vents
forts étant assez rares (SODEFOR, 2002).
1.1.1.2. Relief et hydrographie
La F.C.B. présente un relief peu vallonné. Les
travaux de GEROLD (1994) montrent que ce relief est composé de collines,
d'une pénéplaine (crête à ondes plates), et de
terrasses. Les altitudes extrêmes sont de 200 m pour le point culminant
et 100 m pour le point le plus bas.
Le réseau hydrographique de la forêt est
caractérisé par la présence d'un grand nombre de cours
d'eau saisonniers dont le plus important est la rivière BOSSEMATIE.
Cette dernière a donné son nom à la forêt
classée et constitue pour ce massif, une limite naturelle sur le
coté Est.
1.1.1.3. Géologie et
pédologie
Le matériel de base dans la région d'Abengourou
est composé de schistes ponctués de quelques îlots
granitiques (GEROLD, 1994).
Les sols de la F.C.B. sont en majorité composés
de sols ferralitiques moyennement désaturés sur schistes ou
micaschistes, caractérisés par une forte proportion d'oxyde de
fer ou d'aluminium. Ce type de sols se rencontre sur les crêtes et les
hauts de pentes (figure 4).
Figure 4 Carte
pédologique de la F.C.B. (selon système de classification F.A.O.
-U.N.E.S.C.O. 1981).
Dans les bas fonds et les bas de pente, on trouve les
arenosols (sols peu différenciés, sableux et peu
évolués) parfois liés avec des gleysols (sols
hydromorphes). Ces types de sols sont caractérisés par un surplus
d'eau causé par une couche argileuse impénétrable à
une profondeur variant entre 40 et 70 centimètres. Leur forte proportion
en sables en surface peut entraîner des manques d'eau dans les horizons
explorés par les racines.
Entre les arenosols et les ferralsols (sols ferralitiques), on
trouve les cambisols (sols possédant en profondeur, un horizon
cambique), présents sur les terrains de pentes moyennes. Ils sont plus
profonds et plus riches en éléments nutritifs. De plus, leur
structure leur confère une bonne capacité de rétention en
eau (SODEFOR 2002).
Parmi les 4 types de sols qui s'y rencontrent, les ferralsols
sont dominants (figure 4).
1.1.1.4. Ecologie végétale
Selon GUILLAUMET et ADJANOHOUN (1971), la F.C.B. appartient
essentiellement, à la zone de forêt dense semi décidue
à Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon du secteur
mésophile, au sein du domaine guinéen.
Cette forêt est caractérisée par la chute
quasi simultanée des feuilles de la plupart des individus d'une
espèce (AKÉ ASSI, 1992). En effet, plus de la moitié des
arbres de la strate supérieure perdent leurs feuilles pendant la saison
sèche entre décembre et avril.
La structure verticale de la F.C.B., donne trois strates
surmontées de quelques grands arbres pouvant atteindre une hauteur de 50
à 60 m et appartenant aux familles des Meliaceae et
Sterculiaceae. La strate supérieure de 35 à 45 m de
hauteur est généralement fermée, tandis que la strate
moyenne d'une hauteur de 20 à 35 m est discontinue. La Strate
inférieure d'une hauteur de 10 à 15 m, contient surtout des
essences sempervirentes (SODEFOR, 2002). Cette structure verticale telle que
décrite, ne se rencontre, aujourd'hui, que dans les îlots bien
conservés de la F.C.B.
Dans ces zones moins dégradées, la strate
herbacée se compose couramment de Leptaspis zeylanica, Streptogyna
crinita, Linidium gabunense, Olyra latifolia, Crossandra flava, Justicia
extensa, Barleria aenotheroides, la strate arbustive est formée
par Diospyros canaliculata, Microdesmis keayana, Baphia nitida, Diospyros
heudelotii alors que la strate arborée est composée
essentiellement de Celtis adolfi-fridericii, Celtis mildbraedii,
nesogordonia papaverifera, Scottellia klaineana var. mimfiensis,
Terminalia superba, Triplochiton scleroxylon, Mansonia altissima, Eribroma
oblonga, Sterculia rhinopetala.
Ces différents arbres sont souvent couverts par des
lianes ligneuses de grande taille telles que Griffonia simplicifolia,
Tiliacora dinklagei, Motandra guineensis, Millettia chrysophylla, Neuropeltis
acuminata (KOUADIO, 2004).
1.1.1.5. Ecologie animale
La quasi-totalité de la végétation en
périphérie de cette forêt présente une structure
très dégradée lorsqu'elle n'est pas remplacée par
les cultures. Cette situation a accentué au fil des années,
l'isolation d'une importante population animale représentative de la
faune originelle de la région.
Les frugivores tels que Pan troglodytes Anomalurus peli,
Loxodanta africana, les autres primates tels que les
cercopythèques, les mégachiroptères, les calaos et les
touracos d'une part, et les herbivores tels que les Syncerus caffer,
Boocerus euryceros, et la famille des céphalophes d'autre part, y
jouent un rôle déterminant dans la dissémination des
graines.
D'une manière générale, ces
Mammifères et Oiseaux sont importants dans l'équilibre de
l'écosystème forestier. Malgré, l'état fortement
secondarisée des formations végétales de la F.C.B., la
présence de ces animaux bio indicateurs atteste que cette forêt
est la mieux conservée parmi les forêts classées de l'Est
de la Côte d'Ivoire.
Cependant, le braconnage assez dense dans la F.C.B. menace
fortement ces animaux, notamment les Mammifères.
1.1.2. Intégrité du milieu
naturel
En vue satellitaire, la F.C.B. apparaît comme une
véritable formation forestière constituant avec le complexe
forestier MABI - YAYA, les forêts classées les mieux
conservées de la région Est de la Côte d'Ivoire.
En réalité, elle est (à l'instar des
autres forêts du pays) soumise depuis son classement à une
multitude d'agressions telles que le braconnage des ressources fauniques, les
défrichements clandestins et l'exploitation forestière.
Longtemps victime des coupes de bois d'oeuvre dont la
dernière a eu lieu en 1988 (WÖLL, 1991), la structure de la
forêt est dans un état de dégradation avancé. En
effet, le peuplement de gros arbres exploitables de cette forêt a
pratiquement disparu. La strate supérieure est discontinue ou
inexistante et la strate moyenne est envahie de lianes (SODEFOR, 2002). De
façon générale, la végétation de la F.C.B.
est essentiellement constituée de formations de type secondaire.
Le peuplement dense de gros arbres ne représente plus
que 2% de la superficie totale du massif tandis que près de 60% de la
forêt est constitué d'un peuplement relativement ouvert au niveau
de la strate dominante (WÖLL et WAITKUWAIT, 1994).
1.1.2.1. Infiltrations agricoles
Les infiltrations agricoles en F.C.B. ont pris de l'ampleur au
cours de la décennie 1980- 1990.
Ce phénomène que l'on peut qualifier de «
récent » au regard de la date du classement de cette
forêt (1935), concernait selon les recensements effectués en
1991, 183 Chefs d'Exploitation (CE) occupant une superficie totale de 2255.25
hectares (SODEFOR, 2002).
Figure 5 Occupations agricoles de la F.C.B. en
1991
Depuis Mars 1992, grâce aux actions concertées de
la SODEFOR, des autorités administratives et traditionnelles locales,
les CE ont démantelé les habitations en forêt et
près de 40% des occupations essentiellement constitués de jeunes
plantations ont été abandonnées par leurs auteurs,
à l'exception de deux grands planteurs occupant environ 500 hectares,
pour lesquels aucune solution définitive n'est encore trouvée
(CASPARY, 1997) ; (SODEFOR, 2002).
Les occupations agricoles plus importantes au Sud, ont
accentué le niveau de dégradation de la végétation
dans cette partie de la forêt (figure 5).
1.1.2.2. Etat général des Ressources
Naturelles
Les inventaires forestiers réalisés dans la
F.C.B. indiquent que l'exploitation forestière a surtout affecté
la strate dominante constituée surtout de Méliaceae et
de Sterculiaceae.
En 1993, le potentiel exploitable (semenciers de
catégorie principale P1) était inférieur au seuil
préconisé par la SODEFOR (SODEFOR, 2002a) interdisant du coup,
toute nouvelle exploitation dans cette forêt pour au moins une
décennie (WÖLL et WAITKUWAIT, 1994).
Pour ces raisons, aucun inventaire d'exploitation n'a encore
été mené Jusqu'à ce jour pour situer
l'aménagiste sur la disponibilité en F.C.B. d'espèces
exploitables en bois d'oeuvre. Mais il est établi que certaines
espèces de bois de valeur y sont en voie de disparition.
En ce qui concerne la faune, très peu d'informations
sont disponibles sur les densités des espèces présentes
dans cette forêt. Le bio monitoring dans sa conception permet d'effectuer
les mesures nécessaires à la détermination de ces
données pour chaque espèce bio indicatrice prise en compte par le
programme. Malheureusement, le programme informatique « Distance
Sampling » utilisé pour ce type de calcul n'est pas encore
expérimenté au niveau de la SODEFOR Abengourou.
Néanmoins, les travaux de MÜHLENBERG et
al. (1996) basés sur cette méthode ont permis de
déterminer à partir des résultats du bio monitoring (1994
à 1996), un ordre de grandeur de la taille de la population de quelques
espèces en F.C.B. au seuil de probabilité 0.95 :
Tableau 1 Taille moyenne
de la population de quelques espèces animales en F.C.B.
Espèces
|
Intervalle de confiance de la taille moyenne de la
population en 1994 - 1995
|
Intervalle de confiance de la taille moyenne de la
population en 1995 - 1996
|
Cercopithecus mona
|
67 - 111
|
69 - 142
|
Cercopithecus petaurista
|
44 - 133
|
95 - 280
|
Pan troglodytes
|
22 - 200
|
20 - 200
|
Cephalophus maxwelli
|
89 - 355
|
200 - 644
|
Tragelaphus scriptus
|
9 - 44
|
11 - 44
|
Achatina achatina
|
-
|
20291 - 23594
|
Archachatina ventricosa
|
17417 - 36253
|
22977 - 44089
|
1.2. AMENAGEMENT DE LA FORET CLASSEE
L'aménagement de la F.C.B. vise avant tout la
réhabilitation de toutes ses fonctions de production (bois, aliments,
plantes médicinales...), de protection (sol, eau, ressources
biogénétiques) et de régulation climatique (WÖLL,
1991).
La phase pilote du projet d'aménagement intitulé
« Réhabilitation de la forêt classée de la
BOSSEMATIE» qui a démarré en Avril 1990 s'est
déroulée sur une période de trois ans avec pour objectif
l'élaboration des bases organisationnelles structurelles et
méthodologiques nécessaires pour un aménagement
intégré (SODEFOR, 2002).
La phase d'aménagement proprement dite a
démarré ensuite avec la rédaction d'un plan
d'aménagement prévue pour une durée de vingt ans, (1995
à 2014) avec une révision prévue à mi parcours (dix
ans).
1.2.1. Objectifs
L'aménagiste a retenu comme critères de
classification des objectifs assignés à cette forêt,
à la fois le niveau d'importance et le caractère temporel.
Objectifs principaux :
- à long terme, l'objectif de la forêt en
aménagement est la production pérenne de bois d'oeuvre de
qualité et des produits secondaires ;
- à moyen terme, c'est-à-dire au cours de cette
phase d'aménagement (1995 2014), l'objectif principal est la
réhabilitation de la F.C.B. avec l'éventualité d'une
récolte contrôlée sur une partie de sa superficie.
Objectifs secondaires :
L'aménagiste a défini ici, quatre objectifs
essentiels à atteindre à moyen terme:
- la recherche forestière, notamment
l'approfondissement de la connaissance concernant la méthodologie
d'amélioration de la forêt y compris le suivi écologique;
la F.C.B. devant servir à ce propos, comme un
« laboratoire » pour les autres forêts de l'Est en
aménagement ;
- la conservation d'écosystèmes particuliers,
à biodiversité importante et/ou fragiles ;
- l'amélioration des conditions de vie des populations
riveraines à travers leur implication dans les travaux
d'aménagement et de protection de la forêt ;
- des objectifs pédagogiques et touristiques.
A partir des différentes investigations menées
lors de la phase pilote (1990 - 1993), la prise en compte de ces objectifs
s'est traduite par une définition de cinq séries dans la
F.C.B. avec des traitements appropriés comme l'indique le tableau
suivant (SODEFOR, 2002a) :
Tableau 2 Prévisions de traitements à
réaliser en F.C.B dans la phase d'aménagement en
cours
Séries
|
Zones traitées (en hectares)
|
Zones non traitées
(en hectares)
|
Total
(en ha)
|
Amélioration (éclaircie
sélective)
|
Régénération par plantation nouvelle
(reboisement)
|
Régénération assistée
(dégagement et enrichissement)
|
Attente, protection
|
Forêt naturelle de production
|
9486
|
0
|
1947
|
379
|
11812
|
Reboisement de production
|
982 (*)
|
326
|
0
|
118
|
1426
|
Recherche
|
0
|
0
|
0
|
1050
|
1050
|
Accueil du public
|
0
|
0
|
0
|
31
|
31
|
Réserves biologiques
|
0
|
0
|
0
|
7234
|
7234
|
total
|
10468
|
326
|
1947
|
8812
|
21553
|
(*) il s'agit des éclaircies des reboisements (à
ne pas confondre avec les éclaircies sélectives des forêts
naturelles).
Parmi ces traitements, seuls l'éclaircie
sélective en forêt naturelle et le reboisement sont
concernés par notre étude. Elles constituent les traitements les
plus importants du point de vue quantitatif et qualitatif.
1.2.2. Niveau actuel des
réalisations
Au cours de la phase pilote (1990 - 1993), cent hectares (100
ha) de forêt ont été éclaircis dans la série
de recherche tandis que près de quatre cents hectares (394 ha) de zones
dégradées par les cultures, ont été
reboisées.
La phase actuelle d'aménagement enregistre quant
à elle, un niveau de réalisation suivant à la fin de
l'exercice 2004:
Tableau 3 Niveau actuel de
réalisation des traitements
Traitement
|
Prévision selon le plan de gestion
1994 - 2004
(en hectares)
|
Cumul réalisé
1994 - 2004
(en hectares)
|
écart
|
Eclaircie sélective
|
4656
|
2164
|
-2492
|
Reboisement
|
710
|
756.19
|
+46.19
|
Après 2000, l'éclaircie sélective a
été arrêtée par le Secteur d'APPOISSO suite au
constat de problèmes sanitaires graves dans les parcelles
traitées (KOUADIO 2004).
Quant aux reboisements, ils ont été
arrêtés en F.C.B. en 2002 car la plupart des zones
libérées des occupations paysannes présentaient un
potentiel de régénération suffisant pour assurer leur
reconstitution par voie naturelle.
1.2.3. Caractéristiques de l'éclaircie
sélective et des reboisements en F.C.B.
1.2.3.1. Eclaircie sélective
L'éclaircie sélective est un traitement
d'amélioration de la forêt naturelle visant à favoriser la
croissance des jeunes arbres de valeur et/ou le développement de la
régénération d'espèces principales (WÖLL et
WAITKUWAIT, 1994).
Les arbres d'avenir sont préalablement
identifiés et sélectionnés selon des critères
liés à la vitalité, l'état sanitaire et des
caractères phénologiques recherchés par
l'aménagiste. Les arbres de moindre valeur gênant les arbres
d'avenir dans leur développement sont alors dévitalisés
par annelage (suppression de l'écorce sur toute la circonférence)
à environ 1.5 mètre de hauteur.
L'opération se justifie dès lors que les arbres
d'avenir sont concurrencés ou dominés au niveau des cimes par les
arbres de qualité secondaire. Un délianage est
éventuellement effectué dans le cas où l'arbre d'avenir
est envahi par les lianes.
L'objectif recherché est de favoriser la croissance des
arbres de valeur disposant des qualités requises pour une production
à terme, de bois d'oeuvre de qualité.
Dans sa mise en oeuvre, l'éclaircie sélective
fait appel aux opérations suivantes :
- la sélection des arbres d'avenir ;
- l'identification des arbres à
dévitaliser ;
- la dévitalisation des arbres par annelage ;
- le délianage des arbres d'avenir.
Ce traitement qui exige de l'opérateur, une grande
technicité repose sur l'étape essentielle du choix des arbres
d'avenir selon plusieurs critères (SODEFOR, 2002).
Contrairement à l'éclaircie
systématique, elle s'avère une méthode souple qui
intègre autant que possible, les recommandations du programme
écologique notamment, les indications pour la préservation des
arbres fruitiers importants pour la survie de certaines espèces
animales.
Mise en oeuvre dans la F.C.B. depuis 1991 dans la série
de recherche, l'éclaircie semble n'avoir pas eu que des résultats
positifs sur les peuplements traités.
Selon KOUADIO (2004), si ce traitement a eu des effets
positifs sur la croissance des arbres d'avenir, les effets de cette application
semblent défavorables en ce qui concerne l'état sanitaire du
peuplement d'avenir. En effet, l'envahissement des lianes a le plus
affecté les arbres d'avenir ou Potential Crop Trees (PCT), ce qui a
entraîné avec les effets conjugués du vent, de nombreux
dégâts (chablis, casses de cimes, etc.).
1.2.3.2. Reboisements
Les plantations forestières réalisées en
F.C.B. sont essentiellement issues de reboisements de reconversion,
c'est-à-dire des plantations d'arbres effectués sur des layons
ouverts dans des zones défrichées et occupées par des
cultures. L'objectif premier recherché est une domination des cultures
par les arbres afin de provoquer leur disparition et la reconversion de
l'espace en forêt.
Les essences forestières utilisées sont
Terminalia superba et Terminalia ivorensis, deux
espèces à croissances suffisamment rapides pour dominer
dès la quatrième année le recrû
particulièrement dense.
Les écartements de plantation sont de six (6)
mètres entre lignes et six (6) mètres sur les lignes soit une
densité de 277 tiges par hectare.
1.3. PROGRAMME D'ACCOMPAGNEMENT ECOLOGIQUE DE
L'AMENAGEMENT.
Le programme d'accompagnement écologique de
l'aménagement de la F.C.B. a démarré depuis Mars 1990 avec
des investigations directes sur le terrain en vue de jeter les bases
scientifiques et techniques d'un programme de «bio monitoring» devant
permettre une évaluation continue des ressources biologiques de la
forêt avec un accent particulier sur la faune.
1.3.1. Objectifs assignés au
programme
Le «bio monitoring» se présente comme un
moyen de contrôle biologique de l'état de la forêt et vise
comme objectif principal, le suivi écologique des effets de son
aménagement. Il s'agit donc d'un processus à long terme.
La présentation des objectifs sous la forme d'un arbre
(annexe 1) permet de mieux faire ressortir l'étendue du champ
d'intervention de ce programme.
Au terme de l'aménagement, l'évaluation de cet
arbre à objectifs permettra de se prononcer avec plus d'assurance sur
l'atteinte de l'objectif global de la réhabilitation de la F.C.B.
à savoir : son aménagement durable à orientation
écologique
1.3.2. Méthodologie de mise en oeuvre et
premiers résultats
Le programme a connu deux phases de mise en oeuvre :
- La première (de 1990 à 1993) a
été consacrée à :
§ la proposition d'un modèle de suivi continue de
l'évolution des ressources naturelles («bio monitoring»)
fondée sur une liste exhaustive d'espèces bio indicatrices
sélectionnées au préalable;
§ la conception et l'installation équitable des
dispositifs de collecte des données sur le terrain.
- La deuxième phase (en cours d'exécution
depuis 1994) a été consacrée à :
§ La collecte mensuelle des données sur une
période de 10 ans (1994 - 2004) au moyen de fiches de
relevé ;
§ La saisie et l'organisation des données dans une
base de données ;
Grâce à des équipes de prospecteurs faune
recrutés parmi des anciens braconniers reconvertis et formés, la
mise en oeuvre pratique de l'opération a consisté à
réaliser les tâches suivantes :
- relevés de traces et observations directes d'animaux
sur des transects et des ceintures matérialisées autour de points
d'attraction avec points d'eau et salines (annexe 2) ;
- observations et relevés d'informations sur la
phénologie des arbres fruitiers importants pour la survie des
animaux ;
- collecte de données précises concernant les
animaux entendus au niveau de poins d'écoute (points d'affût).
Les premiers résultats du suivi écologique sont
consignés dans des rapports disponibles à la Coordination
Régionale de la SODEFOR à Abengourou.
Très généralistes pour la plupart, ces
publications donnent des indications importantes sur les espèces bio
indicatrices retenues pour le programme dans l'ensemble des forêts
classées de l'Est. Elles décrivent les tendances
évolutives de quelques espèces sur de courtes périodes.
2. MATERIELS ET METHODES
2.1. MATERIELS
2.1.1. Matériel de transport
Des sorties sur le terrain ont été
effectuées au moyen d'une motocyclette pendant six jours de travail avec
deux objectifs principaux :
- faire dans un premier temps, un état des lieux de
l'ensemble des dispositifs de relevé sur le terrain ;
- vérifier ensuite la conformité des
données recueillies sur les cartes de végétation à
savoir les zones de traitements effectivement traversées par les
transects des dispositifs de relevé.
2.1.2. Matériels techniques et moyens
humains
Sur le terrain, la détermination précise des
mesures des sections des transects traversées par les différentes
zones de forêt traitées a nécessité l'utilisation
d'un ruban gradué en acier flexible de 50 mètres.
Le dégagement de la végétation sur les
accès aux dispositifs a nécessité l'usage de deux
machettes et les services d'un prospecteur faune.
2.1.3. Matériels informatiques et
logiciels
Le matériel informatique utilisé au cours de
cette étude se compose d'un micro-ordinateur équipé du
système d'exploitation WINDOWS XP et des logiciels de la famille OFFICE
2003. Il a servi au traitement des données et à la production du
document final.
Les cartes ont été produites à partir du
Système d'Information Géographique ATLAS GIS disponible à
la Coordination Régionale de la SODEFOR Abengourou.
- base de données GESBIO
GESBIO est une base de données développée
avec ACCESS 2003 par la SODEFOR pour la saisie, le stockage et le traitement
des données recueillies mensuellement sur les différents
dispositifs des forêts classées.
Installé à Abengourou au siège de la
Coordination Régionale, elle prend en compte en plus de la F.C.B., six
autres forêts dans lesquelles se déroule également le suivi
écologique.
Les axes de recherche offerts d'office par cette base
sont :
- recherche selon la méthodologie de relevé
(points d'attraction ou transects),
- la phénologie des arbres ;
- l'intensité du braconnage ;
- l'impact des aménagements sur la faune ;
- l'étendue du domaine vital des espèces
animales ;
- l'utilisation des différentes strates
forestières par les espèces animales.
Les sorties se présentent sous la forme de listes
d'espèces exportables sur un tableur pour un traitement
ultérieur.
2.2. METHODES
Selon MÜHLENBERG et SLOWIK (1994), la qualité
biologique d'une forêt doit être appréciée en
fonction des animaux qui y vivent.
Les différents traitements forestiers appliqués
par les aménagistes à la F.C.B. entraînent une modification
de ses qualités structurelles et biologiques avec une incidence sur la
faune qu'elle contient.
Afin de mieux apprécier ces effets, des comparaisons
entre les populations animales vivant dans les zones traitées
s'avèrent nécessaires
La méthodologie générale retenue pour
notre étude consiste donc à constituer à partir de la base
de données existante et pour chaque type de traitement
(éclaircie, reboisement), un ensemble de données continues sur
onze années (1994 - 2004) permettant de calculer les fréquences
annuelles d'observations des différentes espèces animales.
2.2.1. Dispositifs de relevé
retenus
Les dispositifs de relevé installés en F.C.B.
ont été conçus de sorte à pouvoir servir à
la mise en oeuvre de deux méthodes de relevés :
- la méthode de relevé à partir des
points d'attraction ;
- la méthode de relevé à partir des
transects.
La seconde méthode a été retenue pour
notre étude car elle n'exclut à priori, aucune espèce
animale identifiable par les équipes écologiques. De plus, les
transects permettent d'explorer une gamme plus large de formations
forestières.
L'examen de la carte du parcellaire de la F.C.B. (annexe 3) a
permis de constater que sur les 16 dispositifs de relevé qu'elle
contient, seulement sept (7) d'entre elles ont certaines parties de leur
transects à l'intérieur de parcelles reboisées ou
traitées selon la méthode de l'éclaircie
sélective.
Pour tenir compte de la période d'étude, seuls
les traitements effectués avant 1993 ont été prises en
compte ; ce qui nous a amené en définitive à ne
retenir que quatre dispositifs (les grappes 2 ; 5 ; 6 et 11).
2.2.2. Techniques d'échantillonnage
L'établissement du profil des transects de chacun des
dispositifs retenus a permis de définir pour chaque traitement, les
portions de transects à prendre en compte pour la constitution des
données des fréquences d'observation d'espèces animales
à partir de la base de données GESBIO.
(T)
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
2000
d2
d5
d11
d6
ES
R
F
F
R
F
ES
F
F
R
F
Longueur des transects en mètres
ES = éclaircie sélective
F = forêt non traitée
R = reboisement
(T) = témoin
dispositifs
Figure 6
Schématisation des sections de transects traversant les zones de
traitement
En définitive, pour permettre une comparaison des
données par type de traitement, la longueur totale des portions de
transects a été ramenée à 1150 mètres pour
chaque type de traitement comme le montre le tableau suivant :
Tableau 4
Définition des sections de transects à retenir par
traitement
traitements
|
Année de traitement
|
Dispositif ou grappe
|
Longueur de portions de transect
|
Total
|
Eclaircie sélective
|
1991
|
2
|
200 mètres
|
1150 mètres
|
5
|
950 mètres
|
Reboisement
|
1992
|
2
|
700 mètres
|
1150 mètres
|
1991
|
5
|
300 mètres
|
1993
|
6
|
150 mètres
|
Zone non traitée (témoin)
|
|
11
|
1150 mètres
|
1150 mètres
|
2.2.3. Choix des espèces bio
indicatrices
Selon MÜHLENBERG et al. (1993), un bio
indicateur est un individu, un groupe ou une communauté d'êtres
vivants dont la présence d'une part ou la relation
facile à constater d'autre part, se laisse si
étroitement corréler avec des paramètres bien
précis de l'environnement que l'on peut l'employer comme indicateur ou
test quantitatif.
Sur la base des travaux de MBAKE et al. (1993),
WAITKUWAIT (1994) a établi (après une étude sur la
préférence des habitats, la facilité d'observation et les
possibilités d'identification des espèces animales), une liste
d'animaux bio indicateurs repartis dans dix (10) groupes
systématiques (annexe 4).
2.2.4. Exploitation et traitement des données
de la base GESBIO
La formulation et l'exécution des différentes
requêtes ont permis l'extraction et le transfert des données de la
base au tableur EXCEL.
Les données recueillies cumulent à la fois le
relevé de traces (empreintes, crottes, touffes de poils...), les
observations directes et les écoutes de cris. La combinaison de ces
types de relevés (directes et indirectes) est indispensable afin
d'être certain de prendre en compte, la majorité des
espèces discrètes dont on ne peut observer aisément que
les traces, ou certains animaux devenus plus farouches ou craintifs du fait de
l'activité anthropique.
Le traitement a consisté à déterminer
pour chaque zone étudiée, quatre paramètres importants
concernant la faune :
- le nombre d'espèces identifiées ;
- le degré de présence de ces
espèces ;
- la diversité spécifique des communautés
animales ;
- l'équitabilité de ces communautés.
2.2.4.1.
Détermination du nombre d'espèces
Il consiste à comptabiliser le nombre d'espèces
animales identifiées par toutes les méthodes de relevé
disponibles (vue, cris, traces poils crottes...).
2.2.4.2.
Détermination du degré de présence
La détermination du degré de présence de
chaque espèce consiste à opérer un classement des animaux
en trois groupes en fonction de leur fréquence d'observation
(F):
- les espèces constantes regroupent celles dont la
présence est confirmée dans 50% ou plus des relevés
considérés (F>50%) ;
- les espèces communes sont celles dont la
présence est confirmée dans 10 à 49% des relevés
(F entre 10-49%) ;
- et enfin les espèces rares sont celles dont la
présence est confirmée dans moins de 10% des relevés (F
< 10%).
Etant donné que les données sont
présentées annuellement, le paramètre F sera le rapport
entre le nombre d'années au cours desquelles l'espèce a
été observée et le nombre total d'années
d'observation (11 années).
2.2.4.3. Diversité
Spécifique
Pour mesurer la diversité des espèces sur un
territoire donné, il faut dénombrer le nombre d'espèces
différentes qui y vivent. Dans cette étude, on parlera
plutôt d'évaluation car la méthodologie d'investigation ne
prend pas en compte toutes les espèces animales du milieu.
L'évaluation de la diversité spécifique
de la faune dans les zones de forêt traitées et non
traitées a donc consisté dans un premier temps, à
comptabiliser pendant les onze (11) années, les fréquences
d'observation de toutes les espèces observées sur les
transects.
La diversité spécifique est en
réalité constituée de deux entités: la richesse en
espèces et l'abondance relative de chaque espèce ou la
régularité de leur distribution de fréquence.
D'où l'intérêt d'introduire en un
deuxième temps, le calcul de l'indice de diversité
spécifique de Shannon-Weaver (noté Ish ou H) qui prend bien
en compte les deux aspects de cette notion.
La formule de calcul littérale de cet indice selon
BARBAULT (1992) est la suivante :
Avec :
H = l'indice de diversité
s = le nombre de groupes taxinomiques
Ni = le nombre d'observations dans le « i
ème » groupe taxinomique
N = le nombre total d'observation dans la
station.
Cet indice permet de donner une mesure de la composition en
espèces d'un écosystème, en termes du nombre
espèces et de leurs abondances relatives.
2.2.4.4. Méthode de
calcul de l'Equitabilité
Il peut arriver que des peuplements à physionomies
très différentes aient une même diversité. Il
convient donc de calculer, parallèlement aux indices de diversité
H ou Ish, l'Equitabilité E encore noté Es, en rapportant la
diversité observée à la diversité théorique
maximale par équipartition des effectifs entre les S espèces
présentes (BARBAULT, 1992).
La formule littérale de calcul de cet indice est la
suivante :
L'Equitabilité varie de 0 à 1; elle tend
vers 0 quand la quasi-totalité des effectifs est concentrée sur
une même espèce; elle est de 1 lorsque toutes les espèces
ont même abondance.
.
2.2.5. Présentation et évaluation des
résultats
Les fréquences d'observations et le degré de
présence des espèces animales sont regroupés par type de
traitement et présentés sous forme de tableaux.
En ce qui concerne les indices de diversité et
l'équitabilité, l'usage de graphiques a été choisi
pour représenter les tendances évolutives observées dans
chacune des zones étudiées. Cette forme de présentation
permet une meilleure visualisation de la dynamique de ces paramètres
pendant la période d'étude.
3. RESULTATS
3.1. CARACTERISTIQUES DE LA FAUNE EN FONCTION DES
TRAITEMENTS D'AMENAGEMENT APPLIQUES À LA FORET
3.1.1. Zones traitées en éclaircie
sélective
3.1.1.1. Nombre
d'espèces identifiées et fréquences
d'observation
Au cours de la période l'étude, des signes de
présence de vingt quatre (24) espèces de mammifères,
quarante quatre (44) espèces d'oiseaux, une (1) espèce de reptile
et deux (2) espèces d'achatines ont été relevés
sur les 1150 mètres de transects en forêt éclaircie soit au
total soixante onze (71) espèces (annexe 5).
Tableau 5 Fréquence
d'observation des espèces animales en zone éclaircie
classes
|
Nombre d'animaux vus ou entendus
|
Nombre de traces relevées
|
Total
|
Invertébrés
|
5
|
0
|
5
|
Reptiles
|
1
|
0
|
1
|
Mammifères
|
353
|
2469
|
2822
|
Oiseaux
|
6552
|
419
|
6971
|
Total
|
6911
|
2888
|
9799
|
Les oiseaux constituent le groupe le plus observé, soit
plus du double de celui des mammifères. Les espèces Tauraco
macrorhynchus, Treron australis et Bleda canicapilla sont les
plus représentées.
Chez les mammifères, les observations directes
semblent peu nombreuses lorsqu'elles sont mises en comparaison avec les traces
relevées, sans doute pour les raisons déjà
évoquées au paragraphe 2.2.4
L'analyse des données sur les traces est assez
délicate. En effet, si l'on considère le cas des animaux
liés au sol comme Loxodonta africana par exemple, un nombre de
traces très élevé peut être le fait d'une petite
population très active. Il en est de même pour Tragelaphus
scriptus.
Pour ces raisons, seules, les données concernant les
observations directes seront prises en compte dans le calcul des
paramètres permettant de caractériser les populations fauniques.
Les observations de traces serviront à confirmer la présence des
espèces dans la zone même si elles n'ont jamais été
vues ou entendues. Elles serviront également à mieux
apprécier l'importance de l'activité de certaines espèces
dans les zones traitées.
3.1.1.2. Degré de présence des
espèces
Le calcul du degré de présence a permis de
classer l'ensemble des espèces observées (annexe 6). Le tableau
suivant présente une synthèse de ces résultats avec un
regroupement des espèces selon la classe.
Tableau 6 Degré de
présence des espèces animales dans les zones éclaircies
(regroupement selon les classes)
Degré de présence
|
mammifères
|
oiseaux
|
reptiles
|
Autres
|
Espèces rares
|
13
|
4
|
1
|
1
|
Espèces communes
|
7
|
13
|
0
|
1
|
Espèces constantes
|
4
|
27
|
0
|
0
|
Total
|
24
|
44
|
1
|
2
|
On constate que le nombre d'espèces d'oiseaux augmente
avec le gradient du degré de présence tandis que celui des
espèces de mammifères suit le sens inverse.
3.1.1.3. Diversité
spécifique
Le calcul donne pour ce paramètre, une valeur de 1,366
en zone de forêt éclaircie.
3.1.1.4. Equitabilité
La valeur de ce paramètre est de 0,759. Il traduit une
assez bonne répartition des effectifs entre les espèces de la
communauté animale vivant dans ce milieu.
3.1.2. Zones traitées selon la méthode
de plantation de reconversion
3.1.2.1. Nombre
d'espèces identifiées et fréquences
d'observation
Sur les 1150 mètres de transect traversant les zones
reboisées, au total soixante neuf (69) espèces dont vingt cinq
(25) appartiennent à la classe des mammifères, quarante deux
(42), à celle des oiseaux et deux (2) invertébrés (annexe
7).
Tableau 7 Fréquence
d'observation des espèces animales en zone reboisée
classes
|
Nombre d'animaux vus ou entendus
|
Nombre de traces relevées
|
Total
|
Invertébrés
|
22
|
2
|
24
|
Reptiles
|
0
|
0
|
0
|
Mammifères
|
341
|
2157
|
2498
|
Oiseaux
|
11922
|
199
|
12121
|
Total
|
12285
|
2358
|
14643
|
Les oiseaux représentent encore ici, le groupe le plus
observé avec 12 122 signes de présences relevées,
suivi de celui des mammifères (2497 signes de présence
relevés).
En ce qui concerne les observations directes (animaux vus ou
entendus), les oiseaux viennent encore largement en tête avec les
espèces Treron australis, Tockus semifasciatus, Tauraco
macrorhynchus, Pycnonotus barbatus et Andropadus virens (annexe
7).
Les mammifères qui arrivent en seconde position sont
dominés par Cercopithecus mona Nandinia binotata, Cercopithecus
petaurista et Genetta pardina.
Bien que le nombre d'espèces relevés dans les
zones de plantation forestière (71) est légèrement
inférieur à celui de la forêt éclaircie (69), le
constat est que d'une façon générale, les observations
d'animaux sont beaucoup plus importants dans les reboisements (14643 contre
9799 indices de présence relevés).
3.1.2.2. Degré de présence
Le degré de présence des espèces
identifiées dans les reboisements a été
déterminé selon le même procédé de calcul
adopté au paragraphe 3.1.1.1. (annexe 8).
Le regroupement des espèces selon la classe permet de
présenter ces données de manière synthétique.
Tableau 8 Degré de
présence des espèces animales dans les zones reboisées
(regroupement selon les classes)
Degré de présence
|
mammifères
|
oiseaux
|
reptiles
|
Autres
|
Espèces rares
|
13
|
7
|
0
|
0
|
Espèces communes
|
5
|
5
|
0
|
1
|
Espèces constantes
|
7
|
30
|
0
|
0
|
Total
|
25
|
42
|
0
|
1
|
La moitié des espèces de mammifères
identifiées dans les reboisements se compte parmi le groupe des
espèces rares tandis que près des deux tiers des espèces
d'oiseaux identifiées sont constants dans ce milieu.
3.1.2.3. Diversité spécifique
L'indice de diversité spécifique de la faune des
zones reboisées est égal à 1,266. Il est inférieur
à la valeur trouvée en zone de forêt éclaircie qui
était de 1,366.
3.1.2.4. Equitabilité
Le calcul de l'Equitabilité des populations animales
dans les reboisements donne une valeur de 0,718 légèrement
inférieure à celle trouvée dans les zones de forêts
éclaircies. Elle indique donc un équilibre relatif moins
prononcé de la répartition des effectifs entre les
différentes espèces identifiées.
3.1.3. Zones non traitées
Les zones non traitées qui serviront de témoin
dans nos analyses, sont constituées de formations forestières de
la série de protection biologique très peu perturbées par
les activités anthropiques et pour lesquelles, l'aménagiste n'a
spécifié aucune intervention pendant la période
d'aménagement en dehors de la surveillance et des relevés du
« bio monitoring ».
3.1.3.1. Nombre
d'espèces identifiées et fréquences
d'observation
De 1994 à 2004, les données recueillies ont
permis de mettre en évidence 70 espèces animales dont 24
mammifères, 43 oiseaux, 1 reptile et 2 invertébrés.
3.1.3.2. Degré de présence des
espèces identifiées
Le degré de présence de toutes les
espèces identifiées dans les zones non traitées a
été également déterminé (annexe 9). Le
regroupement des espèces selon la classe donne le tableau suivant :
Tableau 9 Degré de
présence des espèces animales dans les zones non traitées
(regroupement selon les classes)
Degré de présence
|
mammifères
|
oiseaux
|
reptiles
|
Autres
|
Espèces rares
|
17
|
7
|
1
|
1
|
Espèces communes
|
4
|
9
|
0
|
0
|
Espèces constantes
|
3
|
27
|
0
|
1
|
Total
|
24
|
43
|
1
|
2
|
Du point de vue quantitatif, on constate que les tendances
constatées dans les zones traitées se retrouvent dans les zones
de référence. En effet, le degré de présence de
mammifères demeure faible. Celui des oiseaux se maintient
également à un niveau assez élevé.
3.1.3.3. Diversité
spécifique
L'indice de diversité spécifique de la faune des
zones non traitées est égal à 1,346. Il est
légèrement inférieur à la valeur trouvée
dans les éclaircies (1,366), mais supérieure à celui des
zones reboisées (1,266).
3.1.3.4. Equitabilité
L'Equitabilité de la faune de la zone de
référence est égale à 0,766. Elle est plus
élevée que les valeurs trouvées dans les zones
traitées, témoignant ainsi, d'une meilleure stabilité de
la faune dans les formations forestières les moins soumises aux facteurs
anthropiques.
3.2. TENDANCES EVOLUTIVES DES ESPECES ANIMALES SOUS
L'EFFET DES DIFFERENTS TRAITEMENTS
3.2.1. Zones traitées en éclaircie
sélective
3.2.1.1. Evolution des fréquences d'observation
des espèces animales
De 1994 à 2004, l'évolution du nombre
d'espèces observé annuellement en zone éclaircie (toutes
espèces confondues) se présente de la manière
suivante :
Figure 7 Evolution du nombre d'espèces
relevées dans les zones de forêt éclaircies de 1994
à 2004
On constate que le nombre d'espèces relevés
annuellement a évolué entre les valeurs extrêmes de 41
(2001) et 30 (2002). L'allure générale de la courbe est
irrégulière mais légèrement positive (courbe de
tendance ascendante).
L'évolution des fréquences d'observation peut
également s'apprécier au niveau de chaque espèce en
comparant les observations des cinq premières années de la
période (1994 - 1998) à celles des cinq dernières
années (2000 - 2004) au moyen d'un type de graphique particulier
(figure 8).
Parmi les espèces identifiées, certaines ont
été rencontrées très fréquemment tandis que
d'autres n'ont été observées que très rarement.
Afin de pouvoir rassembler des données aussi disparates sur un
même graphique, une échelle logarithmique a été
choisie pour les deux axes (abscisse et ordonnée).
Ce type de présentation a l'avantage de comparer deux
situations précises :
- la situation des observations en début de
période ;
- la situation en fin de période.
Ce qui permet ainsi de faire la part entre les espèces
en hausse, celles qui sont devenues moins observables et les espèces
dont les fréquences d'observation n'ont pas sensiblement
varié.
Figure 8 Tendances évolutives des
fréquences d'observation des mammifères de 1994 à 2004
Les espèces apparaissent par ordre de fréquence
croissant le long de la bissectrice en partant de l'origine des axes. Elles
peuvent par conséquent être regroupées par classes de
fréquences d'observation.
La bissectrice de l'angle formé par les axes du
graphique est une droite théorique illustrant la situation fictive
où toutes les espèces sont observées le même nombre
de fois en début et en fin de période. Elle permet de repartir
les espèces animales en trois catégories :
- les espèces situées au dessus de la
bissectrice sont celles dont les fréquences d'observation ont
augmenté pendant la période d'étude ;
- celles situées en dessous sont celles dont les
fréquences d'observation ont diminué pendant la période
d'étude ;
- enfin celles qui sont situées sur la bissectrice ou
dans ses alentours immédiats sont celles dont les fréquences
d'observation n'ont pas varié ou très peu.
Figure 9 Tendances évolutives des
fréquences d'observation d'oiseaux de 1994 à 2004 en forêt
éclaircie
Sur ce graphique, on constate que la plupart des
espèces d'oiseaux sont regroupées le long de la bissectrice, ce
qui signifie que les observations ont peu varié du début à
la fin de la période d'étude.
3.2.1.2. Evolution de la diversité
spécifique pendant la période d'étude
L'analyse de l'évolution de la diversité
spécifique peut se faire à travers l'observation de la tendance
évolutive des indices de Shannon-Weaver et de l'Equitabilité de
1994 à 2004. Cela revient à calculer les valeurs annuelles de ces
deux paramètres et à faire une interprétation de l'allure
des courbes obtenues après évaluation.
Les calculs effectués à partir des
données de base ont fourni des résultats (annexe 10) dont
l'évaluation graphique est la suivante :
a
b
a
Figure 10 Evolution de
l'Indice de Diversité Spécifique et de l'Equitabilité de
la faune en zone de forêt éclaircie
Au cours de la période, on constate une
irrégularité de l'indice de diversité spécifique
(valeurs oscillant entre 1,129 et 1,370), mais avec une tendance moyenne
positive (allure de la courbe de tendance associée). Cette tendance de
l'Ish à l'augmentation peut laisser transparaître un gradient de
stabilité du milieu tout le long de la période d'étude.
La courbe représentant l'Equitabilité adopte
à quelques inflexions près, la même allure que celle de
l'Ish. Les valeurs prises par ce paramètre au cours de la période
d'étude, sont élevées (de 0,757 à 0,874) traduisant
un relatif équilibre entre les espèces représentées
(bonne distribution de l'abondance relative entre les espèces).
Ici également, la tendance générale est
à la hausse tout comme le montre la courbe de tendance
associée.
3.2.2. Zones traitées selon la méthode
de plantation de reconversion
3.2.2.1. Evolution annuelle des fréquences
d'observation des espèces animales
Le nombre d'espèces animales observé
annuellement sur les transects en zone de forêt reboisée varie
entre 33 et 42 espèces par an.
Figure 11 Evolution du nombre d'espèces
animales observées annuellement dans les reboisements de 1994 à
2004
L'allure de cette courbe présente deux parties
distinctes :
- une première partie correspondant à la
période de 1994 à 1998 caractérisée par une
stagnation du nombre d'espèces relevés ;
- une deuxième partie correspondant à la
période de 1999 à 2004 marquée par une brusque
augmentation suivie d'une phase irrégulière du nombre
d'espèces relevées.
La courbe de tendance associée décrit
également ici, une croissance générale du paramètre
mesuré au cours de la période d'étude (pente = 0,663).
Les graphiques suivants montrent l'évolution de chacune
des espèces identifiées dans les reboisements au cours de la
période d'étude :
Figure 12 Tendances évolutives des
fréquences d'observation de mammifères dans les zones
reboisées de la F.C.B.
Figure 13 Tendances évolutives des
fréquences d'observation d'oiseaux dans les zones reboisées de la
F.C.B.
Les espèces de mammifères identifiées
sont pour la plupart en hausse au regard de leur fréquence
d'observation. Les tendances les plus remarquables dans ce sens sont :
Nandinia binotata, Megaloglossus woermanni, Thryonomys swinderianus
et Cephalophus sylvicultor.
Les espèces ayant enregistré une baisse
sont : Colobus verus, Tragelaphus scriptus et Genetta
pardina.
En ce qui concerne les oiseaux, les espèces
identifiées sont pour la plupart relativement stables (regroupement le
long de la bissectrice).
Celles qui ont fait l'objet d'une hausse remarquable au cours
de la période d'étude sont :
Turtur tympanistria, Columba iriditorques, Andropadus
virens, Chrysococcyx flavigularis, Guttera edouardi, Nicator chloris
et Cercococcyx olivinus.
3.2.2.2. Evolution de la diversité
spécifique pendant la période d'étude
L'indice de Shannon-Weaver et l'Equitabilité ont
été calculés annuellement, de 1994 à 2004 (annexe
10). L'évaluation graphique de ces données est la
suivante :
a
b
a
b
b
a
b
b
b
Figure 14 Evolution de l'Indice de Diversité
Spécifique et de l'Equitabilité de la faune en zone de
forêt reboisée
La courbe de l'Indice de diversité spécifique
présente pour cette communauté animale, une allure beaucoup plus
régulière mais avec des valeurs inférieures à
celles des zones éclaircies. Elle est croissante sur toute la
période d'observation mais avec un rythme plus élevé que
celle de la zone éclaircie au regard de la pente des deux courbes de
tendance (figures 10 et 14).
L'Equitabilité connaît également une
allure assez régulière avec des valeurs variant entre 0,696 et
0,837. Ces valeurs élevées pour ce paramètre traduisent
comme dans le cas des zones éclaircies, un meilleur équilibre
interspécifique et assurément une absence de compétition
entre espèces animales pour les ressources du milieu.
3.2.3. Zones non traitées
3.2.3.1. Evolution des fréquences d'observation
des espèces animales
De 1994 à 2004, l'évolution des espèces
observées annuellement (toutes espèces confondues) se
présente comme suit:
Figure 15 Evolution du nombre d'espèces
animales relevées de 1994 à 2004 en zone de forêt non
traitée
On constate que le nombre d'espèces relevés
annuellement a évolué entre les valeurs extrêmes de 21
(1994) et 39 (2001). L'allure générale de la courbe est assez
irrégulière mais positive (courbe de tendance ascendante).
3.2.3.2. Evolution de la diversité
spécifique pendant la période d'étude
Les tendances évolutives de la diversité
spécifique ont été également
appréciées dans la zone de référence à
travers le calcul des valeurs annuelles de l'indice de diversité
spécifique et de l'Equitabilité pendant la période
d'étude, conformément à la démarche de calcul
adoptée dans les zone traitées (annexe 10).
L'évaluation de ces données a permis
d'établir le graphique suivant :
a
b
b
a
Figure 16 Evolution de l'Indice de Diversité
Spécifique et de l'Equitabilité de la faune en forêt non
traitée (témoin).
Au cours de la période, l'indice de diversité
spécifique évolue assez régulièrement (valeurs
oscillant entre 1,107 et 1,384), avec une tendance moyenne positive (voir
allure de la courbe de tendance associée). Cette tendance de l'Ish
à l'augmentation qui est constatée sur l'ensemble des zones
étudiée semble être un phénomène
général dû certainement aux actions de
réhabilitation de la F.C.B..
La courbe représentant l'évolution de
l'Equitabilité présente une allure plus régulière
que celle des zones traitées. Les valeurs prises par ce paramètre
au cours de la période d'étude, sont les plus
élevées (de 0,800 à 0,896).
L'Equitabilité évolue très peu pendant la
période d'étude quand bien même la tendance
générale soit à une légère hausse (voir
courbe de tendance associée).
La zone de forêt non traitée apparaît ici
comme un milieu abritant une faune très diversifiée et assez
stable en ce qui concerne l'équilibre entre les espèces
(abondance relatives). Ces caractéristiques sont en
général communes aux forêts peu perturbées ;
elles laissent transparaître par ailleurs, une compétition
interspécifique faible du fait de l'abondance des ressources
alimentaires.
4. ANALYSES ET SUGGESTIONS
4.1. ANALYSE DES EFFETS DE L'ECLAIRCIE SELECTIVE SUR
LA FAUNE
L'éclaircie sélective est un traitement qui est
appliqué essentiellement sur la strate moyenne du peuplement forestier.
Elle s'avère dans sa mise en oeuvre, un traitement adapté aux
forêts fortement perturbées en ce sens qu'elle n'occasionne pas
une ouverture brutale du peuplement et elle ne supprime à terme,
seulement 10 % de la surface terrière totale du peuplement (WÖLL,
1994).
4.1.1. Influence sur les habitats et les ressources
alimentaires
En définitive, l'éclaircie sélective
n'entraîne pas une modification majeure de la structure de la
forêt. Mais elle peut avoir des incidences sur les micro habitats et
niches écologiques de certaines espèces animales.
L'opération qui consiste à supprimer les lianes
sur les arbres d'avenir peut constituer un handicap pour le déplacement
de certaines espèces de primates.
Même s'il est admis que l'éclaircie
sélective n'occasionne pas une ouverture importante du peuplement, elle
est à l'origine d'un éclairement progressif du sous bois, ce qui
a pour conséquence une modification de la composition floristique du
fait de la prolifération d'espèces végétales
herbacées et lianescentes au niveau des strates inférieures
(KOUADIO, 2004).
Cette modification influe notablement la faune vivant dans ces
strates forestières. Une étude conduite par WALTERT (1996) dans
la série « recherche« de la F.C.B. sur les oiseaux du sous
bois, indique la présence significative d'au moins 5 espèces
d'oiseaux dans les zones éclaircies au détriment des zones de
forêt non traitée.
En ce qui concerne les effets de l'éclaircie
sélective sur les ressources alimentaires, aucune étude n'a
encore été menée sur ce sujet. Il faut retenir cependant
que ceux-ci ont été fortement atténués par les
mesures de protection préconisées par le protocole en faveur des
arbres fruitiers importantes pour l'alimentation de la faune (paragraphe
1.2.3.1).
Si on ajoute à ce fait, le caractère peu
nuisible de l'opération évoqué plus haut (faiblesse du
taux d'arbres supprimés), on peut admettre que l'éclaircie
sélective n'a pas affecté le potentiel en ressources alimentaires
de la zone.
Les modifications des habitats dans les strates moyennes et
inférieures constituent donc les principaux effets de l'éclaircie
sélective en F.C.B.. Il importe de savoir quelles sont les incidences de
ces changements sur la faune. Pour ce faire, une analyse comparative des
caractéristiques des communautés animales des zones
traitées et non traitées est nécessaire. C'est l'objet du
paragraphe suivant.
4.1.2. conséquences sur le degré de
présence, et la dynamique des espèces fauniques
4.1.2.1. Analyse du degré de présence
des espèces dans les zones éclaircies
Cette analyse est faite en appréciant le degré
de présence des espèces bio indicatrices (paragraphe 2.2.3) dans
les différentes strates forestières affectées par le
traitement. Le tableau suivant présente les premières
conclusions.
Tableau 10 Analyse du
degré de présence des espèces bio indicatrices dans les
zones éclaircies
indicateur
|
Groupe systématique
|
Degré de présence des
indicateurs
|
conclusions
|
Variation de la canopée continue :
|
Groupe 3: 7 espèces de singes.
|
Les espèces Colobus verus, Cercopithecus
mona et Cercopithecus petaurista sont constantes ou communes.
|
Les éclaircies semblent maintenir la canopée
suffisamment continue pour un meilleur épanouissement des espèces
animales liées à la strate moyenne de la forêt.
|
Groupe 4 : 7 espèces de calaos.
|
Toutes les espèces d'oiseaux indicatrices sont communes
ou constantes dans les zones éclaircies.
|
Variation de la structure ouverte du sous-bois :
|
Groupe 5 : 7 espèces d'antilopes.
|
Les espèces indicatrices sont absentes ou rares dans les
zones éclaircies.
|
L'ouverture du sous bois semble insuffisant pour permettre
l'épanouissement des mammifères liées à cette
strate ; mais cela ne semble par gêner les oiseaux du sous bois.
|
Groupe 6 : 4 espèces de phasianidés.
|
Trois des quatre espèces d'oiseaux indicateurs sont
communes ou constantes.
|
Variation de la structure discontinue de la strate
supérieure :
|
Groupe 7 : 4 espèces de pigeons.
|
Trois des quatre espèces d'oiseaux indicateurs sont
constantes.
|
L'éclaircie sélective affecte peu les strates
supérieures de la forêt ; elle a peu d'influence sur les
espèces animales qui vivent dans cette strate.
|
Variation de la structure discontinue de la strate
inférieure :
|
Groupe 8 : 6 espèces de bulbuls.
|
Les espèces sont diversement reparties dans les trois
groupes
(espèces rares communes ou constantes).
|
On ne peut pas conclure.
|
Groupe 9 : 6 espèces de coucous.
|
4.1.2.2. Analyse de la dynamique de la faune en
forêt éclaircie
La valeur moyenne de l'indice de diversité
spécifique des zones éclaircies (1,366) est
légèrement supérieure à celle des zones de
forêt non traitées (1,346). Ce fait traduit une meilleure
représentation des espèces animales dans ce milieu. En effet
l'éclaircie sélective crée à travers l'augmentation
de l'éclairement qu'elle occasionne dans le peuplement forestier, une
multitude de micro habitats favorables à de nouvelles espèces
moins représentées dans la forêt naturelle non
traitée
L'Ish évolue positivement pendant la période
d'étude aussi bien dans la forêt naturelle éclaircie que
dans la zone « témoin » mais avec une allure plus
irrégulière dans les éclaircies. Ce fait traduit une
variabilité un peu plus importante de la composition spécifique
et de la répartition des abondances relatives entre les espèces
de la communauté animale vivant dans les zones traitées.
L'Equitabilité quant à elle est moins
élevée dans les zones éclaircies que dans le
« témoin ». L'éclaircie semble influer
négativement sur la régularité de la distribution des
effectifs entre les espèces constatée en forêt naturelle
non traitée.
Cet indice varie très peu en forêt naturelle non
traitée au cours de la période d'étude; ce qui n'est pas
le cas dans la forêt éclaircie.
En résumé, il faut retenir que les
communautés animales vivant dans la forêt naturelle
éclaircie et non éclaircie présentent une
similarité au regard des valeurs moyennes très voisines de l'Ish
et de l'Equitabilité obtenues pour ces deux zones.
Cependant l'analyse de la dynamique de la communauté
animale des zones éclaircies révèle que celle-ci est
impactée par le traitement qui perturbe la régularité de
la distribution des effectifs entre les espèces et augmente
légèrement la variabilité de la diversité
spécifique.
4.2. ANALYSE DES EFFETS DU REBOISEMENT SUR LA
FAUNE
4.2.1. Influence sur les habitats et les ressources
alimentaires
En F.C.B., les reboisements de reconversion sont
effectués essentiellement sur les anciennes occupations agricoles.
Les zones reboisées présentent donc à la
création, une structure non forestière comparable aux formations
en formes de mosaïques forêt - culture - friches, fréquemment
rencontrées dans le domaine rural.
Le reboisement avec des essences à croissance rapide
est un traitement qui a la capacité de transformer en moins de dix
années, ce milieu en une formation végétale à
structure forestière avec deux strates (un sous bois et une seule strate
arborescente). Il occasionne donc, une transformation très importante
des habitats au cours de la période d'étude. Compte tenu de
l'absence d'éclaircies et de l'arrêt des entretiens dans ces
parcelles trois ans après leur mise en place, le sous bois et la
canopée demeurent fermés. Cette structure est cependant
interrompue ponctuellement par des trouées dues aux mortalités et
aux chablis.
La disponibilité des ressources alimentaires pour la
faune est fonction de l'évolution que subit la végétation
d'une manière générale. Comme dans le cas de
l'éclaircie sélective, elle n'a pas encore fait l'objet d'une
étude précise mais le développement spectaculaire de la
flore témoigne d'une productivité primaire
élevée.
L'appréciation de l'effet de ce traitement sur la faune
se fera comparativement aux autres zones étudiées.
4.2.2. conséquences sur le degré de
présence, et la dynamique des espèces fauniques
4.2.2.1. Analyse du degré de présence
des espèces dans les zones reboisées
Comme au paragraphe 4.1.2.1, l'analyse du degré de
présence des espèces dans les zones reboisées est faite
à partir de celle des bio indicateurs dans les différentes
strates affectées par le traitement. Le tableau suivant présente
les conclusions de cette analyse :
Tableau 11 Analyse du
degré de présence des espèces dans les zones
reboisées
indicateur
|
Groupe systématique
|
Degré de présence des
indicateurs
|
Conclusions
|
Variation de la canopée continue :
|
Groupe 3: 7 espèces de singes.
|
Colobus verus, Cercopithecus mona et Cercopithecus
petaurista sont communes ou constantes (les 4 autres étant
absentes).
|
la canopée continue des peuplements équiennes
favorise les mammifères et les oiseaux liés à cette
strate.
|
Groupe 4 : 7 espèces de calaos.
|
6 espèces indicatrices sur 7 sont constantes dans les
reboisements.
|
Variation de la structure ouverte du sous-bois :
|
Groupe 5 : 7 espèces d'antilopes.
|
Sur les 7 espèces indicatrices, 6 sont rares ou absentes
et 1 est constante.
|
Le caractère fermé du sous-bois des parcelles
reboisées semble ne pas favoriser les mammifères
préférant une structure ouverte de cette strate tandis que les
oiseaux semblent s'en accommoder.
|
Groupe 6 : 4 espèces de phasianidés.
|
Sur les 4 espèces indicatrices, 3 sont constantes ou
communes dans les zones reboisées.
|
Variation de la structure discontinue de la strate
supérieure :
|
Groupe 7 : 4 espèces de pigeons.
|
Les 4 espèces indicatrices sont constantes dans les
reboisements.
|
La présence de quelques trouées dans la strate
supérieure semble favoriser les espèces d'oiseaux
préférant les structures discontinues de cette strate.
|
Variation de la structure discontinue de la strate
inférieure :
|
Groupe 8 : 6 espèces de bulbuls.
|
Sur les 6 espèces indicatrices 5 sont constantes et 1 est
absente (Ixonotus guttatus).
|
Voir les conclusions de la strate supérieure.
Les reboisements de Fraké et Framiré
présentent une seule strate arbustive (cf. 4.2.1).
|
Groupe 9 : 5 espèces de coucous.
|
sur les espèces 4 sont constantes et 1 est commune.
|
4.2.2.2. Analyse de la dynamique de la faune dans les
zones reboisées
- Evolution des fréquences d'observation de 1994
à 2004
L'analyse conjointe du tableau des espèces bio
indicatrices (annexe 4) et des graphiques présentant l'évolution
des fréquences d'observation (figures 12 et 13) permet de faire
plusieurs remarques :
- les espèces de primates bio indicatrices les plus
observées sont Cercopithecus mona et Cercopithecus
petaurista. Elles connaissent une augmentation en termes de
fréquences d'observation pendant la période d'étude. La
fermeture progressive de la strate arbustive avec une canopée continue
serait à l'origine de ces tendances évolutives. Dans le
même sens, les fréquences d'observation d'oiseaux indicateurs de
structure fermée de la canopée ne varient pas de manière
importante (sauf Tockus semifasciatus qui connaît une baisse
sensible).
- Les espèces d'oiseaux caractéristiques de
l'ouverture du sous bois sont moins observées vers la fin de la
période ; ce qui traduirait une fermeture de plus en plus
importante du sous bois qui leur est défavorable.
- Trois des quatre espèces d'oiseaux bio indicatrices
de la structure discontinue de la strate supérieure enregistrent des
fréquences d'observation en baisse vers la fin de la période
d'étude. La fermeture progressive des trouées causées par
les chablis pourrait être à l'origine de ce constat.
- évolution des de la Diversité
Spécifique et de l'Equitabilité de la faune
La valeur moyenne de l'Ish dans les zones reboisées
(1,266) est inférieure à celle de la forêt naturelle
(1,346) et à celle des zones éclaircies (1,366), traduisant ainsi
un milieu biologiquement moins stable que les deux autres.
Au cours de la période d'étude, cet indice
connaît cependant dans les reboisements, une croissance
régulière légèrement plus forte que celle du
témoin et de la zone de forêt éclaircie. Le rythme de
l'évolution de la diversité spécifique y est plus forte,
à cause de la forte activité biologique (production primaire,
cycles vitaux, etc...) qui règne en ce milieu.
L'indice d'Equitabilité y est naturellement plus
faible par rapport aux autres zones étudiées car cet indice est
inversement proportionnel à l'activité biologique.
La régularité de la répartition des
fréquences d'observation entre les espèces présentes est
encore moins parfaite dans les reboisements mais elle connaît un rythme
d'évolution plus élevé (cf. courbes de tendances de
l'Equitabilité).
En résumé on peut affirmer que la
communauté animale vivant dans les reboisements en F.C.B. se distingue
de celle des deux autres zones. En effet, elle paraît moins stable que
celles des zones de forêt naturelle éclaircie ou non, du point de
vue de la composition spécifique et de l'équilibre relatif entre
les différentes espèces qu'elle contient.
La structure de cette communauté animale connaît
cependant un rythme d'évolution plus élevé pendant la
période d'étude et les valeurs des paramètres
calculés (notamment l'Equitabilité) illustrent probablement une
compétition interspécifique plus marquée.
4.3. AVENIR DE LA FAUNE
SOUS L'EFFET DE L'AMENAGEMENT
4.3.1. Evolution des
habitats
La F.C.B. est une forêt dont la population faunique est
en perpétuelle évolution. En effet, quelle que soit la zone
étudiée, les fréquences d'observation d'espèces et
les différents indices calculés ont connu une allure croissante
tout le long de la période d'étude.
Cette tendance peut être comprise comme une
évolution naturelle des différents écosystèmes du
massif peu anthropisées vers un état d'équilibre
caractérisé au niveau de l'Equitabilité par des valeurs
maximales de ce paramètre.
A certains endroits de la forêt, cette évolution
naturelle sera perturbée par les traitements d'aménagement qui
ont pour caractéristique essentielle de modifier les habitats.
Le plan d'aménagement prévoit d'atteindre
à terme, 9486 hectares de forêt naturelle à
éclaircir soit 44% et 756 hectares de reboisement (3%) qui ont
été du reste déjà créés. Ce qui
signifie que près de la moitié des habitats naturels de la F.C.B.
sera influencée par les traitements d'aménagement.
On voit ici, le caractère judicieux d'avoir opté
pour la définition de la série de protection biologique de 7234
hectares dispensée de traitement. En effet ce bloc pourra jouer
efficacement son rôle de « réservoirs de la
biodiversité » (WÖLL et WAITKUWAIT, 1994) car elle
sera disposée à recevoir les espèces animales dont les
exigences ne sont plus assurées par les forêts
éclaircies.
4.3.2. Diversité
biologique
Au cours de la période d'étude, nous avons
constaté que l'indice de diversité spécifique était
élevé dans toutes les zones traitées et non
traitées. Ce qui signifie que les populations animales de la F.C.B.
connaissent une croissance aussi bien quantitative que qualitative. Mais
à notre avis, il faut (par mesure de prudence) prolonger l'observation
sur une période plus longue avant de conclure définitivement sur
cette tendance à la hausse de la diversité.
En marge de cette tendance, il est apparu que certaines
espèces sont menacées d'extinction dans la F.C.B.. Il s'agit
principalement des espèces rares dont la fréquence d'observation
a diminué sensiblement pendant la période d'étude. Pour
ces dernières, des études complémentaires sont
nécessaires afin d'établir les raisons de leur disparition car en
plus du changement des habitats, plusieurs facteurs peuvent être mises en
cause notamment le braconnage, les facteurs liées à
l'espèce (tels que par exemple, la durée du cycle de
reproduction) ou même d'autres phénomènes biologiques
encore mal connus.
En ce qui concerne les habitats, on peut affirmer que leur
croissance attendue en nombre et en diversité au terme de
l'aménagement (du fait des importantes prévisions de superficies
à éclaircir) aura un effet positif sur la diversité
spécifique.
4.3.3. Tendances
évolutives d'ordre quantitatif
Les calculs de fréquences d'observation d'animaux ont
permis de mettre en évidence, un gradient de ce paramètre qui
semble être fonction de l'ouverture du peuplement forestier.
Si l'on se fonde sur les superficies de forêt que
l'aménagiste envisage d'éclaircir avant la fin de la phase
d'aménagement en cours, on peut s'attendre à une augmentation des
fréquences d'observation des espèces animales de façon
générale.
Pour mieux apprécier ces tendances, il est à
présent nécessaire qu'en lieu et place des abondances relatives
il soit possible de disposer de données absolues (notamment à
travers le développement de la méthode « Distance
Sampling »). Ainsi, grâce au système d'information
géographique (SIG) disponible à la Coordination Régionale
d'Abengourou, il sera aisé d'évaluer avec plus de
précision les effectifs et partant, les densités des
différentes espèces animales.
|