CONCLUSION GENERALE
Cette étude est engagée dans le but de
vérifier empiriquement l'influence, s'il y en a, du développement
financier sur la croissance économique au Bénin d'une part, puis
la nature de relation causale entre la sphère financière et la
sphère réelle d'autre part. L'estimation d'une équation
prenant en compte les déterminants traditionnels de la croissance les
plus significatifs pour le cas du Bénin et des variables
financières montre une relation fortement significative (coefficients
significatifs à 5%) et positive entre une variable financière
(l'encours de crédits à l'économie) sur les quatre
retenues et la croissance économique ce qui autorise à conclure
de l'existence d'un effet positif du développement financier sur
croissance au Bénin. De plus l'analyse de causalité à la
« Granger » permet de confirmer qu'il existe un lien
bidirectionnel entre le développement financier et la croissance
économique au Bénin. Ces différents résultats
confirment les deux hypothèses de l'étude mais infirment ceux
déjà obtenus par Raffinot et Venet (1998) puis la thèse de
Patrick (1966) selon laquelle c'est le développement financier qui
induit le développement réel dans les pays en
développement, et non l'inverse. Par ailleurs l'analyse isolée de
la microfinance a montré l'efficacité de ce secteur en
matière de contribution à la croissance.
En effet l'étude recommande un développement du
secteur financier béninois orienté vers l'accroissement des
masses de crédits distribués aux entreprises en vue d'une
accélération de la croissance économique. Aussi un
assainissement et la mise en place d'un cadre favorable à la concurrence
dans le secteur de la microfinance seraient bénéfiques pour un
accès plus important des individus pauvres mais actifs aux services
financiers de qualité.
Cette étude comporte néanmoins un certain nombre
d'insuffisances. Une limite importante concerne la période retenue. En
effet cette période s'arrête en 2004 alors que l'étude est
réalisée en 2008/2009. Cela est lié à
l'accès très difficile aux données récentes de
certaines des variables du modèle de l'étude. L'étude a
également occulté le lien qui peut exister entre le
développement financier et l'inflation d'une part, et le lien entre
développement financier et instabilité financière au
Bénin. En effet selon leurs nature et ampleur, ces différents
liens pourraient réduire voire compromettre l'impact positif du
développement financier sur la croissance économique. Par
ailleurs l'activité de microfinance au Bénin est supposée
nulle sur la période de 1972-1999 alors que non seulement les
systèmes traditionnels de microfinance tels que les tontines et les
usures existent bien avant 1972 mais aussi, comme il est mentionné plus
haut, les CLCAM ont été crées depuis 1975 au
Bénin. Mais les données globales de la microfinance ne sont
disponibles à la cellule de microfinance qu'à partir de 1999, un
an après la date de la création de cette dernière. Aussi
l'analyse de la microfinance aurait pu être réalisée par un
modèle économétrique, mais la courte période sur
laquelle sont disponibles les données de ce secteur ne rend pas une
telle analyse possible.
Les prochaines études dans le domaine devront prendre
en compte dans la mesure du possible ces différentes limites, en
intégrant par exemple à l'analyse, l'influence du
développement financier sur l'inflation et/ou celle du
développement financier sur l'instabilité financière.
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