SECTION II :
Résultats et implications de l'étude
Paragraphe
I : Résultats et interprétations
A- Liaison entre finance et croissance
économique
1- Résultats de
l'estimation
Les résultats des tests de stationnarité sont
synthétisés dans les tableaux ci-après. La
stationnarité de la variable est jugée à partir de la
comparaison entre les statistiques ADF (Augmented Dickey Fuller) et les valeurs
critiques tabulées par Mackinnon (Mackinnon critical value = CV).
L'alternative d'hypothèses qui se présente à l'issue du
test est la suivante :
H0 : racine unitaire ou non
stationnarité
H1 : non racine unitaire ou
stationnarité
Dans la mesure où les valeurs critiques sont
négatives, la règle de décision est la suivante :
Si en valeur absolue ADF CV, on rejette l'hypothèse
nulle de non stationnarité.
Si en valeur absolue ADF CV, on accepte l'hypothèse
nulle de non stationnarité.
Les tests sont appliqués en niveau puis en
différence première au cas où il y aurait présence
de racine unitaire à ce premier stade.
Tableau 4: Résultats des tests
de stationnarité en niveau sur les variables réelles
test
|
LPIBPOP
|
LDG
|
t
|
CVà 5%
|
t
|
CVà5%
|
ADF(1)
|
-2,1649
|
-3,5614
|
-1,7934
|
-3,5614
|
Source :
Réalisé à partir des résultats de Eviews
(2009)
ADF(1) = Statistiques de Dickey Fuller
Augmenté
CV= valeur critique
Ce tableau montre que toutes les variables réelles sont
stationnaires en niveau.
Tableau 5 : Résultats
des tests de stationnarité en niveau sur les variables
financières.
Test
|
LMASSPIB
|
LQMMASS
|
LTCREE
|
LCRIHAB
|
t
|
CVà5%
|
t
|
CVà5%
|
t
|
CVà5%
|
t
|
CVà5%
|
ADF(1)
|
-2,8745
|
-3,5614
|
-3 ,0222
|
-3,5614
|
2,0791
|
-3,5614
|
-2,2447
|
-3,5614
|
Source : Réalisé
à partir des résultats de Eviews (2009)
Ce tableau montre que toutes les variables financières
sont stationnaires en niveau
Alors les variables du modèle ne sont pas
intégrées d'ordre 1.L'approche de Engle et Granger (1987) n'est
donc pas utilisable. En effet il est nécessaire de vérifier ce
résultat par l'approche de Johansen.
Le test de Johansen est basé sur les
hypothèses suivantes :
H0 : non cointégration
H1 : cointégration
On compare le ratio de vraissemblance (Likelihood Ratio)
à la valeur critique (Critical Value).On retient le nombre
d'équations de cointégration (No.of CE(s)) correspondant. Si le
rang de cointégration est supérieur ou égal à un,
on accepte l'hypothèse de cointégration. Le tableau suivant est
un extrait des résultats de ce test sur Evews3.1.
Tableau 6 :Résultats des
tests de cointégration à la Johansen
Date: 05/12/09 Time: 20:18
|
Sample: 1972 2004
|
Series: LPIBPOP LDG LMASSPIB LQMMASS LTCREE LCRIHAB
|
Lags interval: 1 to 1
|
|
Likelihood
|
5 Percent
|
1 Percent
|
Hypothesized
|
|
Eigenvalue
|
Ratio
|
Critical Value
|
Critical Value
|
No. of CE(s)
|
|
0.617058
|
95.09735
|
82.49
|
90.45
|
None **
|
0.581814
|
65.34132
|
59.46
|
66.52
|
At most 1 *
|
0.376497
|
38.31462
|
39.89
|
45.58
|
At most 2
|
0.320253
|
23.67017
|
24.31
|
29.75
|
At most 3
|
0.225119
|
11.70309
|
12.53
|
16.31
|
At most 4
|
0.115271
|
3.796686
|
3.84
|
6.51
|
At most 5
|
*(**) denotes rejection of hypothesis at 5%(1%) significance
level
L.R. test indicates 2 cointegrating equation(s) at 5%
significance level
Source: Extrait des resultants de
Evews3.1 (2009)
Le rang de cointégration vaut 2. Les variables du
modèle sont cointégrées.Ce résultat impose un
modèle à correction d'erreur.
Les résultats de l'estimation du modèle à
correction d'erreur sur Evews3.1 se présentent comme suit :
D(LPIBPOPt) = 0 ,142 + 0,018D(LDGt) - 0,006D(LMASSPIBt)
-0,003D(LQMMASSt) + 0,003D(LTCREEt) +
(0,872) (1,95)
(-0,76) (-0,50)
(0,62)
0,00004D(LCRIHABt) - 0,008LPIBPOPt-1 -
0,0041LDGt-1 + 0,011LMASSPIBt-1 + 0,005LQMMASSt-1 +
(0,007) (-0,047)
(-0,538) (1,81)
(0,774)
0,001LTCREEt-1 - 0,002LCRIHABt-1
(0,164) (-0,442)
=
0,36
Le coefficient de correction d'erreur est négatif
(-0,008) mais non significativement différent de zéro au seuil de
5%. La spécification du type ECM (Modèle à Correction
d'erreur ne saurait être validée. Et mieux, aucun des coefficients
du modèle n'est significatif au seuil de 5%. Il convient alors d'estimer
simplement la relation de long terme. La relation de long terme est en effet la
suivante :
LPIBPOPt = 1,046** - 0,043LDGt** +
0,013LMASSPIBt - 0,002LQMMASSt +
0,014LTCREEt**
(13,32) (11,74)
(1,65) (-0,263)
(2,76)
- 0,001LCRIHABt
(-0,228)
=
0,97 Prob(F-Statistic) = 0,000000
**Significatif à 5% ** Significatif à
10%
Le coefficient de détermination ajusté ( =
0,97) montre que les fluctuations du taux de croissance économique sont
expliquées par les variables du modèle.
Le modèle est globalement significatif car la valeur de
Prob(F-statistic) est inférieure à 5%
Tableau 7 : Test
d'hétéroscédasticité
ARCH Test:
|
F-statistic
|
0.384083
|
Probability
|
0.765330
|
Obs*R-squared
|
1.273098
|
Probability
|
0.735531
|
Source :Extrait des résultats de Evews3.1(2009)
Les deux probabilités sont supérieures à
5%.On accepte l'hypothèse d'homocédasticité des erreurs.
Les estimations obtenues par les moindres carrés ordinaires sont
optimales.
Tableau 8 : Test Reset de Ramsey
Ramsey RESET Test:
|
F-statistic
|
2.952210
|
Probability
|
0.070631
|
Log likelihood ratio
|
6.996773
|
Probability
|
0.030246
|
La probabilité est supérieure à 5%.On
accepte l'hypothèse que le modèle est bien
spécifié.
Selon ces résultats, il existe une relation
négative entre le ratio quasi-monnaie/masse monétaire, le
crédit intérieur par habitant et le taux de croissance du PIB par
tête d'une par puis une relation positive entre le rapport masse
monétaire/PIB, l'encours de crédit à l'économie et
le taux de croissance du PIB par tête d'autre part. Remarquons le
coefficient de l'encours de crédit à l'économie qui est le
seul significatif au seuil de 5% est positif. L'on pourrait conclure qu'il
existe un effet positif du développement financier sur la croissance
économique au Bénin. Ainsi, une augmentation de 10% de l'encours
de crédits à l'économie entraîne augmentation du
taux de croissance économique de 0,14%. Les coefficients des autres
variables à savoir le rato quasi-monnaie/M2, le rapport M2/PIB et le
crédit intérieur par habitant ne sont pas significatifs
même au seuil de 10%. Cela pourrait se justifier. Le ratio M2/PIB qui est
souvent retenu comme une mesure de l'approfondissement financier a des limites
en la matière. Ce dernier ne rend pas compte de la proximité
réelle des services financiers vis-à-vis des populations (la
plupart des agences des grands établissements financiers du Bénin
sont concentrées dans les trois plus grandes villes) ; La relation
non significative du ratio quasi-monnaie/M2 signifierait qu'un accroissement
permanant des dépôts à terme pourrait à long terme
s'avéré préjudiciable à la consommation et donc
réduirait la demande globale. Cette situation à son tour
limiterait l'augmentation de la production ;enfin le crédit
intérieur par habitant regroupe les crédits à
l'administration publique, les crédits au secteur privé
(crédits à l'économie) octroyés par les banques et
la microfinance. Plus les premiers sont importants, moins les second le sont
selon la théorie d'éviction de FRIEDMAN. Or, compte tenu des
résultats de cette étude, ce sont seulement les crédits
à l'économie qui influence significativement le taux de
croissance économique au Bénin. Alors, l'effet combiné des
crédits à l'administration publique et des crédits au
secteur privé qui est traduit ici par celui du crédit
intérieur par habitant pourrait bien ne pas être perceptible. Ces
résultats confirment notre première hypothèse et cadrent
bien avec le contexte béninois dans lequel plusieurs secteurs en besoin
de financement restent à promouvoir.
La vérification de la seconde hypothèse de
l'étude nécessite les tests de causalité.
2- Résultats de
test de causalité
Ici l'étude s'intéresse uniquement à la
relation causale entre les variables de la sphère financière et
la croissance du PIB réel par tête d'habitant. Les tests de
stationnarité sur les variables financières et le taux de
croissance du PIB par habitant effectués dans le paragraphe
précédent révèlent que toutes les variables sont
stationnaires. Alors le modèle à correction d'erreur n'est pas
nécessaire.
Les résultats des dits tests sont dans le tableau
suivant :
Tableau 9 : Résultats du test
de causalité
Pairwise Granger Causality Tests
|
Date: 05/13/09 Time: 10:30
|
Sample: 1972 2004
|
Lags: 1
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
LMASSPIB does not Granger Cause LPIBPOP
|
32
|
12.3270
|
0.00148
|
LPIBPOP does not Granger Cause LMASSPIB
|
0.04426
|
0.83485
|
LQMMASS does not Granger Cause LPIBPOP
|
32
|
1.15441
|
0.29149
|
LPIBPOP does not Granger Cause LQMMASS
|
4.74308
|
0.03769
|
LTCREE does not Granger Cause LPIBPOP
|
32
|
1.34736
|
0.25521
|
LPIBPOP does not Granger Cause LTCREE
|
2.25387
|
0.14409
|
LCRIHAB does not Granger Cause LPIBPOP
|
32
|
0.00812
|
0.92882
|
LPIBPOP does not Granger Cause LCRIHAB
|
0.93324
|
0.34201
|
Source : Tiré des
résultats du test sur Eviews (2009)
La lecture de ce tableau consiste à comparer la
probabilité critique (Probability) à 5%.
Si la dite probabilité est supérieure à
5%, alors l'hypothèse nulle (Null Hypothesis) est acceptée.
Lorsque cette probabilité est inférieure à 5% alors
l'hypothèse nulle est rejetée et l'on conclut qu'il y a une
causalité telle qu'indiquée entre les variables en question.
Les conclusions liées à ces résultats
sont résumées dans le tableau suivant :
Tableau 10: Conclusions issues
des résultats du test de causalité
Variables impliquées
|
Relations de causalité
|
Sens de causalité entre secteurs
|
LMASSPIB et LPIBPOP
|
LMASSPIB ne cause pas LPIBPOP
|
Financier Réel
|
LQMMASS et LPIBPOP
|
LPIBPOP cause LQMMASS
|
Réel Financier
|
LTCREE et LPIBPOP
|
Pas de causalité
|
-
|
LCRIHAB et LPIBPOP
|
Pas de causalité
|
-
|
Source : Elaboré à
partir de l'analyse des résultats (2009)
Il n'y a pas de relation causale entre deux des variables
financières (l'encours de crédits à l'économie et
le crédit intérieur par habitant) et le PIB. Parcontre,en
considérant le rapport M2/PIB c'est le développement
financier qui induit la croissance économique alors que c'est le
contraire quand il s'agit du ratio quasi-monnaie/M2.En somme, la relation entre
développement financier et croissance économique est
bidirectionnelle au Bénin. Le sens de causalité tel que
postulé par Partrick (1966) n'est donc vérifié au
Bénin. Ces résultats confirment notre deuxième
hypothèse.
B- Impact de la microfinance
1-Résultats
graphiques
Dans cette partie l'analyse est basée sur un graphique
qui traduit simultanément les évolutions des crédits
octroyés par le secteur de la microfinance et du logarithme du PIB
réel par tête d'habitant.

Figure
2 : Courbes d'évolution du PIB par tête
et des crédits (2009)du secteur de la microfinance au bénin.
Sur la période de 1972 et 1999, les crédits du
secteur de la microfinance sont supposés nuls. Entre 1999 et 2004, on
note une croissance forte et presque régulière de ces
crédits. Mais, selon le graphique ces crédits n'ont pas pour
autant influencé l'évolution du PIB par tête d'habitant qui
a gardé sa tendance d'avant 1999. A partir de ce graphique, l'on ne
saurait en effet soupçonner un quelconque lien entre les crédits
de la microfinance et le PIB par tête d'habitant au Bénin. Ce
résultat parait étonnant quand on se souvient que le total des
crédits à l'économie du système financier global a
un impact positif et significatif su la croissance. Mais lorsqu'on regarde la
faible proportion des crédits de la microfinance dans ces crédits
globaux, alors plus rien n'est évident. Alors une analyse qualitative
basée sur les interventions des structures de microfinance permettrait
de mieux apprécier l'importance de ce sous-secteur.
2-Résultats
analytiques
A voir la part bien faible de l'activité des
institutions de microfinance dans l'activité financière globale
(seulement en moyenne 14,88% des montants globaux des crédits entre 1999
et 2004 au Bénin), il n'est pas erroné de négliger
l'apport de la microfinance en matière d'influence du
développement financier sur la croissance économique. Cela
justifierait la tendance de la plupart des chercheurs à ignorer le
secteur de la microfinance dans le cadre des recherches sur le lien entre
finances et croissance. Mais affirmer d'emblée l'inefficacité ou
l'inutilité de ce secteur serait trop dire. En effet, le Bénin
est un pays à économie dominée par le secteur informel
(plus de 70% de contribution à la formation du PIB selon un rapport de
la Cellule de Microfinance), un secteur exclu de la cible du système
bancaire. La microfinance constitue le seul moyen de drainage de fonds vers le
secteur informel et les couches défavorisées. Ainsi les cibles
couvertes par la dizaine d'IMF représentant la quasi-totalité
(plus de 90% des dépôts et/ou crédits) du secteur de la
microfinance selon la Cellule de Microfinance en 2003 se présentent
comme suit :
Tableau 11: Cibles des dix plus
grandes IMF du Bénin en 2003
Dénominations
|
Cibles
|
FECECAM
|
Plus de 400 000 membres dont 70% d'agriculteurs du monde
rural
|
PADME
|
33 000 clients actifs composés des
commerçants, artisans, restaurateurs, transformateurs, conducteurs de
taxi moto
|
PAPME
|
Mêmes cibles que PADME en plus des travailleurs des
administrations publiques et privées.
|
Vital Finance
|
Même cibles que PAPME
|
AssEF
|
Uniquement les femmes à revenu limité
spécifiquement en milieu urbain et périurbain
|
FINADEV
|
Même clientèle que AssEF mais dans les grandes
villes
|
MDB
|
Cibles classiques de la microfinance à l'exception des
acteurs du monde rural
|
CBDIBA
|
Petits agriculteurs, femmes du monde rural et
commerçants ruraux des villes de l'intérieur
|
Groupe d'ONG (S'IAN SON ONG,
CEREBE, CERAPIP, CERIDAA, etc.)
|
Sous-segments du monde rural avec une combinaison des services
non financiers
|
DONGA WOMEN Microfinance
|
Uniquement les femmes du monde rural de la ville de DJOUGOU et
ses alentours
|
Source : Elaboré à
partir des informations de la Cellule de microfinance (2009)
Les différents segments de ce tableau sont pour la
plupart exclus du financement bancaire en raison de la rigueur de
l'intermédiation financière. Par contre, en 2003, plus de 66
milliards de FCFA (selon la Cellule de Microfinance) ont été
affectés à ces différentes couches sous forme de
crédits octroyés par les IMF. Par ailleurs les IMF ont
contribué au cours de la même année à la
création de 1264 emplois directs et auraient offert une
opportunité à plus de 500 000 emplois
régulièrement entretenus à travers les
bénéficiaires de crédits, soit 15% de la population active
du Bénin. Une enquête sur l'impact de la microfinance
réalisée par la Cellule de Microfinance en 2003 sur un
échantillon de 498 bénéficiaires des villes de Cotonou et
de Bohicon révèle que 62% de ces bénéficiaires ont
enregistré une augmentation de leur revenu, et 86,5% en majorité
des femmes non chef de ménage (55,6%) participent de façon
substantielle aux charges des ménages. Ces différents
résultats mettent en évidence la pertinence de la microfinance en
matière de contribution à la création de richesse et deonc
à la croissance économique.
|