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Le financement des entreprises par le système bancaire marocain

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par Hajar Soussan
Université pluridisciplinaire Nador - Licence en sciences économiques et de gestion 2009
  

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Introduction générale

L'entreprise est un lieu où se crée la richesse. Elle permet de mettre en oeuvre des moyens intellectuels, humains, matériels et financiers pour extraire, produire, transformer ou distribuer des biens et des services conformément à des objectifs fixés par une direction et faisant intervenir, selon des dosages diverses, des motivations de profit et d'utilité sociale.

Les objectifs d'une telle entreprise ne peuvent être réalisé sans avoir recours à une bonne gestion financière basée sur un système bancaire qui assure l'existence de l'entreprise.

L'objet de ce mémoire c'est contribuer à étudier le financement des entreprises par le système bancaire Marocain.

Ce modeste travail, sera présenté sous forme de deux parties essentielles :

Etant la principale composante du système financier Marocain (près de 60% des actifs du système financier), le secteur bancaire Marocain (partie 1) présente un degré de diversification assez développé, similaire à celui des pays dotés d'un niveau de développement financier plus élevé comme le Mexique ou la Corée du Sud.

Cette diversification s'accompagne d'une profondeur et d'une solidité financière de plus en plus renforcées, se comparant favorablement à la moyenne régionale.

D'importantes réformes ont été menées à partir des années 1990, en vue de doter le Maroc d'un système financier moderne et solide capable d'assurer une mobilisation efficace de l'épargne et son allocation efficiente dans le circuit économique. Une approche multidimensionnelle a été adoptée, allant de la réforme du secteur bancaire et des marchés de capitaux à celle de la politique monétaire et de changes, en vue d'assurer une plus grande cohérence des interventions et une meilleure compétitivité du système financier marocain.

Ainsi, au niveau du secteur bancaire, trois axes ont été introduits, en l'occurrence la refonte du cadre législatif régissant l'activité de ces institutions (conditions d'exercice et opérations de l'activité des établissements de crédit, protection de le clientèle...), le renforcement de la réglementation prudentielle en conformité aux normes internationales (solvabilité, liquidité, gestion des risques,...) et la déréglementation de l'activité bancaire (libéralisation des taux et suppression des emplois obligatoires).

Actuellement, les réformes sont orientées davantage vers le renforcement des pouvoirs de la Banque centrale et son indépendance ainsi que l'extension de son contrôle à l'ensemble des activités bancaires, au même titre qu'une orientation vers une coordination étroite entre les autorités de contrôle du système financier.

Parallèlement à ces chantiers de réformes, des actions ont été entreprises sur le front de la politique monétaire, avec le recours aux instruments indirects de régulation (Open Market, reprise des liquidités, avances sur appels d'offres,...) et la mise en oeuvre des nouveaux statuts de Bank Al Maghrib qui consacrent plus d'autonomie à l'autorité monétaire et visent à éviter les conflits d'intérêts entre politique budgétaire et politique monétaire. Le bilan de ces réformes s'annonce dans l'ensemble positif. Le volume du crédit à l'économie octroyé par le secteur bancaire a fortement progressé pour s'établir à 72% du PIB en 2007 contre près de 51% en 2001, témoignant du renforcement du poids du secteur bancaire dans le financement de l'économie marocaine.

En matière d'accès au financement des entreprises (partie 2), le Maroc est relativement bien positionné par rapport à la Tunisie, l'Egypte et la Turquie1(*). C'est en substance les résultats d'un benchmarking international, publié dans le magazine économique de BMCE Bank. En effet, en ce qui concerne la proportion des crédits distribués au secteur privé et au secteur public non financier par rapport au PIB, le Maroc devance l'Egypte et se situe derrière la Tunisie avec 72% en 2007.

Les résultats de cette étude vont plus loin en soulignant qu'il n'existe pas vraiment de problématique du financement de l'entreprise dans le  Royaume.

Les entreprises nationales financent, en effet, en moyenne 30% de leur investissement et 20 % de leur fonds de roulement par crédits bancaires. Dans le même ordre d'idées, 68 % des entreprises marocaines bénéficient d'une autorisation de facilité de caisse.

La réforme de la loi bancaire, la promulgation de la nouvelle loi bancaire 2006 et la poursuite de la baisse des taux d'intérêts, entre autres, sont à l'origine de l'amélioration des conditions d'accès au financement des petites et moyennes entreprises.

D'après l'analyse, la problématique du financement de l'entreprise en Turquie est bien réelle, puisque seulement 5 % des crédits bancaires sont octroyés à des PME industrielles. Les institutions bancaires dans ce pays préfèrent plutôt investir dans des obligations d'Etat ou dans les grandes entreprises.

Pour leur part, les entreprises égyptiennes pâtissent également de difficultés d'accès au financement malgré la réforme du secteur financier et de la libéralisation des taux d'intérêt. La proportion des crédits octroyés au secteur privé est de 3,5% du total des crédits à l'économie. De plus, le secteur bancaire égyptien fait preuve de discrimination vis-à-vis des petites et moyennes entreprises : seules 13 % des PME ont eu accès au crédit bancaire contre 36 % pour les grandes entreprises.


1ère partie : Présentation du système bancaire marocain

Introduction à la 1ère partie :

Le système bancaire Marocain a connu au cours de cette première décennie du troisième millénaire des transformations et innovations,ces mesures sont destinées à mieux sécuriser et à libéraliser davantage encore les marchés des capitaux marocains, à y insuffler l'esprit de comptitition pour les rendre attrayants aux entreprises, notamment les PME, PMI et la TPE, et à préparer celles-ci à la zone de libre échange avec l'Union Européenne à l'horizon proche de 2010, ainsi qu'aux défis que le Maroc s'est lancé dans différents domaines pour faire face à la mondialisation de plus en plus accélérée des économies.

Le système bancaire Marocain (que sa présentation forme la première partie de notre travail) mérite de rappeler ses mutations (chapitre 1) surtout deux étapes importantes de réformes celle de 1993 et de 2006 qui définissent de nouveaux statuts de Bank Al Maghrib renforçant les mesures prudentielles et de sécurité.

En plus, les changements intervenus de l'environnement externe et dans les réalités internes du système bancaire ont engendré des modifications importantes au niveau de son implantation, de ses dépôts, de ses crédits, de ses fonds propres et de ses rentabilités.

Cette concurrence a crée une dynamique de concentration des établissements de crédit résultant d'opérations de fusion absorption soit des banques en difficultés, par d'autres banques, soit de décision s'inscrivant dans une logique de rationalisation ou de renforcement de parts de marché. Tous ces éléments seront examinés plus en détail dans le chapitre 2.

Et au niveau du 3éme chapitre, on va argumenter comment la forte progression des comptes à vue qui représentent de ressources bancaires, vont provoquer une hausse générale des crédits tout en remarquant une basse sensible es créances en souffrance, ce qui démontre que le système bancaire Marocain reste une source essentielle du financement de l'économie nationale surtout après l'entrée en vigueur de Nouvel accord sur les fonds propres (Bâle II) qui va évolué le financement bancaire des PME.

Chapitre 1 : Aperçu sur le système bancaire marocain

Au terme de ce premier chapitre, on va présenter un aperçu général sur le système bancaire Marocain, en rappelant historiquement (section 1) les mutations que ce système a connues depuis l'installation des premières banques en années 1800 2(*) jusqu'aux nos jours.

L'importance de l'activité des établissements de crédit dans l'économie, explique que le législateur lui ait consacré depuis longtemps, de nombreux textes, parmi elles : les lois bancaires du 6 juillet 1993 t du 14 février 2006 (qui l'a remplacé), c'est ce que nous examinerons (section 2) à travers leurs principaux apports t lacunes.

Ensuite pour que ces établissements de crédit puissent exercer son activité d'une banque ou d'une société de financement, elles doivent octroyer l'agrément délivré par le Gouverneur de Bank Al Maghrib après avis du Comité des Etablissement de Crédit3(*). Cet octroi d'agrément, qui a fait l'objet de l'article 27 de la loi bancaire de 2006,est subordonné à un certain nombre de conditions et de précautions que l'on va examiner (section 3).

Ainsi, et au dernier lieu, on va présenter selon le premier article de la loi bancaire de 2006 les opérations de ces établissements de crédit (section 4). Et la loi bancaire de 1993, avait inauguré une nouvelle approche dans les relations des établissements de crédit avec leurs clients, déposants et emprunteurs en renforçant les droits de la protection de la clientèle à travers notamment l'institution de certains droits (section 5).

Section 1 : Rappel historique 

L'ouverture des premiers guichets bancaires au Maroc date de la deuxième moitié du 19ème siècle.

L'Acte d'Algésiras, signé en 1906 par les délégués de douze pays européens, des Etats-Unis d'Amérique et du Maroc, a institué la Banque d'Etat du Maroc qui sera effectivement créée, à Tanger, en 1907 sous forme de société anonyme, dont le capital était réparti entre les pays signataires, à l'exception des Etats Unis. Outre les opérations à caractère commercial, la Banque d'Etat du Maroc disposait du privilège de l'émission de la monnaie fiduciaire sur tout le territoire du Royaume et assumait le rôle d'agent financier du gouvernement marocain.

Avec l'avènement du protectorat français en 1912, de nombreuses filiales de grandes banques commerciales européennes, notamment françaises, de banques d'affaires et de groupes financiers étrangers se sont installées au Maroc. De même, ont vu le jour des institutions financières marocaines remplissant des fonctions spécifiques et intervenant dans des domaines particuliers. Il s'agit notamment de la Caisse des Prêts Immobiliers du Maroc, de certaines caisses spécialisées dans le financement de l'agriculture, de la Caisse Centrale de Garantie, de la Caisse Marocaine des Marchés et du Crédit Populaire. 

L'exercice de l'activité bancaire, qui n'était régi par aucun texte particulier, a été organisé pour la première fois en 1943, suite à la promulgation du dahir du 31 mars relatif à la réglementation et à l'organisation de la profession bancaire. Les modalités d'application de ce dahir ont été fixées par l'arrêté du Directeur des Finances de la même date, puis modifiées et complétées par les arrêtés du 15 janvier 1954, du 17 janvier et du 16 avril 1955. 

Ces textes ont notamment dévolu au Directeur des Finances une compétence générale en matière de contrôle et de réglementation des conditions d'exercice de l'activité bancaire, ainsi que le pouvoir de sanction des manquements constatés.

Pour l'accomplissement de sa mission, le Directeur des finances était assisté par le "Comité des banques", instance consultative chargée d'émettre des avis ou des propositions sur toutes questions intéressant la profession et appelant des mesures à caractère individuel ou général.

Ce dispositif institutionnel fut complété, par la mise en place du "Comité du Crédit et du Marché Financier", organe consultatif habilité à donner son avis au Directeur des finances, en particulier en ce qui concerne la politique générale de crédit et le marché financier.

Le champ d'application des textes susvisés qui ne concernait, que la zone territoriale sous protectorat français, a été étendu, par les arrêtés du 14 août 1958 et du 31 mars 1960, respectivement à la zone sous occupation espagnole, puis à la province de Tanger qui disposait d'un statut particulier.

Au lendemain de l'indépendance du Maroc en 1956, les bases d'un système bancaire national ont été mises en place. 

Ainsi, la Banque du Maroc a été instituée par le dahir n° 1-59-233 du 30 juin 1959 pour se substituer à la Banque d'Etat du Maroc et assurer la fonction de Banque Centrale. Créée sous forme d'établissement public doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière, cette institution s'est vue confier le privilège de l'émission de la monnaie fiduciaire, ainsi que la mission de veiller à la stabilité de la monnaie et de s'assurer du bon fonctionnement du système bancaire. A partir de mars 1987, La dénomination de " Bank Al-Maghrib " a été substituée à celle de " Banque du Maroc".

D'autre part et afin de répondre aux objectifs de développement et aux besoins de financement spécifiques à des secteurs économiques jugés prioritaires, l'Etat a procédé à la création d'organismes financiers spécialisés et à la restructuration de certaines institutions existantes.

Ainsi furent créés, en 1959, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) par le dahir de 10-02-1959, le Fonds d'Equipement Communal (FEC), la Caisse d'Epargne Nationale (CEN), la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE) en 24-07-1959 et la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE) en 01-09-1959.

L'année 1961 a vu la restructuration du Crédit Agricole et du Crédit Populaire par le dahir de 02-02-1961.

Enfin, le Crédit Immobilier et Hôtelier, qui a succédé en 1967 à la Caisse de Prêts Immobiliers du Maroc, a été réorganisé conformément aux dispositions du décret royal portant loi du 17 décembre 1968.

Cette période s'est caractérisée également par la réduction du nombre des banques qui a été ramené de 69 à 26 entre 1954 et 19614(*), sous l'effet conjugué de la fusion et de la disparition de certains établissements.

La seconde étape importante de la mise en place et de la consolidation du système bancaire marocain a débuté avec la promulgation du décret royal n° 1-67-66 du 21 avril 1967 portant loi relatif à la profession bancaire et au crédit, dont les principaux apports consistent en une définition plus précise de l'activité des banques, la délimitation des attributions des autorités de tutelle et de surveillance et l'institution d'une réglementation plus appropriée.

Les dispositions du décret susvisé furent étendues au Crédit Populaire en 1970. En 1986, les prescriptions du titre III du décret portant loi susvisé, relatives au contrôle du crédit et des banques, ont été étendues à la Banque Nationale pour le Développement Economique et au Crédit Immobilier et Hôtelier qui ont été, par ailleurs, autorisés à recueillir des dépôts auprès du public. La Caisse Nationale du Crédit Agricole, quant à elle, a été habilitée, en 1987, à financer d'autres secteurs d'activité liés notamment au milieu rural.

Enfin et en vue de promouvoir notamment les projets d'investissement initiés par les marocains résidant à l'étranger, il a été procédé, en 1989, à la création de Bank Al-AMAL, chargée en particulier d'octroyer des prêts participatifs ou subordonnés, et de DAR AD-DAMANE qui a pour objet de garantir, entre autres, les prêts consentis par la première entité.

http://www.bkam.ma/Francais/Affichage/Publication/ApercuSurSystemeBancaire.htm - Top

Section 2 : La réforme du 6 juillet 1993 et de février 2006 :

       

Le système bancaire marocain a fait l'objet, en 1993, d'une importante réforme avec la promulgation du dahir portant loi n° 1-93-147 du 15 moharrem 1414 (6 juillet 1993) relatif à l'exercice de l'activité des établissements de crédit et de leur contrôle. Ce texte a, en effet, permis :

1- D'unifier le cadre juridique applicable aux établissements de crédit qui comprennent désormais les banques et les sociétés de financement.

Les banques étant habilitées à effectuer les principales opérations suivantes:

-la réception de fonds du public, quel que soit leur terme;

-la distribution de crédits;

-la mise à disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou leur gestion.

Les sociétés de financement, quant à elles, ne peuvent effectuer, parmi les opérations citées ci-dessus, que celles précisées dans les décisions d'agrément qui les concernent. En outre, ces sociétés ne peuvent recevoir, du public, des fonds à vue ou d'un terme inférieur ou égal à 2 ans5(*) ;

2- D'élargir les bases de la concertation entre les autorités monétaires et la profession et ce, à travers notamment la mise en place des deux organes suivants :

-Le Conseil National de la Monnaie et de l'Epargne " CNME " : présidé par le Ministre des Finances, le CNME est consulté sur toute question intéressant les orientations de la politique monétaire et du crédit et les moyens de sa mise en oeuvre. Il donne aussi son avis sur les conditions générales de fonctionnement des établissements de crédit ;
-le Comité des Etablissements de Crédit " CEC ": présidé par le Gouverneur de Bank Al-Maghrib, le CEC donne son avis conforme au Ministre des Finances sur les questions relatives à l'activité des établissements de crédit. Il peut également être consulté par le Gouverneur sur les aspects techniques de la politique monétaire et des règles prudentielles ;

3-d'affermir le pouvoir de supervision de Bank Al-Maghrib, notamment par le renforcement de ses attributions en matière prudentielle et l'extension de ses contrôles aux personnes morales liées aux établissements de crédit. Ce pouvoir a également été consolidé par l'institution de l'obligation de l'audit externe des comptes pour les établissements qui reçoivent des fonds du public ainsi que par la révision, dans un sens plus dissuasif, des sanctions et la mise en place de la Commission de discipline des établissements de crédit ;

3- d'améliorer la protection de la clientèle, en particulier les déposants en mettant notamment en place un fonds de garantie des dépôts ainsi qu'un mécanisme de soutien aux établissements de crédit en difficultés.

Le Dahir portant loi du 6 juillet 1993 a, cependant, expressément exclu de son champ d'application Bank Al-Maghrib, la Trésorerie Générale du Royaume, le service de comptes courants et de chèques postaux, le service de mandats postaux, la Caisse de Dépôt et de Gestion, la Caisse Centrale de Garantie, les banques off-shore et les compagnies d'assurances et de réassurances.

De plus, la Caisse d'Epargne Nationale n'est pas régie par les dispositions dudit dahir, en vertu des prescriptions de la loi n° 24/96 relative à la poste et aux télécommunications, promulguée par le Dahir n° 1-97-162 du 2 Rabii II 1418 (7 août 1997).

En 1996, suite à la réforme de son statut, le FEC a été agréé en qualité de banque.

Ainsi qu'un processus de réforme du Crédit Populaire du Maroc a été entamé avec l'entrée en vigueur de la loi n° 12/96, promulguée par le dahir n° 1-00-70 du 19 Rajab 1421 (17 octobre 2000) qui prévoit notamment la transformation de la Banque Centrale Populaire en société anonyme à capital fixe et l'ouverture au privé de son capital, ainsi que le renforcement de l'autonomie des banques populaires régionales.

Il est à signaler, enfin, au février 2006 l'apparition du Dahir n° 1.05.178/2006 portant promulgation de la loi n° 34-03 relatives aux établissements de crédits et organismes assimilés qui permet d'une part, assurer une meilleure mobilisation de l'épargne et une allocation plus efficiente des ressources financières, et d'autre part, favoriser le financement de l'investissement en vue d'assurer une croissance économique durable et soutenue.

Cette nouvelle loi bancaire a pour objet de rendre le secteur Bancaire National plus efficace et plus actif en matière de financement de l'économie, ce qui renforce la compétitivité du secteur et favorise sa modernisation.

Section 3 : Conditions d'exercice de l'activité des établissements de crédit :

       

L'exercice de l'activité bancaire est soumis à des règles et conditions spécifiques :

       

1- Agrément des établissements de crédit

       

Aux termes de l'article 21 du dahir portant loi du 6 juillet 1993, "toute entreprise considérée comme établissement de crédit, doit, avant d'exercer son activité sur le territoire du Royaume du Maroc, avoir été préalablement agréée, soit en qualité de banque, soit en qualité de société de financement".

L'agrément est octroyé par le Ministre des Finances, après avis conforme du Comité des Etablissements de Crédit. La décision d'octroi de l'agrément prend en compte, entre autres, la qualité des fondateurs et des dirigeants ainsi que les moyens techniques et financiers qui seront mis à la disposition de la future entité et son plan d'action.

Les établissements de crédit doivent disposer d'un capital minimum (ou d'une dotation) totalement libéré. Le capital minimum (ou dotation) des banques est fixé par l'arrêté du Ministre des Finances n° 934-89 du 4 kaâda 1409 (8 juin 1989) à 100 millions de dirhams.

Le capital minimum des sociétés de financement est régi par l'arrêté du Ministre des Finances et des Investissements Extérieurs n° 2450-95 du 10 joumada I 1416 (6 octobre 1995). Il varie entre 100.000 DH et 20 millions de dirhams en fonction de la nature de l'activité de ces sociétés.

Un nouvel agrément est requis dans le cas où des changements affectent la nationalité ou le contrôle d'un établissement de crédit, le lieu de son siège social et la nature des opérations qu'il effectue habituellement.

Les établissements de crédit ayant leur siège social à l'étranger, peuvent, après agrément du Ministre des Finances, exercer leur activité au Maroc via des succursales, des agences ou des guichets.

Les établissements de crédit sont tenus d'adhérer à l'association professionnelle dont ils relèvent, en l'occurrence le Groupement Professionnel des Banques du Maroc "GPBM" ou l'Association Professionnelle des Sociétés de Financement "APSF".

       

2- Dispositif prudentiel

       

Afin de préserver leur liquidité et leur solvabilité ainsi que l'équilibre de leur structure financière, les établissements de crédit sont tenus de respecter les règles prudentielles suivantes :

1- le coefficient minimum de solvabilité : régi par l'arrêté du Ministre des Finances n° 175-97 du 22 janvier 1997, tel que complété par l'arrêté n° 1439-00 du 6 octobre 2000, dont les modalités d'application sont fixées par la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 4/G/2001 du 15 janvier 2001.

Ce coefficient, à l'instar des normes internationales édictées en la matière par le Comité de Bâle, impose aux établissements de crédit de couvrir leurs risques pondérés, à hauteur de 8 % au moins par leurs fonds propres nets.

Cette règle doit être respectée, à la fois, sur une base individuelle et consolidée.

2- le coefficient maximum de division des risques : régi par l'arrêté du Ministre des Finances n° 174-97 du 22 janvier 1997, tel que complété par l'arrêté n° 1435-00 du 6 octobre 2000, dont les modalités d'application sont fixées par la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 3/G/2001 du 15 janvier 2001.

En vertu de cette règle, les risques pondérés encourus sur un même bénéficiaire (individu ou groupe de personnes liées) autre que l'Etat, ne doivent pas excéder 20 % des fonds propres nets de l'établissement de crédit.

Le calcul de ce ratio s'effectue aussi bien sur une base individuelle que consolidée.

3- le coefficient minimum de liquidité : régi par l'arrêté du Ministre de l'Economie, des Finances, de la Privatisation et du Tourisme n° 1440-00 du 6 octobre 2000.

En application de cette règle, les exigibilités à vue et à court terme et les engagements par signature donnés par un établissement de crédit doivent être intégralement couverts par les actifs disponibles et réalisables à court terme et les engagements par signature reçus.

Les éléments de calcul de ce coefficient étant affectés de pondérations en fonction, selon le cas, de leur degré d'exigibilité et de liquidité.

4- les coefficients maximums relatifs aux positions de change : régis par l'arrêté du Ministre des Finances et des Investissements Extérieurs n° 585-96 du 29 mars 1996 tel que modifié par l'arrêté n° 3168-98 du 8 décembre 1998. Les modalités d'application de cet arrêté sont fixées par la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 9/G/96 du 29 mars 1996, telle que modifiée par la circulaire n°15/G/98 du 30 décembre 1998. 

Conformément aux dispositions de ces textes, la position de change longue ou courte dans chaque devise et le total des positions de change pour l'ensemble des devises ne doivent pas excéder respectivement 10 % et 20 % des fonds propres nets de l'établissement de crédit.

5- les règles relatives à la classification des créances en souffrance et à leur couverture par les provisions : en vue de préserver la solvabilité des établissements bancaires, Bank Al-Maghrib avait précisé en 1993, le mode et les critères de classification des créances en souffrance et institué le régime de leur couverture par les provisions. Ces dispositions ont fait l'objet d'une révision en 1995. Ainsi, aux termes de la circulaire du 6 décembre 1995, les créances en souffrance sont classées, en fonction du degré du risque de non recouvrement, en trois catégories: pré douteuses, douteuses et compromises. Elles doivent, selon une Instruction de Bank Al-Maghrib de la même date, donner lieu à la constitution de provisions représentant au minimum et de façon respective 20 %, 50 % et 100 % de leurs montants.

6- les règles régissant les prises de participations : les conditions de prise de participation dans les entreprises existantes ou en création sont fixées par l'arrêté du Ministre de l'Economie et des Finances n° 1241-99 du 4 joumada I 1420 (16 août 1999), qui stipule que :

-le montant total du portefeuille des titres de participation ne doit pas excéder 50 % des fonds propres nets de l'établissement de crédit ;
-tout établissement de crédit peut détenir, dans la limite maximum de 10 % de ses fonds propres nets, une participation dans une société donnée, sans que cette participation n'excède 30 % du capital ou des droits de vote de ladite société. Ne sont pas, toutefois, soumises à ces limites les participations détenues dans les établissements de crédit, les sociétés exerçant des activités connexes à celles de ces établissements et les sociétés de services contrôlées par ceux-ci ainsi que les sociétés d'investissement et de portefeuille.

7- le système de contrôle interne : en vue de renforcer le dispositif prudentiel existant et permettre aux établissements de crédit de maîtriser davantage les risques qu'ils encourent, Bank Al-Maghrib, par circulaire n° 6/G/2001 du 19 février 2001, a fixé les modalités et les conditions minimales d'un système de contrôle interne.

Le système de contrôle interne institué par cette circulaire consiste en un ensemble de mécanismes visant à assurer en permanence, notamment :

- la vérification des opérations et des procédures internes ;
- la mesure, la maîtrise et la surveillance des risques ;
- la fiabilité des conditions de la collecte, du traitement, de la diffusion et de la conservation des données comptables et financières ;
- l'efficacité des canaux de la circulation interne de la documentation et de l'information, ainsi que de leur diffusion auprès des tiers.

       

3- Réglementation comptable 

           

1- Cadre comptable : En égard aux particularités des activités bancaires et pour permettre aux autorités monétaires de disposer des informations nécessaires à l'accomplissement de leur mission de contrôle, le dahir portant loi n° 1-93-147 du 6 juillet 1993 a soumis les établissements de crédit à une réglementation comptable spécifique qui déroge aux obligations comptables des commerçants.

A cet effet, l'arrêté du Ministre de l'Economie et des Finances n° 1331-99 du 11 joumada I 1420 (23 août 1999), pris après avis du Conseil National de la Comptabilité, a fixé le cadre comptable et le modèle des états de synthèse des établissements de crédit tels qu'ils figurent dans le Plan Comptable des Etablissements de Crédit (PCEC). Les modalités d'application de cet arrêté ont été précisées par la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 12/G/99 du 3 décembre 1999.

Les dispositions du PCEC ont trait notamment aux normes et règles comptables et d'évaluation, aux états de synthèse individuels et consolidés, ainsi qu'au cadre comptable et aux modalités de fonctionnement des comptes. 

2- Informations devant être transmises à Bank Al Maghrib : En vue d'assurer sa mission de supervision et de répondre aux besoins en matière de statistiques monétaires et financières, Bank Al-Maghrib impose aux établissements de crédit de lui communiquer certains documents et renseignements dont les modalités d'élaboration et de transmission sont fixées par les circulaires n° 13/G/99 du 3 décembre 1999, n° 4/DCEC/99 du 14 décembre 1999 et n° 14/G/2000 du 16 novembre 2000.

Les principaux documents financiers concernés par les dispositions réglementaires susvisées sont la situation comptable mensuelle, les états de synthèse et les états donnant certaines informations complémentaires.

3- Publication des états de synthèse :Selon la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 14/G/2000 du 5 octobre 2000, prise en application des dispositions de l'arrêté du Ministre de l'Economie et des Finances du 29 joumada I 1421 (30 août 2000), les établissements de crédit sont tenus de publier, dans un journal d'annonces légales et dans leur rapport de gestion, leurs états de synthèse annuels ainsi que certaines informations complémentaires, établis sous forme individuelle et consolidée. Ces documents doivent être certifiés conformes aux écritures par deux commissaires aux comptes.

Les établissements de crédit qui reçoivent des fonds du public sont tenus de procéder à la publication de ces mêmes documents sur une base semestrielle.

Section 4 : Opérations des établissements de crédit :

       

L'article premier de la loi bancaire du 14 février 2006 définit les établissement de crédit comme :

« Les personnes morales qui exercent leur activité au Maroc, quels que soient le lieu de leur siége social,la nationalité des apporteurs de leur capital social ou de leur dotation ou celle de leurs dirigeants et lui effectuent, à titre de profession habituelle, une ou plusieurs des activités suivantes :

-la réception de fonds du public ;

-les opérations de crédit ;

-la mise à disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou leur gestion ».

1- Réception de fonds du public

       

Les modalités de collecte de fonds du public sont fixées par la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 9/G/94 du 15 juillet 1994, telle que complétée par celle du 16 juin 1999, prises en application des dispositions de l'arrêté du Ministre des Finances du 5 avril 1994 tel que modifié par celui du 25 mai 1999 réglementant certains intérêts servis par les banques.

Les établissements de crédit sont ainsi habilités à recevoir, du public, des fonds notamment sous forme de dépôts ou par émission de titres de créance.

Les dépôts à vue ne peuvent être rémunérés, à l'exclusion des comptes sur carnets et de ceux libellés en dirhams convertibles.

Les comptes sur carnets sont réservés aux personnes physiques et assortis d'une rémunération minimale indexée sur le taux moyen pondéré des bons du Trésor à 52 semaines émis par adjudication, au cours du semestre précédent, diminué d'un point. Le solde maximum en capital de ces comptes est fixé à 150.000 dirhams. 

Les comptes à terme peuvent être libellés en dirhams, en dirhams convertibles ou en devises. Leur durée ne peut être inférieure à 3 mois et leur rémunération est libre. Les bons de caisse, qui ne peuvent être libellés qu'en dirhams, ne doivent pas avoir une durée inférieure à 3 mois et leur rémunération est librement négociée. L'ouverture et le fonctionnement des comptes en devises et en dirhams convertibles obéissent aux prescriptions de la réglementation des changes en vigueur. 

Dans le cadre de l'appel public à l'épargne, les établissements de crédit peuvent émettre des titres de créances négociables, à savoir les certificats de dépôt pour les banques et les bons des sociétés de financement pour les sociétés de financement.

Les caractéristiques et les conditions d'émission de ces titres sont fixées par les circulaires de Bank Al-Maghrib n° 2/G/96 et 3/G/96 du 30 janvier 1996 qui précisent certaines dispositions de l'arrêté du Ministre des Finances et des Investissements Extérieurs n° 2560-95 du 9 octobre 1995 relatif à certains titres de créances négociables.

Les certificats de dépôt peuvent être émis sans aucune limitation et pour une période variant entre 10 jours et 7 ans.

L'émission des bons de sociétés de financement est, quant à elle, limitée à 40 % de l'encours des crédits distribués par l'établissement concerné et leur durée ne peut être inférieure à 2 ans sans, toutefois, excéder 7 ans.

La valeur nominale de ces deux catégories de titres est uniformément fixée à 100.000 dirhams.

Le rachat de titres de créances négociables par l'établissement émetteur ne peut intervenir que dans la limite de 20 % de leur encours.

       

2- Distribution des crédits

       

Aux termes du dahir portant loi du 6 juillet 1993, constitue une opération de crédit " tout acte par lequel une personne met ou s'oblige à mettre, à titre onéreux, des fonds à la disposition d'une autre personne, à charge pour celle-ci de les rembourser, ou prend, dans l'intérêt de cette dernière, un engagement par signature tel qu'un aval, un cautionnement ou toute autre garantie".

Les opérations de crédit-bail mobilier et immobilier, de pension ou de vente à réméré et d'affacturage sont assimilées à des opérations de crédit.

Les conditions débitrices sont régies par l'arrêté du Ministre des Finances et des Investissements Extérieurs n°143-96 du 10 ramadan 1416 (31 janvier 1996) réglementant les intérêts applicables aux opérations de crédit et la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 8/G/96 du 15 février 1996.

Les taux d'intérêt débiteurs, qui peuvent être fixes ou variables, ont été libérés par l'arrêté susvisé.    

3- Opérations en devises

     

Des mesures de libéralisation de la réglementation des changes ont été introduites progressivement, tout au long de la décennie 80, pour aboutir en janvier 1993 à l'instauration de la convertibilité du dirham pour les opérations courantes et, depuis le 3 juin 1996, à la mise en place d'un marché de changes institué par la circulaire de l'Office des Changes n° 1633 du 1er avril 1996 et par les textes d'application de Bank Al-Maghrib notamment la circulaire n° 61/DAI/96 du 1er avril 1996 relative au marché des changes.

Dans ce cadre, les banques peuvent effectuer :

-des opérations d'achat et de vente de devises contre dirhams, dans la limite des cours plancher et plafond affichés en continu par Bank Al-Maghrib ;
-des opérations d'arbitrage que ce soit avec la clientèle, les autres banques ou les correspondants étrangers;
-des opérations d'achat et de vente à terme, dirhams contre devises et devises contre devises.

Toutefois, les opérations avec la clientèle doivent être adossées à des transactions commerciales ou à des prêts et emprunts en devises, contractés conformément à la réglementation des changes. L'échéance maximale des contrats d'achat de devises à terme relatifs à des transactions commerciales ne peut excéder 90 jours. Celle des contrats de couverture de prêts et emprunts extérieurs est fixée à un an. Bank Al-Maghrib n'affiche pas de taux de change à terme et ne se porte pas contrepartie à ces opérations :

-des opérations de prêts, d'emprunts ou de swap ;
-des placements en devises auprès de Bank Al-Maghrib pour un montant minimum de deux millions de dirhams.

Section 5 : Protection de la clientèle :

       

1- Droit au compte

       

Selon les dispositions de l'article 65 du dahir du 6 juillet 1993, toute personne qui s'est vue refuser l'ouverture d'un compte de dépôt après l'avoir demandée par lettre recommandée avec accusé de réception à plusieurs établissements de crédit et qui, de ce fait, ne dispose d'aucun compte de dépôt, peut demander à Bank Al-Maghrib de désigner un établissement de crédit auprès duquel elle pourra se faire ouvrir un tel compte.

L'établissement de crédit désigné par Bank Al-Maghrib peut limiter les services liés au fonctionnement du compte aux seules opérations de caisse.

       

2- Relevé de compte

       

Le relevé de compte est régi par les dispositions de l'article 106 du dahir portant loi du 6 juillet 1993, par celles des articles 491, 492 et 496 du Code de Commerce ainsi que par la circulaire du Gouverneur de Bank Al-Maghrib n° 4/G/98 du 5 mars 1998.

Conformément aux dispositions de l'article 106 précité, les relevés de compte sont admis en matière judiciaire, comme moyens de preuve entre les établissements de crédit et leurs clients commerçants dans les contentieux les opposant, jusqu'à preuve du contraire, sous réserve qu'ils soient établis selon les modalités fixées par le Gouverneur de Bank Al Maghrib.

Ces dispositions ont été étendues par le code de commerce à tout organisme légalement habilité à tenir des comptes sur lesquels des chèques peuvent être tirés.

Selon les prescriptions de la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 4/G/98 du 5 mars 1998, le relevé de compte doit comporter notamment :

-les éléments d'identification du titulaire du compte et de l'établissement de crédit auprès duquel le compte est ouvert ;
-les caractéristiques de chaque opération (libellé, montant, dates d'exécution et de valeur,....)
-le taux d'intérêt effectivement appliqué, le mode de calcul des intérêts et les commissions prélevées.

Cette circulaire précise également les modalités de forme et de fond que les établissements bancaires doivent respecter pour l'établissement des relevés de comptes.

      

3- Taux maximum des intérêts conventionnels

       

Aux termes de l'arrêté du Ministre des Finances et des Investissements Extérieurs du 20 janvier 1997 relatif au taux maximum des intérêts conventionnels des établissements de crédit, tel que modifié par l'arrêté du 22 juillet 1999, le taux effectif global appliqué par les établissements de crédit à leurs opérations de prêts à la clientèle ne doit pas dépasser le taux maximum des intérêts conventionnels, qui est égal au taux moyen pondéré du semestre précédent majoré de 60 %. 

La circulaire de Bank Al-Maghrib n° 2/G/97 du 14 mars 1997 modifiée par celle du 30 juillet 1999 qui précise les modalités d'application des arrêtés susvisés, stipule notamment que:

-le taux effectif global :comprend, les intérêts proprement dits, les frais, commissions ou rémunérations liées à l'octroi de crédits, à l'exception de certaines charges prévues dans la circulaire; 
-le taux moyen pondéré:dont le calcul et la publication sont du ressort de Bank Al-Maghrib, est déterminé en tenant compte des intérêts perçus pendant un semestre sur les prêts à la clientèle et de l'encours moyen desdits prêts pendant ce même semestre; 
-le taux maximum des intérêts conventionnels: fixé au titre d'un semestre ne doit être appliqué que pour les prêts accordés au cours de ce même semestre.
-le taux maximum des intérêts conventionnels: s'est établi, pour la période du 1er avril au 30 septembre 2001 à 15,46 %.

      

4- Affichage des conditions débitrices et créditrices

       

Selon la circulaire de Bank Al-Maghrib n° 5/G/98 du 5 mars 1998 prise en application de l'article 64 du dahir du 6 juillet 1993, les établissements de crédit sont tenus de porter à la connaissance du public, les conditions qu'ils appliquent pour leurs principales opérations de crédit et de collecte de dépôts. Le choix du support le plus approprié est laissé à la libre appréciation des

établissements de crédit. Toutefois, l'information du public doit être assurée, au moins par voie d'affichage dans des lieux aisément accessibles à la clientèle.

       

5- Fonds Collectif de Garantie des Dépôts

       

Afin de protéger les intérêts des déposants, d'assurer le bon fonctionnement du système bancaire et de préserver le renom de la place, le dahir portant loi du 6 juillet 1993, aux termes de son article 56, a institué un Fonds collectif de garantie des dépôts "FCGD".

L'objet de ce fonds est :

-de consentir, sous certaines conditions, des concours remboursables aux établissements de crédit recevant des fonds du public et se trouvant en difficulté,
-d'indemniser les déposants des établissements de crédit mis en liquidation, à concurrence d'un montant maximum de 50 000 dirhams par déposant et dans la limite des disponibilités du fonds.

Le financement du FCGD est assuré par les établissements de crédit, recevant des fonds du public, par le versement d'une cotisation annuelle calculée sur la base des dépôts à vue et à terme libellés en dirhams, en dirhams convertibles et en devises, reçus des clients résidents et non résidents. 

Le taux de cotisation, plafonné, de par la loi, à 0,25 % des dépôts, est actuellement fixé à 0,20%.

       

6- Mécanisme de soutien aux établissements de crédit en difficulté

       

Le Dahir portant loi du 6 juillet 1993 habilite le Gouverneur de Bank Al-Maghrib à mettre en oeuvre un dispositif destiné à soutenir, sur le plan financier, tout établissement de crédit recevant des fonds du public qui se trouve en difficulté.

La première étape du dispositif susvisé commence par appel aux actionnaires qui détiennent une participation égale ou supérieure à 5 % du capital et font partie du conseil d'administration, en vue d'apporter leur appui financier à l'établissement en question. Au cas où l'apport de ceux-ci s'avère insuffisant, le Gouverneur de Bank Al-Maghrib peut proposer au Ministre des Finances de désigner un administrateur provisoire qui doit présenter, dans un délai de trois mois, un plan de redressement dudit établissement.

En cas d'acceptation par le ministre des finances du plan de redressement susvisé, le Fonds Collectif de Garantie des Dépôts peut consentir à l'établissement de crédit concerné des facilités remboursables.

Si la contribution du FCGD est jugée insuffisante, le Gouverneur de Bank Al-Maghrib peut mettre en oeuvre la solidarité de la place en invitant les autres établissements de crédit à apporter leur soutien financier à l'établissement en difficulté, sous forme soit de prise de participation, soit d'octroi de concours remboursables ou non.

Chapitre 2 : Un paysage bancaire marocain toujours plus concentré :

Au cours de ce deuxième chapitre, on va concentrer sur la structure du secteur bancaire Marocain, en expliquant, tout d'abord, la continuation importante de sa puissance de développement (section 1).

Ensuite, on va fournir une présentation plus précise de sa structure, notamment celle des banques qui comptent dans leur actionnariat des banques étrangères (section 2).

Les bilans bancaires, (totalisent 657 milliards de dirhams à fin 2007)6(*), demeurent caractérisés par l'importance de 8 établissements partagés en 4 grandes catégories (section 3) les quels regroupaient près de 96% de ce montant (les trois plus importants détenaient à eux seuls 63% environ la somme globale des bilans, les cinq autres institutions dépassent à peine 4%)

Finalement, le phénomène de concentration de l'activité bancaire (section 4) s'est poursuivi. C'est ainsi que le nombre des établissements bancaires a été ramené de 21 en 1996 à 16 en 2007, principalement par des opérations de fusion absorption, la création d'une nouvelle banque ( Caisse de Dépôts et de Gestion Capital) et la disposition de l'ancienne BNDE.

Section 1 : Un potentiel de développement encore très important :

A fin décembre 2007, les banques agréées marocaines offraient un guichet pour 6.700 habitants (1 pour 2.400 en France).Le taux de bancarisation s'élève à 37% de la population totale et 1/3 du réseau bancaire est concentré sur l'agglomération casablancaise (12,1% de la population nationale) avec un guichet pour 3.896 habitants, la région de l'oriental se place en 2éme position (6% de la population nationale) avec un guichet pour 5.544 habitants, Tadla-Azilal : la plus faible densité bancaire avec un guichet pour 32 234).

Deux banques (le Crédit Populaire du Maroc et Attijariwafa Bank) détiennent prés de la moitié de ce réseau en forte croissance.

Section2 : Une présence marquée des banques étrangères:

L'ensemble des grandes banques privées du royaume compte dans leur actionnariat des banques étrangères plus ou moins impliquées dans leur gestion :

1-des filiales françaises 

-BNP Paribas BDDI Participations contrôle 65% de la Banque Marocaine pour le Commerce et l'Industrie (BMCI),

-la société Générale contrôle 51,9% de la Société Générale Marocaine de Banque (SGMB),

-le groupe Crédit Agricole contrôle 52,7% du Crédit du Maroc.

2- des participations étrangères minoritaires mais significatives 

-le Crédit Mutuelle-CIC, depuis juin 2004, qui détient 10% du capital de la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE Bank),

-Santusa holding (Groupo Santander) et corporation Financiera Caja de Madrid qui participe respectivement à hauteur 14,6% et de 3,4%du capital d'Attijariwafa Bank,

-le Crédit Agricole qui détient 1,4% du capital d'Attijariwafa Bank, mais présent à hauteur de 35% dans les filiales stratégiques d'Attijariwafa Bank que sont Wafasalaf (société leader de crédit à la consommation) et Wafagestion,

-Le Groupe Caisse d'Epargne qui a racheté 35% de Massira Management, filiale de la CDG qui détient 67% du capital du CIH. Le CIH est donc détenu indirectement à hauteur de 25% environ par le Groupe Caisses d'Epargne.

Source : Bank Al_Maghrib7(*).

Comparativement aux systèmes bancaires de plusieurs pays émergents, et comme le montre le graphique suivant, le système bancaire marocain est ouvert à l'actionnariat étranger.

Source : Bank Al_Maghrib.8(*)

Section 3 : Le secteur bancaire marocain se partage en quatre catégories des établissements :

1-Les banques de dépôts classiques 

Parmi lesquelles on trouve les cinq grandes banques privées qui réalisent près des deux tiers de la collecte des dépôts bancaires : Attijariwafa Bank, la BMCE et les trois filiales françaises (BMCI, SGMB et Crédit du Maroc).

2-Le Crédit Populaire du Maroc (CPM) 

Est constitué de la Banque centrale Populaire (BCP) et son réseau de banques populaires régionales (BPR).Organisme public devenu société anonyme en 2002, la BCP est en cours de privatisation : 21% de son capital a été cédé par l'Etat aux BPR et 20% introduits en bourse en juin 2004.

La BCP est particulièrement concernée par la collecte de le petite épargne et la distribution de crédits aux petites et moyennes entreprises.

Leader historique jusqu'en 2005 (22,7% de parts de marché), la BCP s'est fait dérober le 1er rang en 2006 par Attijariwafa Bank (23,6%) mais reste incontournable en termes de collecte des dépôts (27,1%fin 2006).

3-les anciens organismes financiers spécialises 

Dans le financement de secteurs d'activités particuliers : il s'agit du Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) et du Crédit Agricole du Maroc (CAM) qui viennent d'achever leur processus de restructuration et d'assainissement :

-Le Crédit Agricole du Maroc (CAM), devenue société anonyme en 2005 avec prise en charge par l'Etat du soutien au monde agricole non bancable ;

-Le Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH), devenue société anonyme à conseil de surveillance et directoire en janvier 2007, a finalisé sa restructuration en 2006, soutenue par la signature d'un accord capitalistique avec la CDG et le Groupe français Caisses d'Epargne (GCE) : la CDG détient 67%du capital du CIH via sa filiale Massira Capital Management, ayant parallèlement cédé 35% (environ 150M d'euro) du capital de la holding au GCE.

L'objectif de cet accord est de faire évoluer le CIH vers une banque de détail dédiée à la famille et au financement de l'habitat.

4-Diverses autres banques 

Bank Al Amal (financement de projets d'investissement des Marocains résidant à l'étranger), Mediafinance et Casablanca finance markets (interventions sur le marché des titres négociables de la dette) et le fonds d'Equipement Communal (financement des collectivités locales).

Section 4 : Un secteur toujours plus concentré :

Au 31 décembre 2007,le bilan comptable cumulé de l'ensemble des banques marocaines s'élève à 657Md DH, soit 93% du PIB.La tendance à la concentration s'est renforcer en 2007, le total bilan des trois premières banques (CPM,Attijariwafa Bank et BMCE) représentant 63%de l'ensemble. De même, la part du marché des ces 3 premières banques en ce qui concerne les crédits a évolué de 54,1% en 2005 , 56,7% en 2006 à 59,2% en 2007, ainsi que les dépôts ont évolué à 67% en 2007 par rapport à 66,8% en 2005 et 67,6% en 2006.

Cette concentration bancaire est encore plus forte en Europe ; en matière de crédits, les 5 premières banques accaparent souvent entre la moitié et les deux tiers des parts du marché9(*) : 83% aux pays Bas, 76% en Belgique, 51% en Espagne et en Italie, 46% en Royaume-Uni et 41% en France, mais seulement 20% en Allemagne.

Chapitre 3 : Le système bancaire, une source essentielle du financement externe de l'économie nationale

Selon l'article 11 de la loi bancaire ; «  Les banques sont autorisés à :

- Recevoir du public des fonds à vue ou d'un terme inférieur ou égale 2 ans ;

- Distribuer des crédits ;

- Gérer et mettre à la disposition de leur clientèle, tous moyens de paiements ;

- Prendre des participations dans des entreprises existantes ou en création sous réserves qu'elles respectent pour cela, les limites règlementaires fixés par Bank Al Maghrib »10(*).

Au terme du section 1, on va démontrer que le recours aux concours bancaires reste encore une solution couramment utilisée surtout par les sociétés qui bénéficient de 58,6% de l'encours à ces concours distribués par les banques. Ces banques et les autres institutions financières orientent les fonds des agents qui ne les utilisent pas (section 2), à des financements productifs vers les agents qui le font (section 3).Ces institut jouent un rôle essentiel dans l'amélioration de l'efficacité économique.

Comme l'année 2007 a été marque par l'entrée en vigueur du Balle II, la question du financement des PME mérite d'être suivie de plus près (section 4), pour dissiper les inquiétudes qui pourraient être souscitées quant à l'impact de cette réglementation.

Section 1 : Après l'autofinancement, les concours bancaires demeurent la principale source de financement de l'économie marocaine :

1-La structure des emplois des banques montre une prédominance de l'activité de crédit 

L'ensemble des concours des établissements de crédits s'élève à 380Md DH fin 2007 (+16,4%), dont 85% sont accordés par les banques.

Les sociétés bénéficient de 58,6% de l'encours des concours distribués par les établissements de crédits (+20%), les particuliers et les entrepreneurs individuels de 33,2% et de 5%, et les collectivités locales de 3,2%.

Source : Bank Al_Maghrib.

2-Les marchés financiers restent une source de financement marginale pour les entreprises marocaines 

En 2006, ont été émis 0.9Md DH au titre des billets de trésorerie,2,9Md DH au titre des émissions obligatoires et 65 sociétés sont cotées à la Bourse de Casablanca pour une capitalisation représentent 55%du PIB.

3-Il faut cependant noter la difficulté que rencontrent les petites et moyennes entreprises pour se financer auprès du système bancaire 

C'est pourquoi se multiplient des dispositifs de mise à niveau dont l'objectif est d'améliorer la transparence comptable des PME, et des dispositifs de garantie dédiés à la PME afin d'abaisser les exigences des banques en matière de taux appliqués et de garanties réelles.

Section 2 : les ressources bancaires ont continué de se caractériser par une forte progression des comptes à vue :

Les dépôts de la clientèle ont augmenté de 18,1% entre 2006 et 2007 pour atteindre 516Md DH .Ils représentent plus de trois quarts des ressources des banques et se composent pour plus de la moitié de dépôts à vue non rémunérés. Les dépôts des Marocains résidant à l'étranger représentent 21%11(*) du total des dépôts bancaires (-1 point) dont moins de 4% sous forme de dépôts en dirhams convertibles.

Section 3 : Une hausse générale des crédits contre une baisse sensible des créances en souffrance :

1-Une évolution des encours tous azimuts 

Les prêts bancaires représentent 85%de l'ensemble des concours à l'économie. Ils s'élèvent fin 2006 à 327,4Md DH et ont progressé de 17,7% en 2006 (+12,5% en 2005).L'ensemble des crédits bancaires enregistre une hausse importante de 28% à la fin 2007, contre une moyenne annuelle de 7% entre 2000 et 2006, tandis que les créances en souffrance sont en net recul (15,9% du total crédit en 2005, 10,7% en 2006 et 7,7 en 200712(*)).L'expansion des crédits immobiliers est attribuable à l'amélioration des conditions de crédits (forte baisse de taux et allongement des durées de crédit) couplées au dispositif incitatif mis en place par l'Etat.

2-Un taux de créances en souffrance toujours en baisse en 2006 pour l'ensemble du secteur et notamment les banques commerciales 

Le montant des créances en souffrance dans le portefeuille de crédit des banques a baissé en 2006 de 18,3%.Hors effet des banques publiques, le taux s'élève à 7,4%.

Cette situation s'explique principalement par le processus d'assainissement des portefeuilles de crédits engagés par l'ensemble des banques et demeure encouragé au niveau institutionnel, notamment à travers la mise en place des règles de Bâle II.

Source : Bank Al-Maghrib13(*).

Section 4 : Evolution du financement bancaire des petites et moyennes entreprises :

Les PME jouent un rôle très important dans le développement économique national. Elles représentent 95% du tissu économique, emploient plus que la moitié des salariés et réalisent 40%de la production, 51%des investissements et 31% des exportations. Cette position des PME incite à porter une attention particulière à leur financement.

Comme l'année 2007 a été marqué par l'entrée en vigueur de Nouvel accord sur les fonds propres (Bâle II), la question de financement des PME mérite d'être suivie de plus près notamment pour dissiper les inquiétudes qui pourraient être suscitées quant à l'impact de cette nouvelle réglementation.

La description, qui suit, des nouvelles règles telles que transposées au Maroc, montre que celles-ci sont plutôt favorables notamment à la toute petite entreprise.

1-Le financement de la PME dans le cadre de Bâle II 

Au delà des objectifs prudentiels qui représentent la vocation fondamentale du dispositif Bâle II, sa mise en oeuvre tenant compte des caractéristiques propres des PME,témoigne de l'importance de l'intégration de cette catégorie d'entreprises dans le circuits de financement de l'économie.

Sur le plan prudentiel, la réforme baloise vise à inciter les établissements à recourir aux méthodes les plus avancées de gestion du risque de crédit, en les faisant bénéficier d'exigences en fonds propres moins importantes. A ce titre, Bâle II offre aux banques le choix d'appliquer deux approches :

- L'approche standard : elle consiste à appliquer aux expositions une pondération en fonction de la qualité intrinsèque de la contrepartie sur la base d'une notation délivrée par un organisme externe d'évaluation du crédit ;

- L'approche basée sur les notations internes: qui préconise le recours à des modèles de notation internes et offre le choix entre une approche simple (IRB-Fondation) selon laquelle la banque calcule la probabilité de défaut et le régulateur fournit les autres paramètres et une approche plus sophistiquée (IRB - Avancée) où l'ensemble des paramètres sont calculés par la banque.

Les nouvelles règles reconnaissent les spécificités des PME et prévoient une segmentation assez fine des portefeuilles en se référant à des critères de chiffres d'affaires et de montants autorisés de crédits.

Dans ce cadre, Bank Al-Maghrib a fixé, sur la base d'études statistiques menées auprès des banques, les seuils et critères prudentiels au vu desquels devrait s'effectuer la segmentation de la clientèle en portefeuilles « PME»,«TPE» et « Corporate » :

- Est considérée comme PME, toute entreprise dont :

- le chiffre d'affaires hors taxes individuel, ou celui du groupe d'intérêt auquel elle appartient, est supérieur à 3 millions de dirhams et inférieur ou égal à 50 millions de dirhams,

- le chiffre d'affaires hors taxes individuel, ou celui du groupe d'intérêt auquel elle appartient, est inférieur à 3 millions de dirhams et le montant global des créances que détient l'établissement de crédit à son égard à titre individuel, ou sur le groupe d'intérêt auquel elle appartient, est supérieur à 1 million de dirhams.

- La toute petite entreprise (TPE) est définie comme toute entreprise dont le chiffre d'affaires hors taxe est inférieur ou égale à 3 millions de dirhams, sous condition que le montant des crédits autorisés dont elle bénéficie ne dépasse pas un million de dirhams.

- L'entreprise « Corporate » est celle dont le chiffre d'affaires est supérieur à 50 millions de dirhams.

Les banques marocaines appliquent, dans une première phase, l'approche standard préconisée par Bâle II. Au titre de cette approche, les exigences en fonds propres relatives aux crédits aux entreprises sont déterminées en fonction des notes externes qui peuvent leur être attribuées. En l'absence de ces notes, une pondération de 100% est appliquée. Toutefois, les crédits consentis à la toute petite entreprise (TPE) bénéficient d'une pondération de 75% (au lieu de 100% selon Bâle I) du fait de la plus grande diversification reconnue de l'activité de cette catégorie d'entreprises.

La mise en application de l'approche standard se heurte, toutefois, à quelques contraintes relatives notamment à l'impact du risque pays qui ne permet pas aux entreprises d'obtenir une note meilleure que la note souveraine ainsi qu'au nombre faible de notation conjugué à l'absence d'agences de notations domestiques.

En conséquence, les banques marocaines ont tout intérêt à appliquer dans une seconde phase l'approche notations internes. Celle-ci vise à déterminer la qualité des contreparties de la façon la plus objective possible en se basant uniquement sur des caractéristiques que les établissements bancaires peuvent observer. Les entreprises peuvent jouer un rôle prépondérant par une plus grande transparence sur leurs performances, eu égard à la qualité des données financières et qualitatives qu'elles fournissent à la banque, ce faisant, elles aident celle-ci à apprécier leur profil de risque d'une manière plus appropriée.

Dans ce cadre, le calcul des exigences en fonds propres, à la différence de l'approche standard, s'effectue à partir de pondérations des risques déterminées sur la base des systèmes de notation des banques. Ces approches apparaissent plus incitatives que l'approche standard dans la mesure où les crédits accordés aux PME et TPE bénéficient de pondérations plus favorables et impliquent, pour les banques, des économies en fonds propres.

En définitive, l'accord de Bâle II améliore le cadre institutionnel dans lequel va devoir s'inscrire la relation banques/PME du fait qu'il constitue un meilleur catalyseur pour diffuser les meilleures pratiques en matière de transparence financière et de tarification du risque.

2 - Les conditions d'octroi de crédit aux PME se sont assouplies au cours de 2007 

Il ressort des enquêtes visées aux points 3 et 4 de l'encadré n°5 que les conditions de financement des entreprises se sont assouplies. Cet assouplissement a concerné aussi bien les grandes entreprises que les PME et bénéficié plus aux crédits à court terme qu'aux crédits à moyen et long terme.

Source : Bank Al-Maghrib.

Les prévisions concernant l'activité économique et les perspectives spécifiques des entreprises ainsi que les secteurs dans lesquels exercent celles-ci ont été les principaux facteurs ayant contribué à cet assouplissement, dont la baisse de la marge bancaire a été le principal élément.

Ces enquêtes ont révélé également que le nombre d'entreprises ayant bénéficié d'un premier crédit en 2007, a augmenté de 20 % par rapport à 2006 et que l'encours des facilités, de montant unitaire compris entre 1 et 15 millions de dirhams14(*), s'est établi à environ 80 milliards de dirhams, soit 30% du total des concours alloués aux entreprises non financières.

Ces mêmes enquêtes établissent également que la décrue des taux d'intérêt de ces dernières années, bénéficie aux PME; une baisse de 140 points de base a été ainsi enregistrée entre décembre 2006 et 2007.

2ème partie : Le rôle du système bancaire Marocain dans le financement des entreprises

Introduction à la 2ème partie :

Pour produire, les entreprises ont besoin de matières premières, de main d'oeuvre mais aussi de divers équipements : terrains, constructions, matériel de fabrication,... l'ensemble de ces équipements est appelé l'outil de production.

Que se soit à la création ou pour de nécessité de développement, toute entreprise se doit d'investir, c'est-à-dire d'acquérir de nouveaux moyens de production. Une fois mis en place, ils permettront à l'entreprise de produire plus ou dans de meilleures conditions, ce qui va lui permettre de dégager des profits supplémentaires. Ce sont ces profits qui permettront à l'entrepreneur de rembourser ses dettes.

Le financement de ces investissements se fait, en effet, le plus souvent en ayant recours aux crédits bancaires (chapitre 4), conjointement bien sur à l'autofinancement, à l'appel au marché financier, ainsi que, dans certains cas, aux aides publiques.

Au terme du 5éme chapitre, on va définir, plus largement, et présenter à titre d'exemple des crédits octroyés par certaines banques marocaines pour financer des entreprises que se soient des crédits classiques, des crédits bail ou des prêts participatifs.

Chapitre 4 : Lignes nationales de financement des investissements

Pour promouvoir l'investissement et la création d'entreprises, le système bancaire Marocain a mis en place, des moyens de financement diversifiés.
En plus des crédits bancaires et des crédits d'aide à l'auto-emploi largement répandus, des formules de financement direct et complémentaire telles que le crédit-bail, le capital investissement, le micro-crédit et le marché boursier ont été mis à la disposition des entrepreneurs.

Plusieurs formules de crédits bancaires, tels que les crédits court, moyen et longs termes (section 1, 2, 3 et 4), les crédits spécifiques à la mise à niveau pour soutenir les PME dans leur processus de restructuration, ces derniers financent jusqu'à 70% des besoins de restructuration (section 5), ont été développées pour répondre aux besoins des entreprises.

A cela s'ajoute l'encouragement des financements directs d'investissements des PME par les banques commerciales,d'abord par une convention signée avec l'ancienne BNDE sous l'égide de Bank Al Maghrib puis la mise en place de nouvelle procédure de financement des PME, introduite par Bank Al Maghrib en 1987.

Cette dernière procédure, dont les banques s'inspirent toujours, malgré la suppression du réescompte, a constitué, à notre sens, la mesure la plus importante qui ait été prise dans les années 80 en faveur de l'investissement15(*).

De même, des crédits d'aide à l'auto-emploi : Crédits Jeunes Promoteurs, Crédits Jeunes Entrepreneurs et Programme d'aide à l'auto-emploi (section 6 et 7) ont été mis en place afin d'encourager l'intégration des jeunes dans la vie active et de réduire le chômage.

Section 1 : Les crédits d'équipement à court et moyen terme :

Les crédits d'équipement à court et moyen terme sont accordés aussi bien par les banques que par les sociétés de financement spécialisées dans ces concours.

Ces crédits favorisent les financements d'équipements et même de matériels roulants professionnels susceptibles d'être amortis sur une période n'excédant généralement pas 5 ans.

§ Bénéficiaires : toute entreprise ou toute personne inscrite au registre du commerce et les agriculteurs.

§ Objet : acquisition d'équipements professionnels ou agricoles (matériels et outillage, matériels de transport et de levage, mobilier et matériels de bureau...).

§ Quantum de financement : 70 à 90% du matériel à acquérir.

§ durée : 2 à 5 ans (rarement 6 ans) avec un différé de 3 mois au maximum.

§ coût : diffère sensiblement en fonction de l'établissement finançant l'opération, l'importance de celle-ci et la situation financière et commerciale de l'entreprise.

Il peut varier actuellement entre 7% et 11%.

§ Modalités de réalisation : Les remboursements étant généralement mensuels dans ces cas, le bénéficière souscrit à une chaîne d'effets ou encore approuve un plan d'amortissement en signant un document correspondant d'avis de prélèvements.

§ Garanties :

-Nantissement des matériels concernés.

-Autres sûretés éventuelles jugées utiles.

Section 2: Les crédits d'investissement à moyen et long terme en faveur des entreprises (CMLT bancaires) :

§ Bénéficiaires :

-Secteurs d'activité : Tous les secteurs d'activité peuvent bénéficier de cette procédure, notamment l'agriculture, la pêche, l'industrie, l'artisanat, le transport, les mines, les bâtiments et travaux publics, le tourisme, les activités de service dont les professions libérales, etc....

Toutefois, en ce qui concerne les entreprises opérant dans le secteur de la promotion immobilière, seule sont éligibles à cette procédure les investissements nécessaires à leur équipement.

Notons que la promotion immobilière et le négoce jouissant de financements spécifiques.

-Entreprises concernées : Entreprises produisant des biens et/ou des services destinés au marché local ou à l'exportation et dont le programme d'investissement est potentiellement viable.

§ Objet : Promouvoir les crédits d'investissement des entreprises et la réalisation de leurs projets de création, d'extension ou de modernisation.

§ Quantum de financement :

- Pour les entreprises de catégorie A (total du programme d'investissement inférieur ou égal à 10.000.000DH et/ou total bilan inférieur ou égal 20.000.000DH): 80% au maximum;

- Pour les entreprises de catégorie B (total du programme d'investissement supérieur à 10.000.000 DH et/ou total bilan supérieur à 20.000.000 DH):

70% en cas de création;

80% en cas d'extension ou de modernisation.

§ Durée: Elle varie, généralement de 7 ans à 12 ans avec un différé possible de 2 ans.

§ Taux: Négociés avec la banque; se situent dans une fourchette allant de 7% à 11% actuellement.

§ Garanties:

-la CCG jusqu'à concurrence de 50% des crédits en principal, majorés des intérêts y afférents;

- Hypothèque sur le titre foncier (objet de terrain et des constructions du projet, s'il ya lieu);

-Nantissement du Fonds de Commerce;

- Nantissement des matériels;

- Caution conjointe et solidaire des principaux actionnaires et dirigeants;

-Délégation des indemnités d'assurance-sinistres;

-Autres sûretés de substitution éventuellement.

Section 3: Les crédits d'investissement à moyen et long terme / PME (CMLT /PME) :

Dans le passé, les financements des programmes d'investissement des PME/PMI avaient fait l'objet de plusieurs circulaires de Bank Al Maghrib16(*).

Celle n° 6/G/94 du 29 mars 1994 qui avait mis en place le CMTR/PME (réescomptable, alors, directement auprès de Bank Al Maghrib dans le cadre d'une procédure très souple) avait innové en élargissant le financement bancaire des investissements PME/PMI à tous les secteurs d'activité et en étendant les critères relatifs aux crédits qui étaient accordés par les banques dans ce cadre17(*).

Il est important de signaler que malgré la suppression du réescompte et la tombée en désuétude de ces circulaires, la formule de financement CMTR/PME ancienne, a habitué les banques à ces modes de financement qui étaient l'apanage des anciens organismes financiers spécialisés (notamment l'ex.BNDE et l'ex C.N.C.A) et continue d'inspirer les établissements bancaires dans des différents produits d'investissements qu'ils offrent à leur clientèle.

Depuis, les choses ont évolué, les financements d'investissement des PME ont fait l'objet de création de Fonds spécifiques à savoir:

- Le Fonds de Garantie des prêts à la création de la jeune entreprise, prévu dans le cadre de la loi n° 53-00 du 23/07/2002 formant charte de la PME (1);

-Le Fonds d'appui à l'Auto-Emploi «MOUKAWALATI» mis en place par le gouvernement en vue d'encourager la création d'entreprises par les jeunes diplômés marocains (2);

-Le Fonds de garantie des industries culturelles « FGIC» destiné à promouvoir celles-ci (3).

- Définition de la PME:

La charte de la PME, objet de la loi n°53-00 du 23/07/2002 précitée a défini la PME comme:

Toute entreprise gérée et/ou administrées directement par les personnes physiques qui en sont les propriétaires ou actionnaires et qui n'est pas détenue à plus de 25% du capital ou des droits de vote par une ou plusieurs entreprises ne correspondant pas à la définition de la PME, à l'exception des fonds et des sociétés d'investissement et des organismes financiers autorisés à faire appel à l'épargne publique et sous réserve que ces derniers n'exercent aucun contrôle sur l'entreprise.

En outre, les PME doivent répondre aux conditions suivantes:

-Pour les entreprises nouvellement créées, ayant moins de 2 années d'existence:

-engager un programme d'investissement n'excédant pas 25.000.000 DH;

-respecter un ratio d'investissement par emploi créé de inférieur à 250.000 DH.

-Pour les entreprises existantes, ayant 2 années et plus d'existence:

-avoir un effectif inférieur ou égal à 200 personnes;

-avoir réalisé, au cours des 2 dernières années, un chiffre d'affaires annuelles, hors taxes inférieur ou égal à 75.000.000 DH;

-ou un total de bilan annuel inférieur ou égal à 50.000.000 DH.

Notons que pour rendre les dossiers «bancables» (c'est-à-dire susceptibles d'être acceptés par une banque), et éviter notamment les erreurs du passé relatives aux dossiers des jeunes promoteurs, l'Etat a créé, dans le cadre de la même loi n° 53-00, formant charte de la PME, l'Agence Nationale pour la Promotion de la PME «ANPME».

Celle-ci est chargée, entre autre, d'étudier les dossiers d'investissement des PME, entrant dans le cadre du Fonds de Garantie des Prêts à la création de la jeune entreprise et les dossiers de mise à niveau bénéficiant du financement du Fonds de mise à niveau «FOMAN» ainsi que les dossiers où les PME souhaiteraient bénéficier de la garantie du Fonds Restructuration «ISTIMRAR»et ce, préalablement à leur présentation aux banques, à défaut de quoi ils ne sont pas éligibles au soutien de ces Fonds.

Notons que les Fonds établis en faveur de la PME (détaillés plus haut) sont gérés par la CCG qui peut octroyer ainsi la garantie de l'Etat sur les CMLT bancaires destinés aux PME et sont synthétisés comme suit:

1- les CMLT/PME (pour la jeune entreprise)

§ Objet: Projets d'investissement de création ou de première installation.

§ Bénéficiaires: Jeunes entrepreneurs à titre individuel ou constitués en sociétés ou coopératives, remplissant les conditions suivantes:

-Etre de nationalité marocaine;

-Etre âgé de 20 ans au moins et de 45 ans au plus, à la date de leur demande de prêt (Dérogation à la limite d'âge de 45 ans en faveur d'une personne en cas de société ou de coopérative).

§ Plafonds de financement: 90%.

§ Quantum de financement:

-1.000.000 DH maximum pour un projet individuel;

-3.000.000 DH maximum pour un projet en société.

§ Taux : à négocier (se situe, actuellement entre 7% et 10% à titre indicatif).

§ Durée: 7 ans au minimum à 12 ans (en moyenne) avec différé de 2 ans au maximum.

§ Garantie :

-85% des crédits en principal, majorés des intérêts normaux et, le cas échéant, des intérêts de retard y afférents (géré par la CCG).

-Sûretés habituellement demandées par les banques;

-Délégation des indemnités d'assurance relatives aux éléments du projet et d'assurance-vie.

2-LES CMLT/MOUKAWALATI (pour les jeunes diplômés)

§ Objet : création d'entreprises par de jeunes diplômés marocains.

§ Bénéficiaires: Jeunes diplômés marocains remplissant les conditions suivantes:

-Etre de nationalité marocaine;

-Présenter un projet viable validé par l'ANAPEC;

-Le coût du projet doit être compris entre 50.000 et 500.000 DH;

-Le nombre de promoteurs par projet d'investissement ne doit pas dépasser 2 (les projets dont le coût est supérieur à 250.000 DH doivent être initiés par 2 promoteurs).

§ Avances de l'Etat: 10% du programme d'investissement avec un plafond de 15.000DH pour les projets dont le coût est inférieur à 250.000 DH et 30.000 DH pour les projets dépassant 250.000 DH.

§ Plafond de financement: 90%.

§ Quantum de financement:

- 225.000 DH maximum pour un projet individuel;

- 450.000 DH maximum pour un projet conjoint ou en société.

§ Taux: à négocier (se situe, actuellement entre 7% et 10%, à titre indicatif).

§ Garantie:

-85% des crédits en principal, majorés des intérêts normaux et, le cas échéant, des intérêts de retard y afférents (géré par la CCG) ;

-Sûretés portant exclusivement sur les éléments du projet;

- Délégation des indemnités d'assurance relatives aux éléments du projet et d'assurance-vie.

3-Fonds de Garantie des Industries Culturelles (FGIC)

§ Objet: Projet d'investissement dans le domaine des industries culturelles.

§ Bénéficiaires: PME ayant pour activité une industrie culturelle (production et distribution cinématographique et audiovisuelle, industries techniques du cinéma, de l'audiovisuel et de la musique, théâtre, spectacles, exploitation des salles de cinéma, radio et télévision, presse écrite, édition, production et distribution de disques et de contenu multimédia culturel et éducatif, arts visuels et plastiques, mode de design, artisanat) et dont le chiffre d'affaires annuel durant les trois derniers exercices ne dépasse pas 20.000.000 DH.

§ Plafond de financement: 80%.

§ Quantum de financement: supérieur ou égal à100.000 DH.

§ Taux: à négocier (se situe, actuellement entre 7% et 10%, à titre indicatif).

§ Durée: 7 ans au maximum, avec un différé possible de 2 ans au maximum.

§ Garantie :

- 70% du crédit en principal (géré par la CCG);

-Sûretés habituellement demandées par les banques;

-Délégation des indemnités d'assurance relatives aux éléments du projet et d'assurance-vie.

Section 4: Les crédits à moyen et long terme directs (CLMTD) :

Les CMLTD accordes par les établissements bancaires se sont développés depuis la libéralisation des financements et des taux (intervenue en 1991) et la révision, par Bank Al Maghrib, de ses modalités de réescompte opérée en 1995.

La crise économique et la concurrence interbancaire, obligent les banques à offrir de meilleures conditions de crédit, ont eu des répercussions importantes sur ces concours et ce, tant au niveau des bénéficiaires et des projets éligibles que des différents critères de financement.

§ Bénéficiaires : Avant les libéralisations du secteur bancaire les CMLTD étaient réservés principalement aux entreprises ayant une activité productive ou présentant un intérêt de clientèle important.

Aujourd'hui, on peut affirmer que les CMLTD bancaires concernent tous les secteurs d'activité : industrie, agro-industrie, mines, maritime, travaux publics, tourisme, transport, commerce, services... et ce, y compris les secteurs immobiliers et agricoles où les banques de dépôts se hasardaient rarement dans le passé.

Les projets d'investissement peuvent concerner aussi bien :

-une création d'entreprise ;

-une extension d'activité ;

-qu'une réhabilitation et une mise à niveau compétitive d'une affaire.

§ Quantum de financement :

- Création : fourchette maximale (en fonction des banques) : 50%à 70% ;

- Extension : fourchette maximale : 60% à 80%.18(*).

§ Durée :

-CMTD : maximum 7 ans (dont 2 années de différé possible) ;

-CLTD : maximum 15 ans (dont 2 à 4 années de différé possible).

§ Taux :

-CMTD (inférieur ou égal à 7 ans) : TBB (actuellement de 8,00%) + marge bancaire (rémunérant le risque bancaire et le service rendu, allant de 1,25%à 3% en moyenne).

-CLTD (supérieur à 7 ans) : TBB (actuellement de 9%) + marge bancaire ( allant de 1,25%à 2,75% en moyenne).

§ Garanties : sûretés usuelles demandées aux promoteurs : 19(*)

-Hypothèque sur le titre foncier objet de l'investissement ;

-Nantissement du fonds de commerce et des matériels ;

-Cautions solidaires des principaux actionnaires et/ou dirigeants ;

-Délégation d'indemnités d'assurances (vol, incendie pour l'entreprise, décès, invalidité pour les principaux promoteurs).

§ Déblocage :

-au fur et à mesure de la réalisation du projet ;

-il intervient généralement sur présentation de justificatifs (factures) ou devis (dans ce dernier cas, les chèques sont libelles à l'ordre des fournisseurs concernés).

§ Remboursement : effectué généralement par quadrimestrialités.

Section 5 : Les crédits de mise à niveau compétitive des PME/PMI (fonds : FOGAM/CCG) :

En vue d'améliorer la compétitivité des PME/PMI dans la perspective de l'établissement de la zone de libre échange avec l'Union Européenne à l'horizon proche de 2010 et faciliter le financement de leur mise à niveau par les banques, l'Etat a crée le Fonds de Garantie des Crédits pour le mise à niveau des PME/PMI « FOGAM » destiné à garantir les crédits d'investissements correspondants.

La gestion du FOGAM a été confiée à la Caisse Centrale de Garantie (CCG), laquelle a signé, à cet effet, une convention de coopération avec les banques20(*), en date du 3 décembre 1997.

Les caractéristiques de ces crédits sont reprises ainsi qu'il suit21(*) :

§ Entreprises bénéficiaires : Ce sont toutes les PME/PMI répondant aux critères suivants :

- un total bilan (avant investissements) inférieur ou égale à 40.000.000 DH ;

-un programme de mise à niveau dont le coût inférieur ou égale 20.000.000 DH et ayant pour objet l'amélioration de la compétitivité de l'entreprise face à la concurrence étrangères.

§ Crédits bancaires : représentent 70% du programme d'investissement au maximum.

§ Condition : apports en fonds propres ou quasi-fonds propres (capital, capital à risque et prêts participatifs) : 30% au minimum.

§ Durée : 5 à 12 ans dont un différé de remboursement de 3 ans au maximum.

§ Taux : - T.B.B de restructuration : 8,25% HT l'an.

- + commission de garantie CCG : 0,25% HT l'an.

§ Garanties :

-Caution de la CCG :

_Montant garanti : 60% du crédit principal et 6 mois d'intérêt.

_Commission de garantie : 0,25% l'an, sur l'encours en principal (TVA en sus).

Cette commission est réglée en totalité par l'intermédiaire de la banque. Elle peut être incluse dans le coût global du projet.

_Exécution de la garantie par la CCG : 30 jours au plus tard après réception de la mise en jeu présentée par la banque.

_Procédure d'octroi de la garantie CCG : par l'intermédiaire de la banque intervenante (ayant déjà agrée le dossier à son niveau).

Les délais de réponse sont fixes à 10 jours ouvrables à compter de la réception du dossier par la CCG.

-Autres sûretés usuelles pour le complément de financement.

Section 6 : Les crédits aux jeunes promoteurs (loi 14-94) :

En vue d'encourager l'emploi des jeunes et leur insertion dans la vie active en tant que promoteurs de projets, l'Etat a mis en place non seulement des mesures d'incitation à l'investissement des jeunes à travers la loi 16/8722(*) destinée aux diplômés de la Formation Professionnelle et la charte de l'investissement mais surtout plusieurs textes encourageant les financements des jeunes promoteurs.

Il s'agit en l'occurrence :

- de la loi 36/87 relative aux « prêts de soutien à certains promoteurs »23(*) ;

- du décret d'application y afférent n° 2-87-754 du 30 décembre 1987 ;

- des lois n° 14-94 et 14-96, promulguées respectivement par les dahirs n° 1-94-283 du 25 juillet 1994 et n ° 1-96-102 du 7 août 199624(*) qui ont modifié en profondeur la loi 36/87 tout en l'assouplissant ;

- de la loi n°13-94, modifiée par la loi 15-96, relative à la mise en oeuvre du Fonds pour la Promotion de l'Emploi des Jeunes mis en place en 199425(*).

Ce fonds est destine principalement à faciliter l'octroi des crédits par les garanties qu'il accorde aux banques ;

- les conventions mises en place entre l'Etat et les banques donnant délégation à ces dernières pour octroyer des prêts à long terme aux promoteurs concernés et ce par substitution à l'Etat ;

- les conventions entre l'Etat, les banques et Dar Ad Damane (chargée de la gestion du Fonds pour la Promotion de l'Emploi des Jeunes) pour la mise en oeuvre et l'octroi, pour le compte l'Etat, de garanties en faveur des prêts accordés aux jeunes promoteurs, par les établissements bancaires ;

- la circulaire Bank Al Maghrib n° 206/G du 9 novembre 1988 relative aux conditions de mobilisation bancaire de ces crédits.

§ Bénéficiaires : Se sont toutes les personnes physiques de nationalités marocaines, âgées de 20 à 45 ans intervenant à titre individuel ou dans le cadre de sociétés de personne :

- diplômés de l'enseignement supérieur ;

- diplômés de la formation professionnelle ;

- personnes justifiant d'une qualification professionnelle suffisante, leur permettant de s'installer à leur propre compte.

§ Objet : Il s'agit d'un prêt conjoint de l'Etat et des établissements bancaires. Ce prêt ne peut financer que les frais de réalisation du projet retenu.

§ Quantum de financement : 90% du montant du projet avec un plafond de 1 million de dirhams. Ces 90% sont financés pour 45% par l'Etat et pour 45% par les banques commerciales.

Dans le cas où la quotité de financement n'atteint pas 90% du montant du projet, les crédits se repartissent à parts égales entre l'Etat et la banque.

En cas de société, les personnes éligibles qui ne doivent pas dépasser 3, peuvent demander, chacune en ce qui la concerne, un prêt pour financer sa part dans ladite société : le montant de ces prêts ne peut dépasser 3 millions de dirhams pour un même projet.

§ Durée : 12 ans minimum et 15 ans maximum pour les prêts de l'Etat.

7ans minimums pour les prêts de la banque.

§ Taux : 5% pour les prêts de l'Etat.

9% pour les prêts de la banque.

§ Garantie : Fonds de garantie ;

Eléments d'actif ;

Assurance vie.

Section 7 : Les fonds pour la promotion de l'emploi des jeunes (loi 13-94) :

§ Bénéficiaires : Se sont toutes les personnes physiques de nationalités marocaines, âgées de 20 à 45 ans qui ne remplissent pas la condition de diplômes d'enseignement supérieur ou de qualification professionnelle.

§ Objet : Prêt accordé conjointement par le Fonds pour la promotion de l'emploi des jeunes et les banques.

§ Quantum de financement : 90% du montant du projet d'investissement avec un plafond de 1 million de dirhams.

§ Durée et Taux : les mêmes que ceux prévus pour le crédit aux jeunes promoteurs.

Chapitre 5 : Crédits octroyés par certaines banques pour les entreprises

Toutes les entreprises ne peuvent pas faire appel au marché financier qui est réservé aux sociétés les plus importantes. Ces dernières peuvent, elles aussi, préférer s'adresser à leur banque pour financer certains investissements.

Si le recours aux concours bancaires est une solution couramment utilisée et qui a bien souvent le mérite d'être la seule possible -ou presque- pour la quasi-totalité des petites et moyennes entreprises.

Les banques peuvent intervenir soit sous forme de crédits classiques (section 1), soit sous forme de crédit bail (section2), soit encore sous forme d'un prêt participatif (section 3).

Section 1 : les crédits classiques :

Les Banques peuvent accorder aux entreprises des prêts à court, moyen ou long terme dont l'appellation est PBE (Prêts bancaires aux entreprises).

Lorsqu'on parle de court, moyen ou long terme on définit ainsi la durée du prêt (le temps qui le sépare de la fin). Le mot « terme » désigne la fin du prêt.

La durée d'un prêt est importante, car les conditions d'un prêt à long terme ne sont pas les mêmes que celles à court terme.

§ Bénéficiaires :

- Les personnes physiques ou morales, entreprises en création, les repreneurs, les entreprises existantes.

- Tous les secteurs économiques, toute taille d'entreprise, tout statut juridique: SA, SARL, les Artisans, ...

§ Objet : Peuvent être financés les investissements : immobiliers, les fonds de commerce, les mobiliers professionnels, les matériels de production, les matériels de transport, les agencements, les travaux , l'informatique des campagnes de publicité/communication, etc.. Et les besoins en trésorerie générés par ces investissements.

§ Quantum de financement : Généralement 70 % maximum du montant HT de l'investissement et du besoin en fonds de roulement éventuellement complémentaire. De facto l'apport personnel est de 30%.

§ Durée :

-Le prêt à court terme est un crédit dont la durée est inférieure à 2 ans. (Plus utilisé en matière de consommation) .
-Le prêt à moyen terme est un crédit dont la durée est comprise entre 25 mois à 7 ans. (Ayant pour objet de compléter le financement de projets d'investissement).
-Le prêt à long terme est un crédit dont la durée est comprise plus de 7 ans et peuvent atteindre 10 et 15 ans voire même plus dans certains cas (20 et 25 ans pour certains crédits à l'habitat). En fonction de la nature des investissements et de la capacité de remboursement de l'entreprise, un différé de remboursement est possible.26
(*)

§ Taux : Chaque banque a sont propre taux27(*).

1- Le crédit à moyen terme réescomptable par Bank Al Maghrib en faveur des PME (CMTR/PME)

La formule de financement bancaire des petites et moyennes entreprises PME mise en place par la circulaire de Bank Al Maghrib n° 245 du 15 décembre 1987 (modifiée, depuis, par les circulaires BAM n° 53 du 21 mars 1989, n° 5 du 7 juillet 1993 et n° 6/G/94 du 29 mars 1994), marque un véritable tournant au niveau de l'investissement au Maroc grâce aux innovations importantes qu'elle y a introduites.

§ Objet : Financement des projets d'investissement concernant la création, l'extension ou la modernisation des entreprises produisant des biens ou des services destinés au marché local ou à l'exportation.

§ Bénéficiaires :

-Secteurs d'activité : Tous les secteurs d'activité peuvent bénéficier de cette procédure, notamment l'agriculture, la pêche, l'industrie, l'artisanat, le transport, les mines, les bâtiments et travaux publics, le tourisme, les activités de service dont les professions libérales, etc....

Toutefois, en ce qui concerne les entreprises opérant dans le secteur de la promotion immobilière, seule sont éligibles à cette procédure les investissements nécessaires à leur équipement.

-Entreprises concernées : Toute entreprise dont le total du Bilan, avant investissement, est inférieur ou égal à 15 millions de dirhams.

§ Quantum de financement : 70% du programme d'investissement.

§ durée : 7 ans au maximum y compris la période de différé de 2 ans maximum.

§ coût : Négociable entre 9 et 12%.

§ Programme d'investissement : Le programme d'investissement finançable dont le montant maximum ne doit pas dépasser 7.500.000 dirhams peut comporter :

-les dépenses en frais d'établissement ;

-le terrain, pour la partie nécessaire à l'investissement envisagé ;

-les matériels, les équipements et autres investissements physiques ;

-le fonds de roulement de démarrage en cas de création ou le fonds de roulement additionnel en cas d'extension ou de modernisation.

Le coût des équipements doit constituer la part la plus importante du programme d'investissement finançable.

Par ailleurs, les investissements ne doivent pas concerner des réalisations antérieures de plus de 6 mois par rapport à la date de la demande du crédit formulée par le client à la banque.

§ Garanties : Sûretés usuelles demandées par les banques en vue de couvrir leurs risques28(*).

§ Mobilisation auprès de Bank Al Maghrib : Pour que les crédits à moyen terme en faveur de PME puissent être considérés comme « réescomptable » par l'Institut d'Emission, les établissements bancaires sont appelés à adresser à Bank Al Maghrib :

- les fiches signalétiques correspondantes pour tous les crédits d'un montant supérieur à 500.000DH ;

- et les listings des crédits agréés le mois précédent pour les CMTR/PME inférieurs ou égaux à 500.000DH.

Parallèlement à l'envoi de ces fiches et de ces listings, les banques doivent créditer Bank Al Maghrib d'une commission d'engagement de 0,35% flat majorée de TVA29(*).

Les effets représentatifs des CMTR/PME peuvent faire l'objet d'avances sur le marché monétaire lorsqu'ils répondent aux caractéristiques suivantes :

- être crées à 120 jours au maximum (puis renouvelés au fur et à mesure) ;

-l'échéance du CMTR/PME, doit être inférieur ou égale à 5 ans.

Ainsi, lorsqu'il est accordé sur 7 années, le CMTR/PME ne peut être mobilisé que sur 5 dernières années.

2- « IZDIHAR », crédit de la Banque Populaire

§ Bénéficiaires : Toute entreprise de production de biens et de services opérant dans les secteurs de l'industrie, I'agriculture, le transport, le tourisme, les professions libérales et autres activités à l'exception du secteur immobilier.

§ Objet : Financement de la création l'extension ou la modernisation des entreprises.

§ Quantum de financement : 90% du projet d'investissement avec un plafond de 1 million de dirhams.

§ Montant Finançable :

-70% en cas de création ;

- 80% en cas d'extension ou de modernisation d'entreprise30(*).

§ Durée : 12 ans maximums y compris un différé de :

-3 ans maximums pour les projets de création ;

-2 ans maximums pour les projets d'extension ou de modernisation.

§ Taux:

-taux de référence bancaire (TRB) + 3 points : si la durée est inférieure ou égale à 7ans ;

- taux de référence bancaire (TRB) + 3 points : si la durée est supérieure à 7ans.

Section 2: le crédit bail :

Le crédit bail est une technique de financement d'une immobilisation par laquelle une banque ou une société financière acquiert un bien meuble ou immeuble pour le louer à l'entreprise, cette dernière ayant la possibilité de racheter le bien loué pour une valeur résiduelle généralement faible en fin de contrat.

L'article 431 du Code de Commerce a repris textuellement la définition de crédit bail telle qu'elle était énoncée dans l'article 8 de l'ancienne loi bancaire du 6 juillet 1993.

Aux termes de l'articles 431 du CC (loi 15-95 du 01/08/1996) :

« constitue un contrat de crédit bail, conformément aux dispositions de l'article 8 du dahir portant loi n° 1-93-147 du 15 moharrem 1414 (6 juillet 1993) relatif à l'exercice de l'activité des établissements de crédit et de leur contrôle :

1) toute opération de location de biens d'équipement, de matériel ou d'outillage qui quelle que soit sa qualification, donne au locataire la possibilité d'acquérir, à une date fixée avec le propriétaire, tout ou partie des biens loués, moyennant un prix convenu tenant compte, au moins pour partie, des versements effectués a titre de loyers (crédit bail mobilier) ;

2) toute opération de location de biens immobiliers à usage professionnel, achetés par le propriétaire ou construits pour son compte, qui, quelle que soit sa qualification, permet au locataire de devenir propriétaire de tout ou partie des biens loues au plus tard à l'expiration du bail (crédit bail immobilier) ».

Au Maroc, le leasing fut introduit en 1965 par la société « Maroc Leasing ».Il fut repris par d'autres sociétés, dont principalement : la Société Maghrébine de Crédit Bail « Maghrebail », la Société de Crédit et de Leasing « Wafabail », Société Générale de Leasing au Maroc « Sogelease », Chaabi Leasing, interleasing devenu BMCI-Leasing et enfin Union Bail devenu Crédit du Maroc Leasing.

Ces sociétés demeurent spécialisées principalement dans le bail mobilier. Certaines d'entre elles ont cependant commencé à développer le leasing immobilier.

1- Crédit bail pour l'acquisition de bien d'équipement

Location de matériel finance par une banque de crédit bail «  Propriétaire ou bailleur », au client «  locataire ou preneur ». La location est assortie généralement d'une option de rachat du matériel à sa valeur résiduelle par le preneur à la fin de la période de la location.

§ Bénéficiaires : Entreprises industrielles et commerciales, professions libérales, commerçants et artisans.

§ Objet : Financement par voie de crédit-bail de l'acquisition de biens d'équipement.

§ Programme Finançable : Le matériel à acquérir. Le choix du matériel est laissé à la discrétion du preneur.

§ Quantum de financement : 100% de la valeur de l'équipement à acquérir. Le montant minimum est de 20.000 de dirhams.

§ Durée : 3 à 5 ans.

§ Coût : Au vu de la facture pro forma, et après étude un barème de location est établi. Ce barème est fonction de la durée d'amortissement du matériel, du coût de l'argent, des charges du dossier et du coefficient du risque (type de matériel, situation de l'entreprise) les loyers sont généralement mensuels.

2- Crédit bail immobilier

La pratique du crédit bail immobilier au Maroc, comme en Europe, ne touche que le volet professionnel : industrie et commerce principalement.

A la différence du crédit bail mobilier, qui met en présence de 2 parties et qui accordé sur une période n'excédant pas 5 années, le leasing immobilier intéresse 3 personnes : la société de crédit bail, généralement l'entreprise de construction et le preneur en étant consenti sur une période beaucoup plus longue, pouvant atteindre 20 ans.

§ Bénéficiaires : Entreprises en phase de développement, les entreprises payantes des loyers élevés à fonds perdus et qui voudraient constituer un patrimoine et les entreprises exerçant leur activité dans un secteur porteur qui désirent constituer leur fonds de roulement pour faire face a leur développement.

§ Objet : Ce crédit peut porter sur des locaux professionnels acquis par la société ou des constructions à réaliser sur un terrain appartenant soit à la société, soit à un tiers. Le terrain peut être nu ou comportant des constructions destinées à être démolies, en achevées ou en cours de construction.

§ Quantum de financement : 100%.

§ Durée : 10 ans.

§ Coût : établi selon un contrat entre la banque et le client.

3- Cas particulier du Lease-Back

Le « Lease-back » ou la « cession-bail » est une formule qui s'apparente au leasing par laquelle une entreprise cède ses matériels et/ou ses biens immeubles à une société de crédit bail en vue de se procurer de l'argent frais tout en gardant l'usage de ses biens qui lui sont, alors, loués et la possibilité d'en redevenir au terme de contrat de location.

Cette technique peut-être salutaire aux entreprises alourdies par une forte immobilisation en matériels de production ou par une créance dans les financements d'exploitation (fonds de roulement minime ou inexistant)

4- Les avantages et inconvénient de Crédit bail

1- Les avantages du Crédit bail :

-Sur le plan des procédures : Le crédit bail est caractérisé par une rapidité appréciable des décisions et de formalités due à la limitation des circuits d'étude et des organes d'intervention.

-Sur le plan financier : -Les matériels choisis par un entrepreneur ainsi que les biens immeubles peuvent être finances jusqu'à concurrence de 100%.

Ce caractère est très attrayant pour une entreprise dans la mesure où elle n'est pas tenue de rassembler des capitaux propres complémentaires (de l'ordre de 20% à 40%) comme cela est prévu dans le cadre des crédits d'investissements par les banques CMLTD.

- Le crédit bail n'alourdit pas les immobilisations figurant à l'actif du bilan, les loyers correspondants étant simplement enregistrés en charges d'exploitation.

- La durée du loyer des biens immobiliers ( 10 à 20 ans) étant sensiblement supérieure à celle des remboursements des crédits d'investissements bancaires (5 à12 ans), les échéances périodiques sont relativement plus faibles que ceux accordées par les banques.

-Sur le plan fiscal : Les loyers- qui peuvent être assimilés à des remboursements, dans la plupart des cas,- sont compris dans les frais généraux et déductibles du résultat brut d'exploitation au même titre que les autres charges.

Cet avantage est d'autant plus important que la durée du contrat peut être inférieure aux délais d'amortissement fiscaux normalement appliqués, notamment pour les matériels et outillages ce qui a pour effet d'augmenter les charges déductibles fiscalement.

Dans le même ordre d'idée, lorsque le leasing est immobilier et qu'il incorpore le terrain, celui-ci est inclus dans les redevances locatives, qui sont des charges, alors que le terrain n'est normalement pas amortissable, l'entreprise bénéficie ainsi d'un différé d'impôt de longue durée, la réintégration du prix du terrain dans le résultat imposable intervenant au moment de l'acquisition, à l'échéance du bail.

-Sur le plan économique : Les avantages attachés au crédit bail revêtent deux aspects importants :

- cette technique touche à toutes les branches d'activités professionnelles et à toutes les entreprises même celles qui ne peuvent accéder normalement aux crédits à moyen et long terme bancaires ;

- elle leur permet aussi de s'adapter aux progrès techniques et de pouvoir se renouveler rapidement.

2- Les inconvénients du Crédit bail :

On reproche généralement au crédit bail :

- de rendre difficile les financements d'exploitation bancaires (credits de fonctionnement) dans la mesure où l'entreprise locataire ne peut offrir aux banques des garanties sur des biens dont elle n'est pas propriétaire et dont elle n'a que la jouissance ;

- et d'être de coûts relativement plus élevés que ceux des crédits à moyen et long terme bancaires.

Nombreux sont les avantages conférés aux entreprises qui optent pour le crédit bail comme mode de financement des investissements.

Le crédit bail constitue une alternative de développement pour les petites entreprises qui sont à la recherche de moyens de financement à leurs investissement, et est, en même temps un facteur de croissance et d'expansion des grandes entreprises qui ont la possibilité d'accéder à une autre source de financement.

Le crédit bail est donc une source de financement mise à la disposition de entreprises de quelque nature que ce soit, leur permettant de réaliser leurs investissements, et ce, à toutes les étapes de leur croissance, selon une approche comparative basée sur les coûts engendrés et la rentabilité générée par les différentes options de financement.

Section 3: le prêt participatif :

Le prêt participatif a fait l'objet de deux expériences différentes : celle de Bank Al Amal toujours en cours, et celle de la Banque Européenne d'Investissement.

Il est un prêt sans garantie ; il est donc considéré comme une créance de dernier rang.

Il est rémunéré par un intérêt fixe complété le cas échéant par un intérêt variable selon les performances économiques de l'entreprise.

Les principales formules de prise de participation mises en place pour alimenter les fonds propres des entreprises sont : le capital-risque, le capital-développement, le capital-amorçage, le capital-transmission et le capital-restructuration. .

Ces capitaux-investissements interviennent à différents stades du cycle de développement des PME et constituent un appui financier non rémunéré par un taux d'intérêt.
Leur rémunération correspond à la plus-value de sortie et accessoirement à des dividendes. Ils ont l'avantage d'apporter de l'assistance technique, du conseil et de l'élaboration d'études qui servent de base à la mobilisation des fonds. .

1- Société de participation et de promotion du partenariat «SPPP-MOUSSAHAMA »

§ Bénéficiaires : Toutes entreprises en démarrage ou en développement et à fort potentiel de croissance à l'exclusion des activités de services liés à l'industrie, du secteur de l'immobilier et des entreprises en difficulté.

§ Objet : Prise de participation dans des sociétés marocaines ou étrangères crées ou à créer. Assistance technique et conseil des sociétés sous visées ainsi que l'élaboration d'études destinées à servir de base aux prises de participation.

§ Quantum de financement : 49% maximum du capital de l'entreprise sans que cette participation n'excède 10% des fonds propres de MOUSSAHAMA.

§ Durée : la sortie du capital s'effectue dès que l'entreprise est en vitesse de croisière.

§ Coût : participation de la SPPP dans les bénéfices et les pertes.

2- prêt participatif de Bank Al Amal

Bank al Amal consent des prêts participatifs aux MRE ou ex-MRE exerçant ou ayant exercé une activité à l'étranger et désireux de créer ou de développer des entreprises au Maroc. Bank al Amal finance conjointement avec une autre banque la création ou le développement d'entreprise dans tous secteurs d'activité à l'exclusion du logement et du négoce.

Bank AI Amal peut participer à concurrence de 20% à la consolidation du capital des entreprises qu'elle finance. Cette participation prend fin dès que l'affaire commence à dégager du cash flow. Les actionnaires ont aussi la possibilité de racheter les parts souscrites par la banque.

§ Bénéficiaires : toutes entreprises privées dont le capital social est détenu à hauteur de 20% au moins par un ou plusieurs MRE.

§ Quantum de financement : 40% du programme d'investissement finançable (avec un plafond de 1% du fonds propres de BAA).

§ Durée : 2 à 15 ans maximum dont un maximum de 4 ans de différé d'amortissement).

§ Coût :

-7,5% HT pour le prêt d'une durée inférieur ou égale à 9 ans ;

- 8,5% HT pou une durée supérieur à 9 ans.

§ Garanties :

-Caution Dar Ad Damane à hauteur de 40% du prêt ;

-Caution des principaux associés ;

-Caution d'une banque à hauteur de 20% si cette banque initie le dossier de crédit.

La décision d'investir intervient souvent par la volonté :

-soit de s'implanter sur des marchés offrant de bonnes perspectives ;

- soit de se maintenir ou de s'agrandir sur des marchés déjà touchés.

Comme l'a si bien expliqué Monsieur Pierre CONSO « c'est un domaine où les décisions effectives sont encore très souvent dominées par l'intuition ou l'impulsion des dirigeants de l'entreprise, voire par la volonté de puissance ou le goût de la gloire.

« En réalité, la décision d'investissement dépend moins de la rentabilité des opérations projetées que des limites du financement. Les possibilités d'investissement sont quasiment illimitées.

Par contre, les moyens monétaires dont peut disposer l'entreprise sont la plupart du temps étroitement limités. C'est cette contrainte financière qui rend le débat difficile et impose un choix rigoureux. La décision d'investissement est avant tout une décision financière ».31(*)

L'option entre les différentes formules de crédit (citées avant) est plus ouverte que jamais. Alors le critère de choix32(*) dépend des objectifs « industriels » de l'entreprise :


· La « quantum » à financer et l'incidence sur la trésorerie : pour le prêt classique, la banque ne finance pas 100% du besoin et demande donc à l'emprunteur d'en autofinancer une partie (10 à 30 %) par prélèvement sur sa trésorerie courante.

Au contraire, le crédit bailleur où le loueur finance 100 %, quitte à prévoir un premier loyer majoré afin de limiter rapidement leur risque de reprise du matériel en cas d'impayé.


· Le coût : autrefois plus onéreux, le crédit bail est devenu très compétitif, les intervenants sur ce marché très concurrentiel étant souvent des filiales des grandes banques.


· Le traitement comptable : l'investissement financé par emprunt charge le haut du bilan (immobilisation 100 à l'actif et emprunt 70-90 au passif par exemple) ce qui diminue le fonds de roulement et dégrade le ratio capitaux propres/endettement.

La même opération réalisée en crédit bail ou en location n'apparaît pas au bilan, dans les normes françaises. Au compte de résultat, l'intégralité des loyers de crédit bail ou de location est enregistrée en « autres charges externes » en amont du résultat d'exploitation.

Pour le crédit classique, la dotation aux amortissements est séparée des charges financières.

L'incidence sur le résultat net est dans ce cas fonction de la politique d'amortissement. Cela dit, le retraitement des comptes par les analystes risques des banques, aidés par l'instauration des normes IFRS, réduit nettement ces différences de traitement comptable.


· L'utilisation des équipements : c'est le critère déterminant dans le choix du mode de financement.

Lorsque le procès de production est stable, avec une bonne visibilité sur la durée et le rythme d'utilisation du matériel, l'emprunt classique est pertinent.

En revanche, dès que l'investissement décidé représente un pari sur le succès industriel ou commercial, le crédit-bail ou mieux encore la location financière sera privilégié. Le dirigeant garde ainsi la possibilité de se séparer du matériel devenu inutile et la variabilité d'une partie de ses charges fixes.

Conclusion générale

"Le secteur bancaire et financier marocain n'est nullement affecté par la crise internationale"33(*), a affirmé M. Benjelloun au cours d'une conférence de presse conjointe avec les parties signataires du contrat programme public/ privé 2009-2015, donnée à l'issue d'une cérémonie présidée par S.M. le Roi Mohammed VI. .

Il a fait savoir que les banques, qui ont affiché en 2008 des tendances à la hausse dans leurs chiffres d'affaires, comptent réaliser des résultats positifs cette année, rappelant que la demande de crédits n'a pas baissé, comme en témoigne la poursuite de la réalisation partout au Maroc de plusieurs chantiers d'infrastructure, qui nécessitent énormément de crédits.

"Les banques sont en bonne santé et les 6 premières semaines de l'année en cours ont enregistré une augmentation de 20 % des crédits alloués aux PME", s'est il réjoui.

Tout en affirmant que les effets de cette crise ne manqueront pas d'être ressentis au niveau de quelques secteurs, il a souligné que d'autres secteurs vont probablement.

Cependant, il semblerait que malgré les efforts que continuent de déployer les pouvoirs publics pour aider les entreprises à accéder au financement, les résultats obtenus sont loin d'être suffisants. Les entreprises continuent de manquer cruellement de moyens de financement pendant que le système bancaire souffre de surliquidité. Sur le plan, le Maroc vit ainsi aujourd'hui un paradoxe :

- D'un coté, les banques croulent sous les liquidités, et ce malgré les baisses sans précédent opérées sur les taux d'intérêt et les différents dispositifs mis en place pour encourager l'accès au crédit ;

- D'un autre coté, les entreprises ont du mal à accéder à ces liquidités du système bancaire en raison des procédures contraignantes de garanties mises en place par les banques.

Les explications que l'on peut trouver à ce paradoxe trouvent leurs origines des deux cotés :

Du coté des entreprises, les banques avancent que ces dernières ne sont souvent pas éligibles au crédit en raison notamment :

- Du manque de projets bancaires (pas de Business Plan ni d'études de faisabilités techniques, économiques et financières des projets) ;

- Des insuffisances des systèmes d'information des PME (souvent mal organisées, avec beaucoup d'informel et peu d'informations formelles) ;

- Manque d'informations pertinentes, fiables et crédibles au niveau des PME (les états financiers ne sont pas audites) ;

- Manque de transparence.

Du coté des banques, les entreprises avancent que ces dernières ne veulent prendre aucun risque et exigent souvent des garanties exorbitantes, notamment :

- Des garanties dépassant les possibilités de l'entreprise et impliquant souvent les biens personnels des dirigeants, ce qui constitue une barrière objective d'accès au crédit ;

- Un coût élevé du crédit en raison des primes de risques élevées exigées par les banques.

Bibliographie

Les ouvrages :

· Berrada Mohamed Azzedine, « Les techniques de banques, de crédits et de commerce extérieur au Maroc », édition SECEA, année 2007.

· Pierre CONSO, « la gestion financière de l'entreprise », DUNOD.

· Rapport annuel du Bank Al Maghrib sur le contrôle, l'activité et les résultats des établissements de crédit, exercice 2007.

· Fiche de synthèse de mission économique de Rabat, 8 août 2007.

Les journaux et revues :

· la Vie Economique, 22 février 2007.

· La Vie Economique, 27 février 2008.

· Revue : Economie et Entreprises, novembre 2007.

· LE MATIN, 03 avril 2008.

Les sites web :

· http://www.netpme.fr/banque-entreprise/1182-financement-entreprises.html

· http://www.financesmediterranee.com/pdf/pays/FM_DREE_Maroc_SituationBancai.pdf

· http://www.entreprendre.ma/Le-secteur-bancaire-marocain-n-est-nullement-affecte-par-la-crise-financiere_a1733.html

* 1 Khadija SKALLI, «  Financement des PME : Le Maroc est bien loti », jeudi 22 février 2007, la Vie Economique.

* 2 Le premier établissement fut la Banque Moses Pariente, née en 1802.

* 3 Dans la loi bancaire de 1993, l'agrément était accordé par le Ministre des Finances, après avis du CEC.

* 4 Les établissements bancaires étaient au nombre de 69 en 1954, à la veille de l'indépendance et disposaient de 75 guichets (dont 55 à Tanger et 20 à Casablanca).

* 5 L'article 11.3éme alinéa de la loi bancaire2006 a énoncé que, par dérogation ces sociétés peuvent être habilitées à recevoir du public des fonds supérieur à 1 ans dans le cadre de leur agrément.

* 6 Rapport annuel du Bank Al Maghrib sur le contrôle, l'activité et les résultats des établissements de crédit, exercice 2007, p.9.

* 7 Rapport annuel du Bank Al Maghrib sur le contrôle, l'activité et les résultats des établissements de crédit, exercice 2007, p.52.

* 8 Rapport annuel du Bank Al Maghrib sur le control, l'activité et les résultats des établissements de crédit, exercice 2007, p.52.

* 9 Revue : Economie et Entreprises, n°98, novembre 2007, p.64-65.

* 10 Berrada Mohamed Azzedine, « Les techniques de banques, de crédits et de commerce extérieur au Maroc », édition SECEA, année 2007, p.49.

* 11 «  Banques : 500 milliards de DH de dépôts et 378 milliards de crédits à fin 2007 », La Vie Economique, 27 février 2008.

* 12 Abdelali BOUKHALEF, le secteur bancaire marocain, 03 avril 2008, LE MATIN.

* 13 http://www.financesmediterranee.com/pdf/pays/FM_DREE_Maroc_SituationBancai.pdf

* 14 Rapport annuel du BAM sur le contrôle, l'activité et les résultats es établissements de crédits, exercice 2007

* 15 Dans cette procédure de financement, c'est BAM elle-même qui accordait la signature de réescompte prévue par l'article 31 des ses statuts, moyennent une commission de 0,35% flat HT (payée en une seule fois sur le montant autorise du crédit).

* 16 La formule de financement bancaire des petites et moyennes entreprises mise en place par la circulaire de BAM n°245 du 15 décembre 1987 (modifiée, depuis,par les circulaires BAM n° 53 du 21 mars 1989, n° 5 du 7 juillet 1993 et n° 6/G/94 du mars 1994), avait marqué un véritable tournant au niveau de l'investissement au Maroc grâce au innovations importantes qu'elle y avait introduites ( extension à tous les secteurs d'activité ; indépendance et liberté des banques par rapport aux anciens organismes financiers spécialisés réescompteurs).

* 17 Programme d'investissement éligible à l'époque : 7.500.000 DH au maximum et bilan avant investissement inférieur ou égal à 15.000.000 DH.

* 18 Il est très rare que le maximum dépasse ces seuils. Certains services exclusifs de banque font cependant état de possibilités de financement de 90%.

* 19 Les CMLTD en faveur de PME/PMI et même des grandes entreprises peuvent être garantis par aval CCG ou encore de Dar Ad Damane.

* 20 Les banques signataires de cette convention sont : Amro Bank Maroc, Arab Bank, Bank Al Amal, BCM, BCP, BMAO, BMCE Bank, BMCI, BNDE, CIH, CNCA, CDM, FEC, SGMB, SMDC et Wafabank.

* 21 Source : Plaquette de CCG sur le Fonds de Garantie pour la mise à niveau des PME/PMI (FOGAM).Il convient de noter que la CCG a révisé les critères d'éligibilité des entreprises à la garantie du FOGAM en le doublant et ce, en vue de relancer la demande sur les garanties de mise à niveau qui sont peu utilisées.

* 22 Cette loi a fait l'objet du Dahir n° 1-88 du 3 juillet 1989 et a été promulguée dans le B.O n° 4001 du 5 juillet 1989.

* 23 Promulguée par dahir n° 1-87-199 du 30 décembre 1987.

* 24 Ces lois ont été publiées respectivement dans :

-le B.O n° 4266 du 03-08-94 (pour la loi 14-94); -le B.O n° 4428 du 03-11-96 (pour la loi 14-96).

* 25 La loi 13-94 a été promulguée dans le même B.O que celle portant le n° 14-94 (B.O n°4266 du 03-08-94) ; la loi n° 15-96 a été également publiée dans le même B.O que celle portant le n° 14-96 (B.O n°4428 du 07-11-96).

* 26 Berrada Mohamed Azzedine, « Les techniques de banques, de crédits et de commerce extérieur au Maroc », édition SECEA, année 2007, p.309.

* 27 Ne pas oublier les frais de dossiers et assurances, qui s'ajoutent au taux bancaire, et qui peuvent avoisiner parfois les 1,5%.

* 28 Les CMTR/PME peuvent être garantis à hauteur de 50% par aval de la CCG ou encore de Dar Ad Damane.

* 29 Circulaire de BAM n°6/G/94 du 29 mars 1994, p.3.

* 30 Le coût d'acquisition du terrain et des locaux d'exploitation ainsi que le montant des BFDR ne doivent pas excéder globalement 50% du prêt d'investissement sauf cas exceptionnel.

* 31 Pierre CONSO, « la gestion financière de l'entreprise », DUNOD, p.226.

* 32 http://www.netpme.fr/banque-entreprise/1182-financement-entreprises.html

* 33http://www.entreprendre.ma/Le-secteur-bancaire-marocain-n-est-nullement-affecte-par-la-crisefinanciere_a1733.html






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