2. L'assistance sociale
L'assistance sociale est le moyen le plus direct pour venir en
aide à des personnes déjà en situation de
précarité absolue et sans ressources d'une part ou à des
personnes vulnérables et qui peuvent tomber un jour à l'autre
faute d'un soutien familial ou gouvernemental, dans la pauvreté d'autre
part et c'est le cas des chômeurs, des licenciés pour causes
économiques et technologiques, etc.
La nouvelle vision du développement humain ne se
résume pas en un manque de ressources monétaires pour subvenir
aux besoins essentiels de la vie mais s'étend aussi à d'autres
besoins tels que la possibilité de participer activement dans la
société, de vivre dans des bonnes conditions et de pouvoir tirer
profit des possibilités offertes par la société.
L'assistance sociale en Tunisie s'articule autour de trois
pôles sous forme de programmes et de fonds spéciaux dont la
gestion incombe à plusieurs structures relevant à plusieurs
ministères dont notamment les affaires sociales, le développement
économique, l'agriculture, éducation, santé, formation,
etc.
Les différentes interventions sont donc regroupées
par leur nature en des programmes d'aide et d'assistance sociale, des
programmes de soutien à l'emploi et à la création de
sources de revenus et enfin des programmes d'amélioration des conditions
de vie.
L'Etat tunisien soucieux de l'existence de poches de
pauvreté en milieux rural et urbain (noyau dur de la pauvreté) et
essentiellement pour des personnes âgées, pauvres et sans soutien
et des handicapés issus des familles à faibles revenus dont
l'intégration dans le monde du travail s'avère impossible d'une
manière permanente.
Pour cette catégorie de personnes dont le ciblage est
parfois difficile à réaliser, l'aide est direct en matière
de couverture maladie et d'octroi d'un revenu permanent toute la vie.
Pour les autres catégories dont la pauvreté parait
passagère et conjoncturelle, l'assistance sociale se résume en
les aidant à créer leurs projets personnels par le biais des
microcrédits ou de les initier à la vie active grâce
à la formation professionnelle ou encore à encourager les
entreprises à embaucher les diplômés de l'enseignement
supérieur moyennant des avantages fiscaux ou autres.
L'Etat tunisien dans un souci de réduire les
inégalités en matière de développement
économique et social entre les régions du pays a lancé des
programmes d'investissements sociaux de grande envergure en matière
d'assainissement, de l'eau potable, d'infrastructures routières et
pistes, des centres de santé de base, etc.
Le gouvernement tunisien continue à soutenir le pouvoir
d'achat de la population à travers la subvention de certaines
denrées alimentaires de base comme la farine, le sucre, l'huile, etc. ,
via la caisse générale de compensation (CGC) qui datait depuis
les années soixante dix.
Le coté négatif du phénomène de la
compensation est la difficulté de pouvoir cibler les vrais
bénéficiaires. Actuellement c'est plutôt les familles
nanties qui en profitent davantage et toute une industrie alimentaire qui
utilise cet avantage.
Le soutien aux pauvres est aussi l'affaire du partenariat
international sous formes d'aide, d'assistance et d'investissements directs
étrangers surtout dans des domaines prioritaires, productifs et
générateurs d'emplois.
Cette intervention venait des instances internationales comme
l'ONU via ses différents objectifs du millénaire de
développement que les Etats membres l'ont acceptés solennellement
et sans réserves en septembre 2000 et la Banque Mondiale (BM), le Fonds
Monétaire Internationale (FMI), le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), etc.
En effet, certains pays du sud en voie de développement ne
peuvent seuls, compte tenu d'une lourde dette et de son service qui ravage les
maigres surplus dégagés, sortir facilement des retombés de
la dernière crise financière et du sous développent
hérité en partie par la période coloniale.
2.1. Les programmes d'aides et d'assistance sociale
Le Programme National des Familles nécessiteuses (PNAFN)
a été mis en place par le gouvernement tunisien sous la tutelle
du ministère des affaires sociales, de la solidarité et des
travailleurs tunisiens à l'étranger en 1986 pour atténuer
les méfaits du programme d'ajustement structurel (PAS) sur les personnes
à faible revenu.
En effet, pendant cette crise qui a secoué
l'économie nationale jusqu'au point de cessation de paiement et de
manque de réserves en devises étrangères, les pouvoirs
publics ont arrêté un programme de libéralisation
progressive des prix, l'instauration de l'économie du marché,
l'encouragement de l'initiative privée, l'ouverture sur l'investissement
direct étranger et surtout le désengagement de l'Etat des
domaines concurrentiels ce qui a induit une élévation
généralisée des prix, cessation d'activité de
certaines entreprises publiques, licenciements de nombreux salariés,
etc.
Les familles nécessiteuses sont définies comme
étant sans revenues, sous le seuil de pauvreté, sans soutien dont
les membres ne peuvent pas travailler à l'instar des personnes
âgées, des handicapés, des veuves avec des enfants à
charge, etc.
Leur nombre est de 115 000 familles en 2009 ce qui donne aux
alentours de 450 000 habitants. Ce programme représente plus de 60% de
l'enveloppe accordée au programme d'aide et d'assistance sociale.
Le revenu octroyé d'une manière permanente à
cette catégorie d'extrême nécessité est de 170
dinars par trimestre en 2009, constitue une solution efficace pour
réduire la pauvreté extrême d'un nombre important de
personnes. Faute de cette solution le taux de pauvreté serait plus
élevé puisque ceux-ci seront classés en dessous du seuil
de pauvreté.
Au même titre, les handicapés et les personnes
âgées sans soutien de famille et qui ne peuvent pas exercer un
travail dont leur nombre atteint 7 000 personnes,
bénéficient d'une indemnité trimestrielle de 170 dinars
également ce qui a un impact sur la réduction du taux de
pauvreté.
De même, on note une couverture maladie gratuite (AGM I)
dans les structures publiques de 171 430 personnes et une couverture
maladie réduite (AGM II) pour 550.400 bénéficiaires.
Les autres programmes d'aide et d'assistance sociale de moindre
importance entrant dans le cadre de la solidarité nationale sont
gérés par l'Union Tunisienne de Solidarité Sociale
(UTSS).
L'UTSS fondée en 1964, est une organisation non
gouvernementale oeuvrant pour réaliser des programmes sociaux, d'aide de
secours et d'auto développement au profit des personnes démunies
et pauvres.
Elle se charge des programmes suivants :
-programmes de promotion sociale et d'aide au profit des
enfants préscolaires issus de familles nécessiteuses et aux
élèves et étudiants provenant des familles ayant des
revenus faibles.
-programmes d'assistance sociale au profit des familles et aux
individus indigents occasionnellement et périodiquement, des personnes
âgées nécessiteuses et sans soutien et des
handicapés mentaux sans soutien de famille.
Elle gère aussi une banque de bienfaisance des
médicaments et intervient auprès des sinistrés en cas de
catastrophes.
Cette institution sociale est financée à partir
principalement des dons et des participations des organismes et des personnes
physiques.
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