3.4.2- Une importante production
céréalière déversée au Bénin
Nous avons tout au long de ce travail montré que les
conditions climatiques et édaphiques de notre terroir de même que
l'organisation de ses habitants se prêtent très bien à
l'activité agricole. Par ailleurs, selon les données recueillies
au cours de nos travaux, 60,9% de nos enquêtés ont une
exploitation d'une superficie de plus de 3 hectares. Selon cette même
source, 37% disent avoir une production de maïs supérieure à
dix sacs et 62,5% entre un et dix sacs par campagne agricole. Les autres
cultures comme le sorgho et l'igname n'ont pu faire l'objet de quantification
précise pour deux raisons. D'une part, il est difficile aux paysans de
donner le nombre exact des tubercules d'ignames vendus au cours d'une
année parce que même avant la récolte, il leur arrive d'en
déterrer quelques unes pour la vente. D'autre part, chez les Temberma
dont 19,8% consacrent leur temps à la production du sorgho, il n'est pas
nécessaire de conserver cette céréale en grain. Elle se
conserve donc après les récoltes dans les greniers et c'est
à chaque fois qu'il y a un besoin précis d'argent que l'on fait
égrener en tapant pour en vendre les grains. Néanmoins, les
informations recueillies nous permettent de situer la productivité du
sorgho à quelques unités près de celle du maïs. C'est
ce qui nous a permis d'établir le tableau 14 qui fait
état de la production de certaines denrées essentielles par
hectare puis d'en déduire la quantité moyenne produite dans notre
zone d'étude.
Tableau 14 : Production moyenne de certaines
céréales à KOUTOUGOU, Campagne agricole 2003-2004
:
|
Productivité / Ha (en tonne)
|
Superficie moyenne (en Ha)
|
Production moyenne du terroir (en tonnes)
|
Maïs
|
2
|
28
|
56
|
Sorgho
|
1,6
|
15
|
24
|
Niébé
|
0,7
|
10
|
7
|
Arachide
|
0,4
|
07
|
2,8
|
Source : D'après les résultats de nos travaux et
les données recueillies à partir du dépouillement des
Fiches techniques ICAT.
On voit d'après le tableau 13 que chaque année,
en moyenne, quelques 56 tonnes de maïs soit plus de 500 sacs de 100 kg
sont produits à KOUTOUGOU et pas un seul n'est vendu sur le territoire
togolais. Il en est de même avec les autres denrées notamment le
niébé, le sorgho ou l'arachide. Cette année par exemple,
le problème alimentaire a été très
délicat.
Au cours des mois de juin et juillet 2005 où le prix du
maïs a connu une fulgurante ascension sur tout le territoire togolais (900
francs à Nadoba, 1000 francs à Kantè et Niamtougou le bol
de 2,5 kg environ), les populations de KOUTOUGOU vendaient leur production de
maïs au Bénin à un prix de 700 francs CFA la même
mesure à Takonta au Bénin. Cela constitue non seulement un manque
à gagner pour les paysans mais davantage une belle réserve perdue
pour l'Etat togolais qui pourtant a mis du prix pour disposer des engrais
utilisés et en plus pour les subventionner. Toute cette perte, nous
tenons à le préciser est simplement le fait de l'enclavement ne
permettant même pas à ces populations d'aller écouler leurs
produits à Nadoba à 5 km à vol d'oiseau et de faire
profiter leur production aux consommateurs nationaux. On se demande alors ce
qu'on gagne à laisser toute cette réserve de vivriers dans cet
isolement chronique et difficilement supportable.
A tout considérer, l'enclavement de la localité
que nous étudions n'a d'effets néfastes que pour ceux qui y
vivent, loin s'en faut, il est source de nombreuses pertes autant pour notre
pays que pour les populations togolaises. Celles-ci se manifestent par
l'éloignement de ce qui aurait pu être une source d'attraction
pour les touristes (les tatas même si elles sont en voie de disparition)
d'une part et d'autre part par de nombreuses quantités de produits
agricoles céréaliers surtout cultivés par des togolais, au
Togo et avec l'aide financier du gouvernement togolais, et qui se vendent
à des prix relativement bas sur les marchés extraterritoriaux.
Ces marchés constituent, faut-il le rappeler, le seul lieu
d'approvisionnement de ces populations
en produits manufacturés. Il en découle une
fuite non seulement de nos produits agricoles mais encore des capitaux vers
d'autres pays. Les taxes de marché prélevées sur les
ventes ne sont non plus de nature à réduire les effets nuisibles
de ce phénomène. C'est pour freiner ce phénomène
qu'un processus de désenclavement de KOUTOUGOU s'impose. Seulement,
celuici doit prendre en compte les nombreuses potentialités locales.
Quelles sont-elles ?
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