2.5.2- L'artisanat
La poterie est la seule activité artisanale de notre
zone d'étude. Elle est pratiquée par les femmes d'un âge
avancé (plus de 55 ans). Mais l'éloignement des points
d'écoulement (marché de Takonta au Bénin) réduit
cette activité en un passe-temps. Il n'existe presque pas de ventes
outre celles qui ont lieu entre les voisins d'un même village.
2.5.3- La pêche et la chasse, deux activités
en nette régression
« Les jeunes n'ont plus le temps d'aller chasser, ils
préfèrent aller boire ». C'est en ces termes que le chef
canton a répondu à une question relative à la pratique de
la chasse. Et la conséquence dit-il est la
prolifération d'animaux sauvages (perdrix, renards, reptiles...) aux
alentours des maisons décimant les volailles et détruisant les
semis.
Quant à la pêche, elle est le
propre de quelques rares habitués, souvent des vieux qui la font entre
novembre et janvier essentiellement dans la Kéran et la Binah. Les
ressources de la pêche ne faisant presque pas l'objet de vente, on
comprend donc la moindre importance de cette activité dans la vie de ce
peuple.
En somme, comme l'artisanat, la pêche et la chasse sont
des activités quasi inexistantes dans le terroir d'étude. De nos
jours, l'activité agricole reste alors l'occupation première de
ses habitants qui par le passé furent de grands chasseurs. Ils
travaillent donc la terre presque douze mois sur les douze de l'année
car aux saisons mortes correspondent les moments de préparation des
champs. Les rares moments de repos sont ceux consacrés aux fêtes
traditionnelles ou aux cérémonies funéraires ou
rituelles.
Quoi qu'il en soit, l'environnement étudié
situé sur les versants de l'Atakora regorge des réalités
propres aux Temberma. Ainsi, les données sur le système foncier
révèlent une stabilité des modes traditionnels
d'accès et de gestion des terres, celles sur la dynamique agricole
montrent des pratiques intimement liées aux conditions orographiques et
à l'héritage historiques. De plus, avec les types de cultures,
les utilisations du sol et les activités secondaires, toutes les
particularités se conjuguent pour montrer qu'il s'agit bien d'un terroir
qui garde une certaine authenticité propre non seulement aux Temberma
mais davantage à ceux de KOUTOUGOU. La place de la femme et surtout son
rôle dans la gestion du grenier
familial ne diffère-t-il pas de ce qui se passe à
Nadoba pourtant situé à moins 5 Km au nord à vol d'oiseau,
et considéré à juste titre comme le berceau des Temberma
?
La vie quotidienne ainsi relatée révèle
une parfaite imbrication entre le fait naturel et le milieu humain
caractéristique de la zone d'étude. Ce faisant, les techniques
culturales analysées ainsi que les systèmes agricoles en vigueur
sont intimement liés à ces deux facteurs. On se demande alors si
la proportion négligeable des activités secondaires est une
situation étrangère aux conditions naturelles actuelles et aux
mutations d'ordre humain?
Une question qui nous pousse à dire que le concept de
terroir privilégié dans le cadre de notre étude se
justifie pleinement. Mais, n'existent-il pas d'autres réalités
fonctionnelles pour individualiser ce regroupement de quatre villages que nous
avons nommé terroir de Koutougou?
En dépit de la fertilité des terres et de
l'organisation sociale traditionnelle qui permettent de dégager des
ressources énormes surtout en terme de production des
céréales, la zone d'investigation n'est d'aucune utilité
lorsqu'il s'agit d'approvisionner la préfecture de la Kéran voire
la région de la Kara en produits agricoles.
Lorsque nous admettons que le canton de Nadoba est aussi
peuplé de Temberma qui produisent des céréales et les
vendent à Kantè au Togo, à KOUTOUGOU par contre, la
préférence va à la vente des produits agricoles sur le
marché de Takonté au Bénin. Cette situation est
inhérente à l'absence de voies de transport ralliant l'espace
géographique étudié au territoire togolais. Les Temberma
de KOUTOUGOU sont donc contraints de vivre dans un isolement qui affecte leur
vécu quotidien et qui est source d'un développement
socioéconomique extraverti aux effets multiplicateurs.
CHAPITRE 3
L'ENCLAVEMENT, UNE REALITE INDISSOCIABLE DE LA VIE
DES TEMBERMA
L'enclavement, avions-nous dit d'entrée de jeu, est
l'absence, l'insuffisance ou la praticabilité saisonnière des
voies de communication dans une zone donnée. Dans le cas de Koutougou,
toutes ces réalités sont évidentes.
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