2.4- L'UTILISATION DU SOL
C'est la façon dont les paysans conçoivent et
pratiquent les différentes cultures sur une parcelle donnée. Ces
techniques qui dénotent de l'ingéniosité du monde paysan
permettent de maximiser les productions. Les plus en vue chez les Temberma sont
la rotation et l'association des cultures. Comment se pratiquent-elles ?
2.4.1- La rotation des cultures
Elle se définit comme l'alternance ou la succession
méthodique des cultures sur une parcelle donnée. Le cycle le plus
déterminant dans la rotation des cultures durant notre enquête est
de trois ans. La première année, après débroussage,
les deux cultures possibles sont l'igname ou le coton avec de fortes
préférences pour la première. La deuxième
année, c'est surtout le maïs ou le sorgho qui prend la place avant
de pouvoir la céder la troisième année à toutes les
autres cultures comme le niébé, l'arachide, le voandzou...
En tout état de cause, il n'existe pas ordre
prédéfini pour la succession des cultures dans le temps.
Toutefois, il est rare de trouver sur une nouvelle friche autre chose que
l'igname ou le coton dans une moindre mesure. C'est ce que montre le tableau 7
qui porte sur la rotation des principales cultures dans le terroir de
Koutougou.
Tableau 7 : Rotation des principales cultures dans le
terroir de Koutougou
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Cultures dominantes
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Aménagements
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Première année
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Ignames
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Buttage
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Deuxième année
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Maïs ou sorgho
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à plat sur le reste des buttes
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Troisième année
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Coton ou maïs
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Billonnage
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Quatrième année
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Niébé, arachide, .....
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Billonnage
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Source : D'apres nos travaux les résultats de nos
travaux.
2.4.2- L'association des cultures
Excepté le cas de la culture du coton, 97,2% de nos
enquêtés apprécient le système d'association de
cultures. En fait, c'est une pratique très ancienne chez les Temberma
comme d'ailleurs c'est souvent le cas dans plusieurs sociétés au
Togo dont les Dimori en pays Bassar (ALI S., 1996). Il s'agit dans une certaine
mesure d'une conséquence de la pratique de l'agriculture extensive.
Dans la plupart des cas, les Temberma considèrent
certaines cultures comme prioritaires et à celles-là, il faut
associer celles dites secondaires. C'est aussi le fruit d'une mesure de
prévoyance puisque les Temberma pensent que lorsqu'il arrive que la
première culture connaisse des problèmes liés aux
aléas climatiques comme le retard de la pluie, les efforts de production
ne seront pas vains surtout qu'il y a possibilité d'une deuxième
culture.
Ainsi conçu, l'association prend différentes
facettes dans l'environnement étudié. Outre les rares cultures en
pure, on assiste à l'association de deux, trois, voire quatre cultures
comme l'indique le tableau 8.
Tableau 8 : Types d'association de cultures dans le
terroir de Koutougou
Caractéristiques
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Cultures
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Cultures pures
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Igname
Coton Maïs
Niébé Sorgho Fonio
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Association de deux cultures
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Igname + Manioc
Igname + Riz Igname + Voandzou
Maïs + Niébé Maïs + Arachide
Maïs + Sorgho Sorgho + Niébé
Niébé + Voandzou
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Association de trois cultures
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Igname + Manioc + Maïs
Igname + Voandzou +Arachide Maïs + Niébé +
Sorgho
Maïs + Arachide + Voandzou Maïs + Sorgho + Arachide
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Association de quatre cultures
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Igname + Manioc + Maïs +Gombo Igname + Voandzou +Arachide +
Riz Maïs + Niébé + Sorgho + Manioc
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Source : D'après les résultats de nos travaux.
Le travail de la terre à KOUTOUGOU se fait de
façon organisée en dépit des nombreuses difficultés
y affairant. Mais dans ce terroir, il n'y a pas que la terre seule pour occuper
les habitants ; loin s'en faut. Comme dans tout milieu rural, les Temberma
élèvent, sculptent, pêchent et chassent même si de
nos jours ces activités n'attirent pas les foules. Quelles en sont les
proportions et à quelle période de l'année pratiquent-ils
ces activités ?
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