UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP
DAKAR / SENEGAL
Ecole des Bibliothécaires, Archivistes et
Documentalistes
ETUDE DE COMMUNAUTES DE
PRATIQUE ET MECANISMES DE
PARTAGE DES CONNAISSANCES VIA LES
RESEAUX NUMERIQUES
|
LE CAS DU PNUD
Mémoire présenté et soutenu en vue
de l'obtention du Diplôme Supérieur en Sciences de
l'Information et de la Communication (DSSIC)
Par Félicien Mambulu
Sous la direction du Professeur Dr Samba AW Docteur
en sciences de l'information et de la communication, Maître-Assistant
à l'EBAD
ETUDE DE COMMUNAUTES DE PRATIQUE ET MECANISMES DE
PARTAGE DES CONNAISSANCES VIA LES RESEAUX NUMERIQUES : LE CAS DU
PNUD
Dédicace
- A mes enfants :
- Noémie Mambulu Kabuiku
- Geoffrey Mambulu Mpongo
- Gaëlle Cynthia Mambulu
afin que ce mémoire vous serve de valeur
d'abnégation et d'exemple.
- A mon épouse Liliane Mpongo Mambulu, pour votre patience
et votre sens de sacrifice.
Remerciements
Au terme de ce mémoire de fin du 2ème
cycle en vue de l'obtention du Diplôme Supérieur en Sciences de
l'Information et de la Communication (DSSIC), nous adressons nos vifs et
sincères remerciements à tous ceux qui, de près ou de
loin, nous ont apporté leur soutien pour l'aboutissement de nos
études.
De prime abord, nous sommes redevable au professeur Docteur
Samba AW qui, malgré ses multiples occupations, a bien voulu accepter la
direction de ce mémoire. Ses observations et ses remarques très
pertinentes nous ont aidé à mieux appréhender notre sujet
sur plus d'un aspect.
Tout le corps professoral de l'EBAD dont les enseignements de
qualité nous ont beaucoup enrichi mérite particulièrement
nos égards. Nous sommes aussi reconnaissant à l'endroit du
personnel administratif de l'EBAD pour tous les efforts consentis pour le bon
fonctionnement de la plate-forme FADIS grâce à laquelle nous avons
pu suivre durant deux ans notre formation en restant sur place sur notre lieu
de travail et de résidence.
Nous pensées s'adressent également dans cet
élan d'hommage à nos autorités hiérarchiques du
Bureau du PNUD-Angola qui nous avaient autorisé à parachever
notre formation académique tout en continuant à travailler.
Qu'elles trouvent ici l'expression de toute notre gratitude.
Enfin, nous ne pouvons pas taire l'amitié du professeur
Petelo pour avoir acceptée la relecture du manuscrit.
Table de matière
1. INTRODUCTION p.8
2. PROBLEMATIQUE p.15
3. CONTEXTE
3.1. Présentation du PNUD p.18
3.2. Missions p.18
3.3. Organisation p.19
3.4. Présentation du Bureau du PNUD-Angola p.21
4. REVUE DE LITTERATURE
Etude des concepts fondamentaux: Communautés virtuelles et
de pratique, Knowledge Management, Partage des connaissances, Réseaux
numériques
4.1. Communautés virtuelles et de pratique
p.23
4.1.1. Définition p.24
4.1.2. Caractéristiques p.25
4.1.3. Typologie p.27
4.1.3.1. Communautés d'intérêt p.27
4.1.3.2. Communautés d'apprentissage p.28
4.1.3.3. Communautés de projet p.29
4.1.3.4. Communautés de pratique p.29
4.1.3.4.1. Définition p.30
4.1.3.4.2. Genèse p.32
4.1.3.4.3. Typologie p.41
4.1.3.4.4. Cartographie des réseaux interpersonnels
p.42
4.1.3.4.5. Caractéristiques p.43
4.1.3.4.6. Intérêt p.45
4.1.3.4.7. Avantages et bénéfices p.47
4.1.3.4.8. Outils p.51
4.1.3.4.9. Activités p.53
4.2. La gestion des connaissances ou le Knowledge
Management
4.2.1. Terminologie p.54
4.2.1.1. Données, Informations et connaissances p.56
4.2.2 Nature de la connaissance p.59
4.2.2.1 Connaissances tacites
p.60
4.2.2.2 Connaissances explicites p.61
4.2.3 Définition du Knowledge Management p.62
4.2.4 Les objectifs de la gestion de connaissances p.69
4.2.4.1 Capitaliser
4.2.4.2 Partager
4.2.4.3 Créer
4.2.5 Cycle de vie du Knowledge Management p.70
4.2.5.1 Création
4.2.5.2 Acquisition
4.2.5.3 Organisation
4.2.5.4 Accès
4.2.5.5 Utilisation
4.2.6 Les 4 leviers du Knowledge Management p.72
4.2.6.1 L'accès à l'information
4.2.6.2 La gestion des compétences
4.2.6.3 La capitalisation et le partage des retours
d'expériences
4.2.6.4 La compréhension de l'environnement
4.2.7 Approche de la gestion des connaissances dans l'entreprise
: mémoires d'entreprises ou l'organisation des connaissances dans
l'entreprise
4.2.7.1 Mémoire à base de connaissances p.74
4.2.7.2 Mémoire à base de cas p.75
4.2.7.3 Mémoire dynamique : Collecticiels ou Groupware
p.75
4.2.7.4 Mémoire de projet p.76
4.2.7.5 Mémoire documentaire p.77
4.2.8 Positionnement du Management des connaissances par rapport
à la gestion de l'information p.78 4.3 Partage des
connaissances au sein d'une organisation
4.3.2 Définition p.84
4.3.3 De la création aux partage et transfert des
connaissances p.85
4.3.4 Processus de transfert de la connaissance p.86
4.3.4.1 La socialisation
4.3.4.2 L'externalisation
4.3.4.3 La combinaison
4.3.4.4 L'internalisation
4.3.5 Transfert de connaissances : une approche à trois
niveaux p.90
4.3.5.1 Transfert des connaissances entre individus p.90
4.3.5.2 Transfert des connaissances entre les membres
d'une
communauté de pratique p.91
4.3.5.3 Transfert des connaissances au sein d'une entreprise
p.92
4.3.5. L'organisation et les connaissances p.95
4.3.5.1. Intranet et l'échange et le partage de
l'information p.99
4.3.5.1.1. Les communautés internes sur Intranet p.99
4.3.6 Les outils d'échange et de partage des connaissances
p.102
4.3.6.1 Synchrone et Asynchrone p.102
4.3.6.2 Les outils du travail collaboratif et d'échanges
p.104
4.3.6.2.1 Typologie p.106
4.3.6.2.1.1 Outils de communication
4.3.6.2.1.2 Outils de partage du travail
4.3.6.2.1.3 Outils d'accès au savoir ou de Knowledge
Management
4.3.6.2.1.4 Outils de coordination
4.4 Les Réseaux numériques
4.4.1 Définition p.110
5 METHODOLOGIE p.113
6 RESULTATS DE RECHERCHE : ETUDE, ANALYSE ET
CARACTÉRISATION DES PRATIQUES DE GESTION DES CONNAISSANCES AU
PNUD
6.1 Cartographie de communautés de pratique p.119
6.1.1 Description des pratiques p.120
6.1.2 Organisation des communautés de pratique p.122
6.1.3 Réseaux des pratiques et dispositifs de partage des
connaissances p.129 6.2 Grille d'analyse de cas et résultats au
Bureau PNUD/Angola
6.2.1 Diagnostic de partage des connaissances p.140
6.2.2 Besoins et pratiques en informations des agents p.148
6.2.3 Potentiel en matière de communauté virtuelle
et niveau
d'utilisation des outils informatiques p.151
6.3 Bilan des conclusions et propositions p.158
7 CONCLUSION GENERALE p.170
8 BIBLIOGRAPHIE p.171
9 LISTE DES SCHEMAS p.180
10 LISTE DES GRAPHES p.181
11 LISTE DES TABLEAUX p.182
ANNEXE
Annexe n°1 : Grille d'analyse p.184
Annexe n°2 : Index p.186
1. INTRODUCTION
La fin du 20ème siècle a
été marquée par de nombreux bouleversements sociaux,
culturels, économiques et technologiques. Elle a occasionné le
passage des activités industrielles à des activités
typiquement mentales ou intellectuelles qui s'accompagnent d'une certaine
rénovation du travail. Celle-ci se caractérise par plus
d'immatériel (processus d'innovation, biens intangibles, services
rendus...), plus d'informations (première matière première
quasiuniverselle), plus de complexité (multiplication des variables et
incertitudes croissantes), plus d'acteurs en interactions (diversité de
compétences, externalisation, mondialisation...) et plus de pertes
d'acteurs porteurs de savoirs et savoir-faire (démographie,
départ en retraite, mouvements sociologiques).
Aux yeux de Jean-François Marcotte (2001), ces
transformations sociales, économiques, culturelles et technologiques ont
engendré le développement de nombreux dispositifs de
communication. Depuis l'avènement de l'ordinateur, certains supports
techniques ont permis la communication à distance avec d'autres
individus par l'intermédiaire des réseaux numériques. Dans
ce courant, des pratiques socioculturelles et des mécanismes de partage
des connaissances se sont développés au sein des environnements
virtuels générés par l'interconnexion des ordinateurs.
Corollairement, des liens sociaux se sont formés entre
les usagers des réseaux informatiques à travers le vaste
mouvement social entourant l'émergence d'Internet, lequel ouvre à
toute personne qui l'utilise une nouvelle dimension de l'espace.
Des milliers d'individus utilisent aujourd'hui Internet
quotidiennement pour y développer des pratiques d'échanges
interpersonnels. Sous l'influence de divers agents sociaux, des environnements
de discussion en réseaux se sont développés: courriers
électroniques, forums de discussion, bavardage
électronique et commerce en ligne... sont autant
d'activités auxquelles s'adonnent les internautes dans les
réseaux numériques.
Graduellement, des individus se sont approprié ces
espaces virtuels de rencontre et participent à l'évolution d'un
univers symbolique qui leur est propre. Des relations sociales se tissent entre
eux et très souvent des groupes prennent vie pour se rencontrer sur
cette base virtuelle en vue d'échanger, partager et construire de
nouvelles connaissances. Ces nouvelles manières de communiquer qui
transforment et influencent les rapports sociaux ont favorisé le
développement d'une nouvelle forme de coopération, de
collaboration et d'échange d'informations entre correspondants multiples
éloignés géographiquement et organisés par centres
d'intérêt thématiques.
C'est ce que l'on nomme " Communautés virtuelles ".
Emmanuelle Vaast (2001) soutient que la communauté
virtuelle en tant que concept tend à incarner un espace
privilégié mais non restreint permettant à des internautes
à priori isolés à travers le monde de se réunir
autour d'une thématique particulière et de créer une
chaîne humaine reposant sur un support électronique. Elle
s'organise autour d'un intérêt commun et du développement
des compétences pour chaque individu qui y participe. Le but est de se
rendre mutuellement service.
Selon Le TéléApprentissage Communautaire et
Transformatif (TACT) de l'Université de Laval, le concept «
communauté virtuelle » est une notion générique qui
regroupe au sein d'un même creuset des formes variées de
rassemblement ou de regroupement d'individus exerçant une
activité quelconque dans le cyberespace. Selon les conjonctures, cette
notion communautaire se voit attribuer différentes appellations:
communauté d'intérêt, communauté d'apprentissage et
communauté de pratique.
Les communautés d'intérêt se créent
souvent autour d'un point d'ancrage commun, de la communication et de
l'échange d'informations sur des sujets
variés attenant à la vie ou au travail. Internet en
abrite d'innombrables sous de multiples formes.
Les communautés d'apprentissage se rapportent aux actes
d'enseigner et d'apprendre en ligne et en réseau. C'est le domaine de
l'organisation, du scolaire, de la formation et / ou du perfectionnement.
Les communautés de pratique, quant à elles,
s'insèrent dans le sillage des pratiques quotidiennes de l'apprentissage
en milieu professionnel, du partage des connaissances et de la collaboration en
réseaux au sein des entreprises ou des organisations, lesquelles
permettent la consolidation des savoirs formels et informels par
l'écriture.
C'est cette dernière forme qui fait l'objet de notre
travail de mémoire. Cela étant, il nous a paru utile, sinon
nécessaire, de nous pencher là-dessus.
La communauté de pratique s'inscrit dans des
impératifs de l'économie du savoir et se positionne dans le champ
de nouvelles visions de l'entreprise et d'une nouvelle forme de pratique
managériale en fort développement : la gestion des connaissances
ou le Knowledge Management.
Ce dernier est une démarche qui tente de gérer
des informations aussi diverses que pensées, idées, intuitions,
pratiques, expériences émises par des gens dans l'exercice de
leur profession. Il s'agit d'un processus de création, d'enrichissement,
de capitalisation et de diffusion des savoirs qui implique tous les acteurs de
l'organisation en tant que consommateurs et producteurs.
Pour Gilles Beauchamp (2002), le Knowledge Management suppose
que la connaissance soit capturée là où elle est
créée, partagée par les hommes et finalement
appliquée à un processus de l'entreprise pour innover.
En effet, la nouvelle dynamique de l'économie est
considérée désormais comme reposant moins sur des
investissements dans le capital physique mais de plus en plus sur
l'apprentissage ou l'investissement dans la création de la connaissance.
Avec l'avènement de la société de l'information, une
quasi-
unanimité considère celle-ci comme le principal
facteur de production et la pierre angulaire de l'organisation.
Sur cet angle, les entreprises et les organisations
s'attachent prioritairement à produire et consommer de bonnes
connaissances pour espérer survivre et se développer.
Dès lors, Il est de plus en plus admis selon la
perception de Gilles Balmisse (2003) que dans une économie
globalisée, accélérée et de plus en plus
fondée sur l'immatériel, les nouveaux facteurs clés de
succès sont : la veille et l'accès à l'information, la
capacité d'innovation, la capitalisation et le partage des
connaissances, la conduite du changement, la mutualisation d'expertise, la
collaboration à distance au sein de l'organisation étendue
(communautés métier, partenaires, clients...) et enfin le
développement et la valorisation de l'intelligence collective ( savoir,
savoir-faire, compétences et expériences).
L'exploitation des connaissances et savoir-faire constitue
dans le contexte économique actuel l'un des leviers majeurs de
rentabilité et d'innovation pour les entreprises et les organisations.
De même, le travail en réseau au sein des communautés
métiers appelées autrement communautés de pratique
s'impose comme la forme d'organisation la plus efficace pour des entreprises et
les organisations de plus en plus globalisées, multi-localisées
et spécialisées. De ce fait, les communautés de pratique
sont de plus en plus reconnues comme porteuses de valeur ajoutée.
Reposant sur le partage des connaissances, l'échange
d'informations et d'expériences et la collaboration en réseau,
ces communautés métiers ont pour finalité de favoriser
l'innovation, la capitalisation et la réutilisation des savoirs et des
savoir-faire au service de l'efficacité d'une entreprise ou d'une
organisation. Elles se constituent souvent à partir de réseaux
métiers interpersonnels existants dans l'organisation et se
développent en fédérant un ou des réseaux
élargis de membres autour d'un projet commun. Ces réseaux servent
les intérêts individuels de chacun en organisant le partage ou la
création des
ressources communes (expériences, connaissances,
savoir-faire, outils...) et en structurant les processus de collaboration et
d'échanges d'information.
Ainsi, l'organisation ou l'entreprise déjà
détentrice de masses d'information trouve-t-elle dans les
communautés de pratique un moyen de créer un lien dynamique entre
la somme des connaissances qu'elle a acquise et son collectif humain.
Pour Schubert (2000), le rôle de la communauté de
pratique consiste en premier lieu en la mise en commun et au partage des
connaissances qui sont préalablement dispersées dans un groupe
d'individus. Autant les organisations ont mis l'accent sur l'adaptation de
leurs structures organisationnelles pour renforcer leurs processus d'affaires,
leurs lignes de production, leurs services à la clientèle...
autant l'élaboration des structures de partage des connaissances est
devenue une nécessité impérieuse pour capter les multiples
facettes des expériences, du savoir et du savoir-faire du capital humain
et ainsi étendre les compétences de tous au sein de
l'organisation. L'émergence d'une connaissance riche et la
transformation en information commune des connaissances fragmentées et
intangibles au fil du temps sont les points les plus déterminants d'une
communauté de pratique.
Les communautés de pratique prennent appui sur les
technologies du Knowledge Management qui permettent d'outiller le processus
collaboratif (e-learning, workflow, gestion du contenu, GED, Groupware,
Intranet... De plus amples explications sur ces notions sont fournies plus
loin).
Les solutions du KM qui facilitent et automatisent les
différentes étapes de processus d'échanges entre des
experts ( qu'il aura fallu identifier) et toutes les personnes de
l'organisation intéressées par leurs expertises ont comme support
la base de connaissances de l'entreprise ou de l'organisation. Ces technologies
donnent ainsi lieu à la création des forums, des portails, de
nouvelles bases d'expertises.
La réussite des projets de communauté de
pratique dépend certes de l'animation que les outils logiciels auront
permis de réaliser.
Un autre facteur clé de réussite est la
participation volontaire et assidue de chaque membre.
Dans les faits, ce sont véritablement les
mentalités et les habitudes au sein des organisations qui
évoluent et se perfectionnent dans une spirale ascendante de bonnes
pratiques, développant un dynamisme de groupe et un retour sur
investissement tant qualitatif que quantitatif en capitalisant sur les
expériences et l'expertise des membres.
C'est sous cet angle que se situe ce travail de recherche.
Celui-ci ambitionne d'esquisser les meilleures pratiques et d'identifier les
différents dispositifs de partage des connaissances au sein des
communautés de pratique, plus particulièrement celles mises en
place par le Programme des Nations Unies pour le Développement (
PNUD).
Notre intérêt pour cette nouvelle
thématique dont se font de plus en plus l'écho la presse
spécialisée, les cabinets de conseils, les conférences et
salons professionnels ainsi que la littérature académique est
fondé sur le fait que le management des connaissances et le management
de l'information font appel à des démarches proches et à
des outils communs. En nous imprégnant au fil des lectures et recherches
de ce domaine qui nous a paru au départ inconnu, il nous a semblé
important de montrer en quoi les techniques et savoir-faire traditionnels des
sciences de l'information et de la communication sont particulièrement
adaptés et adaptables à ce sujet.
Le choix du PNUD trouve sa justification dans des liens
d'attache que nous avons, étant donné que c'est notre
environnement professionnel.
Pour poser le cadre conceptuel de cette étude, il nous
a paru nécessaire de répartir notre travail en deux parties :
- Une revue des écrits pour mieux cerner la
problématique et les concepts fondamentaux mis en jeu notamment les
notions de communautés virtuelles et de pratique, de management des
connaissances, de partage des connaissances et des réseaux
numériques au travers de différentes
définitions et en présentant leurs caractéristiques et
leurs aspects primordiaux. Cette étude documentaire s'est
essentiellement basée sur quelques références
bibliographiques et sur des documents disponibles sur le Web.
- L'application pratique du cas concret : le PNUD. Nous y
avons d'abord décrit la cartographie des pratiques, l'organisation des
communautés de pratique et les dispositifs de partage des connaissances.
Une enquête auprès d'un échantillon a été
réalisée au Bureau du PNUD-Angola au moyen d'une grille
d'analyse. Celle-ci a permis de synthétiser les réponses et de
dégager quelques résultats. L'objectif était de pouvoir
comparer l'approche du PNUD par rapport à celle développée
dans la revue de littérature et d'en dégager des synthèses
et propositions.
Enfin, une conclusion générale achève cette
étude.
2. PROBLÉMATIQUE
En ouvrant la page d'accueil du site Internet du PNUD (
http://www.undp.org), notre
attention a été focalisée sur une rubrique qui fait
l'objet de notre préoccupation : Communautés de Pratique :
Gouvernance démocratique . Réduction de la pauvreté .
Prévention des crises et relèvement . Energie et environnement .
VIH/sida.
Schéma n°1 : Page d'accueil du site Internet du PNUD
"Modèle"
Un clic sur chaque mot clé mis en évidence nous
a permis de comprendre à la lumière des détails fournis
qu'il s'agit bien des domaines thématiques dans lesquels le PNUD
réunit une expertise et une somme de connaissances et
d'expérience des services de développement qu'il accorde à
ses partenaires que sont les pays en développement. L'objectif est de
les aider à identifier leurs propres solutions aux défis
nationaux et mondiaux auxquels ils sont confrontés en matière de
développement. Une description d'activités est donnée sur
ce que le PNUD fait dans chacun des cinq thèmes d'intervention.
Partant de cette observation, nous nous sommes
intéressé dans ce travail à apporter un
éclairage au travers d'un questionnement sur ce concept
émergent "communauté de pratique " qui constitue un sujet
relativement récent lié au
management des connaissances, lequel connaît actuellement
un regain d'intérêt.
Une série d'interrogations nous a guidé :
Qu'entend-on par communautés virtuelles et / ou communautés de
pratique ? Quels sont leurs objectifs, leurs caractéristiques et leurs
modes de fonctionnement? Quels outils et quels moyens utilisent-elles? Comment
se réalise le processus d'échange et de partage de connaissances
dans une communauté virtuelle ? Qu'entend-t-on par connaissance ? Quelle
est sa nature, sa place et ses modes de gestion ? Qu'est-ce que la gestion des
connaissances ou le Knowledge Management? Quels sont ses objectifs, ses
applications et ses modes d'organisation ? Quelle est sa position par rapport
au management de l'information ? Quels sont les processus et les outils de
partage des connaissances dans une organisation ou entreprise ? Pourquoi des
communautés de pratique au PNUD ? Comment sont-elles organisées?
Avec quels outils et quelles méthodes le PNUD assure- t-il le partage
des pratiques et des connaissances ? Comment ses membres du personnel dans les
Bureaux de pays et au Siège y participent-ils ? Comment les membres du
personnel du Bureau d'Angola vivent-ils cette expérience et y
participent-ils?
C'est à l'ensemble de ces questions que cette
étude souhaite apporter des éléments de réponses en
nous fondant sur l'examen des dispositifs du partage des connaissances du
collectif constitué. Ce modèle analytique a en effet guidé
la structuration de grille d'analyse utilisée lors de notre
enquête.
Les objectifs sont :
- étudier et montrer l'importance et
l'intérêt du Knowledge Management pour les spécialistes de
l'information documentaire étant donné que nous y voyons se
profiler les horizons futurs pour notre profession;
- vérifier les liens possibles entre le management de
l'information et le Knowledge Management;
- déceler les pratiques de veille informationnelle et
identifier les dispositifs de partage des connaissances et les besoins
exprimés;
- vérifier si les notions de communautés de
pratique et de partage de connaissances sont véritablement une
préoccupation actuelle et bien ancrée dans les pratiques
professionnelles et quotidiennes au PNUD;
- étudier au travers d'une enquête
réalisée, les pratiques et mécanismes de partage des
connaissances au Bureau du PNUDAngola.
L'ensemble de l'étude s'articule sur une volonté
de compréhension de cette nouvelle thématique de gestion des
connaissances (Knowledge Management) propulsée par la révolution
de nouvelles technologies de l'information et de la communication mais peu ou
pro abordée dans la littérature académique sur les
sciences de l'information et de la communication en Afrique.
3. CONTEXTE
3.1 Présentation du PNUD
Le PNUD - Programme des Nations Unies pour le
Développement - est le réseau mondial de développement du
système des Nations Unies. Il a été créé en
1965 suite à la fusion du Fonds spécial institué en 1959
et du Programme élargi d'assistance technique qui a vu le jour en 1950.
Il a son siège à New York et est présent dans 166 pays. Le
réseau PNUD intervient dans le monde entier pour mettre en rapport les
pays donateurs et les pays en développement, le secteur privé et
le secteur public, et pour faire converger les conseils de politique et les
ressources de programme aidant d'une part les nations à renforcer leurs
propres aptitudes en matière de développement et d'autre part les
autres organisations à mieux déployer leurs connaissances et
leurs ressources spécifiques.
3.2 Missions
Le PNUD prône le changement et relie les pays aux
connaissances, expériences et ressources dont leurs populations ont
besoin pour améliorer leur vie. Il les aide à identifier leurs
propres solutions aux défis nationaux et mondiaux auxquels ils sont
confrontés en matière de développement. Le PNUD a
été chargé par les dirigeants des Etats membres de l'ONU
qui se sont engagés lors du Sommet du millénaire à
réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015, de veiller
à ce que ces engagements se réalisent. Pour ce faire, il
s'attache à fournir aux pays en développement des services de
conseils à base des connaissances et à former des coalitions
nationales, régionales et mondiales en faveur du changement.
3.3 Organisation
Pour répondre aux missions qui lui ont
été confiées, le PNUD a entrepris depuis 1999
d'élaborer un réseau de développement mondial pour le
nouveau millénaire et, ce faisant, de procéder à des
réformes organisationnelles. Aujourd'hui le PNUD est devenu une
organisation décentralisée, structurée en réseaux
qui fournit des conseils experts en matière de politique et propose des
solutions pratiques là où elles sont nécessaires, à
savoir dans les pays bénéficiaires de ses programmes.
Les réformes de la dotation en personnel et la
ré-allocation des ressources lui ont permis d'unifier ses travaux en
matière de politique, de plaidoyer et de ressources et de les axer sur
cinq domaines d'intervention thématiques qui correspondent aux
préoccupations de développement.
Pour améliorer la circulation de l'information et le
fonctionnement interne de l'organisation, le PNUD a automatisé ses
processus internes. Cette numérisation a été
favorisée par le déploiement depuis janvier 2004 d'un progiciel
de gestion intégré ERP1
dénommé Atlas.
Cet outil fédérateur permet de gérer et
de coordonner à partir d'une base de données unique
différents processus opérationnels : finances, ressources
humaines, achats et approvisionnement, gestion de projets...
L'unicité de traitement et la modularité du
progiciel permettent de traiter plus efficacement ces processus
interdépendants en diminuant les coûts de fonctionnement.
Grâce à toutes ces réformes, le PNUD se
présente à l'heure actuelle comme un réseau pour diffuser
les connaissances sur le développement et pour renforcer les liens avec
les travaux sur le terrain. Neuf Centres de Contact SousRégionaux (
SURF) ont été établis à Addis-Abeba, Bangkok,
Beyrouth, Brastislava, Dakar, Harare, Katmandou, Panama City et Port of
Spain.
1 Enterprise Ressource Planning
(Progiciel de Gestion Intégré des ressources d'une entreprise).
Les ERP constituent une famille de programmes qui intègrent en un
seul ensemble cohérent, les différentes fonctions de gestion
informatisée d'une entreprise : gestion des ressources humaines, gestion
financière, commerciales (gestion des achats, des ventes, gestion
comptable), gestion de production (gestion des données techniques,
des ateliers, etc.).
Ces centres fournissent un appui opportun et de haute
qualité aux Bureaux de pays et servent de noyaux de nouveaux
réseaux de connaissances du PNUD, cooptant de nouveaux partenaires,
promouvant les meilleures pratiques régionales et mondiales et
élargissant l'expertise de l'organisation.
Aux moyens de réseaux électroniques
évolués, les SURF relient aujourd'hui des milliers de
participants et appuient la diffusion rapide des meilleures pratiques et de
l'expertise de par le monde.
Le PNUD est organisé en cinq domaines d'intervention
thématiques, de manière à pouvoir se concentrer sur les
priorités des pays en développement. Ces domaines sont :
- La gouvernance démocratique qui vise à
élargir les choix ouverts aux ressortissants des pays en
développement par une responsabilité gouvernementale accrue et
grâce à des institutions efficaces.
- La réduction de la pauvreté qui contribue
à rompre le cycle de privation et de désespoir, premier obstacle
qui s'oppose à toute forme de développement.
- La prévention des crises et le relèvement qui
aide environ un quart de la population mondiale qui vit dans des régions
en crise ou sortant de crises à opérer la transition qui la
mènera de la sujétion aux secours humanitaires à un
développement par la communauté.
- L'énergie et l'environnement qui permet de renforcer
les capacités des pays en développement à protéger
sagement leur ressources naturelles, à les acquérir à un
coût abordable et à les utiliser de manière durable.
- Le VIH/sida qui contribue à faire campagne pour
placer le VIH/sida au centre de la planification et des budgets nationaux et
à appuyer les efforts nationaux à travers l'offre des
connaissances, des ressources et des meilleures pratiques du monde entier.
Dans chacun de ses domaines d'intervention, le PNUD rassemble
du personnel de l'organisation et des experts techniques et parties prenantes
du monde entier pour créer des communautés de
développement virtuelles et pour établir de nouveaux dialogues et
des partenariats axés sur les
résultats. Il aide également à
développer les institutions, les capacités de formulation des
politiques, les connaissances et le capital humain des pays au moyen de
programmes d'assistance technique et d'appuis soutenus. Bien plus, le PNUD
déploie des ressources de manière stratégique pour plaider
en faveur de questions importantes. Il met en oeuvre des projets pilotes
novateurs en ayant recours à toute une gamme de technologies
susceptibles d'être rapidement utilisées à plus grande
échelle dans d'autres projets. Il dispense enfin des conseils aux
administrations locales et aux autorités nationales, promeut les droits
de femmes et le rôle des femmes dans le développement et oeuvre
avec une variété de partenaires du secteur public et privé
ainsi que de la société civile.
3.4 Présentation du Bureau du PNUD - Angola
Le Programme des Nations unies pour le Développement
assiste l'Angola depuis le 18 février 1977. Il s'emploie à
remédier aux causes multiples de la pauvreté et à
promouvoir un développement humain durable. Il aide également ce
pays à réformer son système judiciaire et son
administration du territoire et lui apporte un soutien de premier choix pendant
cette période d'après-guerre notamment l'expertise, un appui
matériel et financier aux diverses institutions publiques et
privées. Le même type d'appui est fourni aux autorités
nationales pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour
le Développement (OMD), pour lesquels le PNUD assume le rôle de
coordinateur national.
17 projets sont actuellement en cours à travers le
pays. Ceux-ci vont du microcrédit en passant par le renforcement des
capacités et des stratégies communautaires, la promotion de la
femme, la protection de la bio-diversité, la lutte contre le VIH/SIDA ou
encore le déminage.
Le cadre de cette Coopération du Pays (UNDAF) pour la
période de période allant de 2005 à 2008 décrit
l'ensemble des projets qui seront mis en oeuvre.
Le Bureau du PNUD Angola compte actuellement une quarantaine
des membres répartis dans deux départements : Le
Département des Programmes et le Département des
Opérations. Son organigramme se présente de façon
cidessous :
Schéma n°2 : Organigramme du Bureau du PNUD-Angola "
Modèle".
4. - REVUE DE LITTERATURE
Etude des concepts fondamentaux : Communautés
virtuelles et de pratique, Knowledge Management, Partage des
connaissances, Réseaux numériques
Il sied de rappeler que la problématique du sujet de
notre mémoire part d' un questionnement sur ses concepts de base :
Communautés virtuelles et de pratique, Knowledge Management, Partage des
connaissances et Réseaux numériques.
Dans cette première partie, il est question de
revisiter les fondements théoriques de ces notions à travers la
présentation de différentes définitions selon divers
auteurs, leurs caractéristiques et aspects principaux qui nous ont
semblé avoir une portée analytique intéressante.
4.1 Communautés virtuelles et de pratique
Bien que de nombreux écrits conceptuels existent sur
les communautés virtuelles, la recherche sur ce sujet est
émergente et représente un champ fertile. Par delà
l'effervescence de la littérature académique portant sur ce
thème, nous avons choisi de nous pencher sur un courant de
littérature qui constitue notre champ de recherche : celui du Knowledge
Management.
Notre approche s'appuie sur des travaux récents sur la
nature et la dynamique interne des communautés virtuelles au sein des
firmes et des organisations et les processus complexes de leur
fonctionnement.
Il est généralement admis qu'une
communauté est un groupe d'au moins deux personnes qui s'influencent
l'un et l'autre à travers des interactions sociales. La
communauté est dite virtuelle dès que ses membres utilisent les
réseaux informatiques (Internet ou Intranet ) pour se rencontrer et
échanger.
Ces rencontres et échanges qui sont
délocalisés se font dans un espace virtuel dont la
métaphore est manipulable via des ordinateurs connectés en
réseau (Internet, Intranet ou Extranet).
4.1.1 Définition d'une communauté
virtuelle
Le concept communauté virtuelle subit l'influence de
plusieurs courants de pensée. Il existe une floraison de travaux qui
sont consacrés à cette question ces dernières
années. L'étendue de la sémantique de cette expression a
donné lieu à autant de définitions que d'auteurs de
définitions.
L'une des premières définitions est celle
proposée par le journaliste américain Rheingold (1993),
inventeur de cette expression : " Les communautés virtuelles
sont des regroupements d'individus socioculturels qui
émergent du réseau lorsqu'un nombre suffisant d'individus
participent à ces discussions publiques pendant assez de temps en y
mettant suffisamment de coeur pour que des réseaux de relations humaines
se
tissent au sein du cyberespace". [1]
En première approche, on pourrait se satisfaire de la
définition de Rheingold qui fait ressortir les composantes
indispensables pour qu'il y ait communauté virtuelle : plusieurs
individus, des rapports sociaux, un intérêt face au groupe, le
tout s'inscrivant dans une dynamique temporelle. Mais d'autres auteurs
apportent d'autres aspects applicatifs.
Tel est le cas de Pierre-Léonard Harvey (1995) qui
définit les communautés virtuelles comme "des groupes plus ou
moins grands de citoyens ayant des interactions fortes grâce à des
systèmes télématiques à l'intérieur des
frontières concrètes, symboliques ou imaginaires. Les membres des
communautés virtuelles
partagent des codes, des croyances, des valeurs, une culture
et des intérêts communs" [2].
Enfin, une autre définition est celle de Schubert (2000) :
" les communautés virtuelles décrivent l'union entre les
individus ou les organisations qui partagent des valeurs ou des
intérêts communs se servant du média électronique
pour communiquer au sein d'un espace sémantique partagé sur
des bases régulières. Leur participation est alors
indépendante du temps et de l'espace ".
[1] RHEINGOLD Howard. - Les communautés virtuelles.-
Paris : Addis-Wesley France, 1993, p.6.
[2] HARVEY Pierre-Léonard. - Cyberespace et communautique
: appropriation, réseaux, groupes virtuels.- Saint-Foy : Presses de
l'Université Laval, 1995. - p.75.
4.1.2 Caractéristiques des communautés
virtuelles
Les définitions ci-dessus ont fait ressortir les
dimensions qui composent une communauté virtuelle.
La première dimension retenue est le nombre de
personnes qui participent dans la communauté d'après Rheingold
(1993). En effet, la taille peut influer sur la dynamique de la
communauté, la quantité et la qualité de l'information
générée. Les communautés virtuelles vivent de la
participation active de leurs membres.
La deuxième dimension mise en avant est l'interaction
des personnes dans la communauté selon Rheingold (1993). Cela renvoie au
temps d'interaction selon deux aspects : le temps passé au quotidien et
le temps passé sur le long temps assimilable à la notion
d'appartenance selon Schubert (2000).
La troisième dimension évoquée fait
référence au concept de code de communication selon la perception
de Pierre-Léonard Harvey (1995). La langue, le style d'écriture,
les mots sont souvent révélateurs de l'appartenance à un
groupe. Les membres assimilent, partagent et comprennent la linguistique ainsi
que la façon de s'exprimer. Une telle compréhension permet
à la majorité des membres de participer aux discussions, de
partager les informations, de créer et d'entretenir des liens.
Enfin, la dernière dimension que nous prenons en
considération est le rapport affectif des personnes avec la
communauté d'après Rheingold (1993).
La communauté virtuelle est pour ainsi dire
caractérisée par un regroupement sur le web d'internautes qui
partagent un même intérêt ou une même passion. Cette
caractéristique commune à chaque communauté en fait une
cible extrêmement qualifiée notamment parce que ces
communautés ont pour objectif de rassembler des individus avant de
rassembler des informations.
Ajoutons que chaque communauté virtuelle se
caractérise par un centre d'intérêt et une vocation propre.
Les internautes sont obligés de comprendre immédiatement les
motivations de rassemblement de la communauté. La vocation
précise est essentielle pour un ciblage précis des membres
potentiels.
Pour qu'une communauté virtuelle se forme, il faut plus
que des individus qui discutent ensemble ; il faut que plusieurs
mécanismes sociaux se mettent en place. C'est par l'attachement à
un territoire, la présence d'un leader, un sentiment d'appartenance au
groupe, des règles partagées, des valeurs communes, des langues
particulières que peut prendre vie une communauté virtuelle.
Dans ces environnements virtuels de rencontre, les usagers ont
généralement une pratique individuelle et prennent plaisir
à discuter avec d'autres usagers. L'espace d'expression d'une
communauté peut se distinguer par des services qui sont proposés
aux membres pour pouvoir être informés de leur passion mais
surtout de pouvoir communiquer entre eux.
Sous ce même principe, on peut indifféremment
distinguer les communautés de professionnels et les communautés
grand public.
Jean-François Marcotte (2001) précise que
"dans le cas d'une communautévirtuelle professionnelle,
il s'agit de personnes qui utilisent les réseaux pour favoriser la
communication entre les acteurs d'un milieu et pour mettre en commun
certaines
ressources afin de bénéficier de
l'expérience de chacun" [3].
Ce regroupement autour d'un thème
fédérateur répond à des besoins sociaux
précis avec l'aide de services d'échanges tels que les forums,
les chats ou les mailings lists.
Parmi les composantes indispensables d'une communauté
virtuelle, nous épinglons en premier lieu le rassemblement des membres
autour d'un centre d'intérêt commun qui doit être assez
vaste et qui peut permettre des dérives vers d'autres sujets.
[3] MARCOTTE Jean-François. - Communautés
virtuelles : la formation et le maintien des groupes sur Internet. - [on line].
- In : Esprit critique, Octobre 2001, vol.03, n°10.
Adresse URL :
http://www.espritcritique.org/0310/article5.html
En second lieu se situe le contenu de la communauté
virtuelle.
Celui-ci est souvent un fin dosage entre ce qui est produit
par les membres pour les membres et ce qui est produit par des
éditorialistes pour membres de la communauté.
Le premier est modéré et donne à la
communauté un sentiment de convivialité alors que le second est
écrit par des personnes sensibilisées à la culture
Internet et aux communautés virtuelles.
Le site Internet, support à la communauté
virtuelle, fait office de dernière composante. Il se doit d'être
ergonomique, convivial, évolutif et animé pour permettre aux
membres d'y trouver réellement un intérêt de
participation.
Mais pour qu'une organisation en tire vraiment profit, il est
nécessaire que la communauté ait atteint une certaine taille pour
produire du contenu riche en quantité suffisante et provoquer des
interactions entre ses membres.
4.1.3 Typologie des communautés virtuelles
Le concept «communauté virtuelle» est un
terme générique qui regroupe en son sein d'autres types de
communautés tels que : communauté d'intérêt,
communauté d'apprentissage, communauté de projet et
communauté de pratique. Il importe de survoler chacune d'entre elles
avant de nous étendre avec force détails sur la dernière
qui constitue le champ de notre recherche.
4.1.3.1 Communautés d'intérêt
Selon la perception de Jean-Michel Berge et Pascal Perin,
"la notion de
communauté d'intérêt s'applique
à un collectif d'utilisateurs engagés dans un ensemble
d'échanges récurrents à travers des tâches
partagées ( un apprentissage, une transaction commerciale, un partage
d'expérience ou d'information)" [4].
[ 4] BERGE Jean-Michel, PERIN Pascal .- Contexte et enjeux des
communautés d'intérêt .- [on line] .- Paris : France
Telecom.- [s.d.], p.4 .
Adresse URL:
http://www.rd.francetelecom.com/fr/conseil/mento18/chapitre1.pdf
Les communautés d'intérêt rassemblent des
individus qui partagent des idées, des croyances, une cause commune ou
simplement une proximité propice à l'échange :
géographique ou thématique. Ces communautés sont parfois
implicites ou informelles. Elles constituent de temps à autre des
réseaux souterrains de pouvoir : l'influence d'un groupe augmente au
carré du nombre de participants. Les communautés
d'intérêt sont ouvertes, elles jouent un rôle
particulièrement important dans la dissémination de l'information
: appartenir à plusieurs communautés d'intérêt
permet d'être plus réceptifs aux signaux faibles annonciateurs
d'innovations ou de changements.
4.1.3.2 Communautés d'apprentissage
La notion de communauté d'apprentissage à
laquelle les concepts de communauté et d'apprentissage ont donné
naissance demeure pour ainsi dire en rodage parce qu'elle n'a pas encore acquis
une signification univoque, reconnue ou généralement
acceptée.
Le TéléApprentissage Communautaire et
Transformatif (TACT) de l'Université de Laval considère la
communauté d'apprentissage comme " un groupe
d'élèves
et au moins un éducateur ou une éducatrice
qui, durant un certain temps et animés par une vision et une
volonté communes, poursuivent la maîtrise de connaissances,
d'habilité et d'attitudes "[5].
La communauté d'apprentissage se compose donc
d'étudiants, de tuteurs, d'enseignants, d'experts. On y pratique en
ligne le transfert des connaissances, la co-formation et la mutualisation des
apprentissages au moyen des fonctionnalités d'échanges synchrones
et asynchrones disponibles sur Internet ( messagerie, chat, forum, tableau
blanc, prise de contrôle, visioconférence, webcam, voix sur IP,
etc.).
On mise surtout sur la communication de groupe synchrone et
asynchrone permettant la participation, le partage et l'entraide. Un riche
ensemble de ressources centrées sur l'apprenant complète les
ressources pédagogiques.
[5] TéléApprentissage Communautaire et
Transformatif (TACT).- [on line] . - Québec : Université de
Laval, 1998. URL =
http://www.tact.fse.ulaval.ca/tact2/commune2.0.html
C'est dans cette même logique que Guy Cateignau (2003)
fait remarquer à juste titre que la communauté
d'apprentissage"est « le plus » qui peut rompre
l'isolement de l'étudiant éloigné,
qui lui donne un rôle actif dans sa formation et le place dans une
logique d'apprentissage actif et non de réception passive,
consumériste d'un enseignant.[...J. L'apprentissage à distance en
communauté virtuelle est le premier maillon d'une forme d'intelligence
collective oil l'apprenant est acteur de ses propres apprentissages"
[6].
On peut considérer le Diplôme d'Etudes
Supérieures en Sciences de l'Information et de la Communication (DESSIC)
et le Master professionnel d'ingénierie documentaire en distanciel de
l'EBAD sur cet angle. Ces formations se caractérisent par trois
dispositifs : un enseignement synchrone avec de vraies classes virtuelles ;
l'organisation d'une plate-forme appelée FADIS (Formation à
Distance) où sont intégrés à la fois les cours en
ligne, le suivi pédagogique et la communication entre les apprenants et
les enseignants ; des évaluations des connaissances à distance en
continu. Recrutés sur une aire géographique très large
(Afrique de l'Ouest, Afrique centrale, Afrique australe et Océan
Indien), les apprenants ont la possibilité de rester chez eux sur leurs
lieux de travail et de résidence mais connectés sur Internet.
4.1.3.3 Communautés de projet
Une communauté de projet est centrée sur la
tâche. Le flux d'information et de connaissance y est important, mais
totalement dédié au Projet ( contrat) : délivrer un rendu,
un produit ou une prestation dans un délai alloué et avec des
acteurs qui ont un rôle donné. La communauté de projet
permet via un intranet de faire travailler plusieurs services d'une même
entreprise. Une telle organisation est à la fois limitée dans le
temps (la durée du projet) et dans l'espace (les personnes des services
concernés). Selon plusieurs auteurs, pour être efficace, une
communauté de projet ne peut compter trop de membres : 3,7,9...
au-de-là d'une dizaine ( le chiffre 13 est souvent cité comme une
limite), il vaut mieux créer des échelons
intermédiaires.
[6] CATEIGNAU Guy. - Vers des communautés virtuelles
d'apprentissage. - [on line].- in : Medialog, n°46, mai 2003,
p45-46.
URL =
http://www.ac.creteil.fr/medialog/ARCHIVE/casteignau46.pdf
4.1.3.4 Communautés de pratique
Pour les entreprises et les organisations modernes, les
professionnels, les travailleurs intellectuels et les techniciens sont une
ressource précieuse qui doit être mise à jour
régulièrement.
Mais cette mise à niveau ne peut être
confiée simplement à des formateurs externes puisque les grandes
entreprises et institutions sont chacun dans leur domaine, non seulement
productrices des biens et services, mais aussi des connaissances qui sont mises
en oeuvre dans leurs processus.
Ces connaissances sont définies en contexte de pratiques
historiques avec des dimensions tacites liées aux outils, aux milieux,
aux clientèles.
La pratique constitue un support à la mémoire
collective en permettant aux individus d'effectuer correctement leur travail
sans avoir à en maîtriser tous les aspects et en constituant une
structure d'accueil et de formation pour les nouveaux embauchés. La
pratique contribue également à créer des cadres
d'interprétation et des mots de vocabulaire nécessaires à
l'accomplissement des tâches. Elle rend acceptable pour les individus ce
travail plutôt monotone en développant une atmosphère
agréable faite de rituels, d'habitudes, d'histoires partagées.
Au dire d' Etienne Wenger (1990), la pratique est une
ressource qui constitue le socle de la capacité de l'entreprise ou
organisation à savoir et à apprendre. Elle relève du
« faire » dans ses dimensions à la fois historiques et
sociales et dans sa capacité à produire de la structure et une
signification aux actions. Ce concept de pratique inclut à la fois le
champ de l'explicite (le langage, les outils, les documents, les symboles, les
procédures, les règles que les différentes pratiques
rendent explicites) et le registre du tacite (relations implicites,
conventions, hypothèses, représentations sur le monde).
Etienne Wenger poursuit en soutenant que la pratique ainsi que
l'apprentissage et le travail sont intimement reliés à des
processus générateurs de sens et de significations
négociés en coopération et en collaboration. Ces
acteurs
contribuent ensemble à la résolution d'un cas,
d'une question ou d'un problème lié à une pratique
définie. C'est ainsi qu'il a parlé de communauté de
pratique.
Selon la perception de Wenger reprise par Emmanuelle Vaast
(2001), les communautés de pratique sont des groupes d'individus qui ont
une histoire commune, effectuent des tâches communes ou
interdépendantes, interagissent fréquemment, partagent des
connaissances et rencontrent des problèmes proches, au sein d'une
même organisation. Ils travaillent surtout ensemble et réalisent
des activités pour partie communes, pour partie
complémentaires.
Une communauté de pratique est plus qu'une
équipe de projet. Elle est un groupe de travail qui transcende les
directions, les projets et la distance géographique. Elle
anéantit les silos fonctionnels souvent présents dans les
organisations et crée des liens transversaux entre les diverses
directions.
Ses effets se situent non seulement au niveau de
l'organisation mais également au niveau des individus. En effet, d'un
point de vue organisationnel, cette interaction et cette libre circulation du
savoir créent un nouveau savoir collectif qui, en fin de compte,
mène à l'innovation, alors qu'au niveau des individus, ce partage
des savoirs mène au perfectionnement et à l'accroissement
personnels.
Les communautés de pratique ont évolué au
cours de ces dix dernières années pour devenir de
véritables instruments au service de la gestion des connaissances. Elles
permettent de capturer, de partager et d'appliquer les actifs du savoir des
organisations. Elles sont, selon plusieurs consultants, l'assise de toutes
stratégies en gestion des connaissances.
4.1.3.4.1 Définition
Face à l'immensité du champ sémantique
couvert par le concept "communauté de pratique", il est évident
que nous devrions faire des choix drastiques dans le cadre de notre travail.
Pour cette raison, nous nous sommes limité aux aspects outils et
contenus.
La première définition proposée par Gilles
Beauchamp (2002) considère qu' "une communauté de pratique
est un groupe de professionnels, de taille variable, qui
partage des connaissances, travaille ensemble, crée
des pratiques communes, enrichit ses savoir-faire sur un domaine
d'intérêt commun (expertise, compétences,
processus...) qui est l'objet de leur engagement mutuel
"[7].
Stéphanie Parot et al (2004) de leur côté
définissent la communauté de pratique comme" un groupe
d'individus reliés de manière informelle et fonctionnant
en réseau, fédérés par des
centres d'intérêts communs par des projets similaires ;
coopérant et échangeant leurs savoirs pour créer une
valeur collective utile pour chacun; partageant des ressources communes
(savoirs, expériences, documents...) ; collaborant dans un processus
d'apprentissage collectif ; combinant à la fois une culture commune et
un système cohérent d'intérêts
individuels"[8].
Comme nous pouvons le remarquer, les définitions
proposées par certains auteurs et praticiens s'entrecoupent, bien
qu'elles exposent une vision particulière de leur domaine d'expertise ou
de spécialisation. Ces définitions se rattachent à la
gestion de connaissances (Knowledge Management ou KM) avec des connotations
éducatives.
[7] Beauchamp Gilles.- Communautés de pratique et gestion
de savoirs.- [ on line ].- Paris : Observatoire e-collaboration, 2002. -
Adresse URL :
http://radio.weblogs.com/0101569/stories/2002/11/14/communautesDePratiqueEtGestionDeSavoirs.html
[8] PAROT Stéphanie et als.- Livre blanc : Les
communautés de pratique : analyse d'une nouvelle forme d'organisation
& panorama des bonnes pratiques. - [s.l.] : Kowings, Pôle Productique
Rhône-Alpes.- 2004, p.8
Adresse URL:
www.klmop.ca/fr/services.html
[9] Tact.fse [on line] .- Laval: Université Laval.
Adresse URL:
http://www.tact.fse.ulaval.ca/ang/html/cp/tsld/o17.htm
Ainsi, contrairement aux lignes métier, les
communautés de pratique ne visent pas à exécuter des
objectifs productifs mais seulement à partager des connaissances.
Cependant, une communauté de pratique est
différente :
- d'un service ou d'un département car elle établit
une collégialité entre ses membres et ne vise pas à en
opérer le management ;
- d'une équipe de projet car elle fonctionne autour
d'intérêts réciproques et non de la réalisation des
tâches et la fourniture des livrables comme un projet ;
- d'un réseau car elle n'est pas fondée sur un
ensemble de relations interpersonnelles mais se positionne sur un autre
registre, la fédération de professionnels autour d'un ou
plusieurs sujets qui les préoccupent.
D'après Valérie Chanal (2000), une
communauté de pratique a une identité sociale propre. Elle
partage des codes de communication communs (vocabulaire, habitude, etc.), des
idées, des questions, des préoccupations, des outils ou
techniques dans une démarche de résolution de situations
précises ou d'amélioration continue de leur pratique.
Elle utilise les canaux de communication qui sont mis à
sa disposition pour véhiculer les informations : ce peut être un
forum de discussion, un outil de travail collaboratif, etc.
Elle a besoin, pour fonctionner, des ressources internes et
d'un support externe. Pour ce qui concerne les ressources internes, une
communauté de pratique dispose :
- d'un facilitateur,
- d'un gestionnaire de la
documentation,
- d'experts thématiques,
- et bien entendu des membres.
Le support externe est principalement fourni par un
coordinateur global qui s'attache à bien insérer la
cohérence entre les différentes communautés de pratique
existantes.
Dans une communauté de pratique, les membres
s'identifient par une ou des pratiques communes : ils s'engagent à
s'entraider, à échanger de l'information, à apprendre les
uns des autres, à construire des relations, à partager leur
savoir-faire. La communauté de pratique est informelle et
spontanée, mais moins ouverte qu'une communauté
d'intérêt : souvent, les individus doivent répondre
à certains critères ou être cooptés pour en devenir
membres. Ce sont essentiellement les flux de connaissances qui
caractérisent les communautés de pratique.
Ainsi, au sein des communautés de pratique, la
connaissance est-elle essentiellement le « savoir-faire » qui est
tacite et socialement localisé. La nature de la connaissance est
dépendante de l'objectif et de la structure des communautés de
pratique. Un membre de la communauté la nourrit de ses
expériences et à son tour compte sur la connaissance
capitalisée par la communauté pour mener à bien son
activité.
Par conséquent, la communauté a tendance
à n'envoyer aucun message vers le monde extérieur. Les messages
sont en règle générale échangés uniquement
entre les membres qui produisent un répertoire partagé des
ressources communes (routines, sensibilités, vocabulaires, artefacts,
styles, etc.). Ce répertoire est principalement d'une nature tacite et
la création de connaissances s'apparente essentiellement au mode de
conversion de type « socialisation » que nous verrons plus loin.
Aux yeux d'Etienne Wenger (1998), ces mystérieuses
entités sont dotées de leur propre système de
régulation et de leurs propres leaders charismatiques : experts,
champions, chefs et responsables des pratiques. Elles se constituent
spontanément autour d'un centre d'intérêt commun. Elles
fournissent aux organisations une structure pour la mise en oeuvre de processus
collaboratifs sans être focalisés sur les aspects technologiques
et un support opérationnel
au travail collaboratif et peuvent entrer dans les processus
classiques de management (allocation de ressources, contribution au
fonctionnement de l'organisation) .
Leur vie traverse plusieurs stades : préparation,
constitution, maturité, activité. Dans certaines de ces phases,
il peut y avoir différents niveaux de participation.
De plus, la pérennité d'une communauté de
pratique n'est pas garantie et elle peut être amenée à se
disperser lorsque l'essentiel des échanges à réaliser
entre ses membres a été fait. Dans ce cas, l'important est de
capitaliser les travaux réalisés.
Néanmoins, les communautés de pratique ne voient
le jour durablement que dans les organisations qui ont véritablement
conçu leurs structures, non pas pour gérer de l'ordre mais pour
créer de la vie. Il ne s'agit plus de fermer l'organisation sur
elle-même, mais de la mailler avec ses environnements (organisation
ouverte). Il ne s'agit pas non plus de produire de la quantité, mais de
la qualité. Ni de répartir du pouvoir prêté en
cascade par des chaînes de délégation, mais de donner les
pouvoirs qui permettent une meilleure synergie entre des acteurs
différents. Les communautés de pratique ne peuvent pas se
développer dans des entreprises dont l'ambition est de faire fonctionner
les hommes comme des rouages dans une organisation mécanique. Par
contre, elles se développent dans une organisation qui met les
collaborateurs en mesure de remplir leur mission en adoptant de nouvelles
pratiques collaboratives au sein des groupes de travail.
Ces organisations, typiquement animées par l'esprit
d'entreprise et non pas par l'esprit bureautique, ont un credo : ne pas
reproduire des routines avec des acteurs dociles, mais innover sans cesse en
rendant ceux-ci autonomes ; ne pas délimiter des territoires
compartimentés par fonctions, mais favoriser l'organisation par
processus et faire vivre des réseaux ; et ne pas « gérer du
personnel » et moins encore des connaissances ou des compétences,
mais s'engager dans un management direct qui stimule l'énergie
individuelle et collective des personnes.
D'après Nicolas Michinov (2000), les communautés
de pratique se distinguent des organisations et des situations d'apprentissage
traditionnelles sous plusieurs aspects :
- Différents niveaux de compétence sont
simultanément présents.
- On observe un mouvement de la périphérie vers le
centre qui traduit la progression d'un statut de novice à un expert.
- Les tâches et les communications reposent sur des
problèmes authentiques.
Ce même auteur précise que ces communautés
nécessitent la participation active des membres qui les constituent et
que le mode de prise de décision est délibérément
collectif. Un individu qui s'investit dans une communauté le fait pour
partager un intérêt commun avec d'autres et pour accroître
ses compétences et ses connaissances sur les sujets autour desquels la
communauté s'est constituée.
De leur côté, Paloff et Pratt (1999)
considèrent qu'une communauté se construit en plusieurs phases
:
- Définition des objectifs visés
- Création d'un espace commun aux participants
- Définition collective des règles de
fonctionnement, établissement des rôles des différents
participants, dont celui du facilitateur.
Par contre, il est indiqué aussi qu'une communauté
se définit sous trois dimensions :
- les frontières de leur domaine d'application ;
- leur existence sociale en tant que communauté ;
- les outils, le langage, les histoires et documents que les
membres de cette communauté partagent et s'échangent.
4.1.3.4.2 Genèse
La notion de communauté de pratique est très
récente. Elle est apparue au début des années 90 avec
l'avènement de l'Internet et de nouveaux logiciels et
outils technologiques qui ont remis en question notre rapport
au savoir et à la connaissance. Ce concept a été
formalisé en 1990 par Jane Lave et Etienne Wenger (1991) qui, dans leurs
recherches « Theory of Commnunities of practice »
définissaient une nouvelle approche de partage de connaissances.
Lave est anthropologue et Wenger est informaticien. Leur
concept de LPP (Legitimate Peripheral Participation) introduit la notion de
communauté de pratique permettant des relations entre des «
nouveaux » et des « anciens » dans le cadre d'un apprentissage
relevant toujours d'un processus d'échanges hautement socialisé
entre les acteurs ; une nouvelle approche de partage de connaissances tirant
parti des technologies de l'information et de communication. Ils ont
publié également une étude phare sur l'importance de
l'accompagnement et de l'encadrement dans l'apprentissage d'une pratique
professionnelle.
Il s'agissait dès le départ de démontrer
que tout débutant ou "bleu" devait transiter par des zones d'incubation
lui permettant d'expérimenter diverses facettes d'une pratique, avant
d'être considéré comme un professionnel. Selon Suchman
(1987), ce type d'approche insiste fortement sur le contexte dans lequel se
situe l'apprentissage et permet de lui donner du sens. En d'autres termes,
c'est dans un environnement se rapprochant le plus d'une véritable
situation professionnelle que le débutant acquiert les connaissances,
les habilités et les attitudes requises dans la pratique.
Tous ces phénomènes, qui relèvent au fond
du sens commun, sont bien connus des artisans et leurs apprentis, non pas en
théorie mais justement en pratique, et cela au moins depuis le Moyen
Age.
Lave et Wenger (1991) montrent que c'est dans l'interaction,
la relation inter individuelle et la coopération qu'on observe la
production des fameuses et précieuses connaissances tacites, difficiles
à formaliser, donc à stocker dans un coin pour
récupération ultérieure. Mais, résultat plus
bénéfique encore, les connaissances produites par les individus
et les groupes eux-mêmes, en situation professionnelle, seront plus
facilement mobilisables lorsqu'il s'agira d'effectuer d'autres travaux.
A la même époque, la publication de la fameuse
recherche de John Seely Brown et P. Duguid (1991) sur les réparateurs
des photocopieurs de Xerox a donné un coup accélérateur
à ce mouvement international venu des Etats-Unis et porté par les
entreprises, les consultants et les universitaires. L'un des grands
résultats de ces travaux consistait à montrer que pour
réparer des photocopieurs Xerox (qui tombaient très souvent en
panne, plus que les machines concurrentes, selon la légende), les
connaissances essentielles se communiquaient de façon totalement
informelle entre les techniciens de maintenance. Ce savoir informel, qui porte
plus de 70% de l'information utile dans une organisation, était issu de
l'expérience et de l'échange. Autrement dit, une part majeure des
connaissances se construisait près des photocopieuses en
réparation ou encore pendant la pause, près de la machine
à café, c'est-àdire en dehors des temps et des salles de
formation traditionnelle. Ces réseaux interpersonnels ont fini par
donner naissance en 1996 à une communauté de pratique
dénommée « Eureka » qui regroupe aujourd'hui 23.000
techniciens et 1100 experts répartis dans plus de 130 pays. Grâce
à Eureka, les intuitions de chacun ont commencé à se
transformer en savoirs explicites utilisables par tous. Les techniciens
réalisent à quel point ils peuvent être utiles en ayant
accès au savoir-faire des autres.
Cela étant, c'est toujours la figure de proue Wenger
(1998) qui a fait connaître les qualités des communautés de
pratique dans leur version technologique actuelle, c'est-à-dire quand
l'apprentissage passe par des échanges en réseaux et du travail
en ligne.
Dans ses recherches, Wenger remet en cause la domination
technologique sur les efforts de gestion de savoirs qui a conduit à des
accumulations malheureuses de bases de données et de connaissances
inutilisées et dépassées. Il fait de la connaissance
quelque chose de vivant au lieu de la réduire à la mémoire
d'un ordinateur, quelque chose appartenant à des communautés
aptes à maintenir, à développer et à partager ces
connaissances.
C'est à peu près à la même
époque que d'autres chercheurs, parmi lesquels Thomas Davenport et Larry
Prusak (1998), montraient qu'une organisation devenait collectivement plus
« intelligente » lorsqu'elle était capable de mettre
quotidiennement en réseau tous les acteurs d'une pratique bien
identifiée. Il s'agissait d'organiser des réseaux collaboratifs
pour gérer, partager et construire en suivant un
échéancier prescrit, des informations et des connaissances
favorisant des résolutions des problèmes. La ligne de
démarcation semble ainsi de plus en plus ténue entre la formation
académique, dispensée par des universités qui en font
métier et l'apprentissage, développé au sein même
des organisations où des gens produisent.
Dans tous les cas, il faut acquérir et élaborer
des savoirs, en face à face ou en ligne. Il faut aussi collaborer pour
construire des connaissances. Avec les technologies de l'information et de la
communication, la mise en réseau via des ordinateurs
interconnectés et les outils de communication électronique, tout
cela devient un facteur décisif pour ces « nouvelles formes
d'organisation » fondées sur l'accessibilité, la
communication et le partage des ressources.
Comme nous venons de le voir, les communautés de
pratique sont donc une tentative de fusionner apprentissage et partage des
connaissances. Ce concept de communauté de pratique a pris forme autour
d'une problématique d'apprentissage, ce dernier étant
considéré comme un processus construit dans un contexte
donné, par interactions sociales entre des personnes. Ce sont ces fameux
liens sociaux et ces situations professionnelles communes qui sont
partagées dans les communautés de pratique. Ceux-ci font
largement défaut dans les démarches complètement
centrées sur les technologies et stocks d'informations qui ont
caractérisé les premiers projets de Knowledge Management.
Comme le souligne Richard Mc Dermott (2003), la
création de communautés de pratique permet d'identifier et de
diffuser les pratiques développées par les employés d'une
entreprise ou d'un domaine pour favoriser la résolution collective de
problèmes difficiles ou pour susciter des idées nouvelles.
Elles sont constituées des pairs possédant de
l'expertise sur une question donnée ou montrant un fort
intérêt pour celle-ci. Les membres d'une communauté de
pratique ne travaillent pas forcément ensemble au quotidien mais ils
approfondissent leurs connaissances d'un sujet en échangeant les uns les
autres sur une base continue, que ce soit lors de réunions formelles,
d'activités sociales ou par l'entremise de l'internet.
Au fil des ans, les communautés de pratique ont
évolué pour devenir de véritables instruments au service
de la gestion des connaissances. Elles permettent de capturer, de partager et
d'appliquer les actifs de savoir des organisations. Elles sont, selon plusieurs
consultants, l'assise de toutes stratégies en gestion de
connaissances.
A l'heure actuelle, les vrais retours d'expérience
commencent à peine à être publiés, souvent venus du
côté anglo-saxon. On commence aussi à les appliquer d'une
part au monde de l'éducation (on parle de communautés
d'apprentissage) et d'autre part à les exporter dans le monde de
l'entreprise ( on parle ainsi de communautés de pratique).
4.1.3.4.3 Typologie
Les communautés de pratique peuvent exister sous
plusieurs formes : formelles ou informelles, invisibles ou
institutionnalisées, réelles ou virtuelles, mono ou
multi-fonctionnelles, nationales ou internationales, internes à une
entreprise ou une organisation ou communes à tout un secteur ;
localisées dans un établissement, un département ou
étendues sur un large territoire et de multiples succursales. Certaines
sont homogènes et ne regroupent que des gens ayant une même
formation professionnelle, alors que d'autres peuvent rassembler tous les gens
concernés par un gros client ou travaillant sur un même territoire
ou dans un même secteur d'activités.
Dans une étude récente, Stéphanie Parot et
al (2004) distinguent 3 grandes familles de communautés de pratique :
- les communautés de pratique thématique
/métier : construites dans une logique mutualiste. " Partageons
ensemble pour être plus forts individuellement ".
- Les communautés de pratique d'innovation /
progrès : bâties dans la philosophie d'amélioration
continue. " Collaborons et exploitons mieux nos ressources communes pour
être plus efficaces collectivement".
- Les communautés de pratique projet : la logique est
ici celle de la tast force. "Organisons les collaborations et le partage
des ressources pour réussir le projet ".
Pour sa part, Richard Mc Dermott (2003) soutient qu'il existe
différents types de communautés de pratique selon le niveau
auquel elle concentre les connaissances. Certaines communautés sont
informelles. Ces communautés de pratique
regroupent généralement des volontaires et des meneurs non
officiels. D'autres sont stratégiques. Elles
ont des buts bien définis et des leaders désignés. Elles
doivent aussi respecter les échéances fixées par leurs
commanditaires. On retrouve en outre des centres d'expertise,
lesquels, à titre d'exemple, peuvent être
chargés de l'élaboration de pratiques exemplaires en
matière de négociations ou d'élaboration de contrats et de
leur dissémination vers le reste des membres de l'organisation.
Toutefois, il convient de faire remarquer que l'on ne met pas
sur pied une communauté de pratique comme on fait avec une équipe
de travail ou de projet en réunissant des ressources humaines, des
outils et en leur fixant des objectifs mais on encourage, on favorise le
développement de processus et d'échanges entre acteurs
volontaires qui échangent leurs savoirs sans que l'entreprise ou
organisation en soit consciente. Ce sont des facilitateurs qui coordonnent les
communautés de pratique et qui, avant d'être des experts du
domaine, agissent en tissant des liens entre les membres.
4.1.3.4.4 Cartographie des réseaux
interpersonnels
L'une des principales forces des communautés de
pratique réside dans leur capacité à faciliter les
connections entre leurs membres pour répondre efficacement aux besoins
et objectifs.
Il s'agit de développer les possibilités des
connections en facilitant l'identification des membres compétents et
pertinents pour chaque sujet. Plusieurs logiques de recherche peuvent
être mises en place. Parmi lesquelles:
- Qui fait quoi?
La constitution d'un annuaire des membres permettant
l'identification des différents membres en fonction, de leur
activité, de leur responsabilité est un premier pas à
réaliser.
- Qui a fait quoi?
Il peut être utile de répertorier les
expériences significatives des membres (parcours professionnels,
participation à des projets, etc.) et de permettre ainsi de retrouver
les membres expérimentés sur un domaine.
- Qui sait quoi?
On peut compléter l'annuaire en associant chaque membre
à des compétences et à certains domaines de connaissances.
On peut dès lors faciliter les contacts avec des membres sur une
problématique.
- Qui connaît qui?
Il s'agit de recenser les connexions existantes entre les
membres d'une communauté et avec d'autres réseaux (des
associations professionnelles, des réseaux d'anciens, etc.). Le carnet
d'adresses, le réseau de connaissances et d'appartenance de chaque
membre peuvent être considérés comme des ressources
à part entière pouvant être éventuellement
partagées. Autant de relations qu'il peut être utile de mobiliser
pour résoudre un problème donné.
Cette cartographie relationnelle permet également
d'identifier les personnes qui assument des liens importants entre membres ou
avec les groupes externes.
4.1.3.4.5 Caractéristiques de communautés de
pratique
1. L'engagement mutuel
L'engagement mutuel constitue la participation interactive et
convergente des membres d'un groupe qui sont interpellés au sein de
l'espace virtuel de collaboration. Les membres sont conviés à
développer ensemble leur compréhension d'un ou plusieurs
problèmes propres à une discipline ou un domaine donné
d'application professionnelle.
Un questionnement inductif soutient l'identification
préliminaire des points de convergence et de divergence : Quelles
hypothèses de travail à développer ? Quelles
compétences à déployer ? Quelles procédures
à appliquer ? Quelles méthodologies à appliquer ? Quels
outils technologiques à privilégier ?
Ces questions se rattachent à une définition
conjointe d'une problématique de travail. L'engagement mutuel est
d'abord fondé sur la connaissance de soi, de ses compétences, de
ses limites et de ses contraintes ( par exemple : je peux ou ne pas effectuer
telle tâche ; je maîtrise ou ne maîtrise pas telles
connaissances ; je possède ou ne possède pas des habilités
dans un ou plusieurs domaines ; j'ai développé ou n'ai pas
développé des attitudes de tel genre, etc.. Cette
réflexion sur ses capacités de travail au sein de l'entreprise ou
de l'organisation est intimement liée à la reconnaissance de
celles des autres (A titre d'exemple : lui est capable d'assumer telle
responsabilité, lui ou elle possède telle expertise dans ce
domaine, lui ou elle a déjà expérimenté cette
situation, etc.).
Cette approche converge avec celle de Wenger (1998) qui
décrit les éléments suivants constituant les
caractéristiques de l'engagement commun :
- Des relations mutuelles soutenues ( qu'elles soient
harmonieuses ou
conflictuelles).
- Des manières communes de s'engager à faire des
choses ensemble.
- L'absence de préambules introductifs dans les
conversations, comme si les interactions formaient un processus continu dans le
temps.
- Savoir ce que les autres savent, ce qu'ils peuvent faire, et
comment ils contribuent à l'action collective.
- Un jargon, des raccourcis dans la communication des histoires
partagées, des plaisanteries internes au groupe.
- Un discours partagé qui reflète une certaine
façon de voir le monde.
2. L'entreprise conjointe
L'entreprise conjointe a trait à la construction d'une
stratégie convergente de résolution de problèmes. Les
défis à relever sont les suivants :
- La réflexion sur les façons et moyens auxquels
les participants peuvent donner par leurs initiatives, prospectives et leurs
échanges, une direction à leur communication :
expérimentation, apprentissage et résolution de
problèmes.
- La délimitation des zones d'inclusion centrale et
périphérique aux prises de décision où les
participants s'entraident, se confient des rôles et des mandats,
repèrent et proposent des valeurs à partager en vue
d'élaborer et de mettre en application une stratégie de
résolution de problèmes (comment partager collectivement des
décisions, des fonctions et une éthique de travail).
- L'établissement des éléments
constitutifs d'une vision partagée ( moyens, mandats et
stratégies) et la définition collective d'une trajectoire
à partir de laquelle il serait possible de mettre en application des
stratégies permettant de résoudre des problèmes
professionnels dans un contexte de travail tributaire
d'échéanciers déterminés (comment appliquer
collectivement une résolution de problèmes dans un temps
défini).
3. Le répertoire partagé des ressources
Il répond à la préoccupation de favoriser la
poursuite des buts à atteindre pour permettre aux participants :
- d'apprendre, approfondir et expérimenter ensemble ;
- s'approprier collectivement des valeurs dans un contexte de
travail donné et selon des échéanciers
déterminés.
Ces pôles ont pour objectif général de
rendre cohérentes toutes les actions déployées dans le but
de résoudre collectivement un problème. Ils soulignent
l'importance de se regrouper en équipes de travail et de se questionner
sur les moyens et les stratégies à développer pour
parvenir aux fins visées. Ils permettent aussi de cojuguer les
expériences diversifiées des participants que sont les savoirs
explicite et tacite et les points de vues individuels pour trouver
collectivement une solution à un problème d'ordre
professionnel.
4.1.3.4.6 Intérêt de communautés de
pratique
1. Pour les membres participants
Les échanges dans une communauté de pratique se
construisent à partir des pratiques professionnelles quotidiennes de ses
membres. Les membres qui sont confrontés aux mêmes interrogations
ont besoin de résoudre des problèmes comparables. Après
l'exposé des problèmes à résoudre dans son
activité quotidienne, chaque membre peut recueillir les conseils, les
manières de faire et les solutions possibles de la part des autres
membres. Par ces échanges, il se construit ainsi sa propre
démarche de résolution. Les discussions et réflexions
collectives sur les méthodes, les procédures et les outils,
maîtrisés ou innovants permettent l'enrichissement des savoirs et
savoir-faire de chacun. Cet apprentissage s'effectue de manière
indirecte, sans construction pédagogique structurée.
L'efficacité de cet apprentissage repose sur deux aspects suivants :
- Chacun apprend à son rythme ;
- La motivation de chacun est importante.
Notons que la participation à une communauté de
pratique est basée sur le volontariat et les procédures de
fonctionnement internes sont décidées collectivement : c'est la
caractéristique des communautés autonomes par opposition aux
communautés hiérarchiques. Ces dernières (par exemple :
groupes fonctionnels, groupes de projets, etc.) sont constituées et
organisées par une instance hiérarchique.
2. Pour les organisations
La participation à une communauté de pratique
est un des différents moyens contribuant à la
professionnalisation des agents que les organisations doivent prendre en
compte. Les retombées sont directes et opérationnelles. En effet,
la pratique professionnelle est au centre des préoccupations d'une
communauté de pratique avec comme objectif majeur son
amélioration par le partage des connaissances et le développement
des compétences des membres participants.
En clair, les communautés de pratique apportent aux
organisations et entreprises : capacité d'innovation, capitalisation et
partage des connaissances, développement des savoir-faire, conduite du
changement, mutualisation d'expertise...autant d'atouts désormais
indispensables dans notre économie ouverte, rapide et de plus en plus
fondée sur la matière grise, laquelle devient un véritable
capital savoir à valoriser.
Pour les organisations, les bénéfices
apportés par la participation des agents aux communautés de
pratique interviennent à plusieurs niveaux : les collectifs de travail,
l'unité fonctionnelle d'appartenance, le service et le groupe de
services.
Dans les collectifs de travail, les agents vont contribuer au
transfert des connaissances et de « bonnes pratiques »
répétées ou construites par la communauté et
validées par l'institution ( les processus de validation sont variables
selon l'impact juridique des pratiques). Bien plus, ils sont porteurs dans ces
collectifs, mais aussi dans leur unité et dans leur service, de la
culture
du partage. Celle-ci est la caractéristique
première d'une communauté qui fonctionne.
Selon Guy Panisse (2004), cette culture de l'échange,
du don et contre don, de la confrontation d'idées, de l'enrichissement
mutuel constitue les bases du coapprentissage permettant la construction
collective de connaissances. Les agents peuvent contribuer à la
diffusion de cette culture du partage et favoriser ainsi le
développement des connaissances et des compétences individuelles
et collectives.
L'émergence de processus d'apprentissage individuel et
collectif dans un service peut constituer les prémisses d'une
organisation apprenante.
Aussi, la communauté étant un lieu encourageant
de la prise de risque intellectuelle, car débarrassé de la
censure organisationnelle et fonctionnelle du service, les échanges qui
s'y déroulent peuvent contribuer à l'innovation, à
l'anticipation et à la réflexion prospective dans le domaine
concerné.
Cette contribution peut participer à l'amélioration
de la compétitivité des services si ces derniers s'en saisissent
et l'exploitent.
4.1.3.4.7 Avantages et bénéfices
Parmi les avantages dont peut bénéficier une
communauté de pratique, Valerie Chanal (2000) a épinglé
quelques-uns notamment:
- Une flexibilité plus grande dans l'accès
à l'information, un meilleur partage de l'information stratégique
entre pairs et une résolution des problèmes mieux adaptée
à un contexte d'apprentissage ou de travail au moment opportun.
- L'expérimentation de la coopération et de la
collaboration dans la négociation d'une résolution de
problèmes se voulant plus novatrice et plus efficace.
- La mise en commun orientée des expertises (
connaissances, habilités et attitudes requises à une
résolution générant des apprentissages distribuées
entre les individus qui peuvent être transférables à
d'autres contextes de travail à l'intérieur de
l'organisation).
- Le développement des valeurs et d'une éthique
de travail ( respect, confiance, attention, empathie, responsabilité,
conscience, performance) sur la recherche de l'excellence, la construction des
connaissances et de l'intelligence collective.
- La conservation et l'archivage des résolutions des
problèmes expérimentés qui sont emmagasinés au sein
d'une mémoire accessible à tous les membres d'une
organisation.
- L'émergence de l'innovation.
- La formalisation des meilleures pratiques.
Stéphanie Parot et al (2004) de leur côté
démontrent lumineusement que la création de communautés de
pratique dans une organisation peut apporter cinq principaux
bénéfices. Chacun de ces bénéfices peut être
d'importance et de nature différentes selon les acteurs et la situation
de chaque entreprise :
1. Faciliter l'apprentissage.
Les organisations classiques ne sont pas faites pour
apprendre. Un nombre important de leçons et de retours
d'expériences est acquis puis perdu, par exemple en matière de
gestion de projet ou bien encore à l'occasion de départs en
retraite. Les communautés de pratique facilitent l'apprentissage de
plusieurs manières :
- En constituant des référentiels métier
pour rassembler les savoirs individuels épars et pour capitaliser les
retours d'expériences.
- En accélérant l'intégration des
nouveaux collaborateurs. Au travers de leur participation active aux
échanges, ces nouveaux collaborateurs s'approprient plus vite le
savoir-faire métier et tissent plus vite leur propre réseau
relationnel.
- En facilitant la confrontation d'idées, le
croisement de compétences et le partage de bonnes pratiques. Le savoir
évolue ainsi continuellement et se diffuse plus rapidement.
2. Maîtriser et approfondir un domaine d'expertise.
Les communautés de pratique permettent également
de constituer de véritables réseaux d'experts. En
fédérant durablement les experts internes ou même externes
d'un domaine, l'entreprise aura à sa disposition une source d'expertise
disponible pour valider une hypothèse, explorer une nouvelle idée
ou bien acquérir très vite une connaissance approfondie d'un
sujet.
3. Accélérer l'innovation.
Etant entendu que l'innovation repose sur la capacité
à identifier et à valider de nouvelles solutions pour
répondre au mieux à des problématiques existantes ou
nouvelles, une communauté de pratique propose ainsi un cadre
particulièrement propice à l'innovation :
- en fédérant tous les acteurs directement ou
indirectement
concernés, elle facilite la détection
d'idées neuves.
- en connectant et mobilisant rapidement les
compétences pertinentes, elle permet une qualification rapide des
idées intéressantes.
- en permettant des collaborations multiples mais efficaces
entre experts, elle accélère le développement et la mise
au point de l'innovation.
4. Faciliter la résolution des problèmes.
Une communauté de pratique facilite la
résolution de problèmes en permettant la mise en relation de
personnes ayant les mêmes types de problématiques à
résoudre. Chaque membre peut ainsi d'une part solliciter l'avis et
l'expérience des autres et d'autre part accéder aux
différentes solutions capitalisées. Au fil du temps, ces
échanges développent tout à la fois la capacité
d'analyse de chacun et le capital connaissances de l'ensemble.
5. Mutualiser des ressources rares.
Les communautés de pratique permettent de partager des
ressources rares selon une logique mutualiste « Partageons ensemble pour
être plus forts individuellement ». Ainsi, chaque membre pourra-t-il
utiliser les ressources de ses pairs et participer à moindre frais
à la mise au
point de nouvelles ressources : documents types, outils, bases
d'informations, guides techniques, etc.
Enfin, Denis Meingan (2003) résume explicitement les
apports de la communauté de pratique pour les membres, la
communauté et l'organisation ou la firme à travers le tableau
suivant :
|
Membres
|
Communauté
|
Société / Organisation
|
|
- Partage des bonnes
|
- Développement
|
- Amélioration de la
|
|
pratiques.
|
d'un langage
|
performance
|
MESURABLE
|
- Amélioration du
|
commun pour le
|
opérationnelle
|
|
travail de chacun
|
domaine
|
- Développement du
|
|
- Augmentation des
|
- Constitution de la
|
potentiel d'innovation
|
|
compétences
|
mémoire du domaine
- Création des nouvelles connaissances
|
- Complément du fonctionnement en équipe
projet
|
|
- Enrichissement du
|
- Insertion des experts
|
- Prise de conscience
|
|
périmètre de travail
|
dans des espaces de
|
des limites d'un mode
|
|
- Valorisation des
|
collaboration
|
de fonctionnement sur
|
|
initiatives, de la
|
- Renforcement de la
|
des processus.
|
NON
|
créativité et des
|
cohésion des
|
- Développement d'une
|
MESURABLE
|
innovations
|
collaborateurs.
|
culture de partage
|
|
- Rapidité d'accès au
|
- Valorisation du
|
- Décloisonnement de
|
|
savoir-faire
|
patrimoine des
|
la société ou de
|
|
- Fourniture d'un support à l'apprentissage
|
connaissances
|
l'organisation
|
Tableau n°1: Apports de la communauté de pratique
"Modèle".
Les apports retenus sont classés dans le tableau ci-contre
à partir de deux dimensions : le niveau d'apport et le type d'apport.
Le niveau de l'apport permet d'identifier à qui la
communauté de pratique va être principalement profitable, les
membres, la communauté en elle-même et la société ou
l'organisation.
Le type de l'apport sert à préciser s'il est
possible ou non de définir un mode de mesure adapté pour
l'apport identifié. Les apports mesurables sont utilisés
le plus souvent dans le calcul du retour sur investissement. Les apports
non
mesurables, quant à eux, se positionnent dans une
perspective de politique d'entreprise ou d'organisation.
4.1.3.4.8 Les outils de base
La communauté de pratique utilise des outils
électroniques d'information et de communication en réseaux. Un
site Web de référence, des espaces d'échanges et de
discussion, une ou des bases de connaissances, un carnet d'adresses, un
système de gestion de documents, un planning et un calendrier des
événements, des salles de réunion virtuelles et la
téléconférence... constituent autant d'outils requis pour
permettre aux participants de repérer, d'analyser, d'interpréter,
de critiquer, d'échanger et de conserver des informations, des
méthodologies, des stratégies et des résolutions.
Le site Web de référence signale,
présente et donne accès à la documentation requise au
démarrage et au fonctionnement du projet, décrit les objectifs
visés, identifie les participants et leur adresse
électronique.
Les espaces d'échanges et de discussion facilitent la
communication entre personnes éloignées géographiquement.
Ils sont les outils principaux de collaboration et de réalisation. Ils
supportent toute la problématique reliée à
l'éclosion et au développement de la communauté de
pratique à travers les différentes sous-conférences.
Plusieurs espaces sont importants : des espaces pour discussions de groupe, des
espaces pour intervenants extérieurs ou des forums d'experts, et des
espaces privés où un nombre restreint de personnes peuvent
communiquer avec confidentialité requise.
Les bases de connaissances servent à recenser ce qu'on
appelle les « best practices », c'est-à-dire les meilleures
solutions trouvées par rapport à un problème donné,
complétées par une série d'informations analysées
et synthétisées. Elles se créent à la fin de
l'exercice. En mémorisant les acquis, de même que les perspectives
abordées, elles deviennent des témoins de l'activité
passée, de la résolution de problèmes assumée
collectivement.
Le carnet d'adresses apporte les contacts et d'autres
informations utiles. Ce peut être le début de la description des
intérêts, des compétences... Il nécessite une
fonction de recherche.
Le système de gestion de documents permet aux
participants de partager et d'avoir accès à un ensemble de
documents. Ils peuvent apporter des commentaires et apprendre les uns des
autres.
Le planning et le calendrier des événements sont
un outil qui apporte deux fonctions : Il sert de planification interne à
la communauté de pratique et permet aux membres de la communauté
d'annoncer des événements spéciaux à venir.
Cependant, Etienne Wenger (1998) fait remarquer qu' "une communauté
de
pratique ce n'est pas qu'un site web, une base de
données et un répertoire de `best practices'. C'est un groupe
qui interagit, apprend ensemble, construit des relations et à
travers cela développe un sentiment d'appartenance et
de mutuel engagement" [11].
Comme nous l'avons vu, les communautés de pratique sont de
véritables centres de ressources virtuels.
Elles se développent parce qu'elles sont sources
d'enrichissement pour l'organisation, pour les équipes où
travaillent les membres de la communauté et pour les membres
eux-mêmes. Une communauté de pratique constitue un excellent
contexte pour formaliser les meilleures pratiques et faire émerger des
innovations.
Avec les communautés de pratique, il s'agit de fournir
aux organisations une structure pour la mise en oeuvre de processus
collaboratifs sans être focalisés sur les aspects
technologiques.
[11] WENGER Etienne. - Cultivating Communities of Practices:
learning, meaning and identity.- Cambridge: Cambridge University Press. - 1998,
p.34.
4.1.3.4.9 Activités
Diverses activités peuvent être
développées dans une communauté de pratique : publication
d'un bulletin de liaison où sont relatées les expériences
et décrits les projets des praticiens, organisation des rencontres
régionales d'intervenants avec activités d'échanges et de
formation, réflexions déontologiques sur l'identité de la
pratique (cadre de référence, site web et liste de
discussion...)
Au final, quel que soit le secteur de l'entreprise ou
organisation, les communautés de pratique permettent de servir trois
grandes priorités:
- Appréhender et comprendre les évolutions de son
environnement
économique (ex.: veille, interactions avec ses pairs,
échanges avec des
experts...).
- Optimiser les processus de production de biens et services
(ex.: innovation, résolution de problèmes, mutualisation).
- Veiller à considérer et à
développer les savoir-faire critiques de l'entreprise ou de la
filière (ex: apprentissage, maîtrise d'un domaine
technique...).
La communauté de pratique étant l'approche
concrète d'une nouvelle forme de la gestion des connaissances au sein
des entreprises ou organisations, il nous a semblé utile de nous pencher
davantage sur ces notions de gestion et partage des connaissances lesquelles
constituent des sujets en fort développement.
4.2. La gestion des connaissances ou le Knowledge
Management
Dans un environnement en constante mutation où la
concurrence se fait de plus en plus féroce, où le cycle de vie
des produits devient de plus en plus court, où les clients sont à
la recherche perpétuelle de nouveautés, de produits
personnalisés et de services individuels, les entreprises sont
amenées sans cesse à innover et à se démarquer de
la concurrence.
De ce fait, la capacité à produire des
entreprises modernes ne repose plus uniquement sur leurs ressources
industrielles, mais de plus en plus sur leur capital intellectuel, leurs
connaissances.
Selon Mohamed Bayard et Serge Francis Simen (2003), les
ressources de l'entreprise peuvent être partagées en deux
catégories : les ressources matérielles et les ressources
immatérielles. Les ressources matérielles figurent sur le bilan :
argent, bâtiments,machines,.... L'autre catégorie comprend tout ce
qui touche aux ressources humaines, à l'expertise constituée, aux
processus qui ont été développés au sein de
l'entreprise, aux procédures, à la propriété
intellectuelle (brevets, enseignes, marques) et aux actifs invisibles
liés au marché comme la loyauté des clients. Pris
ensemble, ces actifs invisibles sont nommés "capital
intellectuel" ou "capital immatériel".
Il existe plusieurs opinions différentes dans la
littérature relative à la gestion des connaissances sur la
constitution et la définition exacte de ce qu'est le capital
intellectuel. Cela est dû au caractère récent de la
réflexion sur le sujet. Toutefois, Tom Stewart (1987) définit le
capital intellectuel comme étant "la
matière intellectuelle : connaissances, informations,
propriété intellectuelle, expériences dont une entreprise
peut se servir pour créer de la valeur".
En tant que moteur de la pérennité et de la
croissance des entreprises, le capital intellectuel est une ressource
stratégique qu'il est devenu impératif de gérer et de
valoriser sous peine de céder du terrain sur un marché de plus en
plus concurrentiel.
Malheureusement, sa gestion n'est pas systématique. Les
entreprises se trouvent ainsi confrontées à de nombreux
problèmes, notamment :
- la perte de savoirs et de savoir-faire clés suite
à un départ en retraite, une mutation... ;
- la difficulté à obtenir les connaissances
nécessaires pour décider du fait de la dissémination de
l'information et de la mauvaise organisation des savoirs et expertises ;
- la mauvaise communication et la mauvaise circulation de
l'information dues à une organisation trop rigide ;
- la répétition d'erreurs déjà
commises par le passé...
Pour traiter ces dysfonctionnements et éviter les
risques qu'ils engendrent, depuis quelques années les entreprises
mettent en place une démarche de gestion des connaissances ou "
Knowledge Management " (KM) pour les Anglo-Saxons .
Dans le même ordre d'idées, l'explosion de
nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) a abouti
à un véritable raz-demarée informationnel, vécu
comme une maladie contemporaine par l'employé dans l'exercice de ses
fonctions.
A ce titre, le Knowledge Management se révèle
comme une approche qui renverse complètement le processus en se centrant
sur l'utilisateur final et en répondant à sa requête : "
Apportez-moi l'information dont j'ai besoin, au moment où j'en ai besoin
et si possible sans que j'en fasse la demande ".
Nous pouvons extraire de cette phrase quatre attentes de
l'utilisateur auxquelles répond une des logiques du Knowledge Management
très proche des techniques documentaires :
- "Apportez-moi ", indique une attente pour un service
personnalisé de production de l'information.
- "L'information dont j'ai besoin ", montre qu'on ne
désire que cette information-là. D'où le concept de
pertinence.
- "Au moment où ", décrit que l'information n'a
de valeur que si elle arrive au bon moment. La valeur de l'information
réside donc dans le juste à temps.
- "Sans que j'en fasse la demande ", traduit le concept de
trouver des choses qu'on ne cherchait pas, mais qui correspondent à une
attente tacite.
Il importe d'observer que cette démarche du Knowledge
Management se rapproche de l'intelligence économique ou la veille
stratégique.
Considéré sous cet angle, le KM peut se traduire
par la mise en place et l'exploitation d'un dispositif informationnel
(traitant, stockant et diffusant l'information) visant à aider les
individus à améliorer de façon durable l'efficience et
l'efficacité d'une action productive.
En définitive, la gestion des connaissances est un
défi managérial considérable qui s'inscrit dans un
changement à long terme et dans de nouvelles visions de l'entreprise.
Elle prend en compte simultanément trois ressources immatérielles
dans l'entreprise : les ressources humaines porteuses de l'expérience,
les processus opératoires qui mettent en action les savoirs et
savoir-faire et les informations qui nous entourent.
4.2.1. Terminologie
Afin de mieux cerner les repères théoriques du
concept "gestion des connaissances ", il est nécessaire avant
tout de comprendre ce qu'est la connaissance, mais surtout de la situer par
rapport aux données et à l'information.
4.2.1.1. Donnée, Information et connaissance
D'après la littérature, la donnée est une
représentation d'un ou des symboles de ce qui est survenu ou de ce qui
survient au moment même. Elle n'est pas signifiante en soi, elle ne le
devient que lorsque quelqu'un en fait une interprétation, lui donne un
sens. Elle devient information pour celui qui l'interprète.
Selon Davenport et Prusak (1998), les données sont des
faits objectifs qui relatent un événement, comme des observations
simples alors que l'information est une donnée ou une série de
données qui a du sens d'après Drucker (2000). Une même
donnée peut conduire à plusieurs informations selon le sujet, le
contexte. L'information est un message d'un niveau de signification plus
important. Elle nécessite un support, un émetteur et un
récepteur. Elle est aussi un objet susceptible de traitements, de
maniements, de manipulations très divers au travers des supports
multiples.
L'information est d'un usage personnel : il doit y avoir un
intérêt pour le récepteur du message, une
interprétation de la donnée à travers un modèle :
Information = Données + modèle d'interprétation.
L'information est comprise comme une donnée signifiante
pour un individu et ne peut plus être définie
indépendamment de son utilisateur.
La pertinence ( ou niveau d'intérêt de
l'information) dépend du sens qui émerge des relations entre les
données et le modèle des utilisateurs, au regard d'une discipline
particulière. L'information est nécessaire à la
construction des connaissances.
La connaissance est l'extension de l'information à
laquelle on ajoute de valeur et de croyance car la connaissance repose sur
l'intention. A ce titre, elle est un phénomène
spécifiquement humain qui concerne la pensée dans ses cadres
relationnels actifs et contextuels : chaque connaissance s'inscrit dans un
processus dans lequel d'autres connaissances sont déjà
présentes.
La connaissance tire son origine du cerveau des individus et
se construit à partir de l'information qui est transformée et
enrichie par l'expérience personnelle, les croyances et les valeurs.
La connaissance à l'inverse de l'information doit
être incarnée dans quelque chose : avant d'être collective,
elle est individuelle.
La connaissance est une croyance justifiée, produite et
soutenue par l'information vue sous l'angle syntaxique (volume) ou des contenus
(sémantique, plus important pour la connaissance car centré sur
le sens).
L'information est un flot de messages alors que la
connaissance est créée par ce même flot d'informations
ancrées dans le système des croyances de l'utilisateur. Elle est
l'appropriation, l'intériorisation de l'information.
Dans la même logique, G. Dosi (1995) fait la distinction
ci-après entre l'information et la connaissance: l'information est une
forme codifiée de propositions correspondant à différents
états du monde, de propriétés, d'algorithmes explicites
exprimant le mode d'emploi pour réaliser certaines choses. La
connaissance, quant à elle, inclut un aspect cognitif, un code
d'interprétation de l'information, un savoir-faire tacite, une
élaboration d'algorithmes et une résolution de problèmes
qui confère un sens heuristique dans la compréhension des
phénomènes.
Gilles Balmisse (2003), pour sa part, propose une autre
distinction entre donnée, information et connaissance à travers
le schéma ci-dessous :
Schéma n°3 : Distinction entre donnée,
information et connaissance" Modèle". Source : http ://
kmcenter.free.fr/km/connaissance.htm
Selon lui, une donnée est un élément brut
qui n'a pas été interprété, c'est-à-dire mis
en contexte. L'information, pour sa part, est une donnée
interprétée. Elle met en relation différentes
données pour obtenir un fait. La connaissance quant à elle est
basée sur une information assimilée et utilisée pour
aboutir à une action. Balmisse poursuit en soutenant que la connaissance
permet la
généralisation des problèmes alors que
l'information ne permet de prendre que des décisions.
Davenork et Prusak (1998), de leur part, définissent la
connaissance comme : "un mix évolutif d'expériences, de
valeurs, d'informations contextualisées et
d'expertises qui assure un cadre pour évaluer et
incorporer de nouvelles expériences et informations " [12].
Ils poursuivent en soutenant que la connaissance est une
information valorisable provenant de l'esprit humain qui inclut de la
réflexion, de la synthèse et un contexte particulier.
Cette approche rejoint l'équation proposée par
Manfred Mach (1995) : Connaissance = Information + Interprétation
humaine.
Cette définition un peu simpliste en apparence fait
apparaître clairement la dimension explicite de l'information et tacite
de la connaissance.
Elle permet de voir la part de subjectivité
présente dans la connaissance qui permet de donner du sens à
l'information, de la situer dans un contexte d'après Belmondo (2001).
Enfin, pour Baumard (1999), la connaissance est subjective car elle est
liée à l'individu ou au groupe d'individus qui la
génère.
4.2.2 Nature de la connaissance
Le concept connaissance subit l'influence de plusieurs
courants de pensée. Depuis de nombreux siècles, philosophes et
autres intellectuels alimentent un débat passionné sur son
origine et sa nature.
Il existe ainsi une fracture entre les taxonomistes
classifiant les différents types de connaissances et leurs implications
en fonction des objets qu'ils poursuivent et les chercheurs qui tentent de
modéliser la connaissance dans l'organisation. La taxonomie opposant la
connaissance tacite à l'explicite dans la mesure où elle est une
des premières à être apparue est l'une des plus
célèbres et des plus pertinentes.
Polanyi (1966) en est considéré comme l'initiateur
bien qu'elle ait été reprise et popularisée par Nonaka et
Takeuchi (1995).
[12] DAVENPORT T.H., PRUSAK L..- Working knowledge: how
organisations manage what they know .- Boston : Havard Business School Press,
1998. - p.199.
Ces deux derniers, experts japonais du Knowledge Management,
mettent en évidence, dans leur ouvrage « The Knowledge-creating
company » devenu une référence, que la connaissance se
présente sous deux formes différentes : une forme tacite et une
forme explicite.
4.2.2.1 Connaissance tacite
C'est la connaissance que possèdent les individus. Elle
n'est pas formalisée et par conséquent difficilement
transmissible. Ce sont les compétences, le jugement, les
expériences, l'intuition, les secrets de métiers, les
savoir-faire, les tours de mains qu'un individu a acquis et
échangés lors des relations à l'intérieur de son
organisation.
Nonaka et Takeuchi soutiennent que cette connaissance tacite
existe dans l'esprit humain de manière symbolique. Elle est intimement
liée au vécu de l'individu et elle est constituée de
facteurs intangibles comme la perspicacité, la subjectivité, les
croyances, les valeurs, la vision personnelle du monde, les tours de mains et
les émotions. La nature subjective et intuitive de la connaissance
tacite la rend difficile à traiter ou à transmettre de
manière systématique. Intimement liée aux collaborateurs
qui la détiennent, la connaissance tacite est la forme du savoir la plus
répandue dans les entreprises ou organisations. De nombreux auteurs
admettent qu'elle représente 85% de la connaissance globale d'une
organisation.
Il convient de faire remarquer que pour que la connaissance
tacite soit communiquée et partagée dans l'organisation, elle
doit être convertie en mots ou nombres que n'importe qui peut comprendre.
Ce processus de conversion de tacite en explicite s'appelle articulation ou
formulation.
Dans le même ordre d'idées, Gaynard (2000)
soutient que la connaissance tacite de l'entreprise peut être
observée de manière individuelle ou de manière collective,
dans les activités quotidiennes des employés de l'entreprise et
de ses clients, quand les gens réalisent des activités, quand ils
ont des relations
entre eux ou quand ils placent l'activité de l'entreprise
au centre de leurs conversations.
4.2.2.2 Connaissance explicite
C'est la connaissance formalisée et transmissible sous
forme de documents ou supports réutilisables. Elle regroupe les
informations, faits et connaissances scientifiques qui peuvent être
articulés, codifiés et donc transférés de
façon formelle par le biais des méthodes systématiques,
telles que les règles et procédures selon les observations de
Nonaka et Takeuchi (1995) ainsi que celles de Polany (1966).
La connaissance explicite est donc stockée dans le
monde objectif, dans des répertoires tels que les livres, les manuels,
les bases de données, les Intranets, les notes, les programmes
d'ordinateur sous la forme d'études, e-mails, rapports, journaux...
La connaissance explicite individuelle concerne les
connaissances et compétences qui peuvent être facilement
enseignées ou écrites alors que la connaissance explicite
collective concerne davantage les procédures opérationnelles
standards, la documentation, les systèmes d'information et les
règles. En d'autres termes, ce sont les documents qui peuvent être
capturés
( collectés et / ou scannés) et partagés par
un système d'information.
Il importe de faire remarquer que si les connaissances
explicites peuvent être facilement exprimées dans des documents,
elles sont moins susceptibles de déboucher sur des innovations majeures
que les connaissances tacites qui sont la réelle source d'innovation.
Il est intéressant de faire remarquer que pour nous
professionnels de l'information documentaire, selon
l'ADBS1, la collecte des connaissances explicites
est à l'origine des techniques documentaires et génère les
techniques de records management.
1 Association de professionnels de
l'information et de la documentation.
Les connaissances tacites ne pouvant que très
difficilement être figées dans des documents, il faut favoriser
l'échange, le travail en réseau, le partage d'expériences,
seuls moyens susceptibles d'aboutir à des processus innovants. La
collecte des connaissances tacites est à l'origine des techniques
d'intelligence économique et génère les techniques du
Knowledge Management [ADBS].
Plusieurs travaux de recherche montrent que l'avoir
intellectuel servant à faire fonctionner une firme ou une organisation
est composée de 30% de connaissances explicites et de 70% de
connaissances tacites (connaissances personnelles intangibles, trucs de
métiers issus de l'expérience, intuitions créatives,
etc.).
4.2.3 Définition de la gestion des connaissances ou
le Knowledge Management
"Knowledge Management", "Gestion des connaissances", KM,
"Management des connaissances", "Management des savoirs" ou encore
"Mémoire d'entreprise" sont autant de termes utilisés pour
désigner le même concept : la gestion du capital intellectuel de
l'entreprise.
Gilles Balmisse (2003) considère que « la
confusion engendrée par l'existence de
nombreux termes pour désigner le même concept
est accentuée par les différentes approches culturelles que peut
avoir le Knowledge management. En effet, la mise en place d'une démarche
de gestion de connaissances n'est pas universelle. Elle est fortement
dépendante de la culture du pays dans laquelle se trouve l'entreprise.
Au Japon, les connaissances sont essentiellement conservées par les
employés sous forme tacite, alors qu'aux Etats-Unis, l'aspect explicite
des connaissances est prépondérant et l'aspect technologique
fondamental. Quant à l'Europe, la démarche en est encore au stade
de recherche et développement » .[14]
[14] BALMISSE Gilles. - Knowledge Management et outils
informatiques. - Paris : Knowledge Consult, 2003. - p.6.
Dans ce contexte, il existe une dizaine d'approches
différentes du management des connaissances dont, parmi elles : la
gestion documentaire, la gestion de l'information, la veille stratégique
ou l'intelligence économique, la gestion des compétences, la
gestion des systèmes d'information, la gestion des valeurs
intellectuelles, l'innovation, l'apprentissage organisationnel, le management
stratégique...
Comme on le voit, le KM intéresse et préoccupe
beaucoup de gens et son approche est forcément multiple, pluri ou
multidisciplinaire. De ce fait, son champ opératoire est difficile
à cerner du fait de la multiplicité des perspectives. Jean Michel
(2001) a tenté d'en résumer quelques-unes.
Selon lui, le KM peut être vu :
- à travers les outils, la technologie et par les
informaticiens et autres techno-spécialistes : traitement avancé
de la gestion de l'information (extraction automatique du sens...), «
tubulures » de partage de l'information dans l'entreprise (
réseaux, Intranet, groupware...) ;
- par les cogniticiens ( comment s'élabore la
connaissance, avec des avancées vers l'intelligence artificielle) ;
- par les médiateurs de l'information-documentation
(documentalistes, archivistes, webmasters,...) qui n'ont pas
attendu les nouveaux Knowledge Managers pour s'occuper de gestion collective
des connaissances ;
- par des spécialistes des contenus ( experts) -
ingénieurs, médecins, juristes... - ou spécialistes de
diverses préoccupations de la qualité, de l'innovation... ;
- par des méthodologues qui inscrivent la gestion de la
connaissance dans les diverses pratiques du management par la valeur, du
management par projet, de la créativité, du problem solving...
;
- par les gens de la stratégie et du management ou
comment donner du sens à l'entreprise, du sens pour l'action collective,
comme aussi de la pérennité... ;
- par les formateurs qui se voient questionnés sur leur
propre
terrain pour les nouvelles initiatives prises en matière
de KM.
Dans ces conditions, donner une définition
précise et non équivoque du Knowledge Management est un exercice
des plus périlleux. Il existe autant de définitions qu'il y a
autant d'approches.
Pour les uns, ce terme évoque la mise à
disposition auprès du grand nombre des biens immatériels de
l'entreprise ; pour d'autres, il s'agit tout simplement de retranscrire les
savoir-faire dans le but de formaliser la mémoire de l'entreprise.
Au-delà de ces distinctions, il nous a semblé utile de donner
quelques définitions qui nous ont paru les plus significatives.
Le portail québécois «
Granddictionnaire.com »
donne la définition suivante de la gestion des connaissances :
"Gestion par des moyens informatiques des
informations significatives qui sont acquises par
l'entreprise et qui y circulent, ainsi que du savoir-faire
développé par le personnel, de manière à
créer un système interactif de formation maison continue qui
débouche sur une meilleure qualité des produits et services,
ainsi que sur une plus grande compétitivité de l'entreprise
"[15].
Pour le portail d'entreprise «
neocles.com », le Knowledge
Management est
"la gestion des connaissances et des compétences
clés de l'entreprise. Il regroupe les activités de
création, collecte, capitalisation, développement des savoirs et
des savoir-faire ( pratiques, connaissances, expériences et
compétences) permettant d'accroître la performance collective des
entreprises " [16].
[15]Office québecois de la langue française.- [on
line ].- Quebec: OLF, 2000.-
URL:http ://
www.granddictionnaire.com/html/fra/r_motclef/index1024_1.asp
consulté le 21/03/2004.
[16]
http://www.neocles.com/services/communication/Knowledge.htm
consulté le 10/03/2004.
De son côté, Jean-Yves Prax cité par Gilles
Balmisse (2003) a adopté plusieurs points de vue pour aborder le concept
du Knowledge Management :
"Définition opérationnelle :
Apporter l'information à la personne qui en a besoin,
au moment où elle en a besoin et sans qu'elle en fasse la
demande.
Définition stratégique :
Combiner savoirs et savoir-faire dans le processus, produits,
organisations pour créer de valeur.
Définition fonctionnelle :
Manager le cycle de vie de la connaissance (émergence
d'une idée, formalisation, validation, diffusion, réutilisation,
valorisation).
Définition financière :
Valoriser le capital intellectuel de la firme (capital
humain, capital innovation, capital marque, capital client,... )"
.[17]
une approche qui tente de gérer des
informations aussi diverses que pensées,
idées, intuitions, pratiques, expériences émises par des
gens dans l'exercice de leur profession. Il s'agit d'un processus de
création, d'enrichissement, de capitalisation et de diffusion des
savoirs qui implique tous les acteurs de l'organisation, en tant que
consommateurs et producteurs. Le Knowledge Management suppose que la
connaissance soit capturée là où elle est
créée, partagée par les hommes et finalement
appliquée à un processus de l'entreprise pour innover "
[18].
Tous ces auteurs s'accordent pour dire que le management des
connaissances consiste à capturer, stocker, transformer et appliquer les
connaissances dans l'entreprise. Il permet d'identifier les connaissances qui
ont de la valeur pour l'entreprise ; de protéger ces connaissances par
des processus de conservation ; de les exploiter par leur mise à
disposition auprès des acteurs de l'entreprise, leur intégration
dans des processus de travail ; de les développer et d'en créer
des nouvelles pour aller vers l'innovation et vers une meilleure adaptation
à l'environnement. L'enjeu n'est donc plus de gérer l'information
de l'organisation mais de gérer son patrimoine de connaissance pour
aboutir à ce que la performance collective soit supérieure
à la somme des performances individuelles.
[17] BALMISSE Gilles .- Knowledge Management, op cit, p.7.
[18 FLACTION Sylvain, SEYDOUX Fabrice, FERLIN André. -
Knowledge Management. - Paris :EID, 2001. - p.5.
Dans un ouvrage collectif très récent Denis
Meignan (2005) distingue deux approches du Knowledge Management qui sont
actuellement en émergence : l'approche de capitalisation et l'approche
de collaboration.
L'approche de capitalisation se rapporte au processus de
transformation des connaissances tacites en connaissances explicites.
Il s'agit, de manière opérationnelle, de
recueillir, mettre en forme et rendre disponibles les savoir-faire et les
connaissances des collaborateurs. Il peut s'agir d'experts au sens strict du
mot, mais aussi de professionnels disposant de savoir-faire non codifiés
et pourtant critiques pour l'organisation ; ils peuvent aussi être
sollicités, comme des techniciens de maintenance, des conducteurs de
ligne de production...
Les savoir-faire et connaissances étant techniques et
complexes, il n'est pas possible de les formaliser en utilisant seulement les
mots usuels. Des techniques de modélisation et des modèles sont
nécessaires. Ces travaux de modélisation et de mise en forme se
concrétisent dans des livres de connaissances ou des
référentiels métiers.
Dans d'autres cas, les mots usuels sont utilisés et la
mise en forme des savoirs et savoir-faire se fait surtout à partir
d'opérations d'analyse, de classement et de structuration des
informations brutes. On y produit ainsi des bases de connaissances.
L'approche de collaboration se rapporte au processus de
partage des connaissances tacites. De manière opérationnelle, il
s'agit de mettre en place ou de renforcer au sein de l'organisation des
communautés de pratique et de définir le mode de satisfaction de
leurs besoins d'échange.
En bref, la notion de management des connaissances sous-entend
un mode de gestion systématique de savoirs et des savoir-faire des
employés, des clients et des partenaires dans le but d'aider
l'entreprise ou l'organisation à atteindre ses objectifs de croissance.
Elle possède des antécédents dans l'idée
d'entreprise apprenante.
Rappel historique
Le terme KM est apparu pour la première fois aux
Etats-Unis en 1989 dans les journaux tels que « Harvard Business
Review ». Il s'est retrouvé dans la presse grand public du
type Fortune en 1991.
Le KM a émergé dans les entreprises à
partir de la deuxième moitié des années 90 au moment
où l'introduction des nouvelles technologies de l'information
commençait à produire ses effets dans des organisations. A cette
époque, les entreprises étaient essentiellement
préoccupées par la formalisation et la mise à disposition
des connaissances grâce à des solutions technologiques.
Mais le KM n'était absolument pas intégré
aux activités quotidiennes de l'entreprise et l'implication des
dirigeants était minime, sinon quasi-inexistante.
Gilles Balmisse (2003) reconnaît que c'est surtout au
début des années 2000 que le KM est davantage
intégré à l'ordre du jour, bien que les connaissances ne
soient pas encore considérées comme un véritable actif
stratégique.
Une meilleure compréhension du concept KM et une prise
de conscience des dirigeants de l'importance de gérer le capital
intellectuel avec sa dimension humaine se traduisent par la création et
la mise en oeuvre de plus en plus fréquente des communautés de
pratique au sein des organisations.
Dans la lignée des réflexions du même
auteur, cette approche de collaboration concerne le partage des connaissances
tacites comme nous l'avons vu. De manière opérationnelle, elle
met résolument l'accent sur la nature relationnelle et sociale de la
connaissance, laquelle avait été jusque-là
négligée dans les premières expériences de KM. La
création des communautés de pratique inter et intra-entreprise
est devenue une priorité, voire une orientation de fond.
Les défis du KM peuvent être différents
suivant le niveau auquel on se place. Parmi les principaux, nous pouvons
épingler : la création de valeur, la prise de décisions,
les activités quotidiennes.
La création de valeur est un objectif de l'entreprise
d'un point de vue stratégique. En systématisant la
capitalisation, l'organisation, l'utilisation et le partage des savoirs et
savoir-faire liés aux processus, aux clients ou encore aux produits, le
KM permet d'améliorer la productivité en terme de coûts, de
délais et de quantités produites. Il permet également
d'obtenir de meilleurs résultats en terme de qualité et partant
d'améliorer la valeur perçue par les clients ou les
partenaires.
La prise de décision est un processus dont la
pertinence est très fortement dépendante de la qualité des
informations qui vont servir de support à cette décision. En
effet, une décision est le fruit de l'utilisation dans un contexte
précis, d'une ou de plusieurs informations. Ce qui est important, c'est
non seulement les informations mais surtout le contexte dans lequel elles vont
être interprétées.
Le KM notamment au travers de la capitalisation et du partage
des expériences passées va s'attacher à fournir au
décideur la bonne information au bon moment, le tout dans le contexte le
plus favorable pour prendre sa décision.
Les activités quotidiennes de l'entreprise se
caractérisent par leur aspect répétitif. Dans ce sens, le
savoir-faire acquis est primordial si l'on souhaite améliorer les
processus métier de l'entreprise.
Grâce à son action de valorisation des savoirs et
des savoir-faire des collaborateurs de l'entreprise, le KM va par exemple
permettre de maintenir une productivité élevée et une
haute qualité de travail malgré le départ de personnes
clés.
Par ailleurs, les outils aidant à la gestion des
connaissances visent trois objectifs : la création de répertoires
de documents, d'information et la systématisation des
procédés ; l'amélioration de l'accessibilité du
savoir ; et, enfin, la conscientisation quant à la valeur
économique du savoir et à la pertinence de sa gestion et de sa
diffusion.
Parmi ces outils, on distingue les systèmes de
capitalisation (GEIDE1,
Datawarehouse2), les systèmes de travail
collaboratif (Worflow3, Groupware*) et enfin des
outils spécifiques (moteurs de recherche, gestion des
compétences...). Leur mise en oeuvre recouvre plusieurs facettes dont
l'aspect partage d'information, capitalisation mais aussi mémoires
d'entreprise.
4.2.4. Les objectifs de la gestion de connaissances
Les objectifs globaux pour gérer au mieux la connaissance
dans l'entreprise s'articulent autour de trois points clés :
capitaliser, partager et créer.
4.2.4.1 Capitaliser
Il procède d'une logique " évolutionniste
" de la connaissance, à savoir que l'évolution des
connaissances ( et donc de l'organisation ou de l'entreprise) se fait toujours
à partir d'un patrimoine existant.
Le mot d'ordre correspondant peut se résumer par "
savoir d'où l'on vient, savoir où l'on est, pour mieux savoir
où l'on va ".
1GEIDE : Gestion
Electronique de l'Information et des Documents Existants dans l'entreprise.
C'est un ensemble d'outils et de techniques qui permettent de
dématérialiser, classer, gérer et stocker des documents
à partir d'applications informatiques dans le cadre normal des
activités de l'entreprise. Elle met en oeuvre des méthodes
d'analyse de contenu, d'indexation,d'archivage et d'extraction.
2Datawarehouse
(Entrepôts de données ): Structure informatique dans laquelle est
centralisé un volume
important de données consolidées à partir
des différentes sources de renseignements d'une entreprise (notamment
les bases de données internes) et qui est conçue de
manière que les personnes intéressées aient accès
rapidement à l'information stratégique dont elles ont besoin.
3Workflow : Outil
qui formalise, définit et gère tous les éléments
clés d'un processus : les actions, leur
ordonnancement, les intervenants et leur rôle, les
données nécessaires et / ou produites et les délais.
*Groupware : Littéralement "logiciel de groupe" : C'est
un ensemble des applications informatiques intégrées qui visent
à faciliter le travail en groupe, grâce à trois espaces :
production (édition partagée), coordination ( workflow) et
communication ( visioconférérence).
Creation Acquisition Organisation Accès Utilisation
4.2.4.2 Partager
Il est l'aboutissement du constat selon lequel dans la gestion
de la complexité de leur processus, les entreprises ne peuvent plus se
satisfaire des actions individuelles des acteurs (fussent-elles "
héroïques " ou "géniales "), mais doivent les
intégrer dans des ensembles collaboratifs harmonieux et
créatifs.
Le mot d'ordre correspondant peut se remuer par "passer de
l'intelligence individuelle à l'intelligence collective ".
4.2.4.3 Créer
Dans le monde économique actuel, la survie des
entreprises passe par une innovation constante et soutenue. Le processus de
créativité et d'innovation des entreprises passe désormais
par une interaction bien comprise et bien gérée entre ses
ressources internes de savoir et son environnement économique et
concurrentiel. Le mot d'ordre correspondant peut se résumer par
"créer, innover pour survivre ".
4.2.5 Cycle de vie du Knowledge Management
Pour valoriser le patrimoine intellectuel de l'entreprise, le
KM suit un certain nombre d'étapes afin de former ce que l'on nomme le
processus du KM. Une fois de plus, Gilles Balmisse (2003) a identifié
cinq étapes qui sont représentées par le schéma
ci-dessous :
Schéma n°4 : Processus du KM
"Modèle". Source : Balmisse Gilles
Création : Cette étape aboutit à la
création de nouvelles connaissances.
Acquisition : C'est une étape qui consiste à
capturer la connaissance tacite. Celle-ci est alors transformée en
connaissance explicite suivant une représentation adéquate afin
de faciliter sa mise à disposition auprès de l'ensemble de
l'entreprise.
Organisation : Il s'agit d'organiser la connaissance pour en
faciliter ultérieurement l'accès.
Accès : Cette étape consiste à rendre
accessible la connaissance aux utilisateurs du système de KM.
Utilisation : Il s'agit de l'application de la connaissance
dans le cadre de l'activité de l'entreprise. Cette étape est
récursive, c'est-à-dire que l'utilisation de la connaissance
engendre un effet sur les autres étapes du processus.
De son côté, Jean Michel (2001) distingue plusieurs
processus dans les pratiques de KM identifiées :
- Un processus de recueil, collecte de données,
informations, règles de connaissances, retours d'expériences et
autres rapports d'étonnement . Ce recueil-capturation tente d'être
organisé, systématisé, finalisé ; il est
basé sur une forte mobilisation des acteurs et réseaux d'acteurs
; il fait l'objet de formalisation (écrite, orale) avec consignations
documentaires des informations en question selon des formats
préalablement définis ou non.
- Un processus de modélisation et d'extraction de sens,
de reformulation, d'élaboration de synthèse, de création
d'arbres de connaissances. Il s'agit de passer de I (
Information ) au C ( connaissance ), de rechercher et
établir des lois ou modèles, de médiateurs,
éditeurs ou facilitateurs comme aussi à des outils plus ou moins
automatiques mais surtout aux experts (ou groupes d'experts) eux-mêmes du
secteur concerné.
- Un processus d'engrangement, de capitalisation, de
conservation qui suppose la création et la tenue à jour de
réservoirs d'informations, de documents et de règles de
connaissance avec le double souci de pérenniser ce processus et aussi de
pouvoir retrouver aisément ce qui a été stocké
(d'où l'importance des langues de codage, des thesaurus d'entreprises et
bien sûr des outils de recherche...).
- Un processus de redistribution et de partage avec des
réponses soit en mode "push" (messageries électroniques, forums,
lettres électroniques) soit en mode "pull" (réservoirs
accessibles, sites Internet et Intranet, bases de données en
groupware...) ; il s'agit aussi ici de finaliser la diffusion par rapport
à des besoins et d'adapter celle-ci à différents contextes
(démarche éditoriale spécifique qui va bien
au-de-là de la simple mise à disposition des données
stockées dans les réservoirs) ;
- Enfin, un processus de dynamisation-régulation de
l'ensemble des processus précédents avec le souci
d'évaluer, de produire du feedback, d'assurer
l'auto-développement pérenne des dispositifs de gestion des
connaissances.
4.2.6 Les 4 leviers du Knowledge Management
Une bonne politique du Knowledge Management agit sur quatre
leviers afin de mobiliser les connaissances d'une manière efficace et
performante pour l'entreprise ou l'organisation :
4.2.6.1 L'accès à l'information
Faciliter l'accès direct à l'information et aux
savoirs facilite la transmission au moment opportun des informations
limitées à l'essentiel des besoins. La maîtrise et la
sécurité de l'accès aux informations permettent
également une meilleure circulation de l'information et soutiennent
ainsi la dynamique essentielle du partage à une démarche de
Knowledge Management efficace.
4.2.6.2 La gestion des compétences
S'intéresser aux compétences des collaborateurs
et les gérer permettent à l'organisation d'améliorer les
compétences individuelles et collectives et de gérer la
transmission des compétences clés, tout en anticipant les pertes
de savoir-faire stratégiques, de favoriser la polyvalence et la
mobilité interne, etc.
4.2.6.3 La capitalisation et le partage des retours
d'expériences
La capitalisation et le partage des expériences
vécues par les collaborateurs permettent d'éviter de reproduire
un travail déjà effectué et surtout de faciliter la
reproduction des meilleures pratiques.
4.2.6.4 La compréhension de l'environnement
Une meilleure gestion des connaissances concerne la
concurrence, le marché, les clients et leurs attentes et permet de
favoriser et assurer une veille stratégique et concurrentielle, de
comprendre les axes de développement.
Cette présentation nous permet d'entrevoir que le
Knowledge Management est à la croisée de plusieurs disciplines :
sciences de l'information et de la communication, psychologie sociale,
management stratégique, sciences cognitives et de l'intelligente
artificielle, marketing, etc.
Selon la littérature, les composantes clés d'un
système du Knowledge Management sont :
- la gestion électronique des documents (GED) et la
gestion du contenu ;
- la formation et l'apprentissage dans l'organisation incluant le
e-learning ;
- le travail en collaboration ;
- la veille stratégique ;
- les communautés de pratique ;
- les portails ;
- la gestion des compétences ;
- le décisionnel ou le Business Intelligence.
Il convient de faire remarquer que la gestion des
connaissances peut se matérialiser sous différentes formes de
mémoires d'entreprises afin de faire circuler, partager et créer
de nouveaux savoirs.
4.2.7. Mémoires d'entreprise ou l'organisation des
connaissances dans l'entreprise
Dans un ouvrage collectif, Rose Dieng-Kuntz et al. (2001)
définissent la mémoire d'entreprise comme : « la
représentation persistante, explicite,
désincarnée, des connaissances et des
informations dans une organisation, afin de faciliter leur accès, leur
partage et leur réutilisation par les membres adéquats de
l'organisation, dans le cadre de leurs tâches ».
Il existe dans l'entreprise, selon l'objectif qui lui est
fixé, le contexte, la méthode choisie plusieurs types de
mémoires d'entreprise: la mémoire à base de connaissances,
la mémoire à base de cas, la mémoire dynamique ou
collecticiels, la mémoire de projet et la mémoire
documentaire.
4.2.7.1 Mémoire à base de
connaissances
Il s'agit de tirer profit des informations et des
connaissances accumulées au fil des projets afin que les
différents acteurs du service puissent profiter au maximum des
expériences accumulées par leurs collègues ou
prédécesseurs et cela dans l'objectif de gagner du temps dans le
développement des affaires, de réussir de nouveaux projets et de
se retrouver en meilleure situation face à la concurrence.
La mémoire à base de connaissances trouve son
appui dans l'ingénierie des connaissances, laquelle a pour objectif
de recueillir et modéliser les connaissances. Celles-ci peuvent
être ensuite mises en forme afin d'être
transmises à un utilisateur qui prendra en charge
l'interprétation et l'exploitation des connaissances formalisées.
Ceci diffère d'un système expert où les raisonnements sont
aussi pris en compte.
Parmi les différents types de modélisation, on peut
citer :
- L'annuaire des compétences : il consiste à
établir une cartographie des connaissances dans l'entreprise selon les
fonctions, les projets en se fondant sur un principe qui fait quoi.
- La base des meilleures pratiques : elle rassemble les
savoir-faire acquis dans ou hors de l'entreprise au cours de différentes
épreuves rencontrées dans certains domaines. Celles-ci pouvant se
produire, il devient primordial de les formaliser. Elles sont surtout
liées à des processus ou des procédés et sont
susceptibles d'évoluer.
- Le livre de connaissances : il s'agit de l'enregistrement et
de la mise en forme dans un document des modèles de connaissances
textuelles ou graphiques au lieu de stocker les connaissances de certains
experts sur un support informatique.
La base des connaissances a pour objectif la capitalisation de
l'information. Cette capitalisation se fait de manière structurée
et réfléchie. Elle est en général confiée
à des professionnels de l'information documentaire travaillant de pair
avec les spécialistes des domaines concernés dans
l'entreprise.
4.2.7.2. Mémoire à base de cas
Elle consiste à formaliser, à travers un cas, le
savoir-faire issu d'expériences passées heureuses ou non
d'experts avec la particularité de représenter aussi le
raisonnement. Ceci permet une compréhension plus rapide des
connaissances et l'ajout de nouveaux cas. Le raisonnement à partir de
cas est surtout utilisé quand une solution mémorisée pour
un problème antérieur peut être à nouveau
exploitée pour un problème présent.
4.2.7.3. Mémoire dynamique : Collecticiels ou
Groupware
Appelé aussi « systèmes de travail
collaboratif », c'est une combinaison de technologies, de personnes et
d'organisations qui facilitent la communication et la coordination
nécessaire à un groupe pour réaliser son travail de
manière collective et efficace, atteindre un but partagé et
assurer un gain pour chacun de ses membres.
Ils offrent aux personnes un environnement de travail
collaboratif. Les outils du travail collaboratif ne recherchent pas à
traiter de l'information. Bien au contraire, ils sont des facilitateurs de
communication et de coordination entre acteurs. Ces outils peuvent prendre la
forme d'un logiciel comme Lotus Notes, d'un système de
vidéoconférence ou de production de foire à questions (FAQ
pour Frequently Asked Questions), d'une messagerie...
On retrouve plusieurs formes d'applications de Groupware. La
majorité d'entre elles fonctionne sous des modes de communication
asynchrones :
- Les agendas électroniques
- Les agendas individuels et partagés liés à
des individus, des projets ou des ressources
- Les annuaires de projet
- Les forums d'échange sur des projets
thématiques
4.2.7.4. Mémoire de projet
Matta et al (1999) définissent la mémoire de projet
comme " une mémoire des
connaissances et des informations acquises et produites au
cours de la réalisation des projets ". [19]
Le projet constitue une expérience particulière
dans l'entreprise. Il implique des participants provenant des domaines
différents en mettant en jeu des connaissances déjà
acquises et en cours de création autour d'un objectif à
réaliser à un instant déterminé.
[19] MATTA et all. - Définition d'un modèle de
mémoire de projet : Rapport de recherche, Paris : INRIA, 1999
L'organisation s'enrichit dès lors en construisant une
mémoire de projet qui décrit son historique, formalise
l'organisation du projet, les collaborateurs, leurs fonctions, les
référentiels utilisés, le cheminement du projet avec les
problèmes rencontrés et les solutions trouvées, la
stratégie choisie et le but poursuivi.
4.2.7.5. Mémoire documentaire
Il est indéniable que l'entreprise ou l'organisation
génère et exploite de nombreux documents de supports et format
très variés. Ceux-ci peuvent présenter un
intérêt général ou ultérieur. Dans ce cas,
ils sont alors intégrés à une mémoire qui s'appuie
sur la notion de support. Après un traitement physique et intellectuel
des documents et de leur contenu, ils sont rendus accessibles aux
employés de l'organisation ou de l'entreprise.
Les différentes étapes de la construction de la
mémoire documentaire rappellent fortement celles de l'activité
documentaire.
De nombreuses compétences techniques telles que la
collecte, la gestion d'une base de données, le rassemblement de
données éparses et variées, l'indexation, la diffusion et
le concept de mise à jour font partie des savoirs des professionnels de
l'information.
Bien que l'objectif de la gestion de connaissances soit
distinct de celui de la gestion des informations, ce constat permet de dire que
dans le cas du mémoire documentaire, les documentalistes peuvent
être présents.
Toutefois, la distinction est assez difficile entre ce qui
relève de la documentation traditionnelle et de la mémoire
documentaire.
Les documents provenant de l'entreprise dont les informations
peuvent être exploitées sont :
- Des documents personnels, des synthèses de missions ;
- Des articles, études, synthèses et rapports
techniques ou scientifiques ;
- Des documents liés à un projet : des propositions
commerciales, compte-rendus de réunion, etc. ;
- Des normes et règles de procédures, des textes
réglementaires ;
- Des manuels de référence ou technique, des
manuels utilisateurs ;
- Des lettres envoyées par courrier électronique
;
- Des documents sonores, visuels ( plans, photos, vidéos,
etc.)
La tendance principale est de les numériser et
d'adopter un format électronique tel que le format bureautique PDF ou
HTML, ce dernier étant de plus en plus favorisé.
La gestion des connaissances de type documentaire permet aux
professionnels de l'information d'exercer un savoir-faire technique en
matière de gestion de bases de données qui est la principale
forme développée dans ce domaine. Pourtant, même si ces
activités impliquent nécessairement des compétences en
gestion de l'information, de par le sujet à valoriser à travers
le traitement documentaire, de nouvelles activités et fonctions
apparaissent rendant plus complexes les distinctions de métier au sein
de la gestion de l'information et des connaissances.
Notons en définitive que la construction de la
mémoire d'entreprise repose sur un certain nombre de techniques. La
première citée est la mémoire documentaire avec l'exemple
de la gestion électronique de documents (GED).
4.2.8 Positionnement du management des connaissances par
rapport à la gestion de l'information
Le Knowledge Management et la gestion de l'information sont
deux disciplines très proches, importantes et nécessaires pour
gérer au mieux les quantités phénoménales
d'informations disponibles dans une entreprise ou une organisation. Elles ont
comme objectif commun l'amélioration de l'accès à
l'information disponible.
C'est pourquoi Jerôme Kalfon (2000) fait observer avec
justesse que "le
Knowledge Management se fixe un objectif proche en
apparence de celui des bibliothèques, à savoir réunir
tous les savoirs ; dans un cas, il s'agit du savoir des
personnes, dans l'autre, de celui qui est stocké dans
les documents". [20]
Cependant, il importe de préciser que la gestion de
l'information n'est pas synonyme de management de connaissances ou Knowledge
Management, même si certains auteurs soutiennent qu'il s'agit de la
gestion documentaire améliorée à laquelle on ajoute la
gestion des compétences.
Cette réflexion est sans doute intéressante car
beaucoup de managers relèvent que la gestion des connaissances a les
mêmes défenseurs et utilise souvent les mêmes outils que la
gestion de l'information, tout en suspectant que l'on n'assiste à rien
d'autre qu'à une inflation terminologique. D'autres vont jusqu'à
à se demander si le KM n'est pas l'ultime aboutissement de la gestion de
l'information à l'intérieur duquel les autres disciplines ne
seraient que des briques. Autrement dit, Gestion électronique des
documents (GED), documentation, intelligence économique... ne seraient
que des éléments d'une sorte de système KM.
Mais au-delà de tous ces débats, il est
important de faire remarquer que la gestion des connaissances recouvre deux
tâches qui la distinguent de la gestion de l'information : faciliter la
création de connaissances d'une part, gérer la manière
dont celles-ci sont partagées et appliquées d'autre part.
[20] KALFON Jerôme .- La Gestion des connaissances in :
BBF, 2000, T.45, n°3 pp.113.
Bien plus, alors que la gestion de l'information se concentre
sur les techniques (documentation, Intelligence économique) et les
technologies (GED), le Knowledge Management pour sa part s'attache à
considérer un autre facteur : le facteur humain. Seul un individu
possède la connaissance, peut la créer et décider de la
partager ou non.
Aux yeux de Nathalie Sobieski (2000), il est
généralement admis que l'information est un matériau
produit à l'intérieur ou à l'extérieur de
l'entreprise, que les spécialistes de l'information organisent son
traitement sous plusieurs formes afin de la rendre accessible aux utilisateurs.
Les spécialistes de l'information sont des médiateurs entre les
documents dont ils extraient le contenu et les utilisateurs. La structure
documentaire a pour objectif principal la diffusion de l'information.
Par contre, la connaissance est un bien immatériel
essentiellement localisé dans le cerveau humain. Elle suit une spirale
vertueuse dont le but final est la création de nouveaux savoirs.
Différentes méthodes sont apparues afin de la mettre en valeur
dans le cadre de la mémoire d'entreprise. Comme sa mise en oeuvre se
heurte à des difficultés, un nouveau métier est en train
d'émerger appelé par les Anglo-Saxons "Knowledge Manager" ou
encore "Chief Knowledge Officer ". Malheureusement, il n'existe pas encore
d'intitulé officiel en langue française.
La fonction du « gestionnaire des connaissances »,
si nous pouvons l'appeler ainsi, est d'animer la gestion des connaissances dans
l'organisation.
Or, ce rôle est d'autant plus difficile dans ce vaste
mouvement qui concerne tous les individus. Aussi, un retour sur investissement
visible est-il souvent très attendu par la direction. Devant cette dure
tâche à accomplir, certains préfèrent adopter tout
simplement un bon système de documentation qui est probablement la
solution la moins chère et la plus réaliste pour la
capitalisation des connaissances.
Ainsi, comme on le voit, la Gestion de l'information et le
Knowledge Management sont donc deux disciplines distinctes qui se
préoccupent de deux ressources différentes : l'information
pour la Gestion de l'information et la
connaissance pour le Knowledge Management. Chacune d'elle a
son objet, ses méthodes, son mode de fonctionnement, des professionnels
aux compétences spécifiques et ses objectifs.
Pour des auteurs comme Pierre Brouste et Dominique Cotte
(1999), le KM ne vise pas l'ingénierie documentaire, même si bien
souvent il s'appuie sur celle-ci, voire même la suscite lorsque les
solutions font apparaître un besoin de mieux gérer la
documentation interne. Aussi, est-il plus que la simple gestion de
l'information, mais en même temps il ne peut pas se passer des techniques
classiques élaborées par les sciences de l'information pour
décrire et gérer celle-ci : description, formalisation,
structuration, etc.
S'inscrivant dans la même démarche, plusieurs
auteurs s'accordent à dire que le management des connaissances fait
apparaître en corollaire un rapprochement possible avec le management de
l'information. Information et connaissance étant des notions voisines,
un tel rapprochement implique la mise en place d'un système de gestion
de l'information, le système d'information (SI), dont le principe est de
faire en sorte qu'il y ait un flux et une circulation effective de
l'information au sein de l'organisation. Aux yeux de Jean-Philippe Accart
(2003), le KM peut être vu comme une manière de promouvoir les
services d'information, de les faire se rapprocher dans un objectif commun.
Corollairement, la presse des professionnels de l'information
se fait de plus en plus l'écho que le management des connaissances sera
l'apanage des spécialistes de l'information documentaire d'ici quelques
années.
En effet, les professionnels de l'information y voient de
nouvelles perspectives et de nouveaux modes de travail.
Cette approche, partagée par Denis Reardon (1998), conduit
Tang Shanhong
(2000) à soutenir que " la façon de
gérer les connaissances deviendra une
réalitéimportante à laquelle devront faire face
les bibliothèques dans un avenir rapproché"[21].
[21] SHANHONG Tang .- Gestion des connaissances dans les
bibliothèques au 21ème siècle : Communication
à la 66ème Conférence Générale de
l'IFLA .-[ On Line ]. - La Haye : Ifla, 2000.
Adresse URL :
http://www.ifla.org/IV/ifla66/papers/057-110f.htm
.
Ceci est d'autant vrai parce qu'on observe aujourd'hui dans
beaucoup d'entreprises ou organisations, que la fonction
Information/Documentation tend de plus en plus à prendre en charge une
grande partie de l'information interne de l'entreprise (rapports, documents
techniques, capitalisation, entrepôt de données, livre de
connaissances, systèmes à base de connaissances...).
Ce constat pousse Calenge Bertrand (1999) à admettre que
"les fonctions
documentaires se complexifient et se banalisent à la
fois, ouvrant la porte à de futurs métiers davantage
tournés vers l'intermédiation entre les hommes porteurs
de connaissances qu'à la relation classique entre stocks
d'information et des
consommateurs de documentation "[22].
C'est pour cette raison que des voix s'élèvent
pour affirmer que le KM est une réelle opportunité pour des
professionnels de l'information : il n'y a pas de KM sans gestion documentaire,
pourquoi donc les documentalistes ne deviendraient-ils pas knowledge managers ?
plusieurs franchissent déjà le pas car des formations en sciences
de l'information intègrent le KM à leur cursus.
Cette nouvelle dynamique donne des clés pour comprendre
la nature des changements à venir et auxquels les professionnels de
l'information doivent être préparés. Ceux-ci sont
appelés à réfléchir au rôle qu'ils auront
à jouer pour faire face à ces changements, et aux nouvelles
compétences qu'ils devront développer pour compléter leur
formation initiale.
Au fur et à mesure de l'évolution des NTIC, les
spécialistes de l'information documentaire ne seront plus seulement
confrontés aux problèmes du traitement de l'information
liés à la connaissance explicite relevant de la mémoire
documentaire, mais aussi la connaissance tacite relevant de la mémoire
procédurale, c'est-à-dire celle contenant des connaissances sur
les compétences, le savoir-faire.
C'est dans ce contexte que Seonghee Kim (1999) n'a pas attendu
pour proposer les nouveaux rôles de professionnels de l'information afin
de maximiser la valeur de la connaissance dans les organisations
intelligentes.
[22] CALENGE Bertrand. - Le management de l'information et des
connaissances dans l'entreprise de demain. - in : BBF, 2003, T.44, n°
1, p. 114.
URL:
http://bbf.enssib.fr/bbf/html/1999_44_1/1999-1-p113-calenge.xml.asp?print=1
.
A ses yeux, "les professionnels de l'information ont
longtemps été considérés comme faisant partie du
personnel de soutien travaillant silencieusement dans leur coin souvent non
inclus dans les fonctions critiques des organisations.
Les professionnels de l'information doivent jouer de
nouveaux rôles en tant que professionnels de la connaissance. Ils
doivent quitter l'arrière-scène et se diriger vers le centre
de l'organisation, pour tenir les rênes de la gestion de la connaissance
avec
les usagers et les experts de la technologie "[23].
Eu égard aux observations pertinentes ci-dessus, le
métier de spécialiste de l'information documentaire ne pouvant
donc plus se borner aux seules frontières de la connaissance explicite,
étant donné que de nouvelles méthodes et de nouveaux
outils et liens étroits avec la gestion de la connaissance existent,
notre intérêt pour cette nouvelle thématique en fort
développement trouve ici tout son sens. Nous y voyons se profiler des
évolutions futures de notre profession.
[23] KIM Seonghee. - Les rôles des professionnels de la
connaissance dans la la gestion de la connaissance: Communication à la
65ème Conférence Générale de l'IFLA .-[
On Line ]. - Bangkok : IFLA, 20-28 août 1999, p.5. URL:
http://www.ifla.org/IV/ifla65/papers/042-115f.htm
.
4.3 Le partage des connaissances
Le partage des connaissances est l'enjeu du management des
connaissances. Ces connaissances se diffusent par des outils de travail
partagé où les nouvelles technologies de l'information et des
réseaux interviennent fortement (GEIDE, Workflow, Groupware,
Intranet...).
4.3.1. Définition
Le concept partage des connaissances est très rarement
défini. Il n'existe pas encore de définitions qui font
l'unanimité.
Toutefois, le portail québécois donne une
définition qui nous convient tout à fait: " Pratique
instituée dans une entreprise et qui systématise
l'échange, par des moyens
électroniques et informatiques, entre les membres du
personnel, de l'information essentielle au fonctionnement et à
l'essor de cette entreprise, notamment l'information
qui constitue le savoir-faire particulier de celle-ci "[
24].
Dans le même ordre d'idées, Michel Grundestein et
Camille Resenthal-Sabroux (2001) définissent le partage des
connaissances comme le processus de " faire évoluer des
connaissances tacites de chacun et construire une connaissance explicite
commune au cours d'une interaction entre deux ou plusieurs personnes
"[25].
Ce concept renvoie, selon le cas au passage, de l'intelligence
individuelle à l'intelligence collective. Souvent associé
à la veille ou au retour d'expérience, le partage des
connaissances permet de dynamiser des groupes travaillant vers un but commun en
renforçant l'esprit d'équipe, en favorisant l'échange
d'idées et l'établissement de références
communes.
Il contribue ainsi à stimuler l'innovation et la
réactivité d'une entreprise ou d'une organisation.
[24] Office québécois de langue française.-
[on line].- Québec: OFL, 2000.
Adresse URL:
http://w3.granddictionnaire.com/btm/fra/r_motclef/index1024_1.asp
[25] GRUNDESTEIN Michel, RESENTHAL-SABROUX Camille. -
Management des connaissances : vers un « contrat » de
l'échange de l'information et du partage des connaissances dans
l'entreprise ?.- Paris : Press-Club de France, 2001.
Cependant, pour partager, il convient avant tout de mettre en
commun.
Basé sur un principe de Push et Pull de la
connaissance, le partage est un processus basé sur l'équilibre de
l'échange : mettre à disposition ses connaissances et
bénéficier de celles des autres mises à sa disposition.
En effet, chaque collaborateur d'une entité
détient une parcelle plus ou moins importante de connaissances.
L'augmentation de son capital et celui de l'entité passe par
l'acquisition de nouveaux éléments. Il est donc évident
que pour avoir accès à des connaissances non acquises, il faut
que ces éléments soient d'abord regroupés,
catégorisés, ordonnés et ainsi accessibles au partage.
Notons que la mise en commun des connaissances pour pouvoir
les partager et ainsi augmenter son capital n'est possible que si
l'organisation dispose des moyens informatiques de communication moderne. C'est
ici que les logiciels de groupware trouvent leur sens. Parmi ces logiciels,
nous pouvons citer Lotus Domino Notes qui est la plate-forme la mieux
adaptée à la mise en place du processus de partage des
connaissances.
En définitive, l'échange d'informations et le
partage des connaissances sont des contraintes incontournables de toute forme
de travail en réseau. Ils sont sources d'enrichissement et de plaisir
personnel pour l'individu et sources de performance et d'innovation pour
l'entreprise.
4.3.2 De la création au partage des
connaissances
Le modèle de création des connaissances n'est
pas sans rappeler le processus qui a été largement décrit
et étudié par Nonaka (1995,2000). Dans ses recherches, Nonaka
décrit le processus de création des connaissances comme un des
mécanismes responsables du développement de l'innovation au sein
d'une organisation.
Il considère la création comme un processus
itératif d'interactions entre les différents types de
connaissances et entre les individus. Cette nouvelle connaissance disposera
d'un contexte propre qui lui aura permis de naître et d'évoluer.
C'est un processus en spirale dans lequel l'interaction entre la
connaissance tacite et celle explicite va s'agrandir avec la
taille du groupe concerné.
Le transfert des connaissances apparaît comme une
étape centrale dans tout processus de création des connaissances.
L'échange des connaissances peut prendre deux formes selon la nature de
la connaissance : le transfert de connaissances explicites et de connaissances
tacites.
La connaissance explicite peut être
transférée grâce à des méthodes formelles
systématiques, comme des règles et procédures selon Polany
(1966) ainsi que Nonaka et Takeuchi (1995). En revanche, le transfert de
connaissances tacite se réalise principalement par la collaboration et
l'interaction des individus d'après Lalti et Boyerlein (2000). C'est
à travers cette interaction que les individus peuvent avoir de nouvelles
idées et innover.
En tenant compte du fonctionnement des communautés de
pratique qui constitue notre champ de recherche, divers auteurs montrent que
les membres de ces communautés sont orientés vers le partage des
connaissances et la collaboration. Ainsi, il y a transfert de connaissances
explicites au sein d'une communauté ( formalisation des connaissances
par l'écriture), mais également transfert de connaissances
tacites entre les membres grâce aux interactions
répétées et à un langage propre.
4.3.3. Processus de transfert de connaissances
Nonaka et Takeuchi (1995) partent de l'hypothèse selon
laquelle la connaissance est créée à partir de
différentes interactions possibles entre connaissances tacites et
connaissances explicites. Ainsi, ils ont identifié quatre modes
d'échange de connaissances illustrés par le schéma
ci-après :
Schéma n°5 : Processus de conversion de
connaissances " Modèle ". Source : Gilles Balmisse .- Knowledge
Management et outils informatiques.
4.3.3.1 La socialisation
C'est le processus de conversion d'une connaissance tacite
vers une nouvelle connaissance tacite à travers des expériences
partagées, des modèles mentaux et des capacités
techniques. Elle est très difficile à transférer car elle
est intangible et par conséquent difficilement formalisable. La
meilleure façon pour acquérir ce type de connaissance, selon
Nonaka, est de partager un contexte commun (de temps et d'espace).
On peut relier ce processus à l'apprentissage. C'est
ainsi que font les apprentis. Observation, imitation, pratique. Mais sans
aucune forme de communication, il est difficile d'opérer du transfert
d'information efficace : il faut engager l'aspect social, le partage
d'expériences (débats, réunions). Pour que cette
connaissance soit efficace, il faut la confronter aux autres. Ce
phénomène peut se retrouver dans une communauté virtuelle
car les individus sont fédérés autour d'un objet commun,
et que des idées, des expériences sont échangées.
Il peut alors s'en suivre une création de connaissances par
l'enrichissement soit d'une base de connaissances individuelles, soit d'une
base de connaissances collectives.
L'objectif de la socialisation est de faciliter les
échanges entre individus sans les perturber. Les technologies et outils
à ce stade sont les outils de localisation d'expertise et
d'échange d'expertise (groupware et e-learning*).
* Ensemble des méthodes et outils qui permettent un
apprentissage à distance grâce aux technologies Internet (
auto-formation, formation individuelle, classe virtuelle).
4.3.3.2 L'externalisation
C'est le processus de conversion d'une connaissance tacite en
explicite. La connaissance tacite se convertit en explicite à travers
l'interaction des individus, le dialogue, la réflexion commune, la
résolution des problèmes et la prise de décision. C'est le
moment du passage vers le conceptuel : métaphores, analogies,
modèles.
La conceptualisation d'une vision passe par l'écriture,
par le langage, même si les mots choisis ne semblent pas convenir. Cela
permet de réfléchir, d'échanger des points de vues en
utilisant l'induction et la déduction .
C'est un moment privilégié pour la création
des connaissances qui crée la nouveauté et indique d'autres
possibilités d'appréhension de la réalité.
L'objectif de l'externalisation est la communication
écrite entre les individus.
Les technologies et outils utilisés sont : listes de
diffusion, chat, e-mail, forum de discussion,etc.
4.3.3.3 La combinaison
C'est la conversion d'une connaissance explicite en explicite.
Elle est collectée chez les employés, les fournisseurs, les
distributeurs, les partenaires. Elle peut aussi être collectée
chez les clients à travers leurs interactions sur un forum de discussion
ou une communauté virtuelle.
Cette connaissance est ensuite travaillée, reliée,
repensée et réutilisée sur une autre forme, symbolisant
une nouvelle connaissance
Pour Beijerse (1999), une nouvelle connaissance est
créée via la combinaison à travers la restructuration de
l'information existante.
C'est à ce stade qu'interviennent et se croisent plusieurs
ensembles de connaissances explicites. La ré-ingénierie de
l'information existante par de nouveaux tris, ajouts, mis à jour peut
créer de la connaissance nouvelle. L'enseignement marche sur ce principe
: approche systémique, principe, plan de cours. La formation,
l'échange des documents, le partage de l'information via des Intranets
favorisent la combinaison des connaissances.
La combinaison a pour objectif de faciliter la chaîne de
traitement des connaissances explicites.
La combinaison utilise les technologies et outils ci-après
: - Acquisition : Text mining1 ; Data
mining2
- Organisation: Thesaurus; réseaux sémantiques ;
systèmes expert
- Accès : moteurs et agents de recherche - Partage :
groupware.
4.3.3.4 L'internalisation
C'est le processus de conversion d'une connaissance explicite
en tacite. La majeure partie de la connaissance qui circule par les
communautés est explicite. Elle est partagée et
améliorée lors des discussions donnant naissance à une
nouvelle connaissance tacite.
Ce processus est relié de façon assez significative
à l'apprentissage par la pratique d'après R. Beijerse (1999) ; I.
Nonaka., R. Toyana, N. Konno (2000). L'objectif visé par
l'internalisation est de faciliter la compréhension et l'assimilation
des connaissances explicites.
L'internalisation s'appuie sur les technologies et outils de text
mining, de cartographie des connaissances, et de e-learning.
Ces quatre processus, outre le fait d'offrir une
catégorisation de la connaissance créée, mettent comme un
mécanisme fondamental qui sousentend la création des
connaissances.
Ce cycle de transformation des connaissances traverse les aspects
organisationnels : individus, groupes, organisation, interorganisation.
1 Exploration de texte : Technique de
recherche et d'analyse appliquée à des fichiers
informatisés contenant du texte, structuré ou non et qui
permet de dénicher des tendances ou des corrélations
cachées parmi des masses de sources documentaires, ou encore de
détecter des informations stratégiques, de découvrir de
nouvelles connaissances ou de définir de modèles en s'appuyant
sur les principes de l'analyse sémantique de langues naturelles.
2 Exploration de données :
On a recours à l'exploration de données (data mining) pour la
recherche à
l'intérieur de bases de données dans lesquelles
l'information est structurée. Plus les données ont
été nettoyées et aménagées, comme c'est le
cas dans un entrepôt de données, plus le résultat des
analyses est fructueux.
4.3.4 Transfert de connaissances : une approche à
trois niveaux
Aux dires de Kimiz Dalkir (2002), il existe une approche
spécifique conçue et développée pour gérer
la connaissance de l'entreprise ou de l'organisation.
Elle consiste en un mélange des techniques provenant
des systèmes basés sur la connaissance ( stratégie
d'acquisition de connaissances structurées de la part des
spécialistes), de l'apprentissage (analyse de tâches et de postes
pour concevoir des systèmes d'aide à la tâche) et de
gestion de la connaissance ( cartographie des actifs intellectuels et analyse
des interactions sociales des échanges entre groupes
d'intérêts).
Cette approche à trois niveaux sur le transfert de la
connaissance couvre :
- L'individu : Il s'agit de la cartographie des connaissances
spécialisées et des systèmes d'aide à la
tâche pour effectuer le transfert de connaissances opérationnelles
d'un spécialiste vers des gens moins expérimentés, juste
à temps et à même le contexte de leur tâche .
- La communauté : Il est question de la cartographie
des interactions sociales visant à identifier les réseaux et
connections impliqués dans le transfert de connaissances entre les
membres d'une communauté de pratique.
- L'entreprise : Elle met en relief la cartographie des actifs
intellectuels pour aider à identifier les points de connaissance
stratégiques ( systèmes, individus, processus,
communautés) et pour repérer facilement ceux que l'entreprise
risque de perdre.
4.3.4.1 Transfert de connaissances entre individus
Il existe plusieurs approches qui servent au transfert de la
connaissance d'un individu à un autre. Parmi celles-ci, nous pouvons
citer les entrevues structurées par sujet auprès d'un
spécialiste et la cartographie des connaissances de leur secteur
d'expertise particulier ainsi que la conception de prototype de système
d'aide à la tâche.
L'entrevue structurée porte sur une «
archéologie » de la connaissance : succès et échecs
précédents, problèmes qui n'ont pas été
résolus, historique ayant conduit à l'instauration des processus
en place, évolution des compétences, etc. Les rôles et
responsabilités clés du spécialiste servent de point de
départ et un certain nombre d'études de cas
représentatives sont passées en revue afin d'en tirer
l'historique des meilleures pratiques et des leçons apprises.
Des anecdotes et des histoires saisissent les dimensions
sociales et contextuelles de la connaissance, de l'expérience et de
l'expertise. Il s'agit souvent d'un type de connaissance qui n'est pas
documenté de façon formelle.
4.3.4.2. Transfert de connaissance entre les membres
d'une communauté de pratique
Depuis quelques années, on s'est aperçu qu'il
est avantageux d'apprendre les uns des autres, de partager connaissance,
compréhension et expérience avec ceux dont on partage
déjà les intérêts et les buts sur tous les aspects
de leur pratique. Les communautés de pratique, comme nous l'avons vu,
sont constituées de rencontres informelles et bénévoles
qui ont pour but de mettre l'expertise en commun, de créer une synergie,
d'identifier et de partager les meilleures pratiques, de discuter et d'analyser
les leçons apprises et d'identifier des problèmes.
Bien souvent, ces rencontres sont des lieux où germent
les semences de l'innovation. Le défi de la saisie et du transfert de
connaissances réside dans ce qui doit être compris ou dans ce que
les employés ont besoin de savoir pour obtenir des résultats.
Cela peut inclure les valeurs véhiculées par l'entreprise, le
climat de travail, l'implication, la culture. Bref, il s'agit d'un
modèle de la mentalité commune aux membres de l'entreprise, son
mode de fonctionnement et l'environnement dans lequel il évolue.
Kimiz Dalkir (2002) fait observer que les cartographies des
communautés de pratique servent à capturer les interactions
sociales en milieu de travail afin de :
- Identifier la connaissance professionnelle et le
savoir-faire
nécessaire pour accomplir une tâche donnée,
associée à un poste
ou à un rôle particulier.
- Identifier les réseaux personnels qui soutiennent
chacun des employés dans l'accomplissement des tâches
associées à leur poste et á leur rôle.
- Identifier les liens formels ( réunions
régulières de comités avec procès-verbal par
exemples) et informels ( comme les échanges téléphoniques)
qui constituent le réseau de contacts de chacun des
intéressés.
4.3.4.3 Transfert de connaissances au sein de
l'entreprise
Pour entretenir ses possibilités d'apprentissage, une
entreprise doit d'abord prendre conscience des compétences qui lui sont
fondamentales ainsi que de la connaissance qui y est attachée.
L'apprentissage organisationnel et la mémoire
d'entreprise sont deux termes souvent utilisés pour décrire le
transfert de connaissances d'un individu ou d'une communauté de pratique
vers l'entreprise elle-même.
La connaissance est alors emboîtée sous forme de
leçons apprises, de meilleures pratiques, de la façon de faire de
l'entreprise, d'anecdotes, de mythes et d'études de cas.
L'évaluation, la vérification et la cartographie
de la connaissance sont des processus qui servent à capturer la
connaissance organisationnelle stratégique détenue par les
membres de la direction. Les bases de données des meilleures pratiques
et des leçons apprises contribuent de leur côté à
réduire l'incertitude laissée par le départ des
vétérans et évitent que l'information ne parte en
même temps qu'eux.
Elles peuvent aider l'entreprise dans son ensemble à
s'améliorer au fil du temps si elles sont conçues
adéquatement, maintenues et mises à jour
régulièrement.
Les processus de capture et de rétention de la
connaissance qui sont utilisés au 3ème niveau
consistent en un amalgame des répertoires individuels et communautaires,
des systèmes d'aide à la tâche, des cartes de connaissance
et de celles des interactions sociales afin de donner une image globale des
actifs intellectuels de l'entreprise.
Le tableau ci-dessous résume l'approche à trois
niveaux pour saisir et transférer la connaissance ainsi que le type de
connaissance particulier à chaque niveau et le type d'héritage
tangible qui peut être produit par les individus, les groupes et
l'entreprise elle-même pour le processus de transfert de la connaissance
:
Approches du transfert de connaissances
|
Type de connaissances
|
Sous-produits tangibles
|
Entrevue structurée individuelle avec un
spécialiste
Transfert de connaissances au
niveau individuel
|
Opérationnelle
Anecdotique
Leçons apprises
Meilleures pratiques
Où trouver la connaissance & les
spécialistes
|
Cartes des connaissances Cartes des contacts clés, des
membres
Glossaires de la discipline Gabarit d'entrevue Transcription
d'entrevue Tâches clés et systèmes d'aide à la
tâche
|
Ateliers facilités entre les membres de la
communauté de pratique
Transfert de connaissances du groupe
|
Tacite
Facilitateur à la circulation de la connaissance
Empêchement à la circulation de la connaissance
Identification de communautés de pratique
|
Notes des ateliers Conception et implantation d'un entrepôt
de connaissances
Cartes des interactions sociales au sein de la communauté
de pratique et avec les contacts
extérieurs
|
Ateliers de discussions
( histoires et anecdotes) et entrevues individuelles avec le
personnel de direction
Transfert de connaissance au niveau de la
direction
|
Stratégique
Consensus sur actifs intellectuels clés
Critères pour l'évaluation de la valeur des actifs
intellectuels
|
Cartes des actifs intellectuels clés de l'entreprise
Lexique des concepts clé de l'entreprise
Histoires anecdotiques Connaissance historique (`saga' de
l'entreprise)
|
Tableau n°2 : Les 3 niveaux de transfert de connaissances
"Modèle".
Source : DALKIR Kimir .- Enrayer la perte du capital
intellectuel : une approche à trois niveaux. - Ontario, Reximus, 2002 .-
p.11.
4.3.5. L'entreprise et les connaissances
Comme nous l'avons vu, la connaissance est devenue une ressource
stratégique de productivité pour l'entreprise.
En effet, la productivité du travail n'est plus
seulement à l'investissement matériel et la force de travail sur
des tâches définies. Il y a maintenant une productivité
propre de la connaissance. Pour faire face à un environnement non
prédictible, l'entreprise doit se reposer de plus en plus sur son
capital intellectuel. De nouvelles formes de travail apparaissent qui reposent
plus sur la connaissance, le savoir-faire, l'expérience mobilisés
sur un objectif que sur des qualifications requises sur des tâches
prédéfinies.
Ces dernières années, avec une force aussi
soudaine qu'inattendue, le Knowledge Management s'est affirmé dans les
entreprises comme un enjeu majeur. Un ensemble d'éléments
stratégiques concoure à cette émergence : la connaissance
est maintenant considérée comme un capital qui a une valeur
économique évaluable et valorisable ; la connaissance est une
nouvelle ressource stratégique d'amélioration de la
productivité ; la connaissance est un facteur de stabilité de
l'entreprise dans un environnement de plus en plus concurrentiel, instable et
dynamique ; la connaissance apporte un avantage concurrentiel
décisif.
D'après la logique de Mohamed Bayard et Serge Francis
Simen (2003)
"emmagasinées dans les archives, la documentation,
les armoires et les têtes personnes, les connaissances de l'entreprise
sont constituées d'éléments tangibles ( les bases de
données, les procédures, les plans, les modèles, les
algorithmes, les documents d'analyse et de synthèse) et
d'éléments immatériels ( les habiletés, les tours
de mains, les secrets de métiers, les routines, les connaissances de
l'historique et des contextes décisionnels, les connaissances de
l'environnement). Elles sont représentatives de l'expérience et
de la culture de l'entreprise" [26].
S'inscrivant dans la même démarche, un
éclairage qui nous provient du portail "
decisionel.net " postule que les
connaissances dans l'entreprise se présentent sous deux formes
distinctes : les savoirs et les savoir-faire.
[26] BAYARD Mohamed, SIMEN Serge Francis.- Le management des
connaissances: état des lieux et perspectives: Communication à la
XIIème Conférence de l'Association Internationale de Management
Stratégique.- Tunis:AIMS.- 2003, p.13.
Le schéma ci-après décrit clairement les
composantes et les caractéristiques de chaque forme de connaissance dans
l'entreprise ou organisation :
SAVOIR-FAIRE
|
CONNAISSANCES TACITES EXPLICABLES OU NON
|
Talents, Habileté, secrets de métiers, etc.
|
Acquises par la pratique et avec l'expérience,
transmises souvent oralement.
|
LOCALISÉES
|
SAVOIRS
|
CONNAISSANCES EXPLICITES FORMALISÉES ET
SPECIALISÉES
|
Données, procédures, modèles, documents
d'analyse et de synthèse, plans, etc.
|
Hétérogènes, redondantes, marquées
par la circonstance de leur création.
|
RÉPARTIES
|
Emmagasinées dans les archives, les armoires et dans les
cerveaux des hommes
Schéma n°6: Savoirs et savoir-faire dans l'entreprise
"Modèle ". Source :
http://www.decisionnel.net/connaissance/km/html
A l'opposé du portail
decisionnel.net, la démarche
proposée par Gilles Balmisse (2003) met en évidence d'un point de
vue opérationnel l'importance des connaissances qui sont mises à
la disposition de l'entreprise et de ses collaborateurs. Celles-ci peuvent
être groupées en deux catégories : les connaissances
internes et les connaissances externes.
Les connaissances internes sont celles qui sont
créées, transférées et gérées au sein
de l'organisation par les collaborateurs. Les connaissances externes sont
l'ensemble des connaissances provenant des sources externes de
l'organisation.
Le schéma ci-après illustre bien notre propos :
Clients Partenaires
Concurrents Internet
(entreprises)
Organisation ou entreprise
Connaissances internes
Connaissances externes
Schéma n°7 : Les connaissances dans l'entreprise ou
organisation "Modèle". Source : Balmisse Gilles. - Knowledge
Management et outils informatiques, 2003.
Comme on le voit, la part de connaissances externes dans le
cadre de l'activité de l'organisation ou de la firme est devenue de plus
en plus importante. Ces connaissances dont les collaborateurs ont besoin sont
de plus en plus disponibles au travers d'Internet, de partenaires, de la
presse, etc.
Le Knowledge Management prend en compte cette organisation
elle-même et son environnement intellectuel : partenaires, Internet,
clients, concurrents. L'importance du capital connaissances dans l'entreprise
ou organisation exige la mise en place des réseaux de veille et de
communautés métier pour préserver et développer les
savoirs et savoir-faire.
Ces réseaux collaboratifs, une fois structurés
et animés, constituent autant de communautés de pratique pouvant
contribuer fortement à la performance de l'entreprise :
- en facilitant l'apprentissage ;
- en maîtrisant et approfondissant un domaine d'expertise ;
- en accélérant l'innovation ;
- en facilitant la résolution des problèmes ;
- en mutualisant les ressources pour accéder à des
ressources rares.
Selon Stéphanie Parot et al (2004), la
différenciation durable de l' offre de la connaissance dépend de
plus en plus de sa capacité à :
- accéder à de nouvelles connaissances (veille,
innovation, retours d'expériences).
- diffuser rapidement ses savoir-faire clés
(intégration de nouveaux collaborateurs, harmonisation des pratiques au
sein de l'entreprise, déploiement de nouvelles procédures, de
nouveaux procédés).
- exploiter efficacement et préserver durablement ses
domaines d'expertises actuels (partage de bonnes pratiques, gestion des
connaissances, capitalisation...).
Ainsi, à titre d'exemple, une entreprise de fabrication
de composants électroniques doit-elle renouveler sans cesse ses produits
et ses usines. Malgré l'importance des actifs matériels et
financiers investis dans une usine, l'espérance de vie d'un
procédé n'est que de quelques mois ou de quelques années.
Le facteur différenciation durable résidera dans la
capacité à innover, à mettre en oeuvre rapidement de
nouvelles pratiques et à maîtriser les savoir-faire de production
et de commercialisation. Le facteur connaissance est donc essentiel.
4.3.5.1 L'Intranet et le partage de l'information
L'Intranet est un réseau sécurisé, interne
à une entreprise ou une organisation qui utilise les protocoles de
communication et les technologies de l'Internet. Intranet a une capacité
à faire circuler et à partager l'information au sein d'une
organisation. Il permet de relier les postes de travail informatique, de donner
accès à l'information de l'organisation ( bilans, agendas,
plannings) et d'intégrer des applications existantes ( messagerie
interne, forum de discussion, serveur web). En décloisonnant les savoirs
et en rapprochant les compétences, le réseau Intranet est le
support de la gestion des connaissances dans l'organisation.
Selon les entreprises ou organisations, l'Intranet peut donner
accès également à d'autres fonctionnalités telles
que des applications de travail collaboratif avec des logiciels de groupware
comportant le plus souvent des fonctions d'annuaires, d'agenda, de
communication, d'applications partagées, les outils de gestion de
procédures de travail (workflow), les outils de gestion des
connaissances comme les entrepôts de données ( datawarehouse) et
les outils d'analyse de données ( datamining). La réunion
téléphonique et la
visioconférence1 favorisent le travail
à distance.
4.3.5.1.1 Les communautés internes sur
Intranet
Les communautés internes rassemblent les salariés
d'une même entreprise ou d'un même groupe sur les espaces
communautaires d'un Intranet.
Ces espaces communautaires internes peuvent avoir
différentes finalités :
- La gestion de projet : des communautés ponctuelles
peuvent être créées pour accompagner de gros projets. La
communauté est alors considérée comme un outil
collaboratif de gestion de projet.
1Téléconférence
qui permet à ses participants de pouvoir se voir réciproquement,
grâce à l'utilisation de caméras et d'écrans qu'on
installe pour la transmission d'images.
- L'échange d'expériences métiers :
certains groupes ont créé des communautés métiers
sur un Intranet. Elles ont comme rôle de permettre des échanges et
retours d'expérience entre les représentants d'un métier
ou d'une fonction. Ces communautés ont notamment une forte dimension
liée au Knowledge Management ou la gestion des connaissances. Ce sont
donc ces fameuses communautés de pratique dont il a été
largement question.
- Les espaces de communication d'entreprise : un Intranet peut
également comprendre un espace communautaire dédié
à la communication d'entreprise. Dans ce cadre, s' il s'agit de mettre
en oeuvre un outil de communication entre la direction et les salariés.
Souvent, les forums sont difficiles à utiliser car il nécessite
une présence permanente de la part des individus représentant la
direction. Les outils utilisés sont donc davantage un outil tel que le
chat car celui-ci permet d'instaurer un dialogue ponctuel en temps réel
entre salarié et direction.
- Les espaces d'échanges non professionnels des
salariés : il existe aussi sur Intranet des espaces plus conviviaux pour
des échanges entre salariés qui ne sont pas forcément de
nature professionnelle, comme par exemple un service de petites annonces ou de
co-voiturage. La gestion de ces espaces peut cependant parfois devenir
difficile dans des périodes de conflits sociaux car ils peuvent
être rapidement détournés de leur objet premier.
En dehors de leurs objectifs initiaux, les différentes
communautés mises en place sur un Intranet peuvent faciliter des
remontées d'informations volontaires entre employés et la
hiérarchie mais également constituer un baromètre social
utile pour l'entreprise.
4.3.5.2 Le partage des connaissances dans une
communauté virtuelle
D'après la littérature, on peut affirmer que les
mécanismes de transfert sont influencés par quatre
critères propres à la nature de la connaissance partagée
:
- Le type de connaissance transférée : tacite ou
explicite.
- Le contexte de cette connaissance : individu, groupe,
communauté.
- L'utilisation de cette connaissance : fréquente ou
non.
- Le moyen de diffusion de cette connaissance : discussions,
réunions, e-mail, bases de données.
Ces divers points qui s'attachent à la nature, à
l'utilisation et aux moyens de diffusion de la connaissance peuvent être
appliqués au contexte de la communauté virtuelle.
En effet, on peut considérer cet espace
d'échanges comme un lieu privilégié pour le partage de
connaissances entre des individus ayant un intérêt commun par
rapport à un produit, un service, un objet ou une activité
quelconque.
Ainsi, divers auteurs soulignent que dans une
communauté virtuelle, la connaissance échangée sur un
forum de discussion est explicite en grande partie.
Néanmoins, on n'exclut pas le partage de connaissances
tacites à travers le partage d'idées, d'expériences ou de
savoir-faire mais avec l'aide de différents outils comme le chat ou le
téléphone par exemple.
Cette approche est confirmée par Schubert (2000) dans
une certaine mesure en affirmant que différents types d'informations
sont susceptibles d'être générés par les
communautés virtuelles :
- de l'information structurée qui se rapproche de la
connaissance explicite dans ce sens elle peut être triée,
traitée et utilisée par des logiciels agents ;
- de l'information non structurée qui se rapproche de
la connaissance tacite car impossible à traiter par un système
automatique.
A l'inverse de nombreux canaux de communication issus du
développement des TIC, les communautés virtuelles font appel
à des caractéristiques plus humaines. Cela les différencie
d'autres outils technologiques qui ne présentent pas ces
caractéristiques et ne permettent pas un transfert de connaissances
tacites.
Cet ensemble de liens qui se tissent entre les membres
constitue peu à peu un réseau d'individus partageant des
intérêts de plus en plus similaires et ayant confiance les uns
dans les autres. Cette notion de réseau social est capitale en terme de
partage de connaissances car elle met en avant des perspectives importantes de
création, d'échange et d'apprentissage.
4.3.6 Outils d'échange et de partage des
connaissances
4.3.6.1 Modes de communication Synchrone et
Asynchrone
Internet étant d'abord une révolution
technologique, il apparaît nécessaire d'exposer quelques points
importants.
Au départ, Internet n'autorisait que des pages
statiques, ce qui ne permettait aucune interaction. Puis, avec
l'évolution des langages de programmation, les pages sont devenues
dynamiques. La conséquence a été l'apparition des forums
et des chats... qui ont favorisé la communication et l'interaction entre
les internautes d'un site. Ces outils peuvent être de nature
différente, soit synchrone, soit asynchrone. La caractéristique
d'une communication synchrone est l'instantanéité dans le temps
de réponse, alors que pour une communication de type asynchrone, il
existe un temps de latence entre un stimulus et une réponse à ce
stimulus. L'avantage d'une communication de type asynchrone est la
traçabilité et sa capacité à conserver les
écrits, à l'inverse d'une communication de type synchrone (
où il est quasi impossible de sauvegarder une marque de ce qui a
été échangé). L'asynchrone ( forum) se
rapprocherait de l'envoi d'une lettre et le synchrone ( chat) d'une
conversation [KAH, BOU 01].
En fonction des outils disponibles sur Internet, nous pouvons
les classer selon la nature de la communication à laquelle ils
appartiennent comme dans le tableau ci-après :
Communications synchrone + Outils
|
Communications asynchrone + Outils
|
|
|
Echange en temps réel
|
Echange en temps différé
|
Chat
|
Forum ou BBS
|
Messagerie instantanée (M.I.) ou Instant messaging
|
Livre d'or
|
|
Newsgroups
|
|
Messagerie électronique
|
Tableau n°3: Nature et outils de communication
communautaire
L'objectif poursuivi par ces outils est de faire naître une
interaction entre les internautes et les membres de la communauté.
Le schéma ci-dessous illustre clairement la manière
selon laquelle se réalise chaque type de communication:
Asynchrone
Synchrone
Schéma n°8: Modélisation de modes de
communication Synchrone et Asynchrone.
La communication de type synchrone est une communication en
temps réel ; elle se produit lors des activités en
face-à-face, en vidéoconférence, en séance de
clavardage, etc. Une communication de type asynchrone se réalise en
temps différé et les forums électroniques sont maintenant
utilisés à cette fin. Ils libèrent les participants de
l'obligation d'être présents en même temps sur le forum.
4.3.6.2 Les outils du travail collaboratif et
d'échange
L'expression « travail collaboratif » désigne
une modalité d'action qui dépasse l'action individuelle en
s'inscrivant explicitement dans une dynamique d'action collective. Elle
relève d'une activité sociale qui requiert la collaboration entre
plusieurs acteurs dès lors que l'action d'un seul ne permet pas
d'arriver au résultat. Le principe du travail collaboratif est vieux
comme le monde.
S'il est admis que de tout temps, l'homme a dû
collaborer avec son semblable, le concept « collaboratif » ne s'est
vraiment développé que depuis une vingtaine d'années et
désigne un système d'outils et de solutions plus ou moins
élaborées qui permettent à l'entreprise
d'optimiser l'organisation du travail, de diffuser les données et les
savoirs en les mettant à la disposition du plus grand nombre de
collaborateurs. Il découle d'une nécessité d'organiser les
interactions entre les employés, de les faire collaborer et
coopérer.
Le développement de la culture de réseau, des
apprentissages et du travail en groupe ainsi que des échanges
d'information en tout genre conduisent à l'utilisation de nouveaux
outils dans le cadre de nouvelles façons de faire.
D'un point de vue technique, les outils collaboratifs peuvent
donner lieu à un certain nombre d'automatisations (capitalisation,
diffusion, traçabilité, accès instantané, flux
d'information, enregistrement qualité, etc.) conditionnant la
collaboration entre acteurs, quel que soit leur contexte.
Dans cette perspective, les outils groupware assurent le partage
d'informations et de connaissances de manière immédiate et le
respect des schémas définis.
Parmi les outils les plus courants, on citera les
réseaux (Intranets, Internet, Extranet...) et les logiciels
dédiés au travail partagé (traitement de textes, tableurs,
chat...) qui permettent à un grand nombre de personnes d'interagir sur
un projet commun. L'utilisation de ces logiciels est généralement
renforcée par la mise en place de systèmes de base de
données qui optimisent la diffusion des connaissances et le partage des
compétences (bibliothèques, annuaires électroniques,
moteurs de recherche, listes de diffusion, FAQ, forums, newsgroups, etc.).
Enfin, les entreprises et les organisations ont de plus en plus tendance
à compléter cette panoplie en intégrant de puissants
progiciels de gestion de flux de travaux ou Workflow. Ainsi, l'ensemble de la
masse d'informations devient-il alors rapidement accessible à chaque
collaborateur et ce, que ce soit dans ou à l'extérieur de
l'entreprise ou de l'organisation.
4.3.6.2.1 Typologie
Les outils de travail collaboratif peuvent se distinguer par
leurs fonctionnalités : outils de communication, de partage,
d'accès au savoir et de coordination. Parfois, un outil recoupe ces
diverses catégories.
4.3.6.2.1.1 Outils de communication
Leur rôle est avant tout de faire circuler une
information entre deux collègues. C'est l'outil de première
nécessité. Le plus répandu de ces outils est la messagerie
électronique. Il permet le travail distant et asynchrone. Il peut
être accompagné d'un document électronique et s'adresse
à un ou plusieurs destinataires ou alors à un groupe de
destinataires.
Le deuxième outil de communication est le forum
électronique. Directement hérité d'Internet, le forum
d'entreprise se présente comme une place de discussion publique
(accessible à toute l'entreprise) ou privée (un service, un
groupe de projet...) sur laquelle chacun peut initier une discussion sur un
thème quelconque ou poser une question. Comme la messagerie, il permet
le travail de consulter des personnes sans avoir à préjuger de
qui aurait une réponse ou un commentaire intéressant.
Les échanges sont visibles au travers d'une
arborescence et comme cela se pratique sur certains forums Internet, il est
fortement recommandé qu'une synthèse des contributions soit
produite par la personne qui a initié la discussion.
L'usage d'un forum peut également permettre
l'émergence et la localisation de certaines connaissances tacites de
l'organisation qui seront ainsi explicitées. Parmi les autres outils de
communication, on peut citer le chat, la visioconférence et l'instant
messaging1.
1 Messagerie instantanée:
service de messagerie en temps réel, offrant la possibilité aux
utilisateurs de consulter la liste des correspondants avec lesquels ils sont
simultanément en ligne, pour communiquer immédiatement avec
eux.
4.3.6.2.1.2 Outils de partage du travail
Il s'agit des outils qui permettent aux utilisateurs de partager
un espace de travail commun ou encore des fichiers, voire des applications.
Ce sont des outils de collaboration, puisque les
différentes personnes qui les utilisent ont le sentiment d'avancer vers
un but commun.
Le traitement de texte Word possède à titre
d'exemple un outil qui permet d'annoter un texte pour proposer des
corrections.
On peut citer entre autres le tableau
blanc1 de Net Meeting, l'édition
partagée, le partage des fichiers ou encore les annuaires. On distingue
généralement deux types d'annuaires : les premiers sont les
annuaires d'entreprises où l'on retrouve les coordonnées
(téléphones, fax, mail...) de différents acteurs de
l'entreprise. Il peut être à usage exclusivement interne, mais
également externe. Les seconds sont les annuaires des différents
partenaires de l'entreprise (clients, fournisseurs, sous-traitants...)
4.3.6.2.1.3 Outils d'accès au savoir ou de
Knowledge Management
Le principe de ces outils est tel que si un employé a
fait l'effort de créer un document ou de développer une
expertise, il peut faire gagner beaucoup de temps à ses collègues
en accédant à ces informations. Au fait, pourquoi créer
plusieurs fois le même document ou développer plusieurs fois la
même expertise lorsqu'on peut les trouver ailleurs dans l'entreprise ou
l'organisation ? Parmi ces outils, on peut citer : les bibliothèques,
les portails, la cartographie des compétences, les annuaires
électroniques, les listes de diffusion, les Foires aux Questions (FAQ),
les Wiki2, les moteurs de recherche...
1 Logiciel de
téléconférence ou visioconférence qui permet
à des utilisateurs reliés en réseau de travailler
ensemble, de façon simultanée, sur un seul et
même document qui est affiché à l'écran, dans une
fenêtre réservée à cet effet, comme s'ils
étaient réunis devant un tableau noir.
2 sorte de portails qui
s'enrichissent grâce à la contribution des personnes qui les
consultent.
4.3.6.2.1.4 Outils de coordination
Ces outils permettent de coordonner des tâches communes.
On pense ici aux agendas, mais aussi à la gestion d'activités et
de projets. Ce sont des flux de travaux (workflow).
Ils assistent le chef de projet dans le suivi de son projet,
et permettent de contrôler et d'accélérer les interactions
entre les contributeurs, les relecteurs et la personne chargée de la
validation. On peut citer : les outils de synchronisation, les outils de
gestion des tâches et les agendas partagés.
L'agenda partagé est un outil peu répandu mais
qui offre des fonctions intéressantes en terme de gestion du temps des
acteurs et des ressources d'entreprises. Chaque employé entre son agenda
dans une grande base partagée : les informations sont accessibles
à tout le monde. Cet outil permet ainsi de confier la gestion d'un
agenda à plusieurs personnes sans risque d'erreur et d'organiser des
réunions en tenant compte des disponibilités des participants et
du matériel nécessaire (salle, vidéo projecteur...).
En tant qu'outil de coordination des ressources de
l'entreprise, l'agenda partagé est un véritable outil de
groupware. Mais pour bien fonctionner, un tel outil requiert la mise à
jour détaillée de tous les agendas.
Le schéma qui suit décrit la panoplie de quelques
outils de travail collaboratif et d'échanges :
Fonctionnalités d'échanges
multi-utilisateurs
Communication
Chat
Téléphonie
Prise de main Tableau blanc Jeux en réseau
Prise de contrôle Visioconférence
Forums Messageries
Asynchrone
News Transfert de fichiers
Synchrone
Streaming1 « on line »
Pages web statiques Information
Pages web adaptatives
Fonctionnalités mono-utilisateur
Schéma n°9 : Panoplie d'outils de travail
collaboratif et d'échanges "Modèle". Source : Guy Casteignau
:- Vers les communautés virtuelles d'apprentissage, p.46.
Comme on le voit, la communication synchrone entre de multiples
utilisateurs l'emporte sur l'information d'un seul utilisateur en mode
asynchrone.
1 Lecture en transit: Technique de
lecture de fichier multimédia permettant à un internaute de lire
le fichier en temps réel, sans avoir à attendre son
téléchargement complet.
4.5 Les réseaux numériques
Les réseaux forment un domaine très complexe et
très technique et il ne nous appartient pas, en tant que
spécialiste de l'information documentaire, de nous y étendre avec
force détails.
Cependant, il nous a semblé intéressant de
donner un éclairage pour mieux comprendre les mécanismes de
partage des connaissances dans une communauté de pratique.
Les réseaux numériques sont nés de la
convergence des technologies de l'informatique et des
télécommunications. Ils sont conçus pour acheminer
n'importe quelles données (texte, image, son, vidéo,
données brutes) à la seule condition qu'elles soient
codées sous forme numérique. Leurs performances varient en
fonction de leurs débits.
A l'heure actuelle, le principal réseau utilisé
est le RNIS (Réseau Numérique à Intégration des
Services) que l'on désigne en anglais par les initiales ISDN (
Integrated Sevices Digital Network).
4.5.1 Définition
Le portail québécois "
granddictionnaire.com"
définit le réseau numérique comme un "réseau
dans lequel les informations, analogiques ou numériques, sont transmises
par liaisons numériques " [27].
Par contre, le Dictionnaire encyclopédique des Sciences
de l'information et de la communication considère le RNIS comme un "
Système de communication quipermet de faire transiter
à très grande vitesse et simultanément des informations de
nature diverse (la voix, les données informatiques, le texte et l'image)
" [28].
[27] Office de la langue française.- [on line] . -
Québec, 1998.
URL :
http://www.granddictionnaire.com
[28] Dictionnaire encyclopédique des sciences de
l'information et de la communication, Paris : Ellipses, 1997, p.496.
Le RNIS est un nouveau standard en matière de
télécommunication défini en 1984 par le CCITT*
puis amélioré en 1988 dont l'objectif de servir de
plate-forme commune pour remplacer tous les types existants de lignes
classiques de transmission allant des lignes téléphoniques aux
lignes télex. Il est lié à la notion de signal
numérique et de services multiples.
Le signal numérique est véhiculé sur un
réseau téléphonique redéfini car jusqu'alors les
réseaux téléphoniques étaient adaptés
seulement à la transmission de la voix analogique et non des
données textuelles, de fac-similé ou de la vidéo.
Lorsqu'un signal électronique est numérisé, il se
présente toujours sous la forme d'une suite d'impulsions
électriques binaires, peu importe qu'il représente un texte, une
image ou un son. Le débit est la seule grandeur discernable. Le texte,
la parole, l'image et les données sont restitués par le
terminal.
Selon Yves F. Le Coadic (1997), " deux accès au
réseau sont disponibles :
- L'accès de base, encore appelé RNIS2,
2B+D
- L'accès primaire, encore appelé RNIS30,
302B+D " [29].
Le service RNIS 2 utilise les traditionnelles paires de fil de
cuivre du réseau téléphonique. Une paire transporte ainsi
les deux canaux B ( Bearer) et le canal D ( Delta). Ces 3 canaux constituent
une ligne RNIS en débit de base.
Les signaux se déplacent sur les canaux B à un
débit de 64 kbits soit 128 kbits par seconde au total ; sur le canal D,
leur débit est de 16 kbits par seconde. Notons que le canal D est un
canal sémaphore qui transporte les données de contrôle en
particulier les données permettant l'établissement des liaisons
.
[29] LE COADIC Yves F. . - Réseau Numérique
à Intégration des Services (RNIS).- In : Dictionnaire
encyclopédique de l'information et de la documentation. - Paris :
Nathan, 1997. - p. 499.
* CCITT( Comité International pour la
Télégraphie et la Téléphonie) est l'acteur
principal de la normalisation du RNIS. Notons que le CCITT n'existe plus. Il a
été remplacé par l'UIT-T ( Union Internationale des
Télécommunications - standardisation des
Télécommunications) aussi appelé ITU-T en anglais.
Etant donné que la distance maximum entre l'usager et le
commutateur est de 5,5 kilomètres, ce standard est réservé
particulièrement aux réseaux locaux.
Le service RNIS 30 pour sa part utilise des câbles coaxiaux
ou optiques selon Yves Le Coadic (1997).
En effet, les lignes transportent 30 signaux sur le canal D
à un débit de 64 kbits par seconde et un signal sur le canal D
à un débit de 64kbits par seconde. Ce qui autorise la
transmission de 1920 kbits de données par seconde sur un seul
câble dans les deux sens. Ce service est très adapté pour
la connexion des autocommutateurs privés d'entreprise appelés en
anglais PABX, Private Automatic Branch Exchanage) au réseau
téléphonique.
Il est à signaler l'apparition d'un nouveau standard,
le RNIS Large bande (BISDN, Btrodband ISDN) qui est susceptible de
véhiculer des signaux à des débits bien supérieurs.
Il s'appuie sur la technique de commutation ATM et la technique de transmission
dite optique synchrone ( SONET, Synchronous optical Network) qui utilisent des
câbles en fibre optique.
Faisons remarquer que la technique de transport des
données sous forme numérique s'appelle le transfert des paquets :
toutes les informations sont découpées en fragments que l'on
appelle des paquets et ces paquets sont transportés à l'autre
extrémité du réseau.
A leur origine, les réseaux informatiques permettaient
de relier des terminaux passifs à de gros ordinateurs centraux. Ils
autorisent à l'heure actuelle l'interconnexion de tous types
d'ordinateurs, que ce soit de gros serveurs, des stations de travail, des
ordinateurs personnels ou de simples terminaux graphiques. Les services qu'ils
offrent font partie de la vie courante des entreprises et administrations
(banques, gestion, commerce, bases de données, recherche, etc...) et des
particuliers (messagerie, loisirs, services d'informations par Intranet,
Internet et Extranet ...).
5. METHODOLOGIE
Dans le cadre de la recherche portant sur l'étude des
communautés de pratique et mécanismes de partage des
connaissances via les réseaux numériques, nous avons porté
notre choix sur deux méthodes de travail : l'analyse de contenu et
l'enquête sur terrain avec une grille d'analyse.
Dans l'analyse de contenu, il s'est agi d'une étude
bibliographique constituée en une lecture analytique ou critique de
documents classiques disponibles afin de repérer les
éléments susceptibles de nous aider à mieux comprendre la
problématique et les concepts fondamentaux de notre sujet.
Cette démarche méthodologique a été
complétée par des recherches sur le web grâce auxquelles
nous avons pu structurer la revue des écrits.
Les autres sources d'information comprenaient la documentation
sur le PNUD et sur l'organisation de ses communautés de pratique que
nous avons récoltée sur le réseau Intranet.
La méthode de l'enquête de terrain a
été choisie afin de rencontrer des interlocuteurs
confrontés aux problèmes des communautés de pratique et
des mécanismes de partage de connaissances au jour le jour ; comprendre
la manière dont ils les appréhendent et considérer les
outils et les moyens mis en oeuvre. Cette enquête a porté sur le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Elle a
consisté avant tout en la présentation de la cartographie des
pratiques et des communautés de pratique ; viennent ensuite la
description des réseaux de pratique et de connaissances mis en place et
enfin l'analyse de l'organisation des communautés de pratique au
PNUD.
Il nous a semblé utile par la suite de nous engager
dans une analyse au Bureau du PNUD-Angola au travers d'une enquête de
terrain sur le diagnostic de partage des connaissances, les besoins et
pratiques des agents et le potentiel existant en matière de
communautés de pratique et le niveau d'utilisation des outils
informatiques.
Cela a nécessité la préparation d'un
questionnaire et d'une structure d'analyse. Les résultats de cette
enquête sont restitués sous forme de graphes avec commentaires. Un
bilan des conclusions portant sur des synthèses réalisées
assorties des propositions achève la seconde partie de l'étude
relative à l'application pratique de la gestion des connaissances au
PNUD.
Nous présentons successivement les modalités de
collecte, la méthode d'analyse de données, les limites du travail
et les résultats obtenus.
5.1 Collecte des données
La collecte des données s'est déroulée
sur une période de 4 mois allant d'octobre 2004 à janvier 2005.
Nous avons défini un protocole de recherche combinant une approche
à la fois qualitative et quantitative. Plusieurs outils de collecte de
données ont été utilisés.
5.1.1. Description de l'échantillon
Au plan qualitatif, un échantillonnage a
été organisé visant une trentaine de membres du personnel
du Bureau du PNUD-Angola sur un effectif d'une quarantaine de membres.
Cet échantillon nous paraît assez
représentatif parce qu'il implique les deux départements du
Bureau du PNUD - Angola : le Programme et les Opérations. Sur 30
personnes contactées, 26 avaient accepté volontairement de
répondre à nos questions dont 12 au niveau des opérations
et 14 au niveau du Programme, soit un taux de participation de 86,6%. En
préalable à notre enquête, une grille d'analyse listant les
principaux thèmes à aborder a été
élaborée afin de pouvoir diriger les entrevues avec les
répondants. Ces thèmes ont porté sur le diagnostic du
partage d'information, les besoins et pratiques en information des agents, le
potentiel existant en matière de communauté virtuelle et le
niveau d'utilisation des outils informatiques.
Nous avons ensuite développé à la fois
déductivement et inductivement une grille d'analyse pour permettre la
réduction et la comparaison des données. Le logiciel Excel a
été utilisé pour faciliter la gestion et l'analyse des
données.
Au plan quantitatif, la recherche s'est appuyée sur une
grille de 24 questionnaires dont 11 portent sur le diagnostic du partage
d'information et des connaissances, 5 sur les besoins et pratiques en
information des agents et 8 sur le potentiel existant en matière de
communautés virtuelles et le niveau d'utilisation des outils
informatiques. Tous ces questionnaires ont été traduits en
anglais et en portugais en vue de faciliter le niveau de compréhension
de chaque répondant. Celui-ci a donc eu, lors de ces entretiens par
téléphone, le libre choix d'utiliser la langue dans laquelle il
s'exprime le mieux.
5.1.2. Méthode de collecte de données
Eu égard au délai qui nous a été
imparti et des retards que l'on constate souvent dans l'envoi des
réponses aux questionnaires écrits distribués, nous avions
préféré utiliser comme méthode de production de
données, l'enquête par entretien individuel semi-directif par
téléphone avec questionnaire. Chaque entretien a fait l'objet
d'une fiche détaillée en prenant soin de garder l'anonymat et la
confidentialité des répondants.
5.2 Méthode d'analyse de données
Nous avons cru bon, pour l'analyse et l'interprétation
des données collectées lors de l'enquête exploratoire, de
revenir sur la méthode de l'analyse de contenu qui s'appuie sur une
analyse thématique. L'analyse de contenu des entretiens retranscrits a
consisté en une analyse entretien par entretien puis une analyse
thématique sur l'ensemble a été réalisée. En
ce qui concerne les perceptions de participants, les procédures d'usage
ont été appliquées (quantification, comparaison,
interprétation).
Il est à noter que dans l'ensemble de l'enquête de
terrain réalisée, l'approche choisie est une approche plus de
type qualitatif que quantitatif : les résultats
portés sur le Bureau du PNUD-Angola ne peuvent
être en aucun cas représentatifs de l'ensemble du PNUD. Ils nous
ont simplement permis de dresser quelques constats et vont servir à
illustrer un certain nombre d'hypothèses de travail par rapport à
la compréhension de la gestion des connaissances et des
mécanismes de partage des connaissances.
5.3 Limites du travail
Cette recherche se limite délibérément
à la compréhension des fondements théoriques et des enjeux
de la gestion des connaissances dans une entreprise ou organisation lesquels se
concrétisent suivant deux approches en émergence : l'approche de
capitalisation et l'approche de collaboration. Nous avons montré en quoi
consistaient les deux approches. Néanmoins, nous nous sommes
penché plus sur la compréhension de l'approche de collaboration
au travers de l'étude de communautés de pratiques et des
mécanismes de partage des connaissances via les réseaux
numériques.
Sur cet angle, comme nous l'avons souligné dans le
point 4.2.8 relatif au positionnement du Knowledge Management par rapport au
management de l'information, à cette ère d'économie du
savoir, au fur et à mesure de l'évolution des nouvelles
technologies de l'information et de la communication (NTIC), les
spécialistes de l'information documentaire ne seront plus seulement
confrontés aux problèmes de la gestion de l'information dans les
entreprises et organisations, mais aussi aux problèmes liés
à la gestion des connaissances sur les savoirs, les savoir-faire, les
compétences, les expériences... Information et connaissance
étant devenues un important facteur de production dans le système
économique moderne, la société de l'information qui met en
exergue la valorisation du capital intellectuel exigera inévitablement
de façon simultanée une gestion intensive de l'information et de
la connaissance dans les entreprises et organisations. Ceci revient à
dire que dans un avenir rapproché, le rôle de la gestion des
connaissances dans les centres d'information deviendra de plus en plus
important parallèlement au développement de l'économie du
savoir.
C'est pourquoi il nous a paru utile dans ce mémoire de
montrer autant que possible aux spécialistes de l'information
documentaire la nature des changements à venir sur de nouveaux modes de
travail et de nouvelles perspectives de leur métier auxquels ils doivent
être préparés ; de nouvelles compétences qu'ils
devront développer pour compléter leur formation initiale afin de
hausser leur niveau de connaissances scientifiques et leur habileté
à acquérir la connaissance et à innover.
Cependant, cette étude apparaît réellement
comme un préliminaire qui a ouvert la voie à d'autres pistes de
recherche en laissant de côté de nombreux aspects importants. Sur
cet aspect, elle ne couvre pas les questions afférentes telles que la
gestion de la documentation et la création d'une cellule de veille
informationnelle au sein de communautés de pratique bien qu'elles nous
intéressent au plus haut point.
De même, les étapes pratiques de la mise en place
d'une base de connaissances dont l'objectif serait la capitalisation de
l'information, la conservation et l'archivage des problèmes
expérimentés, résolus et validés ne rentrent pas
dans le champ de cette recherche. Ces questions pourraient faire l'objet d'un
des thèmes de recherche ultérieure dans le cadre du diplôme
de Master professionnel en ingénierie documentaire.
6. RESULTATS DE RECHERCHE : ETUDE, ANALYSE
ET CARACTERISATION DES PRATIQUES DE GESTION DES CONNAISSANCES AU PNUD
Au début du nouveau millénaire, le PNUD a
entrepris une profonde réforme de ses structures en passant
progressivement d'un rôle d'agence de financement à celui de
fournisseur de services de connaissances. Ce processus de changement
organisationnel a abouti au développement d'une gamme de programmes de
gestion et de partage des connaissances, notamment l'établissement des
réseaux des pratiques et des connaissances ainsi que des services du
système des Centres de Contact Sous-régionaux (SURF). Ces mesures
se sont révélées efficaces pour promouvoir une culture
naissante du partage des connaissances internes permettant de répondre
aux besoins des Bureaux de pays (CO).
De ce fait, le PNUD accorde une place particulière au
travail d'équipe et aux prestations du personnel pour devenir une
organisation décentralisée, structurée en réseau
qui fournit des conseils experts en matière de politiques et propose des
solutions pratiques aux pays bénéficiaires de ses programmes. Ces
améliorations appliquées à tous les Bureaux des pays et au
siège ont conduit au développement d'un réseau mondial
pour diffuser les connaissances sur le développement.
Comme nous l'avons vu dans la revue des écrits, au vu
de deux approches du Knowledge Management qui sont actuellement
d'actualité dans les entreprises et organisations - l'approche de
capitalisation et l'approche de collaboration -, le PNUD a opté pour
cette dernière avec la mise en place de communautés de
pratique.
6.1 Cartographie de communautés de pratique
Depuis quelques années comme nous venons de
l'évoquer ci-haut, le PNUD s'oriente de manière croissante vers
les services de conseils en matière de politiques et vers le
développement des capacités. Il apporte aux pays en
développement un accès non seulement aux idées et aux
ressources, mais également à des informations factuelles et
à des analyses qui peuvent orienter les débats et avoir des
effets catalytiques sur l'élaboration des politiques. Le but visé
est d'être à même de fournir davantage des connaissances de
fond en matière de politiques aux pays bénéficiant d'un
programme de pays.
Certes, le PNUD possède déjà une
expérience et une expertise significatives sur base de ses
activités dans le monde. Malheureusement, ces connaissances n'ont pas
été capitalisées et synthétisées et leur
utilisation au sein de l'organisation n'a pas été
maximisée avec toute l'efficacité voulue.
L'architecture de pratiques vise substantiellement à
combler ce fossé. Elle a une structure horizontale qui permet de passer
outre les hiérarchies structurelles et d'instaurer un esprit
communautaire plus prononcé au sein de l'organisation. L'architecture
des pratiques a aussi pour vocation d'être un outil permettant de
créer des produits et des services spécifiques mettant en
évidence la capacité unique que possède le PNUD dans
certaines activités de développement. Cette structure de pratique
a comme objectifs :
- la gestion ;
- l'établissement d'un ordre du jour ;
- la construction communautaire ;
- la gestion des connaissances ;
- le développement professionnel ;
- les activités de mobilisation ;
- l'élaboration de politiques ;
- les communications ;
- la constitution de partenariats ;
- la mobilisation des ressources .
6.1.1. Description des pratiques
Une pratique est un domaine où le PNUD possède
des connaissances et une expertise spécialisée et reconnue qu'il
met à la disposition des pays et des gouvernements qu'il sert.
Les pratiques permettent de rassembler de personnes de
différentes régions, issues de tous les Bureaux des pays et
unités au sein de communautés volontaires et flexibles
basées sur un intérêt professionnel commun en vue de leur
permettre de partager les connaissances et les expériences, d'apprendre
l'un de l'autre et de développer de nouvelles idées. Celles-ci
incluent une large gamme de fonctions organisationnelles telles que la gestion
des connaissances, les activités de mobilisation, l'établissement
de partenariats et le développement personnel.
Une pratique comporte les éléments suivants :
- elle est flexible ;
- elle est mondiale ;
- elle a un cadre plat ;
- elle compte une multitude de points d'entrée (Bureaux
de pays, Bureaux régionaux du Bureau des politiques de
développement, Centres régionaux de contact, Siège) ;
- l'ensemble de ces éléments appuient les dix
objectifs de l'architecture des pratiques.
Après avoir évalué ce que les pays en
développement attendent de lui, le PNUD a adopté cinq pratiques
thématiques qui sont des services de développement qui servent
chacun des cinq objectifs stratégiques du PNUD stipulés dans le
plan de financement pluriannuel 2004-2007. Il s'agit de :
· Gouvernance démocratique
· Prévention des crises et relèvement
· Réduction de la pauvreté
· Energie et environnement
· VIH/SIDA
La gestion est en outre reconnue comme pratique fonctionnelle.
Faisons remarquer qu'une pratique de développement est
un domaine où le PNUD envisage d'avoir des connaissances et une
expertise spécialisée reconnue qu'il met à la disposition
des pays et des gouvernements qu'ils servent, tandis que la pratique
fonctionnelle permet la délivrance effective des services de
développement.
Toutes les pratiques de développement ainsi que la
pratique fonctionnelle permettent d'établir des priorités
stratégiques et d'agir conformément à ces dernières
grâce à des équipes de praticiens qui poursuivent chaque
priorité pour une pratique déterminée.
Etant entendu que les membres de personnel de projets et de
Bureaux de pays détiennent l'expérience concrète et la
plus proche du terrain sur la manière de mener à bien les
activités en matière de développement, il va de soi que ce
sont eux, ainsi que les spécialistes mondiaux et régionaux, qui
dans chaque pratique apportent leur participation et leur impulsion selon les
intérêts personnels et professionnels de chacun, étant
donné que la plus grande partie des connaissances du PNUD sont
générées grâce à des interactions et à
la mise en oeuvre au niveau des pays. En outre, les Bureaux de pays collaborent
ente eux en construisant des lignes des connaissances, comprenant du personnel
des projets, des consultants et d'autres partenaires en matière de
développement dans le but de les faire tous participer aux
activités concernant les pratiques. En clair, chaque membre du personnel
qui détient une expérience concrète et la plus proche du
terrain sur la manière de mener à bien les activités de
développement est sollicité à adhérer à
l'une de ces 5 pratiques.
Toutefois, l'affiliation à une pratique est volontaire.
Chaque membre du personnel détermine à quelle pratique il
appartiendra et de quelle manière il y contribuera. Tout membre du
personnel qui adhère à une pratique est considéré
comme praticien. Qu'ils soient basés dans un Bureau de pays ou au
Siège, les praticiens reçoivent et fournissent des services en
matière de
conseil, de constitution des capacités, de sensibilisation
et de programmes aux clients du PNUD.
Néanmoins, la participation active aux pratiques est
devenue partie intégrante de l'évaluation annuelle des
résultats et des compétences de tous les membres du personnel du
PNUD. La contribution aux pratiques en termes des connaissances est l'un des
critères de performance sur lesquels le personnel est
évalué.
Il est à noter que les pratiques ne modifient pas la
structure organisationnelle et fondamentale du PNUD basée sur des
Bureaux de pays et des bureaux de Siège mais permettent à chaque
membre du personnel d'avoir une matrice interne, tout en s'acquittant de ses
responsabilités professionnelles de contribuer au travail de
l'organisation de par le monde à travers les pratiques. C'est cette
interdépendance renforcée via une matrice interne entre les
membres du personnel individuellement et l'organisation dans son ensemble qui
constitue l'élément du changement.
6.1.2. Organisation de communautés de pratique
Les communautés de pratique au PNUD permettent
d'assurer le développement accru de toutes les responsabilités
thématiques et opérationnelles de l'organisation et visent
à ce que le personnel soit en mesure de mettre à profit les
capacités et l'expertise disponibles au sein de l'organisme en vue
d'échanger, partager les connaissances et les expériences,
identifier des solutions pratiques convenant aux situations différentes
de pays.
La compilation et l'utilisation de l'expérience
collective en matière de pratiques constituent une partie importante de
la mise en application d'une culture de pratiques au sein du PNUD et la
construction d'une organisation fondée sur les connaissances. Ce
processus permet aux membres d'utiliser de manière plus efficace les
connaissances de l'organisation grâce à un accès à
un centre documentaire de connaissances à l'échelle mondiale.
La carte des expériences en matière de pratique
constitue a cet effet un outil qui a été conçu pour
faciliter la collecte du personnel à trois niveaux : personnel novice,
standard et de sources d'information. La collecte de données est
basée sur les lignes de services actuelles. A ce niveau, l'accent est
actuellement mis sur des capacités de fond ou d'information.
Véritable instrument de cartographie des
compétences, la carte des expériences en matière de
pratiques appuie la création et le développement de
communautés de pratique su siège et sur le terrain et permet aux
Bureaux de pays, les SURF et les unités du Siège d'être en
mesure de rechercher et d'identifier les personnes possédant les sources
d'information internes susceptibles d'être utilisées pour
différentes initiatives et aussi d'identifier les domaines dans lesquels
le PNUD entend renforcer ses capacités.
Le schéma ci-après montre comment se
présente la carte d'une communauté de pratique au PNUD :
Schéma n°10 : Carte de la communauté de
pratique du PNUD
La progression d'un statut de membre de la communauté
à l'expert est assortie au PNUD de certaines conditions. En vue
d'encourager chaque membre du personnel à obtenir un niveau
approprié d'informations, de connaissances et d'expériences sur
les pratiques et de partager des connaissances avec les personnes se trouvant
à l'intérieur et à l'extérieur du PNUD, il est
remis aux membres du personnel un passe de pratique qui est une sorte de carte
d'identité, laquelle prouve que l'on partage l'engagement mutuel du PNUD
en vue du partage des connaissances.
A cet effet, il est remis un passe d'adhésion à la
communauté lorsqu'une personne a démontré :
- qu'elle peut expliquer de manière adéquate ce que
fait le PNUD ; - qu'elle connaît l'ensemble de six pratiques ;
- qu'elle connaît les objectifs du Millénaire en
matière de développement ; - qu'elle comprend ce que mesurent le
rapport sur le développement
humain et les Rapports nationaux sur le développement
humain ;
- qu'elle connaît tous les programmes clés du
Bureau de pays et a lu le
cadre de coopération de pays ;
- qu'elle sait qui est le chargé de liaison pour chaque
pratique au sein de son Bureau de pays ;
- qu'elle inclut au moins un domaine de résultat
clé sur les pratiques dans son évaluation des résultats et
des compétences.
Le passe de praticiens du praticien est recommandé pour
tous les membres du personnel du Bureau de pays étant au niveau G4 et
aux niveaux supérieurs et est remis lorsqu'un membre du personnel
démontre qu'en plus de tout ce qui est indiqué pour les membres
de communauté, il ou elle :
- a une connaissance approfondie de toutes les priorités
internes du PNUD ;
- est un membre d'au moins deux réseaux de connaissances ;
- a une connaissance de base d'une ou deux pratiques.
Le passe de développeur de pratiques est
recommandé pour tous les associés de programmes, les
administrateurs de programmes et les administrateurs, et est remis lorsqu'un
membre du personnel démontre qu'en plus de tout ce qui
précède, il ou elle :
- a une connaissance de fond dans tous les domaines de pratique
auxquels ses projets correspondent ;
- apporte des contributions aux réseaux de connaissances
;
- a formé ou recueilli des connaissances de fond dans une
question ou un domaine essentiel ;
- a appuyé de manière proactive le Responsable
de l'apprentissage des connaissances dans la conception et la conduite des
sessions d'enseignement d'une pratique ;
- a créé des opportunités formelles et
informelles en vue de partager des connaissances avec des collègues ;
- a utilisé les connaissances acquises dans les
pratiques afin d'atteindre de meilleurs résultats en matière de
développement dans le contexte des nouveaux programmes du PNUD en cours
dans le pays.
Il convient de faire remarquer que les praticiens, qu'ils
soient basés dans un Bureau de pays ou au Siège, reçoivent
et fournissent des services en matière de conseil, de constitution des
capacités, de sensibilisation et de programme aux clients du PNUD. C'est
bien le travail des praticiens qui se révèle déterminant
pour le succès ou l'échec des pratiques.
Le passe d'Expert en pratique est recommandé pour le
personnel de programme et les administrateurs y compris les
Représentants Résidents et les Représentants
Résidents adjoints, et est remis lorsqu'un membre du personnel
démontre qu'en plus de tout ce qui précède, il ou elle a
:
- participé à un atelier de travail de pratique
;
- fait des contributions de fond réguliers à des
réseaux de connaissances (validées par les animateurs de
Réseaux) ;
- participé aux missions communes des Bureaux de pays et /
ou des SURF dans un domaine de pratiques ;
- apporté une contribution et partagé un produit
ou un service du PNUD à
l'extérieur, que ce soit un produit de connaissances, un
service
identifiable, une interview dans les médias, un article
publié...
Notons que l'ensemble des spécialistes politiques
mondiaux font office d'experts internes du PNUD dans l'une pratique ou dans
plusieurs des cinq pratiques de développement.
L'organisation de l'équipe d'appui aux communautés
de pratiques est constituée de manière suivante :
- Responsable de la mise en application des pratiques
La transformation du PNUD en une organisation de pratiques a
des conséquences sur tous les aspects et toutes les parties de
l'organisation. Le responsable de la mise en application des pratiques dirige
cette démarche de transformation organisationnelle. Cette lourde et
délicate tâche a été confié à
l'Administrateur -Adjoint du PNUD.
- Conseiller à la mise en application des pratiques
Son rôle est de conseiller le Responsable de la mise en
application des principes et de catalyser les actions menées par les
champions, les chefs et les responsables des pratiques, des
Représentants résidents des Bureaux de pays et des unités
du siège en vue de la mise en application de la culture de pratiques. Le
conseiller à la mise en application des pratiques fournit un appui pour
l'établissement d'un ordre du jour de transformation, en planifiant et
en établissant des priorités, en désignant les instruments
pour renforcer les efforts de transformation et en contrôlant les
progrès réalisés quant à la mise en application des
pratiques.
- Champions de pratiques : ce sont les six Secrétaires
généraux adjoints notamment les cinq dirigeants des Bureaux
régionaux qui ont reçu de l'Administrateur du PNUD la mission de
défendre ou de promouvoir chacun une pratique.
- Chefs de pratiques : ce sont ceux qui ont été
désignés pour appuyer la communauté de pratique pour
chacune des six pratiques et l'aider à orienter ses travaux.
- Responsables de pratiques
Sous la direction du chef de pratiques, le responsable de
pratiques gère toutes les activités programmatiques,
financières et opérationnelles liées aux pratiques,
notamment la coordination des procédures en matière de
communication, de planification et d'établissement des priorités
en matière de pratiques, la gestion des programmes et des ressources
liées
aux pratiques et la promotion générale de la
cohérence d'une pratique sous forme d'une communauté
d'administrateurs.
- Animateurs des réseaux de pratiques
Les animateurs de réseaux de pratiques favorisent et
facilitent le développement d'une communauté de pratique. Ils
renforcent la collaboration de la communauté, facilitent le partage de
l'information entre les membres, sollicitent des nouveaux membres et
coordonnent des ateliers de travail et des manifestations en vue de renforcer
l'identité de la communauté. Les animateurs des réseaux de
pratiques ordonnent, retransmettent et filtrent les messages ; encouragent la
participation des membres et les contributions de haute qualité et de
fond ; animent les discussions électroniques, fournissent des conseils
techniques et de fond, déterminent les sources d'informations les plus
pertinentes et les diffusent par l'intermédiaire de lettres
d'information des pratiques, de bulletins de réseaux et d'espaces de
travail. Les animateurs des réseaux de pratiques favorisent la
création des réseaux de connaissances tant au sein de
l'organisation qu'avec des partenaires extérieurs et des associations
professionnelles.
6.1.3. Les réseaux de pratique et des connaissances
et le partage des connaissances.
Les réseaux de pratique favorisent la création
de groupes de pairs au niveau professionnels autrement appelé
communautés de pratique, lesquelles sont constituées de
chargés de liaison et de spécialistes des Bureaux de pays et du
siège qui sont engagés dans des politiques et programmes
liés au développement et à la mise en place des pratiques.
Les six réseaux qui correspondent aux pratiques sont appelés
réseaux de pratiques mondiaux tandis que ceux qui demeurent
centrés sur les réponses aux besoins et priorités des
Bureaux de pays sont nommés réseaux de connaissance.
Les réseaux constituent une première
étape cruciale de création des liens plus étroits entre
les membres du personnel du PNUD travaillant au sein de la même pratique.
Ils ont débuté sous forme de groupes de correspondants par
courriers électroniques volontaires et informels en s'attachant à
fournir des services aux Bureaux de pays étroits entre les membres du
personnel du PNUD travaillant au sein d'une même pratique. Ils ont
débuté sous forme de groupes de correspondants par courriers
électroniques volontaires et informels.
Notons que la mise sur pied d'un site Intranet dans chaque
réseau de pratique permet de trouver la documentation complète et
d'inviter les membres à répondre aux questions ou à faire
des commentaires sur celles-ci.
Nous présentons ci-dessous les 5 réseaux de
pratique.
6.1.3.1 Le réseau de pratique de gouvernance
démocratique (DGPNet)
Dans chaque région du monde, le PNUD fait face à
un certain nombre croissant de demandes de conseils en matière politique
technique et programmatique en appui du renforcement de la gouvernance
démocratique. Ces demandes sont acheminées à travers un
certain nombre de processus stratégiques qui incluent des conseils
politiques et un appui technique, le développement de la capacité
des institutions et des individus, la mobilisation, la communication et
l'information publique, la promotion et le dialogue et enfin la
partenariat stratégique.
Bien plus, ces demandes correspondent souvent à ses
lignes de services qui sont : législatures, systèmes
électoraux, accès à la justice et les droits de l'homme,
accès aux informations, décentralisation et gouvernance locale,
administration publique et lutte contre la pauvreté.
Le réseau DGPNet constitue le fondement des initiatives
de partage des connaissances de la gouvernance démocratique. Il s'est
développé sous forme d'un réseau de plus de 500 membres
venant de la plupart des Bureaux de pays ainsi que de tous les Bureaux
représentant des domaines thématiques et fonctionnels au sein du
PNUD. Ses membres jouent un rôle crucial dans la formation et le
renforcement de la capacité du réseau à aider les nations
qui le souhaitent à se doter des systèmes législatifs
renforcés, à éduquer leur électorat, à
améliorer les prestations de leur administration publique...
En réponse au développement des pratiques,
plusieurs réseaux régionaux et mondiaux de sous-pratiques se sont
développés pour explorer des thèmes de gouvernance plus
spécifiques tels que le réseau d'appui parlementaire, le
réseau de discussion sur les droits de l'homme (HuRTalk), le
réseau AsiePacifique pour l'accès à la justice (A2J) et le
réseau de sous-pratique de décentralisation, gouvernance locale
et développement urbain et rural (DLGUD).
Le schéma ci- dessous montre la base des connaissances
et l'espace de travail du réseau DGPNet sur Intranet qui relient tous
ses membres pour un meilleur partage des informations et connaissances :
Schéma n°11 : Espace de travail du réseau
DGPNet "Modèle". 6.1.3.2. Le réseau de
réduction de la pauvreté (PRNet)
Le réseau PRNet permet à ses membres de :
- s'engager dans des discussions en ligne sur divers
thèmes sociaux et économiques ;
- échanger les expériences, les leçons
apprises et les initiatives réussies en matière de politique, de
projets et de programmes en vue de réduire la pauvreté ;
- débattre de questions qui fondent les positions et
les options de la politique du PNUD sur les questions clés de la
réduction de la pauvreté, notamment les politiques en faveur des
pauvres, le contrôle de la pauvreté, le commerce, les documents de
stratégie pour la réduction de la pauvreté et les
réformes économiques ;
- fournir des éléments d'orientation rapides de la
part d'experts et d'organisations engagés dans la réduction de la
pauvreté.
Parmi les supports que le réseau PRNet utilise pour le
partage de l'information et des connaissances avec ses membres, nous avons
épinglé :
- le courrier électronique ;
- la base des connaissances via Intranet ;
- la lettre d'information mensuelle contenant une
synthèse des activités récentes engagées en
matière de réduction de la pauvreté avec contribution des
membres des pratiques, une vue d'ensemble des activités en
matière des pratiques, des listes des nouvelles publications, de
manifestation et reportages pertinents des médias ;
- La lettre bimensuelle résumant les activités du
réseau et contenant un certain nombre d'annonces parues à point
nommé.
Ci-dessous l'espace de travail du réseau PRNet :
Schéma n° 12 : Espace de travail du réseau
PRNet "Modèle".
6.1.3.3. Le réseau des pratiques de
prévention des crises et relèvement (CPRPNet)
Le réseau CPRP Net se révèle une
communauté de praticiens, de conseillers et de membres du personnel
intéressés par ce sujet et ayant un échange actif sur les
questions relatives à la prévention des crises et du
relèvement (CPR). Il comprend plus de 500 membres.
Le partage des connaissances se fait autour des services suivants
:
- partage de bonnes pratiques, renforcement de l'orientation,
consolidation des orientations et des discussions thématiques ;
- renforcement des connaissances et de l'information en
matière de CPR via des lettres d'information régulières
sur les pratiques de la prévention des crises et du relèvement et
des bulletins des réseaux.
- Organisation des ateliers de travail et de formation sur des
thèmes choisis ainsi que la constitution d'une communauté de
pratique basée sur les besoins des Bureaux de pays et du personnel de
projet.
Le réseau CPRPNet offre une base de connaissances
électronique via Intranet reprise ci-dessous :
Schéma n°13 : Espace de travail du réseau
CPRPNet "Modèle".
Le réseau CPRPNet apporte son assistance technique
partout où il est demandé ainsi que des services consultatifs
basés sur les connaissances en matière de prévention des
crises et relèvement.
6.1.3.4. Le réseau des ressources
environnementales (EENet)
Le réseau EENet fonctionne comme un canal de partage
des informations. Il conduit des sessions de solution de problèmes et de
réflexion entre ses membres. Il appuie et dirige les discussions sur
l'environnement ; fournit des informations sur les ateliers de travail et les
conférences et renforce les connaissances des membres de sa
communauté en favorisant les contributions de fond qui impliquent des
personnes n'ayant pas qualité de membres selon que de besoin. Le
réseau EENet encourage également ses membres à prendre
part au contrôle de la qualité des activités de sa
communauté en filtrant et en distribuant les messages et en
déterminant les destinataires appropriés.
L'espace de travail du réseau EENet est reprise ci-dessous
:
Schéma n°14: Espace de travail du réseau EENet
"Modèle".
6.1.3.5. Le réseau VIH / SIDA (HIV/AIDSNet)
Les activités du réseau VIH/SIDANet portent sur
:
- le partage des expériences comparatives ;
- l'orientation des consultants ;
- les demandes multi-pratiques ;
- les discussions sur les notes d'orientation politiques
- les discussions sur les projets de documents d'appui aux
bureaux de pays pour les plans et les programmes nationaux en matière de
VIH/SIDA ;
- les projets de rapports nationaux et régionaux sur le
développement humain.
Le réseau VIH/SIDA comprend plus de 300 membres dont
70% proviennent des Bureaux de pays. Il utilise comme support le courrier
électronique, une base de connaissance via Intranet, un bulletin
bimensuel contenant un résumé de ses activités ainsi
qu'une présentation des nouveaux membres et des annonces ainsi que la
lettre d'information bimensuelle sur le VIH/SIDA, laquelle contient des mises
à jour des sources d'information, des nouvelles sur des sujets tournant
autour de la pratique, des activités du Bureau de pays, des nouvelles
sur le VIH/SIDA, des annonces, des informations concernant diverses
manifestations et des critiques de livres.
Voici tel que se présente l'espace de travail sur Intranet
du réseau VIH/AIDSNet :
Schéma n°15 : Espace de travail du réseau
VIH/AIDSNet "Modèle".
6.1.3.6. Le réseau de pratiques de gestion
(MPNet)
Le réseau MPNet offre les services suivants :
- facilitation de demandes d'assistance émanant de ses
membres ;
- médiation des discussions sur les thèmes
clés de pertinence actuelle pour les opérations du PNUD ;
- partage des meilleures pratiques ;
- réponses consolidées des discussions et des
demandes ;
- bulletin mensuel contenant une synthèse des
activités du réseau avec liens vers des informations plus
détaillées ;
- ateliers de travail et de formation ;
- espace de travail sur les pratiques sur l'intranet du PNUD ;
- sous-réseau sur le développement du centre
d'affaires.
L'espace de travail via Intranet du réseau MPNet se
présente comme suit :
Schéma n°137: Espace de travail du réseau
MPNet "Modèle".
6.1.3.7 Les réseaux de connaissances
A côté de réseaux de pratique fonctionnent
5 réseaux de connaissances notamment le réseau sur
l'égalité de sexes, le réseau de développement
humain mondial, les technologies de l'information et des communications pour le
réseau des sources d'information sur le développement (ITRN), le
réseau des Objectifs du Millénaire en matière de
développement (MDNet) et le réseau des petites entreprises et du
micro financement (SEMFIN)
Le réseau sur l'égalité de sexes apporte
de services de demandes et d'orientation, diffuse les informations et appuie
les discussions virtuelles sur le sujet cité ci-haut. Il a deux supports
pour le partage d'information et des connaissances : une revue et un bulletin
d'information en ligne.
Le réseau du développement humain mondial (SURF
HDR Network) est une communauté de personnes croyant au concept de
développement humain. Il a pour objectif et services : le partage des
expériences comparatives et des meilleures pratiques en terme
d'établissement de rapports nationaux sur le développement humain
(NHDR) ; des discussions sur des questions de fond liées au
développement humain ; le partage des informations sur les ateliers de
travail, les réunions, les formations, les publications importantes et
sources d'information par Internet concernant le développement humain ;
l'aide aux membres des équipes de base nationales ainsi que les bureaux
de pays à répondre aux demandes liées aux NHDR.
Les technologies de l'information et des communications pour
le réseau des sources d'information sur le développement (IRTRN)
ont pour principaux objectifs d'appuyer le partage des connaissances et des
expériences entre praticiens en mettant un accent particulier sur les
praticiens basés sur le terrain ; de discuter et de débattre des
thèmes concernant le développement de des ICT qui forgent les
positions et options en matière de politiques des pratiques ; de
générer des idées nouvelles et novatrices afin d'utiliser
les ICT aux fins de développement ; d'accéder aux sources
d'information, aux
connaissances et aux informations liées aux
technologies de l'information et de la communication. Le réseau ITRN
vise également à recueillir les meilleures et les moins bonnes
pratiques qui sont expérimentées par les praticiens basés
sur le terrain grâce à leurs initiatives novatrices.
Le réseau des Objectifs du Millénaire en
matière de développement (MDGNet) vise à contribuer
à la réalisation de rapports de haute qualité sur les MDG
et à renforcer la prise en compte des MDG dans les programmes et chez
les pays donateurs. Il organise des discussions animées sur les
définitions des indicateurs en terme de MDG, les moyens de créer
un consensus national autour d'une série d'objectifs et d'indicateurs et
des approches créatrices aux matières de promouvoir le lancement
des rapports nationaux sur les MDG. Il aide également ses membres
à diffuser des projets de rapports sur les Objectifs du
Millénaire en matière de développement, à partager
les leçons apprises, à échanger les informations sur les
ateliers de travail et à identifier les expertises en vue d'aider
à la préparation des rapports sur les MDG. Il organise des
discussions d'experts animés par des modérateurs sur des sujets
suggérés par les membres de l'équipe. Le réseau
MDGNet publie un bulletin listant les nouvelles sources d'information, les
outils et les reportages parus dans les médias.
Le réseau de petites entreprises et du
micro-financement est une plate-forme pour partager les informations concernant
les nouvelles publications, manifestations, ateliers de travail, initiatives et
sources d'informations, documents et outils en matière de
micro-financement de petites et moyennes entreprises. Il appuie les demandes et
orientations, la constitution de connaissances ainsi que les discussions sur
les questions opérationnelles et de fond. Il publie une lettre
d'information et diffuse les meilleures pratiques à travers des messages
individuels.
6.2 Grille d'analyse de cas et résultats au
Bureau du PNUD-Angola
Nous présentons les résultats de l'enquête
menée auprès des membres du personnel du Bureau du PNUD-Angola.
Dans les trois thèmes de l'enquête menée sur terrain,
à savoir le diagnostic du partage d'information, les besoins et
pratiques en information des agents et le potentiel existant en matière
de communautés virtuelles et le niveau d'utilisation des outils
informatiques, nous décrivons pour chaque question les résultats
obtenus sous forme de graphique ainsi que les commentaires y afférents.
Nous avons également pensé à regrouper les questions par
sous-thème à l'intérieur de chaque thème.
Nous présentons en détail les résultats
obtenus.
6.2.1 Diagnostic de partage d'informations et des
connaissances
Nous avons posé 11 questions afin d'obtenir des
informations sur le diagnostic de l'information de partage de l'information et
des connaissances. Nous avons subdivisé ces questions en
sous-thèmes dont 6 se rapportent aux attitudes face à la
collaboration et à l'échange de l'information, 5 ont trait aux
attitudes face au travail d'équipe.
6.2.1.1 Attitudes face à la collaboration et
à l'échange d'information
Nous nous sommes intéressé en premier lieu
à connaître la perception des participants au besoin de recourir
à l'aide des autres, leur attitude face à la collaboration
étroite et aux liens d'échange d'information sur des lieux de
travail. Le graphe n°1 montre clairement que plus de la moitié des
répondants dans les deux départements dans la proportion de
66,23% (18 sur 26) font plus appel à leurs collègues
immédiats pour résoudre un problème professionnel dans
leurs activités quotidiennes . Toutefois, on note que 19,23% de
répondants (5 sur 26) recourent aux membres des réseaux des
connaissances du PNUD desquels ils font partie. Peu de répondants, soit
11,53% (3 sur 26), sollicitent le concours de leur supérieur
hiérarchique. Aucun répondant ne
Graphe n°1: Attitudes face à la collaboration et
à l'échange d'information
70.00%
60.00%
50.00%
40.00%
30.00%
Personne
Personne extérieure
20.00%
Membre de CoP
10.00%
Supérieur hiérarchique
Collègues immédiats
0.00%
1
Collègues immédiats Supérieur
hiérarchique Membre de CoP
Personne extérieure Personne
demande l'aide d'une personne extérieure au service ni ne
fait confiance en soimême.
Question: A qui faites-vous appel lorsque vous n'arrivez pas
à résoudre un problème professionnel ?
Dans tous les cas, la majorité des répondants
travaillent étroitement avec les autres, consultent les autres, se
coordonnent avec eux pour accomplir leurs tâches. Cette relation de
confiance réciproque nous rappelle la caractéristique de
l'engagement commun tel que décrit par Etienne Wenger [WEN 98].
Dans la même optique, avec les données
présentées au graphe n°2, on constate que 43% ( 11sur 26) des
répondants ont indiqué une fois de plus qu'ils recourent avant
tout à leurs collègues immédiats lorsqu'ils recherchent de
l'information dans le cadre de leurs activités professionnelles. Ce qui
montre une relation de confiance réciproque. En revanche, 23% des
répondants ( 6 sur 26) consultent les membres des réseaux de
pratiques auxquels ils appartiennent. 19% ( 5 sur 26) demandent de l'aide au
documentaliste et 15 %
Collègues immédiats Supérieur
hiérarchique
Documentaliste Membres du réseau de connaissances
Personne
19%
23%
15%
0%
43%
( 4 sur 26) voient leur supérieur hiérarchique.
Fait intéressant à signaler, aucun répondant ne fait
confiance en soi-même lorsqu'il recherche de l'information.
Graphe n°2: Aide sur la recherche
d'information
Question : A qui adressez-vous lorsque vous recherchez de
l'information ?
Afin d'apporter des précisions sur l'échange
d'information entre collègues et services ainsi que le temps
consacré au partage des informations entre collègues, trois
questions ont amené les répondants à évaluer la
fréquence de jamais à toujours, pour connaître
divers types de collaboration.
Il est pertinent de croire qu'en général, les
répondants font fréquemment appel à leurs collègues
immédiats pour collaborer afin d'accomplir leurs tâches de
travail, que ce soit oralement, par téléphone, en présence
ou encore par les biais des technologies de l'information.
Les données présentées au graphe n°3
montrent que 73% des répondants (19 sur 26) échangent très
souvent, et toujours des informations et des conseils avec d'autres
collègues. Par contre, 19,23% (5 sur 26) collaborent parfois, assez
souvent dans l'échange d'informations avec leurs collègues. A
l'opposé, la coordination des efforts entre services en vue d'obtenir
des informations se fait parfois ou assez souvent dans la proportion de 57,69%
(15 sur 26) bien qu'il existe quand même des services qui se concertent
pour échanger à hauteur de
Graphe n°3: Echanges d'information
Jamais, Rarement Parfois, Assez souvent Très souvent,
toujours
30.76%
30.76%
73%
61.53%
57.69%
7.69%
7.69%
19.23%
11.53%
1 2 3
80.00% 70.00% 60.00% 50.00% 40.00% 30.00% 20.00% 10.00%
0.00%
40.00%
60.00%
50.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
15.38%
Graphe n°4: Circulation de l'information
Tout à fait en désaccord, en désaccord,
légèrement en désaccord Ni en accord, ni
désaccord
Tout à fait en accord, en accord, légèrement
en accord
30.76%
1 2
53.84%
38.46%
46.15%
15.38%
30,76% (8 sur 26). Dans l'ensemble, la coopération dans
le travail paraît nécessaire et habituelle ; ce qui devrait
faciliter le partage des connaissances et le travail en collaboration en
contexte de communautés de pratique ou des réseaux
numériques.
Nous constatons également que 61,53% des
répondants (16 sur 26) estiment qu'ils ont très souvent ou
toujours du temps pour échanger les informations avec des
collègues. Ce qui paraît un fait positif. 30,76% disent qu'ils ont
parfois ou assez souvent du temps à se consacrer à leurs
collègues contre 7,69% seulement qui déclarent n'en avoir jamais
ou en avoir rarement .
Légende : 1 = Echanges d'informations entre
collègues
2 = Echanges d'informations entre services
3 = Temps pour partager des informations avec des
collègues
-Question : Pratiquez-vous régulièrement
l'échange d'informations avec d'autres collègues ?
-Question : Votre service échange-t-il des informations
avec les autres services ? -Question : Pensez-vous que vous avez suffisamment
de temps pour partager des informations avec des collègues ?
Les données présentées au graphe n°4
montrent à quelle fréquence les répondants
considèrent leur perception sur la circulation de l'information dans la
fréquence allant de tout à fait en désaccord
à tout à fait en accord.
Légende : 1 = Perception personnelle sur la circulation et
le transfert de l'information au Bureau du PNUD-Angola
2 = Perception personnelle sur la circulation de l'information
entre ceux qui la détiennent et ceux qui en ont besoin.
Questions : - Selon vous, le transfert et la circulation de
l'information au PNUD se font de manière satisfaisante ?
- Pour vous, les informations nécessaires, les
données importantes, les connaissances essentielles circulent -elles
toujours bien entre ceux qui les détiennent et ceux qui en ont besoin
?
Ces données révèlent plusieurs
éléments intéressants. Nous observons avant tout au point
1 que 53,84% des répondants (14 sur 26 ) sont en accord ( tout à
fait ou légèrement) sur le transfert et la circulation de
l'information au PNUD. 30,76% (8 sur 26 ) sont indécis et 15,38% (4
sur26 ) sont tout simplement en désaccord. Par contre, une certaine
ambivalence peut être observée au point 2 sur la circulation
régulière des informations nécessaires et des
données importantes entre ceux qui les détiennent et ceux qui en
ont besoin. Si 46,15% des répondants ( 12 sur 26) se montrent
indécis, 38,46% de leur côté ne croient
pas que ceux qui détiennent les connaissances les
communiquent facilement à ceux qui en ont besoin. Ce qui montre que le
problème de rétention d'information est toujours aussi
brûlant que jamais malgré la mise en place des communautés
de pratique. Il n'est toujours pas facile de convaincre ceux qui
détiennent des informations clés, des savoirs et savoir-faire de
les partager avec les autres.
Nous avons demandé ensuite aux participants
d'évaluer le degré de satisfaction en regard aux
mécanismes de partage de l'information mis en place.
Ici, nous observons à travers le graphe n°5 qu'ils sont
plus nombreux les répondants qui se disent très satisfaits,
satisfaits, soit 69% (18 sur 26), alors que 23% (6 sur 26) sont plus ou moins
satisfaits et 8% seulement expriment leur insatisfaction.
Graphe n°5: Satisfaction en regard aux
mécanismes de partage de l'information mis en place
8%
23%
69%
Très Satisfait, satisfait Plus ou moins satisfait Peu
satisfait,Pas du tout satisfait
Question : Est-ce que les mécanismes de partage de
l'information et des connaissances mis en place répondent bien à
vos besoins professionnels ?
Graphe n°6 : Participation à des séances de
groupe
Jamais, Rarement Parfois, Assez souvent Très souvent,
Toujours
0% 15.38%
84.61%
6.2.1.2 Attitudes face au travail d'équipes
Le travail en équipe est une forme de travail
déjà répandue au Bureau du PNUD-Angola. Ce qui devrait
normalement faciliter la collaboration, l'échange d'information et le
partage des connaissances en contexte de communautés de pratique. A la
lumière du graphe n°6, il est intéressant de constater qu' en
grande majorité, 84,61% des répondants (22 sur 26)participent
très souvent, souvent , toujours à des travaux de groupe. En
revanche, 15,38% (4 sur 26) seulement participent parfois ou assez souvent
à ces séances. Il n'y a pas de répondants qui ne
participent jamais ou qui participent rarement à des travaux
d'équipes.
Question : Participez-vous à des séances de groupe
?
Les répondants ont également eu à se
prononcer sur leur satisfaction au mode actuel de travail en équipe. A
cet égard, comme le fait voir le graphe n°7, l'appréciation des
répondants était positive. 61,53% des répondants (16 sur
26) se disent très satisfaits, satisfaits du mode de travail en
équipe. 23,07% des répondants (6 sur 26) sont plus ou moins
satisfaits tandis que 13,38% ont exprimé leur insatisfaction.
Graphe n°7 : Satisfaction face au mode de travail
en équipe
13.38%
23.07%
61.53%
Très Satisfait, satisfait Plus ou moins satisfait Peu
satisfait,Pas du tout satisfait
Question : Le mode de fonctionnement du travail en équipe
vous satisfait-il ?
Nous avons demandé aux participants d'exprimer leur
perception sur la valorisation du travail en regard à leur participation
à des groupes de travail.
On constate en étudiant le graphe n°8 qu'une
écrasante proportion à hauteur de 76,92% (20 sur 26) affirme
être en accord ( tout à fait ou légèrement) sur la
valorisation du travail en équipe. 23,07% des répondants (6 sur
26) se montrent neutres tandis qu'aucun répondant n'a choisi l'option
"en désaccord".
Ce qui revient à dire que tous les répondants
reconnaissent les bienfaits du travail en équipe qui présente des
retombées positives. En effet, le besoin de coordonner les efforts avec
les autres en équipe apporte de nombreux bénéfices parmi
lesquels des apprentissages professionnels, l'expression d'idées, le
partage d'informations, la collaboration, le débat, la résolution
de problèmes...
Graphe n°8 : Valorisation du travail au regard de
la participation à des groupes de travail
1
76.92%
23.07%
0%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Tout à fait en désaccord, en désaccord,
légèrement en désaccord Ni en accord, ni
désaccord
Tout à fait en accord, en accord, légèrement
en accord
Question : Avez-vous le sentiment que votre travail est
valorisé depuis que vous participez à ces
groupes de travail ?
6.2.2 Besoins et pratiques en informations des agents
Les besoins en informations des agents constituent un
problème crucial dans toute organisation. Nous avons cherché
à connaître le degré de satisfaction des répondants
face à leurs besoins actuels en informations. On observe au graphe n°9
que les résultats sont très nuancés. 35% des
répondants se disent très satisfaits, satisfaits alors que 34 %
des répondants (9 sur 26) se montrent neutres. Par contre 31% des
participants (8 sur 26 ) ont répondu qu'ils sont peu satisfaits ou pas
du tout satisfaits. Ce qui montre l'intérêt d'une mise en place
d'une cellule de veille informationnelle suivant les priorités et les
thèmes d'intervention du PNUD pour à la fois accroître le
degré de satisfaction des répondants et soulager les
insatisfaits.
Très Satisfait, satisfait Plus ou moins satisfait Peu
satisfait, Pas du tout satisfait
Graphe n°9 : Satisfaction face aux besoins en
informations
35%
34%
31%
Question : Vos besoins en informations sont-ils pour le moment
satisfaits?
Les données liées à la
fréquentation du centre de documentation sont présentées
au graphe n°10. Elles montrent dans une bonne proportion que 61,53% des
répondants (16 sur 26) y ont recours parfois, assez souvent. La plupart
justifient ce comportement par le manque de temps. Toutefois, 20,07% vont ou
recourent régulièrement au centre de documentation pour combler
leur déficit en information tandis que 15,38% n'y vont jamais ou y vont
rarement. Ceci pourrait être interprété comme la
majorité des répondants (81,60%) reconnaissent le
bien-fondé du centre de documentation qui constitue une des sources
principales d'information pour faire face à leurs besoins en
information. Cependant, pour que le centre de documentation atteigne ses
objectifs, il lui faut des moyens appropriés car pour l'heure, ce centre
n'est pas intégré dans l'organigramme du Bureau du PNUD-Angola et
émarge du budget annexe. Aussi, la position du documentaliste n'est pas
clairement définie dans cet organigramme pour lui permettre de faire
preuve d'ingéniosité en vue de combler le déficit en
information de ceux qui manquent de temps, ou qui ne fréquentent pas le
centre, en allant au-devant de leurs demandes.
Graphe n°10 : Fréquentation du centre
de documentation
Jamais, Rarement Parfois, Assez souvent Très souvent,
Toujours
20.07% 15.38%
61.53%
Graphe n°11: Acquisition et pertinence
des informations non sollicitées
Jamais, Rarement Parfois, Assez souvent Très souvent,
Toujours
76.92%
53.84%
23.07%
23.07%
15.38%
7.69%
Acquisition Pertinence
90.00% 80.00% 70.00% 60.00% 50.00% 40.00% 30.00% 20.00% 10.00%
0.00%
Question : Avez-vous recours de temps en temps au centre de
documentation ?
Une autre manière d'aborder les besoins en informations
consiste à s'interroger sur l'acquisition ou non ,sur son lieu de
travail, des informations non sollicitées et l'appréciation sur
la pertinence de ces informations.
Afin de sonder cet aspect, nous avons posé deux questions
qui s'y rapportent.
Légende : - Acquisition des informations non
sollicitées
- Pertinence des informations non sollicitées
Questions:- Recevez-vous de temps en temps à votre poste
de travail des informations que vous n'avez pas sollicitées ?
- Trouvez-vous que ces informations sont pertinentes et
correspondent à vos activités professionnelles ?
Graphe n°12: Connaissance et participation
aux communautés de pratique
Oui Non
120% 100% 80% 60% 40% 20% 0%
|
|
Connaissance Participation
|
40%
20%
80%
70%
60%
50%
30%
10%
0%
Graphe n°13: Valorisation du travail face à
la participation aux communautés de pratique
Valorisation du travail
Tout à fait en désaccord, en désaccord,
légèment en désaccord Ni en accord, ni en
désaccord
Tout à fait en accord, en accord, légèrement
en accord
0%
27.27
%
72.72%
Comme l'illustre le graphe n°11, les résultats montrent
qu'à une écrasante proportion, 76,92% (20 sur 26) des
répondants reçoivent très souvent, toujours des
informations non sollicitées sur leur lieu de travail. Néanmoins,
53,84% seulement des répondants (14 sur 26) trouvent parfois, assez
souvent ces informations pertinentes. Notons que ces données constituent
une bonne analyse pour jeter les bases d'une cellule de veille informationnelle
afin de combler le déficit des insatisfaits.
6.2.3 Potentiel existant en matière de
communauté virtuelle et niveau d'utilisation des outils
informatiques
6.2.3.1 Participation aux communautés de
pratiques
Les données liées à la connaissance des
participants sur l'existence des communautés de pratique au PNUD
montrent au graphe n°12 que l'ensemble des répondants est au courant de
leur existence soit 26 sur 26 (100%) mais paradoxalement peu ont
adhéré à au moins un des réseaux de pratique et des
connaissances soit 11 sur 26 (42,30% ).
Question : Etes-vous au courant de l'existence des réseaux
de pratique et des connaissances au PNUD et participez-vous à ces
activités ?
A notre avis, la proportion élevée des non
participants pourrait être liée au caractère très
récent des ces nouvelles formes d'organisation dont beaucoup ne
perçoivent pas encore le bien-fondé.
Nous avons également demandé aux participants
qui ont adhéré à au moins un des réseaux des
connaissances et des pratiques de porter un jugement sur la valorisation ou non
de leur travail face à leur participation aux communautés de
pratique. Le graphe n°13 présente en détail les
résultats.
Question : Avez-vous le sentiment que votre travail est
valorisé depuis que vous êtes membre d'un des ces réseaux
?
On constate que 72,72% des répondants (8 sur 11) sont
tout à fait en accord, en accord, légèrement en accord que
leur travail est valorisé depuis qu'ils participent à ces
activités. 27,27% (3 sur 11) se montrent indécis. Fait
intéressant à signaler, aucun répondant n'est en
désaccord.
L'évaluation des communautés de pratique par les
participants à ces activités a été
mesurée par une question très globale portant sur le degré
de satisfaction vis-à-vis de leur participation. Globalement, cette
participation a été jugée
40.00%
60.00%
20.00%
80.00%
70.00%
50.00%
30.00%
10.00%
0.00%
Très satisfait, Satisfait Plus au moins satisfait Peu
satisfait, Pas du tout satisfait
Graphe n°14: Satisfaction face à la participation
aux CoP
Satisfaction face aux CoP
72.72%
18.18%
9.09%
positive par les répondants, obtenant une moyenne de 3,20
sur une échelle de satisfaction en 5 points allant de très
satisfait à pas du tout satisfait.
Question : Etes-vous satisfait de participer à ces
activités ?
Tel que le montre le graphe n°14, 72,72% des répondants
(8 sur 11) se sont dits très satisfaits, satisfaits ; 18,18% (2 sur 11)
se sont montrés neutres, tandis que 9,09%(1 sur 11) se disent peu ou pas
du tout satisfaits. Dans l'ensemble, une majorité des répondants
ont indiqué que leur participation permettrait le développement
des connaissances, une plus grande efficacité dans leur travail,
l'apprentissage, la créativité, l'innovation ainsi que de
nouvelles approches de résolutions de problèmes.
Nous nous sommes intéressé à
connaître les perceptions des participants par rapport au temps
consacré aux communautés de pratique et aux relations de
confiance entre les membres, et ce dans une échelle en 6 points allant
de jamais à toujours.
40.00%
20.00%
70.00%
60.00%
50.00%
30.00%
10.00%
0.00%
Jamais, Rarement Parfois, Assez souvent Très souvent,
Toujours
Graphe n°15: Temps et confiance face à
la participation aux CoP
9.0 9%
Temps Confiance réciproque
54.54 %
36. 36%
9.09%
7.27%
63.63%
Question : Avez-vous le temps nécessaire de participer
à ces activités ? Question : De votre point de vue, existe-t-il
une relation de confiance entre les différents membres du réseau
auquel vous appartenez ?
Comme l'indique le graphe n°15, peu de répondants
croient avoir du temps pour participer régulièrement à ces
activités. 54,54% (4 sur 11) se sont dits avoir parfois, assez souvent
du temps pour participer à ces activités. 9,09% (1 sur 11) se
sont déclarés n'en avoir jamais ou en avoir rarement, tandis que
36,36% seulement (4 sur 11) ont répondu en avoir très souvent,
toujours. Ceci pourrait être interprété à
première vue comme une certaine perception d'un manque d'engagement pour
se consacrer à ces activités. Que non ! Un examen des
réponses qualitatives à cette question indique tout simplement
que les participants auraient souhaité bénéficier de plus
de temps.
Par contre, les résultats sur le degré de
confiance entre les membres montrent que 63,63% (7 sur 11) des
répondants font confiance aux membres des réseaux auxquels ils
appartiennent : ce qui est un point positif. 27,27% (3 sur 11) se
déclarent indécis.
Graphe n°16 : Accès permanent à un
ordinateur et à l'Internet
Oui
100%
6.2.3.2 Utilisation des outils informatiques
L'utilisation de façon permanente des outils
informatiques est l'un des points forts du PNUD. Cela est ressenti à
travers les résultats sur la question se rapportant à
l'accès permanent à un ordinateur et à l'internet. A
l'observation de le graphe n°16, nous constatons que tous les
répondants, soit 100%, ont accès à un ordinateur et
à l' Internet : ce qui facilite les choses pour l'échange
d'informations et le partage des connaissances.
Question : Avez-vous un accès permanent à un
ordinateur et à un poste Internet ?
Les répondants ont eu aussi à se prononcer sur
les outils utilisés pour partager et échanger des informations
avec des collègues. Le graphe n°17 nous montre à un degré
d'intensité élevé les outils les plus utilisés et,
à un faible niveau, les moins utilisés. Notons que plusieurs
choix de réponses étaient possibles. Ce qui explique les scores
élevés de plusieurs critères. En fait, une grande
majorité ont considéré le téléphone et la
messagerie comme les outils les plus prisés successivement dans la
proportion de 96,15% (25 sur 26) et 92,30% (24 sur 26).Les forums de discussion
et les listes de discussion ont été classés en 3ème
et 4ème positions avec 30,76% (8 sur 26) et 26,92% ( 7 sur
26) tandis que le bulletin d'information interne et la
vidéoconférence viennent en 5ème et
6ème positions. Intranet pour sa part est choisi en 7ème position
avec 12%
120.00%
100.00%
40.00%
20.00%
80.00%
60.00%
0.00%
Graphe n°17 : Outils utilisés pour le partage
de l'information
96.15% 92.30%
31% 27%
19.23%15% 12%
0%
Série1
( 3 sur 26). Par contre, aucun répondant n'a choisi le
chat pour partager les informations avec les collègues.
Question : Quels sont, selon vous, par ordre d'importance, les
outils utilisés pour partager et faire circuler les informations ? (
plusieurs choix sont possibles)
Corollairement à l'énoncé
précédent, nous avions également voulu savoir si les
répondants avaient un niveau de formation adéquat pour
l'utilisation des outils repris ci-haut.
Comme l'indique le graphe n°18, 92% des répondants (24
sur 26) affirment avoir suivi une formation interne sur l'utilisation de ces
outils. En effet, le PNUD a organisé de stages de formation en ligne
à l'intention de tous ses membres du personnel pour une mise à
niveau en informatique et nouvelles technologies de l'information. Ceux qui
n'ont pas suivi ces formations constituent 8% (2 sur 26) des répondants
: il pourrait s'agir de nouveaux embauchés.
Graphe n°18 : Formation à l'utilisation des
outils informatiques
92%
Oui Non
8%
Graphe n°19 : Appréciation sur les
outils informatiques mis à la disposition
Très Satisfait, satisfait Plus ou moins satisfait Peu
satisfait, Pas du tout satisfait
38.46%
30.76%
30.76%
Efficacité des outils
50.00% 40.00% 30.00% 20.00% 10.00% 0.00%
Question : Ont-t-ils nécessité une formation
à leur utilisation ?
Nous avons en dernier ressort, demandé aux participants
d'exprimer leur appréciation sur l'efficacité des outils
informatiques mis à leur disposition selon la proportion de
l'échelle allant de Pas du tout satisfait à Très
satisfait. Les réponses à cet énoncé reprises dans
le graphe n°19 nous donnent des résultats mitigés. Plus
clairement dit, les perceptions au regard de l'efficacité sur
l'utilisation des outils informatiques baissent partout. Les cotes de
satisfaction sont inférieures à celles des attentes. Ce qui peut
signifier une déception par rapport aux attentes.
Question : Pensez-vous qu'ils sont utilisés de
manière efficace ?
A ce sujet, 38,46% des répondants (10 sur 26) se sont
montrés plus ou mois satisfaits. D'autres, une parité de
30,76%, se sont dits soit peu satisfaits ou pas
du tout satisfaits (8 sur 26), soit très satisfaits ou
satisfaits tout simplement (8 sur 26). Cette déception s'explique par le
fait que pour la majorité des répondants, si le
téléphone et les ordinateurs dans l'ensemble ne posent aucun
handicap, par contre, Internet, Intranet et la messagerie connaissent de temps
en temps des perturbations liées à la connectivité, suite
à de nombreuses pannes techniques.
6.3 Bilan des conclusions et propositions
Nous présentons avant tout une synthèse des
résultats issus des analyses réalisées au niveau global du
PNUD concernant l'application pratique de la gestion des connaissances et des
perceptions de participants sur l'enquête menée au Bureau du
PNUD-Angola. Nous formulons ensuite pour chaque cas des suggestions sous forme
de propositions.
6.3.1 Synthèse au niveau global du PNUD
Il ressort de nos analyses que les réseaux de pratique
et de connaissances qui font office de communautés de pratique sont
institutionnalisés, internes à l'organisation et
auto-organisés par la hiérarchie.
Ce sont des communautés pratiques thématiques
par opposition aux communautés d'innovation /progrès et aux
communautés de pratiques projet ; car, elles ressemblent des membres
intéressés ou travaillant dans les mêmes thèmes
d'intervention ou dans des mêmes pratiques. Elles sont également
stratégiques parce qu'elles ont des buts bien définis et leurs
leaders charismatiques : experts, champions, chefs et responsables des
pratiques.
Ceux-ci ne sont pas choisis par les membres des réseaux
mais désignés par la hiérarchie.
Nous avons également observé que chaque
réseau a son site Intranet avec son propre contenu et son propre
système de régulation. Il rassemble ses membres autour d'un
intérêt et d'un thème communs qui dérivent parfois
vers des sousthèmes. Les membres partagent des ressources communes
(savoirs, expériences, documents) et utilisent des outils communs pour
soutenir la démarche d'une résolution des problèmes.
Tous les réseaux répondent aux critères
énoncés par Etienne Wenger (1998) : engagement mutuel, entreprise
commune et répertoire partagé.
Dans le même ordre d'idées, nous avons
observé dans l'organisation des communautés de pratique du PNUD,
différents niveaux de compétence et un mouvement qui va de la
périphérie vers le centre lesquels traduisent la progression d'un
statut de membre de la communauté (novice) à un expert. Cela nous
a rappelé la perception de Nicolas Michinov (2000) dans la revue des
écrits. Bien plus, les réseaux de pratique et de connaissances
fournissent au PNUD une structure pour la mise en oeuvre de processus
collaboratifs et sont des supports opérationnels au travail collaboratif
et au partage des connaissances. En contribuant au fonctionnement de
l'organisation, ils entrent dans les processus classiques de management
étant donné qu'ils bénéficient de l'allocation des
ressources financières de l'organisation pour leur fonctionnement.
Cependant, si de manière générale, ces
réseaux apportent une plus-value importante au développement
d'une culture de partage des connaissances dans l'organisation, ils
s'apparentent en bonne partie à des communautés
hiérarchiques du fait qu'ils sont constitués et organisés
par une instance hiérarchique qui a fixé les objectifs et les
règles de fonctionnement. D'où, ils sont particulièrement
exposés à un retour de la hiérarchie lié à
une volonté de contrôle de la part des dirigeants laquelle est
incompatible à la nature des communautés de pratique. Ce qui
risque d'affecter le climat et la qualité des échanges et de la
collaboration.
Nous avons vu dans la revue des écrits que parmi les
ressources internes destinées à assurer le fonctionnement d'une
communauté de pratique, il y a un facilitateur, un gestionnaire de la
documentation, d'experts thématiques, etc. Les communautés de
pratique sont constituées au PNUD d'une équipe composée
d'un coordinateur global, d'un conseiller à la mise en application des
pratiques, des champions, des chefs et responsables des pratiques, des
animateurs de réseaux des pratiques et des connaissances.
Mais par ignorance ou méconnaissance, les
autorités du PNUD se passent de gestionnaires de la documentation.
Les activités documentaires sont assumées
non pas par des professionnels de l'information mais par des
responsables de pratique et les animateurs des réseaux.
Ce qui nous paraît une grande lacune qui risque à
la longue de rendre difficile le travail de capitalisation de l'information, de
la conservation et de l'archivage des résolutions
expérimentées ; bref, de la gestion de la documentation.
A ce titre, les participants de l'atelier sur la planification
stratégique de la gestion des connaissances dans les Bureaux de pays du
PNUD organisé à Lomé au Togo du 23 au 26 septembre 2003
par le Centre de Contact SousRégional (SURF) d'Afrique de l'Ouest
avaient tiré la sonnette d'alarme en stigmatisant cette triste situation
tout en reconnaissant que la documentation est l'un des maillons faibles du
PNUD. Selon eux, la fonction de documentaliste n'y est pas bien connue. Ils ont
fait état également du manque de personnel qualifié dans
ce domaine. Ce constat nous pousse à avancer que la réforme de
ses structures organisationnelles n'a pas pris en compte le secteur de la
documentation pour mettre celui-ci au centre des préoccupations du PNUD
au moment ce dernier s'était engagé à devenir une
organisation intelligente. La conséquence est telle que la fonction
Information-documentation est reléguée à l'arrière
zone et n'y est pas bien considérée et valorisée. Le titre
de bibliothécaire ou documentaliste a été d'ailleurs
classifié comme une fonction subalterne de services
généraux (Librarian technician) dans la nomenclature des emplois
utilisés au PNUD contrairement au Secrétariat
Général des Nations Unies ou aux autres agences
spécialisées comme l'UNESCO ou le FAO où il est une
fonction de commandement et de responsabilités.
Propositions
Les nouvelles technologies de l'information et de la
communication (NTIC) ont transformé la société de
l'information dans laquelle nous évoluons. Dans ce contexte, le
métier de documentaliste s'adapte et évolue dans ce nouvel
environnement et comporte plus de responsabilités qu'auparavant.
Outre sa formation classique de base sur les techniques
documentaires, le documentaliste actuel a des compétences techniques
spécialisées qui lui permettent à titre d'exemple
l'utilisation des NTIC dans la création, la gestion et le management des
centres de ressources numériques et des portails. Il est aussi rompu aux
méthodes de recherche des informations sur Internet et aux techniques
telles que la numérisation et l'utilisation des outils de Gestion
Electronique des Documents (GED), le Records Management (RM), le Knowledge
Management (KM), la veille informationnelle et l'Intelligence
économique. A ce titre, il joue le rôle clé de relais de
mémoire, de circulation de l'information, de conseiller technique dans
la définition d'une politique documentaire, de partenariat et de
coopération institutionnelle permettant d'isoler l'information utile et
de la transmettre au bon utilisateur et au bon moment.
Eu égard à ce qui précède, il sied
aux autorités du PNUD de modifier leurs façons de penser et de
s'adapter aux évolutions vers le travail collaboratif et le partage des
connaissances en s'affranchissant de quelques freins naturels qui poussent
certains dirigeants à négliger ou à reléguer au
second ou à l'arrière plan le travail des activités
documentaires. A ce titre, elles devraient comprendre que le métier de
documentaliste n'est plus simplement celui de documentaliste retranché
dans un centre de documentation mais surtout celui de gestionnaire
d'information et des connaissances (Information Management Specialist ou
Information Manager) de tous les services ou de toutes les structures de
l'organisation. La configuration d'organisation en réseaux offre pour
ainsi dire au spécialiste de l'information documentaire des positions et
des rôles nouveaux tels que la gestion des bases de connaissances et des
portails documentaires.
Pour ce faire, au regard de la situation actuelle, il est
vivement conseillé en cette période de transition où le
PNUD est en voie de passer d'un rôle d'agence de financement à
celui de fournisseur de services de connaissances en capitalisant ses
expériences et ses expertises sur base de ses activités dans le
monde, de bénéficier de l'expertise et des compétences des
spécialistes de l'information documentaire en valorisant la fonction
information et documentation (Information Manager) au Siège, dans les
Centres de Contacts Sous-régionaux (SURF) et dans tous les Bureaux de
pays (CO), et en définissant une politique de l'information documentaire
conséquente hors du système de gestion intégré
Atlas.
Pour y parvenir, l'autorité hiérarchique du PNUD
pourrait avant tout recruter un consultant international en système de
gestion de l'information documentaire dont la mission serait d'établir
un diagnostic général sur la manière dont sont
menées actuellement les activités documentaires au Siège
et dans les Bureaux des pays en vue de déceler les forces et les
faiblesses. Les résultats de ce diagnostic permettront la
définition d'une politique de l'information documentaire claire et
cohérente en fonction des objectifs que s'est assigné le PNUD.
Il conviendrait par la suite de créer un service au
Siège composé des spécialistes de l'information
documentaire avec à la tête un expert qui jouerait le rôle
de conseiller technique. Ce service serait chargé de la mise en oeuvre
de cette politique documentaire définie au travers de
l'élaboration des directives, des documents, des règles, des
normes et procédures. Ce service se chargerait également de la
détection des compétences et de l'expertise qui existent
déjà dans l'organisation et de chercher à les valoriser en
leur confiant des postes de commandement et de nouvelles
responsabilités.
Dés lors, il serait judicieux que la fonction
Information-Documentation soit totalement intégrée dans les
structures du PNUD au Siège ainsi que dans les Centres de Contact
Sous-régionaux (SURF) et les Bureaux de pays (CO) en promouvant dans
chaque structure la création d'une unité de gestion de
l'information (Information Management Unit) avec du personnel qualifié
de haut niveau à temps plein (Information Management Specialist ou
Information
Manager). Celui-ci prendrait en charge la gestion de la
totalité de l'information interne de sa structure (rapports, documents
techniques, documents de projets, capitalisation, entrepôt de
données, livres de connaissances, bases de meilleures pratiques,
système à base de connaissances, portail documentaires, recherche
de l'information pertinente sur Internet...). Comme on le voit, cette fonction
ayant pour base la documentation est très pointue et exigerait des
responsabilités qui pourraient se situer au niveau de la
catégorie P3.
Il serait avantageux en fin de compte de mener une bonne
politique de recrutement des spécialistes de l'information documentaire
de haut niveau (master et maîtrise) suivant les besoins de
l'organisation. On trouverait parmi ces spécialistes : des
médiathécaires, des cyberthécaires, des recherchistes, des
documentaliste-ingénieurs, des veilleur-documentalistes, des
administrateurs de données, des records manager, des knowledge
manager... qui pourraient donner une nouvelle impulsion aux activités
documentaires dans l'organisation au Siège et dans les Bureaux des pays.
Tous pourraient occuper des postes de commandement classés aux
catégories d'administrateur selon les fonctions qu'ils pourraient
assumer.
Parmi ces experts, certains veilleur-documentalistes
pourraient être affectés aux réseaux de pratiques et de
connaissances pour travailler en collaboration avec les responsables des
pratiques et les animateurs des réseaux dont les fonctions nous
paraissent surchargées. Ces veilleur-documentalistes auraient pour
principales tâches la création et l'animation des cellules de
veille informationnelle et la gestion de la base des connaissances de chaque
réseau. Parmi les produits documentaires qu'ils pourraient
réaliser, il y a surtout des dossiers documentaires sur des « best
practices ».
Il est aussi vivement conseillé à
l'autorité hiérarchique du PNUD de promouvoir la création
au niveau mondial d'une bibliothèque virtuelle en matière de
développement humain que l'on pourrait nommer « Centre
d'information pour le développement humain ». Celui-ci pourrait
contenir outre toutes les publications du Siège et des Bureaux des pays,
tous les documents sur différents supports
intéressant ses domaines d'intervention. Cette
bibliothèque virtuelle serait accessible gratuitement au public et
pourrait être une grande contribution du PNUD au monde sur les questions
liées au développement humain. L'entrée pourrait se situer
directement sur la page d'accueil de son site Internet. Les compétences
et l'expertise d'un spécialiste d'information documentaire
s'avéreraient primordiales pour parvenir au bon résultat.
Nous pensons aussi qu'il serait de bon aloi de
compléter les espaces de travail des réseaux des pratiques et des
connaissances par un moteur de recherche et d'adopter les trois langues de
travail du PNUD comme c'est le cas du site Internet afin d'élargir le
champ de membres qui comprennent peu l'anglais et dont l'adhésion aux
réseaux, basée sur le volontariat, constitue ce handicap.
Etant donné que le PNUD se veut une organisation
intelligente, il serait également souhaitable de lier les réseaux
des pratiques et des connaissances aux centres de documentation qui existent et
qui sont bien organisés.
6.3.2 Synthèse au niveau du Bureau du
PNUD-Angola
Les résultats de notre enquête ont montré
que les relations d'entraide et de confiance réciproques entre
collègues pour l'échange d'information et la résolution
des problèmes sont très fréquentes. Les échanges se
construisent à partir des pratiques professionnelles quotidiennes. La
majorité des répondants font appel à leurs
collègues immédiats lorsqu'ils sont confrontés à
des problèmes professionnels. Ils sont aussi nombreux ceux qui ont le
temps pour s'échanger d'information et sont satisfaits des
mécanismes de partage des connaissances mis en place.
La coopération dans le travail paraît
nécessaire et habituelle. Le travail en équipe est une forme de
travail très répandue au Bureau du PNUD-Angola selon la
perception des répondants. La majorité d'entre eux ont compris
les bénéfices du développement d'une culture de travail en
collaboration et de partage d'informations et des connaissances en contexte des
réseaux
numériques, parmi lesquels des apprentissages
professionnels, l'expression d'idées, le partage d'information, la
collaboration, le débat et la résolution de problèmes.
Bref, La culture du partage permet la construction collective de connaissances,
favorise le développement de connaissances et l'acquisition des
compétences individuelles et collectives. Cependant, il ressort de nos
analyses que les travaux de groupe ne sont pas capitalisés faute
d'outils informatiques adéquats.
La majorité des répondants reconnaissent aussi
le bien-fondé du centre de documentation qui constitue une des sources
principales d'information pour faire face à leurs besoins en
information. Néanmoins, le centre n'est pas bien intégré
dans les structures de l'organisme pour lui permettre de jouer pleinement son
rôle. L'organigramme du Bureau du PNUD-Angola montre clairement une
marginalisation de la fonction information-documentation.
Ils sont nombreux les répondants qui ont perçu
l'intérêt de la participation aux réseaux des pratiques et
des connaissances mis en place. Ces derniers leur permettent le
développement des connaissances, une plus grande efficacité dans
le travail, l'apprentissage, la créativité, l'innovation ainsi
que de nouvelles approches de résolutions de problèmes.
Propositions
Le défi de la collecte et du transfert des
connaissances réside dans ce qui doit être compris ou dans ce que
les employés ont besoin de savoir pour obtenir des résultas. La
socialisation entre membres devrait viser à mettre l'expertise en
commun, à créer une synergie, à identifier et partager les
meilleures pratiques, à discuter et analyser les leçons apprises
et à identifier des problèmes. Etant donné que les
répondants préfèrent se fier à leurs
collègues pour obtenir informations et assistance, il serait judicieux
de bâtir une archéologie de la connaissance en établissant
une base des connaissances de l'organisation. Celle-ci pourrait se
présenter sous la forme d'un système d'aide à la
tâche. Au nombre des bases de données qu'elle pourrait comporter,
nous citons :
- un annuaire des membres permettant l'identification des
différents membres en fonction de leurs activités, de leur
responsabilité ;
- un répertoire de la connaissance dans lequel on
pourrait décrire l'expertise des spécialistes et les
expériences significatives des membres ( parcours professionnels,
participation à des projets) afin de permettre ainsi de retrouver les
membres expérimentés sur un domaine et, de servir d'outil de
référence pour les nouveaux employés. Ce répertoire
pourrait associer chaque membre à des compétences et à
certains domaines de connaissance. On peut ainsi faciliter les contacts entre
des membres ;
- la base de données de meilleures pratiques qui
déterminerait l'accession à la connaissance et sa
réutilisabilité, de même qu'à identifier les
spécialistes. Elle rassemblerait les savoir-faire acquis dans ou hors de
l'organisme au cours de différentes étapes rencontrées
dans certains domaines.
C'est ici où l'expertise et les compétences du
spécialiste de l'information documentaire pourraient être
sollicitées. Celui-ci pourrait travailler avec les experts en
technologies et en informatique.
La collaboration est un exercice difficile. Les réseaux
numériques peuvent être un puissant appui à ceux qui
veulent bien collaborer. Des individus et des équipes de travail s'en
servent afin d'ajouter de la rapidité à leurs communications et
ainsi, mieux collaborer.
A cet effet, eu égard à l'importance du travail
collaboratif entre les membres du personnel, nos résultats ont
montré que les hypothèses retenues sont suffisantes pour susciter
la mise sur pied d'un espace de travail virtuel commun qui pourrait permettre
aux membres d'accéder rapidement à l'information pertinente et de
communiquer facilement avec les autres collègues. Cet espace virtuel qui
servirait de mémoire de l'organisation prendrait la forme d'un portail
documentaire accessible à tous les membres du personnel. L'avantage d'un
tel outil est d'obtenir dans une cohérence systémique une
efficacité accrue dans la gestion de l'information (moins de temps
passé à chercher, gérer, transférer l'information),
un accès facilité des employés au savoir-faire de
l'organisation
(plus de réutilisation de documents et de
savoir-faire), un partage des ressources, des connaissances et des
expériences permettant de collaborer, de mutualiser et
d'échanger.
On trouverait sur cet outil, des agendas et des dossiers
partagés, un forum de discussion, des bases collectives, des documents
de travail tels que des notes de services, des circulaires, des comptes rendus
de réunions, des synthèses et rapports de missions, des rapports
d'activités, des études, des articles, des documents liés
aux projets... Ce portail pourrait également capturer les FAQ, les
événements à venir, les articles intéressants, les
dernières nouvelles, les outils et les liens utiles, etc. Ce serait un
véritable centre de ressources virtuel qui pourrait être
basé sur l'utilisation d'un logiciel qui répond à des
fonctions essentielles de capitalisation des connaissances et de socialisation
de l'expertise. La mise en place et la gestion de cet outil pourraient
être confiées au spécialiste de l'information documentaire
dans ses nouveaux rôles et responsabilités.
Dans le même ordre d'idée, il serait utile au
Bureau du PNUD-Angola d'utiliser des outils de technologies d'information et de
communication du travail collaboratif comme le groupware et le workflow tel que
le logiciel Lotus Domino Notes. Il a cet avantage d'être adapté
aux principes d'un management dynamique en gérant des tâches, des
calendriers partagés, des agendas et en permettant le partage des
fichiers ; car, pour l'heure, il n' y a que la messagerie qui est plus
utilisée et qui demeure le seul outil informatique en réseau.
Aussi, nous a-t-il semblé au regard de données
que beaucoup de répondants ne perçoivent pas le bien-fondé
de se lancer dans la mutualisation des ressources. Pour ce faire, le
responsable de la formation (Learning manager) pourrait organiser
régulièrement des séances de travail communes dans le but
d'expliquer aux membres du personnel par des cas concrets
l'intérêt d'une participation aux communautés de pratique
et les bénéfices que l'on en tirerait en y adhérant. Ceci
montrerait que participer à ces activités n'est pas une perte de
temps ou une surcharge ; car, les communautés de pratique facilitent la
transmission des savoirs tacites, basés sur l'expérience (une
part majeure de
l'avoir d'une organisation) dans l'action et les savoirs
explicites acquis. La circulation de cette information crée
effectivement un savoir collectif qui peut servir de base au perfectionnement
professionnel et à la résolution des problèmes communs. On
leur expliquerait surtout les 3 caractéristiques des communautés
de pratique telles que décrit par Wenger (1998) :
- L'engagement mutuel (comment, quand et avec qui s'engager
dans l'activité d'échanger sur un problème rattaché
à l'exercice d'une pratique ?).
- L'entreprise conjointe (qui sommes-nous en tant que groupe
et quels sont les types de problèmes de la pratique que nous abordons
ensemble ?).
- Le répertoire partagé de ressources (quel
langage partageons-nous ?
quels codes et procédures de la pratique exploitons-nous
? Quelles
références pratiques utilisons-nous pour
énoncer ou faire partager une
opinion ou encore solutionner un problème issu de la
pratique ?). Comme le PNUD se veut une organisation intelligente qui met
l'accent sur des activités basées sur les connaissances, le
travail du documentaliste au Bureau du PNUD-Angola devrait être plus que
jamais valorisé. Cette fonction s'avère importante pour maximiser
la valeur de l'information dans l'organisation et devrait être totalement
intégrée dans les structures de l'organisme au lieu de la pousser
vers la sortie. Pour ce faire, les autorités hiérarchiques
devraient tout faire pour mettre en exergue les compétences et
l'expertise du documentaliste en le faisant quitter l'arrière
scène de l'organigramme dans laquelle il se trouve actuellement avec des
attributions qui ne sont pas clairement définies pour le placer au
centre des structures d'action et de décision afin de tenir les
rênes de la gestion de l'information et du partage des connaissances avec
tous les membres du personnel. A ce niveau, il ne serait plus un simple
documentaliste retranché au centre de documentation et plus
tourné vers la satisfaction du public externe mais un spécialiste
de l'information documentaire (Information Management Specialist ou Information
Manager) avec de nouveaux rôles et de nouvelles responsabilités
tels que : fournir aux membres du personnel l'ensemble des services
informationnels, documentaires, collaboratifs et décisionnels qui
peuvent améliorer leur efficience individuelle et collective.
Nous avons évoqué ci-haut ces services sous forme
des systèmes d'aide à la tâche :
- la mise en place et la gestion d'un portail documentaire qui
servirait de mémoire d'organisation et permettrait aux membres
d'accéder rapidement à l'information pertinente et de communiquer
facilement avec les autres collègues ;
- la mise à disposition des référentiels
métiers à travers l'annuaire des compétences : il
s'agirait d'établir une cartographie des connaissances dans
l'organisation suivant les fonctions, les projets en se basant sur le principe
qui fait quoi ; Cet annuaire permettrait la localisation des expertises au plan
local ;
- l'identification de meilleures pratiques qui devraient
être officiellement reconnues et normalisées pour servir aux
successeurs. D'où la création d'une base de données des
meilleures pratiques ;
- la mise en place et l'animation d'une cellule de veille
informationnelle qui servirait à collecter sur Internet et à
diffuser des informations utiles au profit de tous les membres du personnel
suivant le profil d'intérêt de chacun ;
- la mise en forme des savoir-faire recueillis dans des livres
des connaissances basée sur : les succès et échecs
précédents des problèmes qui n'ont pas été
bien résolus, l'historique qui a conduit à l'instauration des
processus... ;
- la mise en place et la gestion des bases des connaissances :
références des projets, documentation...) ;
- la conception et la gestion d'un répertoire de
l'entrepôt des connaissances qui prendrait la forme d'un Intranet
local.
Bref, le spécialiste de l'information documentaire
jouerait un rôle-clé de conseiller technique dans la
définition et la mise en oeuvre d'une politique de l'information
documentaire claire et cohérente au Bureau du PNUD-Angola et serait
présent et médiateur là où s'établissent les
noeuds de la communication, de la décision, et de l'action ainsi que
là où se croisent les idées, les valeurs, les personnes et
les projets.
7. CONCLUSION GENERALE
Cette étude a fait état de la
compréhension d'une nouvelle thématique en émergence : le
Knowledge Management qui se concrétise dans son approche de
collaboration par la mise en place des communautés de pratique et des
mécanismes de partage des connaissances.
Dans la revue de la littérature, nous avons
cherché à comprendre les fondements théoriques des
concepts de base de notre recherche, à savoir : Communautés
virtuelles et de pratique, Gestion et Partage des connaissances et
Réseaux numériques. Nous avons démontré selon les
vues de divers auteurs les enjeux, les caractéristiques essentielles,
les aspects primordiaux et les spécificités de ces notions. Nous
avons mis en exergue le positionnement du management des connaissances par
rapport au management de l'information et nos analyses ont
révélé que les deux disciplines font souvent appel
à des démarches proches et des outils communs.
La recherche a également montré que les
communautés de pratique ont leur place dans l'organisation
d'aujourd'hui. Elles s'ouvrent sur de nouveaux modes de collaboration et de
partage des connaissances à l'ère d'Internet.
De manière plus précise, elles présentent
l'avantage de prendre en charge une part importante des coûts fixes
inévitablement associés au besoin de construire et
d'échanger des connaissances dans des conditions souvent plus efficaces
et moins coûteuses que les mécanismes institutionnels
classiques.
Les communautés de pratique réunissent
efficacement gestion des connaissances (KM) et gestion de l'information :
l'échange et le transfert constants des connaissances qui s'y pratiquent
permettent la mise en commun des problèmes et leur résolution.
L'évolution et les facteurs de complexité qui
caractérisent le fonctionnement des organisations modernes permettent
de mettre l'accent de plus en plus sur la collaboration. Les outils de
collaboration en réseau deviennent de plus en plus
présents dans l'environnement des organisations. Ils
constituent une valeur ajoutée aux modes plus conventionnels de
communication.
Les résultats de recherche ont indiqué que le
partage des connaissances en contexte des réseaux numériques
ouvre et apporte beaucoup d'avantages à ceux qui s'en servent car, les
réseaux numériques sont un puissant appui à ceux qui
collaborent et qui s'échangent des informations. Des individus et des
équipes de travail s'en servent afin d'ajouter de la rapidité
à leurs communications et ainsi mieux avancer dans la résolution
de problèmes.
Notre étude a démontré clairement que les
notions de communautés de pratique et de partage des connaissances sont
véritablement une préoccupation actuelle et bien ancrée
dans les pratiques professionnelles et quotidiennes du PNUD. Cependant, la
recherche nous a montré la méconnaissance de la fonction
Information et documentation et a conduit à faire un plaidoyer pour sa
revalorisation au Siège et dans tous les Bureaux des pays, plus
particulièrement au Bureau du PNUD-Angola où une étude
qualitative a été conduite par le biais d'entretien auprès
des membres du Bureau du PNUD-Angola. Cette enquête a porté sur le
diagnostic de partage des connaissances, les besoins et pratiques des agents et
le potentiel existant en matière de communauté virtuelle et le
niveau d'utilisation des outils informatiques.
En définitive, notre étude a ouvert la voie sur
des recherches ultérieures telles que la création d'une cellule
de veille informationnelle, la conception et l'organisation d'une base des
connaissances au sein des communautés de pratique et la création
d'un centre d'information virtuel pour le développement humain au
PNUD.
8. BIBLIOGRAPHIE
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Genève, 2003 .- 68p.
- SOBIESKI Nathalie (2000).- Le rôle du centre de
documentation par rapport à la gestion des connaissances : un
savoir-faire participant au mouvement de la connaissance : mémoire de
Maîtrise .- Paris : Paris1, 2000 .- 88p.
9. LISTE DES SCHEMAS
Schéma n°1 : Page d'accueil du site Internet du PNUD
|
p.15
|
Schéma n°2 : Organigramme du Bureau du PNUD-Angola
|
p.22
|
Schéma n°3 : Distinction entre donnée, information
et connaissance
|
p.58
|
Schéma n°4 : Processus du KM
|
p.70
|
Schéma n°5 : Processus de conversion de connaissances
|
p.87
|
Schéma n°6 : Savoirs et savoir-faire
|
p.96
|
Schéma n°7 : Les connaissances dans l'entreprise
|
p.97
|
Schéma n°8 : Modélisation de modes de
communication
|
p.104
|
Schéma n°9 : Panoplie d'outils de travail
|
p.109
|
Schéma n°10 : Carte de la communauté de pratique
|
p.124
|
Schéma n°11 : Espace de travail du réseau DGNet
|
p.131
|
Schéma n°12 : Espace de travail du réseau PRNet
|
p.132
|
Schéma n°16 : Espace de travail du réseau CPRNet
|
p.134
|
Schéma n°17 : Espace de travail du réseau EEnet
|
p.135
|
Schéma n°18 : Espace de travail du réseau
VIH/AIDS
|
p.136
|
Schéma n°19 : Espace de travail du réseau MPNet
|
p.137
|
10. LISTE DES GRAPHES
Graphe n°1 : Attitudes face à la collaboration et à
l'échange
|
p.139
|
Graphe n°2 : Aide sur la recherche d'information
|
p.140
|
Graphe n°3 : Echanges d'information
|
p.141
|
Graphe n°4 : Circulation de l'information
|
p.142
|
Graphe n°5 : Satisfaction au regard aux mécanismes de
partage de l'information
|
p.143
|
Graphe n°6 : Participation à des séances de
groupe
|
p.144
|
Graphe n°7 : Valorisation face au mode de travail en
équipe
|
p.145
|
Graphe n°8 : Valorisation du travail au regard de la
participation...
|
p.146
|
Graphe n°9 : Satisfaction face aux besoins en information
|
p.147
|
Graphe n°10 : Fréquentation du centre de documentation
|
p.148
|
Graphe n°11 : Acquisition et pertinence des informations...
|
p.148
|
Graphe n°12 : Connaissance sur l'existence des communautés
...
|
p.149
|
Graphe n°13 : Valorisation du travail face à la
participation....
|
P.150
|
Graphe n°14 : Satisfaction face à la participation aux
communautés ...
|
p.151
|
Graphe n°15 : Temps et confiance réciproque
|
p.152
|
Graphe n°16 : Accès permanent à un ordinateur et
à Internet
|
p.153
|
Graphe n°17 : Outils utilisés pour le partage de
l'information
|
p.154
|
Graphe n°18 : Formation à l'utilisation des outils
informatiques
|
p.155
|
Graphe n°19 : Appréciation sur les outils informatiques
|
p.155
|
11. LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : Apports de la communauté de pratique
|
p.50
|
Tableau n°2 : Les 3 niveaux de transfert de connaissances
|
p.94
|
Tableau n°3 : Nature et outils de communication communautaire
|
p.103
|
LISTE DES ANNEXES
Annexe n°1 : Grille d'analyse p.182
Annexe n°2 : Index p.184
ANNEXE N°1 : GRILLE D'ANALYSE
I.- DIAGNOSTIC DU PARTAGE D'INFORMATION AU BUREAU DU
PNUDANGOLA
1. A qui faites-vous appel lorsque vous n'arrivez pas à
résoudre un problème professionnel ?
- Votre (vos) collègue(s) immédiat(s)
- Votre supérieur hiérarchique
- Un membre du réseau des connaissances interne auquel
vous appartenez - Une personne extérieure
- Personne
2. A qui vous adressez-vous lorsque vous recherchez de
l'information ?
3. Pratiquez-vous régulièrement l'échange
d'informations avec d'autres collègues ? Si oui, avec qui ?
4. Pensez -vous que vous avez suffisamment de temps pour
partager des informations avec des collègues ?
5. Votre service a t-il régulièrement l'occasion
d'échanger avec les autres services ?
6. Selon vous, le transfert et la circulation de l'information
au PNUD se font-ils de manière satisfaisante ? Si non, identifiez les
freins et les blocages.
7. Est-ce que les mécanismes de partage de l'information
et des expériences mis en places répondent bien à vos
besoins professionnels ? Si non, quelles en sont les raisons ?
8. Pour vous, les informations nécessaires, les
données importantes, les connaissances essentielles circulent-elles
toujours bien entre ceux qui les détiennent et ceux qui en ont besoin ?
Si non, pourquoi ?
9. Participez-vous régulièrement à des
séances de groupe ? Si oui, quels en sont les bénéfices
pour vous ?
10. Le mode de fonctionnement du travail en équipe vous
satisfait-il ?
11. Avez-vous le sentiment que votre travail est valorisé
depuis que vous participez à ces groupes de travail ?
II.- BESOINS ET PRATIQUES EN INFORMATION DES
AGENTS
1. Vos besoins en informations sont-ils pour le moment
satisfaits ?
2. Avez-vous recours de temps en temps au centre de
documentation ?
3. Recevez-vous de temps en temps à votre poste de
travail des informations que vous n'avez pas sollicitées ?
4. Trouvez-vous que ces informations sont pertinentes et
correspondent à vos activités professionnelles ?
III.- POTENTIEL EXISTANT EN MATIERE DE COMMUNAUTE
VIRTUELLE ET NIVEAU D'UTILISATION DES OUTILS INFORMATIQUES
1. Etes-vous au courant de l'existence de réseaux de
connaissances au PNUD ? Si oui, comment l'avez-vous appris ?
2. Avez-vous le sentiment que votre travail est valorisé
depuis vous êtes membre d'un de ces réseaux ?
3. Etes-vous satisfait de participer à ces
activités ?
4. De votre point de vue, existe-t-il une relation de confiance
entre les différents membres du réseau auquel vous appartenez
?
5. Avez-vous le temps nécessaire de participer à
ces activités ?
6. Avez-vous un accès permanent à un ordinateur et
à un poste Internet ?
7. Quels sont, par ordre d'importance, les outils
utilisés pour partager et faire circuler les informations :
- Téléphone
- Messagerie
- Intranet
- Forums de discussion
- Liste de diffusion
- Bulletin d'information interne
- Chat
8. Ont-ils nécessité une formation à leur
utilisation ?
9. Pensez-vous qu'ils sont utilisés de manière
efficace ? Si non, quels sont selon vous, les principaux obstacles à
leur diffusion et à leur utilisation.
ANNEXE N°2 : INDEX
Accès à l'information,71,72 Annuaire des
compétences,75 Approche de capitalisation, 66 Approche de collaboration,
66 Asynchrone, 102, 109
Base de connaissances, 52 Besoins d'information, 146 Bilan de
conclusions, 156 Communauté virtuelle, 9, 23
Communauté d'apprentissage, 9,28
Communauté d'intérêt, 9, 27
Communauté de pratique, 10,29-53,118,122,149
Communauté de projet,29
Combinaison, 88
Conclusion générale, 168 Connaissance, 56,59,95
Connaissance explicite, 61
Connaissance tacite, 60 interne, 96
externe, 96
Contexte, 18
Datawarehouse,69, 99 Donnée, 56
E-learning,73, 87, 89
Engagement mutuel, 43 Entreprise conjointe, 44
Externalisation, 88
Geide, 69,
Gestion de compétence,73 Gestion de l'information, 78-79
Gestion des connaissances
Voir Knowledge Management
Groupware,69, 75,84, 87,99, 108
Information,56
Internalisation, 89
Intranet,99
Knowledge Management, 56-77 Limite du travail,116
Livre de connaissances,75 Mémoires d'entreprise, 74
Mémoire à base de cas,75
Mémoire à base de connaissances, 74
Mémoire documentaire,77
Mémoire de projet, 76 Méthodologie, 113
Outils, 68, 69
Outils d'échange,102
d'accès au savoir, 107 de communication, 106 de
coordination, 108
de partage de travail, 107 de travail collaboratif,104
informatiques, 152
Partage des connaissances, 84-99 PNUD, 18-22
Pratiques, 120
Propositions, 159, 163
Répertoire partagé des ressources, 45
Réseaux
numériques, 110
des pratiques et des connaissances, 129-139 Savoir, 96
Savoir-faire, 96
Socialisation, 87
Synchrone, 102,109
Transfert de la connaissance, 86,90 Workflow, 69,84,99,108
Mambulu Félicien .- Etude de communautés
de pratique et mécanismes de partage des connaissances via les
réseaux numériques, le cas du PNUD : Mémoire de DSSIC .-
Dakar : UCAD/EBAD, 2005 .- 188p.
Résumé
Ce mémoire est une tentative de compréhension
d'une nouvelle thématique managériale en fort
développement : la gestion des connaissances ou le Knowledge Management
qui se concrétise sous son approche de collaboration par la mise en
place des communautés de pratique et des dispositifs de partage des
connaissances. Il cherche à montrer aux spécialistes de
l'information documentaire l'intérêt et l'importance de cette
discipline et décrit ses liens possibles avec le management de
l'information. Il a également pour ambition d'esquisser les meilleures
pratiques et d'identifier les dispositifs de partage des connaissances au
travers des réseaux numériques plus particulièrement ceux
mis en place par le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD).
Mots clés
Connaissance, Knowledge Management, Gestion d'information,
Partage des connaissances, Communautés virtuelles, Communautés de
pratique, Réseaux numériques, Mémoires d'entreprise,
Nouvelles technologies de l'Information et de la Communication, PNUD.
Abstrat
This dissertation is an attempt to understand a new theme that
gradually develops in the management sciences: the Knowledge Management, which
is translated into its collaborative approach by establishing communities of
practice and mechanisms for sharing knowledge. It seeks to show to documentary
information specialists the value and importance of this discipline and
describes its possible links with the information management. It also aims to
outline the best practices and identify mechanisms of knowledge sharing through
digital networks in particular those established by the United Nations
Development Programme (UNDP).
Key Words
Knowledge, Knowledge Management, Information Management,
knowledge Sharing, Virtual communities, Communities of practice, Numerical
networks, Enterprise's memory, Information and communication technology.
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