2.6. Aménagement durable des forêts
Le concept de durabilité a toujours été
profondément enraciné dans la forêt et chez les forestiers.
L'aménagement durable des forêts est perçu désormais
comme un aménagement polyvalent de la forêt qui produira non
seulement du bois d'oeuvre sur une base durable, mais continuera de fournir
à ses habitants et à ceux qui vivent aux alentours du bois de
feu, des aliments et d'autres biens et services. En outre la forêt
maintiendra son rôle dans la conservation des sols et de l'eau, des
ressources génétiques et de la diversité biologique ainsi
que dans la protection de l'environnement dans son ensemble.
L'aménagement durable de la forêt recouvre trois dimensions : une
écologique visant la conservation perpétuelle des ressources, une
économique qui embrasse la production des denrées et des services
et une sociale qui fait intervenir les populations dans les processus
décisionnels concernant la gestion des forets et la répartition
des avantages forestiers. L'aménagement forestier selon la FAO couvre
tous les aspects administratifs, économiques, juridiques, sociaux,
techniques et scientifiques de la conservation et de l'utilisation des
forêts. Elle implique divers degrés d'intervention humaine
délibérée, allant de la sauvegarde et de l'entretien de
l'écosystème forestier et de ses fonctions à
intérêt particulier pour certaines espèces
précieuses sur le plan social ou économiques, visant à
améliorer la production des biens et des services liés à
l'environnement. Il ne faut pas oublier les zones où les forêts
disparaissent du fait de l'empiétement et du défrichage à
des fins agricoles, où le surpâturage interdit la
régénération des arbres et où l'abattage pour la
production de charbon de bois et de feu entraîne la dégradation ou
la disparition des forêts claires dans les zones
méditerranéennes et tropicales (Jebari et al., 2010).
2.7. Aménagement durable des pâturages
naturels
D'après Jebari et al. (2010) les
pâturages sont les terrains de parcours utilisés pour le pacage
des animaux et se rapportant aussi bien à la prairie (constituée
de graminées vivaces), à la lande découverte, à la
pelouse, à la steppe, à la savane, à la garigue, au maquis
ou au bois. Très souvent, on a affaire à des systèmes
agro-sylvo-pastoraux qui sont des systèmes d'élevage qui,
à un moment ou à un autre de l'année, utilisent des
espaces boisés d'un point de vue fourrager, ces espaces boisés
étant eux-mêmes le plus souvent l'objet de traitements sylvicoles
orientés vers des objectifs de production ligneuse.
Selon Jebari et al. (2010) et McAdam (2004) il est
extrêmement rare d'observer des élevages utilisant ce type
d'espace à l'exclusion de tout autre ; la plupart d'entre eux s'appuie
aussi sur des espaces fourragers plus classiques : prairies cultivées,
pelouses naturelles, chaumes de céréales, pelouses d'altitude. Ce
sont des systèmes complexes, constitués de formations
végétales variés et diversifiées, à
plusieurs strates (herbacée, arbustive et arboré) qui
interagissent fortement et fonctionnent globalement assez différemment
d'un point de vue écologique. La gestion de ces systèmes demande
une approche intégrée qui prend en considération les
différentes productions fourragère, ligneuse et agricole en
fonction des conditions écologiques, sociales et culturelles locales, en
vue de tirer le meilleur profit durable tout en les protégeant de la
dégradation. Il convient d'adopter une approche globale qui comprend la
planification de l'utilisation des terres et le développement rural et
agricole. Un bon programme d'aménagement des pâturages naturels
doit prendre en considération la nécessité de
procéder à des améliorations permanentes des terrains de
parcours par la prise en considération de:
-La mise en défens: C'est le moyen le plus
simple et il est utilisé dans les conditions suivantes : i) quand il
reste des porte-graines des bonnes espèces fourragères
spontanées sur le terrain de parcours à améliorer; et ii)
quand on envisage de remettre sous pâturage les terrains
protégés dans un délai de temps assez court ne
dépassant pas cinq ans. La mise en défens d'une zone pastorale
peut présenter des inconvénients majeurs si elle n'est pas suivie
d'autres mesures. En effet, la mise en défens peut conduire à un
accroissement de la charge sur les autres zones et contribue ainsi à la
détérioration de ces dernières. Les mesures
supplémentaires qui peuvent êtres suivies sont : - un
affouragement et approvisionnement en eau - une diminution de l'effectif des
troupeaux (Jebari et al., 2010);
-Réglementation du pâturage: La mesure
la plus importante à prendre en considération dans un programme
d'aménagement des pâturages est la réglementation du
pâturage. En effet, le pâturage doit être conçu de
façon à pouvoir assurer le maintien des espèces de bonne
valeur fourragère et la conservation du sol et de l'eau. Une bonne
croissance des plantes est très importante pour le maintien de la
fertilité des sols et la prévention de l'érosion (Jebari
et al., 2010);
-Epoques de pacage: Le pacage doit être aussi
léger que possible au début du printemps dans la majorité
des cas, c'est-à-dire, au début de la saison de croissance des
plantes qui est la phase la plus critique dans la vie des plantes, qu'elles
soient vivaces ou annuelles. Le temps opportun pour le pâturage
dépend de la nature et de l'état de la végétation
naturelle de la zone soumise au pâturage. Une végétation
très dégradée et épuisée se
régénère plus vite que n'importe quel autre moyen
lorsqu'on restreint le pâturage et lorsqu'on la protège pendant la
saison de croissance des plantes. Cette mesure est vitale pour les
pâturages en mauvais état, parce que les plantes doivent non
seulement se maintenir en vie, mais aussi développer un
supplément de vitalité indispensable à
l'amélioration de la prairie. Le meilleur moyen de
régénérer une prairie naturelle est d'appliquer un
système de rotation qui donne à chaque pâturage au moins
une fois tous les 3 à 4 ans la possibilité de laisser sa
végétation pousser et se développer jusqu'à
maturité. Ce repos des prairies naturelles devient impératif dans
les zones à végétation très dégradée
ou dans celles qui sont soumises à une forte érosion où il
faudra favoriser le développement des plantes fourragères utiles
par rapport aux plantes indésirables (McAdam 2004 ; Jebari et
al., 2010);
-Charge de pâturage: Un pâturage
équilibré est celui qui permet de produire le plus grand gain
possible en poids dans une zone donnée avec le plus petit nombre
possible d'animaux. Les experts du pâturage doivent déterminer la
charge à l'hectare ne fonction de la nature de la
végétation, du climat et de la nature du bétail. Dans les
zones arides les charges à l'ha seront inférieures à celle
des zones semi arides ; subhumide et humide. De même pendant les
années sèches, on aura intérêt à diminuer la
charge dans chaque zone par rapport aux années normales. Le
pâturage excessif d'une prairie pendant une année sèche
pourra devenir tellement nuisible que la productivité de cette prairie
restera affaiblie lorsque les conditions climatiques deviennent favorables. Par
contre, pendant les années à pluviométrie
supérieure à la normale, on peut dépasser la charge
à l'ha sans risquer de détériorer la
végétation. L'adaptation du nombre d'animaux à l'ha
pendant les années de sécheresses est une mesure
impérative qui ne doit pas être sous estimé sous peine de
voir subir des pertes de bétail, un épuisement extrême du
sol est une diminution considérable de bonne espèces
fourragères. En Afrique du nord les terrains de parcours
amélioré à Echiochilon fruticosum, Helianthemum
sessiliflorum, Plantago albicans peuvent nourrir un peu moins de 1
tête de moutons de race
barbarine par l'ha et pendant 12 mois. Les terrains de parcours
à base d'alfa (Stipa tenacissima) peuvent nourrir 0,75 mouton
de race locale par ha et par an (McAdam, 2004).
Il est conseillé de bien répartir les points
d'eau et les abreuvoirs dans la zone pâturée et de bien situer les
clôtures, pour éviter que certaines parties n'aient pas à
souffrir d'un surpâturage alors que d'autres parties de la même
zone ne subiront qu'un pacage insuffisant. L'excès de piétinement
des animaux autour des points d'eau peut aussi amener à une forte
dégradation du sol et le soumettre à l'érosion. Il est
souhaitable que les points d'eau ne soient pas éloignés plus d'un
Km et demi environ dans les terrains accidentés et montagneux. Dans des
conditions favorables de température et sur un terrain relativement
plat, on peut permettre au bétail de parcourir jusqu'à 3 à
5Km pour les bovins et 7Km pour les ovins (Ben Salem, 2002 ; Jebari et
al., 2010);
-Lutte contre les plantes nuisibles ou
indésirable: Certaines prairies et, en particulier, celles qui sont
dégradées sont infestées de plantes nuisibles au
bétail. Toutes ces plantes ne sont pas vénéneuses, mais
elles provoquent affaiblissement de la valeur alimentaire et on peut signaler
aussi la présence de quelques genres et espèces qui sont
considérés parmi les plus toxiques dans les terrains de parcours.
Les plantes nuisibles sont, en plus de faible valeur fourragère ou de
leur toxicité, beaucoup moins efficace, en général, que
l'herbe pour la conservation de l'eau et du sol (Jebari et al., 2010);
et
-Enrichissement des pâturages par l'introduction
d'espèces fourragères: Il est utile d'envisager
l'introduction d'espèces fourragères spontanées ou
étrangères dans les terrains de parcours qui se sont appauvris en
bonnes espèces fourragères. Chaque fois qu'il est possible
d'utiliser des espèces spontanées, on aura intérêt
à le faire. Mais si la zone à enrichir ne possède plus de
bonnes espèces fourragères, ou s'il existe d'écotypes
étrangers de meilleure valeur fourragère que les écotypes
locaux on devra penser à faire appel à ces espèces et
écotypes étrangers. L'enrichissement des pâturages naturels
dégradés par l'introduction d'espèces fourragères
est connu en Amérique sous le terme de `artificial reseeding'
(réensemencement artificiel) et réalisé par semis ou
plantation et cette pratique vise l'augmentation de la capacité
fourragère des terrains de parcours dégradés, le
contrôle de l'érosion et l'amélioration du sol. Ils
utilisent aussi bien les plantes fourragères cultivées que les
plantes spontanées (Jebari et al., 2010 ; Slim et Ben Jeddi,
2011).
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